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Deux ou trois coups dans le nez… Ft. Ying Yue
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Stanislas Jensen
Stanislas Jensen
GÖTEBORG Livet är en kamp, ​​du måste förbereda dig för striden






Deux ou trois coups dans le nez…

Un, deux, trois, quatre, cinq. Cinq charmants gentlemens prêts à fourrer la première dinde qui passera et voudra bien s’offrir à eux. Leur attitude ne trompait pas. Leurs regards fureteurs braqués sur la porte, brillants d'intérêt à la moindre personne entrant dans le bar. Leur air désabusé lorsque leurs espoirs étaient déçues et ces yeux brillants quand leurs attentes semblaient à portée de main.

Venaient ensuite leurs tentatives désespérées pour ferrer le poisson. Bien souvent déçues par les demoiselles ou damoiseaux bien trop perspicaces pour leurs piètres performances. Un spectacle d’une tristesse… Le plus amusant restait encore leur air déconfit et leur attitude penaude lorsqu’ils retournaient à leur place avant le retour au stade un, lorsque la porte s’ouvrait à nouveau. L’espoir faisait vivre comme on disait.

Oui il n'avait pas trouvé de meilleure occupation que celle d'observer les petits manèges des uns et des autres, dans ce bar bondé et pourtant bien vide d'intérêt. Il en était donc réduit à cette activité peu attrayante et dévalorisante. Ce qu'il faisait-il ici ? Il n'en savait trop rien. Ses pas l'avaient guidé, sans trop savoir pourquoi, dans ce bar où il avait élu domicile depuis plusieurs heures déjà.

Rien n'était venu égayer sa soirée. Ni personne. Mis à part son verre de whisky à nouveau vide et les agissements de moins en moins cohérents des gens qu'il observait. Les raisons de cet état ? La fatigue ? Le dépitement ? La lassitude ? Un peu tout ça à la fois.

Ce monde malade ne valait rien. Et se battre contre une mélasse grise et informe qui vous entraînait avec elle petit à petit, ne valait pas mieux. Il continua ses observations des énergumènes autour de lui. Discutant trop fort, riant, dansant, hurlant même pour certains.

Fût un temps, cette ambiance le transcendait. Il était même le premier à créer cette euphorie générale, discutant avec le premier ou la première venue, hurlant de rire à tout va et buvant verres sur verres sans se préoccuper de rien.

Mais il semblait avoir perdu cet intérêt pour la spontanéité et les petites joies de la vie. La sienne était devenue une succession de tâches réglées à la minute. Et ce soir, cette petite vie trop bien calculée l'agaçait. Ce monde régit par le temps, la bienséance et le politiquement correct, il l'emmerdait profondément.

“Foutu monde de merde” Marmonna-t-il alors que le serveur lui reservait un nouveau verre.

Il s'ennuyait. Voilà la vérité. Plus rien n'avait de couleur, de saveur, de douceur. Tout était trop lisse, monochrome et fade. Fichtre c'était quoi ce bordel ? Pourquoi était-il aussi aigri ce soir ? Il avait toujours su profiter des choses les plus insignifiantes. Alors pourquoi broyait-il du noir ?

Il lui fallait une distraction. Était-ce ce besoin enfouit qui avait poussé ses pas jusqu'ici ? Allez savoir. Il songea une seconde à contacter Aylen, son assistant, en prétextant une affaire urgente sortie de sous le chapeau.

Rien que pour le plaisir de le voir, d'entendre sa voix et de faire face à son air agacé lorsqu'il comprendrait qu'il l'avait fait lever au beau milieu de la nuit pour rien. Oui ça lui plairait bien. Il commanda un dernier verre. Si d'ici là rien de notable ne se produisait, il enverrait un hibou lui ordonner de le rejoindre dans la demi-heure. Quitte à le sortir lui-même de son lit.

Un liquide ambré empli à nouveau son verre, qu’il attrapa avant de se tourner et de faire face à la salle, accoudé au comptoir. Autant profiter encore un peu du spectacle désolant que lui offrait cette palette d’humains issues de toutes les strates de la société sorcière.

Codage par Libella sur Graphiorum

Ying Yue Amundsen
Ying Yue Amundsen
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Deux ou trois coups dans le nez

@Stanislas Jensen • 20 janvier 2024 - soirée


L'avantage quand on est assigné à la base marine, c'est qu'on a plus de quartiers libres que lorsqu'on est embarqué en pleine mer. Et les options pour profiter de ce temps de repos sont plus variées elles aussi. Un week-end entier, un vrai week-end en même temps que le reste de la populace magique, il y a de quoi prévoir tout un tas de plans incroyables, quand bien-même ce week-end se terminerait demain vers quinze heures. J'avais échangé un quart avec Karl pour qu'il puisse rentrer auprès de sa copine, et nouvellement femme, et l'emmener fêter ses noces comme il se doit. Une bien belle connerie si on me demandait mon avis, mais personne ne prend la peine de le demander réellement, tout le monde sait qu'il serait moqueur et railleur envers le camarade. Heureusement qu'il a des bons côtés Karl, on lui pardonne cette énorme bêtise que de se lier si jeune avec une autre personne. Non, je n'avais pas accepté par charité, encore moins pour la joie de célébrer l'amour et l'immense joie maritale de jeunes mariés. Non, je n'avais accepté que pour la contrepartie promise par Karl. Une dette plus importante que toute celle qu'il a jamais pu contracter auprès de moi, une dette non limitée dans le temps, sans thématique, sans règle. Un passe-droit pour lui demander n'importe quoi, n'importe quand en échange comme il avait dit. Un sourire narquois étire mes lèvres à cette pensée tandis que je finis de nouer l'élastique dans mes cheveux, formant une boule parfaitement lisse à l'arrière du crâne. Trois anneaux d'or plus tard, logés dans les trous de mon oreille gauche, et je sors de ma chambre tout en admirant sur mes ongles mon œuvre du jour : un vernis d'un bleu saphir qui ondule des courbes comme celles des verres que je compte bien absorber ce soir. Allant du pouce plein, à l'auriculaire, presque vide. Simpliste et probablement compréhensible que par moi-même, comme c'est souvent le cas.

