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(tw) forgive me for this ugliness + (dax)
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Ása Strandgaard
Ása Strandgaard
SKJERME Förtroende som beviljas utesluter inte uppmätt misstro
Forgive me for this ugliness

it bubbles up and overwhelms. when i’m like this, i forget tenderness.
@dax tcherkassov (sarasvati)


(tw) mention de sang


Iels se passent la bouteille de vin, sans soucier que la convention aurait voulu qu’iels utilisent des verres à pied, prennent des gorgées au goulot, une deuxième bouteille attendant à côté qu’iels finissent la première. Iels se sont installé.es au pied d’un arbre, dans un cimetière, entouré.es de quelques pierres tombales, leurs manuels ouverts devant eux. Viens on va réviser comme ça, lui a dit Dax, mais plus la soirée avance, moins Ása est convaincue de leur productivité. Mais l’air est doux, le vin bon, la compagnie agréable, alors elle ne se plaint pas, sait qu’elle pourra rattraper son retard un autre jour. Et si elle a été surprise lorsqu’il lui a proposé de le rejoindre au cimetière où il travaille, elle en reste intéressée par l’endroit, les noms qui s’inscrivent et s’ajoutent au fil des ans. Depuis quelques années, elle se trouve un intérêt pour la mort, pour la nécromancie. Depuis que sa mère l’a quittée, elle se demande s’il n’y aurait pas un moyen de la ramener. Si seulement elle avait accès à son corps.
Elle reprend une gorgée, repasse la bouteille à Dax et lâche un petit rire. « On va jamais avancer à ce rythme, ». D’un coup, elle referme son manuel, décide d’abandonner. Il est assis juste à côté d’elle, et elle lui jette un regard. Elle fait de son mieux pour agir naturellement, depuis le début de la soirée, mais elle pense toujours à ce qui s’est passé, quelques semaines plus tôt. Au fait qu’elle a failli perdre contrôle, devant lui, et boire le sang de ce moldu, qui se déversait sur les pavés. La peur l’a paralysée, mais elle est certaine que Dax a compris, puisqu’il lui a dit de ne pas y toucher. Ce qui l’a le plus surprise, c’est qu’il s’inquiète plus de compléter son contrat dans les termes que de voir un vampire boire le sang d’un humain. Depuis, elle réfléchit, l’incident tourne en boucle dans son esprit. Dax et elle sont devenu.es plus proches, pendant les années, et elle réalise à présent qu’elle peut peut-être plus lui faire confiance que ce qu’elle a d’abord pensé. « Dis, je voulais te dire merci, pour l’autre jour, » commence-t-elle, baissant le regard. « Normalement, les gens paniquent quand iels voient un demi-vampire... dans cet état. » Ses canines sont sorties, et elle est sure que son regard s’est assombri, fixé sur la flaque qui s'est formée à ses pieds.  « Iels voient un monstre. Mais tu ne m’as pas traitée différemment. » Depuis, elle réfléchit. Elle réfléchit aux mots de son père, qui lui a dit que les né-moldu.es font de mauvaises fréquentations, mais une bonne option, pour assouvir sa soif. Elle réfléchit au fait qu’elle n’a encore jamais osé, sans son père, loin de leurs murs protecteurs, se nourrir d’un.e humain.e. Elle réfléchit au fait qu’avec Dax, elle ne serait peut-être pas jugée, plus en sécurité. Elle n’aurait peut-être pas besoin d’user de ses pouvoirs et de le persuader. Et depuis quelques jours, l’idée de goûter son sang l’obsède.


i have made oceans out of my sadness
and still i drown
Dax Tcherkassov
Dax Tcherkassov
TRØBBEL För att nå toppen av trädet måste du sikta mot himlen
Les meilleures soirées débutent dans un cimetière.

J’y ai tout fait. Sur cette terre trouée par les morts, j’ai dit adieu à des amis, j’ai enterré des gens solitaires ou bien entourés, j’ai trop bu, je me suis battu, j’ai dormi, j’ai fait des rencontres, j’ai soigné des vivants. Ce soir, je révise, je bois, je profite de l’amitié. Pourquoi pas? Entre un café moldu ou l’arrière-plan paisible des pierres tombales, je préfère sans aucun doute la seconde option. J’aime le froid éternel de ces maisons de marbre, j’aime les fleurs fraîches et séchées qui sont remplacées selon la vitesse à laquelle les gens se souviennent qu’ils ont aimé. Marcher dans un cimetière, c’est marcher dans une ville densément peuplée, où personne ne viendra t’embêter. Je tends la main pour prendre la bouteille qu’Ása me tend, reprenant une gorgée. Le vin réchauffe mon corps, sans rajouter de la couleur à ma peau trop blême. « On va jamais avancer à ce rythme. »  Je souris en la voyant refermer son manuel et je l’imite, déposant mon volume sur les maladies infantiles à proximité de ma jambe. Le panda lève les yeux au ciel, faussement exaspéré par mon manque de sérieux. Je ne comptais pas sérieusement réviser, mais l’excuse me semblait bonne.  Nous n’avons pas vraiment eu le temps de nous revoir, depuis l’autre soir, et j’ai certaines questions qui sont demeurées sans réponses. Vais-je les poser aujourd’hui? Probablement. Je ne suis pas du genre à faire taire mes interrogations et Ása doit être - du moins je l’espère – habituée à mon franc-parler. « Dis, je voulais te dire merci, pour l’autre jour. Normalement, les gens paniquent quand iels voient un demi-vampire... dans cet état. » Elle a baissé les yeux et je l’observe en silence, sans bien savoir comment gérer un remerciement dont je n’ai rien à faire. Je ne comprends pas les gens, je ne les ai jamais tout à fait compris. Et je les hais un peu, aussi. Je n’éprouve aucun respect pour ceux qui n’en ont pas pour les autres, je n’ai que du mépris pour ceux qui sont effrayés par ce qui ne leur ressemblent pas. « Iels voient un monstre. Mais tu ne m’as pas traitée différemment. » J’hausse les sourcils, l’air de dire que c’est normal. Et ce l’est. Pourquoi aurais-je réagi d’une autre façon, simplement parce qu’elle n’est pas comme les autres?

