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The art and science of asking questions is the source of all knowledge | Angelo
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Sol Yoonir
Sol Yoonir
LÆRERTEAM Den som talar mycket säger sällan vad som är bra
The art and science of asking questions is the source of all knowledge

Le vendredi 16 juin 2023 - après-midi  
@Angelo Borghese



La table du café est soigneusement couverte de pile de feuilles diverses. Chacune à son utilité, chacune représente un objectif du jour. Au milieu, une tasse fumante de café au lait que Sol attrape délicatement tout en levant la tête de son parchemin. Ses yeux dérivent légèrement vers l'intérieur du lieu, ses clients, ses mouvements et des couleurs douces. Il est indéniable de constater que le gérant manie l'art du bien être. L'endroit est agréable sans être dans l'excès. A la justesse parfaite entre troquet du coin de la rue et établissement distingué. La chaleur de la boisson chaude est sensiblement passée mais la professeure ne s'en soucie pas, bien trop habituée à boire ses cafés froids, oubliés sur un coin de table, derrière des instruments de mesure, ou à même la cafetière. Il n'est pas commun de voir Sol travailler ailleurs que dans les alcôves paisibles de son appartement ou de son bureau d'études au Svalbard. Les distractions sociales perturbent facilement ses pensées et elle déteste être arrêtée en plein milieu d'un calcul ou d'une réflexion poussée. Mais la sorcière est en vacances, une situation qu'elle n'a pas connu depuis de longues années en arrière, et elle s'est octroyée une journée tranquille. Une journée de détente. Une journée de plaisirs. Et quoi de plus plaisant que de sortir en ville se mêler à la vie estivale qui palpite dans le cœur populaire de la Völva pour compléter quelques fiches de lecture sur ses recherches lupines ? Évidemment, Sol ne sort jamais sans ses diverses carnets de notes et quelques objets de mesures magiques car même si la lumière radieuse du soleil obstrue toutes les autres, les astres ne cessent pas de briller pour autant. Quoi que. Cette réflexion de surface est erronée, et le visage de la femme s'illumine sous un sourire amusé. En réalité, des astres meurent pendant qu'elle boit son café au lait. Certains ce sont même déjà éteint dans le silence de la nuit infinie, même si leur lumière parvient encore jusqu'ici.

La tasse retrouve sa soucoupe, rond parfait dans un cercle de porcelaine, mais Sol ne reprend pas immédiatement sa plume. Son regard suit les mouvements d'un serveur par distraction plus que par intérêt. Elle a remarqué la présence d'un étudiant sur une autre table et son esprit s'est lancé dans une revue interne de sa première année de professorat au sien de l'institut magique. Une expérience fort intéressante bien que chargée de batailles et de difficultés qui, au bout du compte, lui ont fait entrevoir les vacances scolaires comme une sortie salutaire de cette environnement exclusif. Sol savait qu'en entrant dans l'équipe pédagogique de Durmstrang elle allait s'exposer à cette réalité qu'elle avait fuit, d'une certaine façon, en quittant Beauxbâtons il y a des années de cela. Si la société magique a évolué depuis, et que la guerre est derrière eux, force est de constater que les privilèges et les habitudes ont la peau dure. Nombreux sont les collègues à lui mettre des bâtons dans les roues, à lui faire sentir que son arrivée n'est pas digne du prestige de l'établissement, et qu'ils désapprouvent sa nomination. Comme à son habitude, la professeure n'en laisse rien paraître. Aux commentaires elle répond par son éternel sourire distingué et quelques mots, souvent en réalité bien moqueurs mais rarement compris comme tel, et surtout par une exemplarité à toute épreuve. Rares sont ceux qui seraient capables de déceler la moindre vibration de rage qui enflamme en secret son esprit quand elle entend pour la énième fois une personne lui cracher au visage que les Dieux sont en colère de voir une étrangère enseigner à leurs descendants. Premièrement, parce que les croyances des sorciers scandinaves sont aussi puériles que celles des enfants qui craignent de regarder la foudre par peur de l'attirer sur eux comme le mauvais œil. Deuxièmement, parce que, si Dieux il doit y avoir en effet et selon leurs préceptes, ils devraient être ceux qui modules les flux magiques. Si ces Dieux-là, eux-mêmes, ne peuvent empêcher la magie de fleurir ailleurs que dans leurs lignées, peut-être qu'ils ne sont pas si Dieux que cela. Et la colère qu'ils en éprouvent rien d'autre que l'égo de ceux qui se rendent compte que l'univers est son seul maître.
La seule critique qu'elle concède, éventuellement, ce sont les reproches de ses pairs quant au contenu de ses cours parfois tourné de telle façon qu'il devient évident que ses étudiants ne peuvent en sortir sans questionner leurs mondes et leurs croyances. Mais est-ce une mauvaise chose ? Pas selon le schéma de vie de Sol. Après tout, son esprit scientifique n'est fait que de remises en questions et en perspectives. Si bien que Sol trouve cela tout à fait pertinent d'emmener ses étudiants vers cet objectif. Même s'il est vrai, que parfois, il lui arrive de faire en sorte, de tourner ces questionnements vers des thématiques précises.

