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Go ahead and throw your stones 'cause there's magic in my bones (ft. Dax)
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Leonin Lund
Leonin Lund
TRØBBEL För att nå toppen av trädet måste du sikta mot himlen

Durmstrang - Mai 2019 - 14 years old

Blottie dans l’une des alcôves du couloir silencieux, son livre éclairé par les rayons froids du soleil pâle de mai, Leonin était plongée dans un roman de fantasy moldu. Le manteau de son uniforme lui servait à la fois de couverture et de coussin, la vitre laissant passer une partie de la fraîcheur des températures extérieures. Même si les mois plus chauds revenaient peu à peu, la température ne serait pas vraiment agréable avant les ultimes semaines de cours. En ce samedi de printemps, l’école était plutôt calme, fait étonnant mais qui n’était pas pour déplaire à l’adolescente. Au moins elle pouvait se plonger toute entière dans sa lecture, s’éloignant de sa vie pour entrer dans celle d’un fils bâtard plongé dans les affres d’une royauté où il n’était pas toujours le bienvenu. Fitz était un modèle de résistance et si elle n’était que peu souvent en accord avec ses choix, elle était admirative du combat qu’il menait contre l’existence et les autres sans jamais abandonner. Elle avait commencé à lire un peu plus lors de l’été précédent, passant une partie de son temps à la bibliothèque, certains des ateliers manuels gratuits auxquels elle avait l’habitude de participer en juillet et en août ayant été délocalisés là-bas. Elle n’avançait pas très vite, il faut dire qu’elle avait d’autres choses à faire plus importantes que de se plonger dans un livre, mais de temps à autre, cela faisait du bien.

Était-ce donc parce qu’elle était distraite qu’elle ne les avait pas entendu arriver ? Cette considération passa rapidement au second plan alors qu’elle était désormais saucissonnée par un sortilège qu’elle n’avait pas vu venir, allongée par terre dans une position de faiblesse qu’elle n’appréciait pas du tout. Son livre gisait un peu plus loin sur le sol, ses pages tordues contre les pierres ce qui ne lui plaisait pas non plus. Des paroles sardoniques se firent alors entendre « -Tient, tient, tient, qu’avons-nous là ? ». Elle n’avait pas besoin de le voir pour savoir à qui appartenait cette voix et Leonin avait envie de se maudire. Se faire surprendre par une sortilège c’était déjà la honte, mais se faire avoir par cet imbécile de première, c’était pire encore ! Lui et ses potes étaient à peu près aussi discrets qu’un troupeau d’éléphants… Malgré tout, ses yeux étant encore libres de leurs mouvements, elle ne se priva pas de rouler ces derniers. La réplique semblait tout droit sortit d’une série clichée et manquait clairement d’imagination.

Leonin savait déjà qu’elle allait prendre une raclée, elle ne maîtrisait pas la magie sans baguette et sous l’effet d’un Petrificus totalus, il lui était impossible d’attendre sa baguette, pourtant rangée dans la poche intérieure de son manteau… Cependant, cela ne l’empêcha pas de tenter de bouger, tentant de briser le sortilège par la simple force de sa volonté, tout en sachant pertinemment qu’elle s’escrimait sans doute en vain. Peut-être était-ce ainsi que la magie incontrôlée pratiquée par les enfants fonctionnaient ainsi ? Leonin se raccrochait à cet espoir tandis qu’au-dessus d’elle, son assaillant et ses deux potes se moquaient, affirmant qu’ils allaient prendre leur vengeance après qu’elle ait dénoncé leur dernière tricherie en date en cours. L’adolescente n’essaya même pas de parler ou de se défendre, sachant pertinemment que le sortilège l’en empêcherait. Et puis même si elle l’avait voulu, ils ne l’auraient pas cru. Ils ne l’auraient même pas écouté alors elle n’allait pas perdre ses forces à cela, s’efforçant plutôt de trouver une solution à cette situation qui semblait n’en avoir aucune.
Dax Tcherkassov
Dax Tcherkassov
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Ses pas glissent sur le sol du sixième étage, martellement bien plus silencieux que celui des types qui marchent à quelques mètres devant lui.

Il a toujours considéré qu’une bande de mecs décidés à faire un mauvais coup était similaire à un troupeau qui ne fixe aveuglément que l’avant, sans jamais regarder derrière.  Sûrs de leur suprématie de débiles, ceux qu’il suivait ne se sont pas retournés une seule fois dans sa direction. Et même s’ils l’avaient fait, ça n’aurait pas eu un grand impact : il aurait fait semblant d’être intéressé par la fenêtre ou de simplement se balader, comme le font les étudiants normaux qui n’ont pas d’idées un peu fourbes en tête. Il ne devrait pas être en train de les suivre ; il a d’ailleurs hésité à le faire. Il était occupé à réviser tranquillement les conséquences d’une éviscération et les moyens d’intervention lorsqu’il les a entendus fomenter avec la subtilité d’un ours un plan aussi développé que celui d’un étudiant de première année. Il s’en serait foutu, s’il n’y avait pas eu ce nom qui avait capté son attention et qui avait retenu son doigt sur la page qu’il s’apprêtait à tourner : celui de Leonin.