Je porte de nouveau le goulot de la bouteille à mes lèvres, avalant une longue gorgée, avant de lui tendre le contenant :   « Tu n’es pas monstrueuse, seulement différente. » Ma voix est douce. Mes pupilles ont erré sur ses traits, qui demeurent atténués par la noirceur. Mon sourire s’élargit, sans joie : « Et je devrais aussi te remercier de ne pas avoir paniqué en tombant sur moi et le type. » Je devrais, mais je ne compte pas la remercier et la nuance est pour moi importante. Je ponctue ma phrase d’un clin d’œil, tout en songeant à ce qui s’est passé ce soir-là. Il y avait ce contrat, plus brutal, que j’avais accepté. J’avais besoin de me changer les idées, de me vider le crâne et de sentir, au creux de ma paume, le bois rugueux de l’une de mes lames préférées. L’été avait été long, trop paisible, trop routinier, trop plein de missives lacunaires et de peu de ces événements qui brisent le quotidien. J’ai besoin d’action pour vivre et survivre ; je n’avais eu que des offres excessivement simples, je n’avais eu que le soleil à regarder se lever et se coucher, sans qu’une once d’adrénaline ne vienne faire palpiter mes veines. Un été facile à oublier. Et puis, il y a eu ce contrat, aisé à honorer, qui impliquait peu de stratégies, mais des gestes physiques. Je n’ai demandé ni les raisons ni les détails : j’aurais accepté la pire des conneries, seulement pour me dénouer les muscles et ne pas m’engluer dans la banalité. J’ai croisé mon type dans une ruelle solitaire et comme prévu, il n’avait pas envie de me faciliter la tâche. Tout s’est envenimé sans surprise et j’ai à peine soupiré de lassitude, lorsque je l’ai vu s’écrouler sur le pavé. Pas de pitié. Il s’en sortirait, je n’en doutais pas ; j’avais visé de façon à ce que la blessure, peut-être impressionnante à prime abord, ne soit pas trop profonde ni souffrante. L’absence d’empathie ne m’a pas empêché de m’accroupir, pour administrer à ce moldu une dose de sédatif et d’anti-douleur – j’ai ensuite pris dans sa poche ce que j’étais venu chercher. Et puis…Je l’ai vue. Ása, qui n’aurait pas dû se trouver là. Ása, qui ne m’avait jamais vu aussi crûment en action. Ása qui…envisageait de mordre mon contrat? Je m’extirpe de mes souvenirs, mon sourire s’élargissant sur mes lèvres, alors que je rajoute : « M’fin paniquer autrement qu’en sortant les crocs. Je dois admettre que c’était plutôt…inattendu. » Inattendu parce que je ne m’attendais pas à la voir ce soir-là, inattendu parce que je n’ai jamais envisagé que ce pauvre type risquait autre chose qu’un vol et une lutte un peu serrée, mais inattendu surtout parce que je n’ai jamais vu ses canines sortir devant un moldu. Il n’y a pas de jugement dans ma voix, lorsque je reprends la parole. Seulement une interrogation qui n’est pas formulée : « Je pensais que tu ne touchais pas aux humains. » Je l’apprécierais autant, même si tel était le cas. Je ne suis pas un moralisateur, et si je n’ai pas de crocs, je fais bien couler le sang, occasionnellement. Mais je me demande ce que j’ai manqué ; peut-être que je me suis trompé, simplement, sur ses habitudes alimentaires.
Ása Strandgaard
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« Tu n’es pas monstrueuse, seulement différente. » Elle hausse les épaules, pousse un soupire, mais elle se sent soulagée de savoir qu’il a cette vision des choses. « Si seulement tout le monde pensait comme ça, » répondit-elle. Elle a été moquée, dès l’enfance, rejetée, insultée, mise à l’écart. Elle n’avait été que rarement acceptée, par les autres sorcier.es de son entourage, particulièrement à Durmstrang. De tous les hybrides, elle a l’impression que les vampires sont les moins apprécié.es, les plus craint.es peut-être, de part leur tendance à attaquer les autres. A les tuer aussi, parfois. Elle porte ce fardeau pendant toutes ces années et il lui est désormais difficile d’accepter que quelqu’un ne la rejette pas immédiatement pour ce qu’elle est. Et même si elle peut difficilement cacher sa nature, son nom, son teint, ses cernes, le fait qu’elle évite le soleil la trahissant bien avant qu’elle n’admette quoi que ce soit, elle n’a jamais eu l’habitude montrer quoique ce soit de vampirique devant autrui, en dehors de sa famille. Même si c’est su, elle le cache, honteuse, ne voulant pas être vue pour ce qu’elle est vraiment. Mais pour la première fois, Dax lui a fait sentir qu’elle se trompe peut-être. « Et je devrais aussi te remercier de ne pas avoir paniqué en tombant sur moi et le type. M’fin paniquer autrement qu’en sortant les crocs. Je dois admettre que c’était plutôt…inattendu. » Elle fait une grimace, gênée à nouveau de ne pas avoir pu se contrôler. « Désolée, c’était inattendu pour moi aussi, j’ai pas eu vraiment le temps de réfléchir à ce qui se passait. » Elle baisse les yeux vers Jesper, enroulé à ses pieds et passe distraitement une main dans sa fourrure, comme pour se rassurer. Il frotte sa tête contre ses doigts, se tait mais elle sait ce qu’il aurait dit. Qu’elle aurait dû saisir l’occasion, avec le moldu, l’autre jour. Qu’elle devrait la saisir, maintenant. « Je pensais que tu ne touchais pas aux humains, » ajoute finalement Dax et elle se tourne à nouveau vers lui, fronce les sourcils. Elle ne sait toujours pas si c’est une bonne idée, d’adresser le sujet avec lui. Elle a peur de déceler une réticence et de s’être finalement trompée. Que même si il ne la rejette pas, il a peut-être quand même peur. Puis elle se rappelle que ça fait des années qu’iels se connaissent, que s’iels n’ont pas une relation extrêmement fusionnelle, iels se comprennent et se font confiance. « J’ai dit ça ? » demande-t-elle, le ton absent. Ses yeux se sont refocalisés sur le cou de Dax, qu’elle observe à la dérobée depuis des jours. Sous la peau, elle voit une veine pulser, plus visible que les autres. « Je n’ai pas eu vraiment l’occasion. C’est tellement… mal vu, » explique-t-elle. Le mot illégal lui échappe, volontairement. Elle se rattrape, n’admet pas que c’est déjà fait, qu’elle a déjà sauté le pas. « Les gens ne comprennent pas que c'est souvent plus fort que nous. » Elle prononce les mots mais elle n’est pas sûre de vraiment porter suffisamment d’attention pour continuer la conversation. Ses yeux sont plantés sur son cou et elle continue de rapprocher son visage lentement. « Ça fait du bien d'avoir quelqu'un qui comprend. Merci... vraiment, » murmure-t-elle. Ses lèvres ne sont plus qu'à quelques centimètres de son épiderme, ses crocs sortis.


