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how do you like your coffee ? ▬ ft soo-bin
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Sun Min-Jun
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Le café est l'élixir qui réveille l'esprit, un baiser aromatique qui caresse l'âme. ▬



Vous pouvez ranger vos cahiers. A demain midi, et n'oubliez pas vos recherches sur la subtilité des formes et des apparences des objets que l'on souhaite voir transformés. » La voix est douce, elle porte cependant, portée par son large poitrail. Il observe de ses grands yeux noirs la masse d'élèves de premières années ranger doucement leurs affaires, le saluer puis disparaître dans les couloirs. Jun sent quelques regards curieux, et il ne peut guère leur en vouloir : juste avant le début du cours, il en était encore à lancer des piques au professeur Kim. Leurs deux troupeaux d'élèves grimaçaient de la même façon devant les cris d'orfraie de la demoiselle, tandis que lui-même était toujours aussi exaspéré de se voir aussi peu apte à se contrôler devant elle. Elle avait le don de le faire sortir de ses gonds ! Nae, sentant son trouble, vint lui donner un coup de museau.  Encore en train de penser à elle ? De toute façon, ne t'avait-elle pas invité pour le goûter ? C'est l'heure, Min-Jun. » Le sorcier essaya de nier, mais autant essayer de se mentir à soi-même. Le demi-triton haussa les épaules et, malgré lui, remit de l'ordre dans ses cheveux et son costume en passant devant une grande glace en pied. Nae rit sous cape et en voyant sa Fylgia se moquer gentimment, il se sentit rougir et s'enfuit de sa salle de classe, direction le dortoir des professeurs.

Tu as oublié de ramener quelque chose à manger, » et la gourmandise de Nae était si évidente que Jun émit un petit rire. Il la pointa du doigt : C'était pour que toi et Yeri puissiez vous goinfrer c'est ça ? Peut-être que je n'ai pas oublié, mais il faudra vous montrer moins gourmandes toutes les deux. » Nae poussa un petit cri indigné. Elle donna un coup de crâne contre les jambes de son sorcier avant de s'élancer en avant, boudeuse. Min-Jun roula des yeux et salua un groupe d'élèves de cinquième année. Il avança lentement dans les couloirs, appréciant le temps libre qu'il avait à Durmstrang. Il n'avait jamais regretté d'avoir choisi cet emplacement, ce poste - si la langue commune était rude, pour sa langue de Coréen, c'était à présent son foyer et il s'était attaché à beaucoup d'élèves et de membres du personnel. Il aimait flâner, surtout quand il savait qu'une baignoire d'eau douce l'attendrait après le goûter chez Soo-Bin. Il ne devrait pas tarder à aller visiter les côtes pour s'immerger dans l'eau salée. Les vagues, leurs remous délicats, l'audacieuse odeur de sel, tout cela était aussi énivrant qu'un baiser ou qu'un verre de soju. Il monta quelques escaliers et arriva devant les portes des dortoirs des professeurs. Il se dirigea naturellement vers le couloir où se trouvait la porte de Soo-Bin. Depuis plusieurs mois - non, plusieurs années, le temps passait si vite ! - ils étaient devenus proches. Assez pour connaître les faiblesses de chacun, et les exploiter sans problème durant leurs nombreuses disputes à hauts cris. Soo-Bin adorait le taquiner sur n'importe quel sujet. Sa franchise, son répondant - il ne l'avouerait jamais, mais cela l'électrisait en quelque sorte. Tout pensif, il ne remarqua que tardivement que Nae se moquait de lui car il était planté devant la porte de la professeur sans avoir tapé.

Vous vous disputez, vous buvez le café ensemble, vous pensez l'un à l'autre sans arrêt ... Mariez-vous à ce train là » fit-elle d'un ton malicieux avant de Min-Jun ne la baîllonne, deux mains sur son museau, l'air agacé. ▬ Cesse tes bêtises ou tu n'auras aucun des gâteaux que j'ai ramené. » Des yakwa, une petite pâtisserie coréenne frite dans l’huile, puis trempée dans un sirop de miel au gingembre. Ainsi que des yaksik, gâteau de riz agrémenté de fruits secs, de châtaignes, de jujubes et de pignons de pin et des chaltteok, qui ressemblent ressemble beaucoup au yaksik, mais il est fait à partir de miel, de tteok et d’haricots noirs. Les chaltteok étaient ses préférés, avec les haricots noirs.  Nae était friande de Yaksik et pouvait en dévorer des poignées avant d'avoir les crocs tout engourdis de mastiquer. Jun finit par lever la main, toqua et, comme à son habitude, pénétra dans les appartements de Miss Kim. Elle devait l'attendre. Une délicieuse odeur de café parvint jusqu'aux narines du professeur de métamorphose. Quelque chose remua gentimment en lui - l'impression d'être en terrain sécurisé. D'être à l'abri. D'être chez lui. C'était idiot, mais à présent qu'il cotôyait Soo-Bin, le café avait prit une place importante pour lui, car il l'était pour elle. Même s'il gardait ses thés verts préférés sous le coude.

Et je ne suis même pas en retard » fit-il en guise de salutations - ils s'étaient déjà salués en s'envoyant des noms d'oiseaux plus tôt en journée. Il retira sa veste et laissa Nae chercher Yeri tandis qu'il faisait de même, des yeux, avec la silhouette de Soo-Bin. J'ai ramené des pâtisseries de Corée, si cela peut t'agréer avec le café » et qu'il était amusant de voir la politesse qu'il pouvait avoir, quand à peine une heure avant il la traitait de vieille fille et de pie hurlante. C'était affectueux, en quelque sorte. Mais il aurait préféré devenir un calamar déséché que de l'avouer.




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Kim Soo-Bin
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Comment un être pouvait-il être aussi irritant ? Soo-Bin se posait régulièrement la question. Depuis des années. Ses années d’enseignement, mais aussi ses années d’étudiante. Car si la jeune femme n’avait pas eu le privilège d’avoir le professeur Sun durant ses études à Durmstrang, elle avait été amenée à le croiser dans les couloirs et la cour de l’Institut. En vrai, elle n’aurait pas rechigné à l’avoir en cours de métamorphose… même si, assurément, elle n’y aurait pas excellé comme à l’époque. Car, elle devait bien se l’avouer, le bougre était diablement séduisant. Se cachait-elle derrière ses incessantes piques et leurs engueulades ? Tout à fait.

