Please ensure Javascript is enabled for purposes of website accessibility
Le Deal du moment : -39%
Pack Home Cinéma Magnat Monitor : Ampli DENON ...
Voir le deal
1190 €


A shot across the bow • Seb & Dax (FB)
3 participants
Ying Yue Amundsen
Ying Yue Amundsen
GÖTEBORG Livet är en kamp, ​​du måste förbereda dig för striden
A shot across the bow

@Sebastian Prince Amundsen &  @Dax Tcherkassov 30 juin 2023 - soirée


« Comment ça il est parti ? » La question, amère, roule dans ma gorge comme un grognement mauvais. Un léger rictus retrousse mes lèvres sous la réalité qui se profile. Ce connard de petit-frère a fugué hier soir parce qu'il avait trop peur de rejoindre la meute. Pire, il a décampé avant même d'attendre mon retour. A croire que manquer les rendez-vous est devenu sa spécialité.

Mon sac d'affaires encore sur l'épaule, je quitte le salon dans un reniflement de dédain. Les mots tournent en boucle dans ma tête sous le grondement sourd de Bølga sur mes talons. La rage palpite dans le cœur sans trouver d'échappatoire. La porte de ma chambre est ouverte d'un coup sec qui l'envoi claquer dans un craquement de bois contre le mur. Je n'ai pas besoin de lui accorder un regard en coin pour deviner qu'elle s'est fracturée - encore - sous la force déployée sans retenue contre elle.

Dans la pièce l'atmosphère se charge de fumée acre, sous les tirages rapides de la cigarette nerveuse qui se consomme trop vite. Assis sur mon lit, la tête renversée en arrière contemple le ciel par le carré de fenêtre. Un ciel trop clair pour les envies de violence qui agitent Bølga comme le tigre en cage qu'il est. Il tourne, encore et encore depuis des heures, grognant de temps en temps vers la porte cassée qui laisse deviner le couloir sombre. J'imagine la scène telle que me l'a redecrite le grand-frère dans une colère froide qui agitait anormalement ses traits d'ordinaire si lissent. L'interception d'une lettre pour Sebastian qui semblait donner rendez-vous à quelqu'un, la confrontation et l'affirmation du Prince sur sa non-envie de rejoindre la meute et l'attaque venue de nulle part qu'il ne parvient pas à restituer dans son exactitude. Quelqu'un semble être venu prêter main forte à ce connard de petit-frère. Quelqu'un qui a profité de l'absence de Père pour entrer comme dans un moulin et s'en prendre à l'un d'entre nous, dans notre maison, pour venir dérober un autre d'entre nous, et pour quoi ? Lui rendre service ? Quel sorcier assez fou à bien pu penser qu'une telle action resterait sans conséquence ? Quel idiot à bien pu songer qu'attaquer un Amundsen ne lèverait pas toute la meute à ses trousses ? Sebastian n'a-t-il donc rien appris après toutes ces années parmi nous ? Visiblement non, sinon il serait pas parti comme un traître. A moins que l'autre n'était qu'un pion dont il voulait utiliser les talents pour tenter de se soustraire à sa cérémonie de transformation, sans se soucier de le placer sur la ligne droite de notre réponse ? Trop de questions teintée de rouge se mêlent aux pensées annexes qui affluent. Des pensées parasites, celle qui s'agitent dans l'écume des vagues : c'était un solstice aussi quand elle s'est faite dévorer par la fièvre de la bête.

D'un geste lent le corps se redresse, la cigarette grésille dans le sort qui consomme le filtre, et d'un claquent de talon je chasse le reliquat d'une émotion qui ne devrait plus exister. La porte s'ouvre d'un geste naturel comme si le battant éventré n'était qu'un mirage et je prends la direction de la chambre de Sebastian avec un étrange sourire sur les lèvres. L'amertume qui fait luire la canine qu'il dévoile à un goût amer d'eau croupie. J'ai besoin de voir de mes propres yeux le résultat de cette nuit à laquelle je n'ai pas assisté. Je voudrais avoir l'humilité de blâmer mon absence car j'aurais peut-être été capable de l'arrêter là où notre aîné à échoué, consumé par sa frustration et la nervosité qui chauffe mes propres veines. La pleine lune se fait sentir, son appel palpite dans nos âmes comme la promesse de retrouvailles joyeuses. Facilement elle me rend plus enthousiaste que d'ordinaire, aujourd'hui elle a des odeurs de violence métallique. En quelques enjambées je trouve sa chambre et pénètre dans la pièce vidée des éléments principaux qui devraient si trouver. Bien que persistante, l'odeur de son désagréable chat est moins prononcée témoignant de son absence. Le panier de la fléreure a disparu, quelques affaires également, les principales, celles qui creusent des trous significatif dans son bordel ordinaire. Il a vraiment foutu le camp ce con. Et il l'a fait avec l'intention ferme de ne pas revenir. Un frisson de déception fait vibrer mes narines rapidement remplacé par un souffle pincé de rage. Après toutes ces années, le frère Prince a fuit comme un lâche. Égoïste et trop imbu de sa propre petite personne pour avoir la décence de le faire en affrontant ses adelphes. L'attaque contre l'aîné ne compte pas dans l'équation parce qu'elle était fortuite. Il a fuit comme un faible en catimini dans la demie-ombre de la nuit d'été polaire. Il a fuit comme un moins que rien, un gamin gâté jusqu'au bout. Et père n'a même pas encore envoyé des gens pour aller le chercher par la peau du cou. Au poison de la déception face à cette trahison de celui que j'ai toujours considéré comme un véritable petit-frère, se mêle celui de la jalousie. Si ça avait été moi, qui avait déshonoré ainsi le nom de nos ancêtres, je serais déjà entrain de subir les conséquences de les actes. Mais non, pas Prince. Pas lui et ses privilèges de Prince.

Les yeux se sont fermés pour endiguer les vagues de haine mêlée de sel qui déferlent de toute part. Ce n'est que le son mat du chat qui saute sur un bureau et l'émotion satisfaite de Bølga quie font rouvrir les paupières pour découvrir une scène inattendue. « Qu'est-ce que tu as attrapé-là ? » Je plisse les yeux vers le volatile retenu par la mâchoire légèrement resserrée du tigre sur le plumage de l'oiseau de proie. « Tu as du courage de mettre ça dans ta gueule, tu sais pas où il a traîné avant d'échouer ici. » D'un las lent je m'approche, la baguette effleure l'aile coincée contre la canine pour empêcher toute tentative de fuite. Ce n'est pas le hibou de Sebastian. Autrement dit, potentiellement, il pourrait s'agir de celui de la mystérieuse missive dont l'aîné a parlé. Voilà qui devient intéressant. « Voyons ce à quoi tu peux nous servir. » Je suis un marine, je n'attends pas de faire des plans de trois ans pour ajuster mon champ d'action. En quelques secondes la décision est prise et la tentative lancée. Un sortilège de localisation est lancé sur le hibou avant que l'ordre de le relâcher ne soit donné au tigre qui ouvre la gueule délicatement. « Viens-là petit messager, excuse-le c'est un chat après tout. Et les oiseaux sont leurs proies favorites. » Mes doigts lissent les plumes ébouriffées, ont même l'audace de gratter doucement la tête et offrir quelques miettes de friandises trouvées près de l'ancien perchoir du vieil hibou de Sebastian, avant de l'amener jusqu'à la fenêtre que j'ouvre vers l'air pur du Svalbard.

Le reste n'avait été qu'une question de temps. Le sortilège activé m'avait rapidement conduit jusqu'au centre de Goteborg et un immeuble en particulier. Pourtant j'avais laissé passer quelques dizaines de minutes, occupé à donner à mes ongles une belle et brillante couleur d'or dans de magnifiques lunes pleines sur un très léger fond de bleu nuit. Et sur chaque lune, un discret mais visible pour l'oeil attentif, croc rouge sang. Une boutade cynique mais au combien moqueuse envers Sebastian. Un rappel artistique de sa peur si tenace qu'il avait préféré fuir les jambes à son cou. Hilarant, non ? Après un dernier regard vers les ongles séchés, un sourire mauvais éclaire mon visage avant de prendre enfin le chemin de l'appartement dans lequel l'oiseau s'est réfugié. Peut-être bien que Prince ne sera pas là-bas, mais la personne qui s'y trouvera aura forcément des réponses à m'apporter. Ma patience est très limitée cela-dit, aussi, j'espère que le propriétaire du hibou ne sera pas trop téméraire pour tenter de conserver ses potentiels secrets.

Le sortilège pointe vers une porte tout à fait banale dans un couloir tout aussi anodin, et je frappe quelques coups tout aussi ordinaire conte le panneau de bois. Distraitement je lisse le col de mon veston, j'ai pris soin de m'habiller avec distinction, allongeant mes cheveux d'un sortilège comme à l'accoutumée quand je suis en permission, entrant facilement dans la peau de l'homme affable et attentionné qui convient pour ce genre de visite de courtoisie. Les bruits de pas derrière la porte font tourner le sourire mauvais en courbes plus douces, presque charmeuses tandis que les mains se rejoignent dans le dos, serrant le paquet que j'ai pris soin de prendre avec moi. Juste au cas où la chance serait de mon côté, et la bêtise du sien.

Dax Tcherkassov
Dax Tcherkassov
TRØBBEL För att nå toppen av trädet måste du sikta mot himlen
Mon hibou n’est pas rentré.

Je ne m’attache pas aux volatiles. Je préfère généralement les animaux aux humains, mais je ne leur manifeste pas davantage de tendresse. Si mon piaf sans nom décéderait en plein vol, je ne verserais pas une larme. Mais ce n’est pas ce qui m’embête, ce soir. Je doute qu’il soit mort, même s’il s’est tapé une quantité plutôt considérable d’aller-retours la nuit dernière. Le plus probable – et le plus con – c’est qu’il soit resté dans le manoir des Amundsens pour se reposer. Et cette erreur, que je n’avais pas envisagée, est totalement débile.

Je n’en ai pas parlé à Sebastian. Peut-être pas sympathie, peut-être pour ne pas l’inquiéter, peut-être pour le ménager un peu, après les dernières heures qu’il a passées. Mais toutes ces raisons trop nobles, je ne les énoncerais jamais à voix haute et je m’y attarde à peine. J’ai attendu qu’il temporairement sorti pour renforcer la sécurité autour de l’immeuble. J’ai ajouté un sort de détection à l’entrée du bâtiment, avec un œil magique à l’allure moldue qui me montre les nouveaux venus. Mes sempiternelles dagues ont retrouvé leur place naturelle à ma ceinture, sous mon t-shirt. L’une à droite, l’autre à gauche, ma baguette dans son étui juste à côté.

Je ne suis pas allé plus loin, dans ma préparation. Soit quelqu’un va venir, soit personne ne viendra. C’est presque mathématique et perdre du temps dans l’attente, ce n’est pas trop mon truc. Peut-être que personne ne remarquera la présence du piaf ou qu’aucun ne sera suffisamment intelligent pour songer à l’utiliser pour repérer mon adresse. Ça m’arrangerait. Que j’accueille le Prince ici est déjà exceptionnel : je reçois rarement des gens chez moi. C’est mon antre, mon coin à moi, un endroit anonyme qui ne figure sur aucun bottin. Je ne veux pas que n’importe qui puisse me retrouver aisément, et la possibilité que mon adresse soit déjà connue, après une seule nuit avec un colocataire temporaire, m’emmerde.

Je rajoute une cuillère de plus dans ma cafetière. Il sera corsé. Je sors deux tasses d’un placard et je les pose côte à côte, distraitement. Impossible de prévoir la soirée. Tout est possible, et rien ne l’est vraiment. J’imagine que c’était inévitable, en décidant d’aider ce type. Gratuitement, en plus. Vraiment, la charité ne paie pas.  

Je ne suis pas étonné, lorsque j’aperçois le volatile entrer dans la pièce. Il se pose nonchalamment sur son perchoir, comme s’il n’avait pas de trop nombreuses heures de retard, se contentant de me jeter un regard extrêmement agressif. Typique. Je résiste à la tentation de lui lancer un sort, pour vérifier s’il a été ensorcelé : les surprises, c’est parfois plus stimulant. Je sors un gros bol d’un autre placard, un sac de farine et d’autres ingrédients, puis je noue un tablier noir autour de mes hanches. J’avais prévu faire des biscuits, ce soir.

Quelques dizaines de minutes se sont écoulées lorsqu’un son résonne dans mes tympans, m’indiquant que mon sortilège de détection a été enclenché. J’abandonne l’idée de regarder l’image captée par l’œil magique : mes mains sont pleines de farine. J’ai quoi, encore une dizaine de mètres de paix, avant que quelqu’un cogne ? Ou tente de défoncer la porte, mais cette option n’est pas la meilleure, avec mon appartement. Je roule une boule de pâte sucrée, que je dépose sur la plaque de cuisson. J’ai le temps d’en rajouter une seconde juste à côté, quand j’entends quelques coups contre le panneau de bois.

