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(tw) there is hope for us yet (titus)
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Rune Ellingboe
Rune Ellingboe
GÖTEBORG Livet är en kamp, ​​du måste förbereda dig för striden
Flashback - septembre 2019; tw mention/souvenir de famille abusive & possible transphobie
Il s’était attendu à ce que le retour à Göteborg soit difficile. Mais même en s’y préparant, la vue de ces rues familières le prend au dépourvu. Lui qui a passé un an à trimballer sa guitare de ville en ville, à se débrouiller au jour le jour, d’un coup, il a l’impression d’être autant perdu que le jour de son départ. Son anxiété, qui s’était un peu calmée ces derniers mois, est revenue au galop. C’est drôle, quand même. Il peut être à l’autre bout du monde, dans une ville qu’il ne connaît pas, dans un pays dont il ne parle pas la langue, et il est moins stressé qu’ici, dans le pays qui l’a vu naître et dans lequel il a grandi. Et pourtant, il sait qu’il a pris la bonne décision, de revenir. Il a besoin de se poser, il est fatigué de courir les routes. Maintenant, reste plus qu’à savoir comment faire. Où dormir ce soir. Quoi manger. Il doit bien avouer que c’est quelque chose qui lui manque, de ne pas avoir à se poser ce genre de questions. Mais bon, d’un autre côté, il vivait avec ses parents. Les bons repas ne suffisent pas à compenser une telle compagnie.
Les souvenirs l’assaillent. Alors qu’il était loin d’eux, loin de la Scandinavie, il lui arrivait de passer des jours sans penser à… tout ça. À son nom, à ses parents. Il était juste Rune. Il n’avait pas besoin d’être qui que ce soit d’autre. Et ici, il a peur que son nom de famille ne le rattrape. Il a peur qu’on le reconnaisse. Peur de croiser son père dans la rue. Comment réagirait-il ? Serait-il en colère ? Ferait-il semblant de ne pas le reconnaître ? Le reconnaîtrait-il, même ? Il a beaucoup changé, en un an. Et son père ne lui a jamais porté beaucoup d’attention.
Son sac, son étui à guitare, ses affaires lui paraissent bien lourdes, tout à coup. Il meurt d’envie de pouvoir les poser au pied d’un lit, au pied de son lit, de pouvoir s’endormir sans penser au lendemain, sans se demander ce qu’il fait de sa vie. C’était la bonne décision, il le sait. C’était la seule décision. Ça ne rend pas les choses moins difficiles.
La vérité, c’est qu’il ne sait pas où aller. Tous ses réflexes accumulés depuis un an, il a l’impression de les avoir subitement perdus, dans cette ville trop familière. Et encore, il n’y a passé que quelques vacances et week-end. Mais il a l’impression que c’était dans une autre vie. Lorsqu’il n’était que le fantôme de lui-même. Rien qu’à l’idée de remettre les pieds dans la maison où il a grandi, ça le rend malade.
Il sent l’étau de l’angoisse se resserrer autour de son cœur. Il sent la panique arriver, alors qu’il se tient là, au milieu de la rue, alors que des gens passent autour de lui sans se retourner.
Et puis, il se souvient. Il se souvient d’avoir discuté avec Titus. Il se souvient qu’il lui avait dit que si quelque chose n’allait pas, il pouvait aller le voir. Il pouvait lui parler. Il comprendrait. Il lui a laissé son adresse. Rune se demande comment il a fait pour ne pas y penser plus tôt. Parce que leurs parcours se ressemblent beaucoup trop. Il n’a plus le papier sur lequel était marqué l’adresse, mais il s’en souvient. Il a fixé ce bout de papier beaucoup trop de fois, pendant beaucoup trop de temps. Il se demande si les choses auraient été différentes, s’il était allé le voir directement.
Pas le temps de réfléchir. Il essaye de retrouver son chemin dans les rues de la ville. Il se perd plusieurs fois, mais finit par retrouver son chemin. Se perdre, ça, il a l’habitude. Il a appris à se perdre correctement, depuis le temps.
Et il arrive enfin face à la porte qui mène à l’appartement de Titus. Il ne sait pas ce qu’il va faire, une fois qu’il aura sonné. Il n’a pas réfléchi jusque-là. Il se contente de toquer à la porte, exténué. Il n’a même pas assez d’énergie pour se demander s’il le dérange, s’il va le réveiller, s’il est là. On est au beau milieu de la nuit, mais Rune doute que le demi-vampire soit endormi. C’est une créature de la nuit, lui aussi.
Les secondes passent. Rune entend du bruit de l’autre côté de la porte. Un chien qui jappe.
Lorsque Titus apparaît dans l’encadrement de la porte, Rune n’a pas la force de dire ou de faire quoi que ce soit, sauf de fondre en larmes.


