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Joues rouges et longues baguettes sous le ciel étoilé (Magni)
2 participants
Fredrikke Mørk
Fredrikke Mørk
GÖTEBORG Livet är en kamp, ​​du måste förbereda dig för striden
Mes doigts serrent la barre métallique fixée dans l’encadrement de la porte de ma chambre. Mon corps se soulève sous la pression exercée, mes muscles se tendent, mes biceps brûlent, mes deltoïdes élancent. Mes dents se serrent sous l’effort et mon souffle se bloque ; j’ai espoir que l’effort anéantisse tous les foutus souvenirs de cette journée merdique, mais j’ai peu d’illusions. Ils sont trop proches et se hissent sous mon crâne à chacune de mes tractions. Dans un univers idéal, je serais un bon type, sain, aimable, sans pulsions. Dans un monde idéal, chacun des coups que je donne effacerait l’envie d’en donner d’autres. Dans un monde idéal, je ne serais pas Fredrikke M… « …ork ? Oppose-toi encore à l’un de nous pendant une intervention, et tu auras un problème. » Comme je l’ai fait plus tôt ce matin, lorsque mon collègue m’a apostrophé dans une ruelle à la fin de la journée, quelques heures après notre mission, je souris avec aigreur en me remémorant ses propos. Je me doutais depuis des semaines que ce jour viendrait. L’attitude de plusieurs de mes collègues avait changée trop clairement ; de terrifiés et distants, certains étaient devenus plus téméraires et ironiques. Ce dont je me foutrais éperdument, si ça ne jouait pas sur leur attitude au boulot. Seule leur crainte de Fredrikke me permettait de calmer les plus beaufs d’entre-eux, lors d’interventions qui n’avaient pas à être musclées. Je songe à la réponse que j’ai donnée à l’homme qui m’apostrophait, alors que mon corps redescend, plus lourd. « Quel genre de problème, Tveit ? Vous devez être trois sur un pauvre type pour réussir votre mission. Pour me causer un véritable soucis, vous devriez vous mettre à combien, sept ? » Mes bras, brûlants de cette douce fièvre de l’adrénaline, me signalent qu’ils ne tiendront plus très longtemps. J’ignore l’avertissement, me hissant avec davantage de détermination. Ou de désir d’oublier ce qui s’est passé, après que j’aie pris la parole. Une technique plutôt vaine : l’essoufflement et la douleur n’efface pas les images trop récentes, qui sont incrustées dans mon être. Le sort de l’autre connard, mon protego, et puis cette envie forte, si puissante, de lui faire mal…Ma baguette contre son ventre, qui reproduit un schéma bien connu et que je semble affectionner, un sort informulé, un cri qui est retenu, et le sang qui s’échappe. « T’as besoin que je te redise plus clairement les règles, peut-être ? » Je déglutis, la gorge nouée.

Mes pieds retombent durement sur le sol. Je joins mes mains vers l’arrière, détendant les muscles tendus de mes bras. Mes paupières se ferment momentanément, comme pour effacer la vision trop claire du visage crispé de mon collègue, qui n’avait pas répliqué, se contentant de plaquer une main contre sa veste poisseuse, comme s’il venait d’obtenir une réponse à une question muette : « Tout le monde dit que t’es devenu plus…faible. » « C’est vraiment aimable à toi d’avoir bien voulu vérifier ce que tout le monde disait. T’es satisfait ? » Je me mords violemment la lèvre inférieure, pris d’un spasme nauséeux. Trop de foutus souvenirs. Plus horribles que les autres, peut-être. Parce qu’ils n’appartiennent pas à Fredrikke ; ils m’appartiennent à moi. Mais qu’est-ce que j’aurais dû faire ? Ne pas réagir, encore ? Subir, pour strictement rien ? Cet enfoiré n’était pas une ancienne victime. Un ancien ami, peut-être, mais pas une victime. Et je n’en ai rien à foutre, des anciens potes de Fredrikke. Surtout quand ils agissent comme des connards en pleine intervention.

Mon cœur bat trop vite. L’adrénaline pulse dans mes veines, répandant son souffle agressif que j’espérais pouvoir calmer par l’entraînement. Un bel espoir. J’ai l’impression d’avoir tenté d’éteindre avec de l’oxygène un feu qui dormait. Je consulte l’heure : il me reste dix minutes…à supposer que l’autre type avec qui j’ai joué dans une ruelle décide de vraiment se pointer. J’abandonne l’idée d’une douche, même rapide, qui serait probablement vouée à se répéter dans quelques heures. J’enfile simplement un t-shirt, puis ma veste, avant de passer à la cuisine pour m’enfiler un immense verre d’eau, qui ne refroidis pas ma peau brûlante. Sous sa forme de koala, Ashes garde le silence. J’aurais préféré qu’elle parle. Son silence est de ceux qui sont trop éloquents ; c’est un silence de lames cachées, un silence trop plein de vérités. Nous avons longuement discuté la veille, après la confrontation avec Hammarskjöld. J’ai condamné sa violence de plus en plus envahissante et sa forme de vipère, elle qui me soutenait si bien à mon réveil. Elle a critiqué ma mollesse, m’a avoué que les vrais bagarres lui manquaient -qu’il lui manquait. Je suis presque certain que mon corps, ces jours-ci, aurait pu formuler le même aveu débile.

Je verrouille mon appartement derrière moi. Je descends les escaliers, pour me diriger jusqu’à la porte qui donne vers l’extérieur du bâtiment. Un long couloir la sépare de la porte qui donne accès à ma cour. Un bref sourire s’étire sur mes lèvres, alors que j’extirpe ma baguette de ma pochette à ma ceinture, faisant apparaître sur le mur un bref mot ‘cour’, suivi d’une flèche claire dans la bonne direction. Je doute que l’auror apprécie l’intention, qui aurait pu être marrante dans un autre contexte. Le koala sur les talons, je prends la direction opposée ; je pénètre dans cette cour que je chéris tant, et qui est la raison majeure qui m’a poussé à prendre cet appartement. Je la partage théoriquement avec deux autres personnes, mais ils n’y vont jamais. J’ai lancé au début de l’hiver un sortilège au-dessus du petit espace à ciel ouvert, petit ilot de verdure dans un bâtiment trop gris. Je l’entretiens périodiquement et les autres bénéficiaires du lieu, quand ils se rappellent qu’il existe, participe aussi à renforcer ce toit magique, qui n’empêche pas d’admirer les étoiles.  La température n’est guère plus élevée qu’à l’extérieur, mais au moins, la neige n’y tombe pas. Et ça me suffit. Quand j’ai besoin de me calmer, j’aime venir m’installer sur le canapé d’extérieur qui s’y trouve. Dans le silence, dans la nuit, dans la douce noirceur enveloppante des spectacles sans lune.

Sauf que ce soir, je ne suis pas venu ici pour me calmer. Et tout mon corps, animé par cette agressivité que j’ai tant de mal à faire taire aujourd’hui, me rappelle clairement que ce n’est pas un rendez-vous de détente, que j’ai donné.

Ou peut-être que si, en fait.

J’ignore combien de minutes se sont écoulées depuis que j’ai quitté mon appartement à l’étage, mais je n’ai ni le temps de m’asseoir, ni de fixer le ciel. La porte s’ouvre et je fixe mes yeux sur celui qui vient d’entrer : « Hammarskjöld. Je me demandais si t'allais venir. Je t’offre pas de bière, tu croirais qu’elle est empoisonnée. » L’amusement, trop visible, teinte ma voix. Je ne cherche pas à le camoufler ; j’aurais été déçu, qu’il ne vienne pas. J’ai toujours peur de meurtrir les gens autour de moi, de trop les atteindre ou de réveiller des blessures que j’aurais infligées dans le passé. Je n’ai instinctivement pas cette crainte, avec l’auror – et pas d’instinct de survie, très visiblement. Mes paupières se plissent légèrement, dans un regard qui n’est pas très clair sur mes intentions, alors que je rajoute : « J’ai effectué des recherches sur les gosses enlevés dernièrement. J’ai rien trouvé. J’imagine que c’est bon signe. » Ce n’est pas un mensonge. Après notre rencontre, la veille, j’ai fouillé très légèrement parmi les disparus pour m’assurer que je ne passais pas à côté de quelque chose. Pour me rassurer sur le sort de cet enfant et être certain que j’ai fait les choses correctement, sans le laisser tomber dans le pire des moments.
Magni Hammarskjöld
Magni Hammarskjöld
GÖTEBORG Livet är en kamp, ​​du måste förbereda dig för striden

Joues rouges et longues baguettes sous le ciel étoilé

@Fredrikke Mørk  | 17 février 2023 - Soirée


Jusqu'au dernier moment, j'avais hésité à monter sur cette moto et prendre la direction du centre de Göteborg. C'était peut-être une connerie de répondre à son invitation, après toutes les histoires qu'on raconte à son sujet. Après l'histoire avec son cousin, se rendre chez lui n'était probablement pas la décision la plus sage à prendre. Mais je l'avais prise quand même. Filant à vive allure sur les routes de la réserve naturelle, quittant la maison et son occupant qui m'avait lancé ce regard inquiet, plein de ressentis, dardant des remords acide dans mon cœur. Je sais qu'il désapprouve cette sortie nocturne, même s'il n'en connait pas la destination. Notamment parce qu'un tel événement est rarement pour d'autres raisons que professionnelles, sinon je lui en aurait donné les tenants et les aboutissants. Et qu'elle arrive trop proche de notre mésaventure d'hier. La raison a encore du mal à calmer les accès cardiaques qui vont de paire avec l'évocation de celle-ci et je sais qu'il en est de même pour lui. Comment lui en vouloir ? Cela fait des années que je le protège de toutes les façons possibles, les bonnes comme les mauvaises, pour lui éviter de tels affrontements. Et voilà qu'il se retrouve soudain pris entre deux feux, par hasard, et par ma faute. Il ne sait pas à côté de quoi il est passé, il ne connait pas Fredrikke Mørk et j'espère qu'il n'aura jamais à le connaître plus en détails. Mais ma réaction, légèrement excessive, à suffit à lui faire comprendre que le danger avait été réel. Il a vu mes vêtements détrempés de mon sang. Il sait que l'homme et moi n'avons pas juste échangé quelques formules de courtoisie. La peur est un monstre sournois, rampant, perfide, qui laisse plus de marques qu'il n'y parait. Je comprends ses ressentis d'enfants, ses inquiétudes pour ce père qui part à la nuit tombée, encore une fois. A risquer sa peau dans l'ombre pour faire enfermer des connards qui se soucient peu de ses angoisses à lui, l'enfant qui guettera toute la nuit, le ronronnement annonciateur de mon retour. La main change la vitesse, le moteur rugit, le vent siffle un peu plus fort contre le casque et le corps ajuste sa position sur la moto qui quitte les bois pour s'engouffrer sur la route moldue et se mêler au trafic des voitures. J'aurais pu transplaner, mais penser à certains détails est ma spécialité, et je ne souhaite rien laisser au hasard ce soir. Autant maitriser tout ce que je peux avec précision quand il s'agit d'un adversaire aussi perfectionniste que Mørk sait l'être. Même si ces derniers temps, ce trait de son caractère semble être parti faire un tour ailleurs. En témoigne la discussion du jour plutôt peu élogieuse de Tveit et ses deux autres coéquipiers. A croire qu'ils avaient pris soin de venir en discuter juste sous nos oreilles lors d'une petite visite de courtoisie dans nos bureaux. D'ordinaire ce ne sont pas les tireurs d'élite dont j'affectionne le plus la présence, mais aujourd'hui leur discussion avait résonné en moi avec un écho tout particulier. Ce cher Tveit avait été le plus véhément, trop heureux de trouver des oreilles attentives auprès de nous et je n'avais pas manqué de rallier d'un commentaire peu amical sa volonté de commérage. Ce qui avait eu l'effet escompté, plus efficacement que je ne m'y attendais l'homme avait mordu à l'hameçon et craché allègrement sur le dos de son collègue. Fredrikke Mørk. Rien de précis, mais une amertume mauvaise qui avait tranché avec leur unité des mois précédents. De mémoire les trois coéquipiers étaient plutôt du genre à se défendre corps et âme les uns les autres. D'où vient cette soudaine rancœur ? Un autre mystère à mettre sur le dos de Fredrikke Mørk. Et ça commence à en faire pas mal, de mystères, sur son dos. Si même ses coéquipiers commencent à douter de son efficacité au travail, c'est que quelque chose cloche. Réellement. Ce n'est pas juste mon impression biaisée par le voile rouge de ma rage. Dans un tel contexte, est-ce que je pouvais décemment refuser l'occasion de me retrouver seul à seul avec lui ? Non. Assurément pas. J'aurais pu envoyer Markus à ma place, mais je m'en serai voulu de gâcher son habituel vendredi boisé. Non, en réalité cette histoire a pris un tournant plus personnel encore, avec l'altercation d'hier. Même si ce n'était que le fruit pourri du hasard, il a touché Aren. Il lui a parlé, dans un moment de vulnérabilité qu'il n'aurait jamais dû voir. Je ne pouvais pas envoyer Markus à ma place. Sous le casque les mâchoires se serrent et la rage commence à s'enrouler autour de mes nerfs. Il veut de l'entrainement ? Parfait, cela fait longtemps que je n'ai pas été chercher d'autres adversaires en dehors de notre équipe d'aurors. Au détour d'une ruelle cachée, je passe les frontières magiques, délaissant les rues moldues pour retrouver l'apparence plus reconnaissable du Göteborg sorcier. Ici les véhicules sont rares, presque inexistants. Les gens préfèrent transplaner aux dangers de la route, je pourrais les comprendre, si la sensation de vitesse n'était pas un plaisir plus grisant qu'un simple saut magique. Je slalome entre les passants, profitant des quelques sortilèges d'évitement en place sur la moto pour garder une bonne allure sans risquer de renverser un piéton peu regardant.

