Chaire fumante. Tripailles octroyées aux cieux nervurés par un rageur orage. Tas de viscères brunâtre gisantes...Ses poumons se gorgeaient de ces effluves mêlant ozone, plomb et effrois. Son crâne était parcouru  de tensions que l'homme ne connaissait que trop amplement. Tant d'années, tant de nuitées passées sous les assauts de ces frasques, coups d'éclat et de tambours. Comme à chaque fois, c’est tout son corps qui se rappelait à lui. Ses muscles noués imposant une pression mordante à son être, son palpitant s’agitait en une valse à sept temps qui détonnait avec la fureur de l’instant. Soudainement, comme un fracas retentissait, et avec lui, une lueur aveuglante jaillissant des ténèbres. Un tronçon chatoyant d’une nuance immaculée luisait se jouant des ombres et des regards. Sous ses paupières closes frissonnaient ses orbites, sa respiration s’apaisait étrangement tandis que la pression nichée au creux de ses trapèzes perlait le long de ses bras endoloris. Le chaos vacillait, il tirait une révérence inespérée cédant ses lettres d’honneur à une accalmie qui ne tardait pas à embaumer le Järl. Le faisceau semblait constitué d’une substance vivante qui dans son éclat opalin abritait mont et merveille, un havre où souffler, un court entretiens avec l’infini, pour ceux qui…Pour ceux qui… Un à-coup secouait sa cage thoracique, puis un second. Son derme convulsait, à moins que ce ne soit tout son être ? Peu lui importait, sa conscience n’était plus liée à cette temporalité, ni à ces environs qui, pourtant, ne l’avaient guère quittés. D’ailleurs, le contemplateur n’y épierait qu’un homme aux faciès froissé par une douleur éprouvée en solitaire. Un haut-le-cœur. Ses paupières dévoilaient deux billes d’acier dans lesquelles des mirages insaisissables pour autrui s’évaporaient. La pulpe opaline de ses phalanges s’abîmaient contre un accoudoir d’un cuir bien trop usé pour être de ceux qui lui appartiennent. La réalité se rappelait à l’ensemble de ses cinq sens. Les tintements, les éclats de voix ricochaient jusqu’à son ouïe. Les farandoles de tissus flottaient devant ses meurtrières…Un goût métallique plombait ses papilles tandis que ses poumons se gorgeaient de ces effluves d’éther-oxyde que le Järl appréciaient étrangement tant. Un rictus venait cranter ses lèvres fines résolument closes jusqu’alors.

Odin, puissance exigeante. Déité des plus grands. Son échine recouvrait une courbe plus harmonieuse et les fibres de ses muscles se dénouaient. Péniblement, sa silhouette reprenait vie. Pour autant, une bille de plomb appesantissait son âme ; ces visions l’assaillaient avec une fréquence qui laissait Sixten interdit. Jamais, la régularité n’avait été dans les us du troisième œil, sauf à lui susurrer des mirages sur un ton d’affirmation, des semi-vérités qui un jour heurtaient les récifs de sa réalité. La loi de la réalité reprenait ses aises et, bientôt, le devin recouvrait ses songes sans formes, sans auras, sans lumières. Cette sensation, il ne la connaissait que trop bien, mais les années pouvaient bien s’étioler avec l’âge …jamais, il ne saurait s’en satisfaire. Sa paume prenait un appuis solide sur l’accoudoir de cuir alors que dans une expire las le Järl s’arrachait à ce qui semblait être un siège d'hôpital. Aux affres d'Odin succéderaient désormais, les humeurs acariâtres du Hjermstad.


Une goulée d'air ravageait ses poumons ! Cette fois-ci...Il en était sorti. Sixten n'était ni avec ces lueurs opalines, ni dans les veines de l'hôpital de Göteborg, mais au centre de la plus fastueuse banque suédoise. Une paralysie si soudaine, un instant d'éternité éperdu dans les êtres grouillant. Un cahot à l'épaule l'ébranlait froidement, ses billes d'acier se nichaient avec raideur sur l'audacieux.