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Comme un écho à la surface du néant [Ft. Jasper]
2 participants
Ha-Ru Strandgaard
Ha-Ru Strandgaard
TRØBBEL För att nå toppen av trädet måste du sikta mot himlen

Comme un écho à la surface du néant

Août 2021  @Jasper Strandgaard

Pourquoi est-ce qu’une fois de plus rien ne va comme je voudrais ? Ce n’était pas déjà suffisant de m’envoyer à l’autre bout du monde, dans un pays totalement inconnu, dans une famille dont je connaissais à peine l'existence avant ces dernières semaines ? Il fallait en plus qu’on me colle dans un trou paumé où la magie détraquait toute forme d’appareil électronique ?

La Corée me manque, grand-mère Soo-ah me manque, la maison me manque, ma connexion et ma commu aussi. En décidant d’emménager ici, je ne m’attendais à rien de particulier. La vie m’a appris à ne rien attendre d’elle.

Toutefois, je n’avais pas prévu de me retrouver encore plus coupé du monde que je ne l’étais déjà. La seule chose qui me reliait au monde - tout du moins au monde moldu - c’était la technologie. Et voilà qu’ici, sur cette île, elle est quasiment inutilisable.

Un nouvelle fois, je tente de trouver un semblant de connexion, stable si possible, tendant  d’un côté et de l’autre mes bras, mon téléphone dans les mains, dans l’espoir insensé qu’un miracle se produise.

Pratiquement trois heures que je m’acharne désespérément pour aucun résultat. Je peux certes lancer des appels - mais pas de visio - ou envoyer des sms, mais ça s’arrête là. Pas de live, ni la possibilité d’utiliser les réseaux sociaux - les images et vidéos mettent une éternité à charger. La couverture 4g semble soigneusement éviter l’île de Vágrbarn. Si bien que ma bobine de patience est épuisée.

Agacé, je fais plusieurs tours sur moi-même pour évacuer ma frustration - une chance que je sois seul - puis le bras en arrière, m’apprête à jeter mon téléphone à la mer. Quelle différence ça peut bien faire, un téléphone inutile dans l’eau ou dans mes mains ne changera rien.

Je m’avance d’un pas pour prendre appuie sur une jambe et perd l’équilibre lorsqu’un galet se dérobe sous mon pied. Dans ma chute, je lâche mon téléphone qui tombe dans un bruit assez peu rassurant.

“Super Ha-Ru… bien joué. Prions pour qu’il ne soit pas cassé…”

J’attrape le petit appareil tombé un peu plus loin et évalue les dégâts. Il est un peu abimé sur les bords, quelques griffures par-ci par-là, mais rien de grave. J’aurais mieux fait de le balancer directement dans l’eau il en serait ressorti en meilleur état.

Je ne suis pas fou non plus. Mon téléphone étant étanche, je prenais peu de risque en le lançant dans l'eau. Ça m'aurait simplement permis de me défouler un peu. Puis, grand-mère Soo-ah serait certainement venue jusqu’ici pour m’étrangler de ses propres mains si elle n’avait pas eu de mes nouvelles pendant plus de trois jours.

J’observe l’eau avaler les galets du bord de mer et les entraîner avec elle, avant de les recracher un peu plus loin. Un brin de nostalgie m’étreint le cœur. Nager ne me procure plus le doux plaisir que je ressens habituellement. Je me sens comme emprisonné, avec l’interdiction de m’aventurer trop loin des côtes. Ordre du Jarl de la famille Strandgaard.

Depuis presque deux semaines que je suis ici, j’ai l’impression d’être un requin coincé dans un aquarium. Et ce n’est pas cette famille Strandgaard inconnue qui va me sortir de cette situation.

De ce que j’ai compris - ou plutôt lu entre les lignes - ils comptent me garder sous le coude pour m’utiliser au moment opportun. Quelle belle perspective d’avenir… Moi qui pensais trouver avec eux un peu plus de considération pour ma personne.

Je suis certes très bien reçu, trop peut-être, mais je sens bien que ce n’est pas sincère. Je ne suis pour eux qu’un objet qui leur sera utile tôt ou tard. Ils ne se seraient pas préoccupés une seconde de moi si Ràn ne m’avait pas touchée de sa grâce.

Je me relève et me tourne vers la grande étendue bleue qui s’étend jusqu’à l’horizon, vers la seule personne qui ait jamais été réellement présente pour moi, dans chaque événement de mon existence.

