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always on the run while my plans are free (jasper+magni+magnus+yazhu)
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Chao-Xing Amundsen
Chao-Xing Amundsen
GÖTEBORG Livet är en kamp, ​​du måste förbereda dig för striden
plans are free

Vendredi 16 décembre 2022, 18h03 La petite aiguille se déplace avec lenteur le long des traits des secondes. Chaque mouvement fait un bruit sourd qui résonne dans le bureau. Chao-Xing fixe le cadran, incapable de s'en détacher, incapable de faire semblant. Plus rien n'a de sens, et certainement pas continuer à jouer la mascarade. Ce n'est que la peur insidieuse qui la retient entre ces murs ; non pas la peur de sa hiérarchie, mais la peur de son père, de sa mère, de son nom. Amundsen comme une sentence, une condamnation, une cage dont il est impossible de s'échapper. Elle n'est pas seulement prisonnière de cette pièce, sobre et ennuyeuse, où les lieutenants gradés signent des ordres sans plus avoir la moindre conscience de leur effet sur le terrain ; pas seulement prisonnière de ce bâtiment gris et vieux, qui prend la poussière sous le brillant apparent de la grandeur de l'institution historique, alors même que le Royaume de Scandinavie ne fait plus tant de mouvements de troupes que cela ; pas seulement de cette ville, qu'elle s'obstine à essayer de comprendre mais qui lui échappe, lui file entre les doigts. Xi est prisonnière d'elle-même. Et cette réalisation est la plus douloureuse de toutes, parce qu'elle ne fait aucun sens.
La grosse aiguille fait un clonk très particulier. Elle se meut, lourde, grosse, grave, et rejoint la petite sur le trait des six heures, le mécanisme s'ajuste, l'air vibre un peu, puis la course du temps reprend son rythme lent. Mais Chao-Xing a sauté sur ses pieds. Elle replace nonchalamment une mèche de cheveux derrière son oreille, sourit aux deux collègues qui ont levé le nez de leur paperasse, avant de vaguement remettre de l'ordre sur son propre bureau. Elle passe son emploi du temps de la semaine suivante en revue une dernière fois, par habitude, par mécanisme, par conditionnement, et place le document en haut à droite de l'espace de travail qui lui est dédié, avant de récupérer sa cape sur le dossier de son siège. Menton haut, elle fait résonner ses talons sur le sol et quitte le lieu en saluant qui de droit. Ce n'est qu'une fois dans l’ascenseur, cachée derrière deux supérieurs et une petite dizaine de travailleurs de bas étage, qu'elle s'autorise à souffler. Elle s'adosse au chambranle pendant que la boîte entame sa descente, le dos droit malgré tout, mais son regard habituellement perçant s'adoucit et se perd dans le vide.
Elle tente de remettre de l'ordre dans sa vie ; les dernières années ; les derniers mois. Commençons petit. Le majordome lui ouvre la porte et elle le remercie d'un geste de la tête courtois, qui le prend au dépourvu tant elle s'est donné jusque-là l'image d'une femme froide, distante et de peu d'égard pour la petite gente. Elle déglutit difficilement, mal à l'aise face à ce constat. C'était pourtant elle, pourtant vrai, du moins le croit-elle. A quel moment y a-t-il eu revirement ? Lorsqu'elle a vu le bateau de Durmstrang franchir la ligne d'horizon sans parvenir à distinguer la silhouette de Yazhu parmi les élèves ? Quand elle a croisé le regard bleu hivernal d'un certain Kai Blumenthal, qui s'obstinait à lui parler alors qu'elle ne souhaitait que sa disparition de son champ de vision, de son champ de conscience ? Le jour où elle a franchit le seuil du cabinet du docteur Fehrwright dans l'urgence et la panique, accompagnée d'un lézard nonchalamment posé sur son bras, et qui revenait chaque fois qu'elle tentait de s'en éloigner ? A l'instant où Yazhu lui a de nouveau tourné le dos, furieuse, promettant de faire l'inverse de ce que sa mère lui demandait avec des suppliques larmoyantes, de s'engouffrer tête la première dans ces étranges colonnes lumineuses qui, selon Oyvind et la doctrine des Enfants de Voluspa, menaient au monde des Dieux ?
Elle n'en savait rien. C'était exaspérant. C'était insupportable. C'était douloureux. La sensation de perdre contact avec elle-même, de ne plus rien savoir de sa propre identité, la secouait fondamentalement. Son tumulte intérieur, toutefois, était invisible pour les collègues qui pouvaient la voir traverser le hall d'entrée de la base militaire, tête haute, port altier. Elle sentait même qu'elle inspirait le respect à certain.e.s, qui s'effaçaient imperceptiblement à son passage. Pour se détourner de cette étrange vision, elle se mit à fouiller dans son sac à main ; c'est là qu'elle tomba sur le token des Enfants, dont émanait une faible lumière. Elle soupira et le repoussa au fond, le cacha sous ses affaires. A la place, elle attrapa un bout de parchemin et sa plume de poche. Une fois dehors, elle inspira profondément, s'éloigna de quelques rues puis choisit un banc propre pour tenter de griffonner un mot à l'attention de Felix. Elle avait besoin de discuter.

