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Batten down the hatches • Arsinoe
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Ying Yue Amundsen
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Batten down the hatches

@Arsinoe Adelsköld • 07 février 2024 - 21h00


Je ne me suis presque jamais soucié de qui j’avais en face de moi quand je suis lancé dans une bonne idée. Mais entendre la victime de ma fourberie rire à mes côtés est toujours une certaine satisfaction personnelle. J’aime emmerder les autres, j’aime tout autant quand cela les amusent autant que moi. Peut-être bien que cette soirée commence à ressembler d’un peu trop près à mes soirées avec les Sjøbjørn. Ce qui est à la fois appréciable, et déplaisant. L'idée de trouver trop de qualités à la Kaptajn n’est pas aussi sympathique qu’elle en a l’air. Ca pourrait même finir par tout compliquer. C’est toujours plus simple quand j'en ai pas grand chose à faire des personnes derrière mes plans. « « Refile lui, sinon je vais encore plus me faire bouder. » Je suis son regard vers Bølga qui se sèche toujours le poil près du feu avant de hausser les épaules et de dévorer la deuxième partie du poisson. La loutre ne s'est pas privée d'avaler de nombreux poissons pour elle-même quand elle était sous l'eau. Me ramener un seul poisson était à la limite du foutage de gueule de sa part au vu des quantités qu'elle s'était réservées pour son propre estomac. En quelques coups de crocs, la chair est engloutie et le reste d'arêtes jetées dans le brasier sous un tres léger ricanement du tigre trop heureux de sentir mon mépris concernant ses maigres efforts de pêche pour moi. Reportant mon attention sur Arsinoe, je la regarde se tartiner allègrement les bras d’une sorte de pommade qui doit avoir des qualités médicales probantes. A moins qu’elle ne soit juste en train de ses graisser les bras, ce dont je doute. Comme elle avant sur mon propre torse, je laisse mes yeux courir avec un intérêt marqué sur ses tatouages, détaillant avec plus de précision les différents dessins qui sont encrés dans sa peau. J’ai toujours aimé les tatouages, les couleurs qui se mêlent, les courbes et les traits qui se croisent, s’affrontent et composent des tableaux diverses, parfois symboliques, parfois juste esthétiques. Ses bras me rappellent à cet instant ceux de Fred, les mémoires qu’il plaçait dans leurs obscurs dessins, je songe au bateau qu’il a fait faire sans trop savoir pourquoi mais qui lui paraissait familier. Ou la connerie du genre qu’il avait dite à ce sujet en septembre. Mon regard se fait plus intense, posé sur sa chair, contemplant au travers le voile du souvenir, celle d’un autre. Je ne sais pas pourquoi cette idée de bateau me perturbe autant. Ce n'est pas la première fois que j’y repense, avec la même sensation étrange de chaleur. Je devrais en avoir rien à faire que le Mørk ait potentiellement fait faire ce tatouage dans un lointain souvenir qui m’évoquait. Ou quelque chose du genre. Probablement que ce n’était même pas ça. Qu’il trouvait le navire juste sympa. Alors pourquoi l’ego continue à rester focaliser sur l’idée que ce soit réellement pour moi ? Ca me fait chier, et ça me satisfait. Connard d’égo. « Indirectement la faute des Isaksen. Ça date du même soir où les frères de Tomsen ont voulu me casser le crâne. J'ai utilisé la manoeuvre dolken, j’sais pas si tu connais ? » Sa voix me parvient, presque songeuse, depuis la forte réminiscence du souvenir duquel je peine à m’extirper, la gratifiant d’un simple « hum » qui valide ma connaissance de cette manœuvre dolken. Est-ce qu’elle aussi place des symboliques dans ses peintures ? J’ai presque envie de parier que oui. Tout comme elle garde ses vieilles vestes, ou un vieux carnet avec une liste de noms. Elle est totalement du genre à se mettre des symboles sur la peau à effleurer du doigt dans ses nuits où les souvenirs refusent de rester derrière les portes closes. « Quand je suis retournée à ma chambre pour me laver, y'a un homme qui est entré. J'ai cru qu'ils avaient engagé quelqu'un, pour pallier à leur incompétence. J'ai attaqué et il a renchéri, plutôt bien. C'était un sortilège d'acide bien maîtrisé. Ce qui est marrant dans cette histoire, c'est qu'il était pas dans ma chambre. C'est moi qui me suis trompé, et qui était dans la sienne. »  La reprise de son histoire me fait reprendre pour de bon le fil de la conversation. Mes yeux quittent ses bras pour remonter lentement vers son visage sans cherche à me cacher de l’observation trop intense de son épiderme, ni en éprouver la moindre gêne. Tout ce que je constate c’est que le combat et la journée avant m’ont particulièrement épuisé pour que je sois capable de me perdre ainsi dans mes pensées en pleine conversation. Désagréable. Le sourire qui filtre sur ses lèvres me parle autant que la satisfaction de raconter mes propres cicatrices qui avait illuminé mon visage précédemment. Elle aime donc raconter ses propres aventures, un bon point pour elle. Donc, si je résume l’histoire de ses blessures récentes, elle a pris des dégâts pour mettre hors services les frères Tomsen pour ensuite poursuivre les rencontres chaotiques dans la chambre d’hôtel d’un autre. Joli programme. Faut bien lui accorder que la chute de son histoire est cocasse et peu commune. Se battre dans le civil est souvent plat, selon mon point de vue, ils sont rarement très inventifs dans leurs sortilèges et se contentent des babioles apprises en cours de combat dans leur plus ou moins lointaine scolarité. Souvent décevant. Croiser des types entraînés est un hasard fascinant.

