Please ensure Javascript is enabled for purposes of website accessibility
Le Deal du moment : -45%
PC Portable LG Gram 17″ Intel Evo Core i7 32 Go ...
Voir le deal
1099.99 €


Más vale pájaro en mano que cien volando | Ilhami (FB)
2 participants
Magni Hammarskjöld
Magni Hammarskjöld
GÖTEBORG Livet är en kamp, ​​du måste förbereda dig för striden

Más vale pájaro en mano que cien volando
Tw : blessures, mort et violences

@Ilhami Aguadelo   | 1er juillet 2010 - 23h18 -  Massif de Los Cárpatos, près de Bogota, Colombie.  


Les palpitations de mon cœur sont étrangement calmes et mesurées. Malgré l'obscurité, mes yeux voient distinctement les silhouettes qui se déversent tout autour des points d'entrée du repère del Barillo. Mes lunettes de soleil sur lesquelles un sortilège de vision nocturne a été appliqué me permettent d'apercevoir les corps de ceux qui ferment la retraite couverte des sous-bois avec moi. Ma section. Les doigts font rouler trois fois la baguette chaude contre ma paume tandis que les éclats d'un échange de sortilèges manque de m'éblouir entièrement. Je devais rester en arrière pour surveiller mes pièges, mais j'ai reconnu la section de l'agent Javier, et il faut que je le trouve. Il faut que je lui parle en espérant qu'il ne soit pas trop tard. Par Thor faites qu'il ne soit pas trop tard. L'air est lourd, amplifié par l'humidité de la forêt trop proche, mon haut me colle désagréablement à la peau. Plus je me rapproche des combats, plus les sons des cris vrillent mes oreilles, plus la nausée cherche à se faire un chemin en dehors de mon estomac. Tout à un goût de terre, et l'odeur ferreuse du sang. Mais le cœur est trop calme, tourné entièrement vers son objectif, incapable de regarder la réalité en face sans manquer de se crever au pied d'un arbre. Un nouvel éclair rouge m'aveugle, trop près, le son mat d'un corps qui tombe dans un grognement de douleur et une flopée de jurons me fait me baisser un peu plus près du sol. La poignée est moite mais ferme sur la baguette et le geste qui retire les lunettes l'est tout autant. Les couleurs retrouvent leurs ombres noires et bleues d'un nuit profond, les mâchoires serrées ne frémissent pas quand je m'élance vers le corps étendu dans l'herbe. Un des leurs. Sa respiration siffle, sa gorge fiat un désagréable son de gargarisme trop parlant et mes yeux s'accrochent aux siens dans un éclat sombre. Un rapide sort déposé un voile sombre sur nous, un autre soigne sommairement la blessure ouverte, juste de quoi lui laisser la vie sauve, avant de stupéfier l'humain que je laisse derrière moi dans la pénombre en espérant peut-être vainement qu'il tienne jusqu'à ce que je puisse revenir le tirer de là en sécurité relative. Le soigner plus complètement et le laisser repartir sur ses pieds c'est l'envoyer à la mort quelques mètres plus loin, droit dans les pièges que j'ai moi-même conçus et posés avec l'aide du reste de ma section. Inutile.

