Do as the sunlight, be the glitter at the top of the waves  

@Sigurd Hjermstad • 4 août 2024 - fin d'après-midi

Après avoir passé quelques heures à profiter de l'eau avec Jens, Frisk et Ilario, à base de défis aquatique en tout genre comme des concours d'apnée et des courses de natation à travers le lac, j'avais fini par échouer dans le coin des stands de restauration afin de remplir les muscles des nutriments nécessaires. Jens, reparti avec sa sœur pêcher des Strangulots pour offrir une peluche à son neveu de quelques mois, il n'était resté plus que Frisk et Ilario pour partager un repas plus que mérité. La militaire, de moins en moins mal à l'aise, avait pourtant fini par fuir sous les allusions de plus en plus acides de l'espagnol qui, de tous, est celui qui met le plus de temps à accepter qu'elle ait gardé sa place dans le Sjøbjørn après son épatant disfonctionnement catastrophique. Aussi, il n'était plus resté qu'Ilario et son bras passé au-dessus de mes épaules à me murmurer ses dernières informations glanées au hasard des rencontres, et de ses oreilles glissées partout, quand j'avais croisé Sigurd par hasard aux prises à des poignées de mains cordiales. Un sourire, une silhouette impeccable comme toujours, et des phrases digne du plus beau bateau de croisière de la marine : blanc, tendu aux quatres drisses, voilure factice de présentation pour séduire les jeunes générations de futurs militaires. Dans un rapide échange de regard, une demande - presque une supplication - de revenir le chercher une heure plus tard. J'avais accepté sur le moment, amusé par la simple idée d'être considéré comme un potentiel sauveur par le Hjermstad aux allures de biche en pleine campagne.

« Une heure, juste de quoi tuer le temps en allant tenter tes bonnes grâces légendaires auprès des Dieux à la roulette. » Un murmure gourmand et enjôleur glissé au creux de mon demi-chignon du jour, par un Ilario aux yeux suppliants. « On pourra toujours aller se mettre dans un coin au cas où tu tires un gage dégradant pour ta haute notoriété, mon Løjtnant. » Un reniflement agacé, un nez plissé et un regard tranchant lancé en direction de ce visage tendrement espiègle. « Arrête de me faire de la lèche comme ça, t'es plus malin que ça d'ordinaire. C'est bon on y va. Tu vas finir par l'avoir ton hamac. » Son rire souffle contre mon épaule où sa tête se pose quelques secondes, roule avant qu'il ne vienne placer son dos contre le mien. « Moi ? Jouer avec les sentiments du Løjtnant Amundsen de façon aussi grossière ? Jamais. » D'un coup d'épaule je me décale de lui, l'obligeant à tituber pour retrouver son équilibre sous son rire toujours plus doux qui me fait souffler du nez, faussement agacé par son manège d'enfant.