Planté devant la porte de Torstenn, je cogne quelques coups rapides avant de me baisser mon regard vers Bølga qui gratte le raie de lumière qui filtre sous la porte dans un signe de l'impatience qui agite nos nerfs. Chaque minute perdue ici sont des minutes de moins à profiter de la vie active de Göteborg et de ses boissons fraîches. Quand la porte s'ouvre d'un coup, le tigre grogne doucement avant de sauter sur les flancs de l'autre fylgia qui n'en attendait pas moins et accepte le jeu et s'agrippant au pelage tigré pour rouler dans le couloir dans une cohue de poils et de griffes. Je ne suis pas en reste, j'ai agrippé les épaules du Chefsergent pour le tirer vers l'avant dans une exclamation enthousiaste. « J'vois que t'es de bonne humeur Amundsen, ça promet. » La voix rocailleuse de Torstenn ricane contre mes oreilles et je le pousse un peu rudement vers l'avant après qu'il ait fermé sa porte d'un geste rapide. « Et comment ! Ca fait longtemps qu'on s'est pas pris un verre à plusieurs. On va chercher Fridha, Saffi, Ilario et Thullen ? » Il hoche la tête, simplement, en guise de toute réponse avant de bifurquer dans le couloir adjacent et de s'arrêter devant une nouvelle porte. « Jens ? » Cette fois c'est moi qui secoue la tête dans une moue déçue avant d'ajouter : « Il a été appelé chez lui, son frère a eu un gamin cette semaine. - Drôle d'idée. - Ouais. Entre ça et Karl qui s'est marié...» Il ricane d'un souffle de nez avant de frapper à son tour contre la porte de Fridha qui s'ouvre presque immédiatement sur son visage délicatement maquillé. « C'est pas trop tôt, ça fait dix minutes que je vous attends. Vous êtes pires que des filles quand il s'agit de vous préparer pour sortir en ville. » L'échange de regard faussement tendu m'arrache un sourire plus large avant de leur faire signe de se bouger les fesses.

Une fois tous rassemblés, il avait suffit d'un transplanage hors de la base marine pour arriver directement dans les rues animées de la Völva, des sourires rayonnants sur nos visages marqués par la fatigue. Parce qu'on a beau se donner le change, les journées passées à terre sont rudes. Les entrainements se sont intensifiés depuis le désastre de notre dernière mission en décembre. Celle qui m'avait brisé le bras et empoisonné les tissus et laissé Karl plus mou qu'un vieux chiffon oublié en fond de cale. On avait faillit perdre des hommes cette fois-là, et si on se moque ouvertement des choix du marinespecialist, on comprend tous que son passage trop près de la mort avait guidé sa décision à épouser sa désormais femme, le plus rapidement possible. Pour pas la laisser sur le ponton sans rien si il devait un jour ne pas revenir de l'immense océan. Je comprends, même si je trouve personnellement la démarche foncièrement égoïste. L'amour ce sont des conneries qui vous rendent accros à une autre personne au point de faire des actes déraisonnés. Et se marier à quelqu'un quand on risque de laisser notre peau entre deux eaux à chaque levé d'ancre, c'est condamner l'autre à des souffrances stupides. Ca vaut pas le coup, pour personne. « A moi de choisir le bar ! Huuuuuuum, alors.....Le Asgard ! Ca fait longtemps. » la voix posée de Fridha me tire de mes réflexions et sans chercher à discuter sa décision je suis le mouvement, trop pressé d'aller commander un verre pour me prendre la tête sur le lieu dans lequel on s'installera. Comme souvent, l'endroit est déjà surchargé de personnes en tout genre et les odeurs acres des corps mêlés des parfums trop nombreux me fait retrousser le nez dans un pincement écœuré. « On se pose au bar, il n'y a plus une table de libre » La voix grave de Torstenn couvre le bruit ambiant et je hausse les épaules, le comptoir c'est très bien. On sera toujours plus près pour commander des tournées. Et c'est ainsi qu'on s'est retrouvés tous les six accoudés au bar sans la moindre gêne pour les autres clients obligés de contourner notre groupe pour atteindre le comptoir. Les seuls regards de Thullen suffisent à dissuader la plupart de chercher à s'imposer au milieu de nous, et les histoires de Fridha qui s'est lancée dans un nouveau récit de l'attaque qui avait faillit tuer Karl, et me coûter un bras, éloignent ceux qui voudraient tenter de s'approcher trop près de Ilario et de ses regards rêveurs. « Dommage que Jens ne soit pas là, il me doit une revanche aux cartes de l'autre fois. » Ilario n'a pas tort, moi aussi je regrette l'absence de Jens, lui aurait pensé à commander quelque chose à manger en plus de nos verres. « Mouais, tout ça à cause d'un gamin de trois jours qui aurait largement pu attendre deux semaines de plus avant de rencontrer son tonton. C'pas comme si il allait se souvenir de lui. » Je ricane avec les autres avant de porter mon gin à mes lèvres et d'une avaler une belle gorgée. Ma langue avale les gouttes qui perlent sur mes lèvres narquoises, dévoilant une canine sensiblement plus développée que celles d'un sorcier lambda. « En parlant gamins inutiles, ma mère m'a dit que que le fils d'Isabel, ma cousine vous savez celle mariée à un Lau, avait toujours pas montré le moindre signe de magie. Déjà qu'il a pas chopé le gêne poisson. - Manquerait plus qu'il soit cracmol. Mon pauvre Torstenn, elle vous a vraiment pas fait de cadeau celle-là. S'marrier avec un du ministère, et sortir un cracmol. Double peine pour toi. » Je ricane, agrémentant ma remarque d'un coup d'épaule dans la sienne dans un souffle acide de sa part. « Le gamin a intérêt à se réveiller ouais. » Un gamin de bientôt dix ans, si je ne me trompe pas. Ca commence à faire long pour attendre des pouvoir magiques. « Si jamais, tu sais où me trouver. J'ai toujours faim ces soirs-là. » Mon sourire se fait presque mauvais tandis qu'il me tape d'un coup dur dans le dos l'air de dire arrête de dire des conneries tout en glissant un sourire narquois sur ses lèvres. « Va bouffer les gamins cracmols des autres, j'veux pas me retrouver avec une enquête du ministère sur les épaules avec tes conneries. - Ca va, je dis ça juste pour vous éviter de vous taper la honte l'année prochaine quand il se fera recaler à Durmstrang. Ta gueule Amundsen. » Je ricane une nouvelle fois, avant de me tourner, coude sur le comptoir vers le barman pour lui faire signe de nous remettre une deuxième tournée, avant de finir mon verre de gin d'une seule gorgée.

