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As seasons change in cycle, we meet again, always new and still the same | Freyda
2 participants
Sol Yoonir
Sol Yoonir
LÆRERTEAM Den som talar mycket säger sällan vad som är bra
As seasons change in cycle, we meet again, always new and still the same.

Le 23 septembre 2023 - soirée  
@Freyda Stavanger  



Le rouge de ses lèvres s'accordent à la perfection avec les couleur mordorées de son tailleur taillé sur mesure. Défaite des chaleurs encombrante de l'été, elle laisse ses cheveux naturellement se répandre en boucles sombres au-dessus de sa tête. Sa silhouette allongée est surmontée d'une paire de talons qui résonnent doucement sur le pavé du port. Par politesse plus que par intérêt la sorcière est venue écouter le traditionnel discours de la Reine pour la célébration de l'équinoxe d'automne. Un brin de curiosité l'a poussé à venir en ville ce soir et délaisser ses outils d'astronomie pour venir observer un autre balai de corps. Moins céleste, plus matériel et tangible, qui se heurtent au sien dans l'attraction exercée par la foule des passants. Un discours qui avait été solennelle et plein d'emphase, comme Sol a l'habitude d'en écouter de la bouche souriante et avenante de politiciens qui s'adressent à un peuple à galvaniser. Un fort sentiment d'adhésion euphorique parcourt les murmures qui s'élèvent dans la bise fraîche du soir. Les odeurs du port où brûle le feu consacré des scandinaves en l'honneur du grand Odin, sont presque trop chargées pour celle qui préfère aux mélanges, la pureté de l'oxygène pur. Tout est trop fort, les bruits des spectateurs venus fêter la fin de l'été et le début du long sommeil de l'hiver. Les couleurs trop vives empêchent la moindre lueur céleste de vibrer de sa pâle ferveur dans la voûte pourtant dégagée de ce soir de septembre. Levant les yeux au ciel, Sol regrette déjà son choix et songe à repartir immédiatement se perdre dans le calcul précis de la trajectoire de Venus pour le mois à venir avant que la lumière de la prochaine grande pleine lune ne vienne éblouir ses observations. Une fraction de seconde, une pensée annexe se heurte au noyau central lui arrachant un infime froncement de sourcils. Elle n'est pas certaine d'avoir laissé le petit mémo destiné à Nyx Adelsköld avant de partir de l'institut comme elle s'était promis de le faire. Cette incertitude est un point noir qui vient distraire le reste de ses pensées de façon désagréable. Comme le vol bourdonnant d'une mouche réfractaire à disparaître d'un mouvement de main. Devenu un mouvement instinctif, la scientifique cherche à sentir la présence du coléoptère sur sa peau, avant de se rappeler que Neb à préféré sa forme canine pour déambuler un peu plus loin. Ombre noire aux yeux jaunes qui observe, immobile, depuis la première obscurité d'une ruelle perpendiculaire au port. La fylgia a tout de ce présage sombre dont elle aime jouer le rôle. Tout comme sa sorcière joue à la perfection son rôle de représentation qu'elle est venue jouer parmi les citoyens sorciers scandinaves dont elle fait désormais partie. Sol n'a pas oublié les derniers arrêtés qui forcent les sorciers au sang neuf à suivre un service civique pour leur inculquer les valeurs de ce cher royaume aux mythes et légendes anciennes. Une obligation à laquelle elle a réussi à se soustraire en raison de son grand âge, pour l'instant. Mais Sol est habituée à fréquenter la haute société qui se croit supérieure aux foules immorales. Aussi sait-elle que ce sursit pourrait être de courte durée si l'envie leur prenait de mener une large travail de redressement des pensées de la société en dérive. Elle se sait être attentivement observée par nombreux de ses admirables collègues au sang et aux noms plus illustres que les siens ne seront jamais. Ceux qui voudraient la voir trébucher et qui ragent de la voir toujours si droite et parfaitement irréprochable dans ses enseignements et ses paroles qu'elle leur adresse. Sa rigueur a même finit par séduire certains vieux sorciers dont les ancêtres ont régis ce peuple d'un main d'épines par le passé. Elle est là pour se faire voir, et n'a choisi ses couleurs flamboyantes de l'automne qui s'annonce que pour cette raison. Et parce qu'elle aime porter le feu de cette vie qui vibre en elle. Si elle n'a aucune pensée émue pour le rituel de passage auquel elle assiste, un sourire doux sur les lèvres, elle n'en reste pas moins sensible au changement de saison. Toute pensée ésotérique mise de côté, tout symbolisme et croyances exclus, elle considère l'automne comme une saison pleine de vie et de beauté farouche. C'est la force de la nature de se défaire du surplus pour mieux se renouveler. Elle aime admirer le feu qui embrase les forêt qui, loin de jeter au brasier leurs rêves et espoirs, fait diversion pour planter en secret sous un tapis de braises rougeoyantes, les racines d'une conquête sans cesse en expansion. Ce n'est pas le sommeil de l'hiver que l'automne prépare, mais le la maturation d'idées dont les racines auront eu le temps de plonger loin sous la terre puiser leurs forces, avant de se révéler au grand jour, trop tardivement pour être facilement déracinées. Aussi trouve-t-elle futile cette appréciation culturelle populaire de faire le point sur l'été comme une porte qui se ferme.