D'un coup de frein qui vient crisser sur le trottoir, je m'arrête juste devant la porte de l'immeuble. Silencieux de l'extérieur, face à une rue animée, à quelques pas d'une place où j'ai des habitudes personnelles et professionnelles. Presque étonnant qu'on ne ce soit pas croisé au détour d'un bar un soir par ici. Heureux hasard que cela ne ce soit jamais passé. A quelques rue également de la colocation de la jeune Alfhild Mørk. Une proximité intrigante. Choisie ? Le déménagement de son adelphe dans ce quartier populaire concorde avec son accident de l'année dernière. Toute la question est de savoir pourquoi il avait eu besoin de quitter son appartement à Breidablik, prestigieux quartier pour celui de la Völva, moins en raccord avec sa personnalité hautaine. Un autre mystère toujours marqué d'un point d'interrogation sombre dans mes notes. Intrigué, je reste quelques minutes à observer derrière la glace teintée du casque, la vie qui pulse autour de nous. Un soupire soulève ma poitrine lorsque je descends enfin, retire le casque, l'enferme dans le coffre sous la selle et verrouille les cadenas magiques. Je ne crains pas réellement les voleurs, si quelqu'un avait l'idée de se servir, je lui souhaite bien du courage pour arriver à faire démarrer le moteur sans clé et sans connaissance des bons sortilèges. Je ne prends donc aucun risque de la laisser à vue sans plus de surveillance. Pratiquement contre la porte d'entrée, juste au cas où les choses ne tournaient pas à mon avantage, il aurait bien du mal à faire croire que je ne suis jamais venu ici. Ne laisser aucun détail au hasard.

Il avait parlé de sa cour intérieure. Je remarque rapidement l'inscription luminescente sur le mur, agrémenté d'une belle flèche laissant peu de doutes sur son origine et son destinataire. Pourtant je choisi les escaliers dans un premier temps. Gravissant les deux deux étages qui mènent à son appartement. Le numéro cinq. Porte fermée et silence significatif d'un appartement vide ou isolé magiquement. Je ne sais pas vraiment ce que je suis venu chercher ici, sûrement pas entrer par effraction, mais peut-être rassurer un esprit qui cherche la moindre trace, la moindre faille, la moindre miette. A défaut d'autre chose, je lance un rapide sort pour chercher quelques résidus de magie, mais l'essai est peu concluant. Force est de constater que si Fredrikke manigance quelque chose, il n'a rien installé devant sa porte. D'un pas rapide les pieds dévalent les escaliers dans l'autre sens, longent le mur qui mènent à la porte extérieure et s'arrêtent devant l'inscription. Les doigts sortent une petite sphère d'un noir de jais d'une des poches de la veste en cuir et l'activent d'un rapide coup de baguette. La bille roule, s'immobilise juste devant la porte, tourne plusieurs fois sur elle-même avant de s'éteindre sans un bruit. Aucun piège magique de ce côté non plus. Je ne m'attendais pas réellement à en trouver, mais mieux vaut être trop prudent que pas assez. Je l'aurais mal pris de tomber de front dans un traquenard aussi bête. Mais il semblerait bien que Fredrikke n'ait pas prévu de piège pour m'accueillir en fanfare. Peut-être bien qu'il a sincèrement envie qu'on se mette sur la gueule dans les règles de l'art. Sans trucages et sans coups bas. Plausible, mais peu probable. D'après nos informations il est plutôt adepte d'un certain style : attirer ses cibles par une approche simple et amicale pour ensuite vriller dans le perversité morbide. Autrement dit, l'absence de piège en amont, n'est en rien un gage d'intégrité pour le reste de la soirée.

La poignée de la porte dans la main, j'ajuste sur l'arrête de mon nez mes lunettes de soleil sorties précédemment d'une autre poche de la veste. Un autre détail non laissé au hasard. Il avait eu l'air de les trouver irritantes hier dans la ruelle, les lui représenter ce soir était un plaisir dont je n'allais surement pas me priver. Les doigts libres glissent à nouveau dans la poche, touchent un autre objet, enclenchent le mécanisme d'enregistrement, et ressortent après un hochement de tête. Ne rien laisser au hasard. Si je peux profiter de cette soirée pour apporter quelques éléments à mon dossier, il serait profondément stupide de se priver d'un témoignage direct.

La porte s'ouvre et l'air frais de la nuit revient m'entourer de ses odeurs diverses. Il est là, debout en plein milieu de sa fameuse cour intérieure, sourire amusé aux lèvres. « Hammarskjöld. Je me demandais si t'allais venir. Je t’offre pas de bière, tu croirais qu’elle est empoisonnée. » Une certitude même. Il est peu probable que j'accepte jamais la moindre boisson venue de cet homme. Un frisson glacé glisse le long du cou à l'évocation d'un poison. Réflexe corporel stupide, mais inévitable auquel je me suis habitué au fil des années. J'avance d'un pas, refermant la porte derrière moi, avant de jeter un regard circulaire à l'endroit, plutôt charmant et agréable, si on enlève la présence de Mørk en plein milieu qui vient gâcher la tranquillité du lieu. Quelques plantes, un canapé d'extérieur, une vue ouverte sur le ciel, un sortilège de protection. Il doit être agréable d'avoir un espace comme celui-ci quand on habite en appartement. « J’ai effectué des recherches sur les gosses enlevés dernièrement. J’ai rien trouvé. J’imagine que c’est bon signe. » Le sourcil de la surprise se dresse face à cette information. Il est encore sur cette histoire d'enlèvement d'enfant. Son idée fixe à mon sujet me laisse pensif et les bras se croisent sur mon torse. Un demi rictus narquois qui frôle l'énervement soulève un coin de ma bouche. Ce pourrait être risible, si je n'avais pas désagréable sensation de fausseté qui revient me percuter en pleine tête. Ce sentiment profond qui murmure aux frissons de la nuque que quelque chose cloche. Même à froid, après avoir pris le temps de revenir sur notre échange et sur les événements, détails après détails, je n'ai pas réussi à expliquer cette pensée sincère qu'il avait eu envers Aren. Cette inquiétude brûlante qui avait irradié ses pensées d'une telle force qu'elle avait pris le pas sur tout le reste, inondant au passage mon esprit connecté. Et c'est cette même inquiétude que je ressens dans cette information lancée de but en blanc. Comme si cela devait être le gage de quelque chose entre nous. « Mørk. Je suis là tu vois, et j'ai pas inversé nos rôles et enlevé de gamins. Aussi surprenant que cela te semble être. Pourquoi tu tiens tant à me supposer criminel Fredrikke ? Tu as peur que quelqu'un vienne marcher sur tes plates-bandes ? » Le ton est mauvais, pas encore complètement dans la rage, mais suffisamment nerveux pour laisser entendre que je ne suis pas venu jusqu'ici pour prendre une bière avec lui, en effet. Ni pour parler jardinage, malgré mon incapacité à résister à l'envie de faire des jeux de mots. « Tu es sûr que c'était une bonne idée de me proposer un entraînement dans ta petite cour ? Tu n'as pas peur de casser un pot ou deux ? » D'un léger signe de menton je désigne les quelques plantes intouchées par les neiges de l'hiver, avant d'ajouter d'un ton bien plus moqueur cette fois : « Si tous tes Reparo ressemblent à celui d'hier, à leur place je ne me sentirais pas tellement en sécurité. » Le ricanement ne traverse pas mes lèvres, mais il éclate dans ma tête. Mjöll profite de cet court instant d'amusement pour sortir de sous le t-shirt où il était lové, pour venir s'installer à sa place favorite, contre la peau du cou. Tête dressée en avant, une patte levée. Prêt à bondir.




Although I felt like giving up It's not the road I chose
Fredrikke Mørk
Fredrikke Mørk
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Si le sortilège d’incendio ne provoquait pas en moi une réaction trop violente – et qu’il n’y avait pas le risque de brûler la rétine de l’autre au passage-, j’enflammerais assurément ces foutues lunettes. Ça me déplaît, de ne pas voir le regard de la personne à qui je parle. Je ne crois pas à cette foutaise selon laquelle les yeux seraient le miroir de l’âme, mais j’aime y déceler les infimes variations, qui indiquent parfois bien mieux les émotions de la personne en face que toutes ses autres expressions faciales. Une mâchoire se contrôle, mais des pupilles qui fuient ou qui s’abaissent momentanément sont bien plus difficiles à gérer. « Mørk. Je suis là tu vois, et j'ai pas inversé nos rôles et enlevé de gamins. Aussi surprenant que cela te semble être. Pourquoi tu tiens tant à me supposer criminel Fredrikke ? Tu as peur que quelqu'un vienne marcher sur tes plates-bandes ? » Inversé nos rôles et enlevé un gamin…Je demande s’il m’en croit réellement capable. Est-ce que c’était le genre de chose que Fredrikke pouvait faire ? Je n’en ai retrouvé aucune trace et j’ose espérer que même lui a eu des limites sur e plan. J’hausse un sourcil moqueur devant le dernier mot, en me demandant si c’est une référence aux trop nombreuses plantes présentes dans ma cour. Plantes qui, d’ailleurs, ne sont pas sous ma responsabilité, sinon elles seraient vouées à une mort certaine. Je n’ai pas la main verte, même si j’apprécie leur présence. « Tu es sûr que c'était une bonne idée de me proposer un entraînement dans ta petite cour ? Tu n'as pas peur de casser un pot ou deux ? » Je retiens mon rire, tout en jetant un coup d’œil aux pots en porcelaine. Deux sont au type à l’étage, trois autres étaient déjà là quand je suis arrivé, et le sixième, masse compacte rabougrie, est la plante que j’ai tenté d’entretenir. J’ai plus de chances avec mes bosquets, qui me demande moins d’entretien, et ce truc que j’ai mis cet été…rhodo? Rhodomachin. « Si tous tes Reparo ressemblent à celui d'hier, à leur place je ne me sentirais pas tellement en sécurité. » Je ne retiens pas davantage mon sourire, qui s'étire largement sur mes lèvres. Ce qui s'est passé hier avec le pot était absurde, même moi je dois en convenir. Un échec qui n'était pas glorieux, mais qui me semble marrant. J'aurais tellement voulu voir le type du journal se prendre ce pot à la tronche. Du menton, je pointe mes fleurs préférées, les seules qui ont survécu à mon mauvais jardinage : « Est-ce une menace envers mes rhododendrons Hammarskjöld ? » Mon ton est clairement moqueur. Il n’est sûrement pas venu ici pour parler de mes capacités à manier la truelle et la terre, mais la réplique était trop tentante.

