Please ensure Javascript is enabled for purposes of website accessibility
-20%
Le deal à ne pas rater :
Ecran PC GIGABYTE 28″ LED M28U 4K ( IPS, 1 ms, 144 Hz, FreeSync ...
399 € 499 €
Voir le deal


What's in your head, in your head? ~ Flashback – Ha-Ru
2 participants
Einar Bråthen
Einar Bråthen
SKJERME Förtroende som beviljas utesluter inte uppmätt misstro



What's in your head,
in your head?


Flashback - Fin Septembre 2022

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]



Avec un grand sourire, Einar se dirige vers la salle de musique. Toute la journée l'envie de jouer l'a démangé et il n'attendait qu'une chose : enfin pouvoir s'éclipser et se plonger dans sa musique pendant plusieurs heures. Ses amix ne se formalisent même plus lorsqu'iels le voit enfourner son dîner avec empressement, et se contentent de le saluer avec un sourire lorsqu'il quitte la table. Un crochet par son dortoir pour récupérer son violoncelle et le voilà déjà en route vers ce petit moment à lui seul. Il essaie d'éviter les regards et de se faufiler le plus discrètement possible entre les groupes déambulant dans les couloirs en direction du réfectoire. Le souvenir fugace de ses premières années à Durmstrang lui revient : il ne maîtrisait pas encore le sort de rétrécissement qu'il applique désormais à son étui et devait se promener avec cet immense étui sur le dos qui attirait beaucoup trop l'attention sur lui et confirmait sa réputation de gamin étrange. Il chasse ce souvenir avec une grimace et songe que c'est aussi grâce à cette allure qu'il a pu rencontrer ses amix, qui était terriblement intrigué·e·s par l'instrument.

Lorsqu'il atteint enfin la salle de répétition, il pousse presque un soupir de soulagement en voyant qu'elle est vide. La stratégie de venir pendant les heures de repas paye ! Non pas qu'il n'aime pas jouer avec des gens –il adore !– mais parfois il ressent le besoin de jouer seul, sans se soucier du monde extérieur, d'être juste lui et sa musique... Il sort l'étui de sa poche et lui redonne sa taille normale avant d'en extraire le violoncelle. C'est un modèle électrique, simple, un long manche sombre avec un tout petit corps au bout. Même s'il n'apporte pas la même rondeur et le même confort que le violoncelle traditionnel qui se trouve chez sa mère, il a l'avantage de lui permettre de tester des choses. Depuis quelques mois, Einar se passionne pour l'utilisation d'un objet moldu qui le fascine : le looper. Il a travaillé longuement à adapter le dispositif pour qu'il fonctionne dans un contexte magique et doit avouer que le résultat est plutôt satisfaisant : d'une simple pression du pied, l'appareil enregistre ce que le violoncelle joue, puis il rejoue cette bande en boucle, permettant au musicien d'ajouter de nouvelles boucles, encore et encore, jusqu'à former un ensemble. Il a prévu d'utiliser cette technique pour sa prochaine scène ouverte au Triskèle, mais il lui faut la travailler encore un peu pour être sûr de ne pas se planter devant tout un public.

En temps normal, il utilise un casque pour ne pas déranger et/ou se focaliser sur ce qu'il fait en bloquant les bruits extérieurs, mais aujourd'hui, compte tenu de l'heure, il décide de passer outre et monte même un peu plus le son que d'ordinaire, tout en commençant à échauffer ses doigts sur de simples gammes. Sa routine musicale se déroule sans accroc, c'est une seconde nature pour lui à ce stade, après tant d'années à pratiquer, si bien qu'il le fait presque mécaniquement aujourd'hui, là où enfant il buttait sur quasiment chaque note. Ce souvenir lui arrache un sourire nostalgique tandis qu'il termine la routine. Il se tourne enfin vers le boîtier posé à ses pieds avec un sourire et commence ses tests.

Aujourd'hui, il va tester une reprise, plus simple pour appréhender le matériel mais aussi pour déconnecter un peu. Il s'est décidé il y a quelques jours pour une chanson d'un groupe moldu qu'il aime bien et qui devrait bien rendre au violoncelle. Il a appris la partition et écouté la chanson encore et encore jusqu'à pouvoir la jouer de mémoire (car non, il n'a pas l'oreille absolue, juste une mémoire impressionnante pour ce genre de choses!). Il joue tout de même quelques mesures histoire de vérifier qu'il a bien le morceau en main avant de commencer. A l'aide du looper, il commence par enregistrer la base, puis ses harmonies, puis la ligne de basse, ajoute un peu de rythme aux doigts et déjà il a l'impression que tout un groupe l'accompagne alors qu'il est seul. Enfin, il se lance dans la ligne musicale principale. Il se laisse porter, les yeux fermés, hochant de temps en temps la tête avant de se laisser totalement aller au moment du refrain, profitant du moment, un sourire aux lèvres. Le résultat rend si bien, Einar pousse un petit rire de soulagement en terminant le morceau tandis que Myr, sous sa forme de harfang, volette au dessus de la salle avec enthousiasme, offrant un ballet aérien au fil du morceau.

Iels sont tellement tout à ce moment qu'iels ne remarquent pas tout de suite la présence d'une nouvelle personne dans la salle. C'est Myr qui réalise la première : elle vient délicatement se poser sur le manche de l'instrument. « Einar » prévient-elle doucement tandis que son sorcier joue les dernières notes. Le jeune homme met quelques secondes à émerger de sa transe musicale et se tourne lentement dans la direction que la chouette fixe, clignant des yeux en direction de la silhouette qui se tient là. Il sent le rouge lui monter aux joues en découvrant ce public surprise et bredouille presque malgré lui « Pardon, c'était peut-être un peu trop fort, je ne voulais pas déranger ».


