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...where is your long hair ? (Kai)
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Angelo Borghese
Angelo Borghese
GÖTEBORG Livet är en kamp, ​​du måste förbereda dig för striden
Vingt heure dix-huit. Le vent fait bruisser les feuilles d’un cèdre à côté du bar. Ou un bouleau. Si ça se trouve, on lui a menti et il n’y a même pas d’arbre. Qu’un foutu poteau. Il se pose la question depuis deux jours. Pour vérifier et croire, il n’aurait qu’à s’approcher et toucher. Sauf qu’il ne veut pas le faire. Pas devant de potentiels témoins. Parce que s’il s’avance et effleure l’objet de son questionnement…s’il découvre que ce n’est pas un arbre et qu’on s’est foutu de sa gueule, il donnera une occasion supplémentaire aux clients un peu cons de se moquer. Et il est cent fois trop orgueilleux pour accepter – et tolérer – une telle possibilité. S’il ne bouge pas, s’il accepte de ne pas démêler le vrai du faux, il gagne.

Et il perd un peu plus de lui-même, par la même occasion.

Il écrase sa cigarette sous son talon, avant de glisser sa main dans la poche de son pantalon. Il en extirpe une flasque froide qu’il porte trop facilement à ses lèvres. Le goût prononcé de la vodka bon-marché ne le fait pas grimacer. On s’habitue à la médiocrité de la même façon qu’on s’habitue à ne pas savoir si on se trouve à côté d’un arbre. On avale l’amertume avec une bonne dose de déni, trois gorgées de rancune et une bonne rasade de défaitisme. Et d’espoir, probablement. Il ne parvient pas à se défaire de ce stupide cache-misère.

Il n’a pas d’attentes particulières pour ce soir. S’amuser, peut-être. Se détendre, passer un bon moment. Être Angelo pour quelques heures et pas seulement le patron aveugle du bar. Celui à qui on vient poser des questions inadéquates comme s’il était une bête de foire. Ou qu’on veut trop aider, comme s’il était un incapable. Il ne supporte ni l’un ni l’autre. Mais ce type…Il n’a pas été désagréable, le soir où ils se sont rencontrés. Il ne se rappelle pas de toute leur conversation, mais il se souvient de cette agréable impression d’être de nouveau, pour un court moment, Angelo. Juste Angelo. Un homme qui discute – et flirte – avec un autre. Comme avant. Les mains ont un peu erré. Il a pu constater qu’il avait les cheveux aussi longs que lui, et une barbe bien fournie. Pas de prénoms échangés, ils n’y ont pas pensé. Mais une adresse, le plus important. La soirée avait été trop courte. Elle s’était achevée par un baiser bien chaste au coin des lèvres, et un à bientôt qu’il n’avait pas tardé à mettre en application. Il lui a envoyé un hibou avec l’intention non-camouflée de prolonger la conversation écourtée. Les réponses se sont enchainées et l’invitation a été lancée – et acceptée. Un verre au bar, ce soir. Il le taquinera peut-être sur le caractère des aurors avec lesquels il travaille. C’est trop tentant pour ne pas être pris en compte. Et s’il est déjà jovial normalement, au moins avant son accident, il l’est encore plus avec quelques consommations dans le sang.

Lorsqu’il pénètre à l’intérieur de son établissement, il entend clairement le bruit de ses chaussures sur les planches de bois. Le bar n’est pas encore plein, et tous les sons résonnent dans le demi-silence, ponctué d’éclats de voix. Il est encore trop tôt pour les fêtards. Il passe derrière le comptoir, ouvre la porte à l’arrière, puis monte à l’étage pour se changer. Il enfile une chemise rouge qu’il aimait bien, à l’époque où il voyait, et dans laquelle il a fait coudre un R pour la reconnaître.

Sa montre aux points bombés indique vingt heure quarante lorsqu’il redescend. Un retard volontaire, pour aller vers l’inconnu avec assurance, comme s’il voyait, plutôt que de l’attendre comme un con inapte derrière son comptoir. Il questionne son serveur sur les nouveaux clients, si l’un d’eux semble attendre quelqu’un. L’employé lui donne quelques indications, tout en préparant les verres qu’il lui a demandé. Deuxième table vers l’avant, à droite, chaise orientée vers le mur…L’aveugle se remémore ces éléments alors qu’il s’avance vers la dite table, un breuvage dans chaque main. Il heurte presque une chaise, mais s’arrête au bon moment. Il dépose les contenants sur la table, tandis que son sourire s’étire : « Kai ? Je suis heureux que tu n’aies pas eu à faire du temps supplémentaire. » Il ne sait pas trop précisément comment ça fonctionne sur le sujet, chez les aurors, mais s’il se fie au peu qu’il lui a dit par lettres, l’horaire doit être quand même chargé. Il reprend en pointant du menton l’endroit où il a déposé les verres : « London mule. Je ne t’offre pas de vin, celui du bar est imbuvable. » Et c’est un euphémisme.
Kai Blumenthal
Kai Blumenthal
GÖTEBORG Livet är en kamp, ​​du måste förbereda dig för striden
flashback - 2019
@Angelo Borghese

Sa montre indique vingt heures trente lorsqu'il franchit la porte du bar. Pas une seule seconde de retard, comme à son habitude. La fameuse ponctualité allemande, comme auraient dit ses collègues qui aiment bien le taquiner à ce sujet.
Étonnamment, les tables sont encore clairsemées malgré l’heure déjà un peu avancée. Tant mieux. Il n’a jamais apprécié les endroits trop bruyants, surtout pour ce genre de rendez-vous. Il en choisit une un peu à l'écart de celles déjà occupées et s’installe.
Il retire la veste de son costume trois pièces en tweed, découvrant une chemise blanche soigneusement repassée, dont le col italien est fermé par une épingle ornée à chaque extrémité d’une alexandrite chatoyante.
« Kai ? Je suis heureux que tu n’aies pas eu à faire du temps supplémentaire. »
Il se redresse immédiatement à l’approche de cette voix qui l'interpelle avec chaleur. Un sourire étire ses lèvres, alors qu'il regarde Angelo déposer deux verres sur la table et s’installer face à lui.
« Moi aussi. J’avais hâte de venir, ma journée n’a pas été des plus passionnantes. »
Il a un peu honte d’avouer qu’il ne se souvient pas vraiment de son visage. Ou de quoi que ce soit d’autre de la soirée qu’ils avaient passée ensemble, à vrai dire. Il avait beaucoup trop d’alcool dans le sang et n’a gardé de son compagnon de beuverie qu’un souvenir très flou. Il ne se rappelait pas qu’il était aussi musclé, d’ailleurs, mais c'est loin de lui poser problème.
« London mule. Je ne t’offre pas de vin, celui du bar est imbuvable. »
Ça non plus, ça ne le dérange pas, il n’a jamais aimé le vin, de toute façon. Et puis il n’a pas envie de finir la soirée complètement ivre comme la dernière fois. Il a envie d’en profiter, réellement, pour apprendre à connaître Angelo.
« Tu t'en es souvenu. Le sourire de l’auror s'élargit, agréablement surpris. Merci, et à ta santé! » Ajoute-t-il en faisant doucement tinter son verre contre le sien.
« Comment vas-tu depuis notre dernier échange ? »




healed wounds
the skin a bit thicker than before - cut me open and the light streams out. Stitch me up and the light keeps streaming out between the stitches.
Angelo Borghese
Angelo Borghese
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« Moi aussi. J’avais hâte de venir, ma journée n’a pas été des plus passionnantes. » Pourtant, elle a probablement été plus intéressante que la sienne. Il s’est levé trop tard, avec un mal de crâne tenace. Il lui a écrit, avec un peu d’espoir, beaucoup de lassitude, l’envie simple de passer du bon temps et le plaisir véritable de voir – façon de parler – que cette envie était peut-être partagée. La perspective de boire un verre avec lui en soirée a rendu le reste de sa journée un peu plus tolérable : boire avec quelqu’un, c’est un but sommaire, mais c’est un but tout de même. Il n’a pas besoin de davantage, pas alors qu’il n’est plus en mesure de se fixer des objectifs qui dépassent les vingt-quatre heures. Il vit au quotidien, sans plus rien attendre de l’existence.

Il pointe son verre, en mentionnant qu’il s’agit d’un london mule. Il n’a jamais envisagé de changer le vin de son bar et de l’importer d’un autre vignoble, tout en sachant qu’il est de qualité médiocre. Ceux qui viennent ici n’y viennent pas pour la qualité de l’alcool. « Tu t'en es souvenu. » Il sourit en haussant les épaules, l’air de dire que c’est naturel. Et ce l’est. Il se soucie des réponses qu’on donne aux questions qu’il pose ; ce type lui a permis de passer un bon moment, le soir où ils se sont rencontrés, et il veut réellement en savoir davantage à son sujet. « Merci, et à ta santé! » Il lève son verre naturellement, sans chercher à aller à sa rencontre. Il perçoit moins bien les sons tels le froissement de tissu et le déplacement des membres, dans l’arrière-plan du bar. L’homme fait tinter son verre contre le sien et son sourire s’élargit, juste avant qu’il n’avale une gorgée sans goût. « Comment vas-tu depuis notre dernier échange ? » Il ne peut jamais répondre à une telle question frontalement. Vieux réflexe de psychomage : il n’aime pas s’étendre sur ses états d’âme, sur comment il va. Surtout dans un tel rendez-vous, où il espère bien que la soirée agréable de la dernière fois se reproduira. Moqueur, il répond : « Toujours la gueule de bois. Je t’accompagnerai pas trop largement ce soir, d’ailleurs. » Parce qu’il a déjà bu avant, mais aussi parce qu’exceptionnellement, il préfèrerait ne pas être trop ivre. Il veut profiter réellement de la présence de cet homme – prénommé Kai, s’il se fie à la signature de ses lettres. Il précise, ponctuant sa phrase d’un clin d’œil qui s’ouvre sur des iris d’un bleu fantomatique : « Je préfèrerais ne pas oublier des bribes de la soirée, comme la dernière fois. Habituellement j’ai une bonne mémoire, surtout quand la personne m’intéresse. » Sa voix a des intonations chaudes, son bras traîne négligemment sur la table. Il ne cache pas son intérêt : il n’a jamais été doué pour la subtilité. Mais s’ils ne font que discuter, ça lui ira aussi. Il n’est pas du genre à brusquer quoi que ce soit. Il rajoute : « Et toi, ta journée avec les aurors ? Pas trop éreintante ? » Il se demande à quoi ressemble une journée en tant que directeur de ces gens. Est-ce comme gérer une crèche ? Il ne tient pas en haute estime ce type d’individus, mais il se méfie encore davantage des tireurs d’élite.
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