Est-ce la curiosité qui l’a ensuite poussé à les suivre discrètement ? Ou l’intérêt ? Il est toujours curieux de voir comment les gens se débrouillent dans une baston, surtout celle-là. Ces raisons, il se les répète alors qu’il repère la silhouette de celle qui lit blottie dans une alcôve. Flagrant manque élémentaire de sécurité. Un rictus s’étire sur ses lèvres, mais il ne fait aucun geste pour la prévenir ou pour l’aviser de la suite. Il ne l’envisage même pas. Chacun pour soi ; on vit ou on meurt, on se bat ou on cède. Il n’aiderait pas Leonin, en la privant d’une leçon qui peut être formatrice. Il ne faut jamais baisser sa garde. Il ne dit donc rien, observant sans surprise son corps qui rejoint le sol, saucissonné par le sort lancé par un des types, adjoint d’une phrase qui le fait lever presque lever les yeux au plafond. Profitant de leur inattention, il recule de deux mètres, s’appuyant contre le mur. Ses bras se croisent contre son torse, tandis que ses pupilles se posent sur celle qui est très vraisemblablement dans une mauvaise posture. Immobilisée. Il se fait la réflexion, en entendant les bourreaux qui rigolent, que la correction sera probablement mauvaise et désagréable. Leo ne peut pas se défendre ; est-ce que ces types se contenteront d’un coup ou deux ou ils voudront en donner davantage ? Vu leur nombre, si chacun d’eux frappe…Sa mâchoire se serre, et sans qu’il n'y songe, l’une de ses mains s’abaissent et glisse à sa ceinture, effleurant le manche de sa dague préférée. Il n’intervient jamais. Il n’est ni un sauveur, ni un bon samaritain, même pour quelqu’un comme Leonin. Elle souffrira peut-être, mais il sera là après. Et puis, elle en tirera probablement une bonne leçon.

Ses yeux fixent son visage, avant de se relever vers ceux dont il ne voit que le dos. Une adolescente de quatorze ans a-t-elle vraiment besoin d’une leçon dans des circonstances aussi injustes ? Il hésite, alors qu’il ne devrait pas hésiter. Et ça l’agace, d’envisager d’intervenir. Le simple fait d’y penser lui donne envie de tourner les talons.
Leonin Lund
Leonin Lund
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Les autres au-dessus d’elle rigolent toujours, mais leurs rires semblent prendre des atours plus cruels alors qu’ils commencent à s’intéresser un peu plus au coeur de la situation en elle-même. Cela ne peut vouloir dire qu’une seule chose. La correction se rapproche et l’addition va être salée. Alors Leonin se blinde, elle ne leur fera pas le plaisir d’une réaction. De toute façon, que pourraient-ils faire de pire que n’a pas déjà fait sa tutrice ? C’est ce qu’elle se répète encore et encore, cultivant pour noyer la peur et l’anticipation du premier coup. Son immobilisme forcé a le bon côté de l’empêcher d’émettre un son. Elle trouve du réconfort où elle le peut tout en se jurant de sérieusement se mettre à étudier le combat magique. C’est une énorme faille dans son apprentissage. Elle n’aime pas spécialement ça, pas autant que le pendant non-magique de la chose, mais dans un monde comme le sien, elle ne peut pas se permettre de laisser l’entraînement de côté plus longtemps. Elle a oublié la règle de base, elle n’est en sécurité nul part. La tranquillité de ces derniers mois l’avait endormie, lui faisant oublier que la menace ne se trouvait pas seulement chez les parents Lund. Elle s’était reposée sur ses acquis, sur un sentiment de confiance basé sur du vent et voilà le résultat.