Sol se détourne de la contemplation passive du brasier autour duquel danse la foule. Elle a sourit à quelques visages connus, poliment. Elle a échangé les conversations de bienséance, souhaitant tout ce que les sorciers de Göteborg se souhaitent à cette occasion avec entrain. Elle a joué de sa méprise de la langue pour répéter simplement les phrases qu'on lui adressait sans chercher à innover, au risque de tomber à côté de l'intention cherchée. Lasse de cette parade qu'elle donne à voir, brûlée par la vive couleur des lumières et rendues sourde pas la cohue des cris, la scientifique s'en retourne vers Neb qui s'est élancée vers le grand boulevard d'un pas trottinant de silence. Elle a senti les envies de sa sorcière avant même que ses talons ne se mettent en mouvement vers l'extérieur du cercle des passants, se détachant de la force centrifuge de la foule avec la difficulté de ceux qui vont à contre-courant. Mais toute la ville est en effervescence, et si Sol quitte l'air humide du port pour celui plus sec de la rue passante et richement éclairée, elle n'en trouve pas moins tout autant de contraintes sensorielles. Si son âme en est abîmée, son corps n'en témoigne aucun ombrage. Comme l'étoile qui continue de renvoyer sa lumière malgré sa lointaine agonie achevée dans une explosion depuis longtemps oubliée. La solitude pourrait lui donner envie de se dépêcher de rejoindre son appartement, mais la sorcière préfère s'arrêter désaltérer sa gorge asséchée par les efforts pour trouver les bonnes intonations afin de se faire comprendre dans son suédois râpeux au milieu des cris et des chants en hommage au Père des Dieux. C'est d'ailleurs une conversation animée sur ce dernier qui attire son attention. Un homme particulièrement animé, conte d'une voix passionnée, un morceau du récit de celui qui sacrifia son œil pour voir. Une histoire qu'elle connait bien, et qui ne cesse de l'intriguer malgré son esprit cartésien. Elle se ne peut s'empêcher d'éprouver une certaine sympathie envers cette partie-là des légendes scandinaves. De comprendre cet étrange sentiment qui pulse dans le récit d'Odin qui, ayant vu, se renferme comme frappé par quelque prise de conscience que les autres ne parviennent pas à saisir. Cela lui évoque trop de choses intimes. Trop de blessures fermées sous les loquets de ses serrures mentales. Avant même de s'en être rendue compte, Sol s'est arrêtée, absorbée par le récit magnifiquement conté par l'homme dont elle n'a pas prêter attention à l'audience qui l'entoure. Un coude sur une table haute de la terrasse du bar, un sourire poli sur ses lèvres rouges qui renvoient les lueurs des lumières magiques de ce quartier entièrement sorcier de Göteborg. Neb s'est arrêtée un peu plus loin, statue haute de chien noir aux yeux jaunes, dans un recoin sombre. Comme si elle attirait les ombres sur elle, laissant la lumière du soleil illuminer son alter ego.




A cette nébuleuse une autre nébuleuse
Succède, puis une autre en la mère onduleuse.
De l'impalpable éther, océan sans milieu
Dont blanchissent au loin les archipels en feu...
Freyda Stavanger
Freyda Stavanger
GÖTEBORG Livet är en kamp, ​​du måste förbereda dig för striden
Difficile pour une circassienne de résister à une célébration, quelle qu'elle soit.
C'était du moins l'humble avis de Freyda qui estimait que tout·e artiste de cirque qui se respectait devait laisser la part belle à son âme d'enfant. Mieux valait opter pour un banal emploi de bureau si sa capacité à s'émerveiller avait fondu à mesure que le poids des années s'installait sur ses épaules.

C'est pourquoi, au cours de ses vagabondages d'une contrée à l'autre, elle se faisait toujours un devoir d'assister aux festivités diverses et variées de la ville qui l'accueillait, pour un soir ou deux mois. Son enthousiasme face à toute sorte de réjouissance n'était pas sa seule motivation : sa curiosité sans faille à l'égard de la culture, tant sorcière que moldue, la portait en avant vers ce genre d'événements. Si il y avait bien quelque chose d'universel, c'était la capacité de l'être humain à se réunir autour de rites de passage, de rites de partage. Chaque culture avait ses petites spécificités, bien entendu, que Freyda adorait observer, analyser, décrypter (quand elle n'oubliait pas ses intentions premières en se faisant happer par l'enthousiasme du moment). Mais, en dépit de toutes leurs différences, ce besoin de célébrer semblait être le fil rouge qui traversait chaque pays du monde.

