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Pyjama party - Ft. Arsinoe
2 participants
Stanislas Jensen
Stanislas Jensen
GÖTEBORG Livet är en kamp, ​​du måste förbereda dig för striden






Pyjama party

Il était très tard, ou très tôt, selon le point de vue qu’on adoptait. Stan n’avait pas prévu de rester aussi longtemps. Il comptait simplement sortir prendre un verre, se changer les idées, se détendre quelques petites heures et rentrer tranquillement dormir.

Les soirées qui se terminaient à pas d’heure - ou qui ne se terminaient pas du tout - ce n’était plus de son âge. Lorsqu’on dépassait la quarantaine, le corps avait vraiment un mal fou à retrouver son énergie après trop d’excès. Des semaines, s’il se référait à sa dernière sortie.

C’est donc après une journée de travail ennuyeuse à mourir, composée de réunions aussi intéressantes qu’un harem de rats crevés exposés aux abords d’un caniveau, qu’il s’était décidé à sortir. Que cette journée ne soit pas totalement perdue.

Et elle ne l’avait pas été. Il avait eu l’immense surprise et le grand plaisir d’y retrouver Arsinoe. Il n’avait pas revu la jeune femme depuis un certain temps et avait été ravie de passer le reste de la nuit en sa compagnie. Verres après verres, discussions après discussions, les deux amis avaient finalement décidé de sortir prendre l’air, l'atmosphère devenant quelque peu étouffante - surtout pour lui, et l’heure de rentrer se faisant ressentir.

Stan, malgré tous ses efforts, n'était plus en complète disposition de ses moyens. Ses propos semblaient partir dans un autre espace temps avant de revenir dans le présent, sans compter qu’il n’était pas plus capable de marcher droit, qu’une professionnelle après une journée bien remplie.

Il marchait en se maintenant au mur, et broncha sur une dalle légèrement plus haute que les autres. Il perdit l’équilibre, tournoyant des bras tel un oiseau grotesque près à prendre son envol, tout en sachant qu’il allait inévitablement s’écraser au sol.

A genoux par terre, Stan maudissait le crétin qui n’avait pas été foutu de faire un sol plat. On n’avait pas idée de mettre des pièges pareils près des sorties de bars. S’il retrouvait le mec qui avait fait ça, ou même sa descendance, il se promit de lui faire passer un sale quart d’heure.

Des pensées incohérentes et absurdes se bousculaient dans son esprit embrumé. Il tenta de se relever et manqua cette fois de partir tête la première. Il se retint au mur qui se trouvait heureusement à portée de bras, avant de brailler au beau milieu de la ruelle.

“Arsi t’es où ? Viens m’aider s’teuplaît, j’peux plus… plus me relever là. Je te jure si je retrouve le connard qui sait pas poser des carreaux au sol, je lui fais manger sa baguette. Et je suis capable de le faire, tu sais.”

Qui aurait pensé qu’ils s’entendraient si bien, la jeune femme et lui. Après tout, c’était une sang-pur. Et, s’il avait connu dès le départ l’origine de son sang, il n’aurait certainement pas prit la peine de s’approcher d’elle, trop aveuglé par la haine qu’il traînait depuis son enfance.

Mais il avait d’abord adressé la parole à la jeune femme, discuté avec elle, apprécié sa spontanéité et son énergie, sa vision du monde bien à elle, et avant de s’en être vraiment rendu compte, ils étaient devenus amis.

Il eut une pensée pour Aylen, son assistant, se demandant ce qu’il penserait de cette amitié. Il la désapprouverait à coup sûr. Parfois, il avait du mal à savoir qui des deux était le plus intolérant. Que faisait-il en cet instant ? Etait-il en train de dormir ? Vu l’heure, c’était fort probable. Lui aussi il fallait qu’il dorme.

“Arsi j’ai sommeil. C’est plus de mon âge toutes ces conneries, bordel. Pourquoi on vieillis, c’est d’la merde…”.

Vraiment, ce n’était plus de son âge. Qu’est-ce qui lui avait pris de boire autant et de rester aussi tard ? Il n’avait plus dix-huit ans, ni même trente. Aylen faisait-il ce genre de choses lui aussi ? Il ne lui avait encore jamais posé la question, malgré toutes ces années à travailler ensemble.