Ses yeux bougent un peu, observant les alentours en un réflexe de survie, bien qu’elle sache pertinemment qu’elle n’y échappera pas. C’est alors que ses prunelles accrochent un visage bien connu de dix ans son aîné, assorti d’un coup au cœur. Dax. Elle connaît bien sa façon de penser. Il ne viendra pas l’aider. Elle ne veut pas qu’il l’aide. C’est son problème, pas le sien. Si elle se prend une raclée, c’est son affaire, pas la sienne. Mais il est toujours désagréable d’apparaître en position de faiblesse devant quelqu’un que l’on respecte. Que l’on apprécie. Leonin a ses sentiments là pour Dax. Il ne la traite pas comme une gamine, il ne lui dit pas qu’elle n’est qu’une adolescente. Il entend son point de vue sur les choses, mieux il le partage. Et lorsqu’il ne le partage pas, elle a l’impression qu’il respecte sa façon de voir les choses. Elle s’en veut d’apparaître ainsi devant lui, l’humiliation de sa faiblesse face à Dax venant s’ajouter à la raclée qu’elle va prendre créant un mélange acide dans ses entrailles. L’idée que son aîné soit témoin de ce qui va suivre est bien plus amère et dégradante que le fait de se faire tabasser en lui-même. Soudain, Dax disparaît de sa vision, la douleur explosant dans sa pommette et son nez qu’une chaussure vient violemment percuter. Un nouveau coup dans les côtes vient équilibrer la chose tandis que Leonin se réfugie dans ses pensées, tentant de fortifier son mental, se répétant encore et encore qu’elle n’a pas mal et qu’elle ne leur fera pas le plaisir de laisser couler les larmes qu’elle sent pourtant  monter dans ses yeux, nourrissant sa rage envers eux et envers elle-même pour étrangler la douleur. Elle ne sait pas si Dax est encore là. Elle espère que non, elle sait qu’il a forcément vu le premier coup. Elle veut croire qu’il est parti, qu’il n’est pas resté assister au spectacle. Elle tente d’éloigner ses pensées de la situation présente, mais c’est difficile. Il faut croire qu’elle n’est pas aussi forte qu’elle le pensait. Et si la première larme qui coule est de la douleur, la deuxième  est clairement mêlée de frustration et de honte tandis que la rage bouillonne en elle, ses poings la démangeant alors qu’elle ne peut que subir.
Dax Tcherkassov
Dax Tcherkassov
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Ce n'est jamais agréable de voir quelqu'un se fait cogner. Je ne suis pas un sadique, je n'aime pas voir la souffrance chez les autres, que ce soit moi qui la provoque ou non. Et malgré mes principes, je dois me retenir pour ne pas précipiter sur les trois types, lorsqu'un coup de chaussure est donné au visage de celle dont j'ai croisé précédemment le regard. Un second est porté au niveau de ses côtes et si je ne détourne pas les yeux, je serre toutefois les dents. La scène m’en rappelle désagréablement une autre : ma sœur, dans une situation similaire, sans que je ne puisse intervenir. Le parallèle est pourtant inadéquat. Leonin n’est pas une Tcherkassov et sa vie n’est certainement pas menacée. Elle est en train de passer un sale moment, assurément. Mais ce genre d’instants sont formateurs, pourquoi l’en priverais-je ? Je ne suis pas un sauveur et je ne vais assurément pas me mettre à défendre tous les adolescents qui se font défoncer. En théorie. Parce que je ne parviens pas à me convaincre de ne rien faire, malgré ma bonne – ou mauvaise – volonté. Mes arguments sur la nécessité de se prendre quelques coups pour s’endurcir ne parviennent pas à trouver assez d’échos dans mon esprit, où l’hésitation prend de plus en plus d’ampleur. Bordel que c’est chiant les ado. Ma décision est déjà prise, lorsque je vois la seconde larme qui coule sur son visage. Je n’y suis que partiellement sensible ; je hais les pleurs. Et je préfèrerais que la quantité de trucs qui coulent s’arrêtent à deux.