Je ne soupire pas. Je me contente de jeter un coup d’œil à mon hibou, qui détourne les yeux, comme s’il avait compris sa responsabilité dans cette affaire. Je n’ai pas encore décidé mon humeur de la soirée. Suis-je ennuyé ? Agacé ? Curieux ? Un mélange des trois, peut-être. Avec une prédominance pour l’exaspération. « J’arrive. » Ma voix est neutre. J’essuie mes mains blanchies par la farine sur mon tablier, avant de me diriger vers la porte. Des cliquetis se font entendre, alors que je lève les sorts de verrouillage, avant de replacer ma baguette dans mon étui. Je n’ai pas envie de la salir davantage, sauf en cas de nécessité. J’ouvre la porte, laissant de nouvelles traînées blanches sur le métal. Mes yeux glissent aussitôt sur mon interlocuteur : je note le veston et l'air affable de l'homme, que j’ai peut-être rencontré dans le passé, mais qui ne me rappelle personne. Ce que je remarque surtout, du coin de l’œil, ce sont ses mains derrière son dos. Ma curiosité est piquée : tout est possible. Une arme, un truc banal, quelque chose servant à piquer Seb, une boutade, une baguette. Tout. J’adore ces quelques secondes d’incertitude, où le cerveau tournoie à vive allure, pour trouver des solutions inutiles à un problème peut-être inexistant. Un sourire s’étire sur mes lèvres, alors que je m’écarte de la porte pour le laisser entrer : « Si tu veux qu’on passe les salutations d’usage et le moment où tu me menaces à mi-chemin entre le couloir et mon appart, y’a du café dans la cuisine. » Il a déjà mon adresse. Autant éviter de prévenir aussi tous mes voisins de mes activités inaccoutumées. Mes yeux pétillent avec un peu trop de malice, alors que je rajoute : « Et franchement, ça m’arrangerait, la nuit a été longue. » Amundsen ou pas Amundsen, le type devant moi ? À première vue, je dirais qu’il prend son café bien corsé, avec une lune de lait.
Ying Yue Amundsen
Ying Yue Amundsen
GÖTEBORG Livet är en kamp, ​​du måste förbereda dig för striden
A shot across the bow

@Sebastian Prince Amundsen &  @Dax Tcherkassov 30 juin 2023 - soirée


La porte s'ouvre sur un visage qui ne m'est pas inconnu, mais qui n'est pas Sebastian pour autant. La déception resserre la rage intérieure et augmente le sourire enthousiaste sur mes lèvres. Je croise son regard aussi curieux qu'indéchiffrable. Il n'a pas l'air surpris, légèrement exagéré peut-être ? Parce que je l'ai dérangé en pleine cuisine ? Délaissant son regard je jauge la personne dans son entièreté sans me soucier de paraître impoli. Ses mains pleines de farines sont dégoûtantes et manquent de faire leur les lueurs associées dans mes iris. D'où je le connais ? De Durmstrang probablement, les sorciers de l'armée sont plus frais dans la mémoire, même ceux pour lesquels mon intérêt n'est que modéré. Il ne dit rien, pas une salutation, pas de question sur mon identité autrement dit il s'attendait à une visite du genre. L'intérêt remonte en flèche, la joie d'avoir une première touche aussi facilement relâche la tension des nerfs que la rage ne cesse de ronger en secret. Certains se contrôlent par la force mentale, par la rigidité sans faille de la terre, j'ai toujours préféré la gestion par la détente, les sentiments inverses, les relâchement par l'endorphine. Il s'écarte enfin dans une invitation pour me laisser passer, agrémentant son geste d'une parole hilarante vu les circonstances :  « Si tu veux qu’on passe les salutations d’usage et le moment où tu me menaces à mi-chemin entre le couloir et mon appart, y’a du café dans la cuisine. » Dans un excès de politesse ma tête s'incline légèrement pour le remercier de cette invitation qui me convient en tout point. Si ce n'est que j'aurais préféré un verre de gin qu'une tasse de café. « Et franchement, ça m’arrangerait, la nuit a été longue. » Je relève les yeux vers les siens dans un regard entendu beaucoup trop amusé par la situation pour ne pas m'en délecter clairement. « Évidemment. » Je n'ajoute rien préférant pénétrer immédiatement dans l'appartement, l'oeil observant avec le moindre détail tout ce que je peux apercevoir de l'endroit et de son, ou ses, habitants. Je trouve facilement la cuisine, elle aussi couverte de farine, mais ne m'arrête pas là. Je vais jusqu'au café comme on m'y a invité, remarque les deux tasses de sorties et détache une main de mon dos pour glisser sur l'anse de l'une d'entre elle. Deux tasses donc, un homme qui s'attendait à recevoir de la visite et qui s'attend à ce que je le menace et préfère me laisser l'occasion d'un café au chaud chez lui que des mots peut-être trop gênants pour des voisins. Et un visage qui me dit vaguement quelque chose sans que cela n'éveille des souvenirs trop précis. Un nom peut-être, quelque chose à consonance russe ? Tcharsov. Ou quelque chose de plus long, dans ces sonorités là. Qu'importe, si je résume rapidement mes éléments à ma disposition tout porte à croire que j'ai en face de moi l'homme qui s'en est pris au grand-frère pour venir kidnapper mon petit-frère. Quand bien même le petit-frère en question était partie prenante de cet enlèvement. Ces informations me suffisent pour le considérer comme un être stupide et inconscient. « J'imagine que tu sais pourquoi je suis là. Je vais nous économiser un temps précieux et aller directement à l'essentiel. On m'a rapporté l'enlèvement de mon petit-frère lors d'une attaque d'une banalité improbable considérant les compétences normalement plus efficace que cela de la victime collatérale. Je te dois mes félicitations d'avoir réussi une telle effraction et d'en être ressorti indemne. » Tout en parlant je pose mon paquet à côté de moi et verse du café dans les deux tasses comme si j'étais venu ici des centaines de fois. Comme si cette cuisine n'était pas celle d'un inconnu. Comme si cela n'avait rien de particulièrement désobligeant. Du coin de l'oeil je vois le tigre sauter sur le canapé et s'installer les pattes avant et la tête sur le dossier, les yeux rivés vers le hibou revenu à bon port. Une lueur clairement carnassière dans la dilatation de ses pupilles. Classique Bølga. « Il était évident que je viendrais m'assurer que mon petit-frère va bien, vu comment tu t'es occupé de mon grand-frère. Je m'inquiète beaucoup pour lui. Il devait être désespéré pour faire appel à un étranger pour venir à son secours comme un little Prince incapable de s'occuper de lui tout seul. » Le ton ne varie pas, le sourire enthousiaste est toujours là quand je porte la tasse chaude à mes lèvres avalant une infime goutte de café brulant. Amer, parfait. Comme la bile qui mousse derrière mes canines.


Sebastian Prince Amundsen
Sebastian Prince Amundsen
TRØBBEL För att nå toppen av trädet måste du sikta mot himlen
Il n'a pas dormi. Ni après être arrivé dans l'appartement de Tcherkasov, ni dans la journée qui a suivi et là, le soir s'annonce et il n'a toujours pas sommeil. Ses pattes heurtent lourdement la terre alors que la bête galope à travers les arbres. Il se repasse sans cesse tout la scène dans son esprit. Tout, jusqu'au moindre détail, essayant de déterminer ce qui aurait pu être fait autrement pour éviter d'en arriver... Là.
D'un bond puissant, l'animal se précipite sur une branche basse puis, mû uniquement pas un instinct à fleur de l'humain, mais bien présent dans cette peau-ci, il enchaîne les bonds, sautant d'une branche à une autre sans faillir, sans glisser. Sans hésitation. Contrairement à ce qu'il a fait jusqu'à présent en tant qu'humain. Il n'a fait qu'hésiter. Tout le temps. Il s'est montré hésitant, il s'est montré effrayé, il s'est montré balbutiant. Il a honte. Il n'a pas été élevé ainsi. Il ne s'est pas construit ainsi. Il n'est pas un môme effrayé par tout.
Et pourtant, il a enchaîné les erreurs. Peut-être la fatigue de ces derniers mois, de ces dernières années. Peut-être la constante tension qui entoure chacune de ses actions dans ce manoir. Peut-être la peur qu'il a parfois du mal à maîtriser – pas d'eux, il n'a pas peur d'eux, les loups-garou ne l'effraient pas – mais de cette famille de manière générale. Qui forme une meute. Qui forme un tout. A qui il n'a laissé aucune chance, et qui ne lui ont ; il en a l'impression tout du moins ; laissé aucune chance de s'habituer non plus. Alors qu'à côté sa mère s'y est très bien intégrée, le laissant derrière. Encore. Un grondement puissant émane de la poitrine de l'animal, grondement colérique et frustré alors qu'il se voit recommencer à agir comme le bébé de 14 ans qu'il était à l'époque. Ça suffit, les insécurités. Il a grandit, désormais. Il ne devrait plus les avoir, plus les prendre en compte, juste les laisser enfoui loin et les ignorer comme il a l'habitude de le faire.
Furieuse, la panthère accélère encore le rythme, le souffle court, les muscles douloureux. Il essaie de se débarrasser de la tension, de la colère, de la peur qui l'a agité durant toute cette scène au manoir.  Il essaie de se concentrer sur le soulagement quand ils sont partis, lui et Dax, mais ça lui faire repenser au corps de son aîné au sol, inconscient, et son ventre se tord à nouveau d'une culpabilité furieuse. Ça lui fait repenser aussi à l'une des raisons qui font qu'il était soulagé : Il quittait enfin cette endroit qui lui faisait sans cesse repenser à ce soir de Décembre, quelque chose comme un an et demi auparavant. Cette fois, le rugissement perce largement le silence alentour, mêlant colère et angoisse tout à la fois.

Quelques mètres plus bas, surgissant d'un buisson, l'affolement semblant le faire s'emmêler dans ses pattes, un daim s'enfuie, terrifié par le rugissement précédemment entendu. Le léopard ne réfléchit pas plus loin et en quelques bonds il est retourné aux branches les plus basses. C'est sans attendre qu'il bondit directement sur la gorge de la proie qui à eu l'audace de le déranger, la colère et le tumulte de sentiment qui l'agite lui faisant largement ignorer le cri d'affolement de la bête. Il ne l'atteint jamais, pourtant, effleurant à peine l'herbivore qui détale sans même se poser de questions. Percuté de plein fouet par un autre félin, ils heurtent durement le sol et le noir se retourne immédiatement contre celui aux grandes oreilles. Hooligan ; parce que c'est elle, c'est toujours elle qui est chargé de l'empêcher de faire quelque chose qu'il regretterait immédiatement après quand il laisse cours à ses pulsions et qu'il se décharge comme ça de tout ses sentiments retenus ; Hooligan, donc, n'hésite pas une seconde à se défendre et les deux fauves se battent durement pendant une poignée de secondes, les crocs cherchant des points vitaux, les griffes cherchant à accrocher la peau.
Quand il réalise enfin, les coups se font moins dur et la caracal suit le mouvement en douceur jusqu'à ce qu'iels finissent étalés au sol, haletant.e.s et couverts de diverses blessures – heureusement peu graves... Mais qui picotent bien malgré tout.
Et avec tout ça, songe la panthère noire, il ne se sent pas bien mieux. Les mêmes sentiments tournent en lui, la même colère, la même culpabilité.


Un peu plus tard, alors que la soirée est un peu plus avancée, il rentre doucement vers l'appartement de Dax, celui dans lequel ce dernier accepte de le laisser loger pour le moment. Distraitement, il gratte les égratignures sur son cou, ignorant la douleur qui le distrait plus qu'au chose, son regard glissant brièvement vers le sac contenant le régime de banane demandé un peu plus tôt par Tcherkasov. Sebastian soupçonne qu'il l'a jeté dehors parce qu'il n'en pouvait plus de le voir tourner en rond en se rongeant les ongles, mais bon. Il peut clairement comprendre. Lui aussi, il a du mal à se supporter dans ces moments là. Mais bon. Il lui a demandé des bananes, il aura des bananes.
Ses yeux tombent finalement sur Hooligan, toujours en Caracal, presque collée contre ses jambes. Elle n'a pas quitté cette position depuis la veille au soir, quand tout est parti en vrille. Il n'avait vraiment pas prévu que cela se passe comme ça. Vraiment pas. Il grimace légèrement en voyant les blessures sur le corps de la féline, jumelles des siennes, et détourne le regard, la culpabilité ne faisant que le grignoter un peu plus. Peut-être y avait-il une autre solution, quelque chose qui aurait empêché tout ça... Mais il leur avait dit non ! Son beau-père lui avait proposé la morsure, il avait dit non ! Et il n'avait pas rêvé la menace à demi-voilée, qu'était-il censé faire, alors ?
Ses pensées étaient de toute façon beaucoup trop confuses pour que quoique ce soit de bon ne sortent d'une quelconque réflexion qu'il s'imposerait. Grognant contre lui-même, il fait soudain demi-tour sur quelques mètres et pénètre dans un immeuble qu'il avait royalement raté quelques instants auparavant. Cette rue lui rappelle quelques souvenirs, d’ailleurs. Peut-être qu'il pourrait aller voir Angelo ? Il saura peut-être l'aider à démêler tout ça.
Ayant fait sans y penser le chemin jusqu'à la bonne porte, il s'apprête à pousser cette dernière quand, son regard se relevant en même temps, il voit le message. Son sang se glace, sa respiration se coupe immédiatement et il doit réellement résister pour ne pas juste faire demi tour et disparaître pour de bon. Ton frère est là.
Il s'en veut d'une réaction pareil, il s'en veut de penser à la fuite par delà toute chose alors que, peut-être, Dax est dans la merde à cet instant précis. Il se force à respirer régulièrement, il se force à dompter ses pensées paniquées, s'appuyant de toute ses forces mentale contre son animagus pour qu'il lui passe sa force. Il n'a pas peur. Il n'est pas un petit garçon paniqué. Que pourrait-il lui faire, de toute façon ? La pleine lune n'était que dans 4 jours. Tout allait bien se passer. Possiblement.