Résultat du dé :
réussite Chao-Xing écrit le petit mot et entame le sortilège pour l'envoyer à Felix.
échec Jasper arrive avant qu'elle n'ait eu le temps de finir d'écrire.

@Jasper Strandgaard  @Magni Hammarskjöld  @Magnus Skogr  @Yazhu Amundsen


Jasper Strandgaard
Jasper Strandgaard
GÖTEBORG Livet är en kamp, ​​du måste förbereda dig för striden
Retrouver Chao-Xing Amundsen, lui rappeler ses devoirs envers les Enfants, le cas échéant, l'oublietter. Pas de compassion, pas d'hésitation, pas de tentative de compréhension de l'autre.
La mission n'était pas plus compliquée que ça. Ça n'était, en tout cas, clairement pas la plus dure qu'on lui ai donné jusqu'à présent, au Strandgaard. Pour l'occasion, Oyvind l'a mis en équipe avec deux autres Enfants qu'il a largué pour le moment, gérant seul le début de la mission ; c'est sa spécialité après tout. Retrouver, traquer, filer des individus ayant un peu trop tendance à passer entre les mailles du filet. Récupérer des informations. Relever les petits détails importants. Les retenir. Les utiliser pour plus tard. C'était le genre de petit boulot qu'il faisait durant sa scolarité pour payer les années d'études que sa famille refusait de financer.
Il n'a pas cherché à en apprendre plus sur le pourquoi du comment de la mission – ça n'est pas qu'il n'est pas curieux, c'est qu'il était juste beaucoup trop fier que l'homme derrière les Enfants la lui ait confié à lui. Beaucoup trop fier qu'il reconnaisse qu'il était suffisamment bon dans ce qu'il fait pour pouvoir accomplir ce genre de chose, n'en déplaise à Ozymandas, celui censé le... Former. Pheu. Avide de reconnaissance, avide de montrer qu'il vaut autant que les Sang-Pur du mouvement, avide de montrer qu'il vaut quelque chose malgré l'échec de ses fiançailles, c'est ce qui a fait que pour une fois il n'a pas posé de questions, que pour une fois il n'a pas protesté face aux ordres trop direct qu'il a reçu.
Les yeux sur les vitrines des magasins bordant le bâtiment militaire, il sourit doucement à une petite fille qui passe avec sa mère et qui lui rend le geste, timidement. Négligemment, il ramène une mèche de cheveux roux en arrière, les longues ondulations caressant ses épaules alors qu'il fait mine de comparer le prix d'une veste à une autre. L'intérieure de la base militaire est strictement interdite au public, mais il a pu faire un court et bref tour sous le visage d'un autre, un jeune militaire qui a passé sa soirée à boire et se réveillera l'esprit flou, dans son lit, sans aucun souvenir de s'être rendu à son travail la veille, et ce afin que l'espion puisse se rendre compte des différentes sorties possible, et du meilleur plan à employer.

