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Règle n˚1 de la colocation : le couteau, c'est pas pour les sashimis (Seb)
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Dax Tcherkassov
Dax Tcherkassov
TRØBBEL För att nå toppen av trädet måste du sikta mot himlen
Tw: Blessures, violence

Londres – 16 septembre

Mes pas résonnent avec lourdeur sur les pavés mouillés de River street, une rue étroite en périphérie du centre de Londres. Les portes sont closes, verrouillées sûrement à double-tour. Ce coin a mauvaise réputation : on n’y traîne que par absence de choix ou pour régler nos comptes, loin de la police. Des mégots jonchent le sol, entre deux flaques croupies et des détritus. En hauteur, des voix résonnent des quelques fenêtres demeurées ouvertes. J’entends des injures anglaises, des rires entrecoupés de mensonges et le claquement des couverts contre les assiettes. C’est le son du quotidien banal et médiocre, ce quotidien qui m’écoeure et dans lequel j’ai été plongé aussitôt que j’ai eu l’âge de tenir une arme. J’aime me battre, mais je n’ai jamais apprécié ces endroits exécrables, qui reflètent trop clairement mon âme souillée de boue, à chaque coup écourtant la conscience. Un lieu trop en corrélation avec les actions de chaque jour ; à choisir, je préfèrerais accomplir mes contrats dans des jardins, des parcs colorés, des lacs bleutés. Des endroits beaux, qui à défaut d’effacer la laideur, amènent plus de nuances dans des scènes trop sombres.

Sauf que je n’ai pas choisi le lieu. On me l’a imposé en quelques lignes brèves et vulgaires, qui sont apparues sur l’écran de mon portable une semaine plus tôt. J’en utilise un pour rester en contact avec ma sœur et quelques types d’Angleterre, minutieusement choisis. Quand je suis rentré en Norvège, un an plus tôt, j’avais mandaté deux personnes en qui j’avais confiance de veiller sur Anastasya et de me donner des nouvelles régulières. Ils l’ont fait. Et ils m’ont prévenu, un mois plus tôt, lorsqu’ils ont constaté que des individus rôdaient trop souvent proche du travail de ma sœur.

J’accélère la cadence, alors que je jette un coup d’œil à la montre sur mon poignet. Je suis scrupuleusement à l’heure, comme d’habitude. Mais l’amertume et la colère qui étreignent mon âme, elles, ne sont pas habituelles. Je rajuste la capuche sur ma tête, tout en songeant à mon pas précipité, lorsque je suis revenu dans le coin dans les dernières semaines. J’ai espionné les types et trouvé à qui ils étaient associés : mes frères, sans surprise. Quelles étaient leurs intentions ? Je l’ignorais, mais je les devinais mauvaises, comme à l’accoutumée. Je me doutais bien que les membres de ma famille, un jour ou l’autre, reviendrait à la charge pour enrôler ma soeur son tour dans leurs combines. Sauf qu’entre eux et elle, il y a moi. Et je ne les laisserai jamais plonger en enfer celle dont le seul défaut est d’être née dans la mauvaise famille.

Je ne veux pas qu’il me sache dans les parages ; ma présence à Londres est plus dangereuse pour Ana que bénéfique. J’ai donc cherché à recruter des personnes supplémentaires, auprès d’une bande qui m’a toujours été loyale. Lundi dernier, la réponse s’est affichée sur mon écran avec un lieu, une adresse, une heure. Une cible, crûment décrite, un contrat pour s’assurer que t’es toujours l’un des nôtres parce que tu vois, ‘paraît que tu couches avec la flicaille. Je connais trop bien le milieu ; aucun marché ne sera possible, si je n’accomplis pas cette simple formalité.