“Que faut-il que je fasse pour qu’on finisse enfin par me traiter comme une personne et non comme un objet ou un déchet ? J’ai beau ne plus rien attendre de la vie, je me prends gifle sur gifle sans avoir rien demandé. Est-ce le prix à payer pour avoir hérité de votre don ? Ou suis-je simplement maudit ? Comme le reste de cette famille… ?”

J’attends quelques secondes, les yeux braqués dans le lointain, avec l’espoir que quelqu’un daigne répondre à mes questions sans réponse. Au bout de quelques secondes, je soupire, vaincu, et me laisse tomber au sol la tête entre les bras. Que ne donnerais-je pas pour me blottir dans les bras de grand-mère Soo-ah et entendre les mots qu’elle seule sait utiliser pour me rassurer.


Codage par Libella sur Graphiorum
Jasper Strandgaard
Jasper Strandgaard
GÖTEBORG Livet är en kamp, ​​du måste förbereda dig för striden

Il déboule hors de la demeure qui se prétend magnifique, vue de l'extérieur, mais qui ne fait que partir en décrépitude à l'intérieur, au rythme des années qui passent, et de l'argent qui ne rentre pas. Tout dans les apparences, alors même que le monde sorcier tout entier sait parfaitement ce qu'il en est réellement des finances, de la réputation de la Famille Strandgaard. La porte massive claque lourdement lorsqu'il l'ouvre avec brutalité, et les sons qui étaient bloqués à l'intérieur ces dernières heures se retrouvent projetés à l'extérieur dans des éclats de voix plein de colère et de rancœur.
Jasper se retourne et se redresse, le dos droit, le regard arrogant et hargneux. Et surtout pas effrayé. Plus jamais effrayé. Plus depuis qu'il avait commencé à arpenter les ruelles sombres de Göteborg et qu'il avait compris qu'il y avait bien pire que cet homme qui s'accroche encore désespérément à l'idée de remonter une réputation inexistante, souillée. « Si j'apprends que tu t'es vengé sur elle, je te jure que la seule chose dont t'auras à t'inquiéter, c'est de réussir à trouver des fringues correctes pour ton propre enterrement.» Il crache, la colère faisant vibrer sa voix. Les mèches sombres sont gonflées d'électricité statique et ses yeux gris acier fusillent l'homme, plus grand et certainement plus impressionnant aussi, surtout quand on est un enfant terrifié, qui se dresse devant lui, la mâchoire serrée, irradiant d'une colère intense. « Comment oses-tu… » Jasper se ravance vers l'homme, vers son père, et dans l'extrémité de son champ de vision, il voit sa mère, bien droite, qui contemple la scène avec agacement. Il ne sait pas si elle attend que son mari s'en prenne à nouveau à lui physiquement pour intervenir, ou si elle attend de voir ce qu'il va faire exactement, mais la voir ainsi lui donne envie de vomir. Et on s'étonnait qu'il esquive le plus possible de réunions familiales ? Loki, il était bien plus heureux de vivre avec Ina, loin d'elleux toustes. « Je ne rigole pas. Tu me fais plus peur. Tu m'impressionne plus. T'impressionne plus personne. La seule raison qui fait que tes enfants ont peur de toi c'est parce que tu frappes fort. Mais tu sais quoi ? J'ai appris à encaisser. Et à rendre les coups. La touche pas.» C'est sans surprise qu'il voit le poing se lever, et un rictus lui vient en réponse. Plus effrayé, plus jamais.

Plus tard.

