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you feel the weight of the world coming down on your head (fred)
2 participants
Ina Falkenberg
Ina Falkenberg
GÖTEBORG Livet är en kamp, ​​du måste förbereda dig för striden
you feel the weight of the world
coming down on your head


these people looking at you, and now they're pulling you back. @fredrikke mørk (sarasvati)


Elle déteste passer par ces rues, par ce quartier, où les pavés brillent, où les vitrines sont immaculées, où le ministère se dresse, imposant, surplombant le reste. Elle déteste revenir sur ses pas, après des mois à essayer de passer à autre chose, de recommencer, d’oublier la vie qu’elle avait pu mener jusqu’à lors. Les dents serrés, les sourcils froncés, elle presse le pas, marche droit vers sa destination. Elle aimerait oublier que cette partie de la ville existe, aimerait ne plus avoir à y mettre les pieds. Elle se demande alors souvent si elle n’aurait pas dû emménager ailleurs, finalement, plutôt que de choisir la capitale. C’est à contre cœur qu’elle a transplané pour le Valaskjálf Distrikt et elle a senti son cœur se serrer dès que ses pieds ont touché le sol. Elle a modifié son apparence, prenant celle d’une autre jeune femme aux traits bien opposés aux siens, n’ayant aucun désir d’être reconnue. Eldrid s'est cachée sous ses vêtements, sous sa forme de salamandre, pour l'anonymiser d'avantage. Elle sent, pourtant, que son don faiblit, dans ces moments où elle se sent consumée par ses émotions, alors elle se dépêche d’avantage, pousse la porte de la boutique avec un peu trop de violence. Elle s’excuse, se précipitant vers les piles de parchemins, sur lesquelles elle passe alors plus doucement le doigt. Elle sait déjà lequel elle va choisir, mais prend le temps d’apprécier, comme toujours, la qualité du papier. Elle a soigneusement évité ces rues depuis la fin de son contrat, heureuse de plus jamais y retourner, avant de réaliser qu’elle a formé un bon nombre d’habitudes dans ce quartier, qui ne lui rappelait que trop sa famille et l’engrenage dans lequel elle avait été prise, quand elle travaillait au ministère. Elle a essayé, d’acheter du parchemin dans un autre commerce, mais il lui a paru bas de gamme, rugueux, et elle s’est finalement résolue à revenir vers sa référence, où le papier est finement fait et où la plume glisse avec aisance. Elle choisit de prendre un grand stock et, ses achats rangés dans un sac, elle est obligée de ressortir de la boutique pour repartir. Ses yeux se posent une nouvelle fois sur son ancien lieu de travail, à quelques centaines de mètres et un soupir passe ses lèvres. Elle n’a pas envie de s’attarder, et c’est au dernier moment qu’elle se rattrape, alors qu’elle est sur le point de se volatiliser à nouveau. Elle reconnaît un visage, parmi les passants, malgré les traits tuméfiés.  « Fred ? » demande-t-elle, en faisant quelques pas vers lui. Elle a repris son apparence, jetant rapidement un coup d’œil pour vérifier qu’il est sa seule connaissance dans les parages. Elle ne sait pas s’il ne l’a pas entendue ou s’il l’ignore, mais il ne s’arrête pas, lui tournant à présent le dos. Elle est persuadée de l’avoir vu jeter un coup d’œil dans sa direction, pourtant. « Fred, attends, » appelle-t-elle, plus fort cette fois-ci, essayant de combler la distance qui les sépare en accélérant le pas. L’inquiétude a laissé place à la surprise, alors qu’elle se demande ce qui lui a valu de se retrouver dans cet état.


i'm only whatever you make me
and you make me more and more a villain every day. well, if you're a hater, then hate the creator, it's in your image i'm made.
Fredrikke Mørk
Fredrikke Mørk
GÖTEBORG Livet är en kamp, ​​du måste förbereda dig för striden
J’ai une sale gueule.

Deux personnes me l’ont déjà dit, aujourd’hui. Pas mes collègues, qui me craignent encore trop pour le faire, mais des étrangers. La première sans-gêne est la concierge de mon immeuble qui a affirmé que «cette machoîre a encore un angle bizarre m’sieur Mørk, faudrait pas attendre la gangrène pour retourner à l’hosto ». Je l’ai ignoré. Les soins nécessaires ont déjà été prodigués ; je ne compte pas me préoccuper davantage de cette blessure qui bleuit davantage qu’elle fait mal et qui est le résultat d’un combat qui m’a laissé avec une hargne trop féroce envers moi-même. Le deuxième casse-pied, un prépubère d’une douzaine d’année, m’a dit que je marchais bizarrement. J’ai haussé les épaules, que j’ai tenté de redresser au passage, malgré la douleur lancinante qui a aussitôt irradié au niveau de mon abdomen. Un cadeau d’un autre auror, donné en traître, sans que je n’en comprenne d’abord la raison. Ce n’était pas une baston : il n’y avait qu’un participant, et ce n’était assurément pas moi.