Je décroise mes bras, glissant ma main à ma poche, pour en extirper ma baguette avec un manque flagrant de motivation et d’empressement. Tant pis si Leonin se prend d’autres coups, d’ici là. J’interviens, c’est déjà bien au-delà de mes habitudes. Ma voix résonne derrière les trois cons, moqueuse : « Vous êtes pas très malins. Trois contre une seule personne – immobilisée qui plus est – c’est beaucoup trop révélateur de vos incapacités à vous battre en combat singulier. » Trois têtes se tournent vers moi, sous l’étonnement. Je les dévisage sans me départir de mon sourire, cherchant les poids faibles selon leur taille et cherchant à identifier quelle est la personne à cogner en premier. Un soupir blasé glisse entre mes lèvres, alors que j’enferme mon pouce dans un poing compact, prêt à en débattre : « Je suis persuadé que ce sera même pas amusant. » Parce qu’ils ont l’air bien débiles et que je ne m’attends à aucune compétence particulière au corps à corps, de la part d’individus qui ont besoin d’immobiliser une adolescente de quatorze ans pour la passer à tabac. Mes yeux se plissent dans un regard de lassitude, alors que je rajoute : « Je commence par qui ? » Par personne, apparemment. Les trois hommes se concertent sans parler, avant de partir d’une démarche précipitée dans la direction opposée. Vous êtes sérieux les gars ? Je me donne la peine de me bouger, et j’ai même pas droit à une petite baston ? Quelle bande de bouffons. Agacé, je lève les yeux au plafond, avant de pointer ma baguette vers Leonin pour lever le sortilège. Instinctivement, je note ses blessures et relève mentalement les soins à effectuer. Je ne tends pas la main vers elle, ébauchant simplement un mince sourire :   « J’espère que t’es au moins capable de te relever seule. » Une phrase qui, pour moi, signifie presque un je me suis inquiété pour toi.
Leonin Lund
Leonin Lund
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Leurs rires gras et cruels déclenchent des frissons de révulsion le long de la colonne vertébrale de Leonin. Ils la dégoûtent, tous autant qu’ils sont et si elle n’était pas immobilisée, ils n’oseraient pas rire ainsi, elle le sait, ils le savent aussi et ils en profitent. Quatre nouveaux éclats de douleur fleurissent sur son corps avant que la voix de Dax ne résonne dans le couloir. Le sortilège masque son étonnement en l’empêchant de réagir, tandis que les coups cessent de pleuvoir. Les garçons se retournent, lui permettant d’apercevoir Dax entre leurs jambes. La honte se diffuse à toute allure dans ses veines tandis que la scène se termine aussi vite qu’elle a commencé, les adolescents détalant ventres à terre face à un homme de dix ans leur aîné avec une baguette entre les mains. A défaut d’avoir deux grammes d’intelligence, ils ont un instinct de survie. Dax est un partenaire d’entraînement déjà particulièrement redoutable, alors en situation réelle… Elle sent le sortilège libérer ses membres et elle essuie précipitamment les larmes qui ont pu s’échapper de ses yeux en dépit de sa bonne volonté, ne tenant pas à ajouter les larmes à la faiblesse que Dax a déjà vu. Il ne lui faut pas plus d’une seconde pour se relever après la phrase de son aîné. Malgré elle, elle sent ses joues rougir sous un mélange détonnant de honte et d’une colère qui commence à se faire jour. Elle relève le nez vers Dax, tentant de comprendre pourquoi il lui est venu en aide. Ils ont toujours été au diapason sur ce point : si tu n’es pas capable de te défendre, c’est ton problème, pas celui des autres. Si tu es trop faible, si tu te fais malmener, si tu ne sais pas répondre, c’est pareil. Alors pourquoi ? Pourquoi a-t-il outrepassé ses convictions pour lui venir en aide ? Leonin n’a pas la réponse à cette question, mais dans son esprit, une chose est claire : peu importe la raison, Dax l’a jugée trop faible pour se défendre. Trop faible pour faire face aux coups. Et l’adolescente n’apprécie vraiment pas ce fait. Alors, sans lâcher ses prunelles, elle l’interroge « -Pourquoi tu es intervenu ? ». Et puis la machine s’emballe « -Je n’avais pas besoin de ton aide. Si j’ai été suffisamment stupide pour baisser la garde et me faire avoir, c’est mon problème, pas le tien. Tu ne bouges jamais le petit doigt, tu n’as pas à le faire pour moi, je ne suis pas faible ! Si je prends une raclée c’est que je ne suis pas encore assez forte, que j’ai des choses à améliorer, c’est pas pour que tu viennes m’aider, je peux le supporter ! ».

Elle s’éloigne de quelques pas allant ramasser son livre qui gît toujours quelques mètres plus loin. Pendant ces quelques instants, elle tente de se reprendre. Perdre son calme devant Dax ne va pas l’aider. Ne va pas changer ce qu’il imagine à son sujet. Il faut absolument qu’elle parvienne à retrouver une égalité d’humeur. Alors elle se force à souffler, à respirer, espérant que ça l’aide à s’apaiser. Ça ne fonctionne pas vraiment, mais au moins quand elle revient auprès de Dax, elle réussit à reprendre plus calmement « -Honnêtement je ne sais pas vraiment si je dois te remercier, mais dans le doute merci. Mais la prochaine fois, n’interviens pas. Si je me retrouve incapable de me défendre, j’assume. J’assume et j’apprends. ». La honte brûle toujours, courant dans ses veines pour faire rougir ses joues mais elle s’efforce de regarder Dax en face, ignorant quelques instants le sang en-dessous de son nez douloureux pour ne rien faire d’autre que le fixer.
Dax Tcherkassov
Dax Tcherkassov
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Elle s'est relevée rapidement et j'observe ses joues qui rougissent, alors qu'elle relève le nez vers moi. Honte ou colère ? Un mélange des deux, peut-être ? À sa place, je détesterais avoir été vu en aussi mauvaise posture. J’haïrais encore plus que quelqu’un m’extirpe d’une telle situation comme un sauveur, dont je n’ai besoin. J’aurais dû demeurer stoïque et ne pas agir, c’était la meilleure solution. Sauf que je n’y suis pas parvenu et j’assume cette incapacité momentanée à demeurer les bras croisés. Leonin est encore trop jeune ; la laisser se faire tabasser sans rien foutre, c’est comme lorsque je n’avais pas aidé ma sœur, à une époque à la fois lointaine et si proche. Je sais que ce ne sont pas les mêmes personnes, mais les souvenirs sont tenaces et les réactions du corps aussi. Le mien ne supportait pas de laisser quelqu’un que j’apprécie – je ne le répéterais pas à voix haute – se prendre une râclée, méritée ou non. « Pourquoi tu es intervenu ? » J’hausse les épaules sans répondre immédiatement, alors qu’elle poursuit : « Je n’avais pas besoin de ton aide. Si j’ai été suffisamment stupide pour baisser la garde et me faire avoir, c’est mon problème, pas le tien. Tu ne bouges jamais le petit doigt, tu n’as pas à le faire pour moi, je ne suis pas faible ! Si je prends une raclée c’est que je ne suis pas encore assez forte, que j’ai des choses à améliorer, c’est pas pour que tu viennes m’aider, je peux le supporter ! ». Je partage clairement son avis sur le fait que si elle baisse sa garde, c’est son problème, pas le mien. Chacun pour soi. Je ne vois pas l’intérêt de jouer au chevalier et d’aider les gens en difficulté en pleine dispute. Sauf que…Je le supportais mal, d’assister silencieusement à la scène. Et ça m’a probablement autant emmerdé d’intervenir que ça a pu l’ennuyer de me voir agir.

