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(fb) cities are built from ruins, i think people are too (venceslas)
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Ása Strandgaard
Ása Strandgaard
SKJERME Förtroende som beviljas utesluter inte uppmätt misstro
cities are built from ruins,
i think people are too


20 août 2021 - Tell me again how Rome burned, how our bodies became the sun. Tell me again how our ashes were too holy for this universe to taste. @venceslas lund (sarasvati)


Elle tient la lettre quelques secondes en main, regarde le parchemin plié un instant, avant de le glisser dans l’enveloppe. Avec la plume mise à disposition, elle écrit son nom sur le dessus, comme elle l’a fait tant de fois pendant les trois années passées. Rune Ellingboe. Elle se doute déjà que comme toutes les autres, elle n’aura pas de réponse, mais l’espoir qu’il change d’avis, qu’il décide de lui renvoyer juste un merci la pousse à continuer. Le simple fait que les hiboux reviennent sans la lettre envoyée nourrit l’espoir qu’il les reçoit, qu’il les lit. Elle sait qu’elles peuvent être interceptées, mais elle sait également que ce n’est pas sa famille, après avoir fouillé régulièrement les tiroirs de son père et de sa belle-mère. Elle aurait dû abandonner depuis longtemps, sans réponse, mais il fête son anniversaire aujourd’hui et elle ne manque jamais la date, même si ses lettres se font plus rares. Au cas où, elle ne veut pas le manquer, où qu’il soit. Si elle ne doit plus qu’envoyer une lettre par an, elle continuera de le faire le vingt août, jusqu’à ce qu’il revienne, ou jusqu’à ce qu’elle ne puisse plus.
Elle donne la lettre au comptoir avec quelques noises, un sentiment de culpabilité naissant alors qu’elle hésite un instant à l’envoyer comme ça. Elle laisse finalement le postier lui prendre l’enveloppe des mains, à contre cœur. Les mots se sont fait rares sur le papier cette fois-ci. Joyeux anniversaire. Tu me manques. Rien de plus et elle s’en veut, elle qui fait toujours l’effort de lui écrire un peu plus, au moins à cette date. Les mots lui manquent. Ou plutôt, les mots sincèrement heureux lui manquent, et il est hors de question qu’elle lui écrive une lettre triste le jour de son anniversaire. Alors elle écrit moins, parce qu’il n’y a rien d’autre, que cette tristesse, que ce désarroi qui l’étouffent. Elle ne lui demande plus de rentrer, sait depuis un moment maintenant qu’il a bien fait, qu’il s’est sauvé. Elle préférerait presque lui dire reste loin, ne reviens jamais. Non pas parce qu’elle ne veut plus le voir, mais parce que leur foyer lui est devenu insupportable, insoutenable, et elle sait que pour lui ce serait pire. Elle ne voit plus d’issue, de là où elle est, sait que elle sera traquée, retrouvée, ramenée. Elle, qui est préférable à leurs yeux, plus conventionnelle. Elle, seule héritière restante, qu'iels ne laisseront pas se volatiliser, depuis que la fuite de Rune a servi d'avertissement.
Ása sort de la poste magique et malgré son ombrelle et ses gants qu’elle a immédiatement remis, elle transplane, alors que l’hôpital ne se trouve qu’à quelques rues de là. Elle préfère couper le chemin qu’elle doit passer sous l’astre brûlant, sans parler des regards qu’elle attire automatiquement, persuadée que tout le monde devine sans mal pourquoi elle en a besoin. Elle arrive devant le bâtiment, alors qu’il lui reste presque toute sa pause déjeuner. Le sien a déjà été avalé, un sac de plasma englouti en une minute dans les toilettes, là où personne ne peut la voir. Personne n’a envie de voir cela, de toute manière et comme ça elle n’a pas besoin de perdre de temps à table avec des collègues qu’elle se force à apprécier. Mais même cet hôpital où elle n’avait aucune envie de passer son stage, cet hôpital froid et morbide qui la répugnait, lui est devenu préférable au manoir sordide où elle est encore forcée d’habiter, avec sa famille. Tout est préférable à cet endroit, où elle doit malgré tout rentrer, sans quoi les menaces se font plus réelles, plus fréquentes.