broken crown
my heart was flawed ▬ The pull on my flesh was just too strong, it stifled the choice and the air in my lungs; better not to breathe than to breathe a lie. I'll never wear your broken crown.
Titus Yngvarsson
Titus Yngvarsson
GÖTEBORG Livet är en kamp, ​​du måste förbereda dig för striden
Quelques coups frappés contre la porte l’interrompent au milieu de son rangement . Titus soupire et se redresse avec un grognement de douleur. Il se fraye un chemin au milieu des cartons à moitié remplis jusqu’à la porte d’entrée, tout en se demandant qui peut bien venir le voir à une heure pareille.
« … Rune ? Lâche le barman, les yeux écarquillés de surprise. D’où tu sors ? Qu’est-ce que– » La fin de sa phrase se coince dans sa gorge lorsque le garçon fond en larmes devant lui. Toutes ses questions et ses inquiétudes immédiatement repoussées dans un coin de sa tête, Titus pose une main sur son épaule pour l’attirer à l’intérieur.
« Tiens, installe-toi là. Je vais te faire un thé, d’accord ? » Il dégage rapidement une place sur le canapé encombré et le fait asseoir. Pup’ jaillit immédiatement de son panier et se jette sur le nouveau venu avec des jappements aigus. Il y a longtemps que son maître n’a invité personne, et le chiot surexcité par cette visite inattendue entreprend donc de lui apporter tous ses jouets un par un.
Pendant ce temps dans la cuisine, Titus s’affaire à sortir des mugs et des soucoupes du placard pendant que la bouilloire chauffe. La porcelaine tinte dangereusement entre ses mains tremblantes et il doit se concentrer sur ses mouvements pour ne rien laisser tomber. Un nœud s’est formé dans sa gorge et il espère silencieusement qu’il va réussir à parler.
Un an. Un an que Rune avait disparu sans laisser de traces, sans rien dire à personne, sans même laisser un mot quelque part. Personne n’était au courant de rien, personne n’avait rien vu venir. C’était comme s’il s’était juste évaporé, un beau matin. Titus s’était fait un sang d’encre pour lui.
Il avait voulu le chercher, mais où ? Vers qui se tourner ? Sa famille ? Certainement pas. Il s’était même demandé si c’était eux qui l’avaient enlevé, ç’aurait bien été leur genre. Il avait renoncé à prévenir la brigade magique, dans le cas où Rune serait parti de son plein gré. S’il n’avait rien dit, c’est sûrement qu’il avait ses raisons. Du moins, il espérait que ce soit ça. Il ne se connaissaient pas depuis très longtemps, et pourtant Titus s’était rapidement attaché au garçon.
Il reparaît dans le salon avec deux mugs dans une main et une vieille théière cabossée fumante dans l’autre. Il sourit en retrouvant Rune les genoux couverts de peluches et de jouets en caoutchouc, et Pup’ assis à côté, l’air très fier de lui.
« Qu’est-ce qui s’est passé ? » Demande-t-il à mi-voix, presque gêné. Mais il a besoin de comprendre où est passé son ami pendant tout ce temps, et pourquoi il n’a pas donné de nouvelles.