Je reporte mon attention sur lui, jetant un coup d’œil à la fylgia lovée contre son cou. Ashes, à moins d’un mètre de moi, me regarde sans chercher à dissimuler son dédain. Elle préfèrerait que j’agisse différemment, peut-être plus comme ce matin. Ça lui a plu, cette scène qui moi, m’a dégoûté. Et même si la baguette me démange, je ne suis pas pressé de m’en servir. La blessure infligée me laisse encore ce goût amer, que j’ai lorsque je découvre l’une des prédilections de Fredrikke. Je reprends, sans me départir de mon sourire : « Si j’invitais tous ceux qui veulent me casser la gueule dans ma cour, il y aurait assurément beaucoup de porcelaine brisée. Mais t’as une chance de dingue, t’es le seul que j’ai invité à un entraînement ici. » Et c’est vrai. Ce n’est pas que je craignais pour ma sécurité ou que je ne voulais pas donner mon adresse à personne. C’est surtout que je redoute mes débordements, dans un endroit fermé, où un accord implicite implique que des sorts ou des coups seront échangés. Avec l’auror, j’ai peu de peurs à ce sujet. J’ai la conviction qu’il peut se défendre adéquatement – et me surpasser, peut-être. De ce que j’ai vu jusqu’à maintenant, lors de nos rares missions ensemble, il est à la hauteur. Et il n’abuse pas comment mes foutus collègues, avec lesquels je suis trop souvent coincé ces jours-ci. À cette idée, qui m’en remémore une autre, mon sourire disparaît, remplacé par un rictus plus amer : « Je ne tiens pas à ce que tu sois un criminel. Il y a déjà suffisamment de gens qui marchent dans mon jardin, justement, et y’a assez de foutus connards dans la brigade. Tant mieux s’ils sont contrebalancés par des bonnes personnes qui peuvent réparer les pots mieux que moi. » Sauf que ça aurait été naïf, de penser directement qu’il pouvait être un type convenable. Et c’est peut-être encore trop candide, comme réflexion. J’ai très bien compris, en côtoyant les ennemis de Fred – et ses amis, surtout – que je ne peux pas me permettre d’être innocent, quand les autres ne le sont pas.

D’un signe de tête, je désigne sa fylgia, puis la mienne : « On peut tenir nos fylgia en dehors de ça ? Elle m’a promis de ne pas changer de forme, mais si le tien décide de lui sauter dessus, je doute qu’elle respecte sa promesse. Et je la trouve franchement plus mignonne sous sa forme de koala. » La dernière phrase était davantage adressée à Ashes qu’à lui. Ashes qui me fait la gueule, qui fait exprès de m’emmerder et dont je sens l’agacement enfler et se mélanger à mes propres sentiments. Le koala agite ses oreilles, d’un air qui se veut menaçant mais ne l’est pas du tout, et réplique : « T’abuse Fred. » Vraiment plus supportable sous cette forme. Je souris de nouveau légèrement, alors que celle qui est vexée s’éloigne un peu plus de moi, s’installant sur le divan, avec cet air boudeur de quelqu’un qui prépare un mauvais-coup. Je rapporte mon attention sur l’auror, sans penser à retenir mon amusement : « Mignonne, mais de très mauvaise humeur. Elle trouve que ça lui enlève toute crédibilité. » Et à moi aussi, du coup. Mais je me fous pas mal d’avoir une quelconque crédibilité. La réputation de Fred me colle déjà trop à la peau.
Magni Hammarskjöld
Magni Hammarskjöld
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Joues rouges et longues baguettes sous le ciel étoilé

@Fredrikke Mørk  | 17 février 2023 - Soirée


Ma dernière phrase vient étaler un large sourire amusé sur ses lèvres. Je ne m'attendais à ce que mon humour fasse mouche auprès de lui. Pas de façon aussi, sincère ? Un sourcil s'arque au-dessus de la ligne des lunettes, expression d'étonnement qui fait serrer les muscles des bras dans une contraction suspicieuse. « Est-ce une menace envers mes rhododendrons Hammarskjöld ? » La moquerie perce nettement dans sa bouche, simple et légère, en apparence. J'aurais pu apprécier sa tentative de poursuivre la conversation sur le même registre que le mien. S'il n'avait pas été lui. Perturbante considération que de sentir une réponse aussi amusée à une sollicitation qui songeait plutôt à l'exaspérer ou au mieux, faire luire une lueur mauvaise dans son regard. Mais il semblerait bien que Fredrikke n'ait pas fini de vouloir me surprendre à agir autrement qu'attendu. Les yeux glissent distraitement vers la plante désignée par un geste de menton et se posent sur l'arbuste aux feuilles légèrement desséchées, si je devais émettre un avis sur la question. L'esprit logique ne peut s'empêcher de songer que le rhododendron mentionné aurait mérité un tapis d'aiguilles de pin pour couvrir ses racines et limiter la déshydratation de l'hiver. Malheureusement pour la plante, je ne suis pas venu ici pour donner quelques conseils de botanique. Conseils qui viennent d'ailleurs trop souvent avec l'association de sa voix à elle. Celle qui m'a fait découvrir avec sa passion flamboyante un certain amour insoupçonné des plantes et du plaisir de cultiver son propre jardin. Et Fredrikke fait probablement partie des personnes auprès de qui je n'ai nulle envie de songer à Ocean. Les portes mentales se ferment violemment coupant court aux réflexions et le regard se détache des couleurs douces des fleurs rustiques pour venir se poser sur sa fylgia dont je remarque seulement la présence sous sa forme de koala. En retrait, son attitude entière traduit un dédain profond pour son sorcier. Visiblement cette inimitié d'hier n'était pas le résultat d'une altercation fortuite, mais bien un ressentiment installé entre eux-deux. Derrière le verre sombre des lunettes, les yeux se plissent légèrement avant de se poser à nouveau sur Mørk, le sourire toujours accroché à ses lèvres. « Si j’invitais tous ceux qui veulent me casser la gueule dans ma cour, il y aurait assurément beaucoup de porcelaine brisée. Mais t’as une chance de dingue, t’es le seul que j’ai invité à un entraînement ici. » Une chance toute particulière dont je devrais m'estimer redevable ? Fier ? Honoré peut-être ? Un léger souffle moqueur résonne dans mon larynx. Je ne comprends pas à quoi il joue, toujours pas. Son attitude à moitié décontractée, qui cherche presque à se faire amicale ou tu du moins qui essayes de lancer une conversation presque complice me met mal à l'aise. Parce qu'elle ne lui ressemble pas. Et qu'elle pourrait en réalité très bien fonctionner si je n'étais pas sur mes gardes à analyser - sans doute un peu trop - le moindre de ses mouvements.  « Je ne tiens pas à ce que tu sois un criminel. Il y a déjà suffisamment de gens qui marchent dans mon jardin, justement, et y’a assez de foutus connards dans la brigade. Tant mieux s’ils sont contrebalancés par des bonnes personnes qui peuvent réparer les pots mieux que moi. »  Réparer les pots cassés. Belle métaphore. L'ombre d'un rictus sincère passe sur mes lèvres avant de disparaitre sans s'être tout à fait concrétisé. Le fil est trop bien tiré pour que je ne puisse mettre ces mots particuliers sur le hasard et malgré tout, ça me fait marrer. Ça ne devrait pas. Et cette réaction m'irrite un peu plus. La raison s'échauffe face à cette conversation banale, anodine, à la limite de la jovialité. Je le préfère acide, piquant et désagréable. Les sourcils se froncent un peu plus tandis que la mâchoire se serre. Il est hors de question que je me laisse berner par ses allures de gamin enjoué. « On peut tenir nos fylgia en dehors de ça ? Elle m’a promis de ne pas changer de forme, mais si le tien décide de lui sauter dessus, je doute qu’elle respecte sa promesse. Et je la trouve franchement plus mignonne sous sa forme de koala. » Ma tête se tourne plus franchement vers la Fylgia en question tandis que Mjöll repose sa patte contre mon épiderme dans un léger grognement. Je le sens quitter mon cou pour se faufiler dans le dos et je devine qu'il s'éloigne avec l'envie d'en profiter pour fureter un peu partout dans la cour. Personnellement cela m'est bien égal qu'il participe ou non à l'entraînement, ce n'est pas comme s'il risquait de prendre en compte une demande directe du genre, même venant de moi. Il ne s'appelle pas Mjöllnir pour rien. Mais visiblement le Mørk n'a pas connaissance de ce détail. De son côté le koala semble peut ravi des commentaires sur son apparence de peluche et s'éloigne pour aller s'installer sur le divan dans une expression boudeuse qui, selon moi, est bien plus ridicule que l'animal australien. « Mignonne, mais de très mauvaise humeur. Elle trouve que ça lui enlève toute crédibilité. » Pour la troisième fois un sourcil perplexe se lève au-dessus des lunettes sombres et l'agitation de mon être reprend de plus belle, incapable de m'habituer à cette attitude amicale aux antipodes des moindres échanges que lui et moi avions pu avoir jusqu'à présent. De la haine lissée derrière une fausse courtoisie froide, oui. Des blagues et des sourires amusés, jamais. « Je ne ferai pas plus confiance à un koala qu'à un paresseux. L'air adorable à l'extérieur, mais des animaux dangereux si on n'y prend pas garde. Et tu as l'air déjà particulièrement en colère. » La dernière phrase s'adresse directement à la Fylgia. Trait droit et ferme d'une voix qui cherche à replacer le bon contexte dans cet échange trop étrange pour être apprécié et qui me met mal à l'aise. « Pour ce qui est de Mjöllnir, il décidera lui-même s'il a envie de prendre en compte la demande ou non. » Mon visage se retourne vers Fredrikke et mes yeux le fixent avec des lueurs sombres. Bien qu'il ne puisse rien en voir. D'ailleurs ma propre vision en limitée par les verres opaques et il est probable que cela devienne vite gênant pour moi. Tant bien que mal j'essaie de recentrer mon énergie sur lui, sur qui il est plutôt que ce qu'il me donne à voir dans l'immédiat. Je repense à sa phrase de toute à l'heure. Il a fait des recherches sur les enfants disparus. Était-ce un moyen détourné de me faire comprendre qu'il avait fait des recherches plus approfondies sur l'enfant d'hier en particulier ? Un léger doute s'installe, trop facile, soufflant sur les braises de ma rage. « Je dois reconnaître que je suis étonné que tu m'aies proposé un entraînement ici plutôt qu'en pleine nature. Je vois pas ce que t'apportes de plus si ce n'est l'occasion de tenter un kidnapping ou un autre final détraqué que tu affectionnes. C'est quoi ton projet ? Me faire bouffer les pissenlits par la racine et te servir de mon corps comme fertilisant pour nourrir ton rhododendron ? » Mes bras se décroissent et je fais quelques pas, avançant plus franchement dans la cour. « Alors dis-moi Mørk, qu'est-ce que t'as prévu ? Inutile de prendre des gants avec moi alors remballe ta fausse sympathie, je sais comment tu fonctionnes. Viens-en directement à la partie suivante. Celle où tu vrilles et tortures tes interlocuteurs ça t'éviteras de te ridiculiser avec des conseils pourris en jardinage. A moins que Tveit ait raison et que tu sois vraiment devenu aussi mou qu'un vers de terre. » La provocation est facile, volontaire. La réputation de ce dernier dans la brigade n'a rien a envier à celle de Mørk. Une belle brochette de connards quand ils s'y mettent. Et malheureusement ceux-là sont un peu trop souvent ensembles et friands des interventions musclées non nécessaire. Au même moment j'entends la voix de Mjöll qui a pris sa plus belle voix enthousiaste pour l'occasion : « Ashes c'est ça ? C'est quoi ton problème avec ton sorcier ? Il t'a remplacé par un animal de compagnie ? » Je lève les yeux au ciel, les mâchoires se contractent sous un accès de lassitude profond envers ma Fylgia. Joder Mjöll t'es con quand tu t'y mets. Il n'a visiblement pas apprécié la demande de Fredrikke et compte bien utiliser cet argument pour titiller à sa façon le koala grognon. Avec sans aucun doute l'idée de profiter cette rage pour essayer de le rendre plus causant que son sorcier et tenter de faire réagir la Fylgia de quelle que manière que ce soit.