Je l'observe s'éloigner de quelques pas, puis ramasser son livre, jetant un coup d'oeil de biais au titre : L'assassin royal. Un truc moldu, visiblement. J’hausse les sourcils, un brin amusé, alors qu’elle revient finalement vers moi, l’air plus calme. Mes pupilles dérivent sur le sang sous son nez, tandis qu’elle reprend : « Honnêtement je ne sais pas vraiment si je dois te remercier, mais dans le doute merci. Mais la prochaine fois, n’interviens pas. Si je me retrouve incapable de me défendre, j’assume. J’assume et j’apprends. » Je la jugerais peut-être moins digne d’intérêt si elle pensait différemment. J’apprécie son esprit de combativité et cette façon de penser, qui rejoint la mienne. Un rictus s’étire sur mes lèvres, mi-amusé, mi-ironique : « On est au moins d’accord sur un point…Si tu te prends une râclée, c’est effectivement que t’es pas assez forte et que t’as été stupide. » Je ne mâche pas mes mots, je ne l’ai jamais fait. Mon but n’est pas de l’enfoncer, mais je ne dirai pas l’inverse seulement pour lui plaire. Il y a eu une erreur, c’est bien qu’elle en prenne connaissance. Je rajoute : « J’interviendrais probablement encore, si ça se reproduisait dans les mêmes conditions. T’as fait des erreurs de prudence, mais te faire tabasser sans pouvoir réagir par un groupe de cons, ça t’apprends rien d’assez pertinent pour que je regarde faire sans bouger. » L’apprentissage de ne pas devoir baisser sa garde, elle l’a déjà eu au premier coup. Limite, la leçon la plus pertinente du jour, c’est que le groupe était débile et froussard. Mon sourire s’élargit, plus sincère, alors que je conclus : « Et puis, je déteste voir quelqu’un pleurer, j’avais peur que tu te mettes encore plus à chialer. Un truc de cassé ? Tu veux que je te soigne ? » Impulsivement, j’ai relevé légèrement ma baguette, prêt à intervenir. De vieux réflexes d’étudiant en médicomagie.
Leonin Lund
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L’adolescente n’est, pour une fois, pas d’accord avec les paroles de son aîné. Si elle approuve le fait qu’elle a été suffisamment stupide pour baisser sa garde, elle n’est pas d’accord avec la conclusion de Dax. Multiplier le nombre de coups était une façon de s’assurer que la leçon rentre correctement non ? Qu’elle ne l’oublierait pas de sitôt et qu’elle serait capable de faire attention la fois suivante. De se protéger elle-même pour ne pas obliger l’homme à intervenir. Elle n’avait pas besoin qu’il intervienne après tout. Par automatisme, elle passe de nouveau sa manche sous ses yeux lorsque Dax en vient à sa conclusion comme pour s’assurer qu’il n’y avait plus aucune trace des larmes qu’elle avait pu versé et qu’elle tenait à faire oublier aussi vite que possible. Comme si les tiraillements des sillons séchés de perles salées n’étaient pas un assez bon indicateur. Elle aimerait répondre qu’elle n’a pas pleuré, mais elle n’est pas encore d’assez mauvaise foi pour cela. A la place elle appuie doucement sur le bout de son nez expérimentalement. En réponse, une grimace vient immédiatement déformer son visage, accentuant encore un peu plus la douleur qui pulse dans son appendice nasal. Son ventre aussi lui fait mal mais rien qu'elle ne puisse supporter... C'est plus son nez qui ne cesse de bouger et de lui faire mal dès qu'elle parle ou change d'expression qui est embêtant « -Ils m’ont pas loupés… Ça fait mal le cartilage en plus. ». Puis ça fait moche un nez cassé, même une fois guéri. Elle jette un nouveau regard à Dax et se décide finalement à demander « -Tu peux me le réparer s’il te plait ? ». C’est peut-être sa faute, mais elle n’en est pas au stade d’avoir à supporter la vision d’un nez cassé dans le miroir pour le restant de ses jours simplement parce qu’elle a manqué de prudence. Encore plus si l’apprenti médicomage peut lui réparer ça d’un coup de baguette magique, elle ne va pas protester.

