4 février 2022, 16h12 Gaston sort de sa rêverie en entendant des bruits sourds qui lui parviennent depuis l'autre côté de la muraille de bibliothèques. Il tourne la tête et reste attentif ; lui qui se croyait tranquille dans le fond de cet immense endroit, caché par la culture à tous ces jeunes. En général, il adore être près d'elleux. Il se nourrit de leur dynamisme, de leur vivacité, il tente de toujours apprendre des nouvelles idées portées par les générations qui lui succèdent. Mais parfois, surtout depuis qu'il est à Durmstrang, surtout depuis qu'il y a de la magie partout... parfois, c'est trop. Il a besoin de reposer son esprit fatigué par les ans, fatigué par l'expérience. Il a besoin de reposer son corps voûté par les douleurs articulaires, voûté par les souvenirs qui pèsent. Mais la vague inquiétude/lassitude cède rapidement la place à une bonne humeur qui ne s'éloigne jamais trop. Un sourire lent se dessine sur son visage et creuse les sillons de ses rides préférées tandis que Knopp sort de son sommeil, s'étire, bondit de la table où elle faisait la sieste et galope jusqu'à Ygg. Elle est toujours à la recherche d'un camarade de jeu.
« Désolé, bonjour. » Gaston se redresse sur sa chaise, sans se lever pour autant ; il sait que Wolfram comprendra. Il écarte les bras en un geste accueillant, comme si l'espace était sien, mais c'est surtout dans son intimité qu'il invite son ami, peu importe le lieu impersonnel où ils se trouvent. « Désolé ? Désolé de quoi, très cher, de me faire le plaisir de ta présence ? De votre présence ? » Il ajoute la seconde question après plusieurs secondes d'hésitation : il a cru comprendre, au fil des jours passés côte à côte sur les bancs de bois durs (absolument pas adaptés à ses articulations vieillissantes) des salles de classe que son camarade, s'il lui avait d'abord semblé se faire mieux que lui à la découverte de la magie, avait davantage de difficulté à accepter l'arrivée de son camarade animal. Pour autant, Gaston ne peut s'empêcher d'esquisser un sourire attendri en observant Knopp : elle tente de grimper sur le dos du thylacine, qui lui-même semble déterminer à envahir l'espace supposément dédié à l'étude des deux sorciers (puisque c'est ce qu'ils sont, désormais, parait-il).
Mais déjà, Wolfram imita sa fylgia et s'installe dans l'espace qu'iels s'apprêtent à partager, tous les quatre, pour une bonne partie de la matinée, si ce n'est de la journée. « Une matière particulière à revoir ? » « Hm. » Gaston fronce ses sourcils broussailleux et se gratte pensivement le crâne, juste au-dessus de ses grandes oreilles ; il ne remarque pas que Knopp l'imite, qu'elle se gratte la tête, juste au-dessus de ses petites oreilles, avec sa patte arrière. Il réfléchit. Il ne croit pas avoir de programme particulier : à vrai dire, il n'a pas réussi à reprendre le rythme scolaire que l'on attend de lui depuis son arrivée ici (cela fait trop longtemps qu'il a tout abandonné : les études, mais aussi le travail ; trop longtemps qu'il est habitué à son oisiveté joyeuse, à se balader dans les rues et la vie d'une démarche nonchalante, sans jamais vraiment aller quelque part mais toujours avec un but et un sourire). Aussi, les "devoirs" et autres "examens" lui passent-ils loin, très loin au-dessus de la tête (qu'il a fort dégarnie), et les "matières" ne sont-elles rien de plus que des prétextes à découvrir son nouvel univers.
« Je crois que je ne vais jamais retenir le nom de tous leurs foutus rois. » Mais Wolfram semble avoir apporté la réponse à sa propre question. Gaston rigole, de son rire plein de souffle. « Oh, tu sais, ce n'est rien à côté de tous les rois français. Ils s'appellent tous pareil ! Et ce n'est rien non plus à côté de toutes les étoiles que tu connais par cœur, » ajoute-t-il avec un petit clin d’œil amusé. Tiens, une idée ! « Et si tu me racontais une étoile, et je te racontais un roi ? Rassure-toi, je n'ai pas appris la leçon, mais ce n'est rien d'autre qu'une histoire : je peux te la lire dans un livre. » A nouveau, un rire lui échappe et il relève la tête vers son ami, interrogateur. Lui trouve la perspective de cet échange bien plus enrichissante et amusante que l'idée de se plonger, côte à côte mais chacun de son côté, dans un livre ennuyeux à mourir, et de sentir son camarade dépérir loin de son habitat naturel.

@Wolfram Nystrøm