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if all else fails (maxwell)
Chao-Xing Amundsen
Chao-Xing Amundsen
GÖTEBORG Livet är en kamp, ​​du måste förbereda dig för striden
if all else fails
13 décembre 2021 Un réveil. Un énième réveil.
Chao-Xing entrouvre les yeux. Elle se frotte les paupières, essuie le sommeil qui s'y prélasse, le chasse du revers de la main. Elle s'étire lentement. Les muscles de son corps s'éveillent un à un, d'abord les trapèzes dans le haut de son dos, puis les biceps, et jusqu'à chaque phalange qu'elle déplie soigneusement. Elle prend le soin de sentir chaque membre, après ses bras passent les jambes, les genoux qui commencent à fatiguer des combats qu'elle leur impose, la plante des pieds qui connaît mille textures de sols pour s'y adapter. Elle revient enfin au ventre, le cœur de son être. C'est de là que provient le hurlement des loups. Elle inspire profondément, gonfle ses poumons d'oxygène, retient son souffle et compte jusque cinq.
Elle expire enfin, et ses yeux papillonnent une dernière fois avant qu'elle ne se redresse. Elle s'apprête à machinalement tendre le bras pour attraper sa baguette, lorsqu'un mouvement, sur sa couette, attire son regard. Rien. Elle fronce les sourcils mais ne s'attarde pas sur cette bizarrerie. Ce devait être un pli. Elle a dû mouvoir sous les draps. Elle tourne de nouveau la tête vers sa table de nuit, où trône sa baguette et son harnais. A nouveau, du coin de l’œil, elle aperçoit des petites pattes qui se précipitent au travers du lit. D'un mouvement vif, elle pose la main dessus, resserre les doigts, plante un regard acéré sur la bestiole qui l'envahit. Rien. Les sourcils de la sorcière se froncent et la ride au milieu de son front se creuse.
Elle repousse la couverture et quitte son lit. Distraite, elle enroule le harnais autour de son bras, y glisse sa baguette magique, mais son esprit n'est pas impliqué dans l'exécution de ce rituel ancrant. Elle se dirige vers la petite cuisine de son appartement ; malgré les mois qu'elle a passé à Göteborg, son logement est toujours nu de toute décoration, sans vie. D'un mouvement du poignet, elle lance la préparation de son petit déjeuner et va se passer de l'eau sur le visage. Elle réfléchit à toute vitesse, à ces nausées qui la prennent depuis quelques semaines, à ces visions de plus en plus fréquentes. Son estomac se tord à l'évocation de la première fois où elle a cru voir un lézard sur son bras, en plein entraînement. Le sort de feu qui a suivi, destiné à son adversaire, a finalement consumé sa propre chair et, par la même occasion, son égo.
D'un mouvement de tête, elle prend sa décision. Elle attrape une plume dans un tiroir, un bout de parchemin qu'elle déchire de l'une des innombrables listes empilées sur sa table, et griffonne un mot à destination de l'hôpital de la ville afin de prendre rendez-vous avec le docteur Fehrwright. Elle n'était pas convaincue la première fois qu'elle l'a consulté mais force était désormais de constater qu'il la soignait extrêmement bien et qu'il semblait comprendre les problématiques qu'elle rencontrait plus rapidement qu'aucun autre soignant. D'un nouveau coup de baguette, la missive disparut pour réapparaître dans le bureau du médecin au Sindri Sjukhus. Quelques heures plus tard, c'était à elle d'y faire son apparition.

Une visite. Une énième visite.
Chao-Xing lisse de la paume de ses deux mains la chemise blanche qui lui ceint la taille, d’un geste nerveux de la tête elle balance sa chevelure noire derrière son épaule, puis elle s’avance d’un pas démesurément sur vers l’accueil de l’hôpital. Elle adresse un sourire froid à la réceptionniste, qui l’accueille avec son éternel professionnalisme bienveillant. « Madame Amundsen, le docteur vous attend », souffle-t-elle après avoir consulté le calendrier magique qui flotte perpétuellement devant elle ; et Xi voudrait lui arracher son sourire, ôter son nom de sa bouche. Elle déteste le fait que tout le personnel la connaisse, comme un rappel du nombre de fois où elle a parcouru ces murs pour revenir, encore et toujours, au bureau de Maxwell Fehrwright.
Dans l’ascenseur, elle adresse un signe de tête poli mais absent au garçon en charge de sortilège de monte. Les yeux clos, elle masse ses tempes douloureuses. Un compagnon de route tente d’entamer la conversation par un avenant « ah, vous aussi ! » mais elle le fait taire d’un regard noir et impérieux. Elle le voit se ratatiner sur place et la fierté gonfle son thorax. S’il savait son nom, il aurait déjà disparu dans les murs de la cabine magique. Le garçon arrête le véhicule d’un geste maladroit de sa baguette, et Chao-Xing lui passe devant sans un mot ni un regard. L’homme, derrière elle, bégaie des remerciements malgré l’arrêt brutal et chancelant, avant de la suivre dans le couloir. Elle ne peut retenir un soupir, priant Thor qu’il ne pollue pas beaucoup plus longtemps son espace vital. Elle a déjà la patience à vif ce jour.
Heureusement, elle a à peine le temps de s’installer dans la salle d’attente que la porte du docteur Fehrwright s’ouvre. Il l’appelle et elle se redresse, presque comme une écolière prise sur le vif d’on ne sait quelle bêtise, avant de s’avancer vers lui. Elle s’efforce de lui offrir un sourire et le salue avant de s’asseoir sur la chaise de bois, le siège le moins confortable qu’elle ait trouvé dans cet espace de soin. « Merci de me recevoir si rapidement. Je ne viens pas pour une blessure, cette fois. C’est… » Les mots lui échappent, elle ne sait comment expliquer ce qui lui arrive. Son regard se baisse, se perd dans l’observation du bureau du médecin ; tout pour ne pas penser à sa faiblesse. Finalement, elle se rappelle un article aperçu dans la salle d’attente et en reprend les mots exacts : « Comme Le Parchemain l’écrit. C’est comme Le Parchemain l’écrit. Des maux de tête, des nausées, des cauchemars, et… des visions ? Toujours du coin de l’œil. C’est peut-être juste la fatigue. Ou l’air de Svalbard qui me manque. La pollution, moldue et magique, est très présente, dans cette ville, » assène-t-elle en relevant les yeux vers le docteur, esquissant un geste vague de la main vers l’extérieur de l’hôpital.