Playlist:
Ha-Ru Strandgaard
Ha-Ru Strandgaard
TRØBBEL För att nå toppen av trädet måste du sikta mot himlen
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]

What's in your head, in your head ?

Fin septembre 2022 [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

Le corps revigoré par une petite virée dans les eaux entourant l’école de Durmstrang, je reviens lentement vers l’établissement que je vois briller au loin, éclairé par les centaines de torches qui illuminent la bâtisse.

J’ai encore du mal à m’habituer à mon nouveau quotidien. Pratiquement un mois que je suis ici et je me sens toujours comme un étranger. Un mois à Durmstrang mais un an déjà que j’ai quitté la douceur de mon pays natal. Qui me manque terriblement.

La maison, la petite crique que je considérais comme mon petit royaume personnel, grand-mère Soo-ah, nos moments partagés à discuter, rire, cuisiner. Mon coeur se serre. J’essaie de prendre régulièrement de ses nouvelles, mais ce n’est pas évident. La connexion ici est catastrophique. La faute à ces foutus interférences magiques.

En Corée, je n’avais pas ce genre de problème. J'habitais au beau milieu d’une ville moldue, ma mère n’utilisait que peu la magie - pour peu qu’elle daigne même faire acte de présence - et moi-même je préférais vivre à la manière moldue, n’utilisant la magie que pour les cours ou lorsque c’était vraiment nécessaire. Mais ici, dans le pays natal de mon père, tout est si différent.

J’ai encore du mal à me faire à cet exil forcé. J’essaie de le prendre comme l’expérience d’une vie. Mais la seule chose que je vois, c’est qu’on m’a une fois de plus arraché à ce que j’aime. L’unique chose dont je sois sûr, c’est de l’amour que me porte la déesse Rán.

Ce que certains considèreraient comme une malédiction, je le considère comme un don, un cadeau précieux insufflé par la déesse Rán lorsque celle-ci s’est penchée sur mon berceau. Il m’a certes fallu quelques années avant de l’accepter, mais jamais la déesse ne m’a abandonnée. Elle a toujours été à mes côtés et elle est la seule chose inextinguible de mon existence.

Je franchis les portes de l’école et traverse les longs couloirs froids et vides à cette heure de la journée. Ils sont tous à table, en train de déguster ces spécialités auxquelles j’ai parfois du mal à m’habituer. La nourriture scandinave me semble quelque peu fade, comparée à celle que je mangeais en Corée. Moi qui adore manger épicé, on ne peut pas dire que ce soit la spécialité du coin.

Que ne donnerais-je pas pour manger la délicieuse soupe aux algues et aux oursins de grand-mère Soo-ah ! Ou simplement pouvoir me préparer n’importe quel plat de chez moi. A Jeju, je passais énormément de temps en cuisine ou à tester toutes sortes de plats dans divers restaurants. Mais ici, impossible. Il y a peut-être - sûrement - une cuisine dans cette école mais, de 1) est-on autorisés à y aller ? Et de 2) où est-elle ?

Je n’ai certes pas énormément exploré l’école, me contentant de suivre mes cours - seule chose qui me donne vraiment envie de me lever le matin, en dehors de l’obligation de passer mon corps sous l’eau - mais je n’ai entendu personne parler des cuisines accessibles de l’école.

Je pourrais peut-être demander une dérogation spéciale à un de mes professeurs ? Pour le maintien de la santé mentale d’un des élèves, on pouvait bien donner ce genre de permission non ?

L’autre chose qui me manque le plus - et pas des moindre - ce sont mes cessions de stream et de jeux vidéo. C’était mon refuge, mon second souffle, et ça m’a été aussi enlevé. Je ne perds pas espoir de reprendre mes activités comme je les vivais en Corée, mais avec tous les sorts de protections qui entourent l’école, je n’ai pas la moindre chance de réussir ce miracle ici.

Je dois donc me contenter de vivre comme au moyen âge, sans connexion, avec des bougies et des flambeaux en guise d’électricité et aucun moyen de communiquer avec le monde extérieur sauf en envoyant des pigeons voyageurs - des hiboux oui, mais dans le principe, c’est la même chose.

Je soupire à moitié de désespoir, à moitié de résignation. Après tout, c’est moi qui ait demandé à reprendre mes études. J’aurais très bien pu aller vivre au beau milieu de la Scandinavie parmi les moldus. Ou pas. ll faudrait pour cela que j’échappe à la surveillance du patriarche de la famille Strandgaard qui semble décidé à garder sa généalogie à portée de main. Du moins ceux qui l’intéressent.

Le son des couverts qui s’entrechoquent contre les assiettes me parvient au loin, mais ce soir, je n’ai pas envie de me retrouver au milieu de cette foule d’élèves qui me dévisage au mieux comme une étrangeté, au pire comme un monstre.

Non, ce soir je ne me sens pas la force d’affronter ces regards. De toute façon, je n’ai pas très faim, autant me rendre directement dans ma chambre. Il doit me rester quelques gâteaux à grignoter. Ça fera parfaitement l’affaire jusqu’à demain.

Je jette un œil à Bam, ma fylgia, qui marche tranquillement à mes côtés sous sa forme d’ocelot. Par moments, j’ai l’impression d’y voir une apparition de la déesse Rán. Son calme, sa douceur, sa façon de me rassurer. Je sais bien que tous les sorciers ont leur propre compagnon, mais une part de moi voudrait que la divinité des mers ait profité de cette opportunité pour me faire parvenir une part d’elle-même.