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late night, black eyeliner, sweat and shivers ☾☾☾ long life to the spiders, safe travels to the crows, love to the ghosts who taught me everything i know.
Rune Ellingboe
Rune Ellingboe
GÖTEBORG Livet är en kamp, ​​du måste förbereda dig för striden
« … Rune ? D’où tu sors ? Qu’est-ce que– »
La fatigue, la peur, le stress, toutes ces émotions semblent ressortir d’un coup. Lorsqu’il était sur les routes, l’adrénaline et son attrait pour l’inconnu l’ont empêché de s’attarder sur ce qu’il ressentait. Il avait tellement de choses à gérer chaque jour, tellement d’imprévus à affronter, qu’il n’avait pas le temps de se demander comment est-ce que sa fuite le faisait se sentir. Son monde avait changé du tout au tout, du jour au lendemain, et il ne s’était jamais arrêté pour se demander ce que ce nouveau départ voulait réellement dire pour lui.  Et maintenant qu’il est revenu… maintenant qu’il revoit ces rues qu’il connaît bien… avec son retour reviens la peur d’un monde connu. La peur de croiser pour la première fois depuis un an des gens qu’il connaît. Connaissait. Il ne sait plus vraiment. Il a tellement changé, comment les autres auraient-il pu rester les mêmes ? Comment pourraient-ils encore le connaître, lui ?

Le poids de la main de Titus sur son épaule le ramène pendant un instant au moment présent. Envahi par ses émotions, sans savoir où se réfugier, ses pensées se sont tout de suite tournées vers Titus. Malgré les années qui les séparent, Rune a toujours trouvé qu’il avait plus en commun avec Titus qu’avec n’importe qui d’autre. S’il n’y avait qu’une seule personne capable de comprendre ce qu’il traversait, c’était bien lui.
« Tiens, installe-toi là. Je vais te faire un thé, d’accord ? » Dit-il en l’invitant à l’intérieur, le guidant jusqu’au canapé. Rune est incapable de dire quoi que ce soit, ses émotions l’envahissant comme des vagues qu’il est incapable de contrôler. Il se laisse tomber sur le canapé sans protester ni rien ajouter. Tout de suite, une petite tornade blanche vient envahir le canapé à son tour, sans rester en place plus de quelques secondes. Un chiot fait des allers retours entre ses jouets et Rune, semblant très heureux d’avoir une nouvelle personne dans son entourage susceptible de lui lancer ses balles.

Pendant que Titus fait chauffer de l’eau dans la cuisine, le chiot réussit à faire sourire Rune, dont les sanglots finissent par se calmer petit à petit. Mais alors que la panique commence à s’atténuer, il commence à se sentir honteux. Titus a toujours été là pour lui. Et lui… il a disparu. Il a souvent pensé à lui, lors de cette année. À lui et à tous ceux qu’il a laissé derrière lui. Sans jamais osé les contacter, de peur que ses parents entendent parler de lui. Et quand il avait bien fallu se rendre à l’évidence qu’il lui fallait bien rentrer un jour… Il n’a toujours pas osé. Il n’est pas fier de ses agissements, loin de là. Mais il ne savait pas quoi faire d’autre.

Titus finit par revenir avec deux tasses et une théière. Rune a du mal à croiser son regard, parce qu’il n’a pas envie de le voir inquiet, parce qu’il se sent déjà bien assez coupable comme ça. Mais sa situation… il ne savait juste pas comment s’en sortir. Encore maintenant, il se demande encore comment il a pu faire. La personne qu’il était il y a un an lui semble tellement différente. Ce Rune-là… il lui semble à la fois plus naïf, plus frêle, et infiniment plus courageux. Après cette année, tout ce qu’il veut maintenant, c’est se reposer, ne plus se poser de questions et simplement vivre sa vie. Ce qu’on lui a refusé, pendant de si nombreuses années.

« Qu’est-ce qui s’est passé ? » Lui demande finalement Titus. Rune sent sa gorge se serrer à nouveau. Il ne pense pas être capable d’en parler sans pleurer à nouveau. Mais il lui doit des réponses. Des excuses.
« Je… suis parti. Et je suis revenu, » marmonne-t-il en prenant la tasse que Titus lui tend. On peut dire les choses comme ça. Ce qui s’est passé était infiniment plus compliqué, mais on peut ramener tout ça à ces simples faits. « Je pouvais pas retourner à Durmstrang. Et mes parents... » Il secoue la tête. « Je suis mieux sans eux. » Ils auraient étouffé la moindre étincelle de sa personnalité, si ça avait pu le faire rentrer dans le moule. « Je suis désolé. J’avais trop peur… j’ai toujours... » Ce sont toujours eux qu’il voit dans ses cauchemars. Son père a toujours été froid et distant. Sa mère, quant à elle, a toujours été plus… intrusive. Virulente. Elle n’a jamais mâché ses mots. « Enfin j’ai entendu… ils m’auraient renié, maintenant. Ils veulent plus me voir. Ça m’arrange. » Ça le rassure. S’ils l’ont vraiment renié, ils ne viendront pas le chercher, ils n’essayeront pas de le ramener de force. Ils le laisseront tranquille. En tout cas, il essaye de s’en persuader.