Elle se met dans l’ombre de la façade, replie l’ombrelle et range ses gants quand elle voit une silhouette familière sortir par les portes principales et un sourire étire ses lèvres. Même si ça ne fait qu'un peu plus d'une semaine qu'il est sorti, le voir debout, visiblement bien mieux que dans l’état dans lequel il est arrivé, ne peut que la rassurer. Pourtant elle se doute qu’il ne va pas forcément bien, sur bien d'autres points. « Vence, » l’interpelle-t-elle. Elle s’interrompt de justesse, se rattrape avant de finir son prénom, oublie presque qu’iels se connaissent en dehors du cadre hospitalier, même si ce n’est que brièvement. « Je me demandais si j’allais te revoir avant la fin de mon stage. » Après celui-ci, elle pourra retourner à Durmstrang, échapper à sa famille depuis un autre endroit. Deux ans encore, avant d’être à court d’options. « Comment tu vas ? » Elle pose la question d’un ton plus sérieux, l’accompagne tout de même d’un sourire. Elle ne veut pas le forcer à parler s’il n’en a pas envie, mais elle espère quand même pouvoir prendre de ses nouvelles.


i have made oceans out of my sadness
and still i drown
Venceslas Lund
Venceslas Lund
GÖTEBORG Livet är en kamp, ​​du måste förbereda dig för striden
« Bien, Monsieur Lund, pour en terminer pour aujourd'hui, est-ce que les potions anti-douleurs font correctement effet ? » « Oui. »  « Mmmh... Vraiment ? Aucun dosage à modifier ? Vous n'êtes pas censés souffrir, vous savez, alors... » « Oh, vraiment ? » Mon ton dégouline d'ironie et de sarcasme, et je reste une poignée de secondes silencieux, choqué par ma propre voix qui sonne rauque et agressive, si loin du ton habituel, celui d'avant... Avant. J'inspire profondément par le nez, déglutit et n'en change pas, relevant les yeux vers l'homme en robe blanche, si sérieux. Si plein de considérations, de compassion...Tu parles. Il me regarde à peine, et ses doigts qui tapotent le bureau me donnent surtout l'impression qu'il a envie que je dégage d'ici, histoire de pouvoir aller bouffer tranquille. « Expliquez moi quel dosage il va falloir pour me permettre de bouger un muscle sans avoir envie de pleurer de douleur ? Et c'est lequel, qui va m'empêcher de me réveiller en hurlant parce que j'aurais fait un faux mouvement,  » Et un cauchemar. « dans mon sommeil ? Allez y, ça m'intéresse, j'vous jure. » Lequel va m'empêcher de sentir ma peau comme brûler encore maintenant, alors que le feu est éteint depuis plusieurs semaines ? C'est laquelle de leur potion, qui va retirer cette odeur immonde de chaire brûlée de mon nez ? Qui fera que je n'aurais plus envie de m'arracher ma propre peau, sous les bandages qui enserrent le haut de mon corps ? « Monsieur Lund, s'il vous plait, calmez vous... »  «Ne me dites pas de me calmer ! » Je hurle, me levant d'un bond, le cœur au bord des lèvres, la chaise se fracassant au sol. Je vacille, la douleur explose dans mon dos et je pâlis violemment, me raccrochant au bureau de toutes mes forces – et même ça, ça tire sur les muscles du haut des bras et du haut du dos et, par les Douze, ça fait si mal, tout le temps... Les larmes s'accumulent sous les paupières que je garde fermés et je me force à inspirer et expirer le plus profondément possible, suivant instinctivement la voix du Medicomage qui s'exprime avec douceur à mes côtés et me guide, patiemment. Je sens l'une de ses mains au dessus de mon poignée et ça me raccroche un peu avec la réalité, mon cœur ralenti et mes jambes se mettent à trembler d'un seul coup. Immédiatement, la prise se raffermi et je suis assis sur la chaise, redressée je ne sais même pas quand.