Je traverse les étages sans vraiment prêter attention à ce qui m’entoure, me fiant à mon sens de l’orientation. Avec mon don de sirène, j’arrive toujours à retrouver mon chemin. Lorsque je suis dans l’eau, je sais constamment où je me trouve, comme une sorte de sixième sens. Sur terre, il n’est pas aussi développé, mais je sais au moins quelle direction prendre.

Mes pas me portent machinalement, jusqu’à ce que je me rende compte qu’ils se dirigent vers une étrange mélodie qui résonne en moi comme une deuxième âme. Est-ce que j’hallucine ? Non, le son prend de plus en plus d’ampleur et se répercute contre les murs de pierres. C’est magnifique. Je n’ai jamais rien entendu de tel et je suis littéralement transcendé par la mélopée.

Une porte entrouverte m’indique que les notes proviennent de cette pièce. J’hésite à entrer, mais c’est plus fort que moi, attiré comme un aimant par cette mélodie. Le spectacle qui s’offre à moi est tout aussi déroutant que fascinant.

C’est un jeune homme qui doit avoir à peu près mon âge qui produit ce petit concerto à lui seul. Je reste quelques secondes à admirer cette harmonie qui se dégage de sa musique et de son être, hypnotisé. Je ne me rends pas compte tout de suite du silence qui retombe doucement sur nous, encore chamboulé par ce que je viens de découvrir.

“Pardon, c'était peut-être un peu trop fort, je ne voulais pas déranger”

Trop fort ? Déranger ? Je mets quelques secondes à comprendre qu’il s’adresse à moi. Et quelques secondes de plus pour me rendre compte que je suis entré sans invitation et que je l’observe comme pourrait le faire un psychopathe. Si je remarque à peine le rouge qui colore ses joues, je sens parfaitement les miennes se mettre à picoter et se teinter de la même couleur. Je détourne immédiatement les yeux, incapable de soutenir le regard de cet inconnu que je viens de déranger.

“Je… non c’est moi… je… je suis arrivé et j’ai entendu et…”

En temps normal je n’ai aucun problème pour m’exprimer - si on excepte ce petit accent qui perdure malgré moi - mais je suis si perturbé que je manque de me mettre à lui parler en coréen. Je me reprends néanmoins.

“Je te présente toutes mes excuses, je n’aurais pas dû entrer.”

Je marque quelques secondes de pause cherchant une justification valable à ma présence impromptue.

“J’ai entendu la musique et c’était si beau… ça m’a attiré comme… une âme perdue vers la lumière.”

Mon regard remonte légèrement et se pose sur l’étrange instrument que mon interlocuteur tient en main.

“C’est avec ça que tu jouais cette mélodie ?”

Mon ton se fait immédiatement plus enjoué. Je n’y connais pas grand-chose en musique, pour ne pas dire rien du tout. Je sais reconnaître une flûte, une guitare et un piano. ça s’arrête là. Ma mère a bien essayé de m’apprendre les bases du solfège et du piano lorsque j’étais plus jeune, mais elle a vite abandonné, son dégoût envers moi ayant déjà empoisonné son cœur.

Mais j’ai toujours été fasciné par ceux qui savent jouer d’un instrument. Ils donnent l’impression de manipuler le monde pour le faire résonner jusqu’au tréfond de nos âmes. Je trouve ça merveilleux. Sans réfléchir, ma gêne à présent oubliée, je plonge un regard fasciné dans les yeux du jeune homme devant moi.

“Tu fais de la musique depuis longtemps ? Ce que j’ai entendu tout à l’heure, c’était juste… merveilleux !”

Je dois avoir l’air d’une étrange groupie sortie de nulle part mais tant pis. Je suis incapable de contenir cet entousiasme qui saisi mon coeur. Soudain je me rends compte que je ne me suis même pas présenté.

“Oh et euh je m’appelle Ha-Ru. Ha-Ru Strandgaard et toi ?”

Codage par Libella sur [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
Einar Bråthen
Einar Bråthen
SKJERME Förtroende som beviljas utesluter inte uppmätt misstro



What's in your head,
in your head?


Flashback - Fin Septembre 2022

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]



« –  Pardon, c'était peut-être un peu trop fort, je ne voulais pas déranger...Je… non c’est moi… je… je suis arrivé et j’ai entendu et… » Son spectateur surprise détourne le regard, tout aussi rouge que lui à présent. Einar reconnaît le nouvel élève arrivé cette année. Un Strandgaard, de mémoire ? Pour être honnête, il n'a pas vraiment fait partie des gens se précipitant vers lui, ni prêté oreille aux chuchotis à son sujet. Il ne sait que trop bien ce que ça fait de se retrouver dans un nouvel établissement pour l'avoir vécu la majorité de son enfance, parfois même en cours d'année scolaire. C'est assez rare à Durmstrang que de nouveaux visages apparaissent en cours de cursus pour que son arrivée ait fait l'objet d'un petit événement. Les deux sorciers n'ont pas de cours en commun, mais il l'a parfois croisé à la bibliothèque ou dans les couloirs – souvent seul. Einar jette un œil vers sa fylgia, un ocelot assez impressionnant, qui se tient sagement aux côtés du jeune homme. Il ne saurait pas dire pourquoi, mais quelque chose chez le jeune homme résonne avec lui, une forme de nostalgie et quelque chose de plus complexe qu'il n'arrive pas bien à nommer.