C'est sans surprise qu'il voit sa cible sortir du bâtiment et il n'attarde pas son regard sur elle, faisant simplement quelques pas le long du magasin, ses doigts fins sortant de sous la cape beige pour faire quelques signes discret. Il plisse un peu le nez en tombant sur une fourrure d'Almasty. Du pire mauvais goût, vraiment. Au bout de quelques secondes, il sent le tiraillement familier et se laisse simplement porter par celui-ci, oblitérant la gêne et la douleur causée par l'éloignement de Vidar. Sa Fylgja et lui, malgré leurs nombreux désaccords, sont au moins tombés d'accord sur une chose : En mission ils font chacun ce qu'ils peuvent pour aider l'autre. Mettre leur partenaire dans les ennuis ne ferait que les mettre eux-même dans ces mêmes ennuis. Il sait donc que s'il bouge c'est parce qu'il a la sorcière en visu. Il prend peut-être trop de précaution, mais Oyvind a été clair : Elle ne se présente plus aux réunions, il se peut qu'elle cherche à se cacher, la discrétion lors de l'approche est de mise. Ils doivent pouvoir la confronter.
La démarche rapide mais pas affolée, il remonte la piste de sa Fylgja, sa main plongeant dans le sac qu'il porte à l'épaule, effleurant à l'intérieur un objet relié à cet instant à deux autres. Il avertit ses coéquipiers et signale le lieu où ils se trouvent. Ils devraient être capable de le retrouver. S'engageant à sa suite dans les rues, il reste hors de vue, faisant confiance – pour une fois – en Vidar pour y rester également. Elle avait de toute façon l'air bien peu attentive à sa sortie du QG militaire, il fallait bien l'avouer. Débouchant sur la rue finale, il voit la silhouette de leur proie assise sur un banc, concentrée sur quelque chose qu'il ne distingue pas tout de suite. Quelques secondes plus tard, alors qu'il se rapproche, toujours de la même démarche, un poids vient s'ajouter sur l'épaule du métamorphomage. «Elle écrit un mot sur un parchemin. Je n'ai pas pu voir ce que c'était.. » Le murmure atterri droit dans son oreille et Jasper acquiesce brièvement, le bout de sa baguette dépassant légèrement de sa cape alors qu'il arrive à portée de la femme. Un accio parchemin informulé, et le bout de papier se fait arracher de ses mains, voletant joyeusement vers le jeune homme. « Bonsoir Madame Amundsen. Navré de vous déranger, mais il semblerait que vous ayez raté plusieurs rendez-vous importants, ces derniers jours... » Délicatement, ses doigts attrape le parchemin, mais il ne quitte pas des yeux Chao-Xing, la baguette toujours discrètement pointé sur elle. «  Il faudrait nous suivre. » Il ne sait pas ce qu'elle a fait réellement de mal, ou ce qu'Oyvind compte faire une fois qu'ils lui auront amené, mais ça ne sera plus réellement son problème à cet instant. Le plus important est de réussir la mission.

Spoiler:
Magni Hammarskjöld
Magni Hammarskjöld
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ALWAYS ON THE RUN WHILE MY PLANS ARE FREE

@Chao-Xing Amundsen  @Jasper Strandgaard  @Magnus Skogr   | Vendredi 16 décembre - début de soirée