Peut-être.
Avec de la chance.

Inspirant profondément, carrant les épaules et vérifiant que sa baguette était accessible, il baisse la poignée et ouvre la porte, rentrant tout de suite après dans l'appartement, son regard scrutant dans la foulée les environs à la recherche du moindre problème. Rapidement, il voit Bølga sur le canapé et Hooligan se place négligemment entre elle et lui, les deux félines se toisant du regard. «[...] Il devait être désespéré pour faire appel à un étranger pour venir à son secours comme un little Prince incapable de s'occuper de lui tout seul. » Il n'a pas entendu le début de la phrase, mais son regard se plisse immédiatement alors qu'il porte son attention vers son demi-frère. C'est donc lui qui est venu. Bien habillé, très classe, il ne peut clairement pas lui retirer ça. Il est en permission, c'est vrai. Mais il n'aurait vraiment pas pensé qu'il se déplacerait pour sa personne. D'un bref coup d'oeil, il analyse Dax par la même occasion, soulagé sans le montrer pour autant de ne voir aucune blessure sur lui. La culpabilité n'aurait plus eu aucune limite si cela avait été le contraire.  « Bonsoir Ying Yue. Je ne m'attendais pas à te voir arriver si vite. » Fait-il, le ton neutre, alors qu'il s'avance dans l'appartement qu'il ne connaît pas encore très bien. Dans les faits, il aurait préféré qu'il ne se montre jamais, ou alors quand il aurait trouvé un endroit à lui qui n'impliquerait personne d'autre.  «  Tu reste souper, peut-être ? » Il lève le sac qu'il tient toujours, le visage restant neutre.  «  J'ai même ramené des bananes. » Posant ces dernières dans la cuisine, il constate ce qui était en cours et hausse un sourcil vers Dax, surpris.  « Elles ont pris un peu l'air, j'ai eu besoin de courir un peu avant de rentrer... J'espère qu'elles ne t'ont pas manquées. » Il lâche à son attention. Puis, contrôlant parfaitement sa respiration, il se tourne à nouveau vers son aîné, le toisant du regard,  « Même si je pense qu'il vaudrait mieux que tu partes d'ici. Et que tu oublies mon existence que je sais très bien gérer tout seul, merci beaucoup. » Il ne doit pas s'énerver, il ne doit pas montrer sa crainte ou son stress, malgré la tension ambiante, malgré l'air aimable affiché par le lycan, malgré tout ce dont il se doute qui se cache derrière, malgré la tasse de café tenue négligemment comme si de rien n'était. Les sentiments sont à nouveau enfermés au fond de lui, et il ne doit pas les laisser sortir. Il doit lui montrer qu'il lui est complètement indifférent. Qu'il ne compte pas.
Dax Tcherkassov
Dax Tcherkassov
TRØBBEL För att nå toppen av trädet måste du sikta mot himlen
Je vois dans son regard que la situation semble l’amuser. Ça me ferait presque sourire aussi, si je n’étais pas occupé à jeter un coup d’œil à Styx, qui a fait quelques pas dans le couloir. Le panda remue son museau, et j’en déduis qu’il a capté d’autres bruits dans les parages. Déjà ? « Évidemment. » Je fronce les sourcils et je glisse discrètement ma main à ma baguette, tout en m’écartant pour laisser l’homme passer. Le sortilège informulé est rapidement lancé : c’est l’un des rares que je maîtrise, sans devoir le prononcer à voix haute. L’informulation, ce n’est pas mon point fort. Heureusement que les potions existent. Je ferme la porte derrière le type, sans prendre la peine de vérifier si l’écriture s’y trouve bien. Elle ne devrait apparaître que dans une vingtaine de secondes. Ce n’est pas grand-chose, et ça ne changera rien à la confrontation qui s’annonce, mais c’est peut-être mieux pour Sebastian de bénéficier d’un moment de préparation, avant de rentrer. Pour ne pas être pris par surprise et pour avoir la possibilité, s’il le veut, de foutre le camp.

L’homme semble excessivement à l’aise. Il va directement à la cuisine, exposant enfin l'une de ses mains à ma vue, pour la glisser sur l'une des anses. Le geste m'arrache un rictus moqueur : il a du cran, c'est indéniable. Et qu'importe les situations, c'est plus fort que moi : j'apprécie ceux qui ont du cran. J'éprouve bien plus de mépris naturel envers les personnes qui en manque. « J'imagine que tu sais pourquoi je suis là. Je vais nous économiser un temps précieux et aller directement à l'essentiel. On m'a rapporté l'enlèvement de mon petit-frère lors d'une attaque d'une banalité improbable considérant les compétences normalement plus efficace que cela de la victime collatérale. Je te dois mes félicitations d'avoir réussi une telle effraction et d'en être ressorti indemne. » Impossible de ne pas rire. Je n’essaie même pas de garder mon sérieux. Mon sourire s’étire de plus en plus, à chaque mot aux consonances mélodramatiques. Enlèvement. Rien de moins. Attaque. Alors que je n’ai blessé personne ; mes lames sont demeurées sagement rangées. Victime collatérale. La seule qui mériterait ce nom, ce serait Seb. Victime collatérale d’une famille qui n’est pas foutue de garder leur malédiction entre-eux, et qui essaie un peu trop de l’étendre, en se foutant du consentement. Effraction. Ce compliment-là, je veux bien le garder, je l’aime bien.

Je retourne vers mon bol de pâte nonchalamment, tout en observant le paquet que l’Amundsen – car s’en est définitivement un-  a posé à côté de lui. Mystérieux. La soirée s'annonce mouvementée. Il verse du café dans les deux tasses, comme s'il était chez lui, et je dépose une boule de pâte sur ma plaque alors que sa fylgia s'installe sur le canapé. Aussi à l’aise que la personne qu’elle accompagne. Je ne fronce pas les sourcils, mais mes iris s’attardent un peu trop longtemps sur le tigre. La lueur dans ses yeux rivés sur mon hibou m'agace. Je ne tiens peut-être pas à mon piaf, mais je n'apprécie pas qu'on le menace directement sous mon toit. Ashes, revenue dans l’appartement, ne s’en approche pas. Elle bondit plutôt sur le comptoir, non loin de la plaque, avec l’air gourmand de quelqu’un qui compte bien profiter de mon inattention, dès que j’aurai le dos tourné. Au loin, la porte me semble s’ouvrir. « Il était évident que je viendrais m'assurer que mon petit-frère va bien, vu comment tu t'es occupé de mon grand-frère. Je m'inquiète beaucoup pour lui. Il devait être désespéré pour faire appel à un étranger pour venir à son secours comme un little Prince incapable de s'occuper de lui tout seul. » Son ton, son sourire, sont parfaits. Je ne suis pas certain d’être encore parvenu à bien le cerner, mais une chose me semble émerger : c’est un joueur. Et j’adore jouer. Je réponds par un simple sourire, qui disparaît lorsque je vois Sebastian. Mon colocataire temporaire. Avec une sévérité presque absurde – je nierais toute tendance à la protection – je laisse mes yeux errer sur son visage abimé et sur le reste de sa silhouette. Il a foutu quoi…? J’avais jugé préférable de l’éloigner ici, autant pour sécuriser un peu l’endroit que pour potentiellement lui éviter une confrontation avec son ou ses frères, si confrontation il devait y avoir. Visiblement, cette tentative d’éloignement n’a pas été un grand succès. « Bonsoir Ying Yue. Je ne m'attendais pas à te voir arriver si vite. » Ying Yue. Le nom ne m’évoque définitivement rien. Certaines personnes à Durmstrang me laissaient totalement indifférent. «  Tu reste souper, peut-être ? » Sebastian croit-il sincèrement qu’il y a un souper de prévu ? Je fais des biscuits, c’est déjà pas mal. Je dépose d’ailleurs une énième boule sur la plaque, puis je l’applatis avec ma cuillère. «  J'ai même ramené des bananes. » Cette fois, la réplique m’arrache un sourire moqueur. « Elles ont pris un peu l'air, j'ai eu besoin de courir un peu avant de rentrer... J'espère qu'elles ne t'ont pas manquées. » Je ne jette même pas un œil au sac qu’il dépose. Je n’avais pas besoin du fruit, il doit bien s’en douter. Mais l’absurdité de cette scène a quelque chose de marrant. Lui, moi, son demi-frère. Et des bananes. Si je me fie à son extrapolation précédente, comment Ying décrira cette situation ensuite ? Comme une tentative d’empoisonnement ? « Même si je pense qu'il vaudrait mieux que tu partes d'ici. Et que tu oublies mon existence que je sais très bien gérer tout seul, merci beaucoup. » Je doute fortement que cette phrase aimable suffise. Ce type ne se serait pas déplacé jusqu’ici, en suivant mon hibou et en prenant trop son aise dans mon appartement, pour dégager ensuite calmement sur une simple demande.

Je dépose une dernière boule sur la plaque, relevant les yeux vers l’homme à qui j’aimerais bien balancer une trousse de soins – je ne le ferai pas, je n’ai pas envie de révéler ma profession à l'autre :    « Je ne crois pas que ton frère partira immédiatement, Sebastian. Ce serait impoli d’entamer un café sans le terminer. D’ailleurs, il t’en a servi un. » Du menton, je désigne l’autre tasse remplie. Je m’éloigne de quelques pas, glissant mes mains sous le robinet, pour retirer la pâte et la farine qui y sont collées. Je jette un coup d’œil à Ying, reprenant avec un sourire moqueur :  « C’est intéressant, que tu qualifies d’attaque un pauvre stupefix, qui était, comme tu le dis, d’une banalité improbable. C’était à peine un effleurement d’épiderme. » Je songe à cette drôle de nuit, aux rencontres faites. Une, en particulier. L’elfe. Est-ce que ce dernier a raconté aux autres…? Mon sourire s’élargit et j’entreprends de frotter mes mains sous l’eau lentement, prenant deux doigts pour en frotter un seul, afin de - théoriquement – enlever la pâte. Je poursuis : « J’imagine que le sens du drame, c’est de famille ? Y’a assez de bananes pour trois, si tu veux effectivement rester souper. » Je n’ose même pas imaginer à quoi ressemblerait un dîner à base de bananes. Je coupe l’eau, essuyant mes mains sur un tissu à proximité, avant de jeter un énième coup d’œil au salon, où ma zone personnelle continue d’être envahie. Ça m’apprendra à jouer au bon samaritain. Mes yeux se font espiègles et j’affirme : « Par contre, à la place de ta fylgia j’éviterais le canapé. Mais vous faites ce que vous voulez. » Styx, toujours sur le comptoir, ricane légèrement. Je l’ignore, ouvrant un placard pour m’emparer d’un thermos plus grand que les tasses, afin de prendre ma dose nécessaire de caféine.
Ying Yue Amundsen
Ying Yue Amundsen
GÖTEBORG Livet är en kamp, ​​du måste förbereda dig för striden
A shot across the bow

@Sebastian Prince Amundsen &  @Dax Tcherkassov 30 juin 2023 - soirée


L'homme a replongé les mains dans sa farine pour terminer la confection d'aliments qui attirent malgré moi mon attention. J'ai remarqué que ma tournure des événements de la nuit passée l'a fait sourire. Si j'aime aller au bout de l'agacement des gens en jouant sur la corde sensible que mon attitude provoque en réponse chez les autres, j'aime aussi rencontrer des personnes capables d'apprécier le véritable humour qui se dégage de mes tactiques. Ce qui semble être le cas et me donne bien plus envie de persévérer dans cette attitude que de changer de méthode. La soirée promet d'être enrichissante. C'est souvent ce que j'aime quand on débarque chez quelqu'un d'inconnu, le hasard de la rencontre mise en perspective par des caractères différents. Parfois explosifs, hargneux, craintifs ou insolent. Toute une palette de possibilités qui se déploient et demande une adaptabilité rapide et une lecture efficace des situations. Tant de choses qui font la différence entre une bonne recrue, et un marine qui fera un carrière remarquable. Le son d'une porte qui s'ouvre, suivis de bruits de pas est le genre de changement de situation qui demande une souplesse d'analyse immédiate. Lorsque Sebastian émerge de l'entrée pour traverser l'appartement vers nous, mon regard ne change pas. Mon sourire flotte toujours sur mes lèvres quand j'abaisse mon bras d'un geste calme et mesuré pour reposer la tasse sur le comptoir. « Bonsoir Ying Yue. Je ne m'attendais pas à te voir arriver si vite. » J'accueille son ton neutre, son contrôle presque remarquable, avec un léger mouvement de tête qui étire un peu plus mon sourire, dévoilant l'éclat d'une canine blanche. Avec lui c'est facile, je connais les points sur lesquels appuyés pour faire sauter les verrous de sa susceptibilité. Je m'y suis essayé trop souvent, parce que j'aime provoquer ses émotions, les vraies, celle de Sebastian, et non celle du Prince. Encore moins celle des Amundsen. J'aime quand c'est son caractère qui prend le dessus sur le contrôle, quand il fait des vagues, déçoit les codes qu'on attend de lui, de nous. Ca va me manquer.