Vous devrez faire mieux, la prochaine fois. Ne vous contentez pas d’approuver dans mon sens ! Ce n’est pas ce que je veux ! J’attends plus d’esprit critique et de réflexion. OSEZ, par Hela ! Un moule n’est bon que pour des gâteaux ! Elle tempêtait encore. Elle était presque sûre que le professeur Sun pouvait l’entendre, à l’étage du dessus. Leurs salles respectives n’étaient-elles pas l’une au-dessus de l’autre, après tout ? Il la voyait souvent passer en trombe alors qu’elle était en retard… et elle perdait encore de ces précieuses secondes — à lui, car elle, elle n’en avait cure — à se chamailler avant de poursuivre son trajet. Au moins leurs élèves ne pouvaient-ils pas se reposer sur leurs lauriers, sans arrêt sur le qui-vive, au cas où les deux professeurs d’origine étrangère se crêperaient encore le chignon.

Elle referma d’un bruit sec le manuscrit qui trônait sur son bureau. Allez, ouste ! Tout le monde dehors ! J’ai autre chose à faire ! Soo-Bin aurait juré voir Yeri rouler les yeux vers le plafond face à son attitude avec ses élèves. Mais la pie pouvait bien penser tout ce qu’elle voulait : les deux se ressemblaient comme des gouttes d’eau, et possédaient le même caractère de merde. Une fois tous ses étudiants partis — en vrai, elle les aimait. Peut-être même trop —, la sorcière passa sa lourde cape rouge sur ses épaules et quitta à son tour sa salle de classe. Ses talons claquaient sur le sol de pierre à mesure qu’elle montait les étages jusqu’à celui réservé aux professeurs.

Talons qu’elle envoya valser quand elle pénétra dans ses quartiers, les remplaçant par des chaussons moelleux, habitude qui ne l’avait jamais quitté malgré les nombreuses années éloignées de sa Corée natale. Assurément Jun lui ferait une remarque sur son manque de rangement, n’est-ce pas ? Même alors que la magie rendait les choses particulières faciles en matière de ménage, Soo-Bin n’était guère assidue. Il y avait des chaussures, des capes, des livres, des morceaux de parchemins, des tasses sales un peu partout. Le recoin bureau croulait sous des piles de parchemins à moitié enroulé, couverts de ratures, où s’esquissaient les ébauches de son prochain conte pour enfants. Se dirigeant vers le coin cuisine, elle mit en branle les ustensiles d’un coup de baguette. Elle aurait pu faire de même pour le rangement, mais… flemme.

L’odeur de café commençait à s’élever dans la pièce quand elle entendit frapper à la porte et entrer. Elle n’avait guère à cacher, honnêtement, et elle lui avait bien vite dit d’entrer directement après avoir toqué, afin de ne pas perdre de temps inutile en formalités. Il n’en demeurait néanmoins le seul à avoir ce privilège. En vérité, elle prenait souvent un malin plaisir à faire poireauter ses autres visiteurs sur le pas de la porte. Et je ne suis même pas en retard. Ya que toi que ça dérange, ce genre de choses, tu sais ? Mais elle devait l’avouer : elle l’aurait engueulé s’il avait été en retard. Elle le rejoignit dans le centre de la pièce à vivre. J'ai ramené des pâtisseries de Corée, si cela peut t'agréer avec le café. Pourquoi pas ? répond-elle avec un haussement d’épaules. Elle ne se montrait jamais guère enthousiaste, mais elle appréciait néanmoins l’attention, bien que partagée entre la nostalgie et la mélancolie. Elle n’avait pas remis les pieds en Corée depuis la mort de sa famille et, parfois, son cœur se serrait un peu trop.

Est-ce qu’il est vraiment le meilleur homme à fréquenter ? Il est à demi-triton après tout. Ce n’est pas un Sang-pur, tu pourrais trouver mieux. Le sourire de Soo-Bin se crispa légèrement. La voix de sa mère chuchotait à son oreille, telle un fantôme. Bien avant l’arrivée de Yeri à ses côtés, Soo-Bin n’avait jamais été vraiment seule… Il y avait toujours sa famille qui la suivait comme son ombre… Du moins le pensait-elle. Mais, comme elle n’en avait jamais parlé à personne, elle ne pouvait savoir qu’elle ne voyait ni n’entendait vraiment ses proches décédés. C’était “seulement” un deuil mal géré…

Elle secoua légèrement la tête pour chasser l’apparition sonore, Yeri venant se percher sur son épaule. Le café est bientôt prêt… et je crois que je dois encore avoir un ou deux morceaux de ptitchie moloko que Mать m’a envoyé, quelque part. Elle utilisait toujours le terme russe pour “mère” pour appeler sa mère adoptive. Le eomma coréen restant tout dédié à celle qui avait péri dans les flammes…



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Sun Min-Jun
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Le café est l'élixir qui réveille l'esprit, un baiser aromatique qui caresse l'âme. ▬



Il avait bien entendu crier au-dessus de son cours, durant les exercices des premières années. Mais c'était devenu chose normale que celle de sentir vibrer le sol, voir de pouvoir observer quelques arachnides sauter, comme dansant une sarabande et s'enfuir à fond sur leurs huit jambes. Jun n'y faisait plus attention. Il montait juste sa voix, grave, d'un ton. Et puis, elle explosait comme une bombe mais guère plus de deux ou trois fois par heure. Jun songea au pauvre hère qui avait été l'origine de l'ire de la coréenne et lui souhaita bien du courage, tout en menant ses propres élèves à la fin du cours.

Passer dans les couloirs était toujours une chose étrange. Rêveuse, pensive, chimérique. Ce n'était pas son climat d'origine, ni les mêmes matériaux, ni les mêmes visages. S'il avait piétiné le monde de son pas avide de connaissances, apprenant des plus grands les différentes formes de métamorphoses que l'univers avait créé chez ses sorciers, il avait parfois un mal du pays profondément enraciné entre ses côtes poussiéreuses. Il formait comme une boule en lui, de malaise sordide, d'autant plus qu'il songeait à combien il pouvait déshonorer les Sun en étant aussi âgé sans avoir de descendande. Comme si elle lisait ses pensées, Nae intervint : Ta mère t'a encoré envoyé une lettre pour te marier ? Avec une photo d'une jolie sirène ? » La renarde ricana, alors que Jun lui lançait un regard noir. Au moins, arrivés devant la porte, cela les empêcha de se disputer un peu plus. Nae était plus malicieuse depuis un certain temps, mais s'il avait été vraiment déprimé, elle l'aurait gentimment encouragé.