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Titus Yngvarsson
Titus Yngvarsson
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« Je… suis parti. Et je suis revenu, murmure le plus jeune. Je pouvais pas retourner à Durmstrang. Et mes parents… Je suis mieux sans eux. » Le barman hoche la tête en silence. Il ne connaît la famille de Rune qu’au travers des quelques anecdotes racontées par ce dernier, mais ça lui suffit amplement pour en dresser un portrait peu reluisant. Un peu trop familier à son goût. Les sang-purs, tous les mêmes, se retient-il de marmonner.
Pup’ vient aussitôt poser la tête sur ses genoux en geignant, sentant lui aussi la détresse du garçon.
« Je suis désolé. J’avais trop peur… j’ai toujours... » Titus lève les mains en signe d’apaisement. Il ne peut simplement pas lui en vouloir, maintenant qu’il sait. Parce qu’il comprend, douloureusement, beaucoup trop bien la situation de Rune, pour l’avoir lui-même vécue lorsqu’il était plus jeune. Lui non plus n’avait prévenu personne lorsqu’il est parti de chez eux, de peur d’être retrouvé et ramené de force là-bas.
« Enfin j’ai entendu… ils m’auraient renié, maintenant. Ils veulent plus me voir. Ça m’arrange. » Il soupire malgré lui. De soulagement, de colère. Il serre les mâchoires et retient à grand-peine l’insulte qui menace de lui échapper. Tant pis pour eux. S’ils ne savent pas apprécier leur fils à sa juste valeur, d’autres s’en chargeront.
« Sois pas désolé. T’as fait ce que tu devais faire pour te protéger. » Dit-il finalement, avec un sourire qui se veut réconfortant. Pour les gens comme eux, assurer leur survie nécessite bien souvent de faire des sacrifices que personne ne devrait avoir à faire. Mais pour l’heure, le plus important est que Rune soit revenu en un seul morceau.
« Tu peux rester ici pour l’instant, si tu veux, propose-t-il immédiatement. C’est pas très grand, mais au moins tu seras en sécurité. »
Ce n’est qu’une solution temporaire, mais c’est toujours mieux que de savoir Rune tout seul dans la nature. Il n’a pas beaucoup d’argent et pas grand-chose à offrir mais ça ne l’empêchera pas de le partager, si ça peut l’aider ne serait-ce qu’un peu. Il sait ce que ça fait de se retrouver complètement seul au monde du jour au lendemain, sans ressources et sans savoir où aller. Il est hors de question qu’il laisse Rune traverser ça tout seul.
Il remplit les deux mugs de thé fumant, tout en jurant entre ses dents parce que la théière fuit et arrose ses mains de thé brûlant. Il en pousse un vers Rune, tout en essayant de retenir le chiot dont la truffe se rapproche un peu trop du paquet de gâteaux posé sur la table.
« Tu verras, c’est pas si terrible d’être renié par sa famille. On s’habitue vite. Personnellement, c’est la meilleure chose que la mienne ait jamais fait pour moi. »
C’est dit sur le ton de la plaisanterie, pourtant Titus sent un nœud se former dans sa gorge. Un petit sourire acéré au coin de ses lèvres suggère que le sujet n’est pas aussi léger, aussi simple qu’il voudrait le laisser croire. Même s’il a depuis longtemps abandonné toute idée ou désir de renouer avec sa famille biologique, il n’a jamais réussi à se défaire complètement de la rancune tenace qui le prend aux tripes à chaque fois qu’il en parle.