La douleur du sortilège est familière, mais toujours désagréable. Malgré tout Leonin reste immobile jusqu’à ce que ça soit fini, ne désirant pas compliquer le travail de Dax. Une fois ce problème réglé, elle s’occupe de ranger son roman au fond de son sac, la colère montant quelque peu lorsqu’elle aperçoit les pages froissées. Elle n’était pas du genre à chercher la vengeance habituellement… Mais silencieusement, elle se jurait de les faire payer. Elle n’avait pas beaucoup de livres et tentait d’y faire aussi attention que possible. Qu’elle même les abîme était déjà une grande source de frustration. Mais qu’une bande de crétins décérébrés s’en prenne à ses affaires… Ça c’était intolérable pour l’adolescente. Elle ne savait pas encore ce qu’elle allait leur réserver, mais ça serait à la hauteur de leur idiotie. Peut-être que cela aurait également l’effet très agréable de faire en sorte qu’ils y pensent à deux fois avant de s’en prendre à elle. « -Je ne suis pas d’accord avec toi. ». Okay, elle sautait un peu du veaudelune au norvégien à crête là, une explication ne serait sûrement pas de trop. « -Concernant le fait que me faire frapper sans pouvoir bouger ne m’apprend rien. Plus la leçon fait mal, moins tu as de chances de l’oublier. Peut-être que le souvenir de la douleur est assez puissant pour te prémunir de faire une connerie la fois suivante. ». Quoi que, le souvenir de l’humiliation qu’elle venait de subir serait sûrement tout aussi efficace, enfin là n’était pas le sujet. Elle n’arrivait vraiment pas à comprendre son aîné sur ce coup là, ils avaient toujours été au diapason sur ce sujet-là. Alors pourquoi, tout à coup, reniait-il tout ce en quoi ils avaient toujours cru pour se prendre pour le preux chevalier dont, encore une fois elle y tenait, elle n’avait pas besoin ?! Elle n’aimait pas ne pas comprendre. Ne pas comprendre, c’était ne pas avoir toutes les cartes en main. C’était ne pas voir le danger arriver… Sans commentaire. Bref, toujours est-il qu’elle ne savait pas ce qui lui avait prit « -J’avoue que je ne te comprends pas sur ce coup-là. ».
Dax Tcherkassov
Dax Tcherkassov
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Je l'observe appuyer sur le bout de son nez puis grimacer, probablement en raison de la douleur. Ça me laisse totalement insensible. Maintenant que je la sais tirer d’affaire et qu’elle n’est plus entourée de connards trop lâches qui lui tapent dessus, la souffrance qu’elle peut éprouver me laisse plus indifférent. Du moins, tant qu’elle la gère. Et je compte sur elle pour la gérer. « Ils m’ont pas loupés… Ça fait mal le cartilage en plus. » J’hausse les épaules sans répondre. Ça fait mal, oui, mais ça aurait pu être pire. Elle semble s’en tirer tout de même à bon compte. « Tu peux me le réparer s’il te plait ? » La formule de politesse à la fin de sa phrase m’arrache un second sourire, qui s’élargit un peu trop. Je vois tout le potentiel chez Leonin ; je vois sa combattivité, sa lutte pour s’endurcir…et son âge. Elle est encore une adolescente, qui a certainement connu trop de choses exécrables dans sa vie, mais qui n’est peut-être pas encore entièrement blasée. Pas comme moi. Et même si je n’affirmerais jamais une telle chose à voix haute – ni basse – c’est attendrissant. « Ça te va bien un nez cassé, pourtant. » Moqueur, je pointe ma baguette vers le nez en question, grognant un : « Bouge pas. » Je lance le sortilège, effectuant un soin trop souvent fait sur moi-même. Le nez est une cible beaucoup trop facile à atteindre, et ce n'est pas mes connaissances de futur médicomage qui sont actuellement impliquées, mais plutôt celles du gosse des rues, trop habitué à se débrouiller.

