vendredi 23 juin 2023, 09H13 L'année scolaire était terminée depuis trois jours. Le rythme de vie du château avait ralenti et les couloirs n'étaient désormais plus qu'emplis de l’effervescence typiques de l'avant-vacances. Les étudianz avaient hâte d'être en congés, de retrouver leurs familles et leurs amiz, de parcourir le monde magique ou moldu à la découverte de nouveautés, de reposer leurs têtes studieuses loin des manuels scolaires, de se retrouver dans un cadre plus détendu afin de festoyer... L'impatience se faisait de plus en plus palpable à mesure que les jours les séparant du voyage en bateau passaient.

Gaston, comme toujours, était légèrement en décalage avec l'atmosphère générale. Il avait pourtant des projets réjouissants qui l'attendaient : un passage en France pour retrouver ses viauz camarades et ses cafés préférés, observer la danse des pigeons devant le musée Pompidou, aller prendre le brunch au Bonjour Madame et visiter quelques musées ; une exploration du Paris magique pour découvrir son foyer sous l'angle de son nouvel univers ; probablement un séjour en bord de mer, bien qu'il n'ait pas encore choisi laquelle. Il savait qu'il n'allait pas s'ennuyer pendant les deux mois à venir. Non, là n'était pas la raison de sa (toute relative) morosité. En témoignait l'enthousiasme non-feint et non-réfréné de Knopp, qui dévorait avidement le petit déjeuner de son humain en échangeant avec toutes les fylgjur qui croisaient sa route, au grand désespoir de leurs humainz qui avaient autre chose à faire que de patienter pendant que les animaux échangeaient des trivialités.

Non, ce qui donnait au vieux visage de Gaston un air pensif, ce qui faisait flotter ses yeux dans le vide sans s'accrocher aux passanz, ce qui effaçait son éternel sourire au profit d'une expression d'un neutre un peu triste, c'était l'avenir plus lointain. Il avait terminé sa deuxième année au sein du cursus de réinsertion et, pour la première fois depuis très longtemps dans sa vie, il voyait arriver la fin de quelque chose de nouveau. Il ne lui restait qu'un an et il allait lui falloir choisir la suite (magique ? moldue ? scolaire ? professionnelle ? habituelle ? nouvelle ? Il y avait beaucoup trop de possibilités). Il était donc perdu dans ses pensées quand Knopp décida d'aller taper la causette à la fylgia d'un de ses voisins de table. La couleuvre n'avait pas l'air des plus faciles à aborder mais la quokka n'était, à l'image de son sorcier, pas du genre à se laisser abattre pour si peu.

Bonjour, cher ami serpentin. Comment allez-vous en cette charmante matinée ? Voyez-vous, mon compagnon, Gaston ici présent, ici assis devant son assiette, à laquelle il n'a pas touché alors qu'elle est remplie de moult délicieusetés, n'est pas d'une compagnie très amusante ce matin. Je suis donc forcée, contrainte, que dis-je, soumise à l'obligation !!! de trouver meilleur interlocuteur, et vous m'avez l'air tout à fait adapté pour ce rôle. Ce faisant, la quokka engouffra un morceau de croissant dans sa grande bouche souriante, et mâcha rapidement avant de reprendre, la bouche toujours pleine : Il n'est pas comme ça, d'habitude, il parle davantage, enfin, il sourit surtout, et il joue avec moi. Là, il me rend triste, j'en perdrais presque mon propre sourire, encore que ça ne soit pas facile compte tenu de ma morphologie, voyez-vous ! Nous autres, les quokkas, avons le sourire facile, je crois que c'est lié à notre structure musculaire. Comment fonctionnent les muscles des serpents ? Quel type de serpent êtes-vous, d'ailleurs ? Et comment vous appelez-vous ? Et qui est votre human ?

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