« Je te présente toutes mes excuses, je n’aurais pas dû entrer. » Au moment où le sorcier reprend la parole, Einar réalise qu'il l'a peut-être fixé avec intensité un peu trop longtemps, perdu dans ses pensées. Il cringe intérieurement et une petite bouffée de panique l'envahit, qu'il essaie de chasser aussitôt en se concentrant sur l'interaction. C'est à ce moment là qu'il remarque le léger accent et le niveau de langue légèrement soutenu que les personnes qui apprennent la langue ont tendance à avoir. Il sourit pour essayer de le mettre à l'aise – et de faire oublier le fait qu'il vient de le fixer en silence comme un weirdo – tandis que le jeune homme continue : « J’ai entendu la musique et c’était si beau… ça m’a attiré comme… une âme perdue vers la lumière. Comme le chant des sirènes ? » répond du tac au tac Einar avant de tiquer. Une fois encore il a parlé avant de réfléchir, à l'instinct, porté par... ses intuitions ? Il grimace légèrement et essaie de se rattraper, espérant que le jeune homme face à lui ne relève pas : « Euh... C'est une salle commune, ne t'en fait pas, elle est accessible à tout le monde en tant normal. J'ai juste été surpris, je pensais être seul à l'heure du repas. » Il laisse un temps de silence et finit par rire nerveusement : « De toute façon je m'entraîne pour un concert, donc il faut que je m'habitue à avoir du public je suppose ! ». Il ne précise pas que c'est tout de même un peu différent de jouer face à un public où tous les visages se floutent pour ne former qu'une masse que de jouer face à une poignée de personnes qui te fixent en silence. Mais après tout, il a déjà été embauché pour faire musique de fond dans des soirées de sang-purs, y a-t-il public plus difficile après celui-là ? Distraitement, il se demande si le morceau qu'il vient de jouer passerait à ce type de soirée – une idée assez amusante, de la musique moldue à un de ces événements, il faudra qu'il y réfléchisse !

« C’est avec ça que tu jouais cette mélodie ? » Son spectateur fixe le violoncelle toujours calé entre ses jambes et Einar sourit en passant sa main sur l'instrument avec affection. « Oui, répond-t-il doucement. C'est un violoncelle électrique. Euh, c'est une version moldue de l'instrument classique qui permet de le rendre plus léger et de faire d'autres modifications ? Je l'ai modifié avec un sort pour qu'il  fonctionne ici sans ampli, pareil avec le boîtier... » Il se coupe, n'osant pas entrer trop dans les détails par crainte de le perdre totalement – certains sorciers ont du mal à comprendre la technologie moldue et peuvent se révéler assez hostiles sur le sujet. «  Mais dans l'ensemble ça fait la même chose que l’instrument classique. C'est juste une forme plus facilement transportable et abordable ». Son interlocuteur, loin d'avoir l'air gêné, enchaîne presque aussitôt : « Tu fais de la musique depuis longtemps ? Ce que j’ai entendu tout à l’heure, c’était juste… merveilleux ! » Einar sourit, touché, tandis que Myr se dandine de fierté, toujours perchée sous sa forme de harfang sur le manche du violoncelle. « Oui, c'est un morceau que j'avais envie de tester dans sa version violoncelle... D'un groupe irlandais ». Il évite de préciser que c'est un groupe moldu pour le moment. « Oh et je joue depuis... assez longtemps, j'ai appris avec ma mère. Je devais avoir... 8 ou 9 ans ? ».
Il a un sourire nostalgique au souvenir de cette période. Il revoit sa mère et ses tantes en train de jouer autour de lui : sa mère jouait du violon depuis aussi longtemps qu'il s'en souvenait, et ses sœurs, cousines et autres parentes se joignaient souvent à elle : piano, voix, tambour, flûte... Les soirées en musique accompagnaient souvent les travaux d'aiguilles des autres femmes de la famille. Et témoin de cette sororité, Einar, qui se tenait là discrètement, enfant timide en train d'observer chacune d'entre elles et d'apprendre en silence à leur contact. C'était une vie paisible, cachée... un refuge qu'Einar avait gâché lorsque son don s'est révélé. Mais son premier instrument à lui lui avait été confié comme moyen de recréer du lien entre elleux après que la découverte de son don. La passion que la musique avait crée chez lui l'avait sauvé en un sens. Et leur avait permis de composer ensemble – métaphoriquement et littéralement !

Perdu dans ses pensées, il sursaute presque lorsque le nouveau reprend la parole : «Oh et euh je m’appelle Ha-Ru. Ha-Ru Strandgaard et toi ?Einar Bråthen » répond-t-il en essayant de jauger sa réaction. Il est issu d'une grande famille, Einar clairement pas. Non pas que ça le dérange, tout dépendra de la réaction de Ha-Ru. « Tu joues aussi ? Tu veux que je te montre un peu la salle de répétition et l'auditorium ? » propose-t-il avec un sourire. Même s'il ne joue probablement pas, il peut bien lui faire une petite visite. Arriver dans un nouvel établissement, probablement déraciné, sans repère familier, ça peut être si épuisant... Si Einar peut l'aider à se sentir un peu plus chez lui dans l'Institut, autant le faire !
Ha-Ru Strandgaard
Ha-Ru Strandgaard
TRØBBEL För att nå toppen av trädet måste du sikta mot himlen
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]

What's in your head, in your head ?

Fin septembre 2022 [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

Comme le chant des sirènes ?

Je me fige brusquement lorsqu’il prononce ces mots. Est-ce que c’est une blague ? Une manière de me faire comprendre qu’il est au courant pour mon don ? Dois-je le prendre comme une menace, une remarque anodine, ou une simple phrase dépourvue du moindre sens caché ?