«  Tu reste souper, peut-être ? J'ai même ramené des bananes. » Je hausse un sourcil intéressé par le sac qu'il lève vers moi. Une lueur de désir tout aussi luisante que celle de Bølga envers le volatile qu'il observe toujours avec intérêt, sa queue tapotant le canapé dans le rythme régulier du félin prêt à l'attaque. « Elles ont pris un peu l'air, j'ai eu besoin de courir un peu avant de rentrer... J'espère qu'elles ne t'ont pas manquées. » Il se tourne vers l'homme dont je ne connais toujours pas le prénom, mais c'est bien là le cadet de mes soucis. Il est facile de savoir à quel genre de course le petit-frère fait allusion. Il suffit de voir les griffures encore visibles sur le cou ainsi que sur sa fylgia. « Même si je pense qu'il vaudrait mieux que tu partes d'ici. Et que tu oublies mon existence que je sais très bien gérer tout seul, merci beaucoup. » Je ne réponds rien, soutenant la dureté de son regard avec une douceur presque attendrie. Comme on regarderait un enfant qui essaye de prouver que oui, il est assez grand pour rester tout seul la nuit dans la grande maison très sombre. Alors que tout le monde sait qu'il n'en n'est pas capable. N'est-ce pas, Seb, que tu n'en n'es pas capable ? De rester seul dans le noir... La pensée ne fait qu'accentuer l'amusement générale qui circule dans mes veines pour alléger le poids de la rage qui y palpite toujours en filigrane. Il doit savoir lui, que cette attitude cache une colère qui peut se révéler dans toute sa violence à n'importe quel moment. Je crois qu'il le sait. A moins que son désintérêt pour sa famille, pour moi, soit allé jusqu'à cette stupidité là, de ne pas prendre le temps de connaître ses adelphes dans leur singularité.  « Je ne crois pas que ton frère partira immédiatement, Sebastian. Ce serait impoli d’entamer un café sans le terminer. D’ailleurs, il t’en a servi un. » L'autre reprend la parole après avoir enfourné ses dernières boules de pâte d'un air tout à fait désinvolte. L'ambiance de cette cuisine me plaît beaucoup. Entre Sebastian qui tente de cacher son déplaisir de me trouver déjà sur ses talons, et son sauveur au grand cœur qui cuisine façon moldue - et les habitudes d'un homme en cuisine sont souvent révélatrices du milieu dans lequel il a grandit - l'atmosphère est dans un décalage qui attise ma propre passion du chaos. Il se lave les mains et je reprends ma tasse de café pour en boire une première vraie gorgée le regard planté dans celui de Sebastian. « C’est intéressant, que tu qualifies d’attaque un pauvre stupefix, qui était, comme tu le dis, d’une banalité improbable. C’était à peine un effleurement d’épiderme. » Je ne le regarde pas, restant fixé sur le jeune Amundsen Prince qui me fait face de toute la contenance dont il est capable vu la situation. « J’imagine que le sens du drame, c’est de famille ? Y’a assez de bananes pour trois, si tu veux effectivement rester souper. » Est-ce que les Amundsen ont un sens du drame plus développé que la moyenne des Douze ? Je ne saurais dire. J'en connais d'autres qui sont pas mal dans leur genre aussi. Mais il serait inutile de discuter de ce genre de choses avec un neophyte qui n'a connu la magie que tardivement. Je peux me tromper, mais pas mal d'indice pointe dans cette direction. Le premier étant bien évidemment l'amour de Sebastian pour ce genre de provocation exécrable. « Par contre, à la place de ta fylgia j’éviterais le canapé. Mais vous faites ce que vous voulez. » Bølga, attentive à toute la conversation malgré son air absorbé par la perspective d'un repas plumé, se redresse d'un bond et saute du dit canapé dans un grognement écœuré. Comme pour se venger de l'allusion comme de l'audace de l'inconnu de s'adresser directement à lui, le tigre en profite pour bondir vers l'oiseau et faire claquer sa mâchoire à quelques millimètres des plumes avant de secouer la tête et de jeter un regard pleine d'une haine brûlante vers Hooligan. Evidemment les liens ne m'ont pas échappé. Je n'ai pas oublié le discours de l'elfe de maison qui avait assisté au départ de Sebastian et de son ami venu le retrouver en pleine nuit. Mais j'aurais voulu garder cet élément pour plus tard. Tant pis. L'improvisation risque juste de devenir rapidement plus acide.

Ma tasse à nouveau posé sur le comptoir, j'attrape la deuxième par le haut, répartissant mes doigts tout autour de la porcelaine sans prêter la moindre attention au picotement de chaleur qui grignote l'épiderme. Avalant la distance qui me sépare de Sebastian, je lui tends sa tasse dans un sourire amusé, tout en me demandant s'il remarquera tout de suite les ongles vernis à son attention, ou si sa concentration le fera passer à côté de ce détail délicat. « Bonsoir Sebastian. » Peu persuadé qu'il acceptera la tasse, je la pose près du sac de bananes dont il s'est délesté avant de froncer des sourcils et d'effleurer de la pulpe d'un doigt, une des griffures qui orne la base de sa nuque. « Bien sûr, tu sais te gérer tout seul...» La voix est un murmure soucieux qui effleure mes lèvres avant que je ne me recule pour ouvrir un sac et arracher une banane de sa grappe dans un craquement sec.  « Néanmoins il est de mon devoir de vérifier que mon petit-frère ne s'est pas mis dans une situation délicate en fricotant avec le premier venu. » Si les mots sont acides sur ma langue, le ton est toujours celui du soucis et de l'inquiétude. « Mais détends-toi, petit-frère, je ne suis pas venu pour te ramener avec moi. » Ma main tapote son épaule, avant que je ne me détourne de lui pour retourner près de ma tasse de café avant de jeter un regard complice vers l'homme sans prénom : « C'est en effet une des rares choses qu'on a en commun. Le sens du drame. J'aimerais dire qu'il a appris ça de notre famille, mais il l'avait déjà avant même de nous rencontrer. Ceci dit le sien est plus développé. Parce qu'il est souvent trop sérieux dans sa démarche dramatique. Il aurait pu simplement attendre ce matin, annoncer son départ devant tout le monde, prendre son courage à deux mains et poser les choses simplement. Mais non, il a préféré choisir la voix romanesque de la fuite en pleine nuit avec un ami en laissant son ainé inconscient sur le tapis. Un sens du drame, mais aucun sens de l'honneur. » Tout en parlant, j'épluche calmement ma banane, avant de mordre à pleine dent dedans. Pas fameuse, mais de quoi combler le creux qui commençait à se faire sentir avec toute les bonnes odeurs qui cuisson qui émanent du four. « Je me demande quand même, Sebastian, ce que c'est ton truc avec les demis. Toi qui insistes toujours sur le demi-frère, visiblement tu les choisis toujours chez les demi-sorcier. Intriguant. » Une nouvelle bouchée de banane, avant de relever un regard brillant vers l'adelphe, le sourire toujours aussi amusé qu'avant, le sel des mots tout juste légèrement surdosé.

Sebastian Prince Amundsen
Sebastian Prince Amundsen
TRØBBEL För att nå toppen av trädet måste du sikta mot himlen
Ses derniers mots, il les a prononcés les yeux plantés dans ceux de son aîné, essayant de ne pas se laisser déstabiliser par son hôte, joyeusement en train de préparer des biscuits. Il a capté le regard que ce dernier lui a lancé lorsqu'il est arrivé dans la pièce et s'est même demandé vaguement s'il n'avait pas oublié d'essuyer un peu de sang au passage. Mais il n'a pas vraiment la possibilité de vérifier, il refuse de laisser une quelconque occasion à Ying Yue de lui faire un commentaire sur cette situation, sur son apparence qui ne parle présentement pas en sa faveur, il le sait bien. Alors il se contente de rester droit, le masque de neutralité qu'on lui a inculqué depuis toujours fermement en place, son regard sombre dans celui de l'autre. Il a juste pris le temps d'apprécier le sourire moqueur de Tcherkasov à la mention des fameuses bananes, inconsciemment rassuré de ne pas être seul avec le plus vieux. Il n'est pas un Prince en Détresse, et il essaie vraiment d'être moins lâche qu'il a pu l'être par le passé – la preuve, il est rentré dans l'appartement au lieu de tourner les talons et de carrément fuir le pays – mais être seul avec le Lycan... Non, vraiment, pour le moment il ne s'en sent pas capable. Pas lorsqu'il est si calme, si souriant, si... si... Terrifiant, d'une certaine manière.
Mais il lui renvoie son regard. Et il haït ce qu'il y voit, vraiment. Il haït ce qu'il sait être une fausse douceur dans ses yeux. Il haït cette façon qu'il a de le regarder, comme si acquiesçait à ses mots juste pour le principe mais qu'au fond il sait parfaitement que le môme en face de lui ne sait pas se débrouiller. Mais il sait. Il n'est plus un gamin. Il a encore des choses à apprendre, mais il sait se gérer. Il n'a pas besoin d'eux, il n'en a jamais eu besoin, de toute manière. Il est mieux seul. Il se l'est répété suffisamment de fois pour en être convaincu... Ou presque. Et il prend sur lui, très fort, pour ne pas réagir à ce simple regard. Il ne bouge pas, c'est à peine si son menton se relève légèrement en guise de défi pur et simple. Ça n'est pas comme ça qu'il l'aura. Certainement pas. Et il n'a pas peur de le voir exploser ; parce qu'il est presque sûr que cela va finir par arriver, il le connaît malgré tout ce qu'il peut bien prétendre ; du moins... Presque pas peur.