J'abaisse finalement ma baguette et la range dans ma poche, tandis qu'elle range son roman dans son sac. Je croise les bras contre mon torse, alors qu'elle affirme: « Je ne suis pas d’accord avec toi. » J’hausse des sourcils amusés et attentifs, attendant la suite. J’adore être contredit. Ceux qui se rangent automatiquement aux opinions des autres, même quand ils ne sont pas d’accord, m’emmerdent. « Concernant le fait que me faire frapper sans pouvoir bouger ne m’apprend rien. Plus la leçon fait mal, moins tu as de chances de l’oublier. Peut-être que le souvenir de la douleur est assez puissant pour te prémunir de faire une connerie la fois suivante. » C’est une façon de concevoir les choses. Je considère que certaines leçons s’apprennent nettement bien dans les coups, mais ils ne doivent pas forcément être nombreux. L’important, c’est de passe à travers, c’est d’apprendre et avancer. Sans gémir, sans implorer, sans pleurer. « J’avoue que je ne te comprends pas sur ce coup-là. » Moi non plus. Ce n’est pas dans mes habitudes de me mêler généreusement d’une baston, qu’importe pour qui. Pas sans y trouver un certain intérêt ou vouloir obtenir quelque chose en échange. Et ça m’exaspère, de ne pas avoir pu rester les bras croisés. Je dissimile cet agacement derrière un haussement d’épaules : « Si tu dois énormément souffrir pour ne plus faire de conneries ensuite, t'as dû en baver plus jeune. Les conneries sont inévitables, mais ne doivent pas obligatoirement venir avec une forte douleur. » Je me fais l’impression de quelqu’un qui fait un long discours pour fuir une réponse honnête. Pourquoi je suis intervenu ? Parce que je supportais pas de les voir te taper autant dessus. Je refoule cette pensée, poursuivant : « Ce n'est pas forcément le nombre de coups, qui marque la mémoire. C'est plus souvent les autres sentiments, comme la honte, la colère, l'impuissance, la détresse. Je suis certain que t’oublieras pas cette leçon, même si t’es encore capable de marcher. »  J’espère qu’elle oubliera que je m’en suis mêlé, par contre. Et qu’elle ne le répétera à personne d’autre. Je n’aimerais pas que mes ennemis puissent penser qu’ils tiennent là une faiblesse. Ce qui n’est pas le cas. Je me dirige vers l’alcôve où je l’ai apperçu avant que les choses ne dérapent, m’assoyant, avant de rajouter :   « Y'a rien à comprendre de mon intervention. J’ai failli rien faire. Mais t'es encore une gosse Leonin…Et je voulais m’éviter de devoir traîner une victime inconsciente à l’infirmerie. On m’aurait encore posé des questions. » Un mince sourire, mi-sérieux, mi-espiègle, étire mes lèvres. Mes traits, trop neutres, demeurent figés. J’espère qu’elle se contentera de cette explication, je n’ai assurément pas envie de m’étendre sur le sujet.
Leonin Lund
Leonin Lund
TRØBBEL För att nå toppen av trädet måste du sikta mot himlen

Ça pour en avoir bavé, elle en avait bavé et il était bien placé pour le savoir d’ailleurs. Enfin, si ce n’était pas de l’histoire ancienne, le plus gros était derrière elle et Leonin ne tenait pas spécialement à y repenser. Ni maintenant, ni jamais en fait, pas tant que ce n’était pas nécessaire. Alors elle ne rebondit pas, se contentant d’écouter Dax exprimer ses opinions. Elle aimerait dire qu’elle n’est pas convaincue, mais après tout n’avait elle pas pensé plus tôt que l’humiliation serait suffisante pour lui faire retenir la leçon ? Enfin la douleur marchait tout aussi bien selon elle… Mais pour sûr que cette leçon là, elle ne l’oublierait pas. Elle secoua la tête en simple réponse, n’ayant pas envie d’avouer la chose à voix haute. Elle retiendrait la leçon, elle ferait en sorte que son moment d’imprudence ne se reproduise plus… Et elle saurait s’assurer que les idiots qui l’avaient attaqué n’en viennent pas à se dire qu’elle avait besoin de quelqu’un pour la défendre et qu’ils pouvaient recommencer impunément. Un moment d’égarement… Leonin pouvait l’assumer même si ça lui faisait honte. Se faire avoir deux fois… Ça serait de la bêtise pure.

Dax semble bien bavard aujourd’hui. Ça non plus c’est pas dans ses habitudes. L’étudiant en médicomagie est bizarre et l’adolescente en vient à se demander ce qui ne tourne pas rond. Ses sourcils se froncent quelques instants sous la réflexion avant d’abandonner. Après tout, Dax mène sa barque, elle mène la sienne. Elle n’a pas envie de mettre le nez dans ses affaires d’autant qu’il n’apprécierait sûrement pas la tentative. Alors elle l’écoute simplement, ne pouvant retenir un petit bruit amusé à la fin de son discours. Il disait ça, mais il l’avait souvent rafistolé sans (trop) se plaindre. Après tout c’était même comme ça qu’ils s’étaient rencontrés « -Un étudiant en médicomagie pédiatrique qui tapent sur des ados ça fait mauvais genre sur un CV y paraît ! ». Une partie des paroles de Dax lui reviennent en tête tandis qu’elle s’appuie sur le mur à côté de lui. Elle préfère laisser son regard errer dans le vide, savourant la protection du mur dans son dos et l’assurance que personne ne l’attaquera par là. Quant à l’homme à ses côtés… Elle a confiance « -L’âge n’a rien à voir avec ça. Mes parents tapaient pas moins fort parce que j’étais petite. Il n’y a que dans les contes de fées qu’on ne s’en prend pas aux enfants. ». Et encore. Enfin, sans doute que poursuivre cette conversation plus loin n’est pas vraiment utile. Elle ne comprend pas les arguments de Dax, ils ne font pas sens pour elle. Leonin déteste ne pas comprendre, mais elle n’a pas la sensation qu’elle finira par réussir à démêler la situation, pas comme ça du moins. Alors elle préfère passer outre. Pour l’instant, l’incident restera bien consigné dans un coin de sa tête et lorsque le moment sera opportun, il sera toujours temps de s’en souvenir. Alors elle passe l’éponge, préférant relancer la conversation sur autre chose « -Maintenant que t’es là, ça te dirait pas de venir t’entraîner avec moi au club de combat ? ». L’homme était un bon professeur de ce côté-là et Leonin allait avoir besoin d’un sacré cours de rattrapage pour faire en sorte de faire manger la poussière aux idiots. Après tout, si ses réflexes s’étaient rouillés, c’était peut-être également le cas de ses capacités...
Dax Tcherkassov
Dax Tcherkassov
TRØBBEL För att nå toppen av trädet måste du sikta mot himlen