Je n’ai jamais été très doué pour discerner les intentions des autres. Pourtant, on aurait pu penser qu’avec le temps, j’aurais appris de mes erreurs et fini par analyser chaque plissement de paupière, pincement de lèvres ou intonation de voix. Mais non. J’ai bien essayé d’étudier les différentes attitudes de chacun, mais il semblerait que je n’ai aucun instinct pour ce genre de chose et que je me trompe tout autant que je peux avoir raison.

Pourtant, à voir son attitude générale qui trahit très clairement sa gêne, j’en déduis que c’est simplement une maladresse que je lui pardonne immédiatement. Mettre les pieds dans le plat c’est presque une seconde nature chez moi alors ce n’est certainement pas moi qui vais en tenir rigueur aux autres.

« Euh... C'est une salle commune, ne t'en fait pas, elle est accessible à tout le monde en tant normal. J'ai juste été surpris, je pensais être seul à l'heure du repas. De toute façon je m'entraîne pour un concert, donc il faut que je m'habitue à avoir du public je suppose ! »

Si je suis immédiatement enthousiasmé par l’idée d’un concert où je pourrais l’écouter jouer toutes sortes de mélodies aussi envoûtantes que celle que j’ai entendue, je ne réponds rien. Je risquerait de passer pour un détraqué et les gens me trouvent déjà suffisamment bizarre sans avoir besoin de rajouter une corde à leur arc. Je finis donc par m’intéresser à son instrument.

« Oui. C'est un violoncelle électrique. Euh, c'est une version moldue de l'instrument classique qui permet de le rendre plus léger et de faire d'autres modifications ? Je l'ai modifié avec un sort pour qu'il  fonctionne ici sans ampli, pareil avec le boîtier... »

J’écoute très attentivement ses explications, fasciné. Très malin d’avoir associé technologie moldu et magie pour tirer le meilleur partie des deux mondes. Dommage qu’il ne puisse faire de même avec ses appareils électroniques.

«  Mais dans l'ensemble ça fait la même chose que l’instrument classique. C'est juste une forme plus facilement transportable et abordable ».

Je hoche la tête pour lui signifier que j’ai parfaitement suivi et saisi ses explications, un sourire aux lèvres, ravis d’entendre quelqu’un parler du monde moldu en quelque chose de positif.

Je sais à quel point il peut parfois être difficile de parler de technologie moldue dans ce monde régi par la magie. Beaucoup de sorciers restent encore très récalcitrants à l’idée de se servir de la technologie moldue, alors même qu’elle leur simplifierait la vie.

Lorsque je lui demande s’il joue depuis longtemps et que je lui parle de sa merveilleuse musique, un nouveau sourire fleurit sur ses lèvres. Un beau sourire, doux et sincère. Comme j’ai rarement l’occasion d’en voir. L’étrange désir de revoir ce sourire plus souvent me traverse avant que je refoule cette idée étrange.

« Oui, c'est un morceau que j'avais envie de tester dans sa version violoncelle... D'un groupe irlandais ».

Je ne connais aucun groupe irlandais, je serais même incapable de dire où se situe le pays en question. Je sais juste qu’il se trouve quelque part en Europe. Mes maigres connaissances s’arrêtent là.

« Oh et je joue depuis... assez longtemps, j'ai appris avec ma mère. Je devais avoir... 8 ou 9 ans ?

Il a commencé très jeune. J’aurais aimé avoir une aussi belle passion durant mon jeune âge. Mais à part la cuisine et les consoles, je ne sais pas faire grand-chose de mes dix doigts.

“Woaw c’est super ! Pas étonnant que tu joues aussi bien !”

Lorsque je lui demande son nom, mon nouveau camarade me le donne avec l’impression d’attendre une réaction de ma part. Vient-il d’une noble famille dont je suis censé connaître le nom et lui réserver une certaine déférence maintenant que je le connais ?

A part les Strandgaard je ne me rappelle aucun nom de famille important. On m’a dit qu’il y avait plusieurs grandes familles en Scandinavie qui, comme les Strandgaard, disposaient d’un statut particulier au yeux des autres, bien qu’aujourd’hui la renommée des Strandgaard ait quasiment disparu.

Mais je serais bien incapable de me rappeler là, tout de suite, d’un seul de leur nom. Je me contente donc simplement de lui répondre avec un grand sourire, priant pour que, s’il est vraiment issu d’une de ces fameuses familles, il ne me tienne pas rigueur de mon manque de connaissance et de politesse.

“Enchanté Einar.”

« Tu joues aussi ? Tu veux que je te montre un peu la salle de répétition et l'auditorium ? »

L’idée me plaît instantanément. Visiter la salle de répétition, l’auditorium, le bout du couloir, aussi pourquoi pas. Je ressens une vraie gentillesse émaner d’Einar, une énergie positive qui semble me pousser à passer du temps avec lui.

Est-ce l’effet de sa musique ou simplement l’énergie qu’il renvoie, je ne saurais le dire. Mais passer un peu de temps avec quelqu’un qui ne vous regarde pas comme si vous sortiez d’un zoo est agréable.

“Oh moi tu sais, à part Guitar Hero et Just Dance, je t’avoue que je n’y connais pas grand chose en musique. Pour peu que l’on puisse appeler ça de la musique.”

Je me mets à rire avant de m’arrêter, réalisant soudain que je viens machinalement de faire référence à deux licences de jeux vidéo extrêmement connues dans le monde moldu et totalement inexistantes dans les références du monde sorcier. Mis à part pour quelques né-moldus peut-être.

“Oh euh désolé. J’oublie parfois que vous n’y connaissez pas grand-chose aux moldus par ici. Enfin toi peut-être que si, si tu utilises des instruments moldus. A moins que ce soit juste une coïncidence. Même si ça serait une sacré coïncidence.”

