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Everything feels wrong at night. Pieces out of place in my head. No straight edges in the jigsaw to anchor me - Dax
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Sebastian Prince Amundsen
Sebastian Prince Amundsen
TRØBBEL För att nå toppen av trädet måste du sikta mot himlen
TW : Mention de terreur nocturne.
Vendredi 19 Avril 2024, 22h30.

La porte de l'appartement fut ouverte délicatement, la silhouette de Sebastian se faufilant à l'intérieur en silence. Il referme le battant derrière lui, apposant sa baguette dessus par la force de l'habitude - pas du tout inculquée par les regards noirs de Dax à chaque fois que ce dernier constatait que ça n'était pas verrouillé - et le clic familier des sortilèges se mettant en place résonne en douceur. Un bâillement, deux, il frotte une main fatiguée sur des yeux qui brûlent sous le même sentiment. L'appartement est plongé dans le noir. Il ne sait pas trop si son colocataire est là, mais endormi - ou pas - dans sa chambre, où s'il est à l'extérieur. Il n'a pas vraiment l'énergie d'y penser non plus. Alors il se contente de se déplacer le plus silencieusement possible, au cas où. Un autre bâillement. Il longe le canapé, fait une pause vacillante en regardant la cuisine avant de hausser une épaule. Pas l'énergie. Et puis, il a mangé… A un moment donné. Il ne sait plus exactement quand, mais il est presque sûr que ça a eu lieu dans les dernières 12h. Quatrième bâillement depuis qu'il a mis les pieds ici et il maugrée pour lui-même, trébuchant sur ses propres pieds et manquant de se casser la figure par la même occasion. Le bruit provoqué n'est pas excessivement discret, et il a ce stupide réflexe de se figer dans une position peu pratique, oreille aux aguets, en attendant de voir si quelqu'un bougeait en réponse. Rien. Il souffle de soulagement. Il n'avait pas vraiment envie de réveiller Dax.
Il reprend sa route, se dirigeant plus ou moins au radar. Il est épuisé, et un peu frustré. Il s'était porté volontaire pour être de poste cette nuit, et c'était presque passé, vraiment. La personne chargée des plannings n'avait pas dû faire attention - où elle s'en fichait - mais sa demande avait été acceptée malgré le fait que son compteur d'heures explosait ces derniers temps. Mais une personne un peu plus consciencieuse que les autres l'avait vu, avait constaté qu'il était un peu trop présent ces derniers temps, avait constaté ses yeux rouges et ses traits - un peu - tirés, et l'avait renvoyé chez lui manu militari avec interdiction de se présenter au département avant Lundi. C'était honteux, vraiment. Il avait obéi parce qu'il n'avait pas le choix, et c'est sur le chemin du retour que la fatigue avait commencé à réellement frapper, s'abattant lourdement sur ses épaules.