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Fredrikke Mørk
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« Je ne ferai pas plus confiance à un koala qu'à un paresseux. L'air adorable à l'extérieur, mais des animaux dangereux si on n'y prend pas garde. Et tu as l'air déjà particulièrement en colère. » Je ne ferai confiance à Ashes ni sous sa forme de koala, ni sous sa forme de serpent. Et je le digère mal, ce lien qui s’est brisé dans les derniers mois, d’abord graduellement, puis de plus en plus clairement. Elle était là pour moi au début, elle m’a aidé à garder le cap, à trier mes pensées et mes désirs, à me calmer quand je découvrais des choses horribles. Sauf qu’elle a conservé des souvenirs que je n’ai pas et son envie de lutte s’est accentué en même temps qu’il prenait plus d’ampleur en moi. Plus puissant, plus féroce, comme une bête inassouvie qui s’éveille lentement. Je veux continuer dans la même direction de rédemption, même si je doute d’une éventuelle réussite, tandis qu’elle espère me voir pencher un peu plus vers mes vieux penchants. Pas totalement, non, mais davantage que maintenant. Elle ne répond pas à celui qui s’adresse directement à elle, mais ses oreilles frémissent, et je sens mon cœur palpiter plus fort sous un afflux de colère qui ne m’appartient pas. « Pour ce qui est de Mjöllnir, il décidera lui-même s'il a envie de prendre en compte la demande ou non. » Je souris malgré moi en entendant le prénom de la fylgia, qui me semble particulièrement approprié, de ce que j’ai vu de ces deux-là. Surtout dans une phrase qui, en final, signifie qu’ils se foutent plutôt de ma demande et qu’il tapera bien, s’il le veut. Je jette un coup d’œil à Ashes, dont les yeux flamboient avec une satisfaction qu’elle ne cherche même pas à camoufler. Trop prête à se battre, à répondre à n’importe quelle provocation. Trop proche de perdre le contrôle, parce que le serpent prend trop de place. Je sais ce qu’elle ressent ;  cette envie froide de déchirer, de sentir le sang des autres couler sur ma peau trop blanche, brûle aussi mes veines. Un mélange de dégoût et de désir, dont le contrôle m’a infiniment épuisé dans les derniers mois. J’en ai marre, de lutter contre cet instinct. J’en ai marre de cet instinct tout court ; s’il existait un sort pour me débarrasser de tout ce qui me semble corrompu et malsain en moi, je le ferais.   « Je dois reconnaître que je suis étonné que tu m'aies proposé un entraînement ici plutôt qu'en pleine nature. Je vois pas ce que t'apportes de plus si ce n'est l'occasion de tenter un kidnapping ou un autre final détraqué que tu affectionnes. C'est quoi ton projet ? Me faire bouffer les pissenlits par la racine et te servir de mon corps comme fertilisant pour nourrir ton rhododendron ? » J’hausse les sourcils, alors que les commissures de mes lèvres s’étirent en un mince sourire. Si la mention du kidnapping ou de mes projets de détraqué n’a rien de réjouissant, sa dernière phrase est quand même divertissante. C’est presque dommage qu’il me déteste autant, parce qu’il semble plutôt marrant, quand il n’est pas occupé à vouloir m’éloigner d’un gosse.

Ses bras se décroisent et il s’avance plus franchement dans la cour, sans que je ne change de position. « Alors dis-moi Mørk, qu'est-ce que t'as prévu ? Inutile de prendre des gants avec moi alors remballe ta fausse sympathie, je sais comment tu fonctionnes. Viens-en directement à la partie suivante. Celle où tu vrilles et tortures tes interlocuteurs ça t'éviteras de te ridiculiser avec des conseils pourris en jardinage. A moins que Tveit ait raison et que tu sois vraiment devenu aussi mou qu'un vers de terre. » Mon sourire se transforme en rictus, alors que ma machoîre se crispe.  Je m’étais déjà questionné la veille sur ce qu’il savait de moi, mais il me semble évident maintenant que l’auror n’en est pas qu’aux soupçons. Comment il fonctionne…Des discussions parfois banales, des mises en confiance, des moments en apparence tendres, qui dérapent vers la violence. Je ne sais pas tout moi-même, mais j’en sais assez, et je me demande où il a pris ses informations, si ce n’est pas lui qui a été directement attaqué dans le passé. Et ça ne semble pas le cas, vu ses propos. Quoique…? Peut-être que c’est pour cette raison, qu’il connaît si bien son fonctionnement ? Et qu’est-ce que ce connard de Tveit est allé raconter ? La voix de sa fylgia résonne, enthousiaste, me prenant au dépourvu :  « Ashes c'est ça ? C'est quoi ton problème avec ton sorcier ? Il t'a remplacé par un animal de compagnie ? »   Oh bordel. Dois-je rire ou rugir ? J’hésite entre les deux, tant je n’ai aucun doute sur la réaction du koala. Je pince les lèvres, retenant finalement un ricanement, alors que mes yeux se tournent vers celle qui ne change toujours pas de forme, mais qui semble crever d’envie de le faire. Mes paupières se plissent et mon regard s’assombrit légèrement, dans un avertissement qui ne sert strictement à rien. Ashes fera à sa tête, qu’importe ce que je dirai. Surtout dans cet état. « Deux. Mais mon problème c’est surtout qu’il pourrait s’amuser à éclater des cons dans votre genre, et qu’il ne veut plus le faire. » Trop d’informations, et en même temps, sûrement rien de nouveau. Je gronde, retenant toujours mon rire : « Ashes. On a dit quoi, sur le fait d’appeler les gens des cons ? » Elle lève les yeux vers le ciel, très vraisemblablement exaspéré. Je sens sa colère, son irritation, son envie de prendre l’apparence de la vipère pour mordre, violemment. Mon propre agacement prend de l’ampleur, renflouant le rire qui n’est jamais né et m’arrachant un soupir de lassitude. Je tourne ma tête là où a émané la voix, m’adressant à l’autre fylgia : « Si t’as envie de la provoquer, fais ce que tu veux, mais je me dédouane de toutes les conséquence si elle fait sa chieuse. » Même si les conséquences devront inévitablement être payées par moi ou l’auror, en final. Dans tous les cas, je préfère ne pas trop m’attarder sur les paroles d’Ashes, qui serait capable d’oublier sa promesse et de ne pas être très sage, si sa colère lui échappe. Je reporte mon attention sur Magni, reprenant d’un ton plus froid : « Ce con est venu se plaindre au bureau ? » Mou…Des propos similaires à ceux qu’il a tenu en ma compagnie, à la fin de cet après-midi. « Fred, ton langage. » Je souris presque, devant la boutade, qui me semble presque une mince branche d’olivier entre moi et ma fylgia Une branche qu’elle aurait potentiellement cassé en plein de morceaux dans l’espoir d’augmenter ma rage, mais une branche tout de même.  Difficile à croire, qu’il y a une époque où on s’entendait bien, elle et moi.

Je croise les bras contre mon torse, ramenant ma baguette contre mon coude, sans la pointer sur l’auror. Un rictus de dédain vient s’étirer sur mes lèvres, alors que je rajoute d’un ton qui reflète clairement tout le mépris que je peux ressentir pour ce type :   « J’imagine qu’il est venu râler directement après la mission ? Il n’aurait pas été trop en état, tout à l’heure.  Il n’a pas dû se vanter de la façon dont ils ont arrêté l’autre mec, pas vrai? » Quel connard, tout de même. Pas seulement lui, mais aussi ses acolytes. D’anciens amis de Fred. C’était plutôt facile au début, de calmer leurs gestes, de les enjoindre à moins dépasser les bornes. La crainte de ce que je pouvais faire et l’assurance que je devais avoir quelque chose derrière la tête les poussait à m’obéir. Dans les derniers mois, ils ont davantage douté, allant toujours plus loin dans la provocation, pour voir comment je réagirais. Je soupçonne même que l’une de leur intervention, qui m’a fait vivement répliquer, avait comme seul but de peser mes réactions. Tout ça pour en venir à quoi, en final…? À ce qui s’est passé tout à l’heure. À cette coupure bien trop large, plus profonde que celle que j’avais infligée à l’auror. Le sort de guérison de mon collègue n’a pas fonctionné ; j’en ai été terriblement satisfait. Et ce souvenir, bien trop récent, m’arrache un léger frisson d’écœurement. Je toise le type dont j’ai toujours la même envie d’arracher les lunettes, reprenant : « Je peux pas laisser Tveit me qualifier de mou, parce qu’il est plus facile de contrôler cet enfoiré en le tenant par la peur. Mais dans ton cas… Tu peux me trouver mou, si ça te fait plaisir. » Sait-il ce qui est arrivé à mon collègue…? J’en serais étonné. Je l’imagine bien se plaindre à des membres de l’autre équipe, d’en l’espoir de me nuire s’il me croit devenu soudainement plus faible, mais je ne pense pas qu’il aurait pris le même risque, après ce qui s’est passé. Il ne l’aurait pas pris avec Fred. Et j’ai agi comme Fred l’aurait fait. Avec les mêmes paroles, la même indifférence, la même satisfaction morbide. Ma machoîre se resserre à cette pensée et je rajoute : « Je t’ai proposé un entraînement, pas une séance de torture. Et je t’ai proposé ma cour parce qu’elle est insonorisée contre les hurlements. » Une blague trop facile à faire, même s’il ne l’appréciera très certainement pas. Un sourire en coin s’étire sur mes lèvres, alors que je poursuis aussitôt : «  Je déconne. Tu veux y aller à la baguette ou t’as plutôt envie qu’on se cogne dessus ? » Façon sorcière ou moldue. Les deux, qu’elles soient mélangées ou séparées, risquent de m’aider à faire descendre cette foutue tension qui menace quotidiennement de me faire craquer.
Magni Hammarskjöld
Magni Hammarskjöld
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Joues rouges et longues baguettes sous le ciel étoilé