Les minutes s'écoulent, trop rapides, et mes dents se serrent un peu plus lorsque j'aperçois enfin Javier, rabattu vers l'orée des arbres, acculé par plusieurs del Barillo. Son groupe de section lutte, les sortilèges fusent mais mon coéquipier s'est retrouvé mis à l'écart. Mon cœur manque un battement et le blocage mental se fracture. Je pourrais le laisser là, ne pas agir, comme il a fait en mars. Je pourrais le laisser mourir de la main d'un autre et lui faire payer sa trahison. Je pourrais être un connard comme lui, comme les autres et rayer son nom de la liste. Ce n'est pas comme si on manquait de pourris dans les équipes du ministère. Le cœur s'emballe quand l'agent Javier s'effondre à quelques pas de moi. Merde. Le sourire de Markus griffe ma rétine, ce connard de visage doux et fort, ce souvenir qui me hante comme un fantôme glacé dans les pires moments. Il est cette voix muette qui m'aide encore à garder la tête hors de l'eau, même ici, quand plus rien n'a de sens ni de valeurs morales. Accroupi derrière un rocher mes sortilèges s'enchaînent, heurtent leurs boucliers magiques avant de trouver une faille et arracher un râle de rage à celui qui s'effondre, inconscient, sur la terre pierreuse. En quelques secondes je roule vers mon agent de liaison, je ne devrais pas être là, nos sections ne devraient pas se croiser, les risques pris sont inconsidérés, mais je dois lui dire et tenter de sauver les autres agents infiltrés. Que tout ce massacre ne soit pas en vain. « L'œil du condor. Malvina Solo, Pietro Calvine, Diego Puana. » Quelques mots, un code, des noms, murmurés au creux de son oreille pendant que ma baguette soigne la blessure la plus importante. Encore une fois ce n'est qu'un soin sommaire, destiné à lui faire tenir la longueur et lui donner une chance de passer la nuit. Lui, au moins, est du bon côté de l'attaque. Les autres de sa section prendront le relais. Ses paupières cillent, ses doigts se serrent rapidement contre mon avant-bras, l'information a été transmise, mon devoir est fait. Il ne reste plus qu'à espérer que ce connard est une once de loyauté qui lui reste quelque part dans le fond des tripes et qu'il fasse remonter l'information jusqu'à notre contact extérieur. Moi je ne peux pas. Les hommes de Gacha me surveillent de bien trop près depuis une semaine. Le moindre de mes mouvements est épié et surveillé, je sens leurs ombres dans mes pas et je suis sûr qu'ils veuillent mes nuits. Mon échappée de ce soir n'a été favorisée que par la cohue générale et il faut que je me dépêche de retourner à mon poste avant que mon absence ne devienne suspicieuse. Les battements cardiaques se calment peu à peu et le mental reprend le dessus. Focalisé sur la seule mission qui importe, être un connard de trafiquant qui rêve d'intégrer officiellement les rangs de la Mano Mara.

A nouveau près du corps étendu sous le voile sombre, les lunettes de nuit remises sur les yeux, je lance un sort rapide pour faire léviter le corps derrière moi et retourner vers la troisième rangées d'arbres où je devais rester en poste, y trouvant sans grande surprise un des tatoué, baguette braquée vers moi. « T'étais où ? Tu fous quoi putain ? » D'un signe de tête je désigne l'homme toujours inconscient avant de répondre d'une voix aussi dure et nerveuse que la sienne « Je ramenais un appât. La section sangre rosa est en difficulté faut qu'on les attire par ici pour soulager leurs rangs. Vers la partie nasse du piège, on aura plus de chance d'en choper le maximum et un temps record et en finir rapidement. » Il renifle de dédain avant de baisser sa baguette et s'écarter. Au même instant une vibration grésille autour de nous, souffle métallique entre les arbres, annonçant que la deuxième partie du plan est activée. Une succession d'ordre filent entre nous, mon appât est soigneusement placé debout près d'un arbre, assez visible depuis l'orée dea forêt, et le stupefix levé. Mes yeux s'ancrent dans les siens avec une fermeté d'une intensité sombre qui le fait reculer en arrière mais avant qu'il n'ait eu l'idée d'ouvrir la bouche, ma propre voix s'élève. « Impero ». Le cœur bat douloureusement dans les côtes quand l'esprit se fond dans celui de l'autre. La magie invasive brouille ses pensées et les miennes appuient plus fermement encore l'ordre que je lui donne. Le corps se relâche, le regard se vide, la résistance n'existe même pas. Il est trop faible pour parvenir à repousser le maléfice. « C'est ton idée, c'est toi qui reste. Personne viendra couvrir tes fesses de gamin. Démerde-toi pour survivre. » Sans attendre de réponse, le tatoué dénommé Ryan se retire dans un endroit plus sécuritaire. Il laisse le champ de bataille aux gamins comme il dit. Nous autres, les non-tatoués, les sans valeurs, les petites mains de merde pour faire leur sale boulot. C'est exactement ce que j'espérais, qu'il finisse par relâcher sa surveillance sur mes faits et gestes et me laisse l'infime opportunité d'ouvrir un passage vers la troisième strate de mon piège, et de mon plan général. Les bruits des combats se rapprochent de plus en plus, forçant l'homme à avancer devant moi, je m'enfonce un peu plus dans la profondeur des arbres, délaissant les autres de la section s'éloigner aussi. Ma fenêtre de dispersion est infime, les marges de manœuvres ridiculement petites, les risques énormes, mais la conscience à besoin de les prendre. Quand bien même tu n'en sauves qu'un Magni, ce sera toujours mieux que n'avoir rien tenté.  

