Le rire roule hors de ma gorge et je ne cherche pas à échapper à la bourrade infligée par mon ami, mon regard le suivant attentivement alors qu'il repart vers son stand, Hope guidant ses pas. « Qué idiota.» Je souffle doucement, amusé, reportant mon attention vers la pâtisserie qu'il vient de poser sur la table de pique nique que j'ai investi depuis le milieu de l'après-midi. J'avais envie d'un endroit calme, mais pas trop. La zone de restauration du Festival m'a semblé le parfait endroit, du coup. Et ça a le mérite de me permettre de garder un œil sur un lieu en particulier.
Picorant distraitement la pâte feuilletée, je retourne étudier la photographie que je n'avais pas pris la peine de dissimuler à l'approche d'Angelo. « ¿ Compartes conmigo ?* » Distraitement, je pousse la pâtisserie vers l'ornithorynque qui commence immédiatement à grignoter joyeusement, m'observant du coin de l'œil avec amusement. «Tu es complètement pris dans ce jeu, hein ?»  Je mhmh sans vraiment écouter et il ricane seulement en réponse. « Est-ce que c'est parce que tu es vexé d'avoir échoué au premier ? Ou parce que ça te fascine ?» «  Non, tu peux pas la finir, yo tambien quiero comerlo.*» Je marmonne et cette fois il rit plus fort, « Ok, complètement fasciné, effectivement.» attirant sur lui mon regard confus sans qu'il ne cherche pourtant à préciser sa pensée. Haussant une épaule peu intéressée, je baisse à nouveau les yeux et note quelques mots sur mon carnet. « Je pense que ce sera vers 5 heure du matin ?  Si tu regardes la façon dont l'ombre est projetée… Juste là ? Tu vois ?» « T'es sûr hein ? Il s'agirait pas de rater l'heure, cette fois ci…» Son commentaire attire un regard boudeur de ma part mais je ne réponds rien, mes yeux attirés par une silhouette familière.

Un large sourire me vient immédiatement, et je me rends compte avec une surprise sincère que mon cœur vient de rater un battement. C'est léger mais je l'ai bien senti. Un peu confus, j'évite le regard curieux de Büyü, préférant rassembler notes, lettres et photo d'un coup de baguette, le tout venant rejoindre une poche soigneusement protégée de mon short. « Il est là.» Je lâche seulement joyeusement, glissant hors du banc pour me diriger droit vers le stand de l'Asgard que j'avais soigneusement dans mon champ de vision depuis tout à l'heure, même si j'étais sincèrement occupé à prendre des notes et réfléchir. Je savais que je saurais quand il arriverait. Son aura ne ment pas, et si je ne l'ai pas rencontré tant de fois que ça, je l'ai pourtant parfaitement enregistrée. « Teniente Amundsen ! Quelle bonne surprise ! » Je lâche joyeusement en arrivant près du bar du stand tout en dédiant un large sourire au militaire, mon regard pétillant posé sur lui en toute franchise. Mes bras nus viennent s'appuyer sur le bar, tirant juste ce qu'il faut sur la chemise sans manche que je porte et que je n'ai clairement pas pris la peine de boutonner jusqu'en haut. Il fait beau, il fait chaud, ça me fait un petit peu penser à chez moi, alors je profite. Et je laisse profiter les autres. « J'étais installé juste là bas et je commençais à me dire que je boirais bien un petit quelque chose, et vous apparaissez… C'est évidemment un signe. » Je fais, justement, un signe au barman qui m'a vu plusieurs fois depuis que je suis là, aujourd'hui - et les jours précédents « Quieres…  Vous voulez boire quelque chose conmigo ? Avec moi ? » J'affiche mon air le plus charmant sans avoir besoin de me forcer, tout en croisant intérieurement les doigts pour qu'il accepte, le ventre peut-être un petit peu noué à l'idée qu'il refuse tout net.

Spoiler:

