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who the fuck are you (séraphin)
Ása Strandgaard
Ása Strandgaard
SKJERME Förtroende som beviljas utesluter inte uppmätt misstro
who the fuck are you
@séraphin lund


Une figure furtive, élusive. Elle la voit du coin de l’œil, sent son regard attiré, ne s’arrête presque pas. Elle presse le pas depuis une dizaine de minutes, essaye de passer par tous les magasins qu’elle a en tête. Il ne lui reste plus qu’un cadeau pour son père à trouver, pour les fêtes, et les magasins sont sur le point de fermer. Elle s’est déplacé à nouveau à Göteborg pour le trouver, mais n’a eu que des déceptions pour le moment, ses mains demeurant toujours vides alors qu’elle arpente les rues. Elle passe devant cet hôtel qu’elle ne connaît que de nom, que de réputation. Un bel endroit, éclairé aux lumières de Noël, décoré pour l’occasion. Un bâtiment auquel elle ne prête jamais beaucoup d’attention. Il y a du monde dans la rue, quelques personnes devant l’établissement. Elle n’aurait même pas dû la voir, avec cette foule. Cette figure brune qui sort de l’hôtel, accompagnée d’un homme. Cette figure qui est apprêtée, élégante, sa tenue luxueuse. Cette figure qui lui arrache un regard, parce que ses traits sont familiers, parce qu’elle a l’impression de croiser un miroir. Elle se retourne, fixe l’individu à quelques mètres, plusieurs personnes passant encore entre elles. C’est elle. Elle sent un sentiment de malaise la saisir alors qu'elle a l'impression de s'observer de l'extérieur, sans que ça ne soit totalement correct. Pourtant, c'est bien son propre visage, ses cheveux, son corps qu’elle devine sous cette tenue qui ne ressemble en rien à ce qu’elle aurait habituellement choisi. Le maquillage aussi est différent de qu'elle a l'habitude de porter, plus marqué, travaillé. Mais elle lui ressemble, trait pour trait, jusqu’à ses tâches de rousseur, jusqu’au grain de beauté au dessus de son sourcil gauche. Elle ne la voit pas, visiblement concentrée sur sa conversation avec l’homme qui l’accompagne, mais Ása reste plantée là, à la fixer. Elle se rapproche de la façade, garde ses distances, se fond dans la masse, attend que son double ait fini sa conversation. La confusion, le malaise lui embrouillent l’esprit, lui tordent le ventre. Elle ne comprend pas ce qu’il se passe, pourquoi quelqu’un a pris son corps et sort à présent d’un hôtel, accompagné de quelqu’un d’autre. Les différents scénarios défilent dans son esprit, lui retournent l’estomac. Puis elle se détache, repart seule, alors Ása s’approche, pose une main sur son bras, l’aborde en pleine rue parce qu’elle ne sait pas quoi faire d’autre. Elle observe le visage qu’elle voit à présent dans les détails. C’est bien le sien, pas seulement quelqu’un qui lui ressemble. « C'est quoi ce bordel ? Vous êtes qui ? » Les mots lui échappent, passent outre les formules bien pensées, polies qu'elle utilise habituellement. Sa prise sur son bras se raffermit, elle l’attrape à présent, décidée à obtenir des réponses. « Et pourquoi vous utilisez mon corps, sans mon autorisation ? » Elle ne demande pas comment, ce n'est pas le plus important et elle connaît les options. Métamorphomage ou polynectar. Les deux suggèrent qu’elle a déjà croisé cette personne, dans un cas pour répliquer ses traits à la perfection, dans l’autre pour lui subtiliser un cheveu. Alors elle attend la réponse, ne recule pas, ne desserre pas sa prise.
(c) sarasvati



i have made oceans out of my sadness
and still i drown