Dissimulé derrière ma planque soigneusement préparée les jours précédents, mes yeux rivés vers l'homme toujours sous l'emprise de mon Impero, je serre les dents à chaque bruissement électrique qui vibre dans l'air à l'activation des pièges autour de moi. Le plan de Manolo Gacha était fortement parfait. Une attaque rapide et ciblée sur un gang plus petit pour s'emparer de leur emplacement et en faire son QG principal. Sur le papier un acte simple, dans les faits, une machination minutieusement préparée pour ne laisser aucun survivant. Car laisser l'un d'eux survivre c'est risquer de se prendre une vengeance un jour ou l'autre. Le genre de désagrément dont le leader de la Mano Mara se passe facilement, j'ai fini par le comprendre. Il n'accorde que peu de crédit aux petits gangs, surtout ceux avec qui il ne commerce pas, ce qui est le cas del Barillo. La valeur de ce dernier n'est rien à ses yeux, de ce que j'ai commencé à saisir du personnage, c'est qu'il doit même estimer que ces petits cons doivent se sentir fiers d'avoir été repérés par lui. Fier de mourir de sa main, ou du moins de celle de ses collaborateurs. Et de la mienne. Les doigts se serrent plus durement contre le bois de la baguette trop chaude. Je referme les pensées parasites dans un coin de ma tête, pour plus tard. Pour les nuits sans sommeil collé contre le dos d'Ocean, à panser dans les volutes vanillés de ses cigarettes une âme qui ne cesse de se fracturer à chaque jour passés au sein de la Mano Mara. L'écoeurement se fait plus net, goût acide dans la bile sèche et je manque de perdre le contrôle du maléfice toujours actif. In-extremis, ma concentration se recentre en jurant mentalement contre moi-même. Claque de l'esprit pour le secouer et rejeter toute trace de sentiments inadéquats au bon déroulement de la mission. Tu le fais pour les autres. Pour arrêter les activités de ce connard de Manolo Gacha. Tu le fais pour la justice et pour tous ceux qu'il a réduit à l'état de larves sans pouvoir. Tu le fais pour la société magique. Quelques dealers en moins n'est pas ton affaire. Ils méritent peut-être pas de mourir comme ça, mais des guerres de gangs y en a tous les jours. T'es pas responsable s'ils se foutent sur la gueule pour une planque. Ça fera toujours de la drogue en moins qui circule dans les rues de Bogota. L'esprit tente de raisonner le cœur et justifier l'injustifiable. Le maléfice qui commande au corps de l'autre, l'odeur de mort qui empeste l'air de la jungle, la violence des sortilèges lancés. Comme pour sublimer mes pensées, des mouvements nets bruissent dans les feuillages. A travers les verres à vision nocturne de mes lunettes je distingue trois ou quatre silhouettes. Dans une succession de trois respirations contrôlées j'attends qu'ils se rapprochent avant de lancer l'homme sous mon contrôle vers l'avant. Titubant, il parvient à lancer un « Eh les gars, par ici j'ai trouvé un passage. » Mes pensées s'arriment aux siennes pour vérifier l'emprise et l'efficacité des ordres données, et son état de santé. Je sens la couleur rouge de la douleur dissimulée par le maléfice de contrôle et mon estomac se serre un peu plus. Utiliser la legilimencie de cette façon est une horrible sensation, mon seul réconfort est de pouvoir limiter les dégâts causés sur le cerveau de l'homme. Une maigre consolation, à laquelle je m'accroche désespérément. « Manuel ? Putain comment tu as... - On parlera plus tard, suivez-moi. » L'urgence de mon intention presse le ton de sa voix. De loin, ce n'est l'air d'être que ce que j'ai annoncé : guider les survivants droit vers un piège. C'est tout ce qu'il me faut pour tromper la vigilance restante des autres hommes de main dispersés plus loin.