Je songe à cet homme alors que je passe proche du département des aurors, pour y déposer le rapport d’une mission conjointe effectuée la veille. Mes yeux glissent rapidement sur les différents bureaux, sans que je ne m’attarde. L’homme qui s’est incrusté dans mon docile deux jours plus tôt ne s’y trouve pas. Occupé à ruminer des plans pour protéger sa sœur, peut-être ? Je quitte les lieux, puis le ministère, tout en me remémorant ses iris d’un noir d’encre, son mépris éclatant, son dégoût extrêmement visible, lorsqu’il a fait irruption chez moi. Il a cogné deux fois contre la porte, que j’ai ouverte sans méfiance, avec l’espoir un peu con que ce soit Alfhild ; l’espoir puéril d’un optimiste dans le corps d’un connard, qui oublie que personne ne pourrait vouloir spontanément le visiter. Il m’a plaqué contre la porte, déchargeant sa rancune avant d’énoncer le pourquoi. J’étais si las des révélations des jours précédents, si épuisé de toutes les luttes menées vainement, que je n’ai même pas eu l’instinct de me défendre. Mon inconscient m’a simplement soufflé que je devais le mériter ; que ça ne valait même pas le coup de souffrir bien plus, en cherchant une explication qui serait pire que l’acception du châtiment. Mon corps abimé, je peux le tolérer. Mais être grugé par les images de ce que j’ai fait, être dévoré par la peine entendue dans la voix de mes anciennes victimes…Non, je ne peux plus le supporter.

Je l’ai donc laissé frapper. Je n’ai émergé de ma léthargie que lorsqu’il a prononcé son prénom : Ina. Je me souviens avoir froncé les sourcils, écrasé sur le sol, les jambes ramenées contre moi. Et lorsqu’il a énoncé le mot sœur, lorsque j’ai fait le rapprochement tardif entre deux noms de famille similaire, j’ai tressailli d’écœurement. Je tiens à la Falkenberg. Je croyais, avec elle, avoir enfin une relation qui n’est pas rattachée à mon passé malsain. Ou très peu.Les gens bienveillants à mon égard sont rares, les amis encore plus. Mais cette découverte d’un lien de parenté que je n’avais pas deviné m’a fait redouter que Fredrikke avait un plan que j’ignore. Qu’elle soit la sœur de Markus, un type dont j’ai rapidement perçu le hargne à mon égard, pouvait être un hasard pour moi. Pas pour lui. J’ai recherché plus tard dans le journal la mention de son prénom ; je n’ai rien de trouvé. Pas d’indices, pas de plan exposé clairement. Que le néant et un soupçon, tétanisant.

J’en suis à ce stade dans mes réflexions lorsqu’une voix m’interpelle : « Fred ? » Je suis impressionné depuis des mois par cette drôle de coïncidence, qui fait que je suis souvent mis en présence de ceux à qui je pense. Comme si l’univers – ou les dieux, je suis complètement déconnecté d’eux – se payaient ma tronche. Un très bref mouvement de tête m’indique ce que la voix entendue m’indiquait déjà : il s’agit d’Ina. L’amie. Cette personne apaisante, dans ce bordel de sentiments négatifs, avec qui je peux avoir des conversations normales. Cette personne qui a peut-être été – ou failli être – une victime de Fredrikke. Je serre les dents, avant de lui tourner entièrement le dos, comme si je ne l’avais pas entendue. Ashes, sur mes talons, fulmine ; je le sens très clairement en désaccord avec ma décision. « Fred, attends. » Je suis incroyablement faible, face aux sentiments amicaux. J’ai ce besoin désespéré d’affection, de bienveillance, de sympathie, qui annihile trop rapidement toutes mes bonnes résolutions. Lâche. Je me répète ce mot, alors que je me retourne vers celle qui a comblé la distance qui nous séparait, tout en sachant que j’ai tort et que j’aurais dû continuer ma route. C’est ce qu’un véritable ami aurait fait. « Ina... » Un murmure qui équivaut presque à une salutation et qui dit trop clairement ce que je n’affirme pas : je ne devrais pas lui parler. J’ébauche un sourire faussement moqueur, tout en glissant une main distraite sur ma machoîre : « Je crois que ton frère m’aime pas trop. » Lui et une vingtaine d’autres personnes. J’en suis totalement blasé. Je devrais peut-être les compter un soir, pour m’aider à m’endormir. C’est vachement plus relaxant pour sombrer dans le sommeil de songer aux gens qui rêveraient d’assister à mes funérailles, plutôt que de compter les moutons. Mais Markus n’est pas responsable des marques dans mon visage. L’autre auror non plus, n’est pas le seul à avoir coloré cette zone. De toute façon, c’est mérité. Je reprends : « Est-ce que tu savais qu’il allait…? Est-ce que c’est à cause de quelque chose que j’ai pu te dire ou faire ? » J’en doute.  Nous n’aurions pas noué ce lien sinon et son frère aurait très certainement cogné bien plus longtemps. Mais maintenant qu’elle est devant moi, je ne peux faire autrement que de poser la question. Pour être certain, complètement certain, que je ne l’ai jamais fait souffrir dans le passé. Et après…Je ferai ce que mon charmant collègue a demandé. Je cesserai de lui parler, pour son bien, même si cette perspective me fait mal. Découvrir, après m’être trop investi dans cette amitié, que Fredrikke voulait s’en prendre à elle, serait bien plus souffrant.