Il pénètre dans une odeur de café qui colle à ses lèvres. Avec un claquement de langue contre son palais, le professeur observe le désordre avec un air navré. ▬ J'aime la politesse et l'étiquette, quel mal y a t-il à être à l'heure ? » grommela t-il, en ramassant un plaid qui traînait et en le pliant convenablement avant de le déposer sagement sur une chaise. L'air indifférent de Soo-Bin le fit sourire. Il était persuadé qu'elle appréciait qu'il vienne avec des pâtisseries faites mains, selon les coutumes de son propre clan. Sortant le paquet de son sac de cuir en bandoulière heurté d'une icone de la déesse des mer, il éparpilla sur un portant qu'il fit glisser jusqu'à lui les gâteaux. Il en lança un à Yeri et à Nae, comme offrande aux deux créatures. Enfin, Jun leva les yeux vers elle pour lui jeter un coup d'oeil, non sans retirer sa propre veste - et ranger deux ou trois affaires qui étaient sensiblement mal posées. Sûrement un oubli de sa part. Non, elle est bordélique, et toi tu ranges sans demander, c'est mal. Mais c'était plus fort que lui. Là où ses mains passaient, elles laissaient de l'espace, une sensation de propre. La paire de chaussures à talons se retrouva près de la porte après un coup de baguette magique, prêtes à l'emploi. Min-Jun finit par s'installer à leur table habituelle, son poitrail tiraillant l'étoffe fine de sa chemise et de son veston ; il posa un coude sur le dossier de sa chaise et plissa les yeux vers Dame Kim. Il ouvrit la bouche pour ajouter quelque chose, car elle semblait bien trop silencieuse, mais elle reprit d'elle même la parole, et il la trouva belle comme une fleur de cerisier. Oh, il ne l'admettrait que sous la torture, mais Soo-Bin était la plus belle femme qu'il ait jamais vu. Elle n'aimait pas ses écailles, était parfois hautaine ou sentencieuse, trop franche, mais c'était cette flamme intense, cette bombe humaine prête à lui lancer un livre à la tête, qu'il appréciait. Yeri vint se percher sur l'épaule de Soo-Bin et Nae vint mâcher un autre gâteau aux pieds de Jun.

Tu vois Nae, on ne mourra pas de faim » se moqua t-il gentimment en tendant une main sous sa chaise. Le professeur gratta le cou de la renarde qui se mit sur le dos, lui rappelant son gros chat qui dormait sur son lit, à quelques chambres de là.  Je vais y aller, demain matin, très tôt. » Si quiconque était passé et avait entendu la phrase, il se serait demandé de quoi parlait le professeur Sun. Mais Soo-Bin savait. L'appel de l'océan, la mer, tempétueuse et impérieuse comme une reine, comme cette déesse à laquelle il s'était offert. Il sentait sa peau moins élastique, plus rêche. Il avait besoin de s'immerger. Et depuis que la jeune femme avait découvert son secret, ils avaient souvent été aux abords de l'océan pour lui permettre de revivre. Il ne s'en était pas caché très longtemps, mais à sa venue, il avait espéré n'être victime que d'une forme de racisme, pas de deux. Il avait été mal à l'aise, gêné, poiscaille faite homme. Mais à présent, Soo-Bin était son alliée. Elle gardait l'oeil sur ses vêtements - il ne gardait que son caleçon dans l'eau, par pudeur, lui qui aurait aimé être comme les animaux, uniquement à écailles - et ils pouvaient bavarder le temps de l'aller et du retour. Tu n'es pas obligée de venir. » Comme à chaque fois, il lui laisse l'occasion de dire non, de ne pas perdre son temps avec lui. Même s'il appréciait sa présence à ses côtés. Jun cessa de gratter Nae et s'assit parfaitement, jambes croisées et port altier, presque royal. Ainsi que grand-père lui avait apprit. Au fait, tu as encore fait sursauter mes élèves avec tes braillements. Ils vont finir par changer l'un d'eux en Kraken si tu continues à donner de la voix comme ça » fit-il, amusé, remarquant que le café avait enfin fini d'infuser.

D'une main sûre, il agita sa baguette et le même service que d'habitude, propre et net, vint à eux. L'habitude, ancrée en eux comme l'engrenage du temps. C'était rassurant, pour lui, que d'avoir des habitudes, des manies à quoi se raccrocher. Il laissa cependant Soo-Bin gérer le café et le reste et, attrapant une pâtisserie, l'enfourna en se léchant discrètement les doigts poisseux.




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Kim Soo-Bin
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J'aime la politesse et l'étiquette, quel mal y a t-il à être à l'heure ? Elle se garda bien de répondre. De son côté, elle ne voyait pas pourquoi elle se stresserait outre mesure juste à propos d’une aiguille qui tourne en boucle sur un cadran. Toujours était-il que, s’il avait été en retard, elle s’en serait offusqué. Lui si ponctuel, lui mettant tant d’honneur à respecter ces grains de sable dans le sablier, aurait osé ne pas lui accorder cette minutie ? Inconcevable. Vraiment.

Elle l’observa plier un plaid qui dégoulinait sur le canapé, puis sortir la boîte de douceurs de sa sacoche de cuir. Deux pâtisseries s’envolèrent déjà vers leur fylgia respective. Cesse d’engraisser Yeri, elle finira par ne plus réussir à voler ! Moi, au mois, je sais voler ! Quel intérêt si tu es clouée au sol à cause des sucreries ! Le professeur Sun continuait de ranger ses appartements alors qu’elle se perdait dans ce dialogue muet avec sa défunte mère. D’ailleurs, il serait peut-être temps de te trouver un mari, non ? Je ne comprends pas pourquoi Wanda ne s’inquiète pas plus de ton célibat. Tu devrais te montrer plus sage, ma fille. Mais elle n’avait pas envie de se marier. Et Wanda, sa Mать, lui avait appris à se montrer forte et indépendante pour ne dépendre de personne. Ca lui convenait bien mieux, en vérité, qu’une vie d’obéissance à son mari. Et à pondre des descendants. Elle avait bien assez d’enfants dans sa vie avec ses étudiants. Elle n’en avait pas besoin de plus. Quand à Jun… Ah… Jun… C’était son petit pêché mignon. Elle le convoitait comme une pie convoite un objet brillant.