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Rune Ellingboe
Rune Ellingboe
GÖTEBORG Livet är en kamp, ​​du måste förbereda dig för striden
Rune enfouit ses mains dans le pelage de Pup, qui en a profité pour grimper sur le canapé. Il essaye de ne pas trop tirer sur les poils du chien, même si Rune se dit qu'il en a tellement qu'il ne doit pratiquement rien sentir. Il a du mal à calmer ses tremblements, à taire son sentiment de culpabilité. Pourquoi, après tout ce temps, après tout ce qu'il a vécu, il a quand même l'impression que tout est de sa faute ? Il sait pourtant qu'au fond, ça ne l'est pas. Il n'a rien fait de mal. Ses parents avaient des attentes inatteignables pour lui, ils voulaient jouer à la poupée avec leur seul enfant. Et pourtant, Rune se sent coupable. Coupable de ne pas avoir pu coller à leurs attentes, coupable de s'être enfui sans prévenir personne, presque coupable d'être revenu, même. Coupable, et en colère. En colère contre ceux qui ont préféré le voir disparaître qu'être lui-même. Il ne sait pas s'il est possible de réconcilier ses propres sentiments : il a le sentiment qu'il aurait dû faire plus d'efforts tout en sachant qu'il n'aurait jamais été assez parfaits pour ses parents.

« Sois pas désolé. T’as fait ce que tu devais faire pour te protéger. » Rune ne répond pas, garde la tête baissée vers Pup. Il le sait, et pourtant... Quand il regarde les autres, tout leur semble si facile. Pourquoi lui n'y arrive-t-il pas ? La seule idée de devoir faire son service militaire le pétrifie, alors que des milliers d'étudiants le font sans broncher. Il savait qu'il devait partir. Pourtant, ça n'a pas rendu la décision plus facile. Lorsqu'il est parti, sa plus grande peur, c'était que ses parents partent à sa recherche et le retrouvent, et le punissent pour sa désertion. Pourtant, même s'ils l'ont cherché, Rune s'est aperçu à son retour qu'ils n'y ont pas mis tous leurs efforts. A peine un an après, ils avaient déjà tiré un trait sur lui. Et même si au fond, c'était ce qu'il souhaitait, qu'ils le laissent tranquille... Ça lui faisait tout de même mal. De se rendre compte que ses parents préféraient lui tourner le dos plutôt que de lui tendre la main. En réalité, il a beau savoir que ce n'est pas ses parents qui lui manquent, mais la possibilité d'une relation saine avec eux.

« Tu peux rester ici pour l’instant, si tu veux. C’est pas très grand, mais au moins tu seras en sécurité. » Rune hoche la tête. Il n'a pas de meilleure option, de toute façon. Au cours de l'année écoulée, il n'a clairement pas toujours dormi dans le luxe, mais il est épuisé de devoir toujours courir après un semblant de sécurité. Titus leur sert une tasse de thé brûlant tout en essayant d'empêcher son chien de gober tous les gâteaux sur la table basse. « Merci, » marmonne-t-il tout en retenant de nouvelles excuses.

« Tu verras, c’est pas si terrible d’être renié par sa famille. On s’habitue vite. Personnellement, c’est la meilleure chose que la mienne ait jamais fait pour moi. » Rune laisse échapper une grimace tout en enserrant sa tasse de ses mains. Il lève les yeux vers Titus et il a presque l'impression de le voir d'un tout nouvel œil. Il est allé chez lui aujourd'hui sans vraiment réfléchir, mû par un instinct qu'il ne s'explique pas. Il aurait pu aller voir n'importe quel autre de ses amis... Mais au fond, maintenant qu'il y pense, c'est sûrement à cause des similitudes dans leurs parcours respectifs que Rune s'est dirigé vers lui. Jusqu'à leur vécu de demi-vampires, il est celui qui est le mieux placé pour le comprendre. « Oui, j'imagine... C'est juste que... » Pourquoi a-t-il encore peur d'être ridicule, à un moment pareil ? Il sait que Titus ne le jugera pas, et pourtant, ça ne l'empêche pas d'hésiter. « Je savais que ça risquait d'arriver, mais j'aurais pensé que ça me ferait rien, ou même que ça me ferait plaisir, je sais pas. Mais non, en fait. » Il ne veut pas donner l'impression de n'être qu'un enfant ingrat, mais... « Mais au lieu de ça, j'ai l'impression qu'ils s'en fichent, que c'est pareil pour eux. Et pourtant je voudrais pas qu'ils me cherchent ou quoi ! Mais je sais pas, je... J'aurais voulu les emmerder un peu plus. » Parce qu'il sait que même si ses parents regrettaient sa fuite, ils ne regretteraient que la possibilité de faire rentrer leur enfant dans le droit chemin. Il aurait juste voulu pouvoir avoir la preuve que ses actions veulent bien dire quelque chose.