L'homme est accroupi devant moi et me regarde, soucieux. Je détourne les yeux, incapable de le soutenir.  « Vous avez raison, je n'ai pas à vous dire de vous calmer. Vous avez tous les droits d'être en colère. Mais je ne suis pas votre ennemi. Je vous promets que la douleur va s'atténuer avec le temps. J'ai rajouté quelques potions sur votre ordonnance, et au prochain changement de bandage, on rajoutera un anesthésiant local au baume. » Faiblement, je hoche la tête, sachant pertinemment qu'au fond, j'ai pas le droit d'être en colère contre lui. Il est pas si mal, comme médicomage. Et il ne sait pas que, de toute façon, je ne pourrais pas prendre toutes les potions de l'ordonnance. Ça fait que quelques semaines que je suis sorti de l'école, j'ai zero moyen et je peux pas aller quémander à mes frères et sœurs, c'est hors de questions... Quant aux parents... Bref. L'entretien se termine sur la fixation d'un nouveau rendez-vous, dans peu de temps, pour continuer les soins. Et sur la dernière phrase du médicomage, « Et n'oubliez pas d'aller à votre rendez-vous avec le psychomage. » Je marmonne un acquiescement et détale dans les couloirs histoire de m'éloigner d'ici le plus vite possible.

Après un passage rapide par l'accueil pour la suite des événements, je me dirige, soulagé, vers les portes principales de l'hôpital. Je ne supporte plus cet endroit – j'étais déjà si peu à l'aise à cause des...Résidents permanents - et pourtant j'dois m'y rendre beaucoup trop de fois à mon goût, depuis que j'en suis sorti. Les souvenirs que j'en ai... Un mélange de moment flous et de période trop claire, trop douloureuse. Un mélange de fièvre et de lucidité – brève mais intense ou je revoyais si parfaitement les images de cette nuit là, cette nuit d'il y a quelques semaines. Si parfaitement son visage, et ce sourire. Et l'instant d'après, tout est à nouveau flou, sans aucun sens, baigné dans la douleur et les cris, et les supplications et la demande pour que Hel soit clémente et arrive enfin. Je suis presque sûr d'avoir vu sa silhouette, à un moment particulièrement sombre pour moi. Frémissant, la boule au fond de ma gorge semblant grossir de plus en plus, je fouille dans mes poches avec frénésie alors que je franchis finalement les portes. Si je ne peux pas me permettre d'acheter toutes les potions prescrites, j'ai d'autre sortes de choses qui peuvent m'aider, avec la douleur. Et le reste. Le tube fait main entre les doigts, je sors ma baguette par réflexe et me fige immédiatement, comme à chaque fois  ces derniers jours. J'ai le sort au bord des lèvres, mais l'idée même de le prononcer menace de me faire définitivement basculer dans la crise d'angoisse que j'ai évité avec peine il y a quelques instants seulement. Lentement, je baisse l'artefact, considérant les deux objets avec un air absent. « Vence, » La voix résonne, un peu plus loin sur le côté et me tire un sursaut de surprise – ainsi qu'une grimace douloureuse. Je tourne les yeux vers la propriétaire et cille, hésitant, avant de sourire finalement à la jeune femme qui m'observe, apparemment heureuse de me voir. Je fais quelques pas vers elle, me rapproche et me rend compte que moi aussi, je suis heureux de la voir, en fait. Un visage familier, l'une des seules choses positives de ces dernières semaines. « Je me demandais si j’allais te revoir avant la fin de mon stage. »  Il m'a fallut quelques instants avant de la remettre, avant de me souvenir d'elle, d'avant l'hôpital, brève rencontre mais tout de même, et bien sûr, d'elle pendant l'hôpital. Voix rassurante, présence apaisante. Amicale. Sauveuse, quelque part. Clairement sauveuse.   « Comment tu vas ? »  Le ton est devenu sérieux et je lui offre une grimace en retour, haussant une épaule, interrompant le mouvement immédiatement. Moui. Pas ma meilleur tactique pour faire genre, hein. « Hey, Ása, salut ! Ça va, rendez-vous avec le doc, tout ça. Tu sais comment c'est : Comment allez vous ? Bien ? Parfait, à la semaine prochaine. La routine. Et toi ? La forme ? » Je réplique, déballant tout d'un ton rapide tout en rangeant ma baguette, jouant avec la cigarette maison à la place. Je lui jette un coup d’œil en biais et grimace un sourire. « C'était suffisamment convaincant, où est-ce qu'il faut que je travaille un peu sur mon ton, ma gestuelle ? » C'est mon système de défense, partir sur la dérision, la moquerie, en espérant très fort que les gens ne voient pas les cernes, l'ombre, la douleur et la peur.