Parce que ce n’est rien d’autre que ça : une formalité. Une ombre sans visage, sans nom, sans passé, sans caractéristiques autre que physique. Une formalité qui bifurque d’un pas traînant dans une ruelle encore plus crasseusse que celle que je suis en train de quitter. J’ai tourné au coin opposé, pour arriver de face. Comme un marcheur solitaire, erratique, aléatoire. Est-ce que j’angoisse ? Non.  Les formalités ne sont rien d’autres que des procédures administratives ; elles n’impliquent aucun sentiment. Est-ce que mon cœur bat plus vite ? À peine. Et ce n’est pas sous l’adrénaline ; c’est sous la colère de ce qui me pousse à agir ce soir dans un endroit que j’haï, c’est sous la douleur d’une blessure mal guérie, qu’on m’a infligée deux jours plus tôt. Je ne m’y attarde pas. Je suis concentré. Habitué. Mécanique. Mes doigts glissent nonchalamment dans la poche de mon sweat, effleurant le manche en bois d’une lame que j’ai achetée la veille. Pour ce contrat, je ne peux pas opérer avec mes armes. Mes frères connaissent bien mes préférences, mon modus operandi lors des missions simples. Une description trop précise d’une de mes dagues préférées, si je ne parviens pas à faire sombrer rapidement le type dans l’inconscience, pourrait me trahir. Et je ne veux pas qu’ils sachent que je suis revenu en Angleterre pour faire un coup ; personne ne doit le savoir, à l’exception des concernés.

L’homme sait-il que la douleur l’attend dans quelques mètres ? Qu’ouvrir une porte pour se faufiler dans l’un des bâtiments miteux ou lever la tête vers moi le sauverait peut-être de plusieurs heures désagréables ? Assurément pas. Il fixe le sol en marchant, ses cheveux trempés roulant sur ses joues creusées. Je n’ai pas pitié. Il n’est rien, pour moi. Je ne suis rien, pour lui. Égalité, dans l’indifférence. Égalité, dans la souffrance. J’ai la même chair que lui, je n’utiliserai pas ma magie : il aurait aussi la possibilité de se défendre. Lorsque j’arrive à sa hauteur, je n’hésite pas une seule seconde. Mes gestes sont précis, froids, assurés. Mes lèvres ne sont pas serrées, ma main ne tremble pas. Elle agrippe son épaule, alors que l’autre fait son boulot : celui qui n’est pas propre, celui qui n'est pas moral, celui qu’on m’a enseigné et pour lequel je suis trop doué. Un cri s’échappe de sa gorge, rage et douleur. Je grogne alors que ses doigts agrippent mon sweat, en plein centre, accrochant le t-shirt en-dessous et appuyant sur une blessure qui cicatrice mal. « Pourquoi ? J’avais…je les avais payés… » Je n’aime pas quand les formalités bavardent. Je n’aime pas apprendre des informations sur leur vie, voir une âme ou une personnalité derrière leur corps voué à s’écrouler. Je n’aime pas quand leurs yeux effrayés me renvoient à une réalité qui pourrait me déchirer, si je n’étais pas muré dans l’indifférence. «  J’suis que le messager. » Et il connaît vraisemblablement le message. Ses iris luisent de hargne et ses doigts accentuent leur torsion sur le tissu mouillé ; mes dents se serrent et j’extirpe ma lame de la chair abimée.

Il n’y a rien de beau, dans le son qu’une personne fait en tombant. Rien de beau, dans les ridules de souffrance qui défigurent les traits blêmes, rien de beau dans les murmures saccadés, les implorations pour obtenir de l’aide et les larmes, foutues larmes, qui veulent apparaître. Rien de beau, non, mais rien que je n’ai pas déjà vu trop souvent. Ça ne m’émeut pas. Je suis davantage préoccupé par la sensation de brûlure qui s’accentue au niveau de mon abdomen ; est-ce que ce con a arraché mon bandage dans sa prise désespérée…? Styx sous sa forme brumeuse semble vouloir me dire quelque chose, mais je l’ignore. Froidement, je me penche, laissant sur le sol l’arme qui m’est désormais inutile. Un sort a au préalable changé mes empreintes : je n’ai rien à craindre de ce côté. J’attrape dans la poche de mon sweat une seringue déjà remplie, que je plante dans le bras du type sans nom. Ses paupières tressaillent, puis se ferment. Les saignements s’atténuent. C’est l’un de mes rares écart, outre le sort d’empreintes, dans ma volonté de ne pas mélanger les contrats sorciers et moldus. Cet inconnu souffrira moins.