La roulette tournée, un flacon de parfum simplement acquis dans ma poche, une noise en chocolat qui tourne à intervalles réguliers du pouce d'Ilario, on a fini par échouer du côté du stand Pilespissen, observant sans s'approcher plus que nécessaire, les tatouages présentés en flashs. Lorsqu'un coup d'épaule me fait relever la tête vers mon Seniorsergent qui me pointe discrètement un coin de l'allée centrale baignée de monde. Un léger sourire glisse sur mes lèvres quand je reconnais la silhouette d'Ilhami, avant de laisser place à une courte expression de surprise en apercevant un enfant solidement collé dans sa main. Ilario tique légèrement, croquant dans sa noise en chocolat en train de fondre sous la chaleur encore haute de cette fin d'après-midi estivale. Son regard interrogateur posé sur moi redonne à mes traits leur neutralité naturelle. Je sais ce qu'il attend, parce qu'il me l'a redemandé toute à l'heure. J'avais décliné, jusqu'à présent, dès que Fred m'avait indiqué faire sa propre enquête sur lui. J'avais promis à ce dernier de ne pas empiéter sur ses recherches, ni sur son tuteur - au-delà de ce qu'il avait accepté - ni sur le ou les responsables de son amnésie. Mais aujourd'hui Ilhami ne fait plus partie de son enquête. Enquête qu'il a par ailleurs complètement foirée en beauté, au détriment de la santé du détective. Regrettable. Même foutrement agaçant. Mon regard se pose une nouvelle fois sur l'homme accompagné d'un enfant, songeur, avant de secouer lentement la tête. « Sûr ? Dommage. Il à l'air d'avoir plein de choses à cacher. Pourquoi un tel privilège ? » Mes yeux le suivent jusqu'à ce qu'ils disparaissent dans la foule, non sans éprouver une étrange satisfaction de le savoir là, quand ma dernière lettre est partie quelques heures plus tôt. « J'ai déjà prévu quelque chose le concernant. Je teste une technique différente. C'est un détective après tout non ? Je veux en savoir plus sur ce côté-là. » Le militaire me fixe, plus perçant sur jamais, croquant la deuxième moitié de sa noise au chocolat sans rien dire de plus. Il existe des lignes fines, entre nous. Des lignes qu'il n'a jamais dépassé. Une ligne qui se tend presque perceptible à cet instant qui oscille avant de s'estomper peu à peu quand il reprend, calme et doux. « Le type du tatouage est disponible, je suis surpris que tu songes réellement à en faire un, permanent. » Moi aussi. Les tatouages ont toujours fait partie de mes passions, à observer chez les autres. Un goût délicat, des jugements durs envers ceux que je juge moches et insipides. Des années à cumuler des images, des envies, des idées dans ma tête, pour finalement sentir le point de chute arriver après une seule conversation avec Sebastian. Surprenant. Et si le pas n'a pas encore et passé, s'il ne s'agit que de prendre des informations, l'envie est bien là, lovée dans un coin de tête.

L'heure est tout juste passée quand je retrouve Sigurd, toujours aussi délicatement frais malgré ses probables nombreuses conversations sans intérêt autre que se faire joliment voir. Ilario, finalement reparti vers d'autres occupations s'est dirigé vers le lac. C'est donc seul, une légère odeur de sable chaud nappée autour de moi, que je m'approche du jeune homme d'un air officiel, aidé par la chemise impeccable et le pantalon en lin d'un bleu ciel dont les pinces ajustent parfaitement le rendu, m'intercalant avec une autorité naturelle dans l'interaction en cours entre lui et un autre sorcier. « Messieurs, j'en suis navré mais je dois interrompre votre conversation, votre présence est requise ailleurs. Une affaire importante qui nécessite votre expertise. » J'adresse cette dernière phrase plus directement à ce demi-cousin si cher à Yazhu, avant de m'incliner rapidement vers l'homme interrompu : « Monsieur, merci de votre compréhension. » Reculant d'un pas, j'ouvre un bras pour indiquer au Hjermstad de me suivre, ajoutant un : « Je vous prie. » des plus respectueux qui me laisse un goût de rire narquois dans la gorge. Le jeu m'amuse, un court instant, venir en aide aux âmes de mes paires en peine peut se révéler pertinent quand le paire en question représente quelques intérêts professionnels et politiques qui peuvent être utile. Qui sait ce que pourrais m'offrir Sigurd en échange de ce service rendu.

Désormais éloignés de plusieurs mètres, un léger sourire vient glisser une ombre dans le coin de mes lèvres : « Comment va ce cher Sigurd en détresse ? » Marchant sans trop de but précis à la base, je prends inconsciemment la direction de la plage, légèrement inconfortable par la chaleur étouffante de la fin de journée qui voit le vent qui soufflait jusqu'alors s'éteindre totalement.