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Dax Tcherkassov
Dax Tcherkassov
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« Si seulement tout le monde pensait comme ça. » Je fronce les sourcils sans répliquer immédiatement. À quel point a-t-elle subi le jugement des autres en raison de sa nature? Je ne l’ai jamais interrogé sur le sujet.  Je laisse tomber un « si seulement tout le monde était moins con », jugement général qui m’englobe dans le groupe des débiles. Je ne la considère pas comme un être monstrueux, mais je suis loin d’avoir un fonctionnement ordinaire. Pour plusieurs, moldus comme sorciers, je serais moi-même à ranger dans la catégorie des anomalies. J’ai toutefois l’option de camoufler ce qui se passerait le moins inaperçu, option que semble avoir aussi Àsa, mais qui est probablement compliqué par le nom qu’elle porte.

Je la remercie à mon tour, sans camoufler le côté inattendu de ce qui s’est passé. Il n’y a aucun reproche dans ma voix ; elle peut gérer son alimentation comme elle le veut, je ne ferai jamais un commentaire sur le sujet. J’étais simplement étonné parce qu’il me semblait qu’elle ne touchait pas aux bipèdes. « Désolée, c’était inattendu pour moi aussi, j’ai pas eu vraiment le temps de réfléchir à ce qui se passait. » Ce n’était donc pas un réflexe provoqué par l’habitude. J’hoche la tête, bien que je ne comprenne pas l’ampleur exacte d’une telle réaction instinctive. Depuis que je connais Àsa, j’ai évité d’aborder le sujet. Il ne me rend pas mal à l’aise, mais cette curiosité m’a toujours semblé inappropriée et trop privée.  Je formule malgré tout mon interrogation à haute voix, parce qu’elle me semble adéquate dans une telle soirée, où l’alcool est bon, l’ambiance paisible, la compagnie agréable. Je la vois froncer les sourcils, réaction ténue dans ce soir mal éclairé, et je me dis que j’aurais peut-être dû conserver ma question. Mais à quoi bon…? Si je respecte l’intimité de mes proches, je n’ai jamais mâché mes mots pour faire plaisir à qui que ce soit. « J’ai dit ça ? » A-t-elle déjà dit directement qu’elle ne touchait pas aux humains? Je n’en sais rien, je l’ai probablement déduit de certains éléments – à tort? Je la fixe, interrogateur et étonné par sa réponse. Est-ce que ça changerait quelque chose dans notre relation, si elle croquait occasionnellement des êtres vivants? Non, tant qu’il ne s’agit pas de mes cibles. « Je n’ai pas eu vraiment l’occasion. C’est tellement… mal vu » Pas eu l’occasion, mal vu…Elle en a donc envie et le ferait, si l’occasion venait? Je suis étranger à ce type de désir, qui ne correspond à rien de ce que je connais. « Les gens ne comprennent pas que c'est souvent plus fort que nous. » Je ne peux qu’imaginer ce type d’instinct, sans le comprendre entièrement.  Je suis habitué au contrat, aux plans plus ou moins foireux et à la violence, mais je n’affirmerai jamais que ces éléments sont plus forts que moi. Je les domine, tout comme je tente de dominer – de façon plus ou moins efficace – mes envies, parce que le contrôle de soi est l’élément le plus central dans mon existence.

Je n’ai pas l’occasion de pousser davantage mes réflexions. « Ça fait du bien d'avoir quelqu'un qui comprend. Merci... vraiment ». Mes pupilles glissent sur mon amie, dont le visage semble se rapprocher de mon cou. Mon cœur ne s’accélère pas, mais ma nuque se raidit. Je suis si habitué à côtoyer l’étudiante de médicomagie que je n’envisage pas, même une seconde, qu’elle soit en train de penser à me mordre. C’est plutôt une autre option qui me vient en tête, instinctivement. « Àsa…? » Ma voix normalement assurée trahit mon incompréhension. Je me repasse le fil de nos discussions, de nos rires et des paroles échangées ; rien ne semblait pointer dans cette direction. Alors, pourquoi…? Je reprends d’une voix douce : « Je ne suis pas exactement certain de comprendre ce que tu essaies de faire. » J’interprète peut-être mal, l’option est possible – et plus simple. Parce que si je ne me trompe pas et qu’elle était en train d’envisager de poser ses lèvres sur mon cou, je ne saurais pas trop quoi faire de cette intervention. Je n’apprécie pas les coups d’un soir et je n’ai jamais songé à Àsa de cette manière ; mais je porte un deuil que j’aimerais bien effacer, je porte un portrait que j’aimerais brûler. L’occasion ne serait pas mauvaise, même si elle serait soudaine. Je recule légèrement mon visage, sans opposer une brusque résistance. Incertain. Je poursuis : « Si je te laissais faire, ce serait seulement pour me venger de quelqu’un d’autre. » Avertissement ou honnêteté? Il y a un si, pas un non. Je prends rarement les bonnes décisions, lorsqu’il s’agit de l’autre en question et toutes les portes ouvertes pour ne plus songer à son image me semblent bonnes à emprunter. Du moins, en général. Je ferme brièvement les paupières, en me disant qu’Àsa doit avoir compris et que si ça se trouve, je me suis simplement planté sur ses intentions. Pourtant, je rajoute : « On a probablement trop bu. Vaut mieux que tu ne fasses rien que tu regretterais demain.» Rien qui ne serait trop risqué pour une amitié qui somme toute, est probablement fragile, comme toutes les amitiés qui n’ont pas eu l’occasion de se consolider par le biais des épreuves.
Ása Strandgaard
Ása Strandgaard
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(tw) manipulation, morsure, sang