Yeri se posa d’ailleurs sur son épaule, chassant le spectre d’illusions qui hantait la sorcière. Tu vois Nae, on ne mourra pas de faim. Pivotant vers le coin cuisine, Soo-Bin chercha des yeux la boîte réfrigérée contenant les restes du gâteau. Son regard se posa enfin dessus et l’emmena d’un Accio vers la table que Jun avait débarrassée. Je vais y aller, demain matin, très tôt. La professeure d’analyse artistique resta silencieuse un instant. Elle savait évidemment de quoi il parlait. Il devait régulièrement retrouver le sel de l’eau de mer. Et, depuis ce jour où elle l’avait surpris sortant des flots après qu’il lui ai donné une heure de colle, elle n’avait pu s’empêcher de penser à sa peau pâle. Les années passant, elle gardait ses vêtements.

Elle hocha la tête. Tu n'es pas obligée de venir. Elle chassa son offre d’échappatoire d’un revers de main. Tu sais bien que je serai là. La question ne se pose même pas. S’attendait-il vraiment qu’elle se dérobe ? Même si elle aimait les murs froids de Durmstrang, elle aimait venir contempler les vagues alors qu’il se baignait. Pas que les vagues, d’ailleurs… Elle ouvrit la boîte avec les restes du gâteau et en tendit à Jun.

Au fait, tu as encore fait sursauter mes élèves avec tes braillements. Ils vont finir par changer l'un d'eux en Kraken si tu continues à donner de la voix comme ça. Soo-Bin ne put retenir un rire cristallin. Ca te ferait un compagnon de baignade, non ? Je devrais peut-être crier encore plus fort. Sa baguette en l’air, elle guida la cafetière vers les tasses. Un petit pot saupoudreur apporta du cacao en poudre, et un petit ramequin de lait se matérialisa sur la table. Quoi que… non. Ca nous obligerait à emmener quelqu’un d’autre à la plage. Elle laissa le chocolat recouvrir la mousse légère du café avant de porter sa tasse à ses lèvres. Elle ferma les yeux un instant de satisfaction.

Les tiens aussi ont du mal à se forger un esprit critique ? Un léger pli soucieux se creusa entre ses sourcils. Même si elle refusait de l’avouer à haute voix, elle s’inquiétait pour leurs élèves, surtout depuis l’attaque qui avait secoué le navire de la rentrée il y a quelques années. Leur demandons-nous trop de nous plaire pour avoir des bonnes notes, que, lorsqu’arrivés en études supérieures, ils ne savent plus penser par eux-mêmes ?



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Cesse d’engraisser Yeri, elle finira par ne plus réussir à voler ! Moi, au mois, je sais voler ! Quel intérêt si tu es clouée au sol à cause des sucreries ! » Les voix féminines en train de se chamailler lui étaient aussi familières, à présent, que celle de Nae ou la sienne propre, ou celles de ses soeurs, de sa mère, de sa famille. Yeri n'est pas si grosse que cela. Cesse donc de vouloir absolument contrôler sa vie. Elle n'a pas peur de grossir comme toi » fit Jun d'un air narquois, prêt à esquiver livre, sortilège impardonnable ou réplique cinglante. Mais même ainsi, à se disputer tels deux gosses, il n'y avait que de l'affection dans son timbre de voix chaud. Il aurait été malhonnête de dire qu'il n'avait pas remarqué le physique sublime de Soo-Bin, mais il aimait à jouer sur ses insécurités - de façon toujours légère, ou[ d'un ton qui contredisait ses mots, pour qu'elle ne pense jamais qu'il disait vrai. Ni ne sache s'il pensait faux, également. C'était là tout l'intérêt de la tirailler.

Il était loin des pensées de Soo-Bin, mais si le professeur de métamorphose ne pensait qu'à l'intant, il savait aussi qu'une pile de lettres de sa famille l'attendait. Oncles, cousines, soeurs, mère en premier, toujours. Il n'avait pas eu la foi de déballer les curriculum vitae des futures promises que lui consacrerait sa mère, tel un catalogue de demi-sirènes avec lesquelles procréer. Non pas qu'elles ne fussent guère à son goût, mais il n'avait pas en tête de se marier. Pas pour le moment. Il avait toujours esquivé, plus anguille que requin sorti tout droit de l'océan. Sa distance avec la Corée maternelle était aussi une bonne excuse, que réfutait sa mère en lui ordonnant de revenir et de trouver un poste privé, où il serait mieux payé. Pomme de la discorde entre eux, ils ne cessaient de s'envoyer de courtes mes sèches missives. Il caressa Nae et profita de l'instant, enrobé des arômes de café et des sucreries. Alors que les restes du gâteau se posait sur la table, il dit les mêmes mots que d'habitude. Toujours les mêmes. Je vais y aller, demain matin, très tôt et si l'aube ne convenait parfois pas à Soo-Bin, qui aimait à se plaindre qu'en manquant de sommeil, elle aurait des cernes, elle ne lui avait jamais fait faux bond depuis des années. Il lui en était profondément reconnaissant.

Elle n'aurait pas été obligée de l'accompagner. Il aurait pu y aller seul. Ou trouver d'autres demi-tritons, comme Ha-Ru. Mais ... C'était un moment très intime. Soo-Bin réalisait-elle cela ? Combien il était vulnérable en révélant sa forme aquatique, en se mettant presque nu, aux yeux de la nature et de la coréenne ? Pourtant, il ne la chassait pas et l'accueillait même de ses voeux - et ce, même si les trajets étaient souvent poncutés de leurs disputes habituelles. La voilà qui refuse sa proposition d'échappatoire et il sourit. Elle était courageuse - il l'avait bien vu avec l'attaque du terroriste sur les nés-moldus, ce petit bout de femme muée en dragonne, et il l'aimait pour cela. Pour cette force en elle, qu'elle camouflait sous ses devants narquois et hautains, sous sa carapace de femme superficielle. Alors qu'il prenait la part de gâteau et la portait à sa bouche, il déglutit en cachant ses lèvres derrière sa main, politesse oblige, puis reprit une conversation plus légère.