Stanislas Jensen
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Deux ou trois coups dans le nez…

La palette hétéroclite de mages et sorcières qui entraient et sortaient du bar épuisait petit à petit l’intérêt qu’elle avait pu avoir dans un premier temps. Il commençait à se faire tard, et l’attention de Stan était de plus en plus tournée vers son assistant.

Un groupe fit son entrée. Le regard de Stan ne s’attarda que quelques secondes sur eux. Un groupe d’amis venus profiter d’une soirée pour fêter il ne savait encore quel évènement. Rien de bien intéressant.

Comme il regrettait cette époque où toute rencontre pouvait se révéler riche d’expérience. Aujourd’hui, il pouvait presque savoir en une demi-seconde ce que chacun avait à lui apporter - ou non.

Fort heureusement, il lui arrivait encore d’être surpris et de découvrir dans la masse de véritables perles rares. Comme son amitié presque improbable avec la jeune Arsinoe. Mais ce genre de choses était si rare à présent.

Il secoua la tête. Pourquoi était-il tant désabusé par la vie ? Il fallait dire qu’il avait expérimenté tant de choses qu’il avait l’impression d’avoir fait le tour d’à peu près tout. Etait-ce de là que venait son problème ? Il était en passe de devenir un vieux réactionnaire criant à tout va que dans sa jeunesse, les gens avaient plus de politesse ?

Comme il était à deux doigts de le rétorquer au groupe qui venait de prendre place au comptoir près de lui et qui gênait à peu près la moitié du bar. Chose dont aucun d’eux ne semblait se soucier ou était complètement conscient mais n’en avait cure.

Il jeta un regard en biais dans leur direction et reconnut le groupe qu’il avait vu entrer quelques minutes plus tôt. Il était vrai que, n’ayant plus de tables libres, ils n’avaient d’autre choix que de se retrouver ici. Leur présence ne le dérangeait pas spécialement.

Du moins avant qu’il n’entende un bout de leur conversation. Conversation que celui qui se trouvait le plus proche de lui, un jeune homme aux traits asiatiques qui ne devait pas avoir plus d’une trentaine d’années, semblait prendre plaisir à faire partager à la moitié de l’assistance.

« Manquerait plus qu'il soit cracmol. Mon pauvre Torstenn, elle vous a vraiment pas fait de cadeau celle-là. S'marrier avec un du ministère, et sortir un cracmol. Double peine pour toi. »

Il arqua bien haut ses sourcils face à de tels propos. Il venait de tomber sur une perle. Pas le genre de perles que l’on prend soin d’aborder avec douceur. Le genre de perle pourrie de l’intérieur, qui suinte l’acrimonie et qu’il faut impérativement empêcher de nuire.

Son oreille se focalisa complètement sur la suite de la conversation. A défaut de passer une bonne soirée, il en profiterait pour aiguiser un peu plus sa haine envers ces sorciers aux idées obsolètes et dégénérées. Encore des idées de sangs-de-purins.

« Le gamin a intérêt à se réveiller ouais.
- Si jamais, tu sais où me trouver. J'ai toujours faim ces soirs-là. »


Était-ce une blague de très mauvais goût ? ça n’en avait pas l’air. Sa main se serra autour de son verre si fort, qu’il était à deux doigts d’exploser entre ses mains. Du calme. Des déchets dans son genre, il en avait déjà croisé une bonne tripotée depuis toutes ces années.

Toutefois, déclarer qu’il était prêt à tuer un enfant, cracmol de surcroît, tout en laissant clairement sous-entendre sa nature de loup-garou - car pour Stan il ne pouvait s’agir d’autre chose - le rendit fou de rage. Blague ou pas, il était inconcevable de prononcer de telles paroles.

« Va bouffer les gamins cracmols des autres, j'veux pas me retrouver avec une enquête du ministère sur les épaules avec tes conneries.
- Ca va, je dis ça juste pour vous éviter de vous taper la honte l'année prochaine quand il se fera recaler à Durmstrang.
- Ta gueule Amundsen. »


Amundsen. Ce nom lui dit vaguement quelque chose. N’était-ce pas cette famille de sang-pur qui se plaisait à transmettre le gène de loup-garou ? Ceci expliquait cela. Foutu sang-de-purins. Toujours à lui pourrir même la plus banale des soirées.

Avec une décontraction feinte, Stan se remit face au bar où il posa son verre vide un peu plus fort que la normale avant d’en commander un nouveau. La rage bouillait en lui mais il garda un visage impassible alors qu’il lâchait d’une voix suffisamment forte pour être entendu du groupe, les yeux délibérément fixés sur son verre que le serveur remplissait déjà.

“Drôle de façon de parler de ses propres gênes. Puisque, si ma mémoire est bonne, il n’y a que dans les branches des vieilles familles sorcières que ce genre d’anomalies se produisent. Le sang noble et pur. Mon cul. Le sang souillé et l’esprit arriéré par la consanguinité oui.”

Il marqua quelques secondes de pose avant d’attraper son verre et de se tourner, sourire aux lèvres et bras levé en l’air comme s’il portait un toast, vers le groupe à sa gauche.

“Ce que je trouve d’autant plus risible, ce sont les paroles sorties tout droit de la bouche - ou devrais-je plutôt dire de la gueule - d’une abomination dans ton genre.”