De passage à Göteborg pour satisfaire à ses obligations maternelles (nom de code pompeux pour une opération "ma fille me manque, je vais l'engloutir d'amour pendant deux jours"), Freyda avait jugé de bon ton de prolonger son séjour de quelques heures afin d'assister aux festivités de l’Équinoxe d'automne.
La dernière fois remontait à longtemps. La dernière fois remontait à... Katarzyna. Elle avait furieusement relégué le petit pincement au cœur qui avait accompagné cette pensée pour se convaincre que célébrer le 23 septembre sans elle était une belle occasion de se prouver qu'elle avait enfin tourné la page. Cela faisait quoi ? Au moins mille deux cent vingt-quatre jours (qui comptait ce genre de choses ?). De quoi être sevrée de toute attache émotionnelle. Oui, oui, c'était sûr et certain.

Goldsworthy lui jeta un regard en coin, comme si il avait pu lire ses pensées et y poser un roulement des yeux narquois. Il n'était pas dupe. Et il la connaissait assez bien pour détourner son attention.

« Aidan m'a confié qu'Astrid avait de nouveau le sourire au réveil. »
La fylgia d'Astrid était bien plus bavarde que sa fille. Et il n'était pas rare que ce soit par l'entremise de Goldsworthy que Freyda apprenne des éléments essentiels de la vie d'Astrid. Le temps lui avait enseigné à ne plus s'en formaliser. Sa fille était une discrète qui n'aimait partager que les choses positives avec son entourage. Elle avait la tristesse et la colère silencieuses, et c'était une chose qu'il lui avait fallu apprendre à respecter.
Les derniers mois avaient été compliqués pour elle, un peu en errance dans les débuts de sa vie d'adulte. Son emploi dans une petite boutique d'apothicaire, bien que salvateur d'un point de vue financier, avait vu s'étoiler la flamme qui animait Astrid à la fin de ses études. Il y avait parfois un tel fossé entre les rêves et le monde réel. Assez pour y briser des espoirs... voire y fracasser une jolie chose comme le rire d'Astrid. Il n'y avait rien de bien dramatique dans l'existence de sa fille, mais c'était là un drame parfois bien plus cruel, parce qu'invisible et silencieux. L'ennui pouvait affadir n'importe quelle couleur, pour peu qu'il la ronge assez longtemps. Comment se rebeller contre le spleen ?
En osant enfin claquer la porte au nez de son quotidien.

« Tu crois qu'elle va se lancer pour de bon ? »

Freyda l'espérait. Voir la moitié des étoiles du ciel s'allumer dans les yeux d'Astrid quand elle se mettait à évoquer la possibilité d'enseigner aurait suffi au plus obtus des quidams à comprendre que sa fille avait enfin trouvé sa voie. Il lui restait à rassembler le courage de tout plaquer pour partir à l'assaut de l'inconnu. C'était dans des moments comme celui-là que Freyda aurait aimé que Sierra, la jumelle d'Astrid, soit à ses côtés, au lieu d'explorer le monde jusqu'à en soulever le dernier grain de poussière. Peut-être aurait-elle alors pu instiller à sa sœur un peu de son impulsivité... et de son insouciance.

La jeune femme et sa fylgia poursuivirent leur discussion, tout en furetant dans l'Urdarbrunn Boulevard.
Elle qui évoluait au quotidien dans un univers moldu oubliait parfois combien il était agréable de ne pas avoir à camoufler l'existence de Goldsworthy sous de fausses apparences.  Il y avait des jours, nombreux, où elle se lassait que Goldsworthy ne soit perçu que comme un animal savant.

Le son des tambours, dans le lointain, l'attirait irrésistiblement.
Il y avait fort à parier que Freyda resterait debout jusqu'au petit matin, un peu ivre, dansant de toute son âme dans une foule de plus en plus clairsemée.
Elle résista à l'appel de la musique. Une promesse faite à sa fille de profiter des festivités ensemble. Au rythme où allaient les choses, la ville se préparerait au prochain solstice avant que Astrid ne parvienne à se libérer.
Il ne lui restait plus qu'à l'attendre.

Ce fut ainsi que la jeune femme se retrouva à pousser la porte d'un...pub ? Comment les locaux appelaient-ils ce genre d'endroits, déjà ? Impossible de s'en souvenir.
Toujours était-il qu'elle se fraya un chemin au milieu des sorcières et sorciers échoué•e•s là, de leur plein gré ou envoûté•e•s par la voix d'un homme dont les histoires semblaient captivantes.

Une place libre paraissait lui tendre les bras au comptoir.  Le tabouret à grandes pattes était pile à son goût : elle avait toujours adoré se percher en hauteur, laisser ses pieds quitter le sol. En une époque, un autre lieu, elle était persuadée qu'une carrière dans le Quidditch lui aurait plu. Sans les cognards, bien sûr.

« La place est libre ? », lança-t-elle, en anglais, à la sorcière qui était assise là.

Après tout, Freyda était une touriste.
C'était toujours mieux que de massacrer le parler local.

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