Et maintenant il était rentré, tentait de se faire discret, et reconnaissait avec beaucoup de mauvaise volonté que c'était sans doute une bonne chose. Mais quand même. Dans l'appartement trop sombre, il ne voyait pas Hooligan, mais il n'arrivait pas à s'en inquiéter. Il ne la voyait pas, mais il la sentait. Il sentait sa présence, son inquiétude et son amour pour lui, sa fatigue aussi. Alors il savait qu'elle était là. Son esprit fatigué acceptait les choses sans réellement réaliser que le petit point lumineux qu'il suivait depuis qu'il était rentré, ça n'était pas le lumos de sa baguette, mais belle et bien une petite luciole qui le guidait jusqu'à sa chambre.
Arrivé à sa porte, il l'ouvre et s'y faufile, rabattant cette dernière sans vraiment la fermer. Jamais. C'est en pilote automatique qu'il se prépare, balance exceptionnellement ses vêtements dans un coin et se rapproche de son lit. Les réflexes ont la vie dure, parce qu'avant même d'y avoir réfléchi, il a extirpé une de ses fioles de sommeil de sa table de nuit et l'a débouchée dans un geste si habituel qu'il lui aurait cruellement manqué s'il ne l'avait pas fait. Le contenu avalé, il s'étale dans le lit, glisse la baguette sous son oreiller et ferme les yeux. Il est si fatigué qu'il va forcément dormir, maintenant. N'est-ce pas ? Après tout, il enchaîne les heures supplémentaires, et quand il ne travaille pas, il va voler, quand il ne vole pas, il va s'entrainer, quand il ne s'entraîne pas, il retourne travailler… Certainement que son corps est arrivé à ses limites, et qu'il va dormir. Il se retourne, enfoui sa tête dans l'oreiller. Dormir.
Et en même temps, est-ce qu'avoir été renvoyé ce soir ne va pas lui porter préjudice ? Est-ce qu'il n'aurait pas dû insister ? Il va peut-être être mal vu, maintenant. Est-ce qu'il n'est pas déjà mal vu ? Est-ce qu'enchaîner les heures comme ça, ça ne lui donne pas mauvaise réputation ?
Est-ce que tout le monde le déteste, en vrai ?
Il se retourne une nouvelle fois, inspire profondément, n'ouvre pas les yeux. Chasse les pensées.
Et c'était quand, le prochain match ? Est-ce qu'il va être suffisamment en forme ? Peut-être que Magni va le trouver trop fatigué et va lui interdire de voler. Ou Markus. Ou les deux.
Il se recroqueville, entrouvre un œil et la pupille s'accroche au point lumineux qui vole paresseusement au-dessus de lui. Il fait sombre. Heureusement qu'elle est là.
Mais il fait sombre. Un peu comme dans cette maison abandonnée. Il a presque l'impression d'entendre les mêmes bruits, les mêmes craquements du bois. Le même chuintement des pieds sur un plancher abîmé.
Il se redresse brusquement, les yeux grands ouverts, la respiration un peu précipitée. Bordel de…Urgh. Sur cette pensée, il fixe son bureau, les sourcils froncés. Il pourrait se lever pour aller récupérer la lettre de Ying Yue. Il ne se souvient plus des consignes sur les potions qu'il lui a données…. Combien de temps c'était, déjà ?  Il n'a pas le courage de bouger, de se lever… A la place, il roule sur le matelas, se rapproche à nouveau de sa table de nuit et glisse la main dans le tiroir. Le point lumineux s'agite vivement au-dessus de la fiole qu'il en extirpe, différentes des autres, de celles qu'il prend d'habitude. Il la débouche et en avale le contenu. Pas de cauchemars, cette nuit. Parfait. La fiole en verre reposée, il roule à nouveau et se cache sous l'oreiller. Dormir. Enfin. Un soupir dépité s'échappe du petit point lumineux, mais Sebastian est déjà parti dans le pays du sommeil sans rêve.