Ása Strandgaard
Ása Strandgaard
SKJERME Förtroende som beviljas utesluter inte uppmätt misstro
Quand elle l’accoste, elle le surprend, l’air perdu, sa baguette et une cigarette dans les mains. Elle devine sans mal où il y a eu blocage et pourquoi il se retrouve à les fixer plutôt que d’avoir sa cigarette allumée à la bouche. Elle aurait voulu utiliser un incendio pour l’aider mais elle préfère éviter de le forcer dans une situation qu’il a visiblement du mal à aborder. Il a l’air heureux de la voir et ça la rassure, n’étant pas sure qu’il ait envie de traîner d’avantage près de l’hôpital. « Hey, Ása, salut ! Ça va, rendez-vous avec le doc, tout ça. Tu sais comment c'est : Comment allez vous ? Bien ? Parfait, à la semaine prochaine. La routine. Et toi ? La forme ? » Il tire une grimace et elle fronce les sourcils, un léger sourire sur les lèvres. Son ton est un peu trop enjoué, un peu trop nonchalant pour qu’elle parvienne à le croire. Elle devine très bien ce qu’il fait, ayant eu l’occasion de présenter ce genre de masque également. Particulièrement auprès de sa famille, à qui elle n’a jamais osé tout dire, à qui elle a toujours préféré masquer ses faiblesses. « C'était suffisamment convaincant, où est-ce qu'il faut que je travaille un peu sur mon ton, ma gestuelle ? » Elle soupire et secoue la tête, amusée. Au moins, il admet rapidement qu’il n’est pas sincère, et elle ose espérer qu’il ne ressent pas réellement le besoin de prétendre que tout va bien avec elle. Elle l’a vu, seulement quelque semaines plus tôt, au plus bas, elle sait la pente qu’il doit gravir pour aller mieux, pour retrouver une routine et une vie à peu près normales. « Tu sais que t’as pas besoin de faire semblant avec moi, hein ? » Elle lui adresse un sourire, préfère un ton plus léger, mais elle est sincère, espère pouvoir encore le soutenir s’il en a besoin. Elle ne peut que ressentir de l’empathie pour sa situation, ne peut s’imaginer ce que c’est d’avoir été brûlé à ce degré. Depuis qu’il a été admis, sa propre expérience, similaire mais bien différente sur certains points, tourne en boucle dans son esprit. Elle sait que c’est aussi parce qu’une année s’est écoulée, depuis. Et si elle ne voit plus les cicatrices sur sa peau, si les brûlures, moins profondes que celles de Vence, ont pu être complètement effacées, le souvenir lui est bien trop vif, bien trop douloureux. Elle sait qu’il a été brûlé par du feu magique, l’hôpital soupçonne une attaque et elle ne peut s’empêcher d’imaginer que peut-être, c’est encore lui. « J’ai encore un bon moment avant de devoir y retourner. Tu veux en parler ? » Son sourire se fait plus doux. Elle ne fait que proposer, ne veut pas forcer. Iels ne se connaissent pas si bien après tout, sur le plan personnel. Peut-être qu’il a déjà des gens à qui parler et que radoter auprès d’elle ne l’aidera pas. « Ou même si tu veux parler d'autre chose, j'ai du temps, on peut aller faire un tour, si tu veux ? » Elle se doute qu’il veut s’éloigner de cet hôpital, qu’il a trop vu dernièrement, mais elle relève les yeux vers le ciel, bleu, limpide. Elle reprend ses gants entre ses deux mains, qu’elle n’a pas encore eu le temps de ranger, avant de se retourner vers Vence. « Enfin, si on peut rester à l’ombre, ça m’arrangerait. » Elle réalise alors qu’il ne sait probablement pas, qu’elle est demi-vampire, et se sent soudainement gênée. « Je ne supporte pas bien le soleil, » explique-t-elle, préférant atténuer la vérité, qui met bien trop de personnes mal à l’aise. Elle ne sait pas non plus si c’est le bon moment pour lui expliquer qu’elle, c’est le soleil qu’elle évite, qu’un simple rayon passager sur sa peau, autrefois juste désagréable, lui fait l’impression d’un fer chaud directement sur son épiderme. Mais elle aimerait lui dire qu’elle comprend, qu’elle aussi est passée par là, d’une certaine manière.