Ca te ferait un compagnon de baignade, non ? Je devrais peut-être crier encore plus fort. » Il rit à la saillie sur le kraken. J'ai peur qu'avec quelques décibels de plus, nos oreilles à tous n'éclatent. Evitons l'incident de métamorphose, s'il te plaît. Je n'ai pas besoin de compagnon de baignade » et Nae, prenant sa forme de loutre, l'air outré, opina. N'essayez pas de noyer Jun avec un kraken, il pourrait bien vouloir ne plus remonter, ou d'en tomber amoureux ... Il m'a déjà moi comme compagne de nage, cela lui suffit bien, pas besoin d'un élève stupide transformé en dauphin ou en baleine » gronda la loutre avant de reprendre forme de renard, non sans se faire tirer gentimment une oreille. Tomber amoureux du kraken, hein ? grimaça Jun sans rien dire pourtant. Quoi que… non. Ca nous obligerait à emmener quelqu’un d’autre à la plage. » Nae et Jun opinèrent, contents de voir qu'elle semblait d'accord avec eux. Min-Jun l'observa boire son café et réalisa qu'il n'avait pas encore touché au sien ; il le prit à deux mains sans le boire encore. Est-ce que Soo-Bin voulait elle aussi garder ces instants face à l'océan, juste entre eux ? S'il n'avait plus peur de montrer sa vraie nature, et que son clan encourageait ses hybrides à nager le plus souvent, il était plutôt pudique et avait peu dévoilé sa forme écailleuse sous les regards inconnus. Soo-Bin était la seule à avoir droit à ce traitement régulier. Mais il l'avait surprise à l'observer, sortant de l'eau - à cette pensée, un sourire un peu stupide lui vint aux lippes et il essaya de le camoufler derrière sa tasse.

Les tiens aussi ont du mal à se forger un esprit critique ? »   Hmmm ? » fit-il, bruit de gorge, pas exactement un grognement ni un gémissement, mais juste un bruit rauque, grave, tout aussi chaud que son ton. Il revint à la réalité et chassa quelques idées fantasques de plage et de pluie, et de parapluies, et de silhouettes. Il haussa un sourcil devant l'air inquiet de sa collègue. Leur demandons-nous trop de nous plaire pour avoir des bonnes notes, que, lorsqu’arrivés en études supérieures, ils ne savent plus penser par eux-mêmes ? » Jun cligna des yeux et caressa son menton rasé de frais, désirant y réfléchir avant de répondre. Je ne sais pas s'ils manquent d'esprit critique. Ils se forgent sûrement un avis sur bien des choses, mais peut-être n'osent-il pas aller jusqu'au fond, creuser leurs propres certitudes, pour voir le monde sous une vision différente et ainsi trouver des nuances ou ancrer leurs propres convictions. » C'était là son opinion et il haussa les épaules, l'air de dire qu'il ne savait que dire, en fait. Il réalisa qu'il laissait traîner un peu plus son accent, quand il était en présence de Soo-Bin ; il redressa le dos et but une gorgée du café atiédie, pile à la bonne température. Il continuait de l'observer, par-dessus sa tasse, attendant qu'elle continue sur sa lancée. Min Jun appréciait leurs discussions quand elles devenaient plus profondes et plus sincères. Voilà quelle était leur réelle relation - fondée sur la confiance et l'écoute, la communication.






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Kim Soo-Bin
Kim Soo-Bin
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Yeri n'est pas si grosse que cela. Cesse donc de vouloir absolument contrôler sa vie. Elle n'a pas peur de grossir comme toi. Oh mais je n’ai pas peur de grossir, figure-toi ! Je peux manger ce que je veux, autant que je veux, je ne prends jamais un gramme ! fit-elle avec une moue boudeuse. Attends donc d’avoir des enfants… Les kilos aimeront rester accrochés à tes hanches, après ça… Il suffisait donc de ne pas en avoir, tout simplement. Parfois, Soo-Bin se demandait comment elle avait fait pour dissimuler ce secret à Jun aussi longtemps, et le faire encore aujourd’hui. Il n’y avait que Yeri qui savait qu’elle voyait et parlait à sa défunte famille… Ou du moins pensait réellement pouvoir le faire. Aurait-elle seulement consulté un spécialiste sur la question, on lui aurait bien vite assuré qu’elle ne voyait pas les morts… Mais il était hors de question que quiconque ne sache, que quiconque ne soit au courant de cette vulnérabilité.

Pudique, il cacha sa bouche alors qu’il avalait une bouchée de gâteau. Soo-Bin avait toujours été partagée entre l’exaspération et l’admiration face à la politesse dont le professeur pouvait bien faire preuve. Oh, Soo-Bin avait elle aussi reçu une éducation stricte, mais il fallait croire que l’influence de la mafia et son trop grand esprit d’indépendance et de contradiction venait chambouler tout cela. Serait-elle seulement capable de se montrer polie et mielleuse si la situation l’exigeait ? Elle en doutait fort.

J'ai peur qu'avec quelques décibels de plus, nos oreilles à tous n'éclatent. Évitons l'incident de métamorphose, s'il te plaît. Je n'ai pas besoin de compagnon de baignade. Elle eut un sourire en plongeant ses lèvres dans la boisson amère sucrée de chocolat. N'essayez pas de noyer Jun avec un kraken, il pourrait bien vouloir ne plus remonter, ou d'en tomber amoureux ... Il m'a déjà moi comme compagne de nage, cela lui suffit bien, pas besoin d'un élève stupide transformé en dauphin ou en baleine. Soo-Bin rit plus franchement et lança une œillade à son collègue. Amoureux d’un kraken ? Je ne savais pas que tu avais ce genre de penchant ! Elle ne pouvait s’empêcher d’imaginer le pauvre demi-triton tout enroulé dans des tentacules, à l’image de certains personnages un peu étrange tirés de mangas japonais. Elle se ravisa donc, rejoignant leur avis : ils n’avaient pas besoin d’une autre personne. Il n’aurait plus que manqué ce soit une étudiante. Non non. Hors de question. Soo-Bin était bien placée pour savoir quels émois pouvait causer le corps à demi-nu du professeur de métamorphose.

L’humeur se fit moins légère alors qu’elle changeait de sujet. Elle ne pouvait s’empêcher de repenser à ses derniers cours. Les étudiants avaient du mal à se forger leur propre avis, à creuser plus loin que la surface. Si elle était d’accord sur le fait que l’art pouvait être purement instinctif, sans chercher à associer des rideaux bleus à une période de dépression de l’auteur ou du peintre, elle aurait aimé que ceux suivant son cursus réfléchissent un peu plus sur les messages que pouvait porter une œuvre. Hmmm ? Elle expliqua un peu plus ses pensées alors que Jun ne semblait pas la comprendre.

Je ne sais pas s'ils manquent d'esprit critique. Ils se forgent sûrement un avis sur bien des choses, mais peut-être n'osent-il pas aller jusqu'au fond, creuser leurs propres certitudes, pour voir le monde sous une vision différente et ainsi trouver des nuances ou ancrer leurs propres convictions. C’est là tout le souci, ne crois-tu pas ? J’aimerais qu’ils cherchent, qu’ils fouillent, qu’ils décortiquent… Il est si simple de manipuler le monde à travers l’art et de belles paroles. J’aimerais éviter qu’ils tombent dans les pièges d’un esprit mal intentionné. Distraitement, Soo-Bin agita sa baguette au-dessus de sa tasse pour que le liquide à l’intérieur de celle-ci se réchauffe. Contrairement à Jun, elle le buvait bouillant, sinon il la rendait malade. Elle ne porta pourtant pas le café à ses lèvres tout de suite, se contentant de grignoter l’ongle de son pouce alors qu’elle se perdait dans ses pensées, se disant encore une fois qu’elle était énormément reconnaissante à sa mère adoptive de lui avoir fourni des armes pour affronter ce monde.



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Jun haussa les sourcils, l'air sceptique. Il connaissait peu de gens qui ne craignaient pas de prise de poids. D'un autre côté, qu'importait le poids ? Il n'était pas superficiel au point de reléguer quelqu'un à sa simple masse. Lui, il aimait les esprits vifs et les caractères étincelants - comme une certaine professeure, murmura son esprit, mais il chassa l'idée immédiatement, trop pointue, trop aïgue pour qu'il soit à l'aise avec cela. Il l'avait connue encore étudiante, et s'il ne la voyait plus ainsi, car elle s'était épanouie en une belle femme au tempérament bien trempé, il ne pouvait qu'accepter la différence d'âge. Et si Soo-Bin lui jetait parfois ce qu'il interprétait comme des oeillades approbatrices, il savait que cela ne pouvait mener à rien. Oh vraiment ? Alors pourquoi continuez-vous à agir comme des amants en faute, ou à flirter sous vos remarques et vos insultes ? Il fit taire la voix en buvant une gorgée de café.

Quand la conversation en vint au kraken, Jun leva les yeux au ciel en roulant de ses orbes sombres. Amoureux d’un kraken ? Je ne savais pas que tu avais ce genre de penchant ! » Pitié ne l'encourage pas. Tu sais comme elle peut être invivable quand elle a une idée en tête. Non - quoi qu'on en dise, je ne recherche pas forcément une être de l'eau. Ni qui que ce soit en fait » ajouta t-il une seconde trop tardivement. Parce que si le mariage n'était pas une affaire importante en son coeur, il ne pouvait nier combien le professeur Kim avait prit d'importance pour lui. Mais il ne l'aimait pas, pas ainsi. Il était trop vieux, trop écailleux. Trop mêlé, pour elle si pure, élevée en Russie après sa tragédie familiale.

Discuter ainsi ne le gênait pas le moins du monde ; il était habitué, en réalité, aux conversations plus profondes et plus intellectuelles. Cela faisait du bien, une fois sorti du bain mental des étudiants de secondaire, qui ne volait parfois pas bien haut hélas. Il donna sincèrement son avis et Soo-Bin renchérit aussitô : C’est là tout le souci, ne crois-tu pas ? J’aimerais qu’ils cherchent, qu’ils fouillent, qu’ils décortiquent… Il est si simple de manipuler le monde à travers l’art et de belles paroles. J’aimerais éviter qu’ils tombent dans les pièges d’un esprit mal intentionné », tenant à vider son sac - et ses inquiétudes, à la voir ronger son ongle d'un air préoccupé. Tout aussi doucement et distraitement, il posa une main légère sur la sienne et la guida loin de ses crocs acérés, ses machoires paniquées. Invite les à le faire. Guide les. Je sais que tu fais de ton mieux, mais trouve des alternatives. Tu as devant toi une palettes de caractères et d'êtres qui sont capables de réflexion. Montre leur alors comment quelqu'un d'intelligent, quelqu'un d'aussi futé que toi arrive aux conclusions, louvoie dans les méandres des analyses. Et peut-être qu'un peu moins de cris, cela pourrait aider » fit-il enfin en riant.

C'est mignon de voir combien tu t'inquiètes pour la nouvelle génération. Il y a quoi, dix, douze ans ? Tu étais à leur place. Déjà l'esprit acéré comme le croc d'un basilic. Plus futée que beaucoup. » Nae posa sa grosse tête sur la table et d'un coup de langue, attrapa un gâteau avant d'ajouter, les crocs engourdis de miel, Trop de compliments, Jun. Attention. » Le professeur se recula, réalisant qu'il avait toujours ses doigts proches de ceux de la jeune femme. Ce que je souhaite dire, c'est que tu n'as jamais eu de mal à critiquer et analyser. Au grand dam de certains. Après, il est possible que quelques uns de tes élèves n'aient guère de don dans ta matière. Ne le prend pas personnellement - nombre de mes propres étudiants sont très gauches et malhabiles face à la difficulté de ma matière. » Comme pour jouer, s'amuser, il prit sa propre baguette et transforma l'une des tasses en petite souris blanche ; Yeri et Nae tournèrent aussitôt les yeux vers elle, mais le rongeur courut jusqu'au sorcier et il la laissa se cacher sous sa main en coupe, caressant du bout du doigt le petit front dodu.





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Pitié ne l'encourage pas. Tu sais comme elle peut être invivable quand elle a une idée en tête. Non - quoi qu'on en dise, je ne recherche pas forcément une être de l'eau. Ni qui que ce soit en fait. Un sourire malicieux flotta sur les lèvres de Soo-Bin. Pourquoi s’encombrer, n’est-ce pas ? A quoi pourrait bien servir un époux ? Le ton est sarcastique. Et il est peu aisé de démêler si elle est sincère ou ironique. Même pour elle, la frontière est floue. Un mari peut apporter beaucoup, Soo-Bin ! tempête sa mère à son oreille. Et quoi donc ? L’intéressée avait toujours vu le mariage comme une privation de liberté, surtout parmi les sang-purs et les aristocrates, là où la femme n’avait pas toujours une position reluisante… en tout cas, pas après s’être fait passer la bague au doigt… Combien pouvait s'enorgueillir de rester à la tête de sa famille, une fois offerte à un homme ? Non, aux yeux de Soo-Bin, sa vie était sous régime matriarcal ou rien.

En es-tu bien sûre…? souffla Yeri rien que pour elle. La professeure fit claquer la langue contre son palais. Jun était un bonbon pour les yeux, et le seul partenaire de joute verbale digne de ce nom, rien de plus. Elle n’était pas prête à plus. Elle ne le voulait pas. Vraiment ? Elle chassa la voix de son père en changeant de sujet avec son interlocuteur bel et bien présent. Un sujet qui la préoccupait sincèrement. Derrière sa carapace de vieille pie, comme Jun aimait la qualifier, Soo-Bin avait à coeur le bien-être et la sécurité de ses élèves. Elle était encore hantée par cette attaque, des années plus tôt… et la propagande se faisait si bien à travers les arts. Chaque œuvre n’était-elle pas, après tout, politique ? Ne mettait-elle pas elle-même ses propres convictions, ses propres idéaux, dans ses contes pour enfants ?

Elle battit des paupières en sentant les doigts du professeur Sun sur les siens, délogeant son ongle de ses quenottes. Invite-les à le faire. Guide les. Je sais que tu fais de ton mieux, mais trouve des alternatives. Tu as devant toi une palette de caractères et d'êtres qui sont capables de réflexion. Montre leur alors comment quelqu'un d'intelligent, quelqu'un d'aussi futé que toi arrive aux conclusions, louvoie dans les méandres des analyses. Et peut-être qu'un peu moins de cris, cela pourrait aider. Elle esquissa une moue alors qu’il riait. Elle ne voyait rien d’amusant dans son inquiétude. C'est mignon de voir combien tu t'inquiètes pour la nouvelle génération. Il y a quoi, dix, douze ans ? Tu étais à leur place. Déjà l'esprit acéré comme le croc d'un basilic. Plus futée que beaucoup. La langue de la Coréenne claqua à nouveau contre son palais. J’ai quitté les bancs de l’école il y a huit ans, ne me rajeunis pas trop, s’il te plaît. Oh, évidemment, elle n’aimait guère qu’il la taquine à propos de l’apparition de potentielles rides… mais elle refusait qu’on lui enlève de ces années où elle avait grandi, appris, mûri. Paradoxe ambulant qu’elle était, à vouloir garder le visage d’une jeune femme, mais en gagnant cette expérience que seuls les ans pouvaient offrir. Elle voulait le beurre, l’argent du beurre… et le cul du crémier.

Crémier qui se recula, éloignant la proximité de leurs phalanges. Ce que je souhaite dire, c'est que tu n'as jamais eu de mal à critiquer et analyser. Au grand dam de certains. Après, il est possible que quelques-uns de tes élèves n'aient guère de don dans ta matière. Ne le prend pas personnellement - nombre de mes propres étudiants sont très gauches et malhabiles face à la difficulté de ma matière. Il transforma une tasse en souris, et Soo-Bin la regarda détaler pour échapper au regard des deux prédateurs qui les accompagnaient. Ils sont en études supérieures, s’ils ne se sentaient pas capables d’assumer ce cursus, ils n’avaient qu’à en choisir un autre. Ils sont assez grands pour faire leurs choix, non ? Ou peut-être pas, justement, si elle continuait le fil de sa pensée. Si on ne leur apprenait pas à réfléchir hors du cadre durant leurs premières années… comment pouvaient-ils faire des choix éclairés sur leur avenir ?

A nouveau, ses lèvres se plissèrent, ainsi que l’espace entre ses sourcils. Elle se renfonça sur sa chaise et croisa les bras. J’essayerai de moins crier… mais c’est usant de les voir attendre que ça leur tombe tout cuit dans la bouche. Oh, elle avait peut-être eu une vie dorée, soutenue par les Maximoff et leurs liens sombres, mais elle en avait bavé, elle avait dû se battre pour s’imposer… N’est-ce pas ?



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Pourquoi s’encombrer, n’est-ce pas ? A quoi pourrait bien servir un époux ? » Il ne s'attendait pas à une répartie aussi virulente. Mais en y réfléchissant bien, que de plus naturel pour une femme aussi indépendante ? Jun ne l'imaginait nullement mariée, soumise à un homme quelconque. Il n'était pas dans la personnalité de Soo-Bin de laisser personne lui donner des ordres. Elle prenait sa vie à bras le corps et vivait comme elle l'entendait. C'était rafraîchissant, quand on y pensait, même si les femmes occidentales avaient également ce penchant. Il haussa les épaules à sa question qui n'en était pas une ; il n'avait pas de réels arguments à donner et elle les aurait, de toute façon, tous fusillé de contre-arguments dont elle avait le secret. Elle est mieux seule, sussura une voix en lui, sournoise, tandis que Nae, contre sa cuisse, contredisait : mais tu es là avec elle, toi » et c'était un bris de voix si bas, un souffle si court qu'il n'y avait que lui qui avait pu entendre la renarde.

Que pouvait-il déduire de tout cela ? Il avala une gorgfée de son café glacé, pour se laisser le temps de creuser ses méninges. Soo-bin aimait sa solitude relationelle, mais elle ne rechignait pas à l'accompagner lors de ses longues baignades. Des rumeurs avaient longtemps parcouru les couloirs sur leur relation cachée - personne ne pouvait se disputer comme ils le faisaient sans se réconcilier ensuite. Sur l'oreiller, de préférence. Mais comme cela continuait, sans répercussions, les rumeurs fluctuaient. Aucun d'eux n'avaient jamais donné crédit ou prit le temps de nier ces racontars. Comment réagirait-il si la demoiselle et lui ... Non, cesse tes songeries inutiles, vieux poisson, se morigéna t-il. Il préféra reprendre le cours de la conversation et sentit un sourire poindre quand elle éloigna son ongle de ses crocs. Tout en lui expliquant le fond de sa pensée, il l'observait doucement de son regard intense, sombre comme l'obsidienne. Encore une fois, le claquement - il savait ce dont il s'agissait, la langue de Soo-Bin qui heurte son palais. Cela lui rappelait les leçons d'équitation et les bruits que faisaient certains cavaliers pour encourager leurs montures. J’ai quitté les bancs de l’école il y a huit ans, ne me rajeunis pas trop, s’il te plaît.   » Il eut un nouveau rire bas, cachant son amusement de sa main, poliment. Pardonne mon mauvais calcul, étant donné que nous nous sommes croisés lorsque tu étais encore en études ici, je mélange parfois les dates. »

C'était vrai. Il avait l'impression, depuis qu'elle était revenu comme adulte dans les couloirs de Dumrstrang, de la connaître depuis toujours, en un sens. Si leurs disputes et leurs noms d'oiseau résonnaient dans l'école, c'était sa présence qu'il cherchait - et celle de Nae - quand il allait mal. Il ne l'aurait jamais avoué, bien sûr, trop fier pour cela, mais c'était Soo-Bin sur laquelle il comptait le plus. Et il avait beau l'ennuyer sur son physique, ses rides, son âge, sa coiffure, tout ce qui était bas et mesquin, durant leurs rixes verbales, il n'en pensait pas moins : Soo-Bin était son amie, quelqu'un de proche qui connaissait la plupart de ses secrets et avec qui converser était un plaisir. Il reprit la conversation, d'ailleurs, non sans se divertir d'une tasse changée en rongeur qu'il protégea du bout de la main. La souris se mit à frotter son museau contre ses digitales et il frissonna sous la fourrure douce. Nae observait, jalouse et envieuse. Ils sont en études supérieures, s’ils ne se sentaient pas capables d’assumer ce cursus, ils n’avaient qu’à en choisir un autre. Ils sont assez grands pour faire leurs choix, non ? » Vraiment ? Tu ne penses pas que certains peuvent être influencés, qu'il s'agisse de leurs familles, de leurs amis ... L'âge ne fait pas la maturité, tu le sais bien. Quand bien même ils auraient des lacunes, peut-être comptaient-ils sur l'enseignement pour les combler. »  Il était proche de la conscience de Soo-Bin, songeant que de tels adultes, s'ils n'étaient guère encluns à penser par eux-même, ne pouvaient donner de bons analystes ou critiques. Comment es-tu devenu aussi critique, toi ? Inspires-toi de ta propre expérience, de tes propres études pour les inciter à réfléchir. Ils possèdent un cerveau - du moins l'anatomie humaine soulève ce point - alors ils devraient être capables de s'en servir » ajouta t-il avec un sourire sarcastique.

Tandis que Soo-Bin faisait encore la moue, il termina son café et relâcha la souris. Alors que Nae et Yeri sursautaient, un coup de baguette et elle reprit son apparence normale - une très jolie tasse à l'aspect brillant. Nul poil, nul indice qu'elle eut été vivante, rongeur, une seconde avant. J’essayerai de moins crier… mais c’est usant de les voir attendre que ça leur tombe tout cuit dans la bouche. » Jun leva les yeux et faillit répondre mais retint quelques instants ses mots. Il baissa les yeux et inspira lentement avant de dire, doucement :   Peut-être que certains ont des difficultés dont tu ne sais rien. Ou peut-être est-ce de la paresse. Je ne saurai dire. Mais je sais que tu sauras gérer cela. » Il l'encourageait avec presque un brin de timidité. Il repoussa ses cheveux en arrière et haussa encore les épaules. Tes cris semblent juste les terrifier, les paralyser plutôt que les encourager à mettre leurs méninges en branle. Quand la cravache ne fonctionne pas, les caresses ou les récompenses peuvent être l'issue. Essaye d'aviver leur esprit de compétition ? » C'était là une proposition, mais il était sûr qu'elle y avait déjà pensé. Soo-Bin était intelligente. Mais il souhaitait vraiment l'aider sur ce point, malgré le fait qu'il n'ait rien à voir avec ce cursus.






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Pardonne mon mauvais calcul, étant donné que nous nous sommes croisés lorsque tu étais encore en études ici, je mélange parfois les dates. Ça semblait si loin, et pourtant, comme si c’était hier… Surtout cette fois où elle l’avait surpris allant se baigner. Elle avait découvert ce secret qui était le sien… et une silhouette bien agréable à regarder. Lui qui avait osé la punir, lui mettre une heure de retenue… Elle ne savait même plus vraiment pour quoi il l’avait fait… Elle avait eu envie de se venger et… Ce visage aux traits lui rappelant son enfance, ce léger accent qui la menait vers l’Est… Toute en paradoxe, les sentiments que faisait naître le professeur Sun en elle n’échappaient pas à la règle : nostalgie… mélancolie… irritation… exaspération… réconfort… désir… Quelle était la raison profonde qui la poussait à l’accompagner à chacune de ses baignades ? Elle se posait régulièrement la question, sans jamais vraiment trouver de réponse.

Vraiment ? Tu ne penses pas que certains peuvent être influencés, qu'il s'agisse de leurs familles, de leurs amis ... L'âge ne fait pas la maturité, tu le sais bien. Quand bien même ils auraient des lacunes, peut-être comptaient-ils sur l'enseignement pour les combler. M-mmh, se contenta-t-elle de répondre. Comment es-tu devenu aussi critique, toi ? Inspires-toi de ta propre expérience, de tes propres études pour les inciter à réfléchir. Ils possèdent un cerveau - du moins l'anatomie humaine soulève ce point - alors ils devraient être capables de s'en servir. Cette fois-ci, elle éclata de rire. Comment était-elle devenue aussi critique ? Je suis devenue aussi critique parce que je refusais la plupart des règles, des carcans sociétaux qu’on m’imposait ! J’ai observé, étudié, ce monde qui m’entourait pour mieux en trouver les failles, pour mieux contourner les règles et pouvoir agir comme bon me semblait. Et c’est de cette façon que j’ai appris à décortiquer les choses, à lire entre les lignes. Elle avait toujours cherché à voir plus loin… pour son propre intérêt… et c’était ainsi qu’elle avait appris que la plupart des politiciens n’avaient eux aussi que leurs propres intérêts à cœur.

Ses élèves, par contre… la plupart lui semblait se complaire dans leur statut de petits moutons dociles. Qu’allait bien pouvoir devenir leur société sans des esprits vifs et curieux ? S’ils se contentaient de gober tout ce qu’on leur servait sur un plateau… Ils ne vaudraient pas mieux que ces jeunes Moldus abrutis par leur téléphone portable. Peut-être que certains ont des difficultés dont tu ne sais rien. Ou peut-être est-ce de la paresse. Je ne saurai dire. Mais je sais que tu sauras gérer cela. Le regard de la sorcière se perdit dans le tracé des doigts de son interlocuteur à travers ses mèches sombres. Tes cris semblent juste les terrifier, les paralyser plutôt que les encourager à mettre leurs méninges en branle. Quand la cravache ne fonctionne pas, les caresses ou les récompenses peuvent être l'issue. Essaye d'aviver leur esprit de compétition ? De nouveau, elle porta son ongle à sa bouche pour le mâchouiller, songeuse. Elle y avait pensé, oui, mais elle ne parvenait jamais réellement à trouver une récompense qui pourrait plaire à ces jeunes.

Le souci, c’est que je n’arrive pas à trouver ce qui pourrait les intéresser suffisamment pour qu’ils veuillent se battre pour l’obtenir. La perspective d’une mauvaise note ne semble pas les bouleverser plus que ça… qu’est-ce qui pourrait bien leur faire envie au point qu’ils se démènent pour l’obtenir ? Il était difficile de réfléchir à la question, quand elle-même avait toujours été curieuse, critique… Elle avait du mal à comprendre comment on pouvait être autrement. Comment on pouvait se contenter du basique, sans chercher à plus. Soo-Bin aspirait à l’exceptionnel, à l’inattendu.



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