Une fois de plus, ses pensées allaient vers son assistant. C’était de plus en plus fréquent ces derniers temps. Comme si le mur de pierre qu’il avait construit entre lui et le jeune homme, lui interdisant de l’approcher, se fissurait petit à petit.

Et ce qui se fissurait également, c’était sa dignité. Il fallait qu’il se reprenne, au risque de perdre toute crédibilité auprès d’Arsinoe. Il jeta un oeil à Dena, sa fylgia, qui l’observait de loin, posée sur un lampadaire et qui semblait bien s’amuser de la situation. A coup sûr, elle ne perdrait pas une occasion de lui rappeler ce qui venait de se passer, à la moindre occasion.

Codage par Libella sur Graphiorum

Arsinoe Adelsköld
Arsinoe Adelsköld
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Je suis une experte en raccompagnement de gens bourrés. J’ai toujours affirmé – avec autant d’ironie que de mauvaise foi – que c’est cette décoration, qu’on aurait dû me donner. Je tolère plutôt bien l’alcool ; habitude des trop nombreuses cuites avec mes potes de l’armée ou simple chance. Je n’ai quasi jamais de gueules de bois et j’ai besoin de m’enfiler plus qu’une bouteille, pour voir mon univers tourner. Mon escadron m’avait qualifiée d’ eskorte av idioter. Celle responsable de les traîner subtilement sous leurs tentes. Du moins, aussi subtilement qu’on pouvait l’être en chantant des airs grivois, en gueulant son numéro d’identification et en ricanant trop fort.

Cette soirée, en compagnie d’un type que je peux peut-être qualifier d’ami maintenant, ou de quelque chose qui s’en approche, me fait penser à celles d’autrefois. Je regarde Stanislas se maintenir contre le mur, perdre l'équilibre et tournoyer. Je n'essaie pas de l'aider. Pourquoi empêcher les gens de se casser la gueule ? En s’écroulant sur le sol, on apprend. M’fin, en général. J’admets qu’il ne doit pas apprendre des trucs très majeurs, en cet instant. Mais je ne me suis jamais précipitée vers un type bourré pour l’aider et je ne compte pas changer mes habitudes. Quand on prend une bouteille, on prend les conséquences qui vont avec. Et ça vaut aussi pour moi.

Un rire amusé s’échappe de ma gorge, lorsque je le vois à genoux par terre. Pour la compassion, on repassera. Je sais que c’est bénin, de toute façon. Et la scène est marrante. Je ne m’empêche jamais de rire, qu’importe le contexte, que ce soit approprié ou non. Le rire est un onguent, un pansement, un soleil composé d’arc-en-ciel. Mieux que des larmes, mieux que des colères, mieux que tout le reste. Je suis accrochée à mon rire comme d’autres sont accrochés à leur baguette.

L'homme tente de se relever, avec un succès douteux. Il se retient de nouveau au mur et je souris en m'avançant vers lui. Je titube légèrement ; pas assez pour me rétamer sur le sol, mais suffisamment pour que je n’aie pas l’air sobre. « Arsi t’es où ? Viens m’aider s’teuplaît, j’peux plus… plus me relever là. Je te jure si je retrouve le connard qui sait pas poser des carreaux au sol, je lui fais manger sa baguette. Et je suis capable de le faire, tu sais. » Mon rire éclate de nouveau, léger, influencé par tous les verres qu’on s’est enfilé, avant d’aller à l’extérieur.

J’essaie de me remémorer le début de la soirée, tout en achevant de combler la distance entre moi et celui qui aime tant les murs. Ma journée avait été géniale : pleine d’adrénaline et de cette douce camaraderie que j’apprécie tant. J’étais sortie au bar par habitude : je redoute les nuits en solitaire et les soirées où je ne fais que redouter le coucher du soleil. J’y ai vu Stan, ce type chez qui j’ai passé une nuit, en tout bien tout honneur. J’avais été sincèrement contente, que nos routes se croisent de nouveau. On a enchaîné les verres, forcément. Et nous en sommes là, tous les deux dehors, sans but précis, outre celui de continuer la nuit. Ça me va parfaitement. Je n’aime pas les objectifs trop clairs. « Arsi j’ai sommeil. C’est plus de mon âge toutes ces conneries, bordel. Pourquoi on vieillis, c’est d’la merde… » Quel âge a-t-il, déjà ? Je ne me souviens pas lui avoir déjà demandé. À première vue, je l’estimais autour de la quarantaine. Pas plus jeune que moi, assurément. « T’es si vieux Stan ? La prochaine fois, rappelle-moi de ne pas te laisser prendre un dernier verre. » Je me moque sans méchanceté, avec un sourire qui pétille dans mes yeux clairs. La situation m’amuse. La nuit m’amuse. Et tant que je m’amuse, je souris. « Allez, tiens-toi à mon bras, sinon tu vas devenir intime avec tous les carreaux de Völva Havegang. » Je n’attends pas sa réponse. Je l’empoigne solidement, resserrant mon bras contre le sien au cas où il chuterait. Mes muscles sont fermes, secs et développés. Dignes de mon ancien escadron et de mon rang. J’en suis fière et orgueilleuse ; je n’ai rien à envier aux jeunes Flyverkonstabe.  « J’habite pas loin, t’as qu’à venir dormir dans mon lit, c’est à mon tour de te rendre la pareille. T’es trop atteint pour rentrer chez toi, j’sais pas comment tu ferais, mais j’suis sûre que tu te retrouverais à poil dans un champ de framboises. » Alors qu’un tel champ est inexistant, à Göteborg. L’image m’arrache un nouveau rire. Il y a une chose de certaine ; quand on est bourré, tout est possible.
Stanislas Jensen
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Pyjama party

Agrippé au mur comme un désespéré à la branche qui l’empêche de tomber dans le vide, Stan essayait de conserver un semblant de stabilité pour ne pas réitérer sa petite danse du genoux contre sol. C’était sympa une fois, mais à la longue ça devenait vite redondant.

Surtout que Stan détestait ne plus être maître de lui-même. Depuis combien de temps ne s’était-il pas retrouvé dans cet état ? Il était rare que l’homme d’affaire soit éméché au point de devoir demander l’aide d’un tiers.

Habituellement, s’il titubait légèrement c’était déjà un monde. Mais il fallait croire que ce soir, il avait un peu trop abusé sur les shots, sans faire attention au nombre de verres qui lui brûlaient tour à tour le gosier.

« T’es si vieux Stan ? »

Vieux, vieux. Il n’en était pas non plus à utiliser ce terme pour parler de sa personne. Il avait simplement sous-entendu qu’il avait dépassé l’âge de se prendre des cuites dignes d’un jeune de 20 ans.

Il avait dépassé l’âge de rentrer à quatre pattes sans trop savoir par quels moyens. Il n’était plus en capacité de continuer une même soirée pendant sept jours d'affilé et... oui, il était vieux…

« La prochaine fois, rappelle-moi de ne pas te laisser prendre un dernier verre. »

Le problème ne venait probablement pas du dernier verre, mais de tous ceux qu’il avait pris avant. Il fallait qu’il se fasse une raison, il n’était plus aussi résistant. Cette triste réalité le rattrapa en même temps que le bras d’Arsinoe qui l’aida à se remettre un peu plus droit sur ses pieds.

« Allez, tiens-toi à mon bras, sinon tu vas devenir intime avec tous les carreaux de Völva Havegang. »

Il y avait effectivement des chances, mais sa fierté lui interdisait d’en valider la véracité. Plutôt se manger le sol une nouvelle fois. Il ne se fit toutefois pas prier pour s’accrocher au bras de la jeune femme, sa nouvelle branche de secours.

“Pour info chère amie, je ne suis pas vieux, la vie m’a simplement octroyé plus d’expérience que toi”.

Inutile de lui balancer le chiffre quarante-trois comme une justification de son état. Il avait simplement outrepassé ses limites, qui avaient baissées ces dernières années sans que personne ne le prévienne.

Ou peut-être que le manque d’entraînement avait réduit sa capacité à tenir l’alcool. Il était vrai qu’il n’avait plus participé à une beuverie digne de ce nom depuis belle lurette. Le problème venait sûrement de là. Pas de son âge non, il avait encore de belles années devant lui. Quarante-trois ans, ce n’était rien. Vraiment pas grand chose.