Il dévale rapidement le chemin qui part de sa demeure familiale et qui court jusqu'à l'une des plages de l'île. La colère et la rage bouent encore dans ses veines, mêlées à une satisfaction malsaine mais qui lui convient parfaitement à cet instant. Est-ce que ça n'est pas l'une des caractéristiques de leur famille, après tout, le malsain ? Alors, ouais, son corps est douloureux des coups qu'il a pris, sa mâchoire lui fait mal et il est sûr qu'il aura un œil au beurre noir dans quelques heures. Peut-être quelques côtes fêlées sous les coups de pieds reçus quand il est tombé au sol. Mais il sait que l'autre ne s'en n'est pas mieux tiré que lui. L'arcade fendue, le sang qui lui dégouline de la bouche, du nez, la silhouette voûtée certainement liée au craquement qu'il venait de faire résonner suite à l'une de ses coups… Son rictus mauvais s'étire sur ses lèvres, douloureusement, parce qu'elles sont fendues aussi. Sa mère n'était pas intervenue. Ce qui l'avait fait arrêter, c'était les pleurs de Maera, la petite dernière, celle qui lui avait envoyé un hibou angoissé qui l'avait poussé à revenir sur les terres de la Famille. Il avait arrêté, s'était écarté et lui avait répété ce qu'il lui avait déjà dit plusieurs fois jusque-là : Si jamais il tente de réveiller le don comme il a essayé de le faire avec lui, il le tuera de ses propres mains, sans aucun remords. La petite était terrifiée parce qu'elle avait réussi à esquiver plusieurs fois des tentatives de leur père pour l'emmener sur la fameuse plage, et Jasper n'avait pas mis longtemps à comprendre pourquoi il cherchait à le faire.
Il avait rassuré la petite, et était finalement parti après un dernier regard mauvais vers l'homme. Derrière la colère et la rancœur, il avait pu voir une fierté nouvelle et malsaine poindre dans les yeux sombre. Et l'archéomage savait que ça n'était pas parce qu'il avait défendu sa petite sœur. Non. C'est parce qu'il avait encaissé les coups et les avait rendus. Et à cet instant il détestait la sensation de fierté qui gonflait sa poitrine. Il la haïssait parce qu'il n'attendait plus rien de cette ordure et ne voulait pas sentir ne serait-ce qu'une once de joie parce que ce connard était content de le voir capable de lui tenir tête.

Il trébuche sur les galets, réalise qu'il a atteint la plage, la fameuse plage où il aurait pu se noyer, 20 ans plus tôt. Son corps entier palpite de colère et de douleur, il passe une main fébrile entre ses mèches qui refusent de rester immobiles et c'est finalement un cri de rage qui lui échappe, face à la mère, face au domaine de Ràn qui ondule doucement et emporte sa déclaration de colère sans daigner y répondre, comme une putain de provocation silencieuse. Essoufflé, il ferme les yeux et se force à inspirer et expirer profondément, malgré la douleur. Il doit reprendre son calme, il doit se reprendre tout court. Il n'en vaut pas la peine. Plus maintenant.
Lentement, il reprend sa route sur cette plage qu'il connaît par cœur. Il ne sait pas combien de temps il à marché, mais c'est un bruit qui lui fait redresser la tête, curieux et agacé que quelqu'un ose briser le semblant de quiétude qu'il vient de retrouver. Un peu plus loin, une silhouette semble s'adresser à la mer, mais de manière bien plus poli que ce qu'il a fait auparavant et c'est seulement en se rapprochant un peu qu'il entend la fin de sa diatribe,   « Est-ce le prix à payer pour avoir hérité de votre don ? Ou suis-je simplement maudit ? Comme le reste de cette famille… ?» Il pince légèrement les lèvres en observant le jeune homme - parce qu'il le reconnaît, maintenant - attendre quelques instants comme s'il espérait réellement qu'une réponse allait venir, avant de se laisser tomber au sol, visiblement découragé. Il se souvient de lui. Il y a eu tout un repas organisé pour présenter le nouveau membre de la famille, à son arrivée. Il y était allé, par curiosité. Par masochisme aussi, peut-être. Juste histoire de voir quelle était cette nouvelle personne que Ràn avait préféré à lui. Il n'avait pas été impressionné. Et ça n'avait fait que nourrir sa rancune envers la déesse familiale. Reniflant de dédain, il s'approche finalement, glissant les mains dans les poches de son pantalon, son regard se baissant avec condescendance sur la silhouette de son cousin, « Si tu espère une réponse de Ràn, j'suis désolé de te dire qu'elle est du genre … Avare de mots. Parfois je me dis qu'elle est juste sourde, en fait. » Nouveau rictus, il relève les yeux vers le domaine de la déesse, «  Mais j'peux te répondre moi. A partir du moment où t'as du sang de Strandgaard, t'es maudis, c'tout.» Il le fixe à nouveau, agacé, « Maintenant si tu pouvais déguerpir, j'apprécierais pouvoir rester tranquille ici. » Il termine, sèchement. Il se fiche de l'image peut-être un peu effrayante qu'il renvoie, avec ses blessures, ses cheveux qui s'énervent tout seul et, globalement, son aura qui hurle Tu me touches, je te bouffe., mais il n'en n'a strictement rien à carré. Il est pas là pour rassurer les nouveaux petits poissons que la famille réussit à ramener dans ses filets.