Il but une gorgée de whisky, un sourire narquois se dessinant sur son visage, le regard braqué sur le jeune Amundsen. En temps normal, il n’avait rien contre les hybrides, bien au contraire. Mais ce demeuré de sang-pur l’avait fait sortir de ses gonds. Il ne parvenait plus à contenir ses paroles, pas plus que la colère froide qui brillait dans ses yeux.

“Amundsen. T’es un des rejetons de cette famille qui pense que le poison qui coule dans ses veines est un véritable don du ciel mmh ? Pas étonnant que ces mots suintant de dégénérescence soient sortis de ta bouche”.

Finalement, il allait peut-être passer une soirée un peu plus intéressante que prévu. Une chance toutefois qu’on ne soit pas un soir de pleine lune. Du moins il l’espérait. Il n’avait pas pensé à regarder son calendrier lunaire avant de sortir.

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Ying Yue Amundsen
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Deux ou trois coups dans le nez

@Stanislas Jensen • 20 janvier 2024 - soirée


J'aime cette atmosphère d'insouciance qui déborde de cette soirée. Le besoin de relâcher la pression en conneries, de laisser derrière nous les longues heures d'exercices, allongés dans l'eau, à se prendre les marées jusqu'à recracher le sel par les yeux. La discipline poussée jusqu'à son paroxysme pour grappiller trente secondes sur notre score précédent. Toujours plus, pour espérer transformer les secondes en minutes et prendre les devants mieux que personne d'autre avant nous. Une soirée d'insouciance à raconter des conneries, à s'alcooliser le fond de cale pour tanguer d'une autre façon et repousser le mal de terre qui nous opprime lors des périodes trop longues, assignés à la base maritime. Je suis de bonne humeur ce soir, un avantage sans aucun doute, pour l'homme qui fait claquer son verre sèchement sur le comptoir juste à côté de moi. J'entends le son mat sans y prêter trop d'attention, jetant juste un rapide regard de côté tandis que le serveur revient avec nos commandes pleines. D'un geste j'attrape les verres pour les distribuer à leurs propriétaires avant de lever le mien vers eux, un large sourire aux lèvres. Je m'apprête à lancer une remarque tout à fait à propos que toute cette discussion m'a donné faim, quand une voix inconnue résonne dans mes oreilles. Une voix pleine d'acidité amère. Le genre de voix feinte qui laisse couler une colère brûlante derrière une fausse neutralité. Le genre de voix qui excite immédiatement mes propres réflexes joueurs et carnassiers. Le genre de voix qui promet une soirée riche en émotions. « Drôle de façon de parler de ses propres gênes. Puisque, si ma mémoire est bonne, il n’y a que dans les branches des vieilles familles sorcières que ce genre d’anomalies se produisent. Le sang noble et pur. Mon cul. Le sang souillé et l’esprit arriéré par la consanguinité oui. » Mon sourire se fait tout aussi radieux que le sien, je pousse même l'insolence jusqu'à répondre à son prétendu toast, mon propre verre levé, un léger signe de tête qui s'incline, une gorgée qui roule dans la gorge comme pour saluer ses mots pleins de bon sens. A côté de moi, Torstenn s'est immédiatement redressé, regard dur et franc. Lui il n'est pas du genre à jouer quand son égo est piqué au vif avec des mots aussi explicites. Il est du genre à se dresser, mur de brique, face à la houle écumante de la tempête. Rempart inébranlable, d'une rigidité de fer, sur lequel viennent se briser les espoirs des naufragés dans le genre du vieux type qui nous fait face. « Ce que je trouve d’autant plus risible, ce sont les paroles sorties tout droit de la bouche - ou devrais-je plutôt dire de la gueule - d’une abomination dans ton genre. » C'est tellement parfait que je m'empresse d'avoir une pensée de remerciement émue envers Tyr d'avoir placé un tel amusement sur mon chemin ce soir. Tout y est, jusqu'aux insultes les plus adorables sur ma nature. Un vrai régal. Le goût métallique de la colère se colle sur ma langue, vieille amie qui ne dort jamais tout à fait. La bête, éveillée par la haine de l'autre gronde dans mes entrailles, ombres sauvages dans les iris qui se fixent sur le contenu de mon verre qui roule en cercles concentriques sous l'action imposée par ma main. « Amundsen. T’es un des rejetons de cette famille qui pense que le poison qui coule dans ses veines est un véritable don du ciel mmh ? Pas étonnant que ces mots suintant de dégénérescence soient sortis de ta bouche. » L'amusement est une façade, un échappatoire à l'envie, évidente, le lui éclater les dents sur le comptoir d'un geste rapide. Je déteste ceux qui s'incrustent dans des conversations sans y être invités. Je déteste ceux qui prennent le prétexte de ma nature lupine pour supposer une infériorité à leurs têtes d'homme bien pensant. Je déteste ceux qui usent des mots comme abomination pour me décrire tant cela me paraît stupide. Quoi de plus naturel, au contraire, qu'un sang humain qui retrouve ses origines animales ? Quoi de plus supérieurs, au contraire, que cette force qui vibre avec l'intensité de toute la vie sauvage qui palpite dans mes veines, appel incessant vers la nature et les grands espaces, vers la liberté immense et brûlante des sens décuplés. Ceux qui sont dans le faux ce sont les autres, c'est lui et ses principes bien habillés dans une chemise de tissus délicat, et son audace de croire qu'il peut insulter son voisin de comptoir sans en payer des conséquences qui dépassent de loin son insolence. Il connaît mon nom, il connaît son histoire, soit il est trop ivre pour s'inquiéter de sa propre intégrité physique, soit il est très con. Torstenn est le premier à réagir, il s'avance d'un pas, dominant de toute sa haute stature et ses deux mètres impressionnants dessinent des ombres autour de nous. D'un geste calme, ma main se pose sur son torse. Ferme et doux à la fois, le : Laisse-le moi muet est sans appel, et le Chefsergent s'arrête, non sans adresser un regard assassin à notre nouvel interlocuteur. « Allons Torstenn, laissons-lui le bénéfice du doute. Peut-être qu'il n'a pas réellement voulu insulter ta famille et qu'il y a méprise. Après tout, un homme qui s'habille avec autant de goût doit avoir un minimum d'intelligence pour ne pas insulter les autres sans raison valable, n'est-ce pas, monsieur ? » Le ton calme est aussi posé et clair qu'une mer d'huile peut l'être. Et tout aussi menaçante pour les possibles dangers qu'elle annonce. Mon regard glisse vers l'importun en posant ma dernière question, détaillant sans gêne la tenue qu'il arbore, avant de remonter vers ses yeux avec un air compatissant. Un zeste de pitié douce que l'on réserve pour ceux qui n'ont pas tout à fait leurs têtes, ou les capacités nécessaires à affronter les dangers qui se dressent autour d'eux. « Excusez-le, il est légèrement susceptible quand il s'agit de sa famille. Mais qui ne l'est pas. Votre mémoire n'est pas si bonne que cela, j'en suis navré. Leur sang mêlé ne les a pas mis à l'abri de ce drame familial. Mais il est vrai que c'est une mauvaise distribution des chances qui arrivent plus souvent dans nos vénérables familles. La pureté et l'excellence ne viennent pas sans quelques sacrifices. Une notion que mon illustre ancêtre n'a pas hésité à embrasser pour sauver le monde. Au risque de faire de ses descendants les abominations que vous nommez. Personnellement je préfère le terme de monstre, c'est plus parlant. Mais encore une fois, j'imagine que vous avez l'intelligence de ne pas provoquer une des ces abomination au sang empoisonné sans raison ? » La question est en réalité purement rhétorique et j'entends le léger ricanement de dédain de Thullen derrière moi. Ma voix et mon vocabulaire épuré, légèrement mondain et soigné est tout sauf teinté de respect. Ils savent eux, les Sjøbjørn, que cette mascarade ne mène que vers une seule issue, celle aux poings qui font craquer des os et des giclées de sang sur le trottoir. La violence palpite toujours dans mes veines, inondant mes iris d'une sauvagerie qui doit satisfaire l'ego humain de celui d'en face. Je reprends rapidement : « Aussi je présume que vous vous êtes sentis particulièrement visé par ma petite boutade. Seriez-vous de ceux dont la lignée est si souillée de consanguinité qu'elle a semé cette anomalie dans votre sang ? » Je reprends ses propres mots sans vergogne, augmentant le sourire délicat qui dévoile les canines larges du loup, avant de boire une légère gorgée de gin dans un claquement de langue. Je n'aime pas plus les gens qui se permettent de critiquer aussi ouvertement leurs propres familles et leurs propres héritages. Renier entièrement d'où on vient c'est manquer d'honneur. Et les gens sans honneur, moi, ça me dégoûte. « Mais ma grande gueule de loup et moi, on ne voudrait pas faire de jugement hâtif. Puis-je au moins savoir le nom de celui qui a l'indiscrétion de se mêler des affaires qui ne le concernent pas ? » Mon attention reste faussement portée sur le contenu de mon verre, avant d'hocher légèrement la tête en direction de Fridha et d'ajouter : « Je retiens que ton choix de bar n'était pas le plus fameux, je compte sur toi pour garder en mémoire que la qualité du gin est à la hauteur de certains de ses clients. » Tristement décevant.