Parfois, les Nornes elles-mêmes ont besoin d'un coup de pouce

@Ilhami Aguadelo  • 5 août 2024 - soirée

La cigarette tapote distraitement sur le rebord du balcon contre lequel je suis adossé, pendant que l'aîné de notre adelphie me jauge de son œil perçant. « Si tu le dis. Tu trouves toujours à t'habiller étrangement et à appeler ça “style”. » Remarque à moitié sérieuse, à moitié moqueuse. Un entre-deux qu'il pratique souvent quand il ne connait pas le fond su sujet. La mode ne l'a jamais passionné, il a plutôt eu tendance à l'utiliser contre moi, sans succès. « Tu devrais songer à la suite Ying Yue. Sérieusement. » La première bouffée de cigarette s'enroule sur ma langue, masquant la grimace qui avait songé se former sur mes les lèvres. Je n'aime pas la tournure que prend cette conversation, depuis qu'il a évoqué la Kaptajn en préambule, comme un chercheur de ragots mal renseigné. Ou trop bien, renseigné. Paraît qu'elle t'a fait un traitement de faveur comme son régiment en a jamais vu. Connerie. La nicotine s'engouffre une nouvelle fois dans ma gorge dans un silence calme et détaché. Derrière la porte, les cris des enfants que leur mère essaie vainement de préparer en prévision de leur soirée avec une baby-sitter. « Papa a prévu de faire le point avec toi dans les prochains jours. - Pourquoi ? - Tu sais très bien pourquoi. Tu n'as pas pu passer à côté à la dernière pleine lune, même si ça fait plusieurs que tu rates avec la meute. » Nouveau reproche, plus marqué, plus strident, lame de rasoir qui racle sur mes propres instincts. Non, je ne suis pas passé à côté de l'aura d'alpha de Li-Zhu, grandissante, presque étouffante tant elle avait été pressante contre mes côtes. Irrémédiablement acquis à sa cause, derrière lui dans les premiers signes de contestation de l'autorité de Knut, quitte à prendre quelques bousculades des autres loups. Le grand-frère lui-même a raffermi la sienne, prêt, déjà et en réalité depuis toujours, à prendre sa place de futur fils aîné de Järl. Suis-je prêts à prendre la mienne ? La tête hurle “oui” sans hésiter, mais le cœur au loin, se fait moins sûr. « Tu imagines bien, qu'avec les fiançailles récentes de Yazhu, tu ne pourras pas rester privilégié éternellement. Papa te laisse le choix, mais ne tire pas trop longtemps sur la corde. » La cigarette a été tirée de nombreuses fois, consommant plus rapidement que prévu sa nicotine. Les yeux posés avec désinvolture sur la danse qui s'opère toujours de l'autre côté de la fenêtre, je ne réponds pas. La discussion n'appelle aucune réponse, ni contestation. Ce ne sont que des faits et des réalités que je maîtrise déjà, et qui tournent sous mon crâne comme des oiseaux de tempête. La porte s'ouvre soudain d'un coup de volée. « Ça suffit vous deux. Assez de messes basses. C'est l'heure d'y aller. » Un léger sourire narquois étire mes lèvres avant de finir la cigarette dans une dernière bouchée et de quitter le balcon, et les réalités que je peux bien fuir encore pour une soirée de plus.

J'ai, l'air de rien, repéré quelques endroits où je pourrais peut-être lui parler alors... Souhaitez moi bonne chance, si cela vous dit.
Comme une promesse de chercher, aujourd'hui, à briser la passivité évoquée.

Sans prêter attention à la curiosité qui pulse un peu plus sourdement dans mon cœur, je glisse un clin d'œil amusé à l'enfant qui me regarde depuis le pas de la porte de sa chambre, agitant sa main brillante du gallion préalablement donné par mes soins, plus ou moins en cachette, pour une future journée au festival. De quoi le faire rêver au stand de la pêche aux Strangulots, sous le regard blasé du grand-frère. Du moins c'est l'espoir que je garde en secret avant de transplaner à la suite du couple qui s'offre une soirée en musique sur le lac à l'occasion de la venue d'une des chanteuses préférées de la belle-sœur.

« Eh Ying, toi qui aimes les cocktails, tu devrais goûter le iskalde butter. Il est plutôt réussi pour une boisson inventée. » Le rire qui m'échappe roule, narquois et joyeux à la fois dans ma gorge alors que je m'arrête à quelques pas de la zone de restauration où je compte me rendre. Adressant un regard amusé sur le grand-frère qui me dévisage, perplexe, avant de probablement, comprendre quelque chose, et de rouler des yeux au ciel. « C'est le tien, c'est ça ? J'aurais dû me douter que c'était un des nôtres. Ça parle de mordant et de froid, forcément un Amundsen. » Un ton faussement acide avant de claquer de la langue et d'enchaîner : « Pas si réussi que ça, te connaissant tu es capable de mieux. - Arrête de mentir, tu me l'as conseillé, tu as réellement apprécié. J'ai bon espoir de gagner avec. Merci d'avoir contribué à ma réussite. » Le grognement qui me répond est significatif, l'idée d'avoir voté pour quelque chose en ma faveur le fait chier, en bonne rivalité fraternelle.

