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sauter à l'élastique (kai)
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Chao-Xing Amundsen
Chao-Xing Amundsen
GÖTEBORG Livet är en kamp, ​​du måste förbereda dig för striden
La nuit avait été longue, et agitée.
Smite al-même était épuisæ ; al l'avait passée à alterner entre ses formes, à prendre les couleurs de la confusion de Chao-Xing, s'était souvent retrouvæ brumeuxe, à l'image des souvenirs contradictoires dont iels tentaient de faire sens. Ce matin-là, al aurait voulu pouvoir voler, se laisser porter par les courants d'air chauds et froids dont lui avaient parlé ses camarades ailé.e.s, jouer dans le vent scandinave au-dessus de la tête de sa sorcière. Faute de mieux, al était lovæ dans le creux de son cou, ses quatre pattes fermement accrochées à la fine peau parcourue de frissons incessants, le bout de son nez reptilien posé sur l'extrêmité de sa queue large et plate. Al avait choisi par défaut sa forme la plus discrète, et les gris de sa peau disparaissaient dans les ombres du menton de Xi. Al s'endormait à moitié, bercæ par les pas décidés de la militaire, mais refusait de se laisser aller dans les bras de Morphé : elle avait besoin d'al.
La journée serait longue, et éprouvante.
Mais c'était, pour une fois, le choix de Chao-Xing. Elle s'accrochait à ce mantra pour ne pas se laisser dévorer par la peur grandissante qui lui labourait le ventre, pour ne pas finir avalée par les liens puissants qui lui hurlaient de faire demi tour. Ce n'était plus possible, plus depuis qu'elle les sentait à l'œuvre dans chacune de ses décisions, plus depuis qu'ils étaient contrés par une force chaotique mais puissante. Elle devait identifier ce contrepoids, cette voix qui lui parvenait parfois d'au fond d'elle-même, ces images qu'elle avait remis dans l'ordre et qui créaient un tableau terrifiant. De toute façon, elle avait tourné le dos à son nom en refusant les dernières audiences que son père avait fixé ; elle n'avait aucun doute quant au fait que son temps était désormais compté. Elle n'avait plus une minute à perdre.
La ville était immense, et labyrinthique.
Pourtant, en quelques mois Chao-Xing s'en était emparée, avec une aisance qui l'avait surprise. Une aisance dont elle faisait désormais sens, trace des adaptations successives, forcenées, auxquelles elle s'était pliées puis avait été soumise. Une aisance qui lui servait désormais, car elle n'avait qu'à se laisser porter par l'habitude jusqu'aux portes du Ministère. Sa volonté, et les encouragements de Smite, étaient pour leur part tout entièrement tourné vers l'effort motriciel, actif, qu'elle devait fournir pour résister à la compulsion qui lui imputait de retourner chez elle (un chez-elle changeant, dont l'image alternait brusquement entre le nid qu'elle s'était construit ici, le manoir familial et sa chambre chirurgicalement organisée, et une maisonnette anglaise qui lui paraissait terriblement attirante malgré son étrangeté. Avant qu'elle s'en rende compte, elle était au Ministère.
La conversation serait longue, et étourdissante.
Elle ne prit pas la peine de prévenir de son arrivée, abusant de son accréditation militaire pour se frayer passage parmi la foule des employé.e.s gouvernementaux. Elle ne prit pas la peine de vérifier qu'il était là : malgré elle, elle avait appris son emploi du temps à force de l'observer inconsciemment, et elle n'avait aucun doute sur la présence de Kai Blumenthal dans les bureaux des aurors en ce lundi matin. Ce n'est qu'une fois devant la porte en question qu'elle s'arrêta. Plus précisément, qu'elle pila net. Ses talons s'enfoncèrent dans le sol si brusquement que Smite faillit être délogæ. Cela finit de lu réveiller et lu fylgia descendit le long du bras de Xi pour s'enrouler autour de son poignet, bracelet vert de jade rassurant. Du pouce, elle lui caressa la tête ; de l'autre main, elle frottait comme toujours le cliché que lui avait remis l'homme qu'elle venait voir, de nombreux mois plus tôt.
La conversation serait longue, et édifiante.
Chao-Xing avait fini de courir en avant, à l'aveugle, en rejetant les mains tendues sur son chemin pour s'agripper aux lianes qui lui enserraient les poignets (et l'esprit, devinait-elle désormais). Avec l'aide de @Viktor Brynjolf, avec le suivi du docteur @Maxwell Fehrwright, elle avait une image terrible de sa vie devant elle. Mais il lui fallait les mots, les yeux, la présence de @Kai Blumenthal pour trouver la clé du mystère qui continuait d'enserrer son cœur. Qui était-elle ? Elle inspira profondément, retint sa respiration, posa la main sur la poignée, et relacha l'air de ses poumons en même temps que le loquet de la porte. Le bureau était partagé par de nombreux aurors et elle dut scanner l'espace du regard pour trouver le bureau fermé du directeur. Avec une assurance qu'elle ne possédait plus mais dont elle savait toujours donner l'apparence, elle s'y dirigea et ouvrit la porte sans prévenir. Son cœur manqua un battement lorsqu'elle découvrit, derrière une table encombrée de dossiers, la silhouette désormais familière, vêtue d'un éternel costume d'excellent goût. Elle referma derrière elle, toujours sans un mot, et s'approcha, chaque pas plus timide que le précédent. Dans l'intimité de cette pièce, petit à petit le masque se fissurait et sa peur suintait. Elle tira la photo de sa poche et la déposa devant Kai.
La vie était longue, et inattendue.