La lumière éclaire doucement la gorge du sorcier, dont Ása se rapproche légèrement. Toute pensée rationnelle a quitté son esprit, alors qu’elle peut sentir l’odeur de sa peau, et sous la surface, celle de l’hémoglobine qui palpite dans ses veines. La soif lui donne envie de précipiter ses mouvements, de simplement le mordre brusquement, sans prévenir. Mais elle ne veut pas qu’il prenne peur. Elle veut qu’il garde l’image qu’il a d’elle, l’image qu’il lui a décrite. Ses paupières se ferment, alors qu’elle n’est plus qu’à quelques centimètres, et elle pense d’abord qu’il accepte, qu’il ne se recule pas. Mais son prénom prononcé en interrogation l’interrompt dans son geste, lui fait relever le regard, la tête légèrement reculée. Elle a refermé les lèvres, cache ses crocs par réflexe. « Je ne suis pas exactement certain de comprendre ce que tu essaies de faire. » Elle fronce les sourcils, pense que son intention est claire, avec la conversation qu’iels viennent d’avoir. Il se recule à son tour, de manière à ce qu’iels puissent se faire face. Mais elle note qu’il ne s’est pas vraiment éloigné d’elle, qu’il est toujours si proche. Puis elle comprend, sans être sûre, qu’il a peut-être mal interprété son geste. Qu’il pense peut-être qu’elle lui fait des avances. Elle se retient de sourire, se dit que ça pourrait être une bonne manière d’entamer les choses, même si elle n'a aucune véritable intention de ce côté-là. « Si je te laissais faire, ce serait seulement pour me venger de quelqu’un d’autre, » poursuit-il, confirmant ses soupçons. Mais Ása l’écoute à peine, toujours focalisée sur son objectif, peu désireuse cependant d’attaquer plus franchement son ami. Elle espère encore entre elleux un accord tacite. « On a probablement trop bu. Vaut mieux que tu ne fasses rien que tu regretterais demain. » Il ne la regarde plus, et avant qu’il ne cherche à se lever ou s’éloigner d’avantage, elle cherche à le retenir.  « Dax, » dit-elle pour l’interpeler, l’inciter à la regarder dans les yeux. A côté d’elle, Jesper s’agite, sans doute impatient de ce qu’elle hésite à faire.  « Reste là, » commence-t-elle simplement, pose une main sur sa joue pour agripper son attention. Elle se concentre en prononçant ces mots, puise pour la première fois dans la magie dissimulée des vampires et essaye de l’influencer. Elle n’a jamais osé l’utiliser à l’encontre de qui que ce soit jusqu’à présent, mais la curiosité la gagne depuis des mois, l’envie d’explorer tout ce qu’elle peut faire se fait de plus en plus insistante.  « N’aies pas peur, laisse moi faire, » lui ordonne-t-elle. Elle cherche dans son regard un changement, quelque chose qui lui indiquerait qu’il l’écoute, qu’il est docile. Elle n’est pas sûre de le voir, alors elle entrouvre les lèvres, laisse apercevoir ses crocs. Il ne dit rien, ne réagit pas. Alors elle se penche vers lui, baisse la tête vers son cou. Une seconde d’hésitation, avant d'enfoncer ses canines dans sa peau, d’un geste plus rapide, plus certain. Ses paupières se ferment alors que le sang s’échappe avec violence de la plaie, déborde de ses lèvres. La main qu’elle avait posé sur la joue de Dax a glissé à son cou et elle raffermit sa prise, ne veut pas qu’il lui échappe, pas alors qu’elle assouvit enfin l’obsession qui l’habite depuis des semaines. A ses côtés, Jesper abandonne la loutre pour laisser le corbeau géant les surplomber de sa forme brumeuse.


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Dax Tcherkassov
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« Dax, » Je lève les yeux vers elle, les sourcils froncés. Que va-t-elle me dire? Qu’elle a trop bu, qu’elle a envie de jouer avec les frontières de l’amitié? Je ne me méfie pas particulièrement, mais je suis incertain sur la conduite que je veux tenir. « Reste là, » Elle pose une main sur ma joue et je plonge mon regard indécis dans ses prunelles, en espérant comprendre ce qu’elle a en tête. Ai-je le temps de vraiment comprendre quoi que ce soit ou de réfléchir à la situation? Pas vraiment. Je ressens aussitôt ce puissant désir de lui obéir, de demeurer là. Je ne remets pas cette envie en question, je ne me soucie même pas de cette alarme qui semble soudainement résonner dans mon esprit, comme une alarme en sourdine dont on ne se soucie pas. « N’aies pas peur, laisse moi faire. » Je n’ai pas peur. Ce sentiment, je l’éprouve déjà très rarement, de base. Je n’ai pas peur, non, mais je serais probablement furieux si j’avais conscience de ce qui est en train de se dérouler. Elle entrouv’re la bouche et j’aperçois des crocs ; des crocs qui me révèlent que ce ne sont pas ses lèvres, qui se poseront sur mon cou. Ça ne m’embête pas, dans l’immédiat. Elle m’a ordonné de rester là et de me laisser faire.  J’obéis, je dois obéir. Je demeure immobile alors qu’elle s’approche de moi, brisant ce cercle de distance que j’instaure normalement autour de moi. Je ne bronche pas davantage lorsque ses canines s’enfoncent dans ma peau, lorsque le sang coule, lorsque sa main se pose sur mon cou, lorsque la douleur enfle, enfle, enf… Mon regard s’agrandit, mes nerfs se raidissent, immédiatement en état d’alerte, alors que la douleur atteint son apogée. Putain, il se passe quoi?  