Je ris nerveusement en me passant une main dans les cheveux et en fermant les yeux. Quel idiot, il doit vraiment me prendre pour le dernier des imbéciles à raconter des trucs qui n’ont ni queue ni tête.

“Aish”

L’expression franchit mes lèvres malgré moi et mes joues se colorent à nouveau de rouge.

“Désolé. Je… serais ravie que tu me montres la salle de répétition.”

Je lâche en laissant retomber ma main le long de mon corps, toujours mal à l’aise. J’ai vraiment beaucoup de mal avec les relations humaines. Il faut dire que je ne suis pas habitué à côtoyer d’autres personnes. J’espère qu’il ne s'offusquera pas de ma maladresse.

Pour faire bonne mesure, je m’avance vers lui, suivi de Bam qui ne me lâche pas d’une semelle et se rapproche suffisamment pour me frôler légèrement la main, geste destiné à faire redescendre la pression.

“Au fait, tu vas vraiment faire un concert ? C’est génial ! Je n’ai jamais assisté à un concert de ma vie, mis à part ceux que j’ai regardé sur YouTube mais je ne suis pas sûr que ça compte.”

Je reprends avec enthousiasme, avant de me couper à nouveau en me demandant si le nom de la plateforme lui évoque quelque chose ou pas du tout. Décidément, il va vraiment falloir que j’apprenne à réfléchir avant de parler…


Codage par Libella sur [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
Einar Bråthen
Einar Bråthen
SKJERME Förtroende som beviljas utesluter inte uppmätt misstro



What's in your head,
in your head?


Flashback - Fin Septembre 2022

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]



Si le début de la conversation est maladroite et prudente des deux côtés, Einar a l'impression qu'au fur et à mesure de leurs échanges ils arrivent à se détendre. Lorsqu'il remarque que Ha-Ru ne semble pas se formaliser de ses bricolages à base de technologie moldue, il laisse ses dernières réserves s'envoler. Ils échangent même un petit sourire lorsqu'il finit de disserter sur son instrument, sourire timide mais bien présent. «  Oh et je joue depuis... assez longtemps, j'ai appris avec ma mère. Je devais avoir... 8 ou 9 ans ? Woaw c’est super ! Pas étonnant que tu joues aussi bien ! »  Le compliment le fait rougir et il s'incline modestement, balayant la remarque d'un geste nerveux de la main. Un nouveau moment de flottement se fait malgré tout sentir lorsqu'ils échangent leurs prénoms, et Einar se mord légèrement la lèvre, espérant ne pas être passé pour un anti-grandes-familles. Mais Ha-Ru reprend « Enchanté Einar. » et ils passent à autre chose, aussi simplement que ça.

«  Tu joues aussi ? Tu veux que je te montre un peu la salle de répétition et l'auditorium ?  Oh moi tu sais, à part Guitar Hero et Just Dance, je t’avoue que je n’y connais pas grand chose en musique. Pour peu que l’on puisse appeler ça de la musique  » Ha-Ru laisse échapper un rire suite à cette confession et avant même que le sorcier puisse lui répondre, il ajoute avec l'air de chercher à se rattraper « Oh euh désolé. J’oublie parfois que vous n’y connaissez pas grand-chose aux moldus par ici. Enfin toi peut-être que si, si tu utilises des instruments moldus. A moins que ce soit juste une coïncidence. Même si ça serait une sacré coïncidence ». Einar reconnaît cette manière de parler, comme si on trébuchait sur ses mots dans l'espoir de se rattraper, de faire oublier une maladresse… Il parle comme ça si souvent ! Il regarde le jeune sorcier se passe nerveusement la main dans les cheveux, le visage crispé, tout en laissant échapper un « Aish » qui – bien qu'Einar n'en comprenne pas exactement le sens – confirme qu'il est légèrement en train de paniquer. Il se lève de sa chaise avec un sourire rassurant et repose doucement son violoncelle tandis que Myr saute au sol, reprenant sa forme de hase. Elle commence à bondir autour de son sorcier, lui arrachant un rire amusé, puis s'immobilise pour les fixer tous les deux, visiblement heureuse de fournir une diversion.

Einar se retourne vers Ha-Ru et son sourire se fait plus large : « Ça fait tellement longtemps que je n'ai pas entendu parler de Guitar Hero ! Un ami d'école l'avait, j'aimais tellement aller chez lui pour y jouer !  ». Le souvenir le rendrait presque nostalgique : il se revoit en train de chanter à tue tête tout en pressant les boutons colorés avec Niels et sa sœur. De rares après-midis, mais si précieux, quand sa mère devait s'absenter pour le travail. Niels était peut-être le camarade avec lequel il était devenu le plus proche, de toute sa scolarité pré-Durmstrang. Lorsqu'iels avaient à nouveau du déménager, le petit garçon avait été inconsolable. Einar lui, du haut de ses 8 ans, était déjà résigné. Cela faisait trop de déménagements déjà pour ne pas s'y attendre. Et même si sa mère avait attendu plus longtemps que d'ordinaire, leur départ était voué à arriver. Même s'il avait essayé d'oublier cette épée de Damoclès, tôt ou tard, elle allait s'abattre. Et malgré leurs promesses de garder contact, les deux enfants avaient abandonné après quelques échanges. C'était peut-être pour le mieux, avait-il songé à l'époque, personne ne veut être ami avec quelqu'un d'aussi bizarre que moi. Einar pince les lèvres à ce souvenir, le cœur serré pour le petit garçon qu'il était. Il se ressaisi et explique à Ha-Ru « J'ai été scolarisé la plupart de ma primaire dans des écoles moldues. C'est aussi ton cas ou tu as découvert les jeux vidéo plus tard ? ». Il est sincèrement curieux de sa réponse.