Kai Blumenthal
Kai Blumenthal
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Le grincement de la porte le fait à peine réagir, noyé dans les grattements de son stylo plume sur le parchemin et les ronflements légers de sa fylgia, assoupie sur la chaise qui fait face à son bureau. Il ne lève même pas les yeux, persuadé que le bruissement de papier au-dessus de lui est une simple note de service ensorcelée.
Ce n'est que lorsqu'il remarque la respiration précipitée qui l'accompagne qu'il lève finalement les yeux. Il se fige, le mouvement de sa main suspendu dans les airs, statue de sel au regard perçant. Et il dévisage longuement la nouvelle venue sans un mot, pas entièrement convaincu qu’elle est réelle, qu’elle est bien là, devant lui.
Une éternité s'écoule avant qu'il ne retrouve l’usage de son corps. Il se redresse dans son fauteuil et rajuste son épingle de cravate, geste nerveux qui ne suffit pas à masquer les tremblements de ses doigts.
« Tu– Vous. Vous êtes venue. » Un constat évident, inutile, il en perd sa verve habituelle. Il n'espérait plus. Ou plutôt, il espérait encore beaucoup trop, vainement, désespérément. Il lui avait laissé toutes les cartes en main, tenté le tout pour le tout, la dernière fois qu'iels s'étaient vu•es. Il ne pouvait rien faire de plus.
Il s'autorise alors à briser le contact visuel pour regarder le papier posé devant lui, toujours sans un mot. La photo. Ses yeux font des aller-retours entre le cliché abîmé par les années et le visage de son ex-femme, si familier et pourtant si lointain.
Il ne sait pas comment parler à cette inconnue, quels sont les mots qu’il faut prononcer pour la convaincre de lui accorder son temps. Pour retrouver Clarice dans l’océan insondable qu’est Chao-Xing Amundsen. Si c’est même possible. Si elle est encore là.
« Asseyez-vous, je vous en prie. » Reste, je t’en supplie. Les mots restent coincés dans sa gorge. Même Ismeria, qui n'est pourtant jamais en reste, ne trouve rien à dire. Elle se contente de quitter le fauteuil d’un bond pour aller se cacher derrière le bureau, dardant un regard méfiant sur la femme.




healed wounds
the skin a bit thicker than before - cut me open and the light streams out. Stitch me up and the light keeps streaming out between the stitches.
Chao-Xing Amundsen
Chao-Xing Amundsen
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C'est mon choix.
Elle sent le lien, dans son ventre, en plein centre, au-dessus de son nombril. Il pèse, il tire en arrière. Chaque pas est plus dur que le précédent ; c'en devient presque douloureux. Quand elle arrive au pied du Ministère, elle a la nausée, le cœur qui lui remonte dans la gorge, les tympans vrillés d'un battement sanguin bien trop rapide, le regard parasité par des tâches sombres et des points violemment lumineux. Seul son entraînement martial lui permet d'avancer dans l'immense hall, et cette voix qui ressemble à la sienne sans tout à fait l'être.
C'est mon choix.
Une inspiration, une caresse sur la tête de Smite, un dernier regard à la photographie. Une porte poussée, un grincement de gonds, un regard trop bleu. Des mots balbutiés, une gorge nouée, un geste désespéré. Chao-Xing est incapable de faire sens de la situation, de l'endroit où elle est, de l'homme qui se trouve face à elle, des sensations qui la secouent de part en part. San fylgia non plus ne sait plus que faire, al grimpe et descend le long de son bras, court entre le cou et le poignet, entre deux pouls tambourinant, sans parvenir à canaliser le torrent ni à en chevaucher les vagues pour guider son humaine.
« Tu– Vous. Vous êtes venue. »
C'est mon choix.
Aux prises avec le trop plein, Xi ne parvient pas à répondre, pas à réagir. Elle reste plantée devant le bureau de Kai Blumenthal, figée, coincée, prisonnière. Si le chemin a été difficile, elle sent désormais la pleine puissance des sortilèges-techniques-hypnose-potions-mentalisme-paroles-traumas-répétitions-enchantements-prisons-mentales-cage-dorée-chansons-douces-violences-amours et son souffle se coupe, elle étouffe.
« Asseyez-vous, je vous en prie. »
Elle se laisse tomber sur la chaise, poupée désartibulée. Son bras est toujours posé sur le bureau, ses doigts crispés sur le cliché ; le membre semble indépendant du reste de son corps. Seuls les yeux de Chao-Xing sont encore actifs, présents : ils scrutent les yeux bleus de Kai, observent sa chevelure argentée - lui imaginent des reflets blonds d'une jeunesse passée -, retournent à la photo qui les représentent tous les deux.
C'est mon choix.
« Aidez-moi. »


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