Il ne leur faut que quelques secondes pour passer les premiers points magiques à la suite de l'homme. A peine leurs pieds les dépassent que le frémissement électrique traverse l'atmosphère. L'Impero est immédiatement rompu et le corps de l'homme s'effondre. Pourvu qu'il tienne jusqu'au transfert  A sa suite les quatre autres corps tombent lourdement sur le sol et mes paupières cillent. La tension se fait plus dure. Le reste n'est plus qu'une question de chance et d'espoirs invérifiables. Depuis ma cachette mes doigts tirent plusieurs objets minuscules qu'un sortilège fait s'envoler haut à travers la forêt touffu qui recouvre entièrement la voûte céleste. Je compte les mètres avec la précision du géomètre qui a construit les murs de sa propre prison avant de faire plonger les minuscules points noirs par-dessus les barrières magiques invisibles. Seule ma vision nocturne accrue me permet de percer l'obscurité des bois dans lesquels le silence s'est fait soudain lourd. Le sang martèle contre les tempes dans une désagréable sensation de migraine qui s'installe. J'essaie d'être précis sans parvenir entièrement à l'être avant de jeter un coup d'œil nerveux vers ma montre. Il me reste dix minutes avant le déclenchement des portoloins. S'ils se déclenchent. Dix minutes d'attente anxieuse à espérer que personne ne passe trop près de ces corps simplement assommés et à la respiration encore vibrante dans les poumons. Dix minutes à me demander si ma demande est arrivée jusqu'au bureau de la bonne personne et si j'ai eu raison de faire confiance à l'agent Guyado. Le cœur repart en tambours discordants, je ne lui fais pas confiance. Pas plus qu'aux autres, mais toujours un peu plus qu'à Javier. Ce connard de Javier, lui il aurait tout balancé ou trouver le moyen de faire foirer mon plan et de révéler ma double identité auprès de Gacha. Non, pour ce tour de passe-passe, j'avais dû ruser, faire appel à d'autres biais bien plus détournés et moins protocolaires. Plus que neuf minutes avant de savoir si ça à porté ses fruits. Juste au moment où ma tête heurte l'écorce de l'arbre derrière moi pour tenter d'endiguer le mal de tête qui fait craquer le crâne, une silhouette se redresse un peu plus loin, trébuche, siffle et jure trop fort. Il doit se croire seul, le foutu con. Il a attendu que le silence retombe pour tenter de fuir. C'était mal connaître la Mano Mara que de songer qu'on resterait pas sur place plus de deux minutes. Le cordon de sécurité à des consignes claires, attendre le signal avant de ratisser la zone méthodiquement, et ne désactiver les pièges qu'au petit matin. Quitte à sauter avec l'un d'entre eux pendant la nuit si vous être trop cons pour faire attention. Des consignes claires. Instinctivement je me suis redressé légèrement, le coeur tambourine trop fort, la baguette se lève, prête à arrêter sa course, trop tard. Le frisson électrique traverse l'air de la nuit, une fois de plus. Sauf que cette fois ce n'est pas assommé que le corps s'écroule. La nausée revient plus clairement teinter le goût de terre qui assèche ma gorge. Connard de Manolo Gacha. plus que huit minutes à attendre. Dans le silence de la nuit, j'entends désormais le gargouillis de l'eau qui court un peu plus loin vers la cascade de Guacimal plus loin en contre-bas.  




Although I felt like giving up It's not the road I chose
Ilhami Aguadelo
Ilhami Aguadelo
GÖTEBORG Livet är en kamp, ​​du måste förbereda dig för striden
Les choses ont dégénérées très très vite. Je songe, les petites pattes que je manie avec adresse martelant le sol en silence. Je parcours la jungle à toute allure, ne m'arrêtant pas sur les silhouettes sombres échouées sur le sol. Celles qui n'ont rien à faire dans cet endroit. Le petit cœur de Oso bat à toute allure, mais c'est normal. Les cœurs des souris battent toujours très vite. Je l'ai pris avec moi parce que je connais son caractère. Je fais bien plus attention à ça, maintenant. Je savais que j'allais tomber sur quelque chose de gros, et de potentiellement dangereux. De certainement dangereux, en fait. Après tout, je me rendais en connaissance de cause dans une planque de trafiquant. C'est pour ça que je l'ai pris. Oso est une petite souris courageuse et qui n'a pas froid aux moustaches. Toujours la première à partir à la découverte des nouvelles choses, je l'ai introduite doucement à des enquêtes un peu plus risquées – je commence à en avoir – et il semblerait que la soif d'adrénaline soit anormalement élevée chez ma petite amie à moustache.
Et nous voici donc ici tous les deux. Dans la jungle. Alors que tout est noire, que les cris et les sorts fusent autour de nous. Que les corps tombent au sol et que la terre se nourrit du sang qui coulent à flot. Je me sentirais presque poète, tiens. Je pourrais, je serais en train de ricaner, tiens. A la place, je sens quelques choses titiller l'instinct d'Oso et je m'arrête un peu brusquement. J'envoie une vague d'excuse mentale vers l'esprit de la souris autour duquel je suis enveloppé, sentant sa protestation face à ma façon d'agir avec son corps. Dressé sur ses pattes arrières, les moustaches frémissantes, j'observe attentivement la scène qui se déroule sous nos yeux. Un duel, du moins quelque chose qui se veut être un duel mais qui n'est rien d'autre qu'un... Qu'un chat jouant avec une souris, tiens. Oso proteste et je m'excuse. Encore. N'empêche que l'image est là. L'un des hommes fait semblant de baisser sa garde, tout cela pour amener l'autre exactement là où il le souhaite. Les moustaches frémissent en même temps que l'air autour de nous alors que je vois le fil magique du piège se tendre et craquer. L'homme s'effondre sur un hurlement silencieux. Il est mort avant même d'avoir touché le sol. Et l'autre ricane, satisfait, avant de repartir. Sûrement à la recherche d'une autre victime. Le visage du tueur est inscrit soigneusement sur notre rétine, prêt à être utilisée pour quelques recherches une fois sorti d'ici. Je n'accorde pas un regard vers la victime qui n'a ce nom uniquement parce qu'elle est celle qui a perdu leur petit jeu. C'est ça, la vie de trafiquant, et je n'ai de sentiments pour personne ce soir. Du moins, j'essaie.