La chaleur du feu, mêlée à celle de l’alcool et des potions qui redonnent à mon sang sa température habituelle, me font doucement m’engourdir d’un autre mal, la fatigue. Au sec et à peine nourrit, l’envie de terminer cette soirée dans un rêve quelconque se fait lentement sentir. Peut-être bien qu’il faudrait que s’y songe pendant que je suis encore sous l’effet du combat terminé pour éviter à mon cerveau de se réveiller plus que nécessaire et risquer de sombrer dans les souvenirs des discussions d’aujourd’hui. J’étire mes bras, tirant sur la couture fraîche du flanc dans un froncement de nez, avant d’attraper la bouteille qu’Arsinoe avait roulé vers moi. Je la débouchonne tandis qu’elle reprend la parole, en avale une rapide gorgée qui claque contre le palais. L’intention n’est pas de finir entièrement assommé, mais d’entériner la fatigue qui s’installe et tenter de me garantir un sommeil facile. « J'adorerais que dans la famille, nos désaccords se règle aussi par un coup de crocs. Mais paraît que c'est trop " sauvage" comme technique. Argumenter pendant des heures, sans obtenir de résultats, c’est tellement mieux. »  Ce serait hypocrite de ma part de ne pas savoir de quoi elle parle. Si dans l’intimité de nos dîners on s’autorise à parler parfois plus librement de nos blessures et de celles des autres, ou à régler quelques conflits lors des pleines lunes, ce ne sont pas le genre de démonstration de sauvagerie que les Amundsen tolèrent quand nous sommes avec les autres. Au contraire, se faire accepter, paraître plus respectables que les autres, en retenue et en contrôle complet pour valoriser plus encore notre incroyable force mentale. Une histoire de vie, de valeur et de nécessité qui a régit mon enfance et jalonné mon éducation de remontrances et d’enseignements sans compromis. Ce ne fait pas de vague que Li-Zhu me répète inlassablement. Ni la vague sauvage des tempêtes, ni l’infime ridule des mers plates. Lisse et neutre, calme, mesuré et inexpressif. Contrôler l’animal, se contrôler, et montrer qu’on est plus fort à ce jeu que les autres. J’y arrive, aussi. En public, pendant les soirées des Douze, dans l’armée, quand je décide ou dois être Ying Yue Amundsen. Mais mon amour du chaos, des petites choses qui jaillissent révélant la nature profonde des autres, est un plaisir coupable que je ne prends pas toujours la peine d’étouffer. Parce que j’ai l’arrogance de choisir mes cibles, et mes contextes. Comme ce soir. Demain, ce sera peut-être différent. Je pourrais facilement revenir à l’indifférence avec elle. A cette façade que je lui donne à voir depuis des années. Après tout, elle n’est personne qu’une femme utile à mes propres projets de vie. Rien d’autre. Malgré son capital sympathique de ce soir. J’attrape une viennoiserie à mon tour, ainsi qu’une pomme et une large poignée d’amandes. J’avale la première de trois bouchées rapides, les dernières d’un geste de coude, et le fruit disparaît en quelques coups de crocs. Ce n’est qu’une fois tout avalé que je reprends la parole, enjoué : « J’aime pas les choses qui stagnent. C’est plein de bactéries et d’insectes. Là-dessus c’est une bonne technique, au moins on sait qu’une fois par mois on peut se grogner dessus dans un sous-bois. » Evidemment, ce n’est pas non plus l’occasion de se jeter à corps perdu sur tout et n’importe qui. Dans la meute, la hiérarchie est plus marquée encore sous forme de loup. Nos histoires de famille racontent que certains ne sont jamais revenus des sorties en pleine nature. Vérités ou contes racontés aux enfants pour qu’ils apprennent à craindre l’alpha ? Probablement les deux. « J’ai bien vu que tu étais une adepte du dolken. Ma cuisse s'en souvient encore. Ca m’étonne pas, ça te va bien. On l’utilise de temps en temps, mais surtout un de ses dérivés dans le Sjøbjørn, la mitra. » Peut-être spécifique à la marine, je n’en n’ai aucune idée, mais qui vise, normalement, à limiter les pertes possibles en cas de dolken en zone trop exposée. Accepter de prendre des dégâts, une tendance de moins en moins acceptée par les supérieurs dont la politique générale à tendance à se diriger lentement vers une prise de risque moins systémique pour ses soldats. La technique mitra, donc, est censée prévoir une infime protection supplémentaire pour amoindrir les dégâts perçus avant de répliquer. Dans la théorie. Dans les faits, c’est souvent la même technique sous un autre nom pour donner l’illusion qu’on fait différemment.

Dans un mouvement de recul, j’attrape une deuxième pomme avant de m’allonger sur la plage de galets. Ce n’est pas le plus confortable des matelas, mais cela me permet de laisser mon corps récupérer un peu plus rapidement qu’en forçant une position qui fatigue mes nerfs. Je croque une large bouchée de fruit avant de reprendre la parole : « T’es singulière dans ton genre Katpajn, je dois le reconnaître. C’était un chouette combat, ça m’a rincé, c’est tout ce dont j’avais besoin. Je vais peut-être dormir-là finalement ce soir. La tempête ça me berce plus que le silence de mon appart. On se tiendra au courant pour la revanche. J’ai déjà hâte. » Nouveau coup de dent tandis que le tigre se déplace pour venir s’allonger contre mon corps, sa fourrure chauffée au coin du feu fait courir un frisson sur la peau nue de mon torse quand il pose sa lourde tête dessus.  



I remеmber how I'd find you, fingers tearing through the ground. Were you digging something up or did you bury something down? In your soul, I found a thirst with only salt inside your cup.
Arsinoe Adelsköld
Arsinoe Adelsköld
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J’ai toujours aimé la fatigue qui suit les combats.

Cette fatigue des os secoués, de la chair abimée et du cœur agité, cette fatigue des coups donnés, de l’énergie déployée, de l’adrénaline dépensée et de l’esprit épuisé. C’est la seule fatigue qui compte réellement, la seule qui a de la valeur.

Je suis satisfaite, ce soir. Je le sens dans mon corps qui se détend à la chaleur des flammes, alors que l'homme attrape à son tour des provisions. Tous les combats ne me font pas cet effet. Certains sont trop brefs, trop banals, trop peu stimulants. La facilité n’éveille rien chez moi ; je préfère quand les forces sont équivalentes. « J’aime pas les choses qui stagnent. C’est plein de bactéries et d’insectes. Là-dessus c’est une bonne technique, au moins on sait qu’une fois par mois on peut se grogner dessus dans un sous-bois. » Tandis que dans ma famille, les choses stagnent, justement. J’enfourne une viennoiserie en quatre brèves bouchées, tout en songeant aux Adelskölds. Nous avons nos problèmes stagnants, nos sujets stagnants et nos secrets enfouis sous des mètres de vase, qu’on ne veut pas toujours extirper. J’ai les miens, ceux que je ne compte pas dévoiler aux membres de ma famille, sous aucun prétexte. Ils ne comprendraient pas. Et j’ai toujours pensé que je perdrais certains d’entre eux, s’ils s’apprenaient la vérité sur ce que j’ai fait à l’époque où j’avais été déployée. Et autant faire fuir mon plus grand frère serait quelque chose qui m’emmerderait plus ou moins, autant faire fuir Ozymandias serait catastrophique pour mon équilibre. Je ne pourrais pas supporter, jamais, de voir le dégoût dans ses yeux.

J’avale la seconde viennoiserie, tout aussi rapidement que la première, tandis que le militaire reprend la parole : « J’ai bien vu que tu étais une adepte du dolken. Ma cuisse s'en souvient encore. Ca m’étonne pas, ça te va bien. On l’utilise de temps en temps, mais surtout un de ses dérivés dans le Sjøbjørn, la mitra. » Je souris, sans camoufler mon amusement. Un dérivé que je connais et dont je vois l’utilité, mais qui me fait marrer, parce qu’au fond, c’est quasi la même chose. Quand on a entendu parler de mitra, avec les potes, on a bien rigolé, en disant que la marine était tellement peu créative qu’elle reprenait nos vieilles techniques, en modifiant quelques lettres et un ou deux principes du concept, juste pour faire semblant d’être originale.

L’Amundsen attrape une seconde pomme et s’allonge, dans un mouvement que j’ai bien envie d’imiter. J’en déduis que je ne suis pas la seule, dont les membres se détendent, après cette activité physique intense et la baignade. Je reprends une troisième pâtisserie, que j'avale promptement, tout en me faisant la réflexion que j’irai chasser plus tard. Demain matin, peut-être. Mon corps au repos se fait de plus en plus lourd, engourdi par les changements successifs de température, la douce chaleur actuelle et le calme soudain. Je ne lutte pas contre cet assoupissement naturel, qui me rappelle celui des champs de bataille, quand on s’endormait dans les pires endroits, crasseux, blessés, claqués. La belle époque. « T’es singulière dans ton genre Katpajn, je dois le reconnaître. C’était un chouette combat, ça m’a rincé, c’est tout ce dont j’avais besoin. Je vais peut-être dormir-là finalement ce soir. La tempête ça me berce plus que le silence de mon appart. On se tiendra au courant pour la revanche. J’ai déjà hâte. » La réplique solde la fin de cette singulière rencontre. Je n’ai pas d’intérêt à prolonger la conversation, tout comme je n’ai pas le désir de partir. J’ai l’habitude de dormir partout, sauf chez moi, idéalement pas seule. Je prends mon sommeil là où je le trouve, tout simplement. « Et moi j’ai hâte de voir si la prochaine fois, tu parviendras à me battre. » Mon ton est moqueur, sans réelle prétention. C’était serré, tout à l’heure. Il aurait pu gagner et je ne serais pas surprise qu’il y parvienne, la prochaine fois. Je jette un coup d’œil autour de nous ; comme si elle sentait mon appel silencieux, Røyk se rapproche, la crinière mouillée. J’ignore si elle a pêché quelque chose, mais elle semble satisfaite. Elle rentre sous le dôme protecteur, s’ébrouant entre moi et le Løjtnant, ce qui m’arrache un nouveau sourire. Je pousse mon sac et les provisions un peu plus loin, tout en affirmant d’un air espiègle et totalement mature : « L’endroit est parfait, j’compte rester aussi. J’aurai qu’à te balancer une pomme, si jamais tu ronfles. » Sachant pertinemment ce que je compte faire, ma fylgia s’est installée à proximité du feu pour se sécher. Je glisse une main contre ma côte, toujours douloureuse, afin de m’assurer de la sécurité d’une transformation. Ce n’est évidemment pas guéri, mais j’ai déjà connu pire. Je termine : « Je te laisse les provisions. Je vais probablement partir cette nuit, après avoir chassé. » Parce que je réussis rarement à faire des nuits complètes. J’aimerais bien, mais mon corps n’a pas compris le principe, ou plutôt, il a oublié. Je n’attends pas une réponse qui ne viendra peut-être pas ; il me semble que nous avons échangés les derniers mots nécessaires, de toute façon. Ce qui était surtout important ce soir, c’était nos actions. J’amorce ma transformation, d’une façon tout aussi naturelle qu’en début de soirée, mais plus douloureuse. Le corps répugne à se modifier dans son état actuel, mais obéit à des heures et des heures d’entraînement. De quelques pas, je me rapproche de ma fylgia. Ma silhouette de loup blanc s’étend à ses côtés, fourrure contre fourrure, chaleur contre chaleur. Mes yeux se ferment aisément, prompts à trouver l’apaisement.

Dans cette forêt, sous cette averse, il me semble que seule ma forme lupine fait du sens et que la Kaptajn serait de trop.