Le silence entre nous est oppressant. Il est l'un des seuls avec qui je ne prétends être personne, avec qui j'ai toujours été naturellement moi. Sans artifice, avec quelques dissimulations parfois, pour le bien de tous, mais jamais de mensonge entre nous, nous concernant. Et voilà que j'ose à peine porter mes yeux trop brûlants sur lui. Sa stature immobile m'étouffe, j'aurais préféré qu'il me parle, s'anime, de quelque manière que ce soit. Tout plutôt que ce masque de marbre. Pourtant je lui renvoie la même chose. Ce mutisme obstiné, mâchoire contractée et traits durs. Les émotions qui m'avaient traversé la première fois qu'il avait passé la porte des Enfants de Völuspa sont toujours les mêmes aujourd'hui. Colère, incompréhension, déception, peur, honte. Ce mais qu'est-ce qu'il fou chez les Enfants qui ne me quitte plus depuis. Ce malaise d'imaginer qu'il doit se poser la même question, et ce sentiment cuisant de honte qui me brûle la gorge. Parce que oui, j'ai honte d'être là, d'avoir cédé à la paranoïa une fois de plus, et de m'être laissé embarquer dans une organisation légèrement extrémistes dans ses positions. Et si Øyvind tente au quotidien de ne pas se laisser coller cette étiquette, notre mission d'aujourd'hui en est la preuve la plus parlante.
J'étais plutôt convaincu de quelques idées centrales et même convainquant dans mon rôle au début de mon intégration, aujourd'hui je suis plutôt convaincu qu'il faut que je reste pour observer, et sur l'instable fil du rasoir. J'aurais aimé pouvoir me retirer de cette mission, la refuser elle aussi, mais je l'ai déjà trop fait et je sens qu'il n'aurait pas été bien vu que je me défile une fois de plus. Peut-être même qu'Øyvind m'a placé ici comme un rappel, subtile, des conséquences si je continue sur ma lente mise en retrait.

Oublietter une personne.

La vague de panique qui enflamme mon souffle me fait me redresser du rebord en pierre sur lequel j'étais nonchalamment assis dans le parc désert perdu en pleine nature où Magnus et moi attendons des nouvelles de Jasper, parti à la quête de notre cible. Dans un tourbillon de souvenirs, je revois Alva, ses yeux noirs vitreux, le vide de sa mémoire dans laquelle j'avais navigué comme dans un lac translucide. Vide. Infiniment et désespérément vide. Vide de nos souvenirs, de notre vie à deux, à presque trois. Le cœur s'emballe, la raison se fracture, et le cœur s'élance. D'un mouvement le corps se tourne vers l'ami, le confident de longue date, celui admiré pour sa vertue et sa droiture. Une main libre qui s'agrippe à l'épaule, lueurs d'appel dans le fond d'iris devenues pluie d'orage. « Magnus écoute je ne... » La sphère logée au creux de la main s'active, l'anneau tourne dans un doux et infime chuintement métallique. Jasper. Comme si ce simple contact avait enflammé l'ensemble du système nerveux, le corps se recule, pris d'un sursaut électrique. Je secoue la tête, négativement, recule de quelques pas sous les tambours battants d'un palpitant qui hurle. D'un coup de baguette magique, j'active le sort de localisation couplé à l'objet qui ne cesse de tournoyer.  « C'est en plein centre ville. Quartier des affaires. Comme prévu, on y va ensemble au cas où elle voudrait résister, et on l'a ramène ici tous les trois. T'éloignes pas, c'est ta première mission, au moindre geste de travers je serai obligé de t'arrêter. Et on sait tous les deux qu'au corps à corps je te domine largement. » Ce n'est même pas une vraie menace. Si une telle chose devait arriver, les chances pour que je tente quoi que ce soit contre lui sont entièrement nulles. Peut-être même que j'en profiterais pour me rallier à ses côtés et laisser toutes ces merde derrière moi. Le ton est même franchement dans une tentative désespérée de connerie lancée à l'ami plutôt qu'au partenaire de mission.  Une tentative floue de lui lancer, subrepticement, un appel à l'aide. « On transplane ensemble quand t'es prêt. » Parce que si on attend ce même état de mon côté, on risque d'attendre longtemps.




Although I felt like giving up It's not the road I chose
Magnus Skogr
Magnus Skogr
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 @Magni Hammarskjöld  @Chao-Xing Amundsen  @Yazhu Amundsen  @Jasper Strandgaard
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Lyccka avalait dans une course folle l'arrête du nez de Magnus Skogr, ses minuscules pattes s'agitaient frénétiquement, seule une interrogation planait : pourquoi ? Il était remarquable que l'insecte à l'armure de sang s'agitait étrangement. Des courbes irrégulières, des segments avortés, des vrilles à angle droit, une misère pour le contemplateur qui loin d'y déceler un Piet Mondrian s'abîmait dans l’effroi d'un Picasso naissant. Traîner l'observateur dans le sillon de ses errances n'aurait pas le moindre impact sans cette toile douloureusement tendue lui servant de support. Traits prostrés, billes d'un plomb pesant, c'est une étrange concentration qui émane du sorcier. Soudainement, la perle rougeâtre suspendait sa frénésie, puis s'enfonçait à la hâte dans un broussailleux sourcil de feu.

