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winter fantasies (Yazhu)
Calysta Byggvisson
Calysta Byggvisson
SKJERME Förtroende som beviljas utesluter inte uppmätt misstro
Le parc est beau, sous cette couche de neige. Calysta a du mal avec les espaces naturels, même si elle aimerait qu’il en soit autrement. Mais la neige recouvre tout ici, terre et poussière, herbe et gravier, on ne voit presque plus rien du Parc, rien si ce n’est cette immense couette moelleuse et immaculée, si douce, si rassurante. Elle est parfaitement calme, bercée par le froid qui lui mord les joues et passe sous sa grosse écharpe. Apaisée, comme elle l’est si rarement.

On aurait pu croire, de sa part, qu’elle craindrait de si basses températures, qu’elle fuirait les glaces au profit d’un feu de cheminée et d’un chocolat chaud. N’a-t-elle pas peur de « prendre froid », selon l’expression consacrée ? Elle rétorquerait aussitôt que ce n’est pas le froid qui rend malade, mais les virus, les changements de températures et les bactéries. Et qu’à la limite, le froid en tue une bonne partie. Et que, mêlez-vous de vos fesses, aussi. Elle ne veut pas penser à la maladie. Elle ne veut pas penser aux risques, elle ne veut pas se mettre à guetter les flocons d’un œil inquiet. Elle veut rester absorbée par cette beauté presqu’irréelle de Vigrid sous la neige.

Murmure silencieux, ses lèvres gercées s’animent, un ton au-dessous du vent.

« Le nez rouge, la face blême,
Sur un pupitre de glaçons,
L’Hiver exécute son thème
Dans le quatuor des saisons… »*


Mémoire de rat… de chat de bibliothèque qui fait sa petite fierté, elle se répète la suite du poème pour elle-même, laissant son Fylgia – chat, lui aussi – s’amuser à tremper les pattes dans la neige trop lisse à son goût. Son pelage brun foncé se teinte de poussière blanche, à le qualifier de chocolat liégeois, Persès est de bonne humeur cette fois lui aussi, heureux silencieux que Cal soit heureuse, pour une fois, malgré la période difficile qu’ils ont traversé. Rare harmonie entre l’humaine et son âme animée, ils se promènent, pas lents, dans le parc, sans de rien se soucier.

Jusqu’à ce qu’une silhouette finisse par se découper dans l’allée.  

Heureuse météo pour un heureux rendez-vous. Son cœur qui battait lentement s’emballe soudain. Sans que ce soit désagréable. C’est elle qui a fixé le lieu et l’heure. Et elle n’a pas peur, elle est juste un peu intimidée, impatiente aussi. Crush classique, faible agréable et sans trop de conséquence, parce qu’elle sait qu’il ne mènera sans doute à rien. Elle est fière, tout de même, d’avoir réussi à décrocher un tête-à-tête avec celle qui la lui fait un peu tourner - la tête - ces temps dernier.

Yazhu Amundsen émerge de la petite tempête, longue chevelure de jais où la glace a déposé une couronne. Belle à rougir, mais Cal cache son trouble, elle esquisse un sourire, son charme vélane rend ses yeux plus brillants, son sourire, plus éclatant.

- Bonsoir, Mademoiselle Amundsen.

Une gerbe de fleurs, rouges, soudain, dans sa main. Des pivoines.

- Merci d’être venue.

*Théophile Gautier ; Fantaisies d’hiver.