I remеmber how I'd find you, fingers tearing through the ground. Were you digging something up or did you bury something down? In your soul, I found a thirst with only salt inside your cup.
Stanislas Jensen
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Deux ou trois coups dans le nez…

Prenant une nouvelle gorgée, il savoura la lente descente de la boisson le long de son œsophage et le doux fumet qui emplit sa gorge, tout autant que le goût des mots qui venaient de franchir ses lèvres. Ça lui avait manqué ces petites rixes impromptues et inattendues.

Un sourire toujours plaqué sur ses lèvres, Stan vit du coin de l'œil un des acolytes du jeune Amundsen s’avancer vers lui - le plus grand, le plus impressionnant du groupe. La pensée qu’une petite analyse de la troupe n’aurait pas été de trop lui traversa l’esprit.

Mais peu importait le nombre et la carrure, Stan n’était pas du genre à se dégonfler. Quitte à se faire réduire en bouillie, il aurait au moins eu le mérite de dire ce qu’il pensait. S’il fallait limiter actions et paroles à ses peurs ou ses angoisses, l’humanité n’aurait pas été bien loin dans l’évolution.

Pour autant, l’idée de se retrouver avec une des ces énormes mains en travers de la joue ne le réjouissait pas des masses. S’il se prenait un coup de ce géant, il était presque sûr de finir au tapis avec, au mieux, une belle mâchoire déboitée. Il fit mine de ne pas s’en préoccuper, le regard toujours braqué sur le jeune loup, mais il était aux aguets, prêt à sortir baguette ou poings à la moindre occasion.

Un léger soulagement lui gonfla tout de même la poitrine lorsqu’il vit la main de son premier interlocuteur se poser sur la poitrine de l’autre pour le stopper. Bonne ou mauvaise chose, il n’aurait su le dire. Parfois, les physiques moins impressionnants étaient les plus redoutables. Certes à côté du mastodonte, l’Amundsen pouvait presque passer pour chétif, mais s’il oubliait l’ombre menaçante qui le trucidait du regard, il pouvait voir aisément une musculature développée se dessiner sous ses vêtements. De celles qui ne s’obtiennent qu’avec un entraînement rigoureux et quotidien.

Il en profita pour détailler rapidement le reste de la bande. Les postures, port de tête, coupes de cheveux laissaient peu de place au doute. Militaires, tous autant qu’ils étaient. Pas le meilleur choix pour une petite bagarre. Tant pis, il n’y avait plus de retour en arrière possible à présent. Pas avec ce qu’il avait entendu de leur conversation.

« Allons Torstenn, laissons-lui le bénéfice du doute. Peut-être qu'il n'a pas réellement voulu insulter ta famille et qu'il y a méprise. Après tout, un homme qui s'habille avec autant de goût doit avoir un minimum d'intelligence pour ne pas insulter les autres sans raison valable, n'est-ce pas, monsieur ? »

Bien évidemment, dans un moment d’égarement il avait lâché ces quelques mots malencontreux. S’il pensait qu’il allait sagement s’écraser devant lui comme devait le faire une bonne partie de la population, il se mettait le doigt dans la truffe.