Stan ne prêtait attention à rien, se contentant de suivre la cadence imposée par le corps musclé, et bien plus solide qu’il n’y paraissait au premier abord, d’Arsinoe. Toutefois, il ne fallait pas en attendre moins d’une femme de son rang. Il parlait bien évidemment de sa carrière militaire. Pas de son autre rang, auquel il s’efforçait de ne pas penser.

Une engeance de plus parmi ces êtres qui se pensaient supérieurs à tout et tout le monde. Sous un prétexte dépourvu de logique - selon lui. Fort heureusement, la jeune femme était loin de partager ces idéaux obsolètes. Autrement leur relation aurait pris une toute autre tournure, bien moins agréable.

« J’habite pas loin, t’as qu’à venir dormir dans mon lit, c’est à mon tour de te rendre la pareille. T’es trop atteint pour rentrer chez toi, j’sais pas comment tu ferais, mais j’suis sûre que tu te retrouverais à poil dans un champ de framboises. »

Le rire d’Arsinoe résonna autour d’eux et Stan ne put s’empêcher de se joindre à elle. L’image renvoyée par son amie était des plus désopilante.

“Si tu me trouves un champ de framboise, je veux bien m’y foutre à poil rien que pour la blague. Et parce que j’aime les framboises”.

Non pas vraiment. L'alcool lui faisait dire n’importe quoi.

“En fait, j’aime pas les framboises. Un champ de Whisky c’est mieux. Si tu me trouves un champ de Whisky, je veux bien y aller à poil”.

Son esprit embrumé divaguait complètement et passait d’une information à l’autre sans ordre particulier. Au point où il en était, il aurait pu commencer à lire un livre par la fin.

“J’espère que t’as un grand lit, parce que je dors pas par terre comme un ado de 15 ans, je te préviens”.

Monsieur se faisait ramasser dans la rue et se permettait en plus d’être exigeant ?Tout à fait. D’ailleurs, en y repensant, il se rappela que c’était la première fois depuis longtemps qu’il était invité à dormir ailleurs que dans son lit. Était-ce arrivé une seule fois d’ailleurs ?

“Mlle Adelsköld, j’accepte avec joie votre invitation”.

Oui, c’était une faveur qu’il lui faisait de venir dormir chez elle. Ah non c’était l’inverse ? Simple question de point de vue.

“D’ailleurs je vais te dire un secret. C’est ma première pyjama party. J’espère que t’as préparé les vernis, on va passer notre meilleure nuit darling”.

Il partit d’un grand rire, tout en continuant de tituber accroché au bras de son amie.

Codage par Libella sur Graphiorum

Arsinoe Adelsköld
Arsinoe Adelsköld
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« Si tu me trouves un champ de framboise, je veux bien m’y foutre à poil rien que pour la blague. Et parce que j’aime les framboises. » Je ne doute même pas qu’il le ferait, si je trouvais un tel champ. Pendant une seconde, je fais l’inventaire des lieux que je connais à Göteborg, ou plutôt, j’essaie de le faire. Mes connaissances agricoles sont bien plus limitées que mes connaissances militaires et force m’est de constater que je ne sais pas du tout où se regroupent les fermiers du pays. Surtout en plein mois de janvier. Pourquoi étais-je en train de songer à un tel détail, déjà ? « En fait, j’aime pas les framboises. Un champ de Whisky c’est mieux. Si tu me trouves un champ de Whisky, je veux bien y aller à poil. » Ça, je suis quasi certaine que ça n’existe pas. Pas les hommes à poil, mais les champs de whisky. Parce que le whisky, ça pousse sur les plages, pas dans la terre.