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Venceslas Lund
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Mon ton était rapide, trop enthousiaste pour être honnête et je le sais parfaitement. D'ailleurs, je sais très bien qu'elle même doit s'en être rendu compte au vu du froncement de sourcils qu'elle lui sert. Je lui grimace un sourire, à moitié sincère, à moitié forcé. C'est ma façon de faire. Simuler l'enthousiasme à un extrême trop marqué pour que ça ne se voit pas tout en enchaînant derrière sur des plaisanteries sur ledit enthousiasme. On noie le poisson comme on peut, n'est-ce pas ? Ça marche, sur beaucoup de gens. Ça fonctionne beaucoup moins bien sur des gens qui étaient présents pendant une bonne partie des événements en question, évidemment. Comme pour Àsa. Au moins, ça a le mérite de dédramatiser la situation et c'est déjà quelque chose que j'apprécie. Mon... Petit numéro avec le doc me laisse un goût amère au fond de la gorge et je n'ai pas du tout envie de lui faire subir la même chose : Mes cris, ma colère contre le monde entier, ma douleur... Je préfère montrer une personne qui prend les choses plus ou moins à la légère plutôt que... Ça. Ça n'est pas moi, ça. Et elle a de toute façon trop vu mon moi en souffrance pour que je lui impose à nouveau le même genre de chose, n'est-ce pas ?  Elle soupire, l'air amusé et quelque part ça m'allège un peu de la voir comme ça. Je préfère ça à l'air trop sérieux et inquiet du médicomage, vraiment.   « Tu sais que t’as pas besoin de faire semblant avec moi, hein ? » Je lui grimace un nouveau sourire – j'espère réussir à en faire des vrais, un de ces quatre, et pas seulement ces simili qui ne ressemblent pas à grand chose – et me retient de hausser à nouveau une épaule pour commenter ses mots. Je le sais, je pense ?  Je sais que je n'ai pas besoin de faire semblant. Elle a vu. Les blessures. Mon état. Ma peur, ma douleur, mes cauchemars... Elle a vu beaucoup de choses que j'aurais préféré gardé planqué dans un coin sans spectateur pour y assister.