Libéré des deux autres Amundsen avec qui j'avais fait le choix de faire le trajet, profitant d'être libre en fin d'après-midi cette semaine pour prendre le temps de passer un peu de temps avec leurs enfants, je me dirige naturellement vers le stand de l'Asgard, espérant avec une curiosité radieuse, croiser ce soir, la route d'un détective. Est-ce que j'y crois ? Partiellement. La dernière lettre laissait bien supposer qu'il tenterait une approche, rien ne pouvait me garantir que ce soit ce soir. Ou un autre soir. Je ne m'attends pas spécialement à le voir me surgir dessus dès que j'aurais posé un coude sur le bord du bar où je passe beaucoup plus de temps qu'en temps ordinaire. L'atmosphère chaleureuse du festival aide grandement à me voir sortir dans le coin ces dernières semaines. Profitant allègrement d'être en préparation à la base militaire pour venir profiter des animations sans le moindre scrupule. « Teniente Amundsen ! Quelle bonne surprise ! » La voix saute dans mes oreilles au même moment où je m'arrête devant Asvald, toujours en poste en visiblement de bonne humeur au point de me faire un hochement de tête souriant qui vaut pour une salutation enthousiaste. Bien moins enthousiaste cela dit que celle du détective qui vient de s'accouder au bar, regard joyeux et pétillant au coin des paupières. Sous le débardeur clair, le cœur s'est peut-être légèrement enthousiasmé de cette curiosité chaude qui ne cesse de déployer depuis que j'ai appris par ses propres écrits, qu'il souhaitait provoquer une rencontre fortuite. Aux antipodes de la joie intérieure de celui qui détient un secret cultivé avec une certaine passion, mon visage affiche un air surpris qui glisse sur son visage avant d'être attiré par la couleur brillante du torse qui se dévoile au gré du tissu étiré par le bras décalé. « J'étais installé juste là bas et je commençais à me dire que je boirais bien un petit quelque chose, et vous apparaissez… C'est évidemment un signe. » Le sourcil précédemment soulevé laisse place à un sourire en coin amusé, le regard remontant finalement jusqu'à ses yeux pour mieux observer le résultat d'un jeu dont il n'a peut-être pas deviné mon double rôle. Il fait signe au barman, bien décidé à prendre l'occasion au vol. « Quieres…  Vous voulez boire quelque chose conmigo ? Avec moi ? » Le changement de langue termine d'étirer mon sourire, avant de me tourner Asvlad à mon tour dont les yeux sont posés sur moi avec l'ombre d'un rire. « Deux iskalde butter, bien frais. - Évidemment. » Mon regard glisse sans gêne vers le tableau des scores, admirant avec une certaine joie la montée impressionnante du nombre d'étoiles en quelques jours. A croire que le jeune Solheim est aussi doué en publicité qu'il le prétend. « T'as de la chance, je suis en avance sur mon heure de rendez-vous, j'ai tout le temps pour un verre et j'ai un cocktail à te faire goûter. On me l'a vivement recommandé. » Asvald rit doucement en s'éloignant vers ses bouteilles et mon attention revient se poser sur Ilhami et sa chemise entrouverte. Utilisant la même familiarité gestuelle que celle sur laquelle il a lui-même entamé notre première rencontre, je capture un pan de sa chemise entre deux doigts pour tirer très légèrement sur celui-ci, dévoilant un peu plus les premières courbes de l'oiseau qui se déploie sur sur son épaule. « Tu es du genre préventif quand il s'agit de crème solaire. Admirable. Ou alors tu as passé ton aprem à griller sur la page ? Avant de venir t'installer là-bas ? » Un simple prétexte pour admirer une fois de plus cet étonnant tatouage magique, représentant cet oiseau dont il m'a raconté être si fasciné. Uniquement cela. « Tu profites du festival, ou tu es enquête sur la mystérieuse dame du lac Mjörn ? » Ou sur un autre lac, une autre cascade, un autre personne non moins emblématique. Distraitement, un doigt passe le long des boucles d'oreilles représentant un kraken dont trois des tentacules coulent des trous percés, le corps remontant le long du lob dans un entrelacs de tentacules d'or. Quant aux ongles, un tableau clair qui rappelle la couleur du débardeur, encore fine aux ombres douces d'un fjord brumeux traversé d'un liseré d'or, lui aussi. L'harmonisation des détails, une réflexion qui ne laisse rien au hasard. Pas plus que le bijou, tête de kraken finement sculptée, accroché à l'élastique qui retient mes cheveux allongés en arrière dans un demi-chignon faussement décoiffé.