Je sens les crocs d’Àsa dans ma chair. Je sens mon sang qui s’échappe. Je sens cette brûlure qui ressemble à celle des lames et je comprends enfin ce qui arrive : elle est en train de me mordre. Moi, son ami, depuis plusieurs années. Moi, qui lui avait accordé un fragment de ma confiance. Elle l’a foutu aux vidanges.

Mon réflexe est immédiat ; ma main gauche agrippe son épaule pour la repousser brusquement, tout en la gardant à étroite distance, tandis que ma droite glisse à ma ceinture pour en tirer une dague, que je dépose aussitôt contre son cou. Je gronde, les dents serrées : « Bordel Asà… » Nous en sommes réellement là, dans notre relation? Nous avons réellement passé d’un moment heureux, joyeux, amical, à une attaque sournoise? Pourquoi? Des lueurs peinées valsent dans mes prunelles qui se sont assombries, mélange de colère et de dépit. Pourquoi une telle trahison? Pourquoi maintenant? Je peine à comprendre ce qui a pu se passer dans sa tête et à quel moment elle a cessé d’être une véritable amie. Je poursuis, la voix blanche : « Tu m’as contraint? Tu crois que je peux laisser passer ça?  » Elle aurait pu me le demander, si elle avait un manque à combler, ou je-ne-sais quel problème. Mais m’obliger…? Moi, qui suis si méfiant envers les autres? Moi, qui laisse rarement les gens l’approcher? Elle s’est servie de ses pouvoirs contre moi, pour me soumettre? Est-elle une ennemie, finalement? Ma fylgia s’est agitée, sans quitter sa forme de panda roux. Elle a posé une patte contre ma cuisse, comme pour m’obliger à me calmer. « C’est parce que je suis un né-moldu, c’est ça? » Je ne camoufle pas mon mépris. C’est la seule explication qui me semble faire du sens, dans l’immédiat. Elle est sang-pur, je ne le suis pas.  Deux mondes différents. Pour elle, j’avais tenté de faire une exception à mes préjugés, comme je l’ai fait pour d’autres ; depuis combien de temps prévoyait-elle ce moment? Combien d’instants avons-nous vécu, qui n’étaient finalement que des foutaises et de l’hypocrisie? Un rictus de dégoût s’étire sur mes lèvres, alors que je rajoute : « C’est quoi, tu t’es finalement dit que je ne valais rien en tant qu’ami, mais qu’en tant que collation, ça pouvait aller? » Je ne réalise pas que le sang coule encore sur mon cou, qu’il glisse sur mon haut et le tâche. Je ne suis concentré que sur l’instant présent, que sur l’adrénaline qui fait palpiter mon cœur et que sur cette colère attristée que je ne pensais pas ressentir en cette soirée qui s’annonçait agréable. Je ne dépose pas ma lame, je ne baisse pas le bras; si elle n’est plus une amie, alors je dois demeurer sur mes gardes.
Ása Strandgaard
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(tw) blessure, sang


Pendant un instant, elle sent l’euphorie la gagner, alors que ses gestes se font plus brusques, plus désespérés. Ses dents dans son cou, elle oublie un instant les conséquences de son acte, s’il devait y en avoir. Elle ne pense pas non plus à l’immoralité de ce qu’elle vient de faire, oubliée depuis longtemps, depuis que son père l’a invitée à goûter à ce premier moldu. Elle ne sait pas pourquoi elle a attendu aussi longtemps ou pourquoi elle a été aussi réticente à l’idée de laisser sa vrai nature prendre le dessus. Elle regrette presque le temps perdu, s’impatiente de chaque goutte qu’elle pourra boire, avec le reste de sa longue vie. L’euphorie est décuplée par l’adrénaline d’avoir utilisé ses pouvoirs innés pour la première fois, d’avoir réussi aussi rapidement. Jusqu’à ce que des doigts viennent s’enfoncer dans son épaule et la repoussent violemment. Sa main perd sa prise sur le cou de Dax alors qu’elle est repoussée à plusieurs centimètres de lui. Elle n’a pas le temps de protester avant de sentir le métal froid et aiguisé d’une lame contre son cou, la peur la prenant soudainement. « Bordel Asà… » lâche-t-il, et elle sent l’émotion derrière ses mots, dans son regard. Instinctivement, elle regrette de lui avoir fait de la peine, pourtant elle ne regrette pas ses actions. Elle repousse à son tour la main qui lui tient l’épaule et arrive finalement à se reculer, à se relever. Elle ne pense pas à essuyer le sang qui lui couvre encore le menton, se retient de justesse l’irrespect de se lécher les lèvres. Au-dessus d’elleux, le corbeau bat furieusement des ailes, sa forme immatérielle les empêchant d’être déstabilisés par le vent qu’il aurait provoqué. Elle se doute de ce que s’apprête à faire Jesper. Sous sa forme matérielle, il pourrait faire bien plus de dégâts que Dax ou Ása. « Arrête, » lui dit-elle. Il l'écoute, mais elle le sent encore agité, intérieurement. Elle se retourne vers son ami, gardant une distance confortable entre elleux à présent. « Dax... » Comment s’est-il libéré de son emprise ? Rien n’aurait pu l’empêcher de lui obéir, si ce n’était la propre volonté de la sorcière. Elle n’ose pas recommencer pour calmer la situation, de peur d’échouer à nouveau, de peur que la colère ne pousse alors Dax à se défendre plus sincèrement.  « Tu m’as contraint? Tu crois que je peux laisser passer ça?  » Elle ne répond pas, pince les lèvres, agacée qu’il réagisse ainsi, et inexplicablement, peinée que la situation tourne aussi mal. Quelque part, elle se rend compte qu’elle a brisé quelque chose entre elleux. Le sang coule toujours de son cou, et elle doit se retenir de toutes ses forces de se jeter dessus. Elle inspire, tente de garder le contrôle, de le reprendre, de se concentrer sur autre chose. « C’est parce que je suis un né-moldu, c’est ça? » Elle hésite à répondre sincèrement, mais détourne simplement le regard, gardant un silence révélateur face à sa question. « C’est quoi, tu t’es finalement dit que je ne valais rien en tant qu’ami, mais qu’en tant que collation, ça pouvait aller? » Elle ne le regarde pas, pousse un soupire, réfléchit. Elle n’est pas certaine que lui dire la vérité l’apaiserait, à ce stade. Peut-être qu’une partie suffirait à le convaincre de se calmer. « Je suis toujours ton amie, » lui assure-t-elle, et elle relève le regard, cherche le sien, comme preuve de sincérité. « Je tiens à notre amitié. Mais... c’est compliqué. » Elle ne trouve pas les bons mots, cherche quelque chose qui pourrait le satisfaire plus que la simple vérité : elle devait se nourrir et il était sa meilleure option. Quelqu’un de confiance, avec qui, elle a pensé un instant, il n’y aurait pas de conséquence. Quelqu’un qui accepte de l’aider de son plein gré. Il l'avait interrompue, la poussant à s'assurer que ce ne serait plus le cas. Et si elle n’a pas envie de perdre son amitié, elle sait que ce n’est pas ce que son père a prévu. Que tôt ou tard, elle aurait été amenée à couper les ponts avec lui. « C’est quelque chose que je dois faire. Je ne t’aurais pas fait de mal, » lui promet-elle. Elle n’a jamais pris la vie de qui que ce soit, ne peut imaginer ce que cela lui ferait. « J’ai cru que tu comprenais. » Elle baisse à nouveau son regard vers les deux plaies circulaires dont s’échappe encore du sang, sur sa gorge. Elle prend une grande inspiration, lève une main pour le rassurer, sort sa baguette de l’autre, et jette un sort de soin.