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Titus Yngvarsson
Titus Yngvarsson
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« Oui, j'imagine... C'est juste que… Je savais que ça risquait d'arriver, mais j'aurais pensé que ça me ferait rien, ou même que ça me ferait plaisir, je sais pas. Mais non, en fait. »
Titus secoue vaguement la tête, les yeux baissés sur son mug de thé. Ça ne fait jamais plaisir à personne, de se faire rejeter par sa famille, quoi qu’il puisse en dire. Il a beau plaisanter régulièrement sur le sujet, il sait très bien qu’au fond, s’il pouvait échanger sa famille biologique contre une plus aimante, plus respectueuse (ou juste… décente ?), il le ferait certainement.
« Mais au lieu de ça, j'ai l'impression qu'ils s'en fichent, que c'est pareil pour eux. Et pourtant je voudrais pas qu'ils me cherchent ou quoi ! Mais je sais pas, je... J'aurais voulu les emmerder un peu plus. »
Il n’est pas certain de savoir exprimer à quel point les mots de son ami résonnent en lui. C’en est presque douloureux, tant il se retrouve dans son parcours. Dans ce vécu qu’ils partagent, comme sans doute bien d’autres enfants issu.es des grandes familles Scandinaves. Son dégoût pour la noblesse, pour leurs traditions archaïques et leurs esprits étriqués, n’a d’égal que la rancœur qu’il nourrit à leur égard.
Il n’y a bien qu’Ásvaldr qu’il apprécie encore, la seule personne de son passé sur laquelle il n’a pas tiré un trait définitif. Et il se demande parfois combien de temps cela va durer, avant que le fossé qui sépare leurs vies respectives ne les éloigne pour de bon.
« J’comprends ce que tu ressens, soupire Titus avec un sourire triste. Mais c’est toujours pareil avec ce genre de personnes. On a beau s’attendre à rien, au final on est quand même déçu. »
Et pourtant ils auraient été en droit d’attendre de leurs parents ne serait-ce qu’une once de bienveillance. Ils auraient été en droit de leur demander des comptes pour l’enfer qu’ils leur avaient fait vivre jusqu’à ce qu’ils craquent et finissent par fuir.
Encore une raison qui lui faisait détester un peu plus le système monarchique en place. Il n’y avait aucune aide pour tous les gens qui, comme eux, avaient été reniés par leur famille. Ça n’intéresse pas le gouvernement de savoir où finissent les rebuts dont la noblesse Scandinave n’a pas voulu.
« En tout cas, t’inquiète pas, tu peux rester ici aussi longtemps que tu veux. »
Son cœur se serre au souvenir des années d’errances qu’il a vécues. Des nuits passées à squatter les parcs, les cimetières, ou les coins de canapés de celleux qui pouvaient l’accueillir. De la faim et du froid, de l’angoisse constante de ne pas savoir où il allait dormir le soir-même, ni si son père allait le retrouver. Pour rien au monde il ne voudrait infliger ça à Rune, plutôt directement crever de honte.
« Tu dois avoir faim, nan ? Ça te dirait d’aller manger un truc avant que je parte au boulot ? Qu’est-ce qui te ferait envie ? » Soucieux de ne pas être un mauvais hôte, Titus veux bien faire les choses et s’assurer que son ami ne manquera de rien pendant son absence. Tel qu’il le connaît, il est quasiment sûr que Rune préférerait se laisser mourir de faim et de soif plutôt que de lui demander quoi que ce soit.




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