Des picotements d’excitation traversèrent ses mains. Il jouait sur le même tableau que lui avec ce faux-semblant de ton détaché, ce qui plut beaucoup à Stan. Son sourire déjà bien grand, quoi qu’un peu figé, se fit plus naturel en s’élargissant davantage. Le regard du jeune homme le scruta de haut en bas, avant de porter sur lui ce qu’il crut percevoir comme un brin de… pitié ? Ce constat amusa beaucoup l’homme d'affaires. Ait pitié autant qu’il te plaira jeune louveteau, tu n’es pas au bout de tes peines.

“Naturellement.”

Malheureusement pour eux, des raisons il en avait une bourse pleine avec ce qu’il venait d’entendre. Ce petit regroupement de mots représentait tout ce qu’il exécrait chez ces ignobles sang-pur. Cette prétendue supériorité d’où résultait une condescendance à toute épreuve, avait le don de le rendre dingue. Mais avant d’avoir pu répondre plus explicitement, le jeune Amundsen reprit.

« Excusez-le, il est légèrement susceptible quand il s'agit de sa famille. Mais qui ne l'est pas. Votre mémoire n'est pas si bonne que cela, j'en suis navré. Leur sang mêlé ne les a pas mis à l'abri de ce drame familial. Mais il est vrai que c'est une mauvaise distribution des chances qui arrivent plus souvent dans nos vénérables familles. La pureté et l'excellence ne viennent pas sans quelques sacrifices. Une notion que mon illustre ancêtre n'a pas hésité à embrasser pour sauver le monde. Au risque de faire de ses descendants les abominations que vous nommez. Personnellement je préfère le terme de monstre, c'est plus parlant. Mais encore une fois, j'imagine que vous avez l'intelligence de ne pas provoquer une des ces abomination au sang empoisonné sans raison ? »

Vénérable famille, pureté et excellence. Stan ne put s'empêcher de souffler du nez. Douce blague. Quant à la soi-disant dilution de sang de son camarade, cela ne faisait aucune différence pour lui. Sang-mêlé ou sang-pur, à partir du moment où l’on proférait de tels propos c’était du pareil au même. Toutefois, lorsque l’homme face à lui vanta le choix de son ancêtre destiné à sauver le monde, Stan ne put s’empêcher de rire ouvertement.

“Sauver le monde ? Rien que ça ? Je donnerais cher pour voir un monde entièrement peuplé de loup-garou. Ou plutôt pour voir dans quel état serait le monde après  les innombrable guerres de clans que vous aurez menées génération après génération.”

La nature des loup-garou était bien trop instable, trop impulsive. Ils seraient bien en peine de vivre en harmonie dans une telle civilisation. Et le monde lui ne serait plus qu’un tas de cendres fumantes. Il n’eut cependant pas l’occasion de continuer car déjà l’autre reprenait.

« Aussi je présume que vous vous êtes sentis particulièrement visé par ma petite boutade. Seriez-vous de ceux dont la lignée est si souillée de consanguinité qu'elle a semé cette anomalie dans votre sang ? »

Perspicace le petit. Bien qu’il n’en éprouve aucune honte, Stan aurait préféré garder cette information encore quelque temps, avant qu’elle ne soit dévoilée. Mais puisqu’il en était ainsi, inutile de taire les choses. Il tiqua tout de même sur l’utilisation du mot “boutade” alors que ces mêmes paroles, tout sauf amusantes, en disaient long sur sa personne.

« Mais ma grande gueule de loup et moi, on ne voudrait pas faire de jugement hâtif. Puis-je au moins savoir le nom de celui qui a l'indiscrétion de se mêler des affaires qui ne le concernent pas ? »

Puis faisant mine de s’adresser à l’un de ses comparses, alors que la remarque lui était toute destinée.

“« Je retiens que ton choix de bar n'était pas le plus fameux, je compte sur toi pour garder en mémoire que la qualité du gin est à la hauteur de certains de ses clients. »”

“Dans ce cas, je ne doute pas qu’il soit exquis. répondit-il du tac au tac. Vous avez de la chance, je suis d’humeur plutôt magnanime ce soir. Je vais donc vous faire l’honneur de vous donner mon nom.

Dans un simulacre de révérence, tête et dos légèrement baissés, son bras tenant son verre replié contre lui, enserrant légèrement sa poitrine, il reprit.

Stanislas Jensen, malheureusement non disposé à vous servir.”

Il reprit sa posture initiale, posant son coude sur le comptoir avec une nonchalance proche de l’insolence.

“Quant à ce qui concerne ma généalogie, puisqu’elle semble tant vous intéresser - mais quoi de plus naturel dans une éducation qui ne juge les autres que par leur statut de sang - il est probable qu’effectivement cette consanguinité l’ait souillée. Je ne saurais dire, je n’ai jamais côtoyé ces gens”.

Il quitta son interlocuteur des yeux pour les concentrer sur le liquide ambré qu’il faisait tournoyer dans son verre. Il sembla s’y perdre quelques secondes, avant de l’avaler cul-sec et de reprendre, le regard toujours plongé dans le fond du récipient.

De mon côté, la seule anomalie qui puisse être constatée, c’est le sacrifice de ma pauvre mère - paix à son âme - qui n’a pas eu la chance d’être touchée par la grâce de la magie. Je parle de sacrifice car, bien qu’elle ait énormément souffert, il ne fait aucun doute qu’elle m’a sauvé d’un sort pire que la mort. Quand on y pense, j’aurais pu me retrouver ici, à vos côtés, à proférer d’absurdes énormités.

Il posa délicatement son verre sur le bar sans en commander un nouveau. Il avait assez bu pour ce soir. Et il avait besoin de toute son attention pour la suite.

N’allez pas penser que je jalouse une seule seconde votre prétendu sang-pur. Bien au contraire, je considère comme une chance de ne pas avoir été victime de ce lavage de cerveau qu’il vous a été donné de subir dès la naissance. Les dieux m’ont donné la possibilité de voir le monde tel qu’il était et de m’en faire ma propre opinion. Ce que vous, pauvres âmes, n’avez malheureusement pas eu la chance d’expérimenter.”