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Dax Tcherkassov
Dax Tcherkassov
TRØBBEL För att nå toppen av trädet måste du sikta mot himlen

Tw: Blessure, sang

Si je remarque le corbeau qui s’agite au-dessus de nous, dans une forme qui n’aurait rien de rassurante pour un individu normal, je ne m’en préoccupe pas. Je suis un croque-mort, un criminel, un gosse des rues, un truand, pas un prince ; j’approche les ténèbres avec la même indifférence que la lumière. Mon attention est dans l’immédiat entièrement accaparée par Ása, qui lui dit d’arrêter et qui prononce mon nom. La grimace de mépris s’accentue sur mes lèvres, alors que je reprends la parole. Je lui demande si elle a agi parce que je suis un né-moldu ; elle détourne le regard, et j’ai l’impression qu’une lame s’enfonce de nouveau dans ma chair. Pourquoi ça fait mal, bordel, comme trahison? Pourquoi est-ce que ça me dérange? Je devrais m’en foutre. Elle n’était qu’une amie, les amis sont remplaçables et interchangeables. Mon discours, pourtant, ne parvient pas à me convaincre. J’ai trop d’inspection pour ne pas savoir que je fais une nette séparation entre ceux que j’apprécie vraiment, les vrais potes, et ceux que je peux manipuler à ma guise et dont je ne supporte la présence que pour leur utilité. Ása entrait dans la première catégorie, malgré ma méfiance légendaire, malgré la distance que je mets habituellement entre moi et les gens. Et aujourd’hui, cette fille que j’ai laissé entrer dans ma vie détourne le regard lorsque je lui parle de mon sang.

Ma machoîre se serre, mon regard s’assombrit. J’abaisse la main qui tient mon poignard, geste inutile, maintenant qu’elle est debout. Je le glisse à ma ceinture dans un geste brusque, trop conscient qu’il ne me servira à rien. J’ai agi par réflexe, mais je n’en userai assurément pas contre elle. « Je suis toujours ton amie. » Un rire moqueur m’échappe, à mi-chemin entre l’écœurement et un amusement factice. Encore mon amie? Elle croit encore pouvoir revendiquer ce titre, après ça? Son regard cherche le mien et je l’évite volontairement. Elle m’a déjà ensorcelé une fois, je ne lui donnerai pas l’occasion de recommencer. « Je tiens à notre amitié. Mais... c’est compliqué. » Réussir les bonnes potions, c’est compliqué. Poignarder un individu dans un emplacement non-vital, pour seulement l’immobiliser, c’est compliqué. Mais utiliser ses pouvoirs sur son pote, pour ensuite lui bouffer le cou, ce n’est pas compliqué ; ça s’appelle la décence élémentaire. « C’est quelque chose que je dois faire. Je ne t’aurais pas fait de mal, » Quelque chose qu’elle doit faire…Elle est vraiment sérieuse? Je lève les yeux au ciel, sans camoufler mon exaspération grandissante, qui est au diapason de ma colère. Ce n’est pas un problème de douleur, ce n’est pas un problème de vie ou de mort, ce n’est pas un problème de blessure. C’est un problème de confiance bafouée. Avait-elle prévu se servir de moi comme cobaye bien avant ce jour? Ne sait-elle pas, depuis les courtes années où l’on s’est côtoyés, que je ne suis pas du genre à tolérer qu’on usurpe ma volonté et qu’on l’outrepasse? J’ai cru que tu comprenais. » Je comprends qu’elle a une certaine nature, qui la pousse à certains gestes. Mais je n’aurais pas cru qu’elle me mettait au même rang que ce moldu dans la rue.

