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petals shed from flowers in bloom (viktor)
Chao-Xing Amundsen
Chao-Xing Amundsen
GÖTEBORG Livet är en kamp, ​​du måste förbereda dig för striden
petals shed from flowers in bloom

tw :: mentions de torture et de brainwashing

Vendredi 21 mai 2021, 13h12 La matinée est passée en un éclair. Les yeux perdus dans le vague, Chao-Xing Amundsen, droite comme un piquet sur sa chaise de bureau, répondait aux questions avec la même efficacité sèche qu'à l'habitude, triait les dossiers et rédigeait les notes avec la même courtoisie hypocrite qu'à l'habitude, évaluait les plans, les missions, les programmes, les entraînements et les secrets avec la même raideur opérationnelle qu'à l'habitude. Mais heureusement qu'on ne lui avait pas demandé de quitter son bureau pour travailler au corps les jeunes recrues, ou pour faire de la vérification sur une base exceptionnellement accessible en Portoloin, ou de donner un réel avis sur de réels secrets d’État. Heureusement qu'elle avait appris à se faire discrète, heureusement qu'elle était espionne, heureusement qu'on ne la remarquait pas, cette Amundsen perdue dans la meute, identifiée par ses traits chinois et rien d'autre, une louve faible et de peu d'importance, dans ces bureaux où l'on oubliait régulièrement son prénom tant sa présence était le seul fruit de son ascendance. Faute de quoi on aurait remarqué ses jambes tremblantes, son bras peu assuré, sa prise lâche sur sa baguette, ses mains moites et son air hagard.

La matinée est passée en un éclair halluciné, et désormais Chao-Xing est assise sur un banc, à quelques rues des bâtiments de l'armée, son repas sur les genoux. Mais elle ne mange pas, elle a toujours les yeux perdus dans le vague. Maintenant qu'elle n'a plus de réponse à fournir, de missives à écrire, de stratégie à réfléchir, il n'y a plus rien pour vaguement la distraire. Seul le film de la soirée de la veille occupe ses pensées ; il passe et repasse en boucle. Elle est à deux doigts d'envoyer un signal de détresse à Knut pour qu'il mette ce souvenir en bocal, qu'il l'enferme dans son étagère, au-dessus de la Pensine familiale. Elle pense que c'est ce qu'elle devrait faire. Peut-être. Mais quelque chose la retient. (Quelqu'une la retient.) Alors elle attend, immobile, figée telle une statue de cire dans un mouvement peu naturel, les bras à moitié ballants, à moitié posés sur ses cuisses, les jambes pliées à angle droit, le dos qui hésite à se poser sur le dossier.

Elle attend que Viktor fasse son apparition. Elle ne sait jamais quand ou comment il arrivera. Elle ne sait toujours pas pourquoi c'est à lui qu'elle a fait appel. Mais dans le moment de vulnérabilité la plus pure qu'elle a vécu, c'est à lui qu'a pensé son esprit, c'est vers lui qu'elle a lancé le peu de Magie qu'elle contrôlait. Elle ne sait pas si elle fait confiance à son instinct, qui l'a toujours trompée (qui a été déchiré, détruit, rapiécé par des heures de torture et de contrôle mental et de suggestions sous hypnose), qui l'a menée à sa perte, à la perte de sa fille aussi. Non, elle ne se fait pas confiance. Mais elle n'a pas d'autre choix. Elle n'a même plus de volonté. Elle se laisse porter par les événements, et la veille, c'est vers lui qu'elle s'est tournée, et ce matin, c'est à lui qu'elle a écrit à nouveau, pour convenir d'un rendez-vous ; peut-être pour revoir ce Patronus qui lui a sauvé la vie, pense-t-elle, ce Patronus énorme qui s'est enroulé autour d'elle et l'a aidé à respirer, à reprendre pieds, à retrouver la réalité alors qu'elle chutait dans un trou sans fond, dans son propre esprit.

Sensation vertigineuse.

Elle attend.

@Viktor Brynjolf