 « Je ne crois pas que ton frère partira immédiatement, Sebastian. Ce serait impoli d’entamer un café sans le terminer. D’ailleurs, il t’en a servi un. » C'est Dax qui reprend la parole et le plus jeune de la pièce laisse son regard filer dans la direction désignée par l'homme, captant l'autre tasse de café remplie. Il cille légèrement et renvoie un nouveau regard confus sur le Médicomage, se demandant sincèrement ce qu'ils étaient tous les deux en train de faire avant son arrivée. Un café, vraiment ? Il serait sincèrement navré s'il venait d'interrompre un charmant moment de papotage, mh. Cela dit, l'impolitesse d'un départ anticipé, il la voit, vraiment. Mais il est parfaitement prêt à jurer ne pas en prendre ombrage si Ying Yue décidait par miracle de choisir cette option.
Dax allant se laver les mains dans la détente la plus complète – et cela tire presqu'un sourire au jeune homme, retrouvant la une attitude qu'il commençait à connaître un petit peu – il fixe à nouveau son regard sur son frère, incapable de s'en détacher trop longtemps. Ne dit on pas qu'il ne faut pas quitter les prédateurs des yeux … ?  « C’est intéressant, que tu qualifies d’attaque un pauvre stupefix, qui était, comme tu le dis, d’une banalité improbable. C’était à peine un effleurement d’épiderme. » Un reniflement dédaigneux lui échappe à cet instant. Clairement de toute façon, la première attaque ne venait pas de Dax, mais du plus âgé. C'est lui qui a pris l'initiative de l'enfermer, de base. Ça n'était qu'une façon de se défendre de la suite de l'agression qui serait sans doute venue. Est-ce de sa faute si cet idiot s'est laissé avoir par un sortilège de deuxième année, hein ?  C'est un changement de rythme qui titille ses oreilles et le pousse à briser l'échange de regard, reportant son attention vers le cuisinier improvisé qui continue de se laver les mains. Ses yeux se baissent jusqu'aux mains en question, captant le mouvement... Non. Il est sérieux, là ?  Il se mord l'intérieur de la joue pour ne pas laisser échappe un quelconque rire, ou une quelconque exclamation ricanante. Il ne fait pas ça exprès, n'est-ce pas... ?   « J’imagine que le sens du drame, c’est de famille ? Y’a assez de bananes pour trois, si tu veux effectivement rester souper. » Il plisse un peu les yeux à ce commentaire, retenant le grognement peu humain qui s'apprêtait à sortir de sa gorge, reportant son attention vers son demi-frère aîné qui semble particulièrement apprécier son café. Sans doute amère et noir. Comme son âme. Non, il n'en fait pas trop, c'est faux. Et non, il ne vient pas juste de confirmer les propos de Dax. Pas du tout. Le commentaire sur les bananes, cependant, le fait intérieurement tiquer et il se retient très fort pour ne pas faire les gros yeux à celui qui vient d'en parler. Il se méfie de tout ce qui peut sortir de sa bouche à cet instant. Vraiment.
L'aurait-il regardé à cet instant qu'il aurait pu constater l'espièglerie dans son regard et il aurait ainsi compris qu'il avait bien raison de se méfier. Mais il fixait le loup, alors il ne le vit pas et se fit prendre par surprise par ses mots,  « Par contre, à la place de ta fylgia j’éviterais le canapé. Mais vous faites ce que vous voulez. » Il ne peut pas s'en empêcher, s'il a réussi à se retenir de s'étouffer avec sa salive, il ne peut pas retenir ses paupières de se fermer brièvement, vaguement désespéré. Il ne sait pas bien à quoi joue Dax, mais il est sur que cela ne plaira pas à son f... A l'autre. Parce qu'il n'y a pas d'autre interprétation possible de ses mots que ça, n'est-ce pas ? La piaillement outré du hibou soudainement attaqué lui fait par contre rouvrir les yeux en vitesse, sa main ayant un spasme à peine retenu dans le but de faire atterrir sa baguette dans le creux de sa paume. Il ne le fait pas, mais ses pupilles se durcissent un peu plus. Hooligan, de son côté, ne baisse pas les yeux face à la tigresse, au contraire, ses oreilles sont plaquées en arrière, son échine hérissée et elle a quitté le côté de son sorcier pour roder dans le salon sans la quitter du regard, la défiant de recommencer une action comme celle-ci.

Le mouvement de Ying Yue lui fait reporter son attention sur lui alors qu'il pose sa propre tasse sur le comptoir. Instinctivement et sans vraiment s'en rendre compte, il se redresse un peu plus, se tenant le plus droit possible, ses yeux scrutant le moindre mouvement qu'il peut commencer. Alors qu'il se rapproche de lui avec la deuxième tasse entre les doigts, son regard se fait de plus en plus fixe, tolérant très mal cette intrusion forcée dans son espace vital – qu'il sait pourtant être trop large par rapport à la plupart des autres sorciers – et il se force à inspirer profondément, puis expirer de la même manière. Forçant un calme qu'il ne ressent aucunement. La tasse est tendue vers lui, et il baisse les yeux. Un sourcil se hausse délicatement à la vue des ongles décorés. Charmant. Il sait parfaitement que cela a été fait à dessein. Mais pense-t-il réellement que cela lui fait peur à ce point ? Pense-t-il que c'est ça dans cette histoire, qui le dérange ? Si c'est le cas, c'est qu'il a clairement raté quelque chose. Le rictus crispé qui lui vient à cet instant est plus dû à la proximité du plus vieux qu'à la peur du loup qu'il tente de lui inspirer. « Bonsoir Sebastian. » La tasse est déposée derrière son dos, près du sac qu'il a lâché auparavant. Il est proche de lui, il ne peut pas rater les sourcils qui se froncent soudain et quand le doigt touche sa peau, son corps entier se tend presque douloureusement. Mais il ne bouge pas, il ne dit rien, il le défie simplement du regard, ses iris assombries par une colère qui commence à tourbillonner violemment en lui. Il ne s'écarte pas, sachant parfaitement ce qu'il a effleuré, le mouvement ayant été suffisant pour irrité légèrement ses nerfs douloureux. « Bien sûr, tu sais te gérer tout seul...» Il n'arrive pas à le retenir, cette fois-ci, et il lui montre les crocs, brièvement, mais il s'insulte mentalement de l'avoir fait. Au moins a-t-il retenu le grognement au fond de lui. Il a parfaitement entendu tous les non-dit dans cette simple phrase et ça lui donne envie de le bousculer un grand coup et de lui expliquer par a + b que, oui, il sait parfaitement.
Puis il se recule, tout à coup, sans prévenir. Seb voit floue, juste le temps d'une poignée de seconde, juste le temps de réaliser que sa respiration s'était stoppée quelques instants auparavant sans qu'il ne le note. Il la reprend discrètement, tournant finalement la tête pour suivre le mouvement, un rictus lui venant lorsqu'il arrache la banane à ses congénères. Il n'avait donc pas rêvé la lueur d'envie lorsqu'il avait agité les fruits. « Néanmoins il est de mon devoir de vérifier que mon petit-frère ne s'est pas mis dans une situation délicate en fricotant avec le premier venu. » Le rictus s'accentue et il se décolle de la surface sur laquelle il s'était appuyée il ne sait pas quand, se tournant vers les deux autres complètement. Fricoter. Il le connaît. Il sait qu'il n'a pas employer ce mot pour rien et, en biais, il jette un regard vers Dax. C'est malin, semble-t-il dire avec un air ennuyé. « Mais détends-toi, petit-frère, je ne suis pas venu pour te ramener avec moi. » Il lui tapote l'épaule et, brièvement, le jeune homme doit retenir l'envie de lui arracher la main. Avec les dents. Apparemment l'agacement et l'irritation sont montées bien plus vite que prévu. Mais il se sent presque soulagé, pourtant, par les mots. Est-ce vrai ? Est-ce qu'il ne compte pas le ramener... ? « C'est en effet une des rares choses qu'on a en commun. Le sens du drame. J'aimerais dire qu'il a appris ça de notre famille, mais il l'avait déjà avant même de nous rencontrer. Ceci dit le sien est plus développé. Parce qu'il est souvent trop sérieux dans sa démarche dramatique. Il aurait pu simplement attendre ce matin, annoncer son départ devant tout le monde, prendre son courage à deux mains et poser les choses simplement. Mais non, il a préféré choisir la voix romanesque de la fuite en pleine nuit avec un ami en laissant son ainé inconscient sur le tapis. Un sens du drame, mais aucun sens de l'honneur. » Un rictus, un rire soufflé, mauvais et plein d'ironie.  D'une ironie douloureuse, parce qu'insulter son honneur... Vraiment ? Bien sûr. Parce qu'il n'avait pas du tout réfléchi à l'idée de partir de façon plus conventionnelle. Plus honorable. Évidemment. Pour se forcer à se calmer et pour ne pas juste commencer à lui hurler dessus comme un manant de bas étage, il s'écarte de la table, s'écarte des deux hommes et avance légèrement dans le salon, fixant les Fylgja tour à tour, les lèvres pincées. La tension entre elles ne l'aident pas beaucoup, cependant et il peut presqu'entendre des grondement bas qu'elles s'échangeraient.
« Je me demande quand même, Sebastian, ce que c'est ton truc avec les demis. Toi qui insistes toujours sur le demi-frère, visiblement tu les choisis toujours chez les demi-sorcier. Intriguant. » Il se retourne alors sèchement vers lui, toute tentative de se calmer ayant échoué, et lui montre cette fois clairement les dents.  « Ça suffit, Ying Yue. Il me semblait que ton père t'avait appris à ne pas insulter les gens sous leur propre toit. » Il siffle, le ton encore calme mais luisant d'une agressivité qui ne demande qu'à sortir.  « Si tu n'es pas venu ici pour me ramener, alors tu peux partir. Personne ne te retient, surtout pas moi. Et je t'assure que personne ici ne sera vexé que tu ne termine pas ta tasse de café. En fait, si tu y tiens tant, je peux même le boire à ta place pour que tu puisse dégager plus vite.  » Son regard se porte brièvement vers Dax et il retient le souffle exaspéré qui manque de sortir d'entre ses lèvres. Et pourtant, l'envie d'en rajouter une couche semble soudain se faire plus forte que tout. Peut-être pour le faire fuir plus vite, peut-être pour ne plus être le seul à réagir trop fort.  « Et que veux-tu que je te dise ? Voir quelqu'un sans t-shirt et se faire mater sans pantalon, ça rapproche. Je n'avais pas vraiment eu la … Possibilité de lui demander son arbre généalogique, à ce moment précis. Trop occupé, trop pris dans l'intensité du moment, je suis sûr que tu peux le comprendre, mh ? » Son rictus est moqueur, à cet instant, presque sauvage. Il espère sincèrement le heurter suffisamment d'images non désirées pour qu'il décampe dans l'instant. Il se rapproche finalement de lui, s'arrêtant pourtant bien avant d'en arriver à la même distance que précédemment,  «Et pour ce qui est de... L'honneur. Du courage. Je l'aurais fait. Je l'aurais vraiment fait. Je ne comptais pas forcément partir comme un voleur, ce soir là. Tu remercieras ton grand frère pour avoir tenté de m'enfermer, pour avoir prévu de me garder bloqué dans le manoir jusqu'à la pleine lune, pour avoir envisagé de m'attaquer pour me brider. C'est grâce à lui, que mon...ami a fini par débarquer, parce que sans nouvelles, grâce à lui que j'ai finalement du prendre la fuite. Parce que vous êtes putain d'incapable de respecter la décision et la volonté de quelqu'un ! » Les derniers mots ont été prononcé un ton plus haut, sa respiration s'étant à nouveau raccourcie alors qu'il le fusille du regard, furieux. Pour ne pas que l'autre le voit crisper et décrisper ses mains de nervosité – repenser à la porte qui se ferme à clef juste sous son nez ne le met pas particulièrement à l'aise – il s'avance vers sa tasse de café et bouscule l'homme volontairement avant de l'attraper pour en boire une gorgée, retenant la grimace qui lui vient parce que, bien sûr, ça n'est pas sucré.  « Sont prêt dans combien de temps, tes gâteaux ? » Il interroge soudain, ayant décidé de faire comme si le plus vieux n'existait simplement plus. Peut-être que ça le fera partir plus vite. Peut-être que ça calmera le rugissement du sang qui coule furieusement dans ses veines, aussi. Comme un appel à faire couler le sang, justement.
Dax Tcherkassov
Dax Tcherkassov
TRØBBEL För att nå toppen av trädet måste du sikta mot himlen
Thermos en main, je me dirige vers la cafetière, tandis que la fylgia envahissante saute en bas de mon canapé. Je ne souris pas, mais je réalise que ma phrase avait peut-être un sens caché : ce sens, décidément, ne plait pas trop au tigre. Il fait claquer ses machoîre à quelques millimètres de mon piaf, alors que je verse le café dans le contenant que je tiens toujours. Je fronce les sourcils, sans réagir davantage. Je ne tente rien pour aider l'oiseau, je ne râle pas. Je me demande simplement si les actes de la fylgia représente bien la personnalité du demi-frère de Sebastian. Est-il aussi prompt à attaquer de façon débile, par simple envie ou susceptibilité ? Mon hibou sans nom piaille bruyamment, sans pourtant quitter sa position. Je lui jette un regard sévère, avant de replacer la carafe. Il n’avait qu’à ne pas se reposer là-bas et rentrer directement, ça lui aurait évité une telle scène.

L'autre amorce les retrouvailles avec le Prince. Je les observe avec curiosité, en glissant mon thermos à mes lèvres. « Bonsoir Sebastian. » Impossible de ne pas noter le corps de Sebastian qui se tend, lorsque l’autre effleure sa peau d’un doigt. Je n’ai pas pitié, mais j’ai peut-être envie de rajouter une rasade de whisky, dans son café. Il en aurait besoin, après la nuit qu’il a passé. « Bien sûr, tu sais te gérer tout seul...» Le sous-entendu serait perceptible pour n’importe quel observateur externe. Sur ce point, je dois concéder le point au demi-frère. Sebastian peut-il vraiment gérer seul ? En théorie, peut-être, il n'est plus un gamin et il est capable de recoudre une hanche. Deux éléments essentiels. Mais au quotidien…? Face à des gens comme les membres de sa famille ? Si je me fie à ses réactions lors de notre première rencontre et à ses traces de griffure, il n’est pas encore un expert en gestion des émotions. Au même instant, il montre les crocs, et je retiens un ricanement. Intéressante, cette rencontre. Mais la situation m’amuserait davantage si  elle n’avait pas le défaut majeur de se dérouler dans mon appartement. « Néanmoins il est de mon devoir de vérifier que mon petit-frère ne s'est pas mis dans une situation délicate en fricotant avec le premier venu. » Cette fois, je souris franchement, une lueur amusée valsant dans le regard que je rends à Sebastian. Je crois percevoir vers quelle direction ce Ying se dirige, et elle m’arrange. « Mais détends-toi, petit-frère, je ne suis pas venu pour te ramener avec moi. » Il est donc venu seulement pour l’emmerder. Un chic type.