« Un étudiant en médicomagie pédiatrique qui tapent sur des ados ça fait mauvais genre sur un CV y paraît ! » J’ébauche un léger sourire, alors qu’elle s’appuie sur le mur à côté de moi. Ce ne serait effectivement pas très bien vu de mon superviseur de stage, si j’avais une telle réputation. Sauf que ce n’est pas le cas. C’est un fait connu que je me bagarre quelques fois à Durmstrang : les batailles que je peux mener librement, par principes, je ne les camoufle pas. Mais les autres…Celles qui appartiennent à un monde plus sombre dans lequel je suis plongé depuis que je suis gosse, je les cache largement.  Même les contrats ne me font toutefois pas dépasser mes propres limites ; je ne tape jamais sur des adolescents. Sauf lors d’une telle occasion, pour défendre quelqu’un. Et encore, c’est très peu fréquent. L’âge n’a rien à voir avec ça. Mes parents tapaient pas moins fort parce que j’étais petite. Il n’y a que dans les contes de fées qu’on ne s’en prend pas aux enfants. ». Je tourne mes yeux bleus vers elle, l’observant en silence. Mes traits sont demeurés neutres, mais mon cœur s’est accéléré. Je n’aborde jamais ce sujet avec elle, pas de front. Je n’y touche que par des allusions, des phrases neutres, comme celle de tout à l’heure, qui lance une perche sans vouloir forcément ramener quoi que ce soit.  Mais je n’oublierai jamais notre première rencontre, qui m’a beaucoup trop marqué. Elle était plus jeune, moi aussi, mais je n’étais plus naïf et j’étais déjà trop désabusé. Les ecchymoses sur son corps m’avaient alerté, parce que j’ai vu trop d’horreurs, dans mon passé corrompu. J’ai prévenu mon superviseur ; il a cru que j’exagérais, que je voyais le mal là où il n’était pas. Tu vois bien que sa mère l’adore, qu’il avait dit avec assurance. Moi, tout ce que je voyais, c’était un masque de mensonges et une petite, comme ma sœur, qui avait des marques là où elle ne devrait pas en avoir.

Mes yeux se tournent vers la fenêtre, alors que je m’extirpe de mes souvenirs. Je ne veux pas que Leonin aperçoit cette lueur trop tendre qui a adouci mes iris, et qui trahi trop clairement l’affection fraternelle que je peux éprouver pour elle. Cette foutue affection qui, peut-être, m’a poussé à intervenir aujourd’hui contre mes habitudes.   « Maintenant que t’es là, ça te dirait pas de venir t’entraîner avec moi au club de combat ? ». Je devrais apprécier le changement de sujet. Il m’évite à devoir justifier encore quoi que ce soit ou à plonger dans un sujet qui peut impliquer des confidences – chose que je supporte très peu. Et pourtant, je me surprends à répondre : « Leonin… J’insiste pour que tu apprennes correctement à te battre pour que tu puisses rendre les coups à quiconque oseraient te taper. Même tes parents. Surtout tes parents. » Je ne sais rien sur eux. Je ne l’ai jamais questionnée, je ne compte pas le faire. Mais je veux qu’elle sache que ses capacités, si elles sont bien développées, lui permettront de se défendre contre tous ceux qui pourraient entraver la route. Même contre ceux qui devraient plutôt l’aider à la construire. Je tourne légèrement la tête, de façon à poser mon regard, rajoutant : « Mais ça m’arrangerait bien plus, si les autres étudiants te foutaient un peu la paix, et que t’avais plus à subir quoi que ce soit. » Ma voix est trop douce. Trop honnête. Je fixe le sang qui se trouve encore sous son nez maintenant soigné, fouillant dans ma poche pour attraper un mouchoir, que je lui tends : « J’interviendrai plus jamais comme aujourd’hui. Sauf si tu me le demandes. Mais ce que j’essaie de te dire c’est que… Tu peux compter sur moi. » Prononcer de tels mots ou aller chez le dentiste, c’est plutôt équivalent. C’est pénible, inconfortable et très peu agréable. Je glisse une main dans mes cheveux, comme si je pouvais ainsi chasser toutes traces de sentimentalisme, avant de quitter ma position pour me remettre debout. Mon regard est redevenu plus dur, mes traits ont repris leur neutralité et ma voix est moqueuse : « On peut aller s’entraîner, si t’es en état de me taper dessus sans casser encore ton nez. Ce dont je doute largement. » J’espère surtout qu’elle me le dira, si elle a trop mal quelque part pour combattre. Sauf que j’en doute tout autant ; et au fond, je ne peux théoriquement qu’approuver sa combativité et son orgueil, qui sont deux de ses meilleures forces pour survivre.
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