Août 2024 @Ying Yue Amundsen

Là où la majorité des gens ont vu dans le Midnattssol Festival une bonne occasion pour s’amuser durant l’été, Sigurd et ses proches y ont vu une opportunité. Un moyen de se faire voir, de rencontrer des gens et d’étendre leur influence doucement mais sûrement, d’autant plus avec la perspective des élections en automne… Que ce soit dans sa famille ou au travail, l’entourage de  Sigurd semblait enthousiaste à l’annonce de ce projet et s’est même plutôt bien investi dans sa création. Et bien évidemment, Sigurd a aidé, que ce soit en faisant acte de présence sur le stand de son oncle, en accompagnant des membres de sa famille pour diverses soirées, en prenant le temps de discuter et de rencontrer des gens, souvent accompagné de Satine… Aujourd’hui, il se retrouve pourtant seul, son amie étant probablement partie fricoter avec saon partenaire. Sigurd n’apprécie pas tellement Vanja mais il essaie de faire des efforts pour faire plaisir à Satine. Ce qui est plus que ce que la Brynjolf semble décidé à faire, s’il en croit son attitude toujours terriblement déplaisante à son égard. Quoi qu’il en soit, le voilà seul en ce bel après-midi, comme toujours vêtu avec élégance, maquillage impeccable sur le visage, en train de jouer le jeu. Il discute, passe de personnes en personnes au fil des opportunités, écoute avec attention, sourit, charme… Lorsqu’il aperçoit au loin Ying Yue, il voit une opportunité à saisir et lui adresse un geste de la main et un sourire, avant de pointer son poignet et d’articuler sans bruit “Viens dans une heure ?” assorti d’un regard exagérément suppliant. Le militaire hoche sobrement de la tête, lui faisant comprendre que le message est reçu, et Sigurd retourne à sa conversation l’air de rien, soulagé de la porte de sortie qu’il vient de s'offrir. Les discussions s'enchaînent, il passe de personne en personne l’air de rien, avançant dans la foule avec aisance, échangeant banalités et petits compliments l’air de rien.
Cela doit faire une dizaine de minute qu’il échange avec un juge de la cour magique de Göteborg, lorsqu’une silhouette vient s’intercaler avec autorité entre lui et son interlocuteur, les faisant tous deux légèrement sursauter : « Messieurs, j'en suis navré mais je dois interrompre votre conversation, votre présence est requise ailleurs. Une affaire importante qui nécessite votre expertise. »  Un sourire interloqué se dessine sur les lèvres de Sigurd lorsqu’il reconnaît cette voix. Evidemment, Ying Yue n’a pas pu s’empêcher de faire tout un cinéma autour de sa demande, songe-t-il en camouflant du mieux qu’il peut son amusement. « Monsieur, merci de votre compréhension. Je vous prie. » termine le Løjtnant en se reculant d’un pas avant de tendre son bras pour faire signe à Sigurd de le suivre. Ce dernier pose familièrement la main sur ce bras