Une masse sur l'épaule, une pression qui laisserait une trace pour l'avenir, car aujourd'hui n'avait rien de commun. Dans son crâne pulsait les secondes. Pourtant, nul ne saurait y dénicher l'appréhension ou la peur. Magnus Skogr n'était pas de ceux-là et à certains égards sa réputation forgée par le temps le précédait. Démêler courage et témérité, audace et imprudence .... Ses lippes se crispaient et avec le timbre de Magni qui toquait au seuil de ses pensées, c'est son esprit qui lui revenait  

"Magnus écoute je ne..." Ancré, planté sur ses deux jambes de fer, l'espion persévérait dans cette stature tournée vers le cœur du parc se mettant à dos celui auquel il était lié par les fils invisibles de l'amitié. Øyvind, les Enfants, la Couronne ....Comment, déjà,  Magni avait pu s'égarer parmi eux ? Comment, déjà, Magni avait pu s'introduire dans cette équation ? Jusqu'alors les intrigues étaient restées ... ce que toujours elles avaient été ... ? Des zones d'ombre à révéler, des nœuds à démêler. Tout s'était complexifié. "C'est en plein centre ville. Quartier des affaires. Comme prévu, on y va ensemble au cas où elle voudrait résister, et on l'a ramène ici tous les trois. T'éloignes pas, c'est ta première mission, au moindre geste de travers je serai obligé de t'arrêter. Et on sait tous les deux qu'au corps à corps je te domine largement." Magnus Skogr sentait poindre en lui une diffuse provocation aux conditions qui étaient les leurs ! Une parole ou un geste qui dans ce cadre aurait tout d'indigeste. Par égard pour son interlocuteur, par respect pour Magni, il décidait de contenir bon gré, mal gré sa verve et les élans de son cœur. Il y avait tant à dire et tant à avouer pour éclairer cette tentative d'amicalité ... Qu'il fallait mieux ne rien se permettre. L'heure ne se devait d'être guère aux chamailleries, ni aux railleries ; bien davantage au devoir et à l’œil averti. Pour autant, de cela il se souviendrait pour l'avenir; certainement, pour un jour espérer pouvoir en rire. "On transplane ensemble quand t'es prêt". Prêt ? Peu importe qu'un instant soit né sous les auspices de l'horreur, Magnus était de ceux qui étaient toujours prêt à le saisir ou le tordre. Sans un bruit, sans une lippe, sa main s'agrippe à l'avant-bras de son ami. Subrepticement, l'ami qui sommeillait en lui signifiait par l'intensité de l'étreinte qu'il avait saisi cette perche tendue derrière les fades menaces proférées...Mais qui pouvait en être véritablement assuré ?

Une fraction de seconde et la réalité sous leur yeux se tordait.

Chao-Xing Amundsen
Chao-Xing Amundsen
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plans are free

Vendredi 16 décembre 2022, 18h03 Son regard s'attarda une seconde de trop sur ce token brillant, gage de son engagement, rappel de la raison de sa présence ici même. Chao-Xing se rappelait parfaitement l'enchaînement d'entrevues qui avaient mené à ce qu'elle ait cet objet entre les doigts, cet objet avec lequel elle avait si souvent joué nonchalamment, sans vraiment y penser. Elle se rappelait le jour où son père l'avait convoquée dans son grand bureau : elle s'était assise de l'autre côté du meuble en bois de santal patiné par le temps et les marques successives des Järl qui l'avaient utilisé. Elle avait baissé les yeux devant son patriarche, en signe de respect. Elle n'avait osé relevé le regard qu'à son signal, quand il avait prononcé son nom complet d'une voix caverneuse et sérieuse, pour le poser sur les documents qu'il lui tendait, les faisant glisser sur la surface lisse. Un ordre de mutation. D'après les ordres du commandant des armées ‒ d'après les ordres de Knut Amudsen ‒ elle quittait les corps de terrain des terres de Svalbard pour rejoindre les bureaux administratifs de Göteborg.