Sol prend soudain conscience de s'être laissée emporter par ses réflexions, et c'est justement à ce genre de distraction qu'elle songeait plus tôt qui lui font d'ordinaire préférer la solitude de son appartement. Dans un soupire elle reprend sa plume et complète un dernier paragraphe dans un grattement fluide et précis, avant de poser le parchemin sur une des piles qu'elle s'empresse de ranger dans son sac de cuir. Un objectif de terminé. D'un geste Sol approche d'elle deux autres piles de documents, des feuilles simples, au couleurs d'un vert éclatant, des tracts en papier composable, pour mettre en avant tout l'intérêt de mettre en place quelques bonnes habitudes écologistes pour l'intérêt commun. Ces deux piles sont par ailleurs la raison principale de sa venue dans ce café précis, car elle a proposé à son propriétaire de pouvoir en disposer à la vue de ses clients, et, de boire quelque chose avec elle. Et telle qu'elle est actuellement, à savourer son café de en plus tiède, Sol attend simplement qu'Angelo soit disponible pour s'installer à ses côtés. Hors, la professeure ne sait pas attendre sans rien faire, sans que cela soit associé à une perte de temps irrécupérable. D'où la présence de ses piles d'objectifs qui sont désormais bien réduites. Il est temps que l'homme arrive.

Pendant ce temps, Neb, au sol, roule une boule de serviette derrière ses pattes d'insectes, ramenant miettes après miettes, papier après papier, tous les déchets qu'elle trouve par terre au pied de sa sorcière.




A cette nébuleuse une autre nébuleuse
Succède, puis une autre en la mère onduleuse.
De l'impalpable éther, océan sans milieu
Dont blanchissent au loin les archipels en feu...
Angelo Borghese
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Tw. Intolérance

La porte du café claque derrière mon dos avec une force contrôlée, qui ne trahit ma colère que pour des observateurs avisés.

Les voix à l’intérieur s’éteignent, remplacés par les sons de la ruelle animée. Le soleil vient caresser mon épiderme et l’odeur tiède des corps en déplacement assaille mes narines.

J’abandonne l’idée de me fier sur mon ouïe ou mes connaissances de mon environnement pour me guider ; je laisse ma fylgia m’entraîner vers celui que je cherche et qui n’est visiblement pas allé trop loin. Elle s’arrête proche de la devanture du café et j’entends le bruissement d’un sac contre le gravier, puis une salutation joviale. L’homme savait-il que j’allais venir le voir…? Probablement. Je me fends d’un large sourire, m’obligeant à la joie malgré la rage qui palpite sous mes yeux ternes, tout en tendant devant moi le gobelet de café que j’ai apporté : « C’est offert par la maison. Pardon Ørjan, c’est la première journée du gosse, il ne sait pas encore reconnaître nos vrais clients.  Comment s’est passé ta semaine…? T’avais un rendez-vous hier soir avec Torgeir non ? C’était bien, la partie de cartes ? » Un remerciement accueille mon geste et des réponses enjouées saluent mes interrogations. Des oui, des non, des réponses enrouées, qui goûtent l’humanité, les rêves et la passion. Je prolonge la discussion pendant quelques minutes, avant d’assener une claque amicale dans le dos de ce type que je connais bien et qui passe plusieurs fois par semaine au café.  Il rigole, me dit « à de-de-main Gelo » et s’éloigne, de sa démarche si caractéristique, lorsqu’on s’attarde à l’écouter. Des pas à la fois lourds et légers, qui ressemblent au bondissement joyeux d’une gazelle qui s’ancre à chaque fois dans le sol. Le son pourrait presque me calmer, mais il ne suffit pas aujourd’hui. La colère brûle encore mes veines et je prends quelques secondes, dos à la vitrine, pour inspirer avant de me diriger vers la porte de mon établissement.

Si Hope ne m’avait pas prévenu quelques minutes auparavant, je n’aurais rien su de la scène qui s’est déroulée à quelques mètres de moi, à visages exposés et à mots couverts. Tout à l’heure, pendant que je discutais avec un client, Ørjan s’est présenté pour commander son habituel café sucré. Mon nouvel employé, sûrement frappé par son allure, l’a fait répéter pour confirmer sa première impression influencée par des préjugés séculaires et un dégoût exécrable. Je peux comprendre que tous ne sont pas à l’aise avec ceux atteints du syndrôme de Down et je n’exige pas de mes serveurs qu’ils bavardent longuement avec Ørjan s’ils se sentent trop gauches.  Mais je leur impose de se montrer respectueux et bienveillant, deux éléments que je ne devrais même pas avoir besoin de leur enseigner, face à un autre humain. Et Bokmål, ce nouveau barista, a été tout sauf bienveillant. Il s’est moqué, ouvertement, de celui qui ne saisissait peut-être pas toute la scène, mais qui a assurément bien capté le refus. Il l’a enjoint à sortir, sans le servir, « est-ce que t’es capable de comprendre dégage ? dé-ga-ge. » Ces phrases, qu’Hope m’a répétées rapidement et qui ont provoqué mon intervention, font encore battre furieusement mon cœur alors que je pénètre à l’intérieur. Je me considère comme un être foncièrement indulgent, enclin à excuser les erreurs nécessaires aux apprentissages. Mais je n’ai aucune longanimité, non vraiment aucune, face à ce genre d’actes haïssables et écoeurants.

Mes pas m’amènent rapidement jusqu’au comptoir, sur lequel j’appuie mes deux mains, non sans avoir effleuré accidentellement le dos d’un client. J’entends Borkmål qui se rapproche, sûrement assez intelligent pour comprendre qu’il a merdé. Deux de mes doigts se plient, tandis que les trois autres tapotent la surface de bois, en un signe clair. Ma voix est froide, intransigeante : « C’est le nombre de bévues dans le genre que t’as le droit de faire. Je me fous des tasses cassées, des cafés ratés, des commandes oubliées. Mais je n’ai aucune tolérance pour les intolérants. Retiens-le. » Je ne cherche pas à ménager l’image de mon nouvel employé ou à le prendre à part. A-t-il été clément lui, envers Ørjan, avant de l’humilier en public ? Je ne suis pas un adepte de la loi du talion, mais je n’ai actuellement pas assez de recul sur la situation pour agir avec plus de douceur. « J’suis certain qu’il ne s’en est même pas rendu compte. » Mes lèvres se pincent en un rictus de dégoût, alors qu’un troisième doigt se plie. Je choisis normalement bien mes employés…Il semblerait que je me sois planté, sur celui-là. Deux doigts tapotent le comptoir, alors que je rétorque : « J’suis aveugle et ça m’empêche pas de me rendre compte que t’es vraiment con. Il n’a peut-être pas tout capté, mais le mépris, il l’a très bien senti. J’ai quelque chose de prévu dans la prochaine heure, mais on se reparle à la fin de ton quart de travail de ce qui vient de se passer. » S’il termine ce quart de travail. Parce que si je ne me retenais pas, en me disant que tout s’apprend, même être moins débile, je le congédierais sur le champ.

Deux minutes supplémentaires s’écoulent, pendant lesquelles je prépare ma propre boisson en tentant de faire redescendre mon irritation, avant que je ne me dirige vers la table où je suis attendu. Hope ne me guide pas, mais elle m’a indiqué au préalable le numéro de la table et la position de celle que je vais rejoindre, ainsi que ce qu’elle semblait faire. J’aurais dû y être bien plus tôt et un sourire contrit s’étire sur mes lèvres, lorsque je parviens à ma destination :   « Sol ? Désolé de t’avoir fait attendre. » Ma main gauche effleure une section de la table ; je touche ce qui a la texture d’une pile de feuilles, avant de reculer légèrement mes doigts à la recherche d’une espace vide. J’y dépose ma tasse, avant de tirer une chaise vers moi et y prendre place. Un léger ricanement, plus désabusé que véritablement joyeux, ponctue ma réplique alors que je poursuis : « J’avais un problème à régler avec…La bêtise humaine, j’imagine. Tu bossais sur quoi ?» Ma fylgia m’a dit qu’elle avait l’air de quelqu’un de bien occupée, sans être en mesure de me préciser sur quoi. Sur les fameux tracts que je dois placer dans le Nordstjernen, peut-être ? Je me dis qu’en plus de l’environnement, il m’en faudrait aussi sur les préjugés et la connerie.
Sol Yoonir
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Le vendredi 16 juin 2023 - après-midi  
@Angelo Borghese


« Sol ? Désolé de t’avoir fait attendre. » La sorcière ainsi nommée lève la tête du prospectus qu'elle examinait une nouvelle fois avec attention. Angelo lui sourit avec un reste de retenue qu'elle attribue aux éclats de voix précédents. Bien que concentrée sur la relecture des quelques conseils et chiffres inscrits sur son tract, Sol avait entendu l'altercation entre Angelo et le serveur. Très certainement comme tous les autres clients présents. Le volume des voix s'étaient atténué légèrement après les premiers mots du responsable envers son employé, entre curiosité et gêne délicate des témoins involontaires d'une remise en perspective du comportement du jeune homme derrière le comptoir. La française n'avait pas vu, ni entendu, l'origine du contentieux, et cela ne l'intéresse pas de savoir, mais elle juge aux froncements de sourcils résiduels sur le visage de son interlocuteur, qu'il devait s'agir d'un large manquement déontologique.
Concentrée sur Angelo, elle suit les mouvements des mains qui cherchent à se faire une place parmi les piles de feuilles qui encombrent encore la table sur laquelle elle est installée. Une fraction de seconde, elle est tentée de faire elle-même de la place, mais elle n'en fait rien. Ses seuls mouvements sont ceux destinés à écarter ses précieuses notes sur ses observations de la nuit dernière du café qu'il pose un peu trop près. La seule personne autorisée à faire des tâches brunes sur ses feuillets n'est autre qu'elle-même. Et quand ce genre de chose arrive, elle a une fâcheuse tendance à en être particulièrement agacée pour les six heures qui suivent. C'est dire s' il lui arrive d'être particulièrement rêche en cours quand elle découvre qu'un de ses collègues enseignants à laissé échapper une goutte sur sa pile de précieux parchemins. Ou, pire, quand elle découvre une tasse nonchalamment posée sur un devoir qu'elle était en train de corriger. Des habitudes déplaisantes que Sol à pris l'habitude d'esquiver le plus souvent possible, quitte à se montrer particulièrement froide et renfermée auprès des autres professeurs. Etrangement, ce comportement stoïque a fini par lui attirer l'ébauche d'une sympathie de sorciers les plus inattendus. Le raclement de la chaise contre le sol la fait grimacer intérieurement bien que le sourire poli qui étire ses lèvres ne cille pas. Une telle réaction l'agace cependant et Sol prend conscience que la cacophonie des bruits alentours commence à peser sur ses nerfs. Distraitement elle pose le prospectus qu'elle tenait encore dans ses mains et s'empare de sa tasse froide le temps qu'Angelo finisse de s'installer. Profitant des gestes de l'homme, de son ricanement, et de sa cécité, elle s'accorde trois secondes de retenue de respiration, les paupières closes, le nez dans sa tasse de café. Elle a l'air de humer le fumet inexistant du breuvage, en réalité elle referme ses barrières mentales. Un rapide exercice, un contrôle précis et net, chirurgical, de l'agacement à endiguer. « J’avais un problème à régler avec…La bêtise humaine, j’imagine. Tu bossais sur quoi ? » Les trois secondes se sont écoulées et elle avale une gorgée sans rien laisser paraître du manque de chaleur de son café au lait. Le sourire qu'elle reporte sur Angelo est plus sincère et naturel que précédemment. La tasse rejoint le cercle blanc immaculé de la soucoupe avant qu'elle ne porte un regard circulaire sur les différentes piles encore présentes devant elle sans même songer à se demander comme il peut savoir qu'elle travaille sur quelque chose. Le tigre qui les observe suffit à souffler la moindre interrogation à ce sujet. Un vrombissement lourd résonne dans l'air, signe que Neb a délaissé son infatigable occupation pour venir se hisser à hauteur de la discussion. « Ne t'excuse pas Angelo, j'ai largement de quoi m'occuper. La bêtise humaine, un vaste sujet qui nécessite quelques intérêts. Bien que le terme bêtise si je le comprends bien, adoucit ce qui ne l'est pas. » Elle déteste cette expression qui donne un registre enfantin à des actes et des mots qui ne le sont pas. Les enfants apprennent, comprennent quand on prend le temps d'expliquer l'erreur qu'ils ont faite. Une bêtise est excusable par la jeunesse du cerveau de celui qui l'a faite. L'intolérance des adultes est faite en pleine connaissance de cause, volontairement irréfléchie. L'égocentrisme humain n'a de bêtise que l'excuse qu'elle se donne pour cacher ses horreurs. Sol a pour habitude de se montrer intraitable sur la question. Dans ses propos, son attitude envers ceux qui s'en rendent coupables. Peut-être même que son ton s'est durcit dans sa ponctuation de fin de phrase. Heureusement, Neb fait cliqueter ses pattes luisantes contre la porcelaine de la tasse avec un sentiment amusé qui attire l'attention de la sorcière, intriguée par la communication non-verbale qu'essaie de lui faire parvenir le scarabée. « Mais j'ai suffisamment de sujets d'études, pour avoir envie de m'approfondir la question. Je te laisse la premier...primeur - primauté* - des réflexions humaines. » Son regard quitte une nouvelle fois le visage de son interlocuteur, une déconvenue fort impolie que le manège de Neb nécessite pourtant. Elle danse désormais, agitant ses ailes noires, au-dessus d'une cartographie du système solaire qu'elle a tiré consciencieusement de sous une pile de documents qui menacent d'effondrer leur parfaite structure au pied de la table. Son bras s'élance, rapide et précis vers la première feuille qui s'échappe et la rattrape en plein vol avant de remettre en ligne les bords les uns avec les autres sous le rire léger et minuscule de la fylgia qui s'amuse visiblement bien trop de la situation. Elle pourrait simplement parler, mais la scarabée est aussi sensible que Sol aux convenances, et elle n'oserait jamais interrompre de vive-voix la conversation de sa sorcière. En parallèle de ses gestes, comme si de rien n'était, la docteur reprend la parole d'une voix où perce facilement une étincelle de passion. « Je travaillais sur le calcul de mes dernières observations lunaires. En août nous assisterons à deux pleines lunes dans le même mois, ce qui est déjà rare, mais la deuxième sera exceptionnelle de part sa position rarissime avec le soleil et sa chaleur. » Sol s'arrête au beau milieu de sa phrase dans un point net. Elle a compris et ses yeux tombent sur son sac d'où dépasse le bout de sa baguette. Elle devine la phrase qui doit tourner en boucle dans la tête de Neb : tu es une sorcière Sol, tu peux réchauffer ton café toute seule. Après un clin d’œil amusé, elle reporte son attention sur Angelo, consciente soudain d'enchainer les bavures sociales. « A mon tour de m'excuser Angelo, je manque cruellement de savoir-vivre aujourd'hui. Ma fylgia s'amuse à mettre le désordre dans mes notes. Je crois qu'elle est aussi impatiente que moi. La dernière lune bleue, j'étais jeune et loin de pouvoir mesurer ce qui m'intéresse aujourd'hui. Mais ce n'est pas pour parler de lune que je suis là n'est-ce pas. » Sa voix reprend des accents plus sérieux, elle regrette presque d'avoir évoqué la contemplation d'une voûte céleste dont il ne peut pas profiter. « J'ai là les prospectus dont je t'avais parlé. Je crois ne pas fait d'erreur, mais mon suédois est encore incomplet, est-ce que tu pourrais le relire ? » Sans attendre davantage, elle tend l'une des feuilles à Angelo avant d'enchaîner rapidement :« D'ordinaire je travaille avec une traductrice locale mais elle n'est pas disponible et je voudrais mettre ces informations à disposition rapidement. Les étudiants vont arriver bientôt pour l'été. Et je ne suis pas convaincue que mon sortilège de braille est parfait. » Indéniablement, s'il est aussi troué que son suédois, elle risque d'avoir de nombreuses corrections à apporter avant de pouvoir faire le tour des commerces qui accepteront de les prendre.



* : prononcé en français


A cette nébuleuse une autre nébuleuse
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Angelo Borghese
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« Ne t'excuse pas Angelo, j'ai largement de quoi m'occuper. La bêtise humaine, un vaste sujet qui nécessite quelques intérêts. Bien que le terme bêtise si je le comprends bien, adoucit ce qui ne l'est pas. » Je souris, sans répliquer. J’accorde peu d’importance à la signification précise des termes. Ce qui m’intéresse, ce n’est pas leur sens premier et usuel, mais celui que les gens leur donnent. Ceux que je rencontre dans la rue ont leur propre langage, parfois coloré, parfois plus gris, parfois entrecoupé d’hésitations et de j’sais bien que c’est pas le bon mot, mais… Je leur dis que le bon mot n’existe pas, qu’ils peuvent en utiliser des tonnes plutôt qu’un seul, s’ils le veulent. Et tant pis s’ils font des impropriétés. Je m’adapte moi-même à leur langage, selon ma clientèle. Le ton de mon interlocutrice, qui s’est durcit en fin de phrase, me donne l’impression qu’elle est plutôt de type rigoureuse. Une hypothèse peut-être fausse, que je ne chercherai pas à vérifier. Du reste, elle n’a pas tort : le terme bêtise adoucit effectivement ce qui ne l’est pas, et ce qu’a fait mon employé se classerait dans une tout autre catégorie.

Contre la porcelaine, un bruit retentit, semblable à un cliquetis. J'en déduis qu'il s'agit de sa fylgia. La mienne, lentement et paresseusement, dans un son mat, s'est étendue sur le sol, peu intéressée par la suite des événements - ou trop irritée, elle aussi, par ceux qui ont précédé. « Mais j'ai suffisamment de sujets d'études, pour avoir envie de m'approfondir la question. Je te laisse la premier...primeur - primauté* - des réflexions humaines. » Je capte mal le sens de la phrase à prime abord, jusqu’à ce que j’entende le mot français. L’accent de Sol est charmant. Mais je ne suis pas objectif : j’ai toujours apprécié entendre les langues étrangères. Ma curiosité s’éveille lorsqu’elle mentionne les sujets d’études ; je n’ai jamais pensé à lui demander ce qu’elle faisait. Ce n’est jamais venu, dans nos quelques conversations. Et j’ai tendance à m’attarder aux gens, pour ce qu’ils sont, plutôt que pour ce qu’ils sont censés représenter. Trop de personnes limitent les individus à leurs professions.

Un courant d'air, rapide et succinct, m'indique qu'un mouvement a été fait. Pourquoi ? Je ne le demanderai pas, mais mes sourcils se froncent, très brièvement, avant que je ne retrouve mon air jovial. Même si je le tolère beaucoup mieux qu’avant, tout ce qui me rappelle les limites de mes capacités d’adaptation m’agace. « Je travaillais sur le calcul de mes dernières observations lunaires. En août nous assisterons à deux pleines lunes dans le même mois, ce qui est déjà rare, mais la deuxième sera exceptionnelle de part sa position rarissime avec le soleil et sa chaleur. » Observations lunaires. Ça n’éveille rien en moi : Amadéa a déjà tenté de m’intéresser à l’astronomie, sans succès. Ce que je note, par contre, c’est la passion qui perce dans la voix de mon interlocutrice, qui s’est d’ailleurs arrêtée soudainement. Pourquoi ? « A mon tour de m'excuser Angelo, je manque cruellement de savoir-vivre aujourd'hui. Ma fylgia s'amuse à mettre le désordre dans mes notes. Je crois qu'elle est aussi impatiente que moi. La dernière lune bleue, j'étais jeune et loin de pouvoir mesurer ce qui m'intéresse aujourd'hui. Mais ce n'est pas pour parler de lune que je suis là n'est-ce pas. » Ce qui explique le courant d’air précédent, j’imagine. Je ne peux que regretter avec amertume, à chaque fois, de ne pas avoir accès à des informations élémentaires et simples, qu’une vision normale m’aurait donnée. Je ne m’attarde toutefois pas à cette pensée : je songe plutôt à cette lune dont elle parle, d’une façon qui ne résonne pas comme de l’amateurisme. « J'ai là les prospectus dont je t'avais parlé. Je crois ne pas fait d'erreur, mais mon suédois est encore incomplet, est-ce que tu pourrais le relire ? » J’hoche la tête dans un signe d’approbation, sentant son mouvement. Je tends la main pour attraper la feuille tendue, ne me trompant que de quelques centimètres : je la prends plus proche de son extrémité que du centre. Un détail. « D'ordinaire je travaille avec une traductrice locale mais elle n'est pas disponible et je voudrais mettre ces informations à disposition rapidement. Les étudiants vont arriver bientôt pour l'été. Et je ne suis pas convaincue que mon sortilège de braille est parfait. » [/color] Le braille…? Mes sourcils se plissent et trop expressif, la désapprobation se lit clairement sur mes traits. Je n’ai jamais acquis cette compétence innée chez certains de camoufler mes émotions. J’affirme, le ton faussement jovial : « Pas besoin de savoir-vivre avec moi, ne t’excuse pas. Du moins, pas de ce genre de savoir-vivre. » Maintenant qu’on s’est tous les deux dit de ne pas s’excuser, j’imagine que ce mot pourrait être rayé de notre vocabulaire pour les cinq prochaines minutes. Tout ce qui compte pour moi, c’est le respect. Des autres, principalement. Les convenances, les normes, m’ennuient. Je dépose la feuille sur la table, glissant vaguement mes doigts sur les points bombés. C’est ce qu’elle veut que je corrige, la partie pour non-voyant? J’ébauche un sourire qui ressemble davantage à un rictus, la voix plus froide que je ne le voudrais :   « C’est aimable, mais ce n’était pas nécessaire de le mettre en braille. » Elle aurait très bien pu laisser ses prospectus en suédois. J’aurais pu opérer la transformation moi-même, sans qu’on me facilite la tâche. Je rajoute : « Je connais peu de mes semblables qui ne maîtrisent pas le sortilège pour transformer l’écriture. » Un grognement sous la table me signale que c’est moi qui manque de savoir-vivre, en cet instant. Foutu orgueil. Je suis voué à me le traîner longtemps, celui-là. On ne se débarrasse pas d’un boulet simplement en le jetant plus loin. Un sourire contrit s’étire sur mes lèvres, sincère, alors que mon ton se fait plus chaleureux : « Enfin. La plupart apprécieront l’attention. Désolé, c’est moi qui suis plutôt susceptible sur le sujet. » Et plutôt est probablement un euphémisme, même si je me suis pas mal corrigé, en comparaison de mon attitude, au début de ma cécité. Je réagissais alors violemment face à tous ceux qui me traitaient de façon différente.

Sans plus attendre, et avec la vitesse de l’habitude, je glisse mes doigts sur les points. Je m’arrête à trois reprises, sortant ma baguette de son fourreau pour tapoter la feuille ; je ne le vois pas, mais les points fautifs se sont colorés de rouge. « Il y a une faute ici, là et là, pour le reste, c’est parfait. » Du moins, en ce qui concerne le braille. Je range ma baguette, et je pousse légèrement la feuille dans sa direction, pour qu’elle puisse prendre connaissance des erreurs. Je ne les ai pas corrigées directement : ce serait une fausse aide. Ma main s’oriente vers l’endroit où j’ai déposé ma tasse quelques minutes plus tôt. J’enroule mes doigts autour de l’anse, tout en affirmant : « Tu peux me parler en français, si c’est plus simple pour toi. Je maîtrise la langue. »   J’ai noté l’utilisation de la langue tout à l’heure, comme un vieux réflexe qui revient en dernier recours. J’ai eu beaucoup moins l’occasion de pratiquer le français depuis que je ne voyage plus avec mes sœurs, mais je ne crois pas être trop rouillé. Je porte ma tasse à mes lèvres, avalant une gorgée chaude, avant de demander : « J’avais noté ta passion pour les étoiles et la lune, mais je n’ai jamais songé à te poser la question…Tu fais quoi comme boulot, exactement ? » Par habitude, mes yeux vides se sont posés sur elle. Je les sens rouler dans sa direction, sans qu’aucune image ne s’imprime sur ma rétine.
Sol Yoonir
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Le vendredi 16 juin 2023 - après-midi  
@Angelo Borghese


Le froncement de sourcil ne peut pas lui échapper. Ni l'expression lisible de désapprobation qui se peint avec une vivacité pure sur les traits d'Angelo. Il n'a pas apprécié quelque chose, cela est aussi net que peut l'être une corde qui se casse. Instinctivement Sol rejoue sa dernière phrase sans mettre le doigt sur ce qui aurait pu provoquer un tel rejet chez son interlocuteur. Ses mots étaient les bons, d'après son dictionnaire personnel qui peut comporter des erreurs. Les informations banales, selon son point de vue baisé. Elle ne s'attarde donc pas, soit la réponse viendra plus tard, soit elle ne viendra pas d'elle-même et elle posera les questions pour clarifier la situation. Si elle doit mettre mal à l'aise des personnes qu'elle apprécie, elle préfère savoir les raisons de leur bouche plutôt que d'établir des plans sur la comète. « Pas besoin de savoir-vivre avec moi, ne t’excuse pas. Du moins, pas de ce genre de savoir-vivre. » Elle ne cille pas, garde son sourire lumineux, elle ne tiendra pas rigueur à un homme comme lui de ne pas s'attacher au savoir-vivre. Il a bien d'autres choses pour lui qui comptent plus dans son quotidien et mettent en avant sa valeur que des codes auxquels elle-même est profondément attachée pour mieux paraître. Elle les aime ces codes, ils font partis d'elle, de son jeu, de sa légitimité à être femme de science, et à donner à son esprit le poids des mots qu'il n'aurait pas autrement. La sorcière à trop souvent vu d'autres de ses collègues être décriées pour les manque de retenue, positionnée en simple femmes victimes de leurs émotions pour savoir qu'il s'agit-là de son pire ennemi. Elle-même en a fait les frais dans le monde moldu. Quand touchée par la grâce de cette terre immobile aux couleurs d'un bleu irréel dans l'infini sans lumière, elle avait tenté d'éveiller les esprits. Elle ne refera pas la même erreurs ici, elle fera et elle fait autrement. Dans cette nouvelle société qu'elle a choisi, sa place est toujours aussi bancale, voire plus peut-être, qu'elle ne l'était avant. Ici elle n'est qu'une née-moldue inconnue, célibataire, sans situation louable. « C’est aimable, mais ce n’était pas nécessaire de le mettre en braille. Je connais peu de mes semblables qui ne maîtrisent pas le sortilège pour transformer l’écriture. » Tu es une sorcière Sol. La phrase comme un mantra qui la prend au dépourvu, encore trop souvent. Quatre années à vivre dans le monde magique, et toujours des réflexes de pensées entièrement moldus. Elle cille, cette fois. Lentement, d'un mouvement de cils souples qui chassent la honte et les reproches qu'elle se fait à elle-même. La Nébuleuse s'arrête à son tour, fait vrombir ses ailes sans prendre son envol. Discours muet d'une âme qui réprime des pensées qui ne devraient pas être. Déjà la chercheuse à repris contenance sans se départir de son sourire une seule seconde. Figée dans son maintien qui lui donne le loisir d'être d'une structure aussi solide que la roche céleste, il en faudrait plus pour la tirer de cette rigueur statuaire qu'elle a travaillé des années durant dans des modules d'entrainements spatiaux. Le grognement du félin à ses pieds lui arrache pourtant un regard en biais intrigué, tandis que l'homme légèrement bourru se reprend :  « Enfin. La plupart apprécieront l’attention. Désolé, c’est moi qui suis plutôt susceptible sur le sujet. » La réponse vient, donc, et Sol comprend mieux la réaction du sorcier. Un infime hochement de tête imperceptible pour lui appui cet état de soulagement du cerveau qui a pu mettre en place le puzzle d'une réaction inattendue. Ce n'était que cela songe-t-elle, un égo griffé par une remarque qu'il n'apprécie pas. Pourtant Sol n'a jamais considéré le braille comme une aide déplacée. Elle n'avait jamais songé à cette éventualité-là trop habituée à son monde moldu et à l'incroyable ouverture des possibles que cela ouvre quand les instances prennent la peine de traduire en braille tous les supports de communication aussi basique qu'un arrêté ministériel. Un mot bien trivial pour une société bien différente. Ici, même les missives sont capables de raconter d'elle-même les mots qui leur ont été confiés. Mais pouvait-elle prévoir que les aveugles sorciers seraient aussi réfractaires et agacés par cette écriture cherchant l'inclusion ? Non, aussi ne s'arrête-t-elle pas outre mesure sur une quelconque culpabilité inutile.

La professeure l'observe poser malgré tout ses doigts sur la feuille. Les doigts lisent, la baguette pointes les erreurs et Sol replie ses mains sous son menton pour mieux l'observer s'exécuter. Il est plus brouillon qu'elle ne l'aurait été, pas elle n'en tiendra pas rigueur. Ce n'est pas un de ses élèves, ni un collègue chercheur, elle ne peut pas attendre de tout le monde les mêmes choses qu'elle attend d'elle-même. « Il y a une faute ici, là et là, pour le reste, c’est parfait. » Elle récupère la feuille qu'il repousse vers elle et consulte immédiatement les points rouges fautifs et fronce légèrement les sourcils en remettant les mots dans l'ordre et en tentant de trouver les bonnes corrections. Mais la voix d'Angelo l'interrompt et cette fois elle redresse plus vivement un regard tranchant :  « Tu peux me parler en français, si c’est plus simple pour toi. Je maîtrise la langue. » L'allusion au français est agréable, c'est une langue qu'elle aime parler et qui lui manque souvent ici. En Russie elle avait des collègues français avec qui converser, et sa famille également. Ici les personnes latines sont rares, et les seules occasions sont celles fournies par ses élèves moqueurs. Pourtant ce qu'elle retient c'est la potentielle critique liée à sa difficulté notoire de prononcer certains mots suédois, et ses nombreuses fautes quand elle doit mêler du norvégien. Sans parler du danois qui lui passe complètement à côté pour l'instant. Est-ce si difficile à saisir pour un scandinave quand elle parle ? Un instant de flottement s'engouffre par la cassure de sa muraille et la bise qui s'en suit la fait étrangement sentir instable sur sa chaise. Ses jambes se décroisent, le dos bouge, s'agite, ses mains retrouvent la tasse froide de café et ses yeux quittent Angelo pour aller se perdre un instant vers les mouvements de la rue passante. « J’avais noté ta passion pour les étoiles et la lune, mais je n’ai jamais songé à te poser la question…Tu fais quoi comme boulot, exactement ? » Simple curiosité polie ou réel intérêt ? Elle soupire doucement, presque amusée, dans un éclat de rire étouffé. La scientifique rit de cette situation en ping-pong qu'ils se renvoient depuis qu'il a rejoint sa table. Les excuses pour des futilités, et des égos mis à mal par de simples phrases. Son intérêt est piqué au vif en réalité. Sol a très vite apprécié le naturel d'Angelo et sa conception des choses, elle réalise qu'ils se ressemblent peut-être un peu plus qu'elle ne voudrait le laisser voir. Ou croire. Ou qu'elle ne s'autorise à l'accepter. « L'attention est bienveillante je n'en doute pas, mais je préfère me frotter à mon suédois difficile que d'aller vers la facilité du français. J'ai tendance à prendre comme un échec qu'on me propose de changer de langue. » Dans un mouvement souple, elle se penche pour attraper sa baguette qui dépasse toujours du sac et agir, un peu plus, comme la sorcière qu'elle est, et moins comme la moldue qu'elle était. « C'est entièrement ma faute, je n'avais pas songé aux sortilèges. J'ai passé trop d'années auprès des moldus pour me défaire de mes habitudes. Celle de tout traduire en braille m'est plus naturelle que de penser aux solutions magiques. Neb se moque allègrement de moi depuis toute à l'heure car je bois mon café froid au lieu de même songer à le réchauffer d'un coup de baguette...» Sa voix s'étire vers un rire qui s'entend sans éclater. La brèche ouverte laisse passer plus clairement le soleil et ses gestes se font moins emprunts de façade, et plus de légèreté. La pointe de la baguette sur la tasse, elle murmure son sortilège en se focalisant sur le résultat : un café fumant. Mais comme trop souvent, le sort dépasse ses souvenirs et ses espérances formant une bulle qui éclate à la surface. Trop chaud. Elle ne commente pas pour autant le résultat et se contente de reposer sa baguette sur la table sous le rire minuscule du coléoptère qui roule sur son dos battant des pattes dans un léger cliquetis. « Sous cet angle, tu peux également corriger le reste du texte. Il n'est pas exclu que pour lui aussi mes mots ne soient pas tout à fait bien orthographié, ou mal placé. J'ai souvent du mal à mettre les possessifs au bon endroit dans les structures de phrases. Si je peux encore abuser de ta gentillesse évidemment. » Sa main attrape la tasse qui fume presque agressivement désormais au-dessous de son nez et elle lui adresse un regard tendrement amusé. « Pour répondre à ta question, je suis chercheuse en astrophysique des particules, je travaille actuellement pour un observatoire privatif d'une grande famille du royaume, il me semble, et je suis professeure d'astronomie titulaire, à Durmstrang. » Elle précise, comme si c'était essentiel, et quelque part ça l'est car son origine rend sa nomination quelque peu particulière, elle en a parfaitement conscience, et elle a pris l'habitude de le préciser assez facilement. Les titres ont leur importance et elle ne s'en privera pas pour appuyer sa légitimité, une fois de plus.





A cette nébuleuse une autre nébuleuse
Succède, puis une autre en la mère onduleuse.
De l'impalpable éther, océan sans milieu
Dont blanchissent au loin les archipels en feu...
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