Il en profita pour rendre son petit regard de pitié au jeune loup, son sourire toujours joyeusement plaqué sur ses lèvres. Il voyait la colère figer les iris de son vis-à-vis et prenait un plaisir coupable à envenimer la situation. De son côté, la rage lui rongeait les entrailles. Que n’aurait-il pas donné pour lui coller son poing dans la figure, là, tout de suite. Il y avait fort à parier qu’ensuite il prendrait la raclée de sa vie, mais peu importe, remettre ces ignominies à leur juste place en valait largement le prix.

Mais il n’était pas prêt à lancer les hostilités tout de suite. De plus, s’il était l’instigateur de la bagarre, il était bon pour se faire définitivement exclure du bar. Et il appréciait trop ce bar pour prendre le risque.

“Oh et petite leçon de savoir-vivre. Vous m’accuser de me mêler de ce qui ne me regarde pas mais, lorsqu’on parle suffisamment fort pour être entendu de la moitié de l’assistance, personnellement, j’en déduis que je suis aussi invité dans la conversation. Ou alors la définition du terme discrétion a eu quelques loupé lors de la phase d’apprentissage. Tout comme d’autres choses semble-t-il.”

Codage par Libella sur Graphiorum

Ying Yue Amundsen
Ying Yue Amundsen
GÖTEBORG Livet är en kamp, ​​du måste förbereda dig för striden
Deux ou trois coups dans le nez

@Stanislas Jensen • 20 janvier 2024 - soirée


Fridha ne dit rien mais me lance un regard mauvais. Tout le monde sait que la pique était destinée au connard d'à côté, mais tout le monde sait aussi, que cela la finalité de la soirée, je lui en tiendrais réellement rigueur, ou la remercierais franchement. Un avenir indécis, donc, qui lui déplaît forcément. « Dans ce cas, je ne doute pas qu’il soit exquis. répondit-il du tac au tac. Vous avez de la chance, je suis d’humeur plutôt magnanime ce soir. Je vais donc vous faire l’honneur de vous donner mon nom. » L'autre répond presque instantanément d'une voix qui se veut toujours aussi détachée, mais qui est bien en-dessous de la prestation que je suis capable de donner, en matière de faux-semblant. On ne joue pas dans la même cour, lui et moi. Un homme d'affaires si j'en juge ses habits et son attitude suffisante générale, ou du moins un petit qui aime prétendre à un statut plus haut que le sien par le travail acharné de ceux qui ont plus d'échelons à gravir que les autres, sans réaliser qu'ils ne sont pas sur la même échelle. Moi, je pratique les Douze et les Amundsen depuis ma naissance. Le contrôle et les codes sociaux sont ma langue maternelle. Retenue, dissimulation, lissage, et effacement de la personnalité derrière le délicat phrasé du monde d'en haut. Sa franchise trop tranchante derrière l'acide de sa réplique manque de me glisser des lueurs carnassières dans mon sourire poli.

Je tourne légèrement la tête vers lui quand il se redresse pour se présenter dans un simulacre de courbette plus désobligeante qu'autre chose tant elle est mal exécutée et d'une raideur désolante. Jamais il ne ferait illusion dans une sphère réellement mondaine. J'espère qu'il en a conscience. « Stanislas Jensen, malheureusement non disposé à vous servir. » Je lui adresse un doux sourire, en réponse. Le velours de celui qui prend l'insulte comme un compliment, sans en prendre ombrage. En apparence. Je délaisse le cynisme pour ne garder que l'attitude plate de l'écoute polie, mais fictive, d'un être sans réelle importance, quand il reprend pour détailler ses origines : « Quant à ce qui concerne ma généalogie, puisqu’elle semble tant vous intéresser - mais quoi de plus naturel dans une éducation qui ne juge les autres que par leur statut de sang - il est probable qu’effectivement cette consanguinité l’ait souillée. Je ne saurais dire, je n’ai jamais côtoyé ces gens. » Ma tête se penche très légèrement dans un signe entendu quand mon cerveau insulte au nom de Tyr lui-même celui qui crache ainsi sans vergogne sur sa lignée. Un tel manque de respect et de reconnaissance pour ceux qui ont porté leurs noms et réputation jusqu'à lui est un crime qui me laisse un goût de terre sèche sur le fond du palais. Il s'enfonce, de plus en plus, quittant déjà la sphère de l'intrigue amusée de sa première intervention pour celle du désintérêt total tirant vers l'ennui. Il a de la chance que je sois de bonne humeur, celui-là. « De mon côté, la seule anomalie qui puisse être constatée, c’est le sacrifice de ma pauvre mère - paix à son âme - qui n’a pas eu la chance d’être touchée par la grâce de la magie. Je parle de sacrifice car, bien qu’elle ait énormément souffert, il ne fait aucun doute qu’elle m’a sauvé d’un sort pire que la mort. Quand on y pense, j’aurais pu me retrouver ici, à vos côtés, à proférer d’absurdes énormités. » Son histoire est aussi chiante que je m'y attendais, peut-être plus encore portée par son vocabulaire qui tire sur l'exagération et l'emphase désastreuse. Une utilisation encore malhabile d'un ton de conversion qu'il ne maîtrise pas, et ne pratique pas assez souvent. Il se pourrait que mon agacement fausse ma perception de la chose, mais être partial est le cadet de mes soucis. « N’allez pas penser que je jalouse une seule seconde votre prétendu sang-pur. Bien au contraire, je considère comme une chance de ne pas avoir été victime de ce lavage de cerveau qu’il vous a été donné de subir dès la naissance. Les dieux m’ont donné la possibilité de voir le monde tel qu’il était et de m’en faire ma propre opinion. Ce que vous, pauvres âmes, n’avez malheureusement pas eu la chance d’expérimenter. » Il a osé évoquer les dieux. Le mot sonne lourdement dans mes oreilles sans que le moindre signe physique ne donne à voir l'embrasement qui s'est jeter à l'assaut de mes nerfs. Non seulement c'est un connard de petite gens qui se croit dans la bien-pensance, mais en plus il se permet de blasphémer sur eux tout en crachant sur leurs descendants. C'est donc bien la connerie qui guide les actes et les paroles de cet homme. Vraiment remarquable. Il faudra que je songe à faire une remarque au vendeur de ses chemises que je connais bien à ce sujet. Accueillir de tels clients dans sa boutique, c'est franchement manquer de discernement. Je pourrais refuser ma dernière commande à ce titre, ce serait un motif suffisant pour ne pas payer celle-ci, si la marque ne prenait pas la mesure de cette déconvenue. Peut-être bien, que j'irai même jusqu'à en faire un sujet de discussion à la prochaine soirée. Je suis sûr que c'est le genre de sujet qui doit passionner la Kaptajn Adelsköld.

Mes pensées dérivent, déviées par les paroles de plus en plus insipides de l'autre, Jensen, le sourire est restée doux et poli, le regard sauvage et excité par l'optique désormais obligatoire, d'une remise en place contre un coin de trottoir. « Oh et petite leçon de savoir-vivre. Vous m’accuser de me mêler de ce qui ne me regarde pas mais, lorsqu’on parle suffisamment fort pour être entendu de la moitié de l’assistance, personnellement, j’en déduis que je suis aussi invité dans la conversation. Ou alors la définition du terme discrétion a eu quelques loupé lors de la phase d’apprentissage. Tout comme d’autres choses semble-t-il. » J'ai à peine écouter la première phrase, mais la fin me fait marrer intérieurement. Il tente ma condescendance à mon égard, comme un vieux con qui voudrait éduquer la jeunesse. Il ne manquait plus que ça pour parfaire le tableau d'un homme qui se débat dans sa médiocrité acide sans s'avouer qu'il jalouse, malgré tout ce qu'il tente de se persuader, les privilèges auxquels il n'a pas eu accès et qu'il n'aura jamais. Derrière moi, Torstenn a relâché sa tension, lui aussi lassé par le spectacle médiocre, et Thullen a pris sa place en ricanant sur la dernière phrase. Le connaissant, ça doit bien le faire marrer d'entendre un civil parler de discrétion et d'apprentissage manqués. On peut lui excuser l'idée qu'il ne sache pas notre faction militaire, même si nos allures et nos discours laissent rarement la place au doute. Mais il faut avouer que oser dire ça à un des régiments d'élite de la marine royale magique, c'est tout de même sacrément con. « Enchanté, Monsieur Jensen. Voilà une belle présentation de vos états de faits. Je suis sincèrement impressionné par votre capacité à maîtriser ces codes auxquels vous ne souhaitez surtout pas être associé. Un travail de maître. » J'incline la tête dans un respect le plus total, illusions parfaite de ma plus belle délicatesse. « Vos conseils semblent être de ceux qui ont déjà vu tant de choses de ce monde. Évidemment, nous autres mal éduqués savons si peu de choses en comparaison de ce que l'on vous a fait voir par l'immensité des basses conditions de vie qui ont dû être les vôtres dans cette injuste société. Je suis ravi que vous le considériez comme une chance, il est dommage qu'elle soit ternie par toute cette colère que je sens en vous. Allons, un homme de votre prestance ne devrait pas se laisser ainsi avoir par toute cette rancœur. Après tous, les Dieux vous ont permis de voir. Odin lui-même vous dira que savoir induit une sagesse qui ne peut se lier à l'esprit de colère. C'est un lourd fardeau, certes, mais vous semblez homme à accepter les dures adversités de la vie. » Le ton est doux, trop doux. Le silence des Sjøbjørn à mes côtés me laisse entièrement percevoir la tension qui monte en eux. Ils connaissent les signes, mes mécanismes d'attaque et de prise de parole. On se pratique depuis trop longtemps, ils savent la profondeur de l'insulte que je considère avoir été proférée à mon égard. Sans doute, ont-ils déjà fini leurs verres sans chercher à les remplir, conscient de ce qui viendra ensuite, comme la mer succède toujours à la terre. « Comme vous êtes plein de bon sens, et que je me sens d'humeur magnanime je me permets de corriger votre mauvaise compréhension de ma référence à mon cher ancêtre que vous invoquez vous-même. J'espère que vous n'y verrez pas là une tentative déplacée de vous éduquer. Je faisais référence à Týr qui seul parmi les Dieux, sacrifia sa propre main à la faim dévorante de Fenrir pour l'empêcher de dévorer le monde et de le sauver par la même occasion. Liant, par ce geste, sa destinée à celle d'une malédiction que nous avons appris à aimer en reconnaissance. Je ne vous reproche pas votre oubli de cet épisode de notre histoire commune, vous n'êtes pas directement impacté par de telles hérédités qui vous font reconsidérer les notions de sacrifices, d'honneur et de courage. » Je pose mon propre verre non terminé sur le comptoir, avant de lisser distraitement le col de ma veste impeccablement taillée. « Je me demande, néanmoins, qui est le plus à même de délivrer des conseils de vie. Celui qui peut se permettre d'insulter un groupe de personne discutant tranquillement, un soir de semaine, seul, accoudé au bar sans autre soucis que la qualité de son whisky. Ou bien un groupe de mal élevés dans notre genre, qui viennent profiter d'un court soir de répis avant de retourner protéger les fesses de ceux qui ne savent même pas que des soldats meurent régulièrement pour eux, au large des côtes de leur petit confort rondouillet, pour que des vieux cons puissent continuer à se mêler des affaires qui ne les regardent parce qu'ils ne savent pas gérer leur propre ennui ? » Le ton n'a pas changé, toujours cette même voix douce, lente, et ce sourire tout aussi délicat. La condescendance est un art subtile qui place l'autre en porte-à-faux, soit cela ne fait que renforcer la cuisante colère née du sentiment d'infériorité imposé. Soit l'autre recule face à l'humiliation qu'il ne peut réfréner.



I remеmber how I'd find you, fingers tearing through the ground. Were you digging something up or did you bury something down? In your soul, I found a thirst with only salt inside your cup.
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