Tandis qu'il se perdait dans ses pensées, il avait commencé à ranger son instrument et il termine au moment où Ha-Ru accepte poliment une visite des salles dédiées à la musique. Il s'approche lentement, et Einar sourit intérieurement en voyant la fylgia du jeune homme venir le frôler, d'une manière qui n'est pas sans rappeler l'attitude de Myr. Il lui fait signe de le suivre et commence à se diriger vers la porte menant à l'auditorium. « Au fait, tu vas vraiment faire un concert ? C’est génial ! Je n’ai jamais assisté à un concert de ma vie, mis à part ceux que j’ai regardé sur YouTube mais je ne suis pas sûr que ça compte.  » reprend Ha-Ru. Einar se retourne vers lui, continuant à avancer à reculons, tout en répondant : « Je dirai que ça compte, oui ! Après c'est pas la même chose que de les voir en live, c'est sûr ! » Il songe à l'adrénaline d'être dans une foule, de voir les musiciens jouer en live, de sentir leur passion, de voir la musique se créer sous ses yeux, de pouvoir danser, crier, chanter sans être seul... Il fréquentait beaucoup de salle de concert, mais depuis qu'il a rejoint les Lucky People, il devient addict à ces sensations. « Oui du coup, et j'en ai déjà fait avec le groupe dont je fais partie, les Lucky People. Si tu veux regarder, on a une page Instagram avec des extraits de nos musiques d'ailleurs. Il espère que la mention du réseau social moldu lui fera comprendre qu'il n'y a aucun souci à aborder le sujet en sa présence. Mais cette fois-ci, je vais jouer seul. Enfin j'ai déjà joué seul, des trucs classiques pour faire musique de fonds à des soirées de sang-purs, je sais pas si on peut vraiment parler de concert… Mais bref, il y a des scènes ouvertes au Triskèle et je me suis inscrit , explique-t-il. Je ne sais pas si tu en as entendu parler, c'est un bar magique à Göteborg ? C'est très sympa en tout cas »  

Il marque un temps de réflexion, réalisant qu'il a peut-être un peu trop parlé, porté par le sujet. Une légère gêne monte en lui, qu'il essaie de chasser avant de reprendre : « Je suis désolé, j'oublie que tu viens d'arriver ici. Ça fait peut-être un peu trop ? Tu me dis si je te noies sous les informations hein, je ne veux pas… Je sais pas, te noyer sous les infos ? J'ai tendance à beaucoup faire ça quand je suis enthousiaste mais tu as le droit de me dire de me taire si c'est pénible ». Il lui adresse une petite grimace d'excuse à ces mots.
Ha-Ru Strandgaard
Ha-Ru Strandgaard
TRØBBEL För att nå toppen av trädet måste du sikta mot himlen
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]

What's in your head, in your head ?

Fin septembre 2022 [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

J’essaie de ne pas montrer ma gêne après mes paroles maladroites, mais c’est peine perdue. J’ai les joues qui brûlent comme si des rayons de soleil étaient directement braqués sur mon visage. Je dois avoir les joues aussi rouges qu’un bébé en pleine poussée dentaire.

Mais le sourire rassurant d’Einar et l’adorable diversion de sa fylgia me sortent rapidement de mon embarras. Un rire m’échappe lorsque la petite hase sautille autour du jeune homme avant de nous fixer tous les deux. Je me retiens toutefois de partir en fou rire en imaginant Bam faire de même sous sa forme d’ocelot, ce qui n’aurait probablement pas le même rendu.

« Ça fait tellement longtemps que je n'ai pas entendu parler de Guitar Hero ! Un ami d'école l'avait, j'aimais tellement aller chez lui pour y jouer !  »

Un sourire illumine mon visage. Il connaît vraiment Guitar Hero ? L’idée d’avoir halluciné une demi-seconde me traverse, mais Einar reprends.

« J'ai été scolarisé la plupart de ma primaire dans des écoles moldues. C'est aussi ton cas ou tu as découvert les jeux vidéo plus tard ? »

Je l’envie l’espace de quelques secondes. L’école. Cette chose que je n’ai jamais eu le droit ou la possibilité de fréquenter. Que ce soit dans le monde magique ou moldu. Un détail attire mon attention. Il a parlé d’écoles au pluriel. Pas d’une seule. Je me retiens toutefois de le questionner. Ce serait déplacé de la part de quelqu’un que l’on vient tout juste de rencontrer.

Repenser à ma découverte des jeux vidéos me fait penser à Seo-jun. Mon cœur se serre et je referme cette porte que j’aurais voulu ne pas rouvrir. ça fait plusieurs années maintenant, mais il me manque toujours. Il a tellement compté pour moi. Il a été mon premier ami. Le premier à m’accepter tel que j’étais réellement. Le premier dont je suis tombé amoureux. Le premier à m’avoir brisé le cœur aussi.

Malgré tout, je ne lui en veut pas. La vie est cruelle, je l’ai appris très jeune. Alors inutile de m’encombrer l’esprit de pensées négatives. J’en connaîtrai d’autres des déceptions, je le sais. Je me suis résigné à perdre les personnes qui comptent pour moi les unes après les autres.

Il ne me reste que deux solutions, me tenir éloigné de tout et tout le monde, ou profiter de chaque seconde auprès de ceux qui voudront bien m’offrir leur présence. Pour le moment, je choisis la deuxième option.