Je me redresse, agacé par le frottement des tissus mouillés qui collent contre ma peau. Si je ne m’en occupe pas maintenant et que ma blessure s’est rouverte…Je ne peux pas prendre le risque de tomber inconscient pour quelque chose d’aussi stupide. Je retire le sweat, qui me dévoile ce que j’avais deviné : le bandage a été arraché. Le t-shirt, imbibé d’eau glacée, reflète des couleurs qui ne devraient pas s’y trouver. Je jure, avant de le retirer : il rejoint l’autre vêtement sur les pavés glissants. Un sort s’occupe d’effacer les traces qui pourraient s’y trouver, juste avant que je ne troque ma baguette contre un petit étui de couture, extirpé de la poche de mon pantalon. Ça occupera la police pendant un moment, qui cherchera probablement à relier les différents éléments de la scène. Et ça a un autre avantage : je pourrai me soigner en marchant. Du moins, c’était le plan, en théorie. Parce qu’un bruit me sort de cette bulle d’indifférence dans lequel je me suis plongé. L’adrénaline enflamme aussitôt mes veines et je cherche l’origine du son entendu, prêt à remplir une formalité supplémentaire, si ça s’avère nécessaire.
Sebastian Prince Amundsen
Sebastian Prince Amundsen
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Il pleut. Il songe avec une pointe de surprise qui l'étonne lui-même. Il ne devrait pas être tant surpris. Il est en Angleterre, après tout. En Septembre. Est-ce vraiment si étonnant que la pluie se déverse avec l'indifférence de celle qui arpente trop régulièrement ces rues ?
Pour quelqu'un qui n'a plus l'habitude des dites rues, peut-être. Cela fait un moment qu'il n'est pas revenu dans son pays natal. Cela fait un moment qu'il a perdu cette habitude de passer régulièrement ici, pour venir voir des connaissances, des relations. Son père. Sa famille. Cette constatation le rend un peu mal à l'aise, il doit l'avouer. Remontant le col de sa veste, il murmure un sort pour imperméabiliser un peu plus ses vêtements, glissant finalement sa baguette dans la pochette fidèlement accrochée à son poignet gauche.
Rapidement, il quitte le ministère de la magie anglais. Étant Anglais de naissance, passer d'un pays à l'autre n'est pas excessivement compliqué pour lui ; rien qu'un portoloin international ne puisse régler ; mais il aimerait autant éviter que son père soit averti, et il le sera forcément s'il reste trop longtemps dans la bâtisse officielle. Il n'est pas réellement ici de façon... Officielle, justement. On est Samedi, il est censé être en week-end, il est censé galoper dans une forêt Norvégienne ou peu importe. Il aurait même pu passer voir Léo !
Mais non. Il se retrouve en terre étrangère – sa terre natale, pardon – tout ceci à cause d'un... D'un courrier plus qu'étrange. Un courrier auquel il a fait passer tous les tests que sa paranoïa à pu lui souffler tout cela pour qu'il ne se révèle n'être qu'un simple courrier, justement. Juste une lettre écrite sur le papier trop pâle des moldus. Quelques mots griffonnés qui l'ont bien trop fortement intrigués. Suffisamment pour qu'il ne se décide à sacrifier son week end.

Si tu te pose des questions sur les activités de ton colloc'
Peut-être devrais tu te rendre à cette adresse, à cette heure précise, en Angleterre, Londres.

Ne lui en parles pas, il mentira. 


Suivi d'une adresse précise qu'il avait du rechercher pour se rendre compte qu'il s'agissait d'une zone moldue pas réellement...Bien fréquentée, selon les rumeurs. Et des questions, il s'en pose.
Beaucoup.
Il a toujours été beaucoup trop curieux pour son propre bien, de toute façon.
Mais en même temps il n'est pas complètement aveugle, et il ne pense pas être particulièrement stupide non plus. S'il est reconnaissant à Tcherkassov de lui avoir sauvé la vie – deux fois, qui plus est – ça ne l'empêche pas de s'interroger énormément. D'où viennent les cicatrices qu'il a eu l'occasion d’apercevoir plusieurs fois ? Et ces dagues ? Ok, on peut collectionner les lames, mais la plus part des adeptes d'armes blanche les gardent dans une vitrine. Pas dans leur poche. Et ils ne s'amusent pas non plus à les planter à dix centimètres de votre jambe pour vous rappeler de vous tenir sagement pendant qu'il vous recoud. Et tout cela, c'est sans compter les fois où il l'a vu revenir à l'appartement qu'ils partagent désormais, dans un état... Eh bien... Sans être catastrophique, ça n'était pas glorieux. Alors, oui, il s'interroge. Oui, cette lettre à piqué très fortement sa curiosité et, oui, il se demande réellement ce sur quoi il va tomber en se pointant à l'adresse indiquée.
Mais non, il n'est pas bête non plus et a parfaitement conscience que l'on pourrait lui tendre un piège. Bien sûr, sa paranoïa s'exprime beaucoup sur le sujet, mais il est réaliste aussi. Le fait qu'il ait pris un boulot en Scandinavie au lieu de revenir en Angleterre après ses études - en plus en tant qu'Auror – ça ne lui a pas attiré que des amitiés. Bien au contraire.  Et il reste l'héritier d'une famille assez importante ce qui, en soit, est suffisant pour créer une liste d'inimité assez... Intéressante.