@Fredrikke Mørk  | 17 février 2023 - Soirée


Je me tourne vers les deux fylgiur, le trait bleu électrique de Mjöll lézarde le divan à quelques centimètres du koala. Suffisamment proche pour laisser supposer que la proximité ne le dérange pas et que le regard brûlant de Ashes ne l'effraie pas. Mais suffisamment loin pour rester hors de portée d'un coup de patte soudain. « Deux. Mais mon problème c’est surtout qu’il pourrait s’amuser à éclater des cons dans votre genre, et qu’il ne veut plus le faire. » Je l'entends rire doucement, comme si la conversation était de connivence et qu'ils partageaient un moment de convivialité sincère. Mes lèvres se pincent un peu plus lorsqu'il lance un « Je vois, pas simple les divergences d'opinions. » J'ai senti la vibration profonde de son adrénaline monter en flèche dans mon cerveau. Ce plus qui en dit long sans en dire suffisamment. Un pas aurait été banal, classique, presque compréhensible. Mais le mot utilisé est lourd de sens. Il induit un changement, suppose une évolution, s'algine avec tous les autres signes collectés ces derniers mois. Ce plus devient important, aiguise la pierre de mes réflexions et les yeux filent en coin étudier la réaction de Fredrikke. Il a repris sa Fylgia sur son langage dans un grognement qui avait pris le pas sur les expressions frémissantes de son amusement précédent. Malgré mes phrases peut élogieuses à son sujet, il avait tout de même eu l'air d'apprécier mes jeux de mots. Un comportement qui tire les ficelles du plus et déroule une nouvelle bobine dans ma tête. La toile de l'affaire Mørk s'élargit au gré des nouvelles ramifications qui se font. Les commentaires de Tveit, l'attitude presque amicale de Fredrikke ce soir, son absence de réaction à des provocations directes, l'absence de nouvelle plainte à son encontre. Peut-être bien, finalement, qu'il s'est réellement trouvé une conscience lors de ses deux mois d'inconscience à l'hôpital. Les sourcils se froncent un peu plus tout en continuant d'observer les infimes variations d'expressions sur le visage du jeune homme. « Si t’as envie de la provoquer, fais ce que tu veux, mais je me dédouane de toutes les conséquence si elle fait sa chieuse. » Il s'adresse à Mjöll directement cette fois et je sens la nouvelle poussée d'adrénaline qui enflamme cette partie de moi. Il voudrait bien, lui, qu'elle fasse sa chieuse et qu'elle tente une attaque directe. Il aime se battre autant que moi et il serait trop heureux de tenter l'expérience avec le serpent. Son agilité de lézard lui donne souvent un égo et une assurance démesurée pour sa petite taille de cinq centimètres. Un infime trait narquois étire mes lèvres alors que mes iris se reportent sur l'animal en question. Je connais ses tactiques par cœur, je comprends bien ce qu'il essaie de faire et ça me fait marrer d'avance. Faire dégoupiller nos adversaires, un de ses classiques sur les terrains de Quidditch. Et il espère sincèrement que la rage délie encore un peu plus la langue de la Fylgia. « Ce con est venu se plaindre au bureau ? » Immédiatement je délaisse les Fylgiur pour me retourner vers Fredrikke et sa voix bien plus froide que précédemment. Il est immédiatement repris par Ashes qui lui relance sa remarque sur le vocabulaire utilisé. Vocabulaire qui, à mon sens, est loin d'être problématique au vu de mon utilisation quotidienne de ce même terme pour qualifier à peu près tout le monde à longueur de journée, quand ce n'est pas le cabrón espagnol qui sort. Mais qu'importe je ne suis pas là pour discuter bienséance avec un connard comme lui de toute façon. Le Mørk croise les bras, baguette en main, mépris acide sur les lèvres. « J’imagine qu’il est venu râler directement après la mission ? Il n’aurait pas été trop en état, tout à l’heure.  Il n’a pas dû se vanter de la façon dont ils ont arrêté l’autre mec, pas vrai? » Je me retiens de fermer les poings, mais les biceps se sont contractés instinctivement à la mention de l'état de Tveit ce soir. Est-ce que Fredrikke s'est permis de le remettre à sa place comme il estime le devoir ? Ce serait bien la première fois depuis longtemps qu'il agit comme on l'attend. Mais la perspective ne me plaît guerre. Autant le tireur d'élite dont on parle est un connard qui abuse de son pouvoir et de sa position, autant l'idée de le retrouver demain à l'hôpital les viscères à l'air ne me réjouis pas vraiment. Pas plus que l'allusion à l'arrestation dont Mørk parle et de la façon dont elle a été menée. En fait, toute sa phrase me donne de sérieuse envie de leur rentrer dedans. Dans ces moments-là je me demande toujours comment Magnus fait pour les supporter et ne pas les encastrer dans le mur de son bureau. « Je peux pas laisser Tveit me qualifier de mou, parce qu’il est plus facile de contrôler cet enfoiré en le tenant par la peur. Mais dans ton cas… Tu peux me trouver mou, si ça te fait plaisir. » Le contrôler par la peur. Je comprends l'idée mais ne partage pas leurs méthodes. Visiblement une drôle de façon de faire équipe entre collègues ceux-là. Est-ce que ça me fait plaisir de le trouver mou ? Non. A dire vrai rien ne me fait plaisir à propos de lui si ce n'est l'imaginer au fond d'une cellule dans une forteresse perdue au milieu du froid polaire. « Je t’ai proposé un entraînement, pas une séance de torture. Et je t’ai proposé ma cour parce qu’elle est insonorisée contre les hurlements. »
Je ne sais pas si je dois trouver ça drôle ou si c'est une tentative particulièrement cynique de faire référence à certains de ses crimes. Dans tous les cas cela ne fait que me replonger dans une émotion plus adéquate pour la suite de l'entraînement qu'il m'a proposé. Les yeux s'assombrissent derrière les lunettes et la mâchoire se contracte dans une pulsation féroce. Je ne peux m'empêcher de songer à tous ces qui ont vainement, peut-être, crié à l'aide sous les sorts de sa baguette. Et ça me donne tout sauf envie de rire avec lui. L'humour noir oui, avec l'auteur d'actes sadiques, non. «  Je déconne. Tu veux y aller à la baguette ou t’as plutôt envie qu’on se cogne dessus ? » Sa précision n'arrange rien. C'est encore plus malvenu de sa part de songer que je pourrais trouver la boutade bien trouvée et valider son humour dégueulasse. Le front est à présent entièrement plissé sous l'effet de l'énervement agacé par son attitude. D'un geste calme, j'enfonce ma main libre dans ma poche de veste, sous une expression pensive, pesant distraitement le pour et le contre de ses paroles, digérant les bribes d'informations et les commentaires mauvais envers ses collègues. En réalité, les doigts capturent l'enregistreur, l'enferment dans la paume qui le garde au chaud pour un futur transfert dans le pantalon. Quel que soit les moyens utilisés, je tiens autant à ma veste en cuir qu'à mes lunettes et j'ai déjà eu du mal à faire partir les tâches de sang d'hier pour avoir envie de retenter si tôt l'expérience. « Il y a vraiment un truc qui cloche chez toi Mørk. Si tu crois que je vais me marrer avec toi de tes blagues sordides c'est que tu me connais mal. T'as peut-être l'habitude de te marrer avec tes collègues de vos méthodes d'arrestations, mais je fais pas partie de vos magouilles. Épargne-moi ton humour de merde. Faire des blagues sur les plantes ok, mais je doute que tu cultives des mandragores ici. Donc en faire sur la détresse de tes victimes, c'est sans moi. » J'aurais pu entrer dans son jeu, dans un autre contexte, si ses crimes ne m'avaient pas touché personnellement. J'aurais pu jouer la carte de la connivence pour le faire tomber de l'intérieur. Mais j'avais choisi une autre voie. Dommage pour lui. La main sort, la veste est retirée et je fais quelques pas vers le divan des Fylgiur pour la déposer avec douceur non sans jeter un regard sombre aux deux êtres qui se toisent toujours avec une tension palpable. Les gestes sont naturels, mécaniques, la main glisse dans la poche avant du pantalon, remonte légèrement le tissus, la paume lâche l'appareil, ressort, réajuste la ceinture. Les gestes de celui qui se prépare à se battre et fait en sorte que ses vêtements ne gênent pas ses mouvements. « Les deux ça me va très bien vu l'envie de t'éclater mon poing dans la gueule qui me démange depuis des mois. » La rage commence à monter, je la sens puiser dans les sourires qu'il me sert pour faire gronder les nuages au-dessus de ma tête. J'hésite un instant à garder mes lunettes, juste pour le faire chier encore un peu, mais j'opte finalement pour la raison et les déposent à leur tour sur la veste avant de passer une main dans mes cheveux. Non pas de gêne, mais dans ces tics nerveux de l'homme qui se prépare à passer à l'action. Les mêmes gestes que le corps répète mécaniquement avant de monter sur son balai. Laissant le divan derrière moi je reviens me placer face à lui, baguette presque à moitiée levée cette fois, les muscles se tendent sous le t-shirt qui laisse deviner les tatouages qui marbrent la peau du bras gauche. « Je crois que nos deux connards de sorciers vont bientôt lancer les hostilités. Ça me dérange pas de recevoir des coups, mais si je peux pas en donner derrière, vraiment, ça va être frustrant. » Je ne détourne même pas les yeux vers Mjöll et son insolence latente. Mais mon regard devient plus sombre encore, pressentant trop bien qu'il ne la lâchera pas avant d'avoir réussi à déclencher une réaction vive. L'adrénaline pulse toujours avec force dans mes veines, je la laisse conquérir le reste de mon être, envahir les fibres des muscles et pousser l'attention à son maximum. Les sens en alerte, le corps prêt à réagir, la magie qui palpite au creux de la paume. Je suis prêt.« D'après ce que j'ai compris tu t'es permis de corriger Tveit tout seul. Faire justice toi-même c'est peut-être ton truc mais pas le mien. Je te laisse commencer les hostilités, ça me donnera moins l'impression d'un règlement de compte. Mais c'est pas ça d'ailleurs ta nouvelle came. T'en prendre à tes collègues pour chercher l'adrénaline du danger ? » Le ton devient de plus en plus sombre à mesure que je focalise mes pensées sur lui, sur l'observation de ses gestes et l'attente du premier sort ou du premier coup de poing. « Comme c'est sensé être un entraînement, tu mets quoi comme limite ? A part la légalité des sortilèges j'entends. Trois rounds de cinq minutes ou d'incapacité à continuer façon boxe ou plutôt des rounds de touches comme en duel ? » Ça me paraît absurde de lui proposer tout ça, mais s'il veut jouer dans les règles, autant établir des règles dès le début. Mais de toute façon il est clair que j'aurais du mal à me lancer dans un combat à froid, comme ça, après une conversation trop légère pour avoir mis le feu aux poudres. Donc autant suivre son envie d'entraînement - si on part du principe qu'elle soit réelle - et poser le cadre.



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Fredrikke Mørk
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« Il y a vraiment un truc qui cloche chez toi Mørk. Si tu crois que je vais me marrer avec toi de tes blagues sordides c'est que tu me connais mal. T'as peut-être l'habitude de te marrer avec tes collègues de vos méthodes d'arrestations, mais je fais pas partie de vos magouilles. Épargne-moi ton humour de merde. Faire des blagues sur les plantes ok, mais je doute que tu cultives des mandragores ici. Donc en faire sur la détresse de tes victimes, c'est sans moi. » La dernière phrase me fait perdre tout envie de rire. Mon sourire disparaît, alors que mon regard se durcit. Ma gorge se resserre et j’inspire plus fortement, alors que mes doigts accentuent leur prise sur ma baguette. Je sais que ses affirmations ne sont pas entièrement dirigées vers moi, mais plutôt vers Fredrikke, un enfoiré qui aurait mérité toutes ces paroles. Sauf que tout le déni du monde ne peut supprimer la réalité, même si elle ne me plaît pas : je suis Fredrikke. Je suis cet enfoiré, celui qui a certainement eu des méthodes d’arrestation plus que douteuses dans le passé, celui qui a assurément laissé des gens en détresse. Je n’en conserve aucun souvenir, je ne me considère pas comme cet homme, mais je le suis, tout de même. La dissociation, qui me permet de continuer d’avancer, ne m’a pas transformé réellement en une autre personne. Même si je suis dégoûté par ce qui a été fait, même si je ne veux pas considérer que je suis lui, je mérite bien les mots prononcés. Toutes ces victimes méritent qu’il y ait un coupable, et que je ne me calfeutre pas en permanence derrière ce rempart érigé par ma conscience, pour ne pas sombrer.

J'observe l'auror qui retire sa veste pour la poser sur le divan, sans être attentif aux mouvements de ses mains.  « Les deux ça me va très bien vu l'envie de t'éclater mon poing dans la gueule qui me démange depuis des mois. » Je ne sais pas si l’agacement que je sens monter lentement dans mes veines brûlantes provient de ma fylgia ou de moi. Combien de fois ai-je entendu des termes similaires, dans des déclinaisons variées, depuis mon réveil ? « Ça fait quoi, de sentir la semelle de ma botte, Mørk? » « Je rêvais de te faire ça depuis si longtemps. » Tellement de coups donnés, qui n’ont que peu soulagé les personnes qui ont frappé. Tellement de mon sang versé, dans tous les recoins de Gøteborg, pour rien. Ils étaient où tous ces vengeurs, lorsqu’il aurait été temps de vraiment donner une raclée au bon Fredrikke ? Pourquoi personne n’a rien fait au bon moment ? Je peux le comprendre, pour ses victimes. Celles qu’il a réduites au silence. Mais les autres…? Je sais que le tireur d’élite camouflait bien ses méfaits, qu’il était stratégique et veillait à laisser peu de preuves. Mais ça me semble tardif, trop peu trop tard, que personne n’ait tenté de l’éliminer ou de l’arrêter avant.