Un peu plus tard…

Le corps de l'animagus est agité d'un violent spasme et il se redresse à moitié, le regard un peu écarquillé, le cœur battant un peu trop vite. Se laissant retomber sur le matelas, il grogne de dépit. Visiblement son cerveau avait flippé un peu tout seul dans son coin, et histoire d'être sûr qu'il n'était pas bêtement en train de mourir, il lui avait déclenché une petite décharge électrique. La sortie violente du sommeil s'était accompagnée d'une sensation de chute désagréable. Il détestait ça. Et il était persuadé qu'il ne dormait pas depuis si longtemps, en plus. Soufflant, il se redresse en position assise, ses yeux parcourant vaguement la chambre, comme à la recherche d'une solution qui lui permettrait un sommeil impeccable. C'est un mouvement dans le coin qui le fait se figer, surpris. Il y revient, les yeux plissés. Nouveau mouvement. Il commence  à s'agiter nerveusement. Les ombres se meuvent beaucoup plus clairement, maintenant, et il cille fortement, son cœur accélérant. Qu'est-ce que …? Il n'arrive pas à parler. Il n'arrive pas à bouger. Il est juste figé, à observer ces ombres qui se rapprochent du lit. Elles forment des silhouettes indéfinissables et font le tour, se rapprochant de son côté. Il voudrait bouger, s'écarter. Il a l'impression que tout son corps lutte contre son esprit, refusant d'obéir. La panique fait s'emballer son cœur et c'est quand l'une des silhouettes s'appuie sur le matelas, creusant le dernier sous son poids, qu'il réussit enfin à faire céder son corps, s'éjectant presque du lit en bondissant à l'opposé de la silhouette. Quand il se retourne, elle n'est plus là. Il n'y a plus de creux sur le lit. Il n'y a plus rien. Le cœur battant à tout rompre, il glisse sa main sous l'oreiller et se fige. De manière incompréhensible, alors qu'il est sûr de l'y avoir mise, il est pourtant incapable de retrouver sa baguette.
Il essaie de retrouver son calme, sa lucidité, mais son esprit est embrouillé et il ne sait pas pourquoi. Fermant les paupières, il appuie fortement dessus avec le talon de ses paumes, inspirant et expirant profondément. Quand il rouvre les yeux, il est persuadé que tout va mieux, et qu'il s'agit juste d'un rêve bizarre. Mais alors la porte de son armoire commence à s'entrouvrir, et c'est trop pour lui, il bondit hors des couvertures et quitte sa chambre en vitesse, comme s'il avait le diable au trousse. En boxer, le corps frissonnant sous la sueur et la fraîcheur de l'appartement, il se glisse jusqu'à la salle de bain. L'eau fraîche qu'il se passe sur le visage à plusieurs reprises lui fait du bien, et il reste là, appuyé quelques instants contre le lavabo, essayant de reprendre ses esprits. Ses pensées sont éparpillées, il n'arrive pas à penser clairement et, confusément, il se dit qu'il n'a sans doute pas respecté la posologie des deux potions, toute à l'heure. C'est ridicule. Il est ridicule. Il n'est plus un enfant. Sebastian, tu es ridicule. Tu es un idiot. Il se sermonne mentalement et se retourne, quitte la salle de bain. A nouveau dans le salon, il inspire profondément. Il va retourner à sa chambre, se recoucher, fermer les yeux, et tout va très bien se passer. Il avance, lentement. Ignore les ombres qui s'agitent à nouveau à la périphérie de son champ de vision. Les rideaux des fenêtres semblent soudain onduler également, comme sous l'effet d'un vent invisible. Un peu comme les rideaux rapiécés de la vieille demeure abandonnée. Son cœur s'accélère. Tu es ridicule. Tout va bien se passer. Il n'est pas un lâche. Des ombres au sol se rapprochent de lui, comme des serpents, il cille, s'écarte, se rend compte que ça ne sont pas du tout des serpents, mais des cordes qui semblent vouloir s'accrocher à lui pour l'empêcher de bouger. Il trébuche, cille à nouveau, les cordes sont parties. Tu es ridicule.. Un souffle dans sa nuque, un rire moqueur. Il fait un bond en avant et se précipite vers la porte de sa chambre. Normalement. Le battant s'ouvre, il panique à moitié en manquant de le refermer complètement mais réussi à l'arrêter avant qu'il ne claque. Trébuche sur un objet qui n'est pas censé être là et arrive finalement jusqu'au lit qui n'a pas la bonne couleur. Tout ces détails ne font tilt qu'au moment où il a un genou sur le lit, les doigts crispés sur le drap, son regard écarquillé et terrifié se posant sur l'occupant légitime du lit en question. Il reste figé, le coeur battant. Il ne veut pas faire demi-tour, il est sans doute là, dans le salon, à l'attendre. L'épuisement, la fatigue nerveuse et les hallucinations ayant raison de lui, il murmure d'une petite voix, « J'suis désolé. J'me suis trompé. De porte. Je croyais... » Il faut qu'il fasse demi-tour. Il faut qu'il stoppe le ridicule maintenant. Il faut... «  Je peux rester ? S'il te plait ?» Tant pis. Il se laissera consumer par la honte demain. Il ne veut pas retourner dans sa chambre. Il sait que son armoire a bougé. Sans doute qu'il y a un épouvantard. Et puis, il faut traverser le salon, pour y retourner. Il veut pas. Ses lèvres tremblent, il les pince pour essayer de le cacher. Il voulait juste dormir, lui.
Au pied du lit, les deux pattes avant posées dessus et la baguette confisquée de justesse délicatement dans sa gueule, Hooligan les fixe avec une inquiétude marquée.
Dax Tcherkassov
Dax Tcherkassov
TRØBBEL För att nå toppen av trädet måste du sikta mot himlen
Je n’ai aucun problème de sommeil.

Je me suis toujours endormi rapidement, en moins de quelques minutes. Même les missions les plus crades ne suffisent pas à me perturber suffisamment pour retarder mes nuits. J’ai des cauchemars, occasionnellement, comme tout le monde. Je les gère de la même façon que je gère les horreurs de réalité, de front, avec violence et sang-froid, sans leur accorder trop d’intérêt. En général, si j’omets ces nuits où je me réveille en sursaut, violemment, la main sur la dague, comme si je devais affronter une attaque. Je sais néanmoins que ce n’est pas la même chose pour mon colocataire : j’ai conscience qu’il abuse des potions de sommeil et j’ai d’ailleurs commis le moins dernier l’indiscrétion de fouiller son dossier médical, pour relever le nom de l’incompétent qui semblait lui avoir prescrites de façon un peu très légère. Ce n’est pas professionnel comme acte de ma part, et c’est même digne d’un blâme sur le plan déontologique, mais je m’en foutais nettement. Ce n’est pas comme si j’étais le genre de type qui a une morale.