pour le tapoter avant de se tourner vers son précédent interlocuteur « Monsieur le juge, vous connaissez le Løjtnant Amundsen ? Sa diligence et son zèle n’ont pas d’égal dans la Marine à mon sens. Une carrière à suivre, si vous voulez mon avis, un profil très intéressant… » ajoute-t-il avec un sourire charmeur et un petit clin d'œil. Le sorcier jauge du regard Ying Yue et Sigurd voit avec satisfaction une lueur d’intérêt s’allumer dans ses yeux du magistrat qui salue poliment le nouvel arrivé : « – Løjtnant. Un plaisir de faire votre connaissance. Mais je vous en prie, M.Hjermstad, je ne vous retiens pas si vous êtes demandé. – Merci de votre compréhension. Et au plaisir de vous revoir » conclut Sigurd avec une dernière poignée de main avant de faire un signe à Ying Yue et de le suivre. Un silence amusé se tisse entre les deux tandis qu’ils avancent d’un air sérieux, encore en train de jouer leur rôle respectif à la perfection. Quelques mètres plus loin, un gloussement échappe enfin au plus jeune, qui relève la tête vers l’autre pour découvrir un sourire amusé sur ses lèvres. « Comment va ce cher Sigurd en détresse ? – Tu sais que tu as une tendance à exagérer assez incroyable Ying ? » Un nouveau rire lui échappe et il ajoute avec un petit coup d’épaule contre Ying Yue : « En tout cas, si un jour tu veux te reconvertir en garde du corps, je suis sûr que tu rempliras le rôle à merveille ! Merci d’être passé me chercher, je commençais à en avoir un peu marre à la longue… ». Il exagère un tout petit peu. Au fond, ces jeux de cour l'amusent et font surtout son pain quotidien; il a depuis longtemps appris l’art de manier les petites phrases d’apparence anodines pour tirer les ficelles invisibles de gens et obtenir ce qu’il veut. C’est ce dans quoi il est doué, c’est ce pourquoi on l’a éduqué. Mais ça ne l’empêche pas de parfois avoir envie de faire autre chose de son temps… Surtout en plein été. « Mais de là à dire que je suis en détresse... » Il fait claquer sa langue, feignant l'agacement avant de lui sourire une fois de plus. Il apprécie la dynamique entre eux, apprécie les moments passés ensemble à échanger des remarques sarcastiques. Lorsqu'il se rend à des soirées familiales, il sait qu'il trouvera toujours une manière de s'amuser si le cousin Amundsen de Yazhu est présent. Il laisse Ying Yue le guider vers vers la plage, pour l’instant surprenamment tranquille en cette fin de journée. La chaleur commence tout de même à se faire sentir et Sigurd remonte soigneusement les manches de sa chemise tout en suivant son aîné. « Comment vas-tu, toi ? Des nouvelles intéressantes ? Des potins de festival à partager ? » ajoute-t-il avec un sourire mutin. Tout en prêtant attention à sa réponse, il fouille dans son sac pour en sortir son miroir de poche et vérifier l’état de son maquillage avec une petite moue.