Mes doigts s’emparent de ma baguette et je me lève brusquement, aussitôt que je la vois lever sa baguette. Sa main levée, geste qui semble avoir comme but de me rassurer, m’arrache presque un rire de dédain ; je contre le sort lancé, les nerfs à la vif, la méfiance à son apogée. « Ne me touche pas. » Les mots ont été grondés d’une voix froide, contrôlée. Je ne la laisserai assurément pas me lancer un sortilège, pas si je suis en mesure de m’en défendre. Je poursuis, mes pupilles s’éclairant d’une lueur où la désillusion se mélange à l'exaspération :   « Tu as une drôle de vision de l’amitié, Ása. » Et nous n’avons clairement pas la même. Je jette un nouveau coup d’œil à la Skjerme, attentif à ses réactions. J’entends sa respiration plus forte et je comprends à retardement qu’il y a un problème que je n’ai toujours pas réglé : mon sang. Je rajoute :   « Mais c’est peut-être mon erreur, au fond. Je fais parfois confiance aux mauvaises personnes. » Je glisse mes doigts contre mon cou, là où doit se trouver la plaie. Génial comme cicatrice supplémentaire, vraiment. Je soupire, agacé. Je suis habituellement pour les vieilles méthodes, qu’importe ce qu’en disent mes collègues, mais je ne suis pas enthousiasmé par l’idée de me pencher et de me retrouver en position de vulnérabilité. Je pointe donc ma baguette contre mon cou, pour arrêter le saignement d’un sortilège informulé, sans savoir que c’était probablement ce sortilège qu’Ása m’avait lancé. Je poursuis la discussion, comme s’il n’y avait pas d’interruption : « Je ne t’en aurais pas voulu, si tu me l’avais demandé. J’aurais peut-être accepté. » Et c’est vrai. Si elle s’était justifié par une envie insatiable et irrésistible, par n’importe quel motif bidon qui n’incluait pas le fait que j’étais un né-moldu, j’aurais probablement dit oui. Sauf qu’elle a procédé autrement, d’une façon que je ne peux tolérer. J’abaisse ma baguette, glissant ma main libre sur la chair abîmée ; j’y sens la coagulation du liquide rougeâtre, et je me mords les lèvres, frustré d’une blessure aussi débile. Mes yeux cherchent les siens, oubliant momentanément ma méfiance à cet égard, et je continue sans camoufler mon dégoût : « Mais que tu m’aies obligé, que t’aies cru avoir le droit de le faire sans mon autorisation et que tu n’aies pas le courage de me regarder quand je te demande si c’est à cause de mon sang… » Le détail de trop. Celle qui rend toute réparation impossible, dans l’immédiat. Je ne pointe pas ma baguette vers elle – je suis de toute façon très peu doué en sort d’attaque – et je ne ressors pas ma lame. Je demande simplement avec un calme glacial : « Qu’est-ce qui devrait m’empêcher de t’attaquer à mon tour? » Je n’aurais pas hésité, devant une autre personne, à me venger de cette offense.
Ása Strandgaard
Ása Strandgaard
SKJERME Förtroende som beviljas utesluter inte uppmätt misstro
(tw) blessure, sang


Il ricane, quand elle lui dit qu’elle est toujours son amie, et elle doit se retenir de lever les yeux au ciel. Elle n’arrive pas à mettre le doigt sur ce qu’elle ressent, l’agacement se mêlant à une culpabilité qu’elle ne saurait expliquer. Elle ne pense pas avoir grand chose à se reprocher, est certaine que Dax réagit de manière excessive, mais elle sent tout de même le besoin de s’excuser. Pourquoi, elle ne sait pas. Quoiqu’il en soit, elle ne prend pas particulièrement plaisir à entrer en conflit avec lui, aurait préféré que les choses se passent autrement. Elle aurait préféré qu’il accepte, tout simplement. Ou que son enchantement marche un peu mieux. C’est à lui de lever les yeux au ciel, mais Ása prend sur elle, essaye de calmer le jeu. Le sort de soin qu’elle lui lance est contré dans la seconde où il est lancé, et cette fois-ci elle laisse échapper le soupir qu’elle retenait. « Ne me touche pas, » lui crache Dax. « J’essayais de te soigner, » explique-t-elle, cachant mal son agacement. Elle retourne plutôt sa baguette vers elle et lance un sort pour se nettoyer le visage, le sang à proximité de ses narines la distrayant plus qu’autre chose. « Tu as une drôle de vision de l’amitié, Ása. Mais c’est peut-être mon erreur, au fond. Je fais parfois confiance aux mauvaises personnes. » Elle encaisse avec peine ses paroles cruelles, vexée qu’il la considère à présent comme une erreur, comme une mauvaise fréquentation. Il arrête le saignement, mais ne referme pas la plaie, ne nettoie pas ses vêtements. Comme pour la narguer encore plus. Elle fait quelques pas supplémentaires en arrière, à une distance où elle pourra confortablement respirer sans être immédiatement attirée par la blessure, à plusieurs mètres de lui. « Je ne t’en aurais pas voulu, si tu me l’avais demandé. J’aurais peut-être accepté. » Elle le regarde toucher sa plaie, ne dit rien, le laisse finir, alors qu’elle aurait voulu déjà intervenir dix fois, lui dire qu’il se trompe. Il ne semble pas avoir envie de l’écouter, obstiné à lui en vouloir sans même comprendre ses raisons. « Mais que tu m’aies obligé, que t’aies cru avoir le droit de le faire sans mon autorisation et que tu n’aies pas le courage de me regarder quand je te demande si c’est à cause de mon sang… Qu’est-ce qui devrait m’empêcher de t’attaquer à mon tour? » Elle hausse les épaules, répond sincèrement. « Rien. Vas-y, si ça te fait plaisir. Je dirai même à ma fylgia de te laisser faire. » Elle le provoque, encore énervée par la tournure qu’à pris la soirée. Elle garde le ton calme, cependant, ne cherche pas réellement à se battre avec lui. « Mais qu’est-ce que ça t’apportera ? Ça ne changera pas ce qui vient de se passer. » Elle ne sait pas si la situation peut être réparée, à présent. Elle se rend compte peu à peu que Dax est décidé à ne pas lui pardonner. Mais elle essaye une dernière fois de lui expliquer, utilise un peu plus de la vérité. Peut-être que sa sincérité sera mieux reçue. « Je ne l’ai pas fait gratuitement. Et si je l’ai fait avec toi, c’est parce que je pensais que tu acceptais. Tu dis toi même que tu aurais dit oui, alors qu’est-ce que ça change ? » Elle fait quelques pas pour le contourner, garde la distance. Doucement, elle se rapproche de la sortie, même si elle sait qu’elle pourra transplaner si elle en a besoin. « J’ai même pas réalisé que j’utilisais mon pouvoir. C’est pas quelque chose que je fais consciemment. » Un mensonge qu’elle glisse au milieu de la vérité, qu’elle espère passera inaperçu. Elle s’interrompt un instant, sait que ses prochaines paroles pourraient être mal interprétées. « Et si tu te demandes si c’est parce que tu es né-moldu... » Il n’y a pas de bonne manière de le confronter à la réalité, alors elle dit les choses simplement, sans détour. « Tes origines ne m’ont jamais dérangée. Mais... c’est mieux comme ça. » C’est mieux si c’est toi, se retient-elle de dire. Lui, plutôt que quelqu’un dont le sang a plus de valeur.