Røyk, sous sa forme de lionne un peu chevrotante, me signale d’un ricanement que l’alcool me monte peut-être un peu plus à la tête que ce que je pensais. Je la secoue, comme pour me remettre les idées claires, sans avoir réellement envie de le faire. Je ne forme personne demain et je ne suis pas déployée actuellement. Aucune bonne raison d’être totalement lucide, surtout après les semaines de merde que j’ai passé précédemment. « J’espère que t’as un grand lit, parce que je dors pas par terre comme un ado de 15 ans, je te préviens. » Mon rire s’échappe de nouveau, très bruyant, tandis que je resserre mon bras contre le sien, au cas où il aurait envie de vérifier sa vitesse de chute. Je ne savais pas que Stan était un douillet, mais ça me fait plutôt marrer. Ça colle à l’image que j’ai de lui, au fond. Quelqu’un d’un autre univers que le mien, mais pas forcément désagréable à côtoyer. Ce ne sont pas que les adolescents de quinze ans, qui dorment par terre occasionnellement. Il y a aussi les militaires, ceux qui sacrifient leur vie pour qu’il puisse, quelques soirs par semaine, se prendre les pavés de Göteborg à la gueule s’il le veut. Mais les civils ont toujours été extrêmement inconscient sur le sujet ; je ne compte pas lui faire la morale. Pas ce soir. Peut-être plus tard. Genre demain, entre deux croissants, six cupcakes et deux litres de café chaud. Beaucoup d’eau pour lui, aussi. « Mlle Adelsköld, j’accepte avec joie votre invitation. » Je ne l’aurais probablement pas laissé rentrer chez lui seul, même s’il avait refusé. Trop de risques qu’il transplane de divers et qu’il termine sa soirée en plusieurs morceaux. Ça me fait bizarre d’ailleurs, de me faire donner du mademoiselle. J’ai l’habitude d’entendre plutôt mon rang. « D’ailleurs je vais te dire un secret. C’est ma première pyjama party. J’espère que t’as préparé les vernis, on va passer notre meilleure nuit darling. » Je ris de nouveau, tout en le faisant tourner vers la gauche. Darling, vernis et pyjama party. Tout à fait moi. Je crois que je n’ai aucun souvenir d’un tel moment, même dans mon adolescence. Déjà, parce que je ne voyais pas l’intérêt de dormir en pyjama, ensuite parce que j’ai très tôt fui les soirées dans le genre, préférant les moments dans la forêt, ou ceux à préparer des coups avec mes potes.

Devant nous, une nouvelle rue se dessine. Je remarque mon immeuble au loin, à une vingtaine de mètres. Pratique, de ne pas habiter trop loin des bars. Ou peu pratique, au contraire, quand on aime pas terminer la soirée en solitaire, comme moi. Je rétorque d’une voix moqueuse : « Me mets pas au défi de te trouver un tel champ, Stan. » Parce que je suis toujours prête à relever tous les défis, même les plus débiles – surtout les plus débiles. Je le pousse légèrement pour le taquiner, pas assez pour le faire tomber, mais juste assez pour le déstabiliser, sans relâcher son bras : « J’ai du vernis, mais je l’utilise tellement rarement qu’il doit être écaillé. On le testera sur tes pieds. » Certaines personnes sont capable d’oeuvres d’art, avec ces trucs. Ce n’est pas mon cas. Je n’ai ni la délicatesse ni la patience nécessaire. Le dessin et la peinture ne m’ont jamais attirée ; peut-être parce qu’on m’a trop souvent dit que c’était le genre d’activité que je devrais faire, plutôt que de taper sur des gens. Je n’aime pas quand on tente de me circonscrire dans un domaine. Je reprends la phrase du type à mes côtés en rigolant, un large sourire sur mes lèvres alcoolisées : « Plus d’expérience hein ? Ça reste à prouver. Pour le moment, c’est la plus jeune qui tient debout, et l’ancêtre qui envisage de se mettre à poil. » Faudrait que j’envisage sérieusement de lui demander son âge, à un moment. Je n'y ai jamais accordé beaucoup d’intérêt. Pour moi, l’âge est un simple marqueur temporel. Un chiffre qui nous dit combien de temps il nous reste avant de claquer ou d’être plus sensible aux maladies, rien de plus. L’âge ne révèle rien du passé de chacun, des histoires horribles accumulées ou non.

On se rapproche de ma porte, que je pointe du menton. Non verrouillée, comme à l’accoutumée. Je l’indique à Stan, affirmant : « Mon lit est assez grand pour faire l’étoile dedans, mais compte pas sur le confort. Et tu sais pas ce que tu rates, en ne voulant pas dormir par terre. »   On sera assurément loin du confort de son propre lit, mais c’est toujours mieux que de faire un somme dans la ruelle.
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