Et en même temps...C'est parce qu'elle à vu tout ça qu'elle a... Qu'elle a su m'aider. Qu'elle a su me soutenir, les quelques fois où elle était présente dans cette chambre trop blanche, trop pur pour tout ce qu'il peut s'y produire. « J’ai encore un bon moment avant de devoir y retourner. Tu veux en parler ? » J'hésite, regardant autour de moi avec un air un peu perdu, n'osant plus la fixer. En parler... ? J'suis pas sûr d'en avoir envie. Ça voudrait dire m'y replonger, n'est-ce pas ? Ça voudrait dire revoir les images, sentir encore plus le feu, l'odeur, la fumée...Le psychomage lui-même n'a pas encore réussi à me faire m'exprimer sur ce moment précis, comme si j'gardais jalousement toute cette scène, toute cette horreur pour moi seul.   « Ou même si tu veux parler d'autre chose, j'ai du temps, on peut aller faire un tour, si tu veux ? » Cette fois mon regard se fixe à nouveau sur elle, songeur. L'idée me plaît, en fait. Ça m'évitera peut-être de ruminer, de trop penser à... à tout ça. J'ai l'impression de plus avoir de vie. J'ai l'impression que... Depuis que j'suis sorti de l'hôpital, ma vie se met en pause entre deux rendez-vous ici. Je fais rien de mes journées. Je rumine, j'y repense trop, j'arrive difficilement à me motiver à faire quoique ce soit... Alors, oui, peut-être qu'une balade avec elle pourrait aider, un peu ? « Enfin, si on peut rester à l’ombre, ça m’arrangerait. » Surpris, je l'observe avec attention ayant parfaitement noté le ton soudainement gêné qu'elle a pris avant de continuer,  « Je ne supporte pas bien le soleil, » Je lève les yeux vers le ciel en question, le considérant avec curiosité avant de reporter mon attention vers elle, acquiesçant doucement,   « Pas de soucis, ne t'en fais pas... De toute façon il paraît que je ne dois pas exposer les brûlures les plus récemment guéries trop au soleil pour le moment, alors... » Une histoire de cicatrisation, comme quoi les rayons du soleil peuvent nuire à cette dernière ou j'en sais rien.

Silencieux pendant quelques secondes, je ne bouge pas, hésitant encore avant de me secouer brusquement. Le tube inutile disparaît dans l'une de mes poches malgré le manque que je ressens et je lui souris finalement, toujours avec ce côté un peu grimace.   « Ça me plairait bien d'aller faire un tour. J'ai l'impression que ça fait... Des lustres que j'suis pas sorti juste pour marcher... » Bizarrement, j'évite de sortir la nuit en ce moment, alors que c'était l'un de mes moments favoris dans une journée avant. On s'demande pourquoi, mh ? Les mains dans les poches, je me rapproche d'elle en souriant, désignant d'un mouvement de tête l'un des côtés du bâtiment.   « Je crois qu'il y a un parc de ce côté là. On peut longer le mur de l'hôpital, si tu veux ? Me semble qu'il y a pas mal d'ombre là-bas. » Je me mets à marcher tranquillement, le regard baissé, hésitant un peu sur ce que je pourrais dire, sur ce que j'ai envie de dire... Peut-être parler d'elle sera plus simple ?   « C'est quoi ? Une sorte d'allergie ? J'ai entendu qu'il y a des gens allergique au soleil, ça doit être terrible. J'veux dire, sortir au soleil, sentir les rayons et tout, ça fait tellement de bien...Quand ça va pas et tout. Et puis du coup, si tu vas jamais au soleil, y a des carences et tout non ? C'est chaud. Façon de parler. Bien sûr. » Je débite mes paroles sans m'arrêter, souriant intérieurement en me disant qu'au moins ça, ça change pas trop d'avant. Je grimace légèrement soudain en lui jetant un coup d’œil en biais désolé,   « Oh merde. Enfin, désolé, c'est pas cool de ma part de parler comme ça alors que tu peux pas en profiter quoi. J'veux dire, clairement, c'est quelque chose de cool hein, mais rester à l'ombre c'est cool aussi ! Et puis, genre y a les vampires ça leur va très bien ça, non ? Alors ça doit pas être si terrible. Enfin, je suppose. J'imagine que j'aimerais pas. J'aime bien le soleil. » Je grimace à nouveau, me sentant un peu stupide pour une fois, à déblatérer tout ça comme ça. Mon regard se fait un peu plus désolé et je le laisse replonger vers le sol, gêné,   « Mh, bref. Désolé. Comment... Comment ça se passe, à l’hôpital ? T'as encore beaucoup de période de stage à faire ? » J'essaie de me rattraper un peu lamentablement. Presque sûr que si j'avais décidé de parler de cette nuit la, j'aurais été moins maladroit. Du Venceslas tout craché. Sauf que, d'habitude, je suis trop perché pour m'en rendre compte.
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