Mon interlocuteur retire enfin ses lunettes, avant de revenir se placer face à moi, et j'abaisse les yeux vers les muscles tendus, observant les tatouages qui se laissent deviner. Bras gauche, comme moi. Ça pourrait presque être marrant, comme ressemblance, mais ça ne l'est pas. Plusieurs tatouages sur mon bras ont été fait rajouter par moi, pour recouvrir la symbolique de Fredrikke. Je suis toutefois obligé de tolérer les autres, que j'apprécie bien moins. « Je crois que nos deux connards de sorciers vont bientôt lancer les hostilités. Ça me dérange pas de recevoir des coups, mais si je peux pas en donner derrière, vraiment, ça va être frustrant. » Je fronce les sourcils en entendant les propos de la fylgia, qui avait affirmé précédemment que les divergences d’opinions ne sont pas simples. Ses mots atteignent bien leur cible : Ashes ne réplique pas immédiatement, mais ses oreilles s’agitent davantage, trahissant sa fébrilité. Elle se contient encore, mais pour combien de temps ? Ma propre agitation s’accentue, au point où je dois me retenir pour ne pas taper du pied. Cette envie, pesante et intense, d’user de la magie et de mes poings. Me décharger de tous ces mois à me contrôler, à tout absorber, vainement. Le désir, brutal et acéré, de faire mal. Ma mâchoire se serre davantage et je me mords l’intérieur de la joue, sans réfléchir, comme si je pouvais ainsi faire taire un instinct qui m’emmerde profondément. « D'après ce que j'ai compris tu t'es permis de corriger Tveit tout seul. Faire justice toi-même c'est peut-être ton truc mais pas le mien. Je te laisse commencer les hostilités, ça me donnera moins l'impression d'un règlement de compte. Mais c'est pas ça d'ailleurs ta nouvelle came. T'en prendre à tes collègues pour chercher l'adrénaline du danger ? » Mon regard s’assombrit. La morsure que je m’inflige s’intensifie et je me concentre sur l’éclair douloureux au goût métallique, qui me distrait momentanément d’une colère qui prend de l’ampleur. Et c’est quoi son truc, alors ? Laisser des imbéciles comme Tveit faire ce qu’ils veulent ? La jouer réglo, quand eux-même se foutent totalement des règles ? Monter sagement un dossier contre eux, en espérant qu’un jour, quelqu’un plus haut voudra bien les passer au conseil disciplinaire ? Si un type comme Fred, comme moi a passé à travers les mailles du filet malgré toutes les atrocités commises, je ne doute pas qu’un connard comme Tveit ne sera pas dérangé dans ses activités. Et quitte à avoir déjà la réputation d’être un salaud, autant qu’elle serve à aider d’éventuelles victimes.

« Comme c'est sensé être un entraînement, tu mets quoi comme limite ? A part la légalité des sortilèges j'entends. Trois rounds de cinq minutes ou d'incapacité à continuer façon boxe ou plutôt des rounds de touches comme en duel ? » Des rounds de touches ne seraient pas assez satisfaisants. Je n’ébauche aucun sourire, décroisant les bras. « Trois rounds de cinq minutes ou d'incapacité à continuer ça me va. » Ma voix n’est plus légère ou moqueuse. Elle est rude, autant que le bois d’orme que je fais tourner entre mes doigts, avant de le glisser à ma ceinture. J’imite l’auror, retirant ma veste, que je dépose sur le dossier du divan. Ma fylgia me jette un bref coup d’œil, choisissant ce moment précis pour répondre au lézard bleu d’un ton faussement amusé : « S’il se prend encore des coups sans réagir, compte sur moi pour m’assurer que tu puisses en donner derrière.» Je ne doute pas que la remarque s’adresse aussi à moi. Elle m’avertit de ce qu’elle ne peut plus supporter, de ses intentions claires. J’hausse simplement un sourcil en la fixant, l’air de dire que c’est inutile. Ce que je voulais en invitant Magni n’était pas de me faire casser la gueule gratuitement. Mais je sais qu’elle redoute ces moments où l’autre peut me convaincre, abaisser ma rage, et me plonger dans une culpabilité dont je ne veux pas sortir. Je ne crois pas qu’il y ait le moindre risque de ce côté, actuellement. Je me place à mon tour devant l’auror, glissant ma main contre ma baguette. Mes muscles sont encore gonflés par l’effort fait tout à l’heure, engorgés comme à chaque fois que je m’entraîne plus longuement.  Un entraînement totalement inutile, vu l’énergie agressive qui afflue sous ma peau. « Je n’avais pas l’intention de corriger Tveit, c’est plutôt lui qui est venu me voir dans l’espoir de me faire comprendre que j’avais intérêt à les laisser faire les connards pendant leurs interventions. » Une précision que je ne peux pas m’empêcher de faire. Parce que ce qui s’est passé aujourd’hui m’échauffe bien davantage que les propos trop justes de l’auror. Je n’aurais pas lancé ce foutu sort à cet enfoiré, s’il n’avait pas lancé les hostilités en premier. J’ai fait ce que je devais faire ; je regrette d’avoir apprécié le moment, mais pas d’avoir agis. J’extirpe ma baguette de son étui, la gardant baissée en direction du sol, alors que je reprends froidement : « Et les laisser faire, c’est hors de question. Alors critique mon sens de la justice foireux si tu veux, mais je préfère que ce soit lui qui morfle ce soir, mais qui se tient tranquille demain pendant une arrestation, qu’un pauvre type qui ne devrait pas se prendre la rage de cet abruti à la tronche. » C’est ce qui serait arrivé, inévitablement. Si ma simple stature les tenait à distance et me permettait de les calmer sur les interventions, que serait-il arrivé si je ne lui avais pas rappelé qui j’étais…? J’aurais pu prendre ses coups et ses sorts, je m’en fous. Mais j’aurais perdu en contrepartie toute possibilité d’agir sur lui et les autres de façon efficace, en cas de dérapage.

Lentement, je pointe ma baguette vers le haut ; un sort informulé fait apparaître des chiffres lumineux qui commencent aussitôt à s’écouler, comme un chronomètre, à partir de cinq minutes. Ma façon de lui signaler que c’est commencé. J’abaisse légèrement ma baguette, sans la pointer directement sur lui: il m’a invité à lancer le premier sort, ce ne sera donc pas une surprise. Mes lèvres s’étirent en un rictus, à mi-chemin entre le dégoût et le mépris. Envers moi ou envers lui? Il ne m’aime pas, ça se comprend. Mais peut-il vraiment me reprocher de m’en prendre à mes collègues pour rechercher l’adrénaline ? S’il sait à ce point à quel point je suis horrible, au même titre que je sais pertinemment que Tveit est un enfoiré, s’il sait pour la détresse de ses victimes, pourquoi n’avoir rien fait…? Ce n’est vraisemblablement pas la peur, qui l’étouffe.  La réflexion m’échappe, plus violente qu’un sort, dans une voix rageuse qui n’est pas contenue : « Et t’aurais peut-être dû faire pareil, avec moi. Parce que visiblement, tu cultives ta hargne depuis longtemps hein. T’aurais peut-être dû me foutre ton poing à la tronche bien plus tôt, plutôt que de faire comme tout le monde qui m’ont laissé agir, ça aurait peut-être évité que je puisse faire tout ce que je veux. Je comprends pas que pas un n’a été foutu d’intervenir pour l’arrêter. Y’a combien de trucs qui auraient pu être empêchés…? »  La dernière phrase glisse entre mes lèvres sous un afflux nerveux que je ne contrôle pas. De la hargne, envers lui, envers moi, trop profonde, trop sincère. Je ne réalise mon erreur qu’après avoir terminé de parler et sans prendre le temps de la rattraper, je pointe ma baguette sur l’auror dans un geste vif : « Confundo. » Le sort quitte le bois d’orme, sans que la colère ne quitte mes veines.

Dés:
Magni Hammarskjöld
Magni Hammarskjöld
GÖTEBORG Livet är en kamp, ​​du måste förbereda dig för striden

Joues rouges et longues baguettes sous le ciel étoilé

@Fredrikke Mørk  | 17 février 2023 - Soirée


La joie à complètement quitté son visage et la légèreté de la soirée d'hiver. Mes dernières phrases ont touché une corde et fait vibrer les nerfs tendus. Parfait. C'était l'effet escompté, remettre cette conversation sur les sentiers connus. Ceux de la hargne, de la rage et de la colère. Celle qui active les feux et légitime les coups. « Trois rounds de cinq minutes ou d'incapacité à continuer ça me va. » Il déroule ses bras et je hoche la tête en signe d'acquiescement. C'est aussi le choix que j'aurais fait. Mécaniquement, les épaules roulent pour solliciter les muscles et tenter un échauffement inutile, des combats de boxe j'en ai fais pas mal en Colombie. Une activité parmi d'autres pour décharger la colère et la douleur après la perte d'Ocean. Des combats légaux, d'autres moins. Des combats dans les deux mondes, magique et non. Les moldus ont pas mal de défaut mais quand il s'agit de se taper dessus ils sont tout aussi pertinents que n'importe quel sorcier. La sécurité de ne pas prendre de sort caché en plus. J'observe attentivement ses gestes lorsqu'il se défait de sa veste à son tour, glissant un regard aiguisé sur les encrages de son bras avant d'être attiré par la voix de sa Fylgia qui laisse pour la deuxième fois, entendre qu'il n'agit plus de la même façon qu'avant. Prendre des coups sans réagir. Une perspective qui me laisse songeur à nouveau. Que se passe-t-il Fredrikke. Mes mâchoires se contractent et mes iris quittent le koala pour Mjöll. Je suis trop loin pour voir son regard vriller me mien, mais je sens ses émotions électriser mes nerfs. Il est plus que prêt à se battre, il ne craint pas le serpent ni son poison. Il est est trop fier pour ne pas avoir une confiance exacerbée en sa rapidité furtive. Je secoue la tête légèrement avant de reporter mon attention sur le jeune Mørk dont la voix à repris des accents plus agressifs. « Je n’avais pas l’intention de corriger Tveit, c’est plutôt lui qui est venu me voir dans l’espoir de me faire comprendre que j’avais intérêt à les laisser faire les connards pendant leurs interventions. » Mes dents serrent un peu plus fort sous la pression des muscles que l'énervement fait vibrer plus fort. Une belle brochette de connards. Leur impunité me rend malade. Mais je ne peux pas être sur le dos de tous les pourris du Ministère. Ce n'est pas une excuse, mais une réalité. J'ai bien déjà assez de boulot à traquer les sorciers qui usent de la magie noire comme d'une recette de grand-mère pour avoir le temps de monter des dossiers sur tous les tireurs d'élites qui font preuve d'un zèle déplacé lors de leurs arrestations. Sérieusement ? Ils foutent quoi leurs responsables ? En revenant de Colombie j'avais espéré que le système soit moins corrompu dans le royaume, mais peut-être que je m'étais bien fait aveugler par ma nostalgie. Pendant que je laisse ces pensées envahir ma tête, l'autre a ressorti sa baguette et mes pieds ajustent leurs positions en conséquences. Ancrés sur le sol, l'espace suffisant pour absorber le souffle des sortilèges et des coups sans risquer d'être déséquilibrer trop facilement. « Et les laisser faire, c’est hors de question. Alors critique mon sens de la justice foireux si tu veux, mais je préfère que ce soit lui qui morfle ce soir, mais qui se tient tranquille demain pendant une arrestation, qu’un pauvre type qui ne devrait pas se prendre la rage de cet abruti à la tronche. » A ces mots mes yeux virent noirs. La bouffée de colère sombre qui gonfle ma poitrine est une tempête terrible qui menace d'exploser, mauvaise, pluie acide et hurlement du vent, contre son crâne. Hypocrite. T'es un putain d'hypocrite Mørk. Les dents grincent sous la pression de la mâchoire qui devient douloureuse tant elle se serre. L'envie de lui crier ses quatre vérités est puissante, mais je résiste, pour l'instant, à l'énergie sauvage qui s'est embrasée dans mon être. Je résiste plutôt bien à la provocation en temps normal, pourtant face à lui, les mois de retenus et l'origine de ses crimes rend la tâche plus difficile. Parce qu'il est lui. Fredrikke Mørk. Celui qui s'en est pris à Ozymandias. Gratuitement. Entre autre. Mais lui en particulier. Le noir des mon regard se parsème d'éclairs froids alors que ma respiration s'est légèrement accélérée sous la montée d'adrénaline occasionnée par le combustion de cette rage noire qui enfume mon être. L'envie de lui faire manger les feuilles de son rhododendron pulse avec force. Il en faut de l'audace sans honte pour se porter en défenseur des autres contre l'oppresseur, quand on est soi-même l'un des pires connards en la matière. Plus il s'enfonce, plus il me fait penser à certains de mes anciens collègues qui trouvaient toute sorte de cheminement dégueulasses pour justifier leurs conduites déplorables dans leur travail. Dans l'équipe où j'avais été positionné au début de ma carrière, la corruption était la clé de voûte de tout un système écœurant qui m'avait rapidement mis à mal. J'avais joué certains jeux, détesté cette position qu'on me forçait à avoir, pour la fuir dès que j'en avais eu l'occasion. L'entendre utiliser cette même fausse repentance envers Tveit fait sauter des verrous que je pensais pourtant être définitivement bien fermé. Si bien que l'énergie qui fait se resserrer les muscles de mon être quitte la ténacité pour des effluves dangereuses. Sur le divan, Mjöll a senti les variations de sentiments. Je sens le frisson d'inquiétude qui cherche à atteindre mon cerveau, mais je ne l'entends pas. Devant moi, Fredrikke a fait apparaître le premier chronomètre qui ne tarde pas décompter les secondes. La première manche est donc officiellement ouverte. Je n'ai pas le temps de m'en réjouir qu'il reprend la parole. « Et t’aurais peut-être dû faire pareil, avec moi. Parce que visiblement, tu cultives ta hargne depuis longtemps hein. T’aurais peut-être dû me foutre ton poing à la tronche bien plus tôt, plutôt que de faire comme tout le monde qui m’ont laissé agir, ça aurait peut-être évité que je puisse faire tout ce que je veux. Je comprends pas que pas un n’a été foutu d’intervenir pour l’arrêter. Y’a combien de trucs qui auraient pu être empêchés…? »  Aurait-il prononcé des paroles qui auraient touché plus directement mon âme ? Pas sûr. A chaque mot qui pénètre mes oreilles la rage gonfle un peu plus jusqu'à exploser sur sa dernière question. Combien de trucs auraient pu être empêchés. Une sombre question qui fait vriller le cœur dans un craquement net et distrait l'attention de l'auror dans un instant de flottement nauséeux. Des défenses similaires, j'en ai entendu plusieurs les proférer avant lui. Ce fameux si vous aviez été plus efficaces il y aurait eu moins de drames. Cette culpabilité qui ronge probablement l'âme de chaque professionnel consciencieux qui fait le choix de l'attente légale plutôt que de la justice sommaire individuelle. Cette culpabilité qui vient souffler une courte flamme dans mes iris, juste avant que son sortilège ne frappe mon corps de plein fouet. Comme un débutant. La rage remonte sous le sortilège de confusion qui vient mettre un sacré bazar dans mes pensées. Les mots se superposent, les images, sa voix. Je comprends pas que pas un n'a été foutu d'intervenir pour l'arrêter. La phrase tourne en boucle alors que le cerveau lutte pour trouver l'identité de celui dont la phrase parle. Pourquoi avait-il changé de pronom ? Tveit ? Non, il parlait de trucs à empêcher, de laisser agir et de hargne longue. La magie appose tire des idées fausses, mélange les histoires, tire partie des souvenirs appelés par la rage précédente, pour créer une nouvelle temporalité. Mixant sans préoccupation les noms, les pays, les années. Ce n'était pas Gacha qui avait dit les mêmes mots ? Tant d'années à me surveiller et à laisser des gens mourir sous vos yeux, à ce demander qui sont les véritables coupables. Ce doit être ça. Un ancien acolyte de Gacha qui aurait fini par retrouver ma trace. « N'inverse pas les rôles, le meurtrier qui tenait la baguette c'était lui et rien ne changera jamais ça. »La haine monte, brûlante, et la baguette fend l'air dans un Stupefix foudroyant qui traverse la cour dans un éclair rouge et frappe l'homme en face de moi. Du moins c'était le sortilège que je voulais lancer. Je crois ? Le cerveau tique parce que les oreilles ont trop clairement entendu un Orchideous résonner clairement. Et les yeux ne parviennent pas à ne pas fixer l'orchidée pourpre qui s'est lovée au creux de la paume de Fredrikke. Le cerveau lutte, commence à déceler et reconnaître les traces d'un sortilège dans les fumées qui encombrent les idées. Identifier les signes comme ceux-ci fait partie de nos entraînements, évidemment, pourtant trouver la sortie de la torpeur est un exercice difficile. Le sortilège était sans doute fort et efficace. Les dents se resserrent un peu plus et les yeux se plissent, se fixent sur Fred et dans un gymnastique du cerveau je me glisse d'un pas sur la gauche et m'élance en forçant à penser gauche, tandis que le corps dévie inévitablement vers la droite opposée. Les pieds trébuchent, manquent de me faire tomber avant d'avoir atteint mon objectif. Finalement, les bras enserrent les hanches avec une efficacité moindre mains suffisante pour amener le corps du Mørk au sol et je bloque immédiatement sa jambe gauche sous la mienne ainsi que son bras armé pour ralentir son dégagement. « Si tu tiens tant à jouer les héros, dénonce-le directement, Tveit, au lieu de te prendre pour un justicier dans l'ombre. Les témoins oculaires, voilà la différence. T'es témoin, parle pour ceux qui osent pas le faire. C'est trop facile de pointer la carte de la responsabilité des autres pour te dédouaner de tes crimes. Tu le sais très bien Mørk. Le seul responsable pour les trucs qui sont arrivés comme tu dis, c'est toi. Pas ceux qui récupèrent les victimes en larmes derrière tes passages. » Ma voix est sombre, trop grave, la menace vibre dans mes muscles qui contractent chaque fibre dans une entrave douloureuse. L'envie de cogner son crâne contre le sol bat furieusement dans les mains. « Mais si tu tiens tant à être arrêté, il suffit de le dire Fredrikke. Donne-moi la moindre occasion et je m'en saisirai avec plaisir. Ma hargne et moi on se satisfera d'un procès pour épancher notre colère. » Je marque une courte pause, l'esprit sent que la signification des dernières phrases du tireur d'élite reste encore floue et que le sort se concentre autour de ce nœud de mots en particulier. « Si c'était bien de toi que tu parlais ? Ton foutu sortilège me fou le doute sur ce que tu disais. Après si c'est Tveit que tu veux coincer, fais-toi plaisir. » Sur son divan, Mjöll observe avec une intensité de feu le koala, retenant ses mots, mais s'amusant désormais à courir tout autour de lui suivant des mouvements saccadés et rapides.



Résultat dé:



Although I felt like giving up It's not the road I chose
Fredrikke Mørk
Fredrikke Mørk
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Mon sort frappe ma cible, sans que je n’en éprouve la moindre satisfaction. Je l’ai lancé par impulsion, davantage pour camoufler le sens de mes dernières paroles que pour alimenter le duel. Je sens la colère qui afflue en moi, par vagues successives. Cette rage est-elle vraiment dirigée vers l’auror qui me fait face ? Que partiellement. J’en veux surtout à Fredrikke d’avoir rendu la hargne des autres à son égard si commune, j’en veux à ses collègues, à ceux qui l’ont soutenu, à ceux qui ont volontairement fermé les yeux. Et je m’en veux, surtout, d’être ce type, de ne pas avoir réussi à faire bien mieux en un an. « N'inverse pas les rôles, le meurtrier qui tenait la baguette c'était lui et rien ne changera jamais ça. » Je fronce les sourcils sans vraiment comprendre de quoi il parle, mettant sa phrase sur le compte du sortilège de confusion. Quel meurtrier ? Est-ce que Magni sait quelque chose sur Fredrikke à ce sujet et pourrait m’apporter des réponses ? J’hésite une seconde de trop, ne contrant pas l’éclair rouge qui se dirige vers moi. Mes yeux s’écarquillent lorsque j’aperçois l’orchidée pourpre qui s’est logée au creux de ma paume, signe étrangement apaisant, dans une rencontre placée sous le symbole de la violence. J’ai le réflexe totalement débile de vouloir la protéger, et je tourne la tête pour chercher un pot dans lequel je pourrais la déposer, pour la planter correctement plus tard.