Claquant distraitement la langue, il continue sa route, ses pas frappant les pavés humides avec régularité. Ce sont pour toutes ces raisons qu'il s'est décidé à venir ici... Discrètement. A pied, sans transplanage, en avance sur l'heure dîtes, aussi. Un sort de Désillusion posé sur lui sitôt qu'il avait quitté le Ministère et habillé d'une façon plus moldue qu'il ne le voudrait mais qui a au moins l'avantage de l'intégrer correctement au paysage. Magni serait fier de lui.
Ou peut-être pas, s'il savait les tenants et aboutissants de l'histoire.
Au dessus de lui, dissimulé aux yeux des Moldus en restant sous forme brumeuse, Hooligan bat des ailes lentement, inquiète mais aussi curieuse que lui, elle n'a pas cherché à l'empêcher de venir ici, ce qui est la preuve qu'elle cherche des réponses également.

Il ne lui faut pas longtemps pour arriver sur les lieux indiqués par le courrier. Dissimulé dans les ombres – il y en a beaucoup dans ce genre de rues – il attend sagement. Il bride ses pensées pour les empêcher d'imaginer un peu trop de choses, mais dans un endroit mal famé comme celui-ci, cela s'avère plus compliqué que prévu et divers scenario se glissent sur le devant de son esprit. Tous plus.... Moins.. Bref, aucun n'est particulièrement réjouissant, il faut bien l'admettre.
Le pavé est gris et brillant sous ses yeux, les flaques s'agrandissent et s'amoncellent, la propreté est douteuse et la pluie continue de dégringoler, indifférente au paysage qu'elle noie. Aux gens qu'elle touche. Il n'arrive pas à se sentir nostalgique. Ni ici, ni au ministère parmi tous ces sorciers vêtus de noirs aux visages si sérieux et importants. Secouant un peu la tête, c'est grâce à ce mouvement qu'il ne rate pas les deux silhouettes particulières qui remontent la rue. Il sait que l'une deux est possiblement Dax, tout simplement à cause de la brume qui suit chacun de ses pas, invisible aux yeux des Moldus, mais parfaitement visible aux siens. Une Fylgja. Styx, certainement.
Déglutissant et ne sachant pas vraiment comment il se sent en constatant que l'autre homme est visiblement bien présent, il attend quelques instants avant de se décoller du mur et de s'engager sur leurs traces.  L'autre homme à tourné plus tôt, le sorcier qu'il suit tourne de façon à arriver face à lui et Sebastian se concentre pour ne passe se laisser déranger par son estomac qui se sert un peu trop à son goût. Les deux hommes vont se croiser, l'Auror apprenti s'arrête dans un nouveau recoin, silencieux et attentif.
Et puis, tout se déroule trop rapidement : Ils se sont croisés, l'un a agrippé l'autre, des paroles ont été échangées mais il était trop loin pour les capter. Figé par ce qui est en train de se dérouler, incrédule parce que – même s'il a imaginé beaucoup de choses – il n'arrivait pas à accorder du crédit aux scénarios qui l'avaient traversé. Alors que, visiblement, il aurait dû.
Confus, il n'arrive pas à distinguer ce qu'il se passe réellement entre les deux hommes – l'un penché sur l'autre en train de faire il ne savait quoi, l'autre étalé au sol, gémissant de douleur. Au moins est-il encore en vie. Du moins, c'est ce qu'il pense jusqu'à ce que les gémissements ne s'éteignent et que le corps ne calme son agitation. Inspirant profondément, il fini par quitter sa planque, s'avançant silencieusement vers le duo. Il tique légèrement en le voyant subitement retirer son sweat-shirt et doit se mordre la lèvre pour retenir une réflexion ironique alors qu'il se retrouve torse nu sous la pluie, visiblement peu dérangé par ça. Par contre, il peut désormais clairement l'identifier, la capuche ne le protégeant plus. C'est le bruit de Hooligan quittant sa forme brumeuse et ailée pour une forme féline et à quatre pattes qui alerte finalement celui qui est peut être son colocataire. Celui-ci, subitement tendu, cherche ce qui a provoqué ce bruit et, alors que ses yeux se posent sur lui, sa baguette glisse entre ses doigts d'un mouvement mille fois répétées, l'artefact se retrouvant prêt à se pointer sur l'homme si celui-ci se montre un peu trop agressif. Parce que ce sont bels et bien les yeux de Tcherkassov qui sont fixés sur les siens, il ne peut plus vraiment en douter.  « Tout doux Dax. Ça n'est que moi.» Il lâche, continuant de s'avancer vers lui, son regard glacé fixé sur le sien. Comme si c'était la chose la plus normale qu'il se retrouve ici, face à lui.  « Je suis assez surpris de te trouver là. » Il l'était, en quelque sorte. Il aurait préféré que cette lettre ne soit qu'une blague de mauvais goût.  « Ça t'ennuie si je vérifie si ce pauvre homme est encore en vie ? » Le ton est plat et sans émotions particulières. Il penche un peu la tête sur le côté et lui sourit légèrement, comme si ça n'était pas particulièrement étrange qu'ils se retrouvent tous les deux dans une ruelle moldue dans un pays qui n'était pas celui dans lequel ils habitaient. Avec l'un d'entre eux visiblement blessé, d'ailleurs.  « Sauf si tu t'apprêtais à le soigner avec ton matériel ? Je veux dire, tu es médecin officiellement n'est-ce pas ? C'est bien que tu sois passés par là alors que ce moldu vient de se faire agresser il y a peu de temps, visiblement. » Vérité travestie, il est curieux de savoir comment l'homme va se positionner dans cette scène plus qu'étrange dans laquelle aucun des participants n'étaient attendues. Mais maintenant ils n'ont plus d'autre choix que de jouer leur rôle, n'est-ce pas ?
Dax Tcherkassov
Dax Tcherkassov
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 « Tout doux Dax. Ça n'est que moi.» Mes sourcils se froncent et un tic nerveux resserre mes machoîres lorsque j’aperçois Sebastian, qui s’avance vers moi. Mon colocataire. Ici, en Angleterre, à Londres, dans la rue où je viens de commettre un crime, pile au bon moment. Tous les jurons russes que je connais ne suffisent pas pour décrire mon agacement et ma colère, qui enflamme aussitôt mes veines. Mes yeux glissent sur la baguette entre ses doigts, qui ne doit pas s'y trouver parce qu'il avait soudainement envie de la tenir. Il est probablement sur ses gardes.  Heureusement, Блядь. Quel con.

« Je suis assez surpris de te trouver là. » Cet étonnement est largement partagé. Il ne devrait pas se trouver là, encore moins à cet instant précis. Je ne crois pas au hasard et je suis trop habitué aux trahisons pour ne pas deviner que quelqu’un a été déloyal dans mon entourage. Au profit de plusieurs personnes, très certainement. « Ça t'ennuie si je vérifie si ce pauvre homme est encore en vie ? » Le côté bavard du sang-pur m’a toujours exaspéré, mais cet en instant, j’ai particulièrement envie de lui en foutre une. Ça m’ennuie, oui. Ça m’ennuie parce ce devait être une mission ordinaire. Ce qui n’était qu’une formalité prend maintenant des allures de guet-apens. Pourquoi l’ont-ils fait venir ? Parce que je ne doute pas, pas même une seconde, qu’ils soient responsables de sa présence. Comment l’ont-ils contacté ? Et mon adresse, qui leur a donnée ? Que l’auror ait décidé de venir, selon ce qu’ils lui ont révélé, ne m’étonne pas. Sa curiosité est compréhensible, surtout vu tout ce que je planque plus ou moins bien en sa présence depuis que nous habitons ensemble. Mais je le trouve incroyablement débile de se révéler ainsi à moi, plutôt que de demeurer caché. Inconscient. Mes lèvres se pincent et une lueur d’inquiétude valse brièvement dans mes yeux, que je lève pour observer les bâtiment en hauteur, afin de m’assurer que personne n’est embusqué à une fenêtre. Sous son sortilège de désillusion qui ne le camoufle pas entièrement si quelqu’un regardait en sa direction, il me sourit légèrement, penchant un peu la tête de côté. « Sauf si tu t'apprêtais à le soigner avec ton matériel ? Je veux dire, tu es médecin officiellement n'est-ce pas ? C'est bien que tu sois passés par là alors que ce moldu vient de se faire agresser il y a peu de temps, visiblement. » Ma main tremble sous le contrôle que je tente d'exercer pour ne pas lui décocher un coup de poing.Bordel Prince. Je ne songe pas, pas même à une seconde, à ce qu’il doit ressentir en découvrant que son colocataire fait des actes plus ou moins licites. J’ai occulté totalement ce détail. La seule chose à laquelle je pense en cet instant, c’est qu’il est potentiellement en danger et que lui, pendant ce temps, joue à celui qui ne sait pas ce que je fous là. Comme s’il était vraiment venu par hasard.

Je glisse la pochette de couture dans la poche de mon pantalon, dont j’extirpe ma baguette d’un geste vif. « Idiot. » Ma voix claque sous la pluie froide, vibrante d’agacement. « Ils ne vous apprennent pas la prudence chez les aurors ? » Que vaut un sorcier dans le monde moldu ? Tout ou rien. Ne pas connaître les codes qui régissent cet univers peut être dangereux. Qui ont-ils voulu contacter ? Le colocataire ou l’autorité ? Je ne peux exclure aucune possibilité. Oseraient-ils s’en prendre à lui ? Sans aucun doute. Et si je ne doute pas des compétences de mon colocataire avec une baguette, je le crois moins habitué aux attaques moldues. Je n’ai pas aidé à le tirer de sa famille, pour qu’il soit blessé par la mienne. Je reprends, grinçant : « T’es surpris de me trouver là, vraiment ? Tu quittes souvent Göteborg pour des ruelles crasseuses de Londres ? » Du coin de l’œil, je vois Styx qui prend sa forme de paresseux. La douceur habituelle de ma fylgia est remplacée par une agressivité latente, alors que j’inspire, cherchant à identifier à travers la pluie d’éventuels bruits anormaux. Rien, outre les mêmes sons que tout à l’heure, ne perce le silence. Mais ça ne veut pas dire que la zone est sécuritaire : la présence de Prince ici prouve qu’elle ne l’est absolument pas. Je jette un très bref regard à l’homme étendu sur le sol trempé, déjà complètement indifférent à son sort : « Il vit et ne souffre plus. Mais je ne le soignerai pas, non.» La blessure que je lui ai faite est non létale. Il survivra. Et ce serait bien que Prince survive aussi. Il y a tellement d’éléments à soupeser, pour comprendre toutes les données de ce piège. Parce qu’il s’agit bien d’un piège, je n’ai aucun doute sur le sujet. Je tends la main en direction de mon colocataire, aussi aimable qu’à l’accoutumée : « Maintenant ferme ta gueule et suis-moi, faut qu’on transplane. Immédiatement. Ceux qui t’ont entraîné ici n’avait pas de bonnes raisons de le faire et j’sais pas s’ils sont dans le coin. Je doute que tu sois leur cible, mais je préfère ne pas leur laisser l’occasion de te foutre une balle. »  J’ai une chambre dans le coin où on pourra discuter de sa témérité débile. Encore faut-il s’y rendre. Je ne fuis jamais devant le danger, normalement. Je ne crains pas les coups, la possibilité de mourir. Mais il y a quelque chose à lequel je suis bien sensible, quelque chose qui peut me faire reculer devant les risques : la possibilité qu’une personne que j’apprécie soit blessée. Bordel de con. Le mot tourne en boucle dans mon esprit. Je ne remarque pas le sang qui s'étend à mes pieds, ni celui qui coule de ma blessure, se mélangeant à la pluie. Tout ce qui m'importe, c'est de l'amener loin d'ici. Et de l'engueuler, aussi.
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