J’avale une autre gorgée de mon thermos, avant de le déposer sur le comptoir. Ma main glisse sous mon haut, que je prends garde de ne pas trop relever, pour en extirper ma baguette. Je la pointe vers la vaisselle, murmurant un sort pour qu’elle se nettoie seule, avant de ranger aussitôt le long bout de bois. La farine et les autres ingrédients retournent à leur place dans mes placards, tandis que l’Homme reprend en me jetant un regard qui semble…complice ? « C'est en effet une des rares choses qu'on a en commun. Le sens du drame. J'aimerais dire qu'il a appris ça de notre famille, mais il l'avait déjà avant même de nous rencontrer. Ceci dit le sien est plus développé. Parce qu'il est souvent trop sérieux dans sa démarche dramatique. Il aurait pu simplement attendre ce matin, annoncer son départ devant tout le monde, prendre son courage à deux mains et poser les choses simplement. Mais non, il a préféré choisir la voix romanesque de la fuite en pleine nuit avec un ami en laissant son ainé inconscient sur le tapis. Un sens du drame, mais aucun sens de l'honneur. » Un peu compliqué d’attendre sagement le matin, quand on est enfermé dans une pièce, et que la dite famille est si respectueuse du consentement qu’elle prévoit d’intervenir malgré un refus. Je ne dis rien, mais mes yeux sont bavards. Suivre un hibou, pour s’incruster dans l’appartement d’un étranger et manger sa banane, devrait aussi figurer dans la voie romanesque. « Je me demande quand même, Sebastian, ce que c'est ton truc avec les demis. Toi qui insistes toujours sur le demi-frère, visiblement tu les choisis toujours chez les demi-sorcier. Intriguant. » Le sourire amusé de l’étranger m’indique qu’il vient peut-être de tenter une insulte. Je n’en suis pas certain ; ce serait un peu con de la part d’un hybride, moitié-loup moitié-sorcier, de connoter négativement un mot qui pourrait aussi le désigner. Mais après tout, pourquoi pas ? Proche de moi, le bol qui a servi à préparer la pâte se range seul et je jette un coup d’œil à Sebastian, qui s’est avancé précédemment dans le salon.

L'ambiance est géniale. Enfin, tendue. Vraiment, la seule chose que je regrette, c'est que ce soit chez moi. Et que ce soit aujourd'hui, aussi. Même si je me fous totalement de l'état émotif de mon colocataire temporaire, j'aurais préféré qu'il puisse se reposer un peu, avant cette rencontre. « Ça suffit, Ying Yue. Il me semblait que ton père t'avait appris à ne pas insulter les gens sous leur propre toit. » Donc, le demi était bien une insulte. Intéressant. Dirigée vers mon sang, probablement. Rien qui n’arrange ma passion ardente pour les sang-purs, ces familles trop souvent intolérantes avec des principes à la con. Être un né-moldu, néanmoins, même quand on me l’agitait sous le nez comme si c’était une offense, ne m’a jamais dérangé. Qu’on me le souligne non plus : à la limite, ça pouvait potentiellement m’agacer, selon le contexte.   « Si tu n'es pas venu ici pour me ramener, alors tu peux partir. Personne ne te retient, surtout pas moi. Et je t'assure que personne ici ne sera vexé que tu ne termine pas ta tasse de café. En fait, si tu y tiens tant, je peux même le boire à ta place pour que tu puisse dégager plus vite.  » Un peu écoeurant, comme perspective. Je ne poserais jamais mes lèvres sur la même tasse que mes frères, même pour me débarrasser d’eux. Son regard se pose brièvement sur moi et je me demande ce qu’il a en tête. Je n’ai pas à patienter longtemps :   « Et que veux-tu que je te dise ? Voir quelqu'un sans t-shirt et se faire mater sans pantalon, ça rapproche. Je n'avais pas vraiment eu la … Possibilité de lui demander son arbre généalogique, à ce moment précis. Trop occupé, trop pris dans l'intensité du moment, je suis sûr que tu peux le comprendre, mh ? » Nous allons donc dans cette direction. Un sourire moqueur s’étire sur mes lèvres, et mes yeux s’éclairent un peu plus. Je n’ai aucun problème à ce que Ying suppose que je suis l’amant de Sebastian. C’est un rôle comme un autre, que j’ai souvent joué auprès d’autres personnes, quand on m’engageait pour emmerder quelqu’un – généralement des parents. Un rôle, en présence d’un type que je ne connais pas, chez moi, c’est même plus sécuritaire. La plus grande partie de mon matos est camouflée, mais il y a encore une dizaine de dagues accrochées au mur. Une petite décoration d’intérieur, qui peut paraître anodine, mais qui le serait moins si on creusait trop sur mon identité. Cet homme a déjà mon adresse, c’est bien assez. «Et pour ce qui est de... L'honneur. Du courage. Je l'aurais fait. Je l'aurais vraiment fait. Je ne comptais pas forcément partir comme un voleur, ce soir là. Tu remercieras ton grand frère pour avoir tenté de m'enfermer, pour avoir prévu de me garder bloqué dans le manoir jusqu'à la pleine lune, pour avoir envisagé de m'attaquer pour me brider. C'est grâce à lui, que mon...ami a fini par débarquer, parce que sans nouvelles, grâce à lui que j'ai finalement du prendre la fuite. Parce que vous êtes putain d'incapable de respecter la décision et la volonté de quelqu'un ! » Son demi-frère ne mérite pas qu’il se justifie devant lui. Une part de moi aimerait lui dire de se taire, de ne pas même rentrer dans sa partie ; l’autre comprend que devant certaines injustices, l’esprit des individus se révoltent parfois. Anastasya est comme ça. Elle ne supporte pas les discours merdiques, les fausses accusations et les injustices. Moi, je m’en fous pas mal. Rien n’est jamais juste ou exact, de toute façon.

Sebastian s'avance vers sa tasse, bousculant au passage celui qui n'attendait probablement que ça. Je ne réagis pas, attrapant simplement mon propre thermos. L’odeur des biscuits, que j’ai mis à cuire tout à l’heure avant de me laver les mains, commence à embaumer la pièce et je ne dois pas être le seul à les sentir. « Sont prêt dans combien de temps, tes gâteaux ? » Il me prend pour qui, la cuisinière ? Je me doute que son interrogation est poussée par autre chose et je ne proteste pas, me contentant de répliquer d’un ton calme : « Si ta véritable question c’est combien de temps tu as encore pour t’engueuler avec ton frère, la réponse c’est dix minutes. Une bonne cuisson nécessite de ne pas se presser. » Et pour tout ce qui touche à la cuisine, je n’aime pas accélérer les choses par la magie. Je suis traditionnel, sur ce point. Ou trop habitué à me servir de mes mains ; la magie et moi, ça n’a jamais été le mélange le plus efficace, en-dehors de tout ce qui concerne le médical.

Je porte mon thermos à mes lèvres, avalant une énième gorgée, sans énervement, avant de tourner ma tête en direction de l’intrus : « Je préfère né-moldu à demi-sorcier. Je t’assure que je suis complet, t’as qu’à lui demander. » Mes yeux sont espiègles, mon sourire est amusé. Si Sebastian joue sur ce volet, c’est probablement parce que ça ne plaît pas trop à ce type. Un défaut en plus, à rajouter à la liste des qualités. Parce que son cran, indéniablement, demeure une qualité. Je rajoute : « Je crois que Sebastian a bien relevé les erreurs argumentatives de ton discours et la mauvaise foi qui le soutient, j’ai pas grand-chose à rajouter. » Leur dispute ne me concerne pas, après-tout. C’est déjà trop, qu’elle se déroule chez moi. Je m’inquiète peut-être pour Sebastian, j’aurais peut-être préféré lui éviter une confrontation directe, mais maintenant que la dite confrontation est là…C’est à lui, de la gérer, pas à moi. Je croise les bras contre mon torse, sans lâcher mon précieux contenant, mes iris d’un gris-bleu moqueur fixés sur Ying : « Ah, si, peut-être un truc. Si tu comptes t’attarder ici seulement pour le faire chier, avec des raisonnements bidons et de terribles regards noirs, tu veux au moins enlever tes bottes ? J’aime bien astiquer, mais y’a une limite. » Styx, toujours sur le comptoir, ricane.
Ying Yue Amundsen
Ying Yue Amundsen
GÖTEBORG Livet är en kamp, ​​du måste förbereda dig för striden
A shot across the bow