i have made oceans out of my sadness
and still i drown
Dax Tcherkassov
Dax Tcherkassov
TRØBBEL För att nå toppen av trädet måste du sikta mot himlen
« Rien. Vas-y, si ça te fait plaisir. Je dirai même à ma fylgia de te laisser faire. » Je lève les yeux vers le ciel, exaspéré. Au fond, il n’y a rien aucun risque, et elle doit probablement s’en douter. Je ne m’en prends pas à mes proches. « Mais qu’est-ce que ça t’apportera ? Ça ne changera pas ce qui vient de se passer. » Ce n’est pas ce que je voulais entendre, mais je la crois incapable de dire les bons termes dans l’immédiat. Ils existent, pourtant. Elle pourrait me dire que c’était un accident, que ce n’était pas prévu, que c’était l’instinct, plus fort qu’elle…Je l’accepterais mieux que cette impression trop nette qu’elle a agi consciemment, parce que je suis l’ami dont le sang ne compte pas. Les offenses liées à mon sang fait partie de celles que je ne peux supporter. « Je ne l’ai pas fait gratuitement. Et si je l’ai fait avec toi, c’est parce que je pensais que tu acceptais. Tu dis toi même que tu aurais dit oui, alors qu’est-ce que ça change ? » Mes yeux s’agrandissent devant ses propos, tant par étonnement que par dégoût. Ne voit-elle réellement pas en quoi ça change quelque chose? Ne voit-elle pas le souci et ce qui me met en colère? Comment pourrait-elle confondre à ce point un véritable oui et mes mots? Là n’est pas le problème le plus grand. Je pourrais pardonner une confusion sur le sens de mes termes, si elle admettait qu’il y a eu une confusion et qu’elle en est désolée. Sauf que ça ne semble pas être le cas, comme si je ne valais rien. Je l’observe me contourner pour se rapprocher de la sortie, irrité de constater qu’elle songe peut-être à fuir.   « J’ai même pas réalisé que j’utilisais mon pouvoir. C’est pas quelque chose que je fais consciemment. » Je fronce les sourcils, sans savoir si elle dit vrai. Peut-elle l’avoir fait involontairement? Peut-être bien et si c’est le cas, cet aspect peut être moins dérangeant.   « Et si tu te demandes si c’est parce que tu es né-moldu... Je me le demande, oui. J’attends, crispé, avec cette impression trop nette que je ne vais pas apprécier la suite.

« Tes origines ne m’ont jamais dérangée. Mais... c’est mieux comme ça. » Mes traits demeurent figés. Mes pupilles s’illuminent d’un éclat railleur, alors qu’un rictus s’étire sur mes lèvres froides. Je répète: « C’est mieux comme ça…? » Je suis calme, terriblement calme. Mieux comme ça. C’est ce que je vaux, pour Àsa. Mieux que ce soit moi qu’un autre, mieux qu’elle m’ait mordu ce soir, plutôt que de poursuivre une amitié qui était probablement vouée à heurter un mur. Mon sourire s’étire, cynique : « C’est plutôt hallucinant, que tu ne vois pas le problème dans ce qui vient de se produire. » Le problème, ce ne sont pas ses crocs qui se sont enfoncés dans mon cou –je vais devoir me rappeler de soigner la blessure, d’ailleurs. Le problème, c’est le manque de respect, c’est le fait de cracher sur notre amitié, sur moi, comme si ça n’avait aucune valeur, c’est m’obliger à quelque chose contre mon gré, moi qui déteste me faire forcer à quoi que ce soit. Je reprends : « Je n’acceptais pas, non. Y’a un truc qui s’appelle le consentement, si tu veux je t’achèterai un bouquin sur le sujet à Noël. » L’ironie perce dans ma voix, alors que je fais un pas vers elle. Je ne songe pas au songe que je n’ai pas nettoyé, je songe pas à mon odeur – et c’est probablement mieux aussi, parce que si j’y songeais, j’irais beaucoup plus dans la provocation. Je rajoute, faussement moqueur : « Mais visiblement, l’accord ou non d’un né-moldu ne vaut rien. » Nous en sommes parvenu à ce stade. Nous en sommes parvenu à ce moment où ma nature est dérangeante. Est-ce que tous mes liens avec sangs purs sont voués à se terminer de la même façon? Les rares exceptions que j’ai laissé entrer dans ma vie ne m’ont amené que des regrets et ont confirmé qu’il vaut mieux qu’on ne se mélange pas. Je poursuis, neutre, sans que mes traits n’indiquent ce que j’ai en tête : « Tu veux que je te montre comment ça fonctionne…? » Le consentement. Elle peut prétendre que c’était accidentel, qu’elle n’a rien contrôlé, mais ça ne semble pas particulièrement la déranger. Je tends la main vers elle, rajoutant : « Peux-tu me donner ta main, s’il-te-plaît, Àsa? »  Par respect pour notre amitié et les bons moments passés ensemble, je ne me vengerai pas physiquement. Mais j’aimerais comprendre ce qui lui est passé par le crâne et à quel moment elle a décidé que je ne valais pas mieux qu’un type dans une ruelle. Je ne laisserai pas se tirer joyeusement, je ne la laisserai pas fuir ce lieu, sans regrets, sans conséquence.
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