“C’est Seo-jun, le petit-fils de ma nounou, qui m’a initié à la technologie moldue et plus spécifiquement aux jeux vidéos.”

Malgré tous mes efforts, je ne peux empêcher ma bouche de se crisper en prononçant son prénom. La plaie est trop profonde pour cicatriser complètement.

“Pour ma part, pas d’école moldu, juste un petit garçon seul dans une grande maison et une dame si adorable qu’elle a envoyé son petit-fils moldu lui tenir compagnie. Finalement on est devenu les meilleurs amis du monde. Pendant un temps. ”

Ma dernière phrase laisse un goût amer dans ma bouche. Qu’est-ce que je disais tout à l’heure ? Ne pas s’encombrer l’esprit de pensées négatives ? Peut-être juste un peu alors. Mais pas au point de haïr son souvenir. Je change rapidement de sujet avant de partir dans une explication mélodramatique de l’étendue des déceptions qui jalonnent ma vie.

“Au fait, tu vas vraiment faire un concert ? C’est génial ! Je n’ai jamais assisté à un concert de ma vie, mis à part ceux que j’ai regardé sur YouTube mais je ne suis pas sûr que ça compte.”

Je suis tranquillement Einar, impatient de découvrir des parties de l’école qui me sont encore inconnues.

« Je dirai que ça compte, oui ! Après c'est pas la même chose que de les voir en live, c'est sûr ! »

Ca, je n’en doutais pas une seconde. Mais avec mes petits problèmes d’écailles, impossible de me retrouver enfermé dans une salle bondée, remplie de moldus et sans pouvoir hydrater mon corps.

« Oui du coup, et j'en ai déjà fait avec le groupe dont je fais partie, les Lucky People. Si tu veux regarder, on a une page Instagram avec des extraits de nos musiques d'ailleurs.

Plus rapide qu’une onde sonore, je brandis mon téléphone et ouvre l’application pour chercher son groupe. Avant de me rappeler que ma connexion est aussi utile ici qu’un moldu tentant d’agiter une baguette magique.

“Foutu connexion… j’irais voir ça plus tard promis.”

Déçu mais digne, je note tout de même le nom du groupe et me promets d’arpenter chaque mètre carré de cette île à la recherche d’un endroit où je pourrais utiliser correctement mon smartphone.

Mais cette fois-ci, je vais jouer seul. Enfin j'ai déjà joué seul, des trucs classiques pour faire musique de fonds à des soirées de sang-purs, je sais pas si on peut vraiment parler de concert…

“Pour moi ça reste un concert. Même si c’est juste une musique de fond”

Mais bref, il y a des scènes ouvertes au Triskèle et je me suis inscrit. Je ne sais pas si tu en as entendu parler, c'est un bar magique à Göteborg ? C'est très sympa en tout cas »

Je suis admiratif. Jouer avec un groupe c’est déjà quelque chose, mais seul, ça semble si impressionnant. Et peu importe le style musical, je serais bien incapable de me tenir seul devant une foule de personnes prêtes à juger la moindre de mes erreurs.

Certes, je fais pas mal de streaming - du moins faisais - et je suis regardé par des centaines de personnes. Mais la grande différence, c’est que je ne les ai pas en face de moi, à me prendre de plein fouet leurs émotions, positives ou négatives ou leur totale indifférence. Même si les commentaires du tchat ne sont pas toujours très bienveillants, il faut l’avouer.

“Je ne connais pas le Triskèle. Mais tu me diras quand tu joueras, je serais  ravi d’y aller pour t’écouter jouer.”

L’idée d’échapper le temps d’une soirée à ma morne existence me réjouit immédiatement. Il fallait dire que depuis un an que j’étais ici, j’étais assez peu sorti. J’avais arpenté toutes les plages et les criques que j’avais trouvées, mais c’était à peu près tout.

Je me suis rendu quelques fois à Göteborg mais sans réseaux pour m’indiquer les “place to be” je n’ai pas vraiment su où me rendre. Puis arpenter toutes ces rues seul, ce n’est pas l’idéal. Je le faisais en Corée, mais j’étais accompagné de mes viewers la plupart du temps. C’était différent.

« Je suis désolé, j'oublie que tu viens d'arriver ici. Ça fait peut-être un peu trop ? Tu me dis si je te noies sous les informations hein, je ne veux pas… Je sais pas, te noyer sous les infos ? J'ai tendance à beaucoup faire ça quand je suis enthousiaste mais tu as le droit de me dire de me taire si c'est pénible »

Je ris doucement. Einar était tout sauf pénible. Il était une des rares personnes qui m'accueillait aussi normalement qu’un autre et pas comme une étrangeté doublement hybrides, mi-coréenne, mi-sirène.

“Promis si c’est le cas, je te le dirais. Pour l’instant je suis juste content d’être traité comme une personne normale. ça va peut-être te sembler étrange, mais habituellement, les gens ne peuvent s’empêcher de me regarder comme un truc bizarre. Du coup… merci.”

C’était sorti de nulle part, mais j’avais ressenti le besoin de lui dire. C’était si rare ce genre d’occasion.

“Et puis, quand on est passionné par quelque chose, normal qu’on soit plus enthousiaste que la normale. Si je commence à me lancer dans les jeux ou le stream, je ne suis pas sûr d’être capable de m’arrêter avant demain matin. Au moins t’arrive à te poser des limites, je trouve ça fort.”

Je pars dans un demi fou rire jusqu’à ce qu’on arrive près de la porte que m’avait indiqué Einar. Je ne m’étais pas senti aussi bien depuis longtemps, et ça faisait un bien fou.


Codage par Libella sur [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
Contenu sponsorisé