@Sebastian Prince Amundsen &  @Dax Tcherkassov 30 juin 2023 - soirée


Ses crocs ne m'ont pas échappés, la première réaction instinctive, celle de l'animal qui distille un nouvel élan de sympathie pour Sebastian que la déception éteint aussitôt. Ce n'est pas le moment de faire sortir ce côté-là du loup. Ce n'est pas le moment de se rappeler à quel point la panthère s'est accrochée à lui malgré tout. Ce n'est pas le moment de tenter, encore une fois, de trouver une étincelle de fraternité dans l'attitude déplorable du petit-frère. Il fulmine, son corps entier est tendu et prêt à bondir. Ce n'est pas difficile d'allumer les mèches, de grossir les traits et trouver les infimes points qui lui font mal au point de dépasser son envie de maîtrise. C'est presque triste de le voir tomber si facilement. Il se tourne d'un coup rapide, les dents sorties, luisantes de rage : « Ça suffit, Ying Yue. Il me semblait que ton père t'avait appris à ne pas insulter les gens sous leur propre toit. » Le rictus narquois se fend pour se retrousser sur la canine légèrement plus large que celle d'un humain sans lycan. Ce n'était pas une insulte, pas vraiment. Une réalité, une marque de désintérêt. Mais que lui le prenne comme tel est exactement ce que je cherchais. Les faux-pas sont les siens, pas les miens. Le seul qui manque de respect envers sa famille c'est lui. Et personne d'autre. Aujourd'hui du moins. Et hier aussi. « Si tu n'es pas venu ici pour me ramener, alors tu peux partir. Personne ne te retient, surtout pas moi. Et je t'assure que personne ici ne sera vexé que tu ne termine pas ta tasse de café. En fait, si tu y tiens tant, je peux même le boire à ta place pour que tu puisse dégager plus vite. » Touchant, et exaspérant. Je baisse les yeux par désintérêt de cette perspective, jugeant avec mépris sa répartie que j'ai connu plus incisive par le passé. Peut-être que la présence de l'homme dans la même pièce que nous le retient de libérer l'entièreté de son amertume et de sa rage ? Est-ce qu'il tente réellement de bien se tenir pour faire bonne impression ? Je voudrais croire que non. Si j'ai initié les allusions sur leur relation amicale je n'y crois pas un traitre mot. Sebastian n'agit de cette façon que pour provoquer la colère du paternel et le dégoût de ses adelphes. Pas par réelle attirance. Il ne peut pas en être autrement. L'esprit bloque toute éventualité qui irait dans ce sens. C'est plus simple, parfois, de regarder de biais, non ? Tout en glissant sur cette question sans m'y attarder volontairement, je mange une troisième bouchée de banane sans me départir entièrement de mon sourire. Que m'importe que l'autre derrière échange des regards avec Sebastian. Peu m'importe ses sourires à lui et ses commentaires muets. Sa présence m'indiffère, comme le reste. Rien ne compte que Sebastian. Sebastian et sa fuite. Sebastian et sa traitrise. Sebastian et son foutu départ de lâche. « Et que veux-tu que je te dise ? Voir quelqu'un sans t-shirt et se faire mater sans pantalon, ça rapproche. Je n'avais pas vraiment eu la … Possibilité de lui demander son arbre généalogique, à ce moment précis. Trop occupé, trop pris dans l'intensité du moment, je suis sûr que tu peux le comprendre, mh ? » Mon nez se retrousse très légèrement comme si une odeur particulièrement désagréable venait d'envahir mes narines. L'envie de bondir à son cou pour le balancer au sol s'enroule dans mes nerfs, mais au lieu de ça j'engloutis le reste du fruit sans rien dire, tout en relevant lentement mes yeux vers ceux de Sebastian. Je sais qu'il ne dit ça que pour m'agacer. Que pour éveiller la même rage que celle qui se manifeste chez Li-Zhu à ces évocations. Et je sais qu'il le fait en connaissance de cause, ça fonctionne trop souvent avec moi. Peut-être même plus qu'avec les autres. De façon incontrôlable. Une réaction décuplée pour masquer...quoi ? Rien. Il n'y a rien à masquer. Il s'est rapproché le petit-frère, gardant encore quelques distances, mais suffisamment proche pour que je puisse lire son instinct animal qui tourne en rond dans le fond de son crâne. Le sourire se refait plus jovial que mauvais. Une deuxième, l'envie du jeu se refait sentir. Une deuxième fois je la chasse d'une claque mentale. C'est trop tard pour ces conneries de fratrie et de vie de meute au grand air. C'est du passé, il l'a définitivement prouvé hier. Ce petit égoïste de Prince. « Et pour ce qui est de... L'honneur. Du courage. Je l'aurais fait. Je l'aurais vraiment fait. Je ne comptais pas forcément partir comme un voleur, ce soir là. Tu remercieras ton grand frère pour avoir tenté de m'enfermer, pour avoir prévu de me garder bloqué dans le manoir jusqu'à la pleine lune, pour avoir envisagé de m'attaquer pour me brider. C'est grâce à lui, que mon...ami a fini par débarquer, parce que sans nouvelles, grâce à lui que j'ai finalement du prendre la fuite. Parce que vous êtes putain d'incapable de respecter la décision et la volonté de quelqu'un ! » Des explications, des justifications même. Touchant, une fois de plus. Digne du gamin si peu sûr de lui qu'il peut être parfois. C'est peut-être ça le problème chez lui, que malgré toutes nos tentatives, mes tentatives surtout pour le mettre à l'aise dans l'adelphie, de lui faire une place, il en a jamais voulu et a préféré faire son chat sauvage à part quitte à manquer du soutien de la meute pour trouver les bons appuis. Résultat ? Un faible de lâche qui décampe quand on ferme la porte à clé derrière lui. Des réflexions qui reviennent, les mêmes que celles de cette après-midi, et l'envie de fumer une cigarette remonte aussi. Dans l'espoir de chasser les sentiments plus intimes qui restent accrocher à la déception comme une ancre marine. En attendant, sa respiration courte cogne contre ses côtes et mes doigts replient délicatement la peau de banane vide. Quand il se déplace je ne bouge pas d'un millimètre, et quand il se heurte contre moi pour me bousculer je ricane, souffle rapide, presque sourd, un murmure qui n'est destiné qu'à ses oreilles et qui se perd dans sa nuque.  « Sont prêt dans combien de temps, tes gâteaux ? » Il avale les premiers mots de sa phrase après la gorgée trop rapide de son café. La question est pertinente ceci-dit, je ne serai pas contre finir cet encas sur un gâteau qui sort du four. Mes tendances à avoir faim tout le temps se font toujours sentir plus présentes avant les pleines lunes. Et après, et entre aussi. Il faut bien récupérer des forces non ? « Si ta véritable question c’est combien de temps tu as encore pour t’engueuler avec ton frère, la réponse c’est dix minutes. Une bonne cuisson nécessite de ne pas se presser. » Dix minutes, cela me paraît envisageable. Profitant qu'ils aient décidés de mener leur propre conversation dans leur coin je me déplace à nouveau, ouvrant quelques placards à la recherche de sa poubelle avant de la trouver et d'y jeter la peau de banane et de me diriger vers l'évier pour me rincer les doigts. « Je préfère né-moldu à demi-sorcier. Je t’assure que je suis complet, t’as qu’à lui demander. » Malgré l'eau qui coule je ne rate rien de sa dernière allusion et cette complicité entre les deux commencent doucement à me donner la nausée. En coin, l'œil trouve la silhouette de l'homme qui vient de parler avec un rictus dans la voix. Ils se foutent de ma gueule, je le vois aussi nettement que l'éclat amusé qui brille dans ses yeux. Il a de l'humour et le sens du bon jeu. Je lui concède. Dommage qu'on doive se rencontrer dans une situation aussi peu agréable pour Sebastian, j'aurais pu prendre plaisir à jouer avec celui-ci. Il a l'air d'avoir du répondant et les idées claires pour ne pas se laisser contaminer par la tension de la pièce. Pas comme l'autre et son attitude de gamin gâté.  « Je crois que Sebastian a bien relevé les erreurs argumentatives de ton discours et la mauvaise foi qui le soutient, j’ai pas grand-chose à rajouter. » Je retire ma pensée précédente. Son sens d'analyse n'est pas entièrement mieux que celui de Sebastian. Le seul qui a fait un discours ici c'est lui. Pas moi. Je coupe l'eau avant de chercher un torchon du regard et de ne tomber que sur celui déjà un peu humide utilisé précédemment par l'homme. Tant pis, les doigts sécheront tout seuls.  « Ah, si, peut-être un truc. Si tu comptes t’attarder ici seulement pour le faire chier, avec des raisonnements bidons et de terribles regards noirs, tu veux au moins enlever tes bottes ? J’aime bien astiquer, mais y’a une limite. » Sa Fylgia ricane et je fais de même avant de lui décrocher un regard narquois. « Je ne suis pas là pour le faire chier. Ce n'est que le soucis de santé santé qui m'a poussé à suivre ton hibou jusqu'ici. » Désinvolte, trop léger pour la situation, trop profondément mauvais pour ne pas chercher à pousser plus loin la mascarade et le faire éclater pour de bon. « A ce sujet, je t'ai ramené quelque chose que tu as oublié. Heureusement que tu m'y fait penser, j'ai été distrait par tes fausses blagues sur vous deux. Intéressant, mais ça manque de subtilité pour être crédible. Ça a peut-être fonctionné avec l'elfe de maison, mais tu pourrais avoir au moins la décence de relever le niveau pour moi. Tu as encore du travail à faire en mensonge petit-frère. » Trop à l'aise dans cet appartement qui n'est pas le mien je reprends la direction de mon café et du paquet posé à côté. Volontairement, je frôle l'épaule de l'adelphe en passant à ses côtés. Mes efforts pour garder le contrôle sont importants, fébriles, alors que les mots de ses discours tournois dans ma tête. Tout ce que j'entends c'est l'énorme gâchis du grand-frère qui a gérer la situation comme il a l'habitude de le faire dans l'armée, par la pression et la punition exemplaire. Déplorable de sa part, erreur grossière quand on connaît un minimum Sebastian, et la désagréable sensation d'être arrivé trop tard me taraude. Retourné à ma place précédente, je reprends ma tasse et en avale une longue gorgée, les yeux distraitement posés sur le tigre qui s'amuse a tourner en rond autour du caracal d'un pas lent et mesuré. « Tu sais bien que notre grand-frère se montre facilement rigide quand il est forcé de réagir de façon inattendue. Mais tu l'as poussé dans ses retranchements Sebastian. Les choses auraient pu être différentes si tu n'étais pas aussi égoïste. Tes provocations à prétendre ça étaient déjà suffisantes - d'un vague geste de la main je désigne tour à tour les deux hommes - tu aurais pu t'en contenter. Il aurait fallut choisir entre ça et ton obstination à refuser de rejoindre la meute. Si au moins tu avais fait l'effort de t'intégrer au-lieu de jouer au connard d'anglais timoré qui se croit trop bien pour se mêler aux autres. Viens pas pleurer après que les complaisances à ton égard aient finies par arriver à échéance. » Le ton laisse passer une once d'acidité malgré le sourire toujours luisant qui réparait après chaque gorgée de café. « Mais vas-y je t'écoute, fais-moi une leçon d'honneur. J'ai hâte de t'entendre m'expliquer tout ce que tu connais sur ça. Le courage d'affronter les autres au lieu de fuir comme un lâche. J'accepte les conditions particulières d'hier soir, mais pour toutes les autres fois, c'est quoi ton excuse, Prince ? » Le nom m'arrache une grimace acide tant il rappe sur ma langue. Un nom étranger que j'emploie si peu d'ordinaire, le rattachant systématiquement à celui d'Amundsen même quand lui s'obstine à mettre son nom anglais en premier. Une façon de l'agacer, en apparence, mais en profondeur une réelle intention de lui faire comprendre qu'il fait partie de cette famille. Qu'il faisait partie de la famille. J'attrape le paquet pour aller le donner avec un regard mauvais au spectateur qu'il s'est choisi comme partenaire de trahison : « Tiens, c'est sa veilleuse. Comme tu l'as constaté toi-même il est un peu fragile quand il s'agit de gérer des portes fermées. Je te conseille de pas oublier de lui allumer dans sa chambre si tu tiens à tes nuits tranquilles. » Ou plutôt une de ses veilleuses subtilisées discrètement un jour, l'année dernière il me semble. Non, connard de né-moldu, je ne suis pas venu pour le faire chier, mais pour lui faire sentir à quel point il a franchit une ligne regrettable. Un éclair de rage blanche traverse mes iris, j'ai envie qu'il souffre autant que ses réactions de rejet me font souffrir à chaque fois sans même qu'il ait l'air de s'en rendre compte. Un connard d'égoïste centré sur ses petits malheurs qui préfèrent se complaire dedans plutôt que de trouver des solutions pour changer les donnes qu'on lui impose. Sans un mot de plus, après avoir transmis le paquet à celui qui me semble être le plus compétent des deux - ce qui pour le coup est une insulte envers Sebastian au vu de ma considération du niveau facilement en retard des sorciers né-moldus - je me détourne et fait quelques pas dans la pièce pour me diriger vers une fenêtre que j'ouvre avant de tirer une cigarette de la poche de ma veste.

Sebastian Prince Amundsen
Sebastian Prince Amundsen
TRØBBEL För att nå toppen av trädet måste du sikta mot himlen
Il ne sait pas très bien pourquoi il a décidé de partir sur ce terrain qu'il sait pertinemment plus que glissant. Il a parfaitement pu constater que ça n'est pas le genre de sujet qui lui plaît là où ça ne dérange absolument pas Sebastian d'en parler. Parce qu'il aime les hommes ? Parce que la dernière fois il a flirté avec un Né-Moldu sous le nez du plus âgé de la fratrie ? Que là encore, il s'agit d'un né moldu ? Il ne sait pas ce qui dérange le plus l'autre sorcier, mais à cet instant il peut sincèrement dire qu'il s'en moque. Ça le dérange, c'est tout ce qui importe. Et actuellement, tout ce qui le dérange est une arme supplémentaire à employer contre lui.  Et ça a au moins eut l'intérêt d'amener un air dégoutté sur ses traits trop calme, trop faussement joviales. C'est comme une petite victoire pour le cadet qui cherche à le déstabiliser, à le faire fuir.
Sans grande surprise, l'attitude de Dax lui prouve que l'homme est parfaitement ok pour se prêter au jeu. Quelque part, Sebastian se doutait un peu d'une telle réaction. Pas qu'il le connaisse depuis longtemps, mais... Leurs interactions, au parc, par lettre, et tout le reste... Oui, il avait reconnu le plaisir de jeu sans trop de problème. Quelque chose qu'ils ont en commun. Quelques choses qu'ils ont eu plaisir à partager alors qu'ils étaient joyeusement en train de se vider de leur sang, dans ce fameux parc.

Il relève les yeux vers lui, sans rien faire de plus, lentement, et Sebastian le soutien sans faillir, lui laissant le loisir de croire à ce cinéma ou non. Peu lui importe. Il peut jouer aussi longtemps qu'il le veut. Ça n'est pas lui que ça dérange, ici. Il le sait très bien. Il peut même lui donner plus de détail, s'il le souhaite. Après tout, en soit, il n'a pas menti dans ses mots précédents... Il était bien sans pantalon. Et Dax sans t-shirt. Et, oui, il l'a maté. Sans vergogne. Il aurait été bien bête de ne pas profiter de la vue, n'en déplaise à Ying Yue.
Mais le sourire qu'il lui offre le tend, à nouveau. Et il ne peut pas s'en empêcher, il se justifie. Il essaie d'expliquer ses actions, ses réactions. Il essaie de lui montrer pourquoi il a du partir comme cela, comme si une part de lui espérait inconsciemment qu'il comprendrait son action et arrêterait de le voir comme un lâche, et un faible. Comme si son avis importait au plus jeune. Alors que pas du tout. Il n'en n'a rien à faire. Il n'en a jamais eu rien à faire depuis qu'il a été forcé d'intégrer cette famille. Alors... Pourquoi cette tentative presque désespérée d'expliquer les événements... ? Il ne peut pas vraiment l'expliquer clairement. Il ne veut pas le faire, en fait. Alors il fait comme il fait toujours : Il relègue l'interrogation tout au fond de lui et ferme la porte à clef. Ironie, quand tu nous tiens... Mais il le sait, il le voit. Ça ne change rien. Ses mots ne le touchent pas. Pour autant qu'il le sache, et connaissant l'homme, peut-être bien que ça ne fait que l'enfoncer d'avantage et à cet instant, il se sent ridicule. La respiration courte, la colère qui bouillonne, le félin qui rode aux frontières de son esprit, un peu trop éveillé par la course précédente, par la chasse infructueuse. Un peu trop tenté par les grondements sourds qui proviennent du salon. Il se sent ridicule. Face à l'homme, au loup, qui se fiche de ses explications, qui ne les considère sans doute même pas comme valables. Il se sent stupide, et frustré de tenter de convaincre un homme dont il se moque. Son jugement ne lui importe pas du tout. Pourquoi ne serait-ce que perdre de la salive à tenter de le changer ? Pourquoi perdre ses moyens face à lui, alors que dans un autre contexte, face à quelqu'un d'autre, il aurait parfaitement su conserver son calme et garder son tempérament sous clef ? Pourquoi se donner en spectacle alors qu'il sait que c'est tout ce qu'il attend, justement ?

Refusant que l'autre puisse en voir trop sur son agitation, il préfère se dissimuler à lui en se rapprochant du comptoir, de sa tasse de café, et des deux autres occupants de la pièce. Il le bouscule – énième erreur, il le sait, il les enchaîne et commence franchement à se trouver pitoyable – et agrippe sa tasse de café comme si elle allait le sauver de cette situation désastreuse. Il ne peut pas ignorer le ricanement qui glisse à ses oreilles, tirant une chaire de poule à la nuque qui à reçu le souffle rapide, et il doit retenir le grognement qui veut rouler dans sa gorge en réponse. Il doit se retenir de baisser la tête dans un refus claire de lui offrir sa gorge, sa soumission. Il ne l'a jamais obtenu. Il ne l'aura pas aujourd'hui. Aurait-il du partir dès son arrivée chez Tcherkasov ? Il ne savait où, mais au moins était-il adulte et les auberges n'auraient pas pu refuser de l'héberger, cette fois-ci. Il lui aurait épargné un tel spectacle, au moins. L'odeur des biscuits commence à embaumer la cuisine et il essaie de s'y accrocher pour ne pas perdre un peu plus ses moyens. Son sauveur de cette nuit attrape son thermos sans le reprendre sur sa façon de s'adresser à lui, « Si ta véritable question c’est combien de temps tu as encore pour t’engueuler avec ton frère, la réponse c’est dix minutes. Une bonne cuisson nécessite de ne pas se presser. » Son nez se plisse immédiatement mais il se mord la langue pour ne pas rajouter un demi d'un ton sifflant. Il ne peut retenir cependant l'air outré qu'il lui envoie en réponse. Dix minutes, hein ? Cela leur laisse a peu près 100 fois le temps pour que tout dérape, n'est-ce pas ? Évidemment que oui.
Les lèvres pincées et refusant d'adresser à nouveau la parole à Ying Yue, il replonge le nez dans sa propre tasse et imite Dax en en prenant une nouvelle gorgée. Erk. Toujours pas sucré, bien sur.  « Ma véritable question, c'est est-ce que tu envisage de les empoisonner avant de lui en donner un ou deux ? » Il réplique d'un ton bas mais – et il le sait parfaitement – très audible pour le demi frère qu'il suit du coin de l'oeil sans pouvoir s'en empêcher.  Il l'observe ouvrir les placards avec sa peau de banane à la main et la scène en est presque comique. C'est quand il trouve finalement la poubelle et décide de se rincer les doigts que Dax reprend la parole à son encontre,  « Je préfère né-moldu à demi-sorcier. Je t’assure que je suis complet, t’as qu’à lui demander. » Un ricanement s'échappe de ses lèvres pincées et il murmure à nouveau,  «Oh, ça je confirme, oui. Parfaitement entier, sous tous les plans. »  Il se redresse, le visage à moitié dissimulé par sa tasse, son regard qui en dit long se portant à nouveau sur le demi-frère. « Je crois que Sebastian a bien relevé les erreurs argumentatives de ton discours et la mauvaise foi qui le soutient, j’ai pas grand-chose à rajouter. » Il ne dit rien cette fois, détournant le regard. Parce qu'il sait que rien de ce qu'il a dit n'a pu le toucher, ou lui faire changer sa façon de voir les choses, de toute façon. « Ah, si, peut-être un truc. Si tu comptes t’attarder ici seulement pour le faire chier, avec des raisonnements bidons et de terribles regards noirs, tu veux au moins enlever tes bottes ? J’aime bien astiquer, mais y’a une limite. »  Un reniflement amusé lui échappe et il jette un regard plein de sous entendu à son aîné alors que l'autre reprend la parole après avoir ricané lui-même, « Je ne suis pas là pour le faire chier. Ce n'est que le soucis de sa santé qui m'a poussé à suivre ton hibou jusqu'ici. » Mais bien sûr... mime-t-il avec les lèvres derrière la tasse qu'il n'a pas retouchée depuis. Il lui faut du sucre, vraiment.
« A ce sujet, je t'ai ramené quelque chose que tu as oublié. Heureusement que tu m'y fait penser, j'ai été distrait par tes fausses blagues sur vous deux. Intéressant, mais ça manque de subtilité pour être crédible. Ça a peut-être fonctionné avec l'elfe de maison, mais tu pourrais avoir au moins la décence de relever le niveau pour moi. Tu as encore du travail à faire en mensonge petit-frère. » Il ne peut pas l'empêcher, mais le commentaire sur le quelque chose oublié et ramené... Ça lui tord soudain l'estomac. Comme un pressentiment sombre qui l'envahi. Il a une très mauvaise intuition sur ce qui pourrait être contenu dans le paquet posé sur le comptoir, non loin. Il le suit du regard, attentif, ne bougeant pas quand il l'effleure, réussissant même à ne pas se raidir. Trop inquiet, en vérité, de la suite pour cela. Parce qu'il doute franchement qu'il ait pris la peine de lui ramener sa brosse à dent.  « Navré que tu ne semble pas croire en cette histoire, mais entre nous je n'ai pas du tout envie de me battre avec toi pour te la faire accepter. » Il lâche finalement, comme une tentative pour retarder ce qui ressemble fort à une collision brutale qui s'apprête à se produire entre deux trains,  « Franchement, j'aurais pensé que ton cher grand frère t'aurais raconté cette fois là, quand il m'a vu avec un de mes... Amis. » Il appuie sur le mot, ayant une pensée désolée pour Léo qui lui échappe en même temps,  «Je ne suis pas particulièrement... Subtile, dans ces moments là. N'est-ce pas, que la subtilité n'a pas été mon fort et que tu n'as eu aucun mal à repérer les perches que je te tendais, mh ? » Ça n'est pas la réalité, mais qu'importe, il adresse la question à Dax avec un sérieux suintant de moquerie pour Ying Yue.

Il reprend sa tasse et boit et Sebastian suit son regard vers les deux félins. Hooligan suit chaque mouvement de la tigresse avec attention, elle-même provocatrice et menaçante. Il a confiance en elle, il la sait rapide et agile. Ils ont travaillé la dessus, pour compenser contre les gabarits plus lourds. Le fait qu'il se surprenne à envisager sérieusement un combat le fait tressaillir et il détourne le regard, les dents serrées. Est-ce que les dix minutes ne sont pas passées, la ? Non, n'est-ce pas ? « Tu sais bien que notre grand-frère se montre facilement rigide quand il est forcé de réagir de façon inattendue. Mais tu l'as poussé dans ses retranchements Sebastian. Les choses auraient pu être différentes si tu n'étais pas aussi égoïste. Tes provocations à prétendre ça étaient déjà suffisantes Sa mâchoire se serre encore un tout petit peu plus, la douleur pointant son nez en même temps. Comme s'il était celui qui avait poussé l'autre dans ses retranchements. Il se contente de le toiser, silencieux, cette fois-ci. La rage, qu'il avait réussi à éloigner un tout petit peu, revenant, lentement mais sûrement. Elle envahit ses veines et obscurcit à nouveau son regard. tu aurais pu t'en contenter. Il aurait fallut choisir entre ça et ton obstination à refuser de rejoindre la meute. Si au moins tu avais fait l'effort de t'intégrer au-lieu de jouer au connard d'anglais timoré qui se croit trop bien pour se mêler aux autres. Viens pas pleurer après que les complaisances à ton égard aient finies par arriver à échéance. » Complaisance ? Il échappe un souffle rageur, incrédule, quand le mot est prononcé. Complaisance?! Il n'avait pas souvenir de la moindre complaisance à son égard. Les disputes homérique avec son beau-père, les punitions quand il avait l'audace de ne pas acquiescer à ses paroles, les leçons de maintiens, ces humiliantes leçons qu'il avait tenu à lui donner alors qu'il savait parfaitement se tenir en société et qu'il savait que ça n'était qu'une façon pour lui d'essayer d'avoir la main mise sur son comportement. De la complaisance ?! A la rigueur avait-il échappé à la punition corporelle, mais il était presque sûr que ça lui était passé par la tête.
Ce simple mot lui donne envie de mordre et le rend incapable de construire une réplique, quelque chose de calme, quelque chose qui lui permettrait de le renvoyer dans ses anneaux. Il aurait pu appuyer sur le ça, sur lequel Ying Yue refuse de poser un vrai mot. Sur l'intégration. Sur le fait qu'il se croit soit-disant trop bien alors que c'est le putain de contraire qui se joue dans son esprit, constamment. Mais il ne peut pas, il n'y arrive pas. Il veut juste mordre. « Mais vas-y je t'écoute, fais-moi une leçon d'honneur. J'ai hâte de t'entendre m'expliquer tout ce que tu connais sur ça. Le courage d'affronter les autres au lieu de fuir comme un lâche. J'accepte les conditions particulières d'hier soir, mais pour toutes les autres fois, c'est quoi ton excuse, Prince ? » Son nom de famille, celui qu'il met pourtant lui-même constamment en avant, il le heurte durement. Aussi durement que la grimace qui se forme sur les lèvres du loup quand il le prononce. Il inspire une fois, deux fois. Profondément. Jette un regard à Dax qui lui a permit d'échapper à tout ça. Essaie de se convaincre que ça ne serait pas correct de sa part de le remercier en se jetant à la gorge de son demi-frère. Il jette un œil à Hooligan, contaminée par la rage qui rampe lentement sous sa peau, entraînant comme à son habitude les nons-dits et toutes les choses qu'il calfeutre derrière sa porte mentale. La féline à le poil hérissé, les crocs dévoilés, la queue qui se balance dangereusement. Pas d'aide à attendre de ce côté, il le sait.  « Je ne vais pas faire une leçon d'honneur à un individu qui n'en n'est pas doté. » Articule-t-il finalement, sa voix rappant contre sa gorge, empli d'un grondement hargneux. Pas cette fois, Ying Yue. Non, cette fois, il ne va pas se justifier. C'est trop tard, et ça ne servirait à rien.

Finalement la collision arrive. L'Amundsen pur souche se dirige vers Dax, avec le paquet. Il le suit du regard, avec l'attention exacerbé d'un spectateur qui sait qu'il ne peut plus rien faire pour l'arrêter. « Tiens, c'est sa veilleuse. Comme tu l'as constaté toi-même il est un peu fragile quand il s'agit de gérer des portes fermées. Je te conseille de pas oublier de lui allumer dans sa chambre si tu tiens à tes nuits tranquilles. » Blanc, blanc, blanc. Les mots lui parviennent sans qu'il n'arrive à leur donner un sens en premier lieu. Blanc, blanc, blanc. Comme un long, très long silence qui s'étire dans son esprit. Son corps entier est figé, même son cœur a raté un battement ou deux sous la pression de l'instant. Blanc. Blanc. Blanc. Veilleuse. Porte fermée. Allumer. Blanc. Les mots s'assemblent. Donne un sens. Puis un deuxième, le sens caché, le sens qu'il repère en premier. Blanc. Il savait. Il savait. Qu'il avait des problèmes. Qu'il avait vraiment des problèmes. Il savait. Que quelque chose n'allait sérieusement pas avec lui. Il savait. Monsieur je veux qu'ils soient soit-disant frère savait. Et il n'a rien fait. Rien dit. Non, il a juste préféré s'en servir pour l'humilier en public.
Rouge. Sa vision devient simplement rouge. La rage explose, la panthère rugit dans sa tête. Les griffes, les crocs sont de sortis. Les pupilles ont changé. Le paquet est arraché des mains de Dax et jeté à la tête de l'homme qui prétend des choses mais ne fait en vérité rien pour les concrétiser. Il n'attend pas de voir s'il l'a touché, il n'attend pas de voir si l'autre s'y attendait – peut-être, sûrement, peu importe – il n'attend pas, en quelques pas rapides il s'est jeté sur lui. Oublié la magie, oublié la baguette, oublié tout ça. L''animagus est envahit par une rage brûlante qu'il ne contrôle plus, qu'il laisse simplement sortir, avec elle les frustrations, les rancunes, les colères et tout le reste, tout ce qu'il retient habituellement derrière ses murs intérieurs. Et si c'est sans doute grâce à la fréquentation des Amundsen qu'il s'est autant rapproché de son totem, il s'en moque à cet instant. Là, tout de suite, il veut juste lui arracher le sourire qu'il a eu trop longtemps aux lèvres dans cet appartement.
Contenu sponsorisé