Cet instant d’inattention me vaut de ne pas voir Magni qui fonce vers moi, son corps déviant d'abord, avant que ses bras n'enserrent mes hanches. Je chute vers l'arrière et plutôt que de tenter de me protéger en ramenant mes bras derrière moi, je referme plutôt ma main sur l'orchidée, dans le but absurde de la protéger. N’est-ce pas ce que je tente de faire depuis mon réveil, au fond ? Sauver ce qui peut l’être, veiller sur la beauté des êtres que Fredrikke détruisait. Faire mieux. L'auror bloque ma jambe gauche sous la sienne, ainsi que mon bras qui tient ma baguette, sans que je ne tente immédiatement de me dégager : « Si tu tiens tant à jouer les héros, dénonce-le directement, Tveit, au lieu de te prendre pour un justicier dans l'ombre. Les témoins oculaires, voilà la différence. T'es témoin, parle pour ceux qui osent pas le faire. C'est trop facile de pointer la carte de la responsabilité des autres pour te dédouaner de tes crimes. Tu le sais très bien Mørk. Le seul responsable pour les trucs qui sont arrivés comme tu dis, c'est toi. Pas ceux qui récupèrent les victimes en larmes derrière tes passages. » Les mots sont précis et trahissent la connaissance que l’auror a de moi. Je me demande jusqu’où elle s’étend ; connaît-il des noms, des histoires que j’ignore ? Ses termes me laissent un goût amer, tant ils sont véridiques. Je suis responsable de ce qui est arrivé. Mais ce je m’est totalement insupportable et ne fait qu’augmenter cette agressivité qui chamboule tout en moi, brouillant ma bonne volonté. Je n’ai rien à voir avec cet enfoiré qui a accumulé les horreurs et les crimes. Rien à voir, non, et en même temps… C’est bien moi, ce coupable. Que je l’accepte ou non. « Mais si tu tiens tant à être arrêté, il suffit de le dire Fredrikke. Donne-moi la moindre occasion et je m'en saisirai avec plaisir. Ma hargne et moi on se satisfera d'un procès pour épancher notre colère. » Un rictus s’étire sur mes lèvres, simple tentative de conserver les apparences, alors que l’hésitation transparaît trop clairement dans mon regard. J’y ai repensé, depuis notre rencontre de la veille,  à cette idée de me laisser arrêter. Un procès, la prison…Ce serait laisser Fredrikke payer pour ses crimes. Un châtiment qu’il mérite. Mais ce serait aussi lui laisser toute la place, parce que je m’arrangerais pour retrouver cette mémoire que je fuis, avant qu’un jugement ne soit rendu. Ce serait disparaître, au fond, pour n’être plus que ce connard qui trouverait peut-être le moyen de s’en sortir encore, plutôt que d’être emprisonné. Et qui poursuivrait ses crimes, librement, rendant toute cette année d’efforts vaine et inutile. Ce serait laisser ma sœur seule, aussi, en l’abandonnant de nouveau à cet enfoiré qu’elle a toujours connu. Une dernière trahison, en somme. À moins que retrouver ma mémoire n’annihile pas tous les progrès faits dans les derniers mois, que subsiste cette conscience, ce désir de faire mieux. J’ai un fort doute, sur le sujet et je n’ai pas envie de l’expérimenter. Il resterait l’option de tout assumer, sans tenter de guérir de mon amnésie, sans redonner à Fredrikke la place qui lui revient de droit. Je n’ai pas le courage nécessaire pour un tel acte. J’essaie d’être une meilleure personne, de supporter les coups et les vengeances, mais je suis trop lâche pour accepter l’idée de passer des années en prison pour expier des crimes que j’ai en horreur et dont je ne me souviens pas. Même si je sais que je suis bien coupable, amnésie ou non. « Si c'était bien de toi que tu parlais ? Ton foutu sortilège me fou le doute sur ce que tu disais. Après si c'est Tveit que tu veux coincer, fais-toi plaisir. » Je suis plutôt satisfait que mon sortilège ait pu le troubler sur cet aspect, et recouvrir partiellement ma bévue. Mais je suis perplexe sur la suite, parce que ses mots sont trop justes ; Ashes avait raison de s’inquiéter, je m’enfonce bien trop rapidement dans la culpabilité. Je remue légèrement mon bras qui tient ma baguette, sans réellement tenter de le dégager : « Si tu voulais ce genre de moment avec moi plutôt qu’un entraînement Hammarskjöld, fallait me le dire. » Mon sourire moqueur ne camoufle pas mon hésitation. Mon cœur bat toujours vite, l’adrénaline n’a pas quitté mes veines, mais je ne parviens pas à enrayer l’idée qu’au fond, il a raison. Et c’est difficile, de se battre contre quelqu’un qui n’a pas tort. Je poursuis : « T’auras pas la satisfaction de m’arrêter prochainement, mais je ne suis pas fermé à l’idée sur le long terme. » Ma voix est plus espiègle, trop sincère. Cette possibilité virevolte trop dans mes pensées dernièrement, devant mon sentiment d’inutilité à faire mieux. Fredrikke détruisait tout ce qu’il touchait, tout ce qui pouvait fleurir. Suis-je voué à faire pareil, inévitablement ?Je me sens effroyablement seul dans ces luttes morales, surtout depuis que je tente de moins écrire à Alfhild. Seul pour prendre les bonnes décisions ou les mauvaises, pour juger ce qu’il convient ou non de faire. Je ne me dénoncerai pas moi-même, non, pas pour le moment. Mais pour Tveit… ? Le dénoncer, c’est probablement me coincer au passage, pour rien. Il ne serait peut-être même pas renvoyé. Je rajoute, froid : « Tu sais très bien comment ça fonctionne, pour des types comme Tveit…Et pour moi. Nos supérieurs ne sont pas tous dévoués et certains préfèrent fermer les yeux que de risquer d’entacher la réputation de la Brigade. Ce sera toujours plus facile pour eux de prétendre qu’une force légitime a été employée, et que c’était la faute de l’autre…» Je ne crois ni aux témoins, ni à l’efficacité des dénonciations. Parce que tant de personnes auraient pu le faire, à mon sujet. Ils ne l’ont probablement pas fait parce que c’était vain. J’aurais été protégé. Un rictus de dégoût s’étire sur mes lèvres à cette pensée, entièrement tourné vers moi et Fredrikke, alors que je continue : « T’as ramassé combien de mes victimes en larmes Hammarskjöld ? Si tu crois à ce point qu’il suffit de dénoncer une ordure pour régler la situation, pourquoi tu ne l’as pas fait ?  T’aurais pu au minimum venir me casser la gueule avant, non ? C’est clairement pas le manque de compétence, ton problème.  C’est peut-être juste que tu suis trop les règles. » J’ignore à quel point j’ai tort, dans ma supposition. Et je ne sais pas même ce que je cherche, réellement : qu’il me dise ce qu’il sait exactement sur moi, sur lui ? Qu’il sorte totalement de ses gonds ? Ma fylgia, exaspérée par les sentiments qu’elle sent en moi et les mouvements du lézard, fait résonner sa voix : « Vous voulez un thé aussi?  » Trop pris par mes réflexions et la discussion, j’en ai oublié d’être actif et de tenter plus efficacement de me dégager de là.

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@Fredrikke Mørk  | 17 février 2023 - Soirée


Je sens mes mouvements répondre aux ordres du cerveau m'indiquant que le sortilège de confusion ne visait qu'une action courte et ce point qui reste flou pour le moment dans ses phrases précédentes. Mais peu m'importe. Je pourrais toujours réécouter plus tard. Le corps entravé est une satisfaction qui remet peu à peu les pensées en place et fait redescendre légèrement la mauvaise tension précédente alors que l'instinct de l'auror reprend le dessus. Un souffle court mais maîtrisé, des muscles ferment mais non étouffant. Jusqu'à ce qu'il parle. A nouveau. « Si tu voulais ce genre de moment avec moi plutôt qu’un entraînement Hammarskjöld, fallait me le dire. » Son air moqueur, le ton employé, et encore son putain d'humour cynique me font grincer des dents. L'inspiration profonde se bloque dans les narines qui se dilatent sous le nouvel accès de rage. L'envie de lui péter le nez d'un coup de tête flambe dans mes veines tellement l'allusion m'écoeure, une fois de plus. Mais suréagir c'est déjà lui donné potentiellement trop d'indice sur les victimes dont j'ai connaissance. Trois pulsations contractent les mâchoires alors que je relâche enfin le souffle pinncé qui me brûle la poitrine. Les membres eux ont resserrés la pression des muscles. « T’auras pas la satisfaction de m’arrêter prochainement, mais je ne suis pas fermé à l’idée sur le long terme. » Son ton presque moqueur me dégoûte toujours un peu plus et je ne fais pas attention aux lueurs vacillantes de ses yeux, trop occupé à gérer les propres pulsations violentes qui tambourinent dans ma poitrine sous l'effet de cette rage contenue qui ne supporte pas les contraintes imposées par la dimension professionnelle que je lui impose. Dans d'autres circonstances, hors du chantier immense de cette affaire, les coups seraient déjà partis, nombreux, intenses, trop forts peut-être même. Mais malgré le cadre de l'entrainement volontaire je n'arrive pas à lâcher le fond de l'enquête et l'idée qui tinte toujours que cela n'est qu'un vaste piège dont je n'ai pas encore saisi tous les artifices. « Tu sais très bien comment ça fonctionne, pour des types comme Tveit…Et pour moi. Nos supérieurs ne sont pas tous dévoués et certains préfèrent fermer les yeux que de risquer d’entacher la réputation de la Brigade. Ce sera toujours plus facile pour eux de prétendre qu’une force légitime a été employée, et que c’était la faute de l’autre…» Je secoue légèrement la tête incapable de retenir ce signe d'énervement face à son point de vue biaisé. Est-ce donc cela qu'il pense sincèrement ? Être à l'abri de toute poursuite parce que sa parole aura toujours plus de valeur que celle d'un autre ? Est-ce qu'il manque à ce point de rigueur professionnelle pour être à côté de la plaque ? Bien sûr que la Brigade n'a pas envie d'être entachée dans une affaire de violences injustifiées, mais vu le climat politique actuel il est bien plus probable qu'elle dégage rapidement un ou deux membres problématiques en guise de bonne conduite que de garder des éléments qui apporteraient encore plus de crédit à ses détraqueurs. Et ceux-ci sont de plus en plus nombreux. D'une certaine façon, lui et moi en faisons partie par ailleurs. Les Enfants de Völuspá aimeraient voir le gouvernement actuel destitué et remplacé. Du moins Øyvind le souhaite et beaucoup d'autres avec lui. Je ne suis pas absolument contre l'idée non plus d'ailleurs, parce que le Roi a sans aucun doute une façon déplorable de gérer la crise actuelle. Mais il est hors de question de parler politique avec lui ce soir. Surtout pas au risque de me mettre dans une situation délicate au vu de l'enregistrement qui continue sa course dans ma poche de pantalon. « T’as ramassé combien de mes victimes en larmes Hammarskjöld ? Si tu crois à ce point qu’il suffit de dénoncer une ordure pour régler la situation, pourquoi tu ne l’as pas fait ?  T’aurais pu au minimum venir me casser la gueule avant, non ? C’est clairement pas le manque de compétence, ton problème.  C’est peut-être juste que tu suis trop les règles. » Au fond c'est presque drôle de l'entendre me reprocher de suivre trop les règles. Je sens l'amusement de Mjöll percer dans mes pensées. Là-bas, sur le divan, il se fou magnifiquement de ma gueule. Et moi, depuis ma position contre Fredrikke, je rage un peu plus de l'entendre dire autant de connerie sur la gestion des procédures légales. A croire que la formation des tireurs d'élite laisse bien plus à désirer que je ne le pensais. Est-ce qu'ils sont comme ça pour la plupart ? Tout dans la baguette et rien dans la tête ? Désespérant. Même si pour le moment, concernant le Mørk, c'est plutôt tout dans la bouche et rien dans les muscles. Il reste complètement placide sous la prise pourtant pas si complète que cela et assez facilement parable pour quelqu'un avec de l'entrainement comme lui. « Vous voulez un thé aussi?  » La voix de sa Fylgia m'arrache un éclair moqueur dans les iris et immédiatement j'entends Mjöll, trop heureux de pouvoir poursuivre sa petite commedie, enchaîner d'un ton toujours aussi amusé. « Je comprends mieux ce que tu disais pour prendre des coups sans les rendre. C'est vrai qu'il est plutôt passif pour un gars qui aime bien casser des gueules d'ordinaire. » Le lézard s'est figé sur le bord du dossier, à quelques centimètres de l'oreille poilue du koala. Je n'apprécie pas plus ce dernier que son sorcier pourtant je reconnais que la prise à assez durée et je resserre un peu plus les muscles, reajustant la prise sur son bras armé pour couper un peu plus la circulation sanguine. « Arrête avec tes allusions. Encore une fois l'humour sur tes propres délits ça prend pas avec moi. T'es pas le premier connard du genre que je croise, et à force je vais finir par penser que tu fais partie de ceux qui déversent leur haine par frustration.  » Le ton est rempli de cette rage que je leur réserve, celle toute particulière, acide et verte qui n'hésite pas à foutre des poings dans les nez pour casser des os. Putain homophobes. « et viens pas me dire que je me méprends sur tes idées j'ai assez de tes regards de dégoût ces dernières années pour savoir à quoi m'en tenir.  » D'un geste sec l'entrave est levée et un coup de pied vient taper dans sa main et faire rouler la baguette de quelques dizaines de centimètres. Un geste inutile, loin de tout fairplay dont je fais preuve en temps normal aux entraînements ou aux combats. Juste pour le plaisir. D'un mouvement rapide, je me redresse entièrement, là encore sans lui proposer une main pour l'aider à faire de même. L'idée de le toucher dans un geste aussi simple lance un frisson de nausée dans mes entrailles, incapable de dissocier ce bout de conversation des images mentales élaborées de toute pièce par le récit de son cousin. « T'as une bien piètre connaissance des réalités Mørk. J'imagine que tu as plein d'histoires sympas de vos arrestations Tveit et toi. Avec un bon dossier, les bons témoignages et ta parole en plus il fera pas long feu dans la Brigade. Ils seront trop heureux de le foutre à la porte et le donner en pâture aux agitateurs politiques.  » Je profite d'un court interstice pendant lequel je me remets en place, jambes légèrement écartées, baguette levée et idées claires pour le reprendre sur sa vision des choses. « Toi c'est différent. Une victime ou dix ce serait pareil. C'est pas à moi de forcer leur témoignage et leurs dépôts de plaintes. » Mes dents serrées laissent passer une voix seulement sifflante et ce n'est que lorsque Fredrikke s'est lui aussi remis en position que je lance la combinaison que je lui resservais. L'Expulso l'atteint, explose et le fait reculer de quelques pas. J'en profite pour changer ma baguette de main, armer mon poing et le lancer, plein de hargne, vers ses côtes.



Résultat dé:



Although I felt like giving up It's not the road I chose
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