Ce sont ces premières pensées qui me viennent lorsque j’entends ses pas dans le couloir, puis dans la salle de bain. J’ai le sommeil rapide, mais j’ai aussi le sommeil léger. J’ai l’habitude d’être alerte au moindre bruit, ce qui n’est pas toujours pratique, avec un colocataire qui rentre souvent tard, le soir. Mais en soi, ce n’est pas excessivement dérangeant. Je me suis habitué à sa présence ; son absence, même si je ne l’affirmerais pas à voix haute, serait probablement un peu bizarre. Comme un coussin absent du canapé.

Je l’entends quitter la salle de bain et je me tourne vers la porte, pour m’enfouir plus confortablement sous ma couette. Le battant s’ouvre et Sebastian s’engouffre dans la pièce, m’arrachant un froncement de sourcil perplexe. Je glisse une main contre mes paupières, en me demandant si je suis en train de rêver. Ce genre de rêve nul, trop similaire à la réalité. L’homme trébuche presque sur mon sac, puis pose un genou dans mon lit. Le geste est d’un sans-gêne si insolite qu’il m’arrache presque un sourire, alors que j’achève de m’extirper des brumes du sommeil. Il fout quoi ? Une envie soudaine d’être avec moi ? J’en doute fortement, pas après des mois de colocation. Ça ne laisse que deux possibilités : une erreur ou ses craintes qui reviennent, avec une violence suffisante pour qu’il franchisse le seuil d’une porte qui n’est pas des plus accueillantes. Et cette alternative, même si elle devrait me laisser indifférent, me fait peut-être éprouver quelque chose qui s’apparente vaguement à de la compassion. « J'suis désolé. J'me suis trompé. De porte. Je croyais... » Je note sa voix, toute petite, et son allure générale. Je ne me redresse pas, conservant ma tête sur l’oreiller, mais je l’observe avec attention. Ses lèvres tremblent et je suis certain que si je le voyais d’un peu plus proche, je verrais aussi des pupilles bien plus dilatées qu’elles ne devraient l’être. Quel est le dosage de la potion qu’il a prise cette nuit ? «  Je peux rester ? S'il te plait ?» Mon cœur se serre, un peu. Juste un peu, et je mets cette émotion indéchiffrable sur le compte de l’agacement de me faire déranger dans mon lit. J’ignore ce qui l’empêche de bien dormir chaque soir, mais je ne peux que soupçonner cet élément mentionné par son demi-frère, quand il avait aménagé avec moi, et qui lui fait redouter l’obscurité complète. J’y ai d’ailleurs fais attention, depuis qu’il est ici. Subtilement, pour ne pas le heurter dans son orgueil et pour ne pas lui donner l’impression que je l’aide ou que je me soucie de son état émotionnel. Je ne veux pas qu’on me confond avec les bonnes âmes, protectrices et altruistes. C’est donc d’une façon désinvolte, comme si j’agissais déjà ainsi dans mon quotidien, que j’ai pris l’habitude de toujours laisser une ou deux lumières allumées dans l’appartement la nuit, achetant même des bougies supplémentaires. Sauf dans cette chambre, plongée intégralement dans les ténèbres.

L’air de rien, comme si je le faisais seulement pour mieux l’identifier, je tends la bras sur ma commode pour attraper ma baguette. Je lance un simple sort pour allumer une petite bougie perchée sur une tablette, sur le mur opposé. Je dépose ensuite ma baguette là où elle était, avant de demander : « Est-ce que je dois te poser des questions ou on peut seulement dormir ? » Mon ton n’est imprégné que d’un très léger agacement. Styx, sur sa forme de panda, a déjà quitté mes draps pour se diriger vers la fylgia de Sebastian. Je l’ignore, me contentant de glisser mes doigts sous l’oreiller voisin, dont j’extirpe nonchalamment le couteau avec lequel je dors en permanence. Je le pose sur la table de chevet, à côté de ma baguette, avant de tendre ma main vers l’auror pour attraper la sienne : « Viens. » Sa peau, comme je l’avais présumé, est froide, ce qui corrobore l’idée d’une quantité inadéquate de potions ou de terreurs nocturnes. Je le laisse s'installer, avant d'ajuster nonchalamment la couette par-dessus ses épaules. Un simple soupir glisse entre mes lèvres, alors que je demande : « Je te le demanderai qu’une fois, j’veux pas entendre des conneries de bienséance, juste ce qu’il te faut vraiment. T’as besoin que je mette mon bras autour de toi, pour cette nuit ? » J’aurais pu lui proposer carrément un câlin, mais le mot est trop imprégné amicalement, alors que ce que je lui propose est strictement médical. Rien à voir avec l’inquiétude ou le soucis d’autrui.