Knut lui avait alors expliqué sa mission ‒ sa vraie mission. Il avait organisé une rencontre entre elle et un homme qu'elle ne connaissait à l'époque que de nom, et qu'elle avait depuis côtoyé au cours des interminables réunions autour d'Oyvind Hjermstad. Elle se rappelait chaque missive : la première fois qu'elle avait écrit "Enfants de Völsupà" sur un parchemin, elle n'avait pu s'empêcher de sourire ironiquement. Et, comme elle s'en doutait, Knut avait répondu sur le même ton et n'avait pas manqué de lui rappeler qu'avant tout, elle était Fille de Týr, Fille Amundsen, Fille de Knut. Elle se souvenait qu'en lisant ces mots, elle s'était sentie rassérénée, car la formule magique était ancrée en elle et remplissant à merveille son rôle de bouée de sauvetage.

Ce jour, toutefois, alors qu'elle se répétait les mots à mi-voix en traversant le hall des quartiers de l'armée ‒ Fille de Týr, Fille Amundsen, Fille de Knut ‒ rien ne lui venait d'apaisant ; et c'était terrifiant. Elle s'était donc éloignée du bâtiment, et éloignée de cette incertitude qui lui tenait les entrailles. Elle s'était tournée vers la nouvelle ancre dans sa vie, une rencontre due au seul hasard, sans que Knut ni la Völuspà n'ait pu en tirer les ficelles, laissant les seules Nornes aux commandes : un certain Wakutu, Fils de Nouvelle-Zélande, libéré de toute filiation dans les glaces de Scandinavie. Mais avant qu'elle n'ait eu le temps de griffonner quelques mots d'amitié à son attention, une silhouette entra dans son champ de vision.

S'en remettant à son entraînement, Xi ne réagit d'abord aucunement. Elle resta penchée sur son morceau de parchemin, plume à la main. Mais son regard observait les pieds qui s'arrêtaient trop près de son banc, et leur positionnement. Elle l'eut reconnu une milliseconde avant qu'il ne prenne la parole, et son timbre de voix confirma immédiatement l'identité de Jasper Strandgaard. « Bonsoir Madame Amundsen. Navré de vous déranger, mais il semblerait que vous ayez raté plusieurs rendez-vous importants, ces derniers jours... Il faudrait nous suivre. » Un rictus amusé se dessina sur ses lèvres en même temps qu'elle émettait un petit souffle moqueur. « Le Patriarche n'aurait-il pas pu se contenter d'un courrier ? » souffla-t-elle, railleuse, en levant ses deux pupilles noires vers le nouveau venu.

Ce faisant, il ne lui échappa pas qu'apparaissaient, quelques mètres plus loin, deux silhouettes tout aussi familières ‒ mais elle ne montra pas qu'elle les avait repérées, concentrant son attention sur Jasper. Oyvind avait-il tant peur d'elle qu'il devait envoyer trois de ses petits à sa poursuite ? Voilà qui était flatteur, songea-t-elle avec amusement. Il était agréable de constater que lui, au moins, ne sous-estimait pas ses capacités ‒ pas comme elle, qui doutait de tout et surtout d'elle-même ‒ pas comme Knut qui se contentait de missives de plus en plus grossières sans se décider à mettre quoi que ce soit en motion, persuadé de l'emprise qu'il maintenait sur elle. « Malheureusement, vous me trouvez à un très mauvais moment, cher Jasper, » sussura-t-elle, mielleuse, en faisant volontairement usage du prénom de son cadet. « Je m'apprêtais à rejoindre des ami.e.s, et il me peinerait de rater cette soirée prévue de longue date. » Elle lui adressa un sourire poli. Assise sur le banc, les bancs rangées, le dos droit, son sac sur les genoux, elle attendait. Elle n'ouvrirait pas les hostilités.

@Jasper Strandgaard  @Magni Hammarskjöld  @Magnus Skogr  @Yazhu Amundsen


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