Do as the sunlight, be the glitter at the top of the waves  

@Sigurd Hjermstad • 4 août 2024 - fin d'après-midi

Rien dans ma démarche ni mon attitude n'avait nécessité de la part de Sigurd une intervention en ma faveur auprès de son interlocuteur. Pourtant, il avait trouvé les mots pour illuminer une lueur intriguée dans le regard du Juge à mon intention. Le jeune Hjermstad avait-il compté sur ce petit tour pour me rendre la monnaie de ma pièce concernant mon sauvetage de sa personne ? Il faudrait que je me renseigne sur le juge en question, avant de pouvoir établir si oui ou non, l'échange de service est équitable. Probablement qu'il l'est, mais on est jamais trop prudent. Avoir un magistrat dans le civil ses bonnes grâces peut toujours être intéressant. Même si ceux de la cour martiale sont bien plus pertinents à soudoyer. Une des aptitudes remarquables de Li-Zhu par ailleurs. Bien que je ne compte pas avoir besoin de solliciter ses connaissances et relations en la matière dans un futur proche ou lointain. Ce serait à la fois un aveu de faiblesse, et une cuisante désillusion sur mes irréprochables états de services.

Après avoir salué le juge en réponse au sien, suivant le signe du jeune sorcier, nous nous étions écartés des stands et des obligations politiques qu'il se donne. Guidé par le sérieux de ma posture et jouant le rôle jusqu'à être suffisamment loin, le gloussement du Hjermstad fracture le masque d'autorité qui dissimulait toujours mes traits. « Tu sais que tu as une tendance à exagérer assez incroyable Ying ? » Le rictus amusé mis à part, mon visage reste neutre face à cette remarque de mauvaise qualité. Je n'exagère rien, jamais. Quelle drôle d'idée. Bølga, marchant contre ma jambe, ricane doucement face à ma propre ironie. Fausse. Évidemment que j'exagère, légitimer mes actes quitte à en faire trop est une façon certaine de me prémunir contre les reproches, et les questions. « En tout cas, si un jour tu veux te reconvertir en garde du corps, je suis sûr que tu rempliras le rôle à merveille ! Merci d’être passé me chercher, je commençais à en avoir un peu marre à la longue… » Je ne sais pas si c'est le coup d'épaule, ou sa remarque sur mon potentiel de reconversion qui me fait me plus plisser du nez. Probablement la deuxième option, rien que l'hypothèse d'une reconversion est impensable. Cela signifierait quitter la marine, une idée totalement irréaliste, et quand bien même, dans un effort d'imagination colossal, je devrais songer à autre chose, ce ne serait sûrement pas pour un poste aussi ridicule dans le civil. « Mais de là à dire que je suis en détresse... » Le claquement de langue agacé m'arrache un léger souffle de nez narquois. Une demoiselle en détresse qui a besoin d'une excuse pour se sortir dignement d'une situation de drague courtoise auprès de futurs électeurs potentiels. Absolument le tableau qu'il m'avait renvoyé depuis ses gestes muet de l'autre côté de l'allée centrale où je l'avais aperçu une heure plus tôt. L'image me fait rire intérieurement, le genre de petite pique sarcastique que je peux lui lancer, des petits jeux auxquels il répond avec un tact calculé qui est agréable à entendre et savourer. Il se débrouille bien, pour un enfant à la naissance peu reluisante. Il sait faire oublier les désagréments de son demi apposé à frère de Yazhu. Une condition essentielle qui lui permet une certaine complaisance de ma part quant aux piques qu'il peut m'adresser. La ligne est toujours fine entre jeu et insulte, un rien peut me faire comprendre l'un pour le deuxième avec toute la mauvaise foi dont je sais faire preuve. « Comment vas-tu, toi ? Des nouvelles intéressantes ? Des potins de festival à partager ? » D'un regard en coin tout en marchant vers la plage pour chercher la fraîcheur de l'eau, j'observe ses gestes, glissant un œil vers le maquillage à peine défraîchi par sa longue session de belles paroles. « Je vais bien. Je profite d'être affecté sur la base pour faire le tour des informations importantes des derniers jours, comme toi. » Je place une courte pause avant d'ajouter la dernière précision non sans un sourire complice. J'apprécie sa compagnie et son sens des affaires politiques et personnelles, mais si je dois lui glisser quelques potins à partager je dois m'assurer que les siens valent le coup. « On se pose dans un coin les pieds dans l'eau ? J'ai chaud. » Simple constat tout en indiquant du menton un bout de plage très légèrement à l'écart de la zone de baignade surchargée. « Je n'exagère jamais, tu devrais le savoir. Ce serait con que ton magistrat te trouve gonflé de lui fausser compagnie parce que tu te faisais chier avec lui. Remercie-moi plutôt de t'avoir sortie de là avec une excuse indiscutable. Il est intéressant à l'avoir dans sa poche celui-ci ? » Question intéressée, lisiblement et ouvertement, avant de jeter un autre coup d'œil à son visage « Arrêtes de te regarder dans ce miroir, je fais finir par croire que tu tiens à ton rôle de demoiselle en détresse. Fais attention, je te préviens, le rôle de garde du corps est une insulte à mes compétences. » Mon sourire se transforme en rictus agacé avant de relâcher en léger soupir en secouant la tête et marmonner presque pour moi-même : « Je pensais que ta petite attention envers le juge me concernant pourrais suffire en échange du service rendu, mais non. Pour cette insulte à mon rang je veux ton information la plus épicée sur le festival de ces derniers jours. » Un sourcil se dresse, ligne mi-moqueuse, mi-sérieuse dans un regard dur qui se fixe tel un hameçon dans le puit de ses pupilles.

Août 2024 @Ying Yue Amundsen

Sans surprise, le trait d’humour sur le garde du corps tombe à plat et Ying Yue retrousse son nez d’un air légèrement dégouté. Clairement toujours aussi obsédé par la marine et sa carrière militaire, note Sigurd sans se formaliser de cette réaction. Il continue à bavarder tout en le suivant : « Comment vas-tu, toi ? Des nouvelles intéressantes ? Des potins de festival à partager ?  – Je vais bien. Je profite d'être affecté sur la base pour faire le tour des informations importantes des derniers jours, comme toi. » Sigurd le regarde via son petit miroir et un sourire se dessine sur ses lèvres, parfait reflet de celui que Ying Yue arbore « Je ne vois absolument pas de quoi tu veux parler…  » répond-t-il avec un petit clin d'œil. « On se pose dans un coin les pieds dans l'eau ? J'ai chaud. » Le militaire désigne du menton un coin de plage et Sigurd hoche la tête distraitement, lui emboitant le pas « Je n'exagère jamais, tu devrais le savoir. » Le plus jeune laisse échapper un rire incrédule devant cette affirmation tandis que l’autre continue « Ce serait con que ton magistrat te trouve gonflé de lui fausser compagnie parce que tu te faisais chier avec lui. Remercie-moi plutôt de t'avoir sortie de là avec une excuse indiscutable. Il est intéressant à l'avoir dans sa poche celui-ci ? – Ying Yue, ton langage…  » il claque à nouveau sa langue avec un air faussement réprobateur, parfaite imitation des divers précepteur·ices qu’ils ont pu avoir, mais ses yeux pétillent d’amusement « Il n’y a rien de mal à vouloir profiter de différentes compagnies. Le Juge comprendrait tout à fait que je partage mon temps, d’autant plus que cela faisait déjà un moment que nous discutions… Quant à ta question…  » un petit sourire se dessine au coin de ses lèvres « That’s for me to know, and you to find out. ». Il se tourne vers lui pour le regarder, sourcil légèrement levé, comme pour le mettre au défi. Jamais il ne s’est permis de commenter les savoirs du jeune Løjtnant; il a ses connaissances dans son domaine spécifique, tout comme Sigurd a les siennes. Peut-être que Ying Yue les considère comme moins honorables, comme méprisables ou dignes de moquerie… mais il n’empêche qu’elles ont de la valeur. Et, bien jouées, elles peuvent être tout aussi redoutables que n’importe quelle arme, même maniée par quelqu’un d’aussi efficace que Ying Yue Amundsen. Arrivés au bord de l’eau, il s'assoit tranquillement sur le sable et retire ses chaussures et chaussettes qu’il vient ranger soigneusement à ses côtés « N’importe qui est intéressant à avoir de son côté en réalité. Il faut juste connaître le bon moment pour tirer le bon fil ensuite.  » finit-il par ajouter « Et concernant le Juge… disons qu’il a une tendance à parler de certaines personnes à des endroits qui peuvent être intéressants, oui. ». Sur ses mots, Sigurd attrape sa trousse à maquillage et commence à appliquer quelques touches là où la chaleur a fait partir les couleurs. Il chipote un peu –son maquillage est en soi impeccable, mais ce geste le rassure… et il en profite pour adapter un peu son maquillage pour ce début de soirée, afin qu’à la lumière changeante il soit toujours aussi visible et fasse son petit effet. Mais cela ne semble pas être au goût de Ying Yue : « Arrêtes de te regarder dans ce miroir, je fais finir par croire que tu tiens à ton rôle de demoiselle en détresse. Fais attention, je te préviens, le rôle de garde du corps est une insulte à mes compétences. – Ying Yue, fais attention, avec des remarques comme ça, on fâche si vite les gens…  » grince Sigurd en refermant d’un geste sec son miroir de poche. Un certain agacement commence à monter en lui et il s’efforce de rester calme face aux piques incessantes de son aîné. C’est fou ce qu’il peut être… intense parfois. On dirait presque qu’il le fait exprès ! Il retient un sourire en réalisant que Sebastian a très souvent dit des choses similaires à son sujet. Ying Yue continue en marmonnant avec agacement : « Je pensais que ta petite attention envers le juge me concernant pourrais suffire en échange du service rendu, mais non. Pour cette insulte à mon rang je veux ton information la plus épicée sur le festival de ces derniers jours. » Sigurd le fixe sans un mot, le visage impassible, retenant avec peine une sérieuse envie de lever les yeux au ciel. Heureusement, c’est son métier de retenir ce genre de réaction. Après quelques secondes il laisse échapper un soupir et secoue la tête « Tu es trop sérieux, Ying. Je pensais que tu serais amusant et j’étais content de passer un moment avec toi, mais si c’est pour que tu sois si peu drôle, je pense que je vais y aller, j’ai suffisamment travaillé pour la journée… » Il détourne le regard pour contempler la lumière et ses reflets sur le lac. Il a presque envie de sortir son appareil pour immortaliser cette image, mais ce n’est pas le moment. Quelques secondes de silence passent et il finit par soupirer de nouveau avant de se tourner vers le Amundsen avec une petite moue mignonne, celle qu’il utilise pour faire adoucir Yazhu et qui a tendance à bien fonctionner « Ou alors tu me laisses te maquiller en guise de remerciement ?  » propose-t-il innocemment. C’est un drapeau blanc, une tentative d’apaisement entre les deux hommes beaucoup trop fiers pour céder l’un face à l’autre. Et pour être honnête Sigurd a besoin d’un moment de calme un peu léger après toute cette journée. Il agite sa trousse à maquillage sous les yeux du Løjtnant « Et pendant que je te maquille je pourrais peut-être te raconter ce que j’ai entendu dire sur toi au festival…  » propose-t-il avec un sourire en coin.