Je ne suis ici que pour une unique raison : La Mano Mara. J'ai promis à Cyrus, sur sa tombe, que je ferais tomber ceux qui l'ont tué. Je sais que ça n'est pas de mon niveau, je sais que y a de gros risques que j'y reste mais j'en ai rien à foutre. C'est mon frère qu'ils ont touché, qu'ils ont tué alors qu'il essayait de faire son putain de boulot correctement, contrairement à la grande majorité des flics de ce pays. Alors le moins que je puisse faire... C'est de venger sa mort. De manière absolument pas légale j'ai récupéré ses dossiers et ses notes et j'ai investi les lieux où il récupérait ses infos. Depuis qu'il est parti, je n'ai pas lâché l'affaire, ne dormant qu'à peine, ne mangeant que ce qu'il faut. Je grignote centimètre par centimètre, retenant tout ce que je peux retenir. Chaque visage, chaque nom, chaque informations est soigneusement triées dans ma tête et retranscrit dans les même codes que j'ai utilisé à l'époque où j'ai travaillé à faire tomber mon propre gang. Alors ça n'était pas le même niveau, c'est sûr. Il n'y avait pas autant de sang, chez eux. Mais la cruauté était là, le goût de la torture, Arjan l'avait lui aussi. Des trucs horrible, j'en ai vu. Pas autant qu'ici, ce soir, mais j'en ai vu et je me raccroche à cette idée pour ne pas en être touché, pour ne pas en être perturbé. Les cauchemars viendront plus tard, pour le moment... Pour le moment, on récolte les infos.
Quand j'ai entendu parlé de ces rumeurs sur cette planque, du regard un peu trop intéressé de leur patron dessus... Il ne m'a pas fallu trop longtemps pour croiser les informations qu'il fallait pour trouver la bonne date. Oui on ne pourra pas assister à ce meeting finalement parce qu'on a pas reçu toutes les fournitures dont on avait besoin. Tu parles. Ça ne fait peut-être pas si longtemps que je les observe mais même moi je sais donner des excuses un peu plus travaillées que ça. Surtout quand on sait que le meeting était prévu à la base pour établir une nouvelle route de transaction et qu'il n'y avait absolument pas besoin de quelconques... Fournitures.

Le cœur tambourinant à toute allure, je rapproche Oso de ma position et, au moment où j'allais relâcher ma prise sur lui, je croise une nouvelle silhouette. Parce que je suis toujours à la recherche de plus de noms – plus j'en ai, plus je peux recouper et découvrir des informations importantes, faire plus de liens entre les différents membres pour savoir où exactement je dois creuser pour avoir ce que je veux – je dévie notre course et nous rapproche d'elle. Mais quand je distingue le visage, quand j’aperçois les lunettes de soleil, c'est comme un flash du passé qui me frappe et je libère Oso sans le vouloir, réintégrant mon corps violemment. Durant l'instant où je m'étouffe avec mon propre oxygène – je n'arrive toujours pas à rendre la réintégration moins perturbante – une voix claque dans mon esprit, joueuse, moqueuse, et pourtant... «  Soit pas idiot. Tu vaux mieux que ça, c’est sur. » Et pourtant, concernée. Magni?! Il était celui qui m'avait donné l'impulsion pour me sortir de là, pour réellement faire quelque chose pour arrêter tout ça. Ça n'était pas lui, n'est-ce pas ?! Ça ne pouvait pas être lui, c'était impossible. « Si t'as besