jeudi 30 mars 2023, 13h12 Sur la table, un plateau abandonné : l'assiette est encore remplie d'une pile de morceaux choisis de citrouille rôtie accompagnée d'une mare de pâté de racine de mandragore séchée, la carafe d'eau feu-glace est à moitié versée dans le verre et à moitié renversée à côté, un petit présentoir de desserts variés lévite patiemment. À côté, le début de la fin : un petit tas de feuilles (parchemins, carnets à petits carreaux et post-it se mélangent dans un savant (dés)équilibre coloré) menace de tomber dans la sauce tomate pimentée au souffle draconique, une grille de runes occupe la place voisine, des objets de nature variée s'étalent. Le joyeux bazar coule de la table jusqu'au banc, sur lequel Hana semble presque accroupie. Les cheveux en bataille, la tête penchée, elle observe le minuscule chaudron posé entre ses jambes pliées. Elle l'observe les yeux plissés, avec beaucoup d'intensité.
Finalement, elle semble se décider. Cela se voit de deux manières : les plus observataires peuvent constater que sa baguette, inerte jusque là, commence à dessiner des petits ronds. Les autres constateront avec plus d'aisance que Trash King a mis fin à sa sieste, qu'il a sauté de son nid douillet (le sac à dos d'Hana, posé sur le banc derrière la rouquine) sur la table du repas malgré les récriminations de leurs camarades qui, eux, sont en train de manger et ne souhaitent ni de poils de raton-laveur dans leurs plats ni des pieds poussiéreux de l'animal qui s'est traîné dans tous les recoins de l'île sur la table qui accueille leurs repas. Sans s'en soucier, King se tient, poil hérissé, regard fixé sur la scène, prêt à bondir. Il se prépare à éteindre le début d'incendie potentiel. Il observe avec intérêt les expériences sécurisées de sa sorcière. Enfin, la formule s'échappe d'entre ses lèvres, Incendio, et la lumière orange comme ses cheveux jaillit du bout du bâton de bois et le feu prend.
Mais le feu ne prend pas uniquement là où elle voulait et Trash King se met à crier hhhhhhhhhhhh et Hana saute sur ses pieds, une jambe de part et d'autre du banc, tentant de sauver d'abord ses notes avant le mobilier de l'école. Son regard s'éparpille dans le réfectoire mais ses alliaes sont trop loin, elle tente un Aguamenti au moment même où son fylgia bondit et c'est un mélange de fourrure cramée et de bestiole mouillée qui s'étale de tout son long (ou plutôt tout son large) sur le chaudron et le banc et absorbe le feu. Le pire est évité malgré les hurlements de hyène de ses camarades et Hana lève les yeux au ciel avant de ranger rageusement son matériel dans sa besace. D'un pas décidé, elle se dirige vers la statue de Loki, s'y plante et du bout de sa baguette encore fumante, dessine des lettres de lumière verte et les envoie magiquement trouver leur destinataire.
Plus d'autre solution : elle a besoin de lui pour calibrer les runes.
Place au club.

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Bien installé à l’abri des regards dans une des alcôves du château, Einar chantonne distraitement une des chansons des Lucky People tout en gravant de nouvelles amulettes. Le marché de Yule s’est étonnamment bien passé et leur stand a eu un petit succès, notamment grâce aux cartes de visite suggérées par Alfhild, si bien qu’iels ont eu quelques commandes depuis et que le nom de Varða commence à se faire un début de réputation, à leur grande surprise et surtout leur grand plaisir ! Installée entre ses jambes tendues, Myr somnole, agitant de temps en temps une oreille lorsque les mains de son sorcier la frôlent d’un peu trop près. C’est un moment très calme, paisible, que tous les deux savourent, conscients que c’est quelque chose de très rare.
D’ordinaire le jeune homme a tendance à courir partout, s’giter sans cesse, mais ces derniers temps il essaie de nouvelles choses. Tandis que ses mains s’affairent, Einar laisse son esprit vagabonder, sans forcément chercher à le retenir. Quelques bribes d’images et de sons lui viennent – des choses passées, des réflexions, mais aussi des bribes qui ne lui appartiennent pas… peut-être des souvenirs, des débuts de vision… Depuis quelques temps, il s’entraine à laisser les choses venir à lui, visions ou non, espérant pouvoir mieux comprendre son pouvoir et mieux le maîtriser… maîtriser en essayant de ne pas contrôler, très contre intuitif, mais il teste en tous cas.

Une lumière verte vient le sortir de sa méditation créative, et il relève la tête au moment où des lettres se dessinent devant lui. Un sourire apparait sur ses lèvres lorsqu’il reconnaît cette magie, avant même d’avoir lu le message. Il en prend rapidement connaissance et son sourire s’accentue. Myr pousse un petit soupir et s’étire avant de se lever pour le laisser ranger son matériel : « Je suppose qu’on va dans la salle de travaux manuels ? ». Son sorcier hoche la tête, terminant de refermer son sac avant de lui faire un signe de tête pour l’encourager à se mettre en route. Avec un nouveau soupir, la hase finit par le suivre dans les couloirs de l’institut, regrettant presque sa sieste. Devant elle, Einar n’est pas du même avis. Même s’il a adoré ce moment de calme, il se réjouit de rejoindre la salle et de pouvoir à nouveau tortiller son esprit sur le problème que sa camarade va sans aucun doute lui soumettre.

Il apprécie beaucoup Hana. Sa cadette est vive, intelligente, et déborde d’une énergie qui ne semble pas connaître de fin. Il est très admiratif du regard neuf qu’elle porte sur des choses qui paraitraient évidentes à d’autres ; souvent elle lui propose des idées auxquelles il n’aurait même pas pensé ! En un mot, il la trouve brillante. Il adore essayer de répondre au mieux à ses questions beaucoup trop avancées pour son niveau d’étude, écouter ses idées d’inventions ou même juste travailler côte à côte ensemble, se tendant de temps en temps un outil ou se suggérant une modification.
Einar arrive enfin à la salle réservée au club et pousse la porte tout en lançant avec enthousiasme : « Dis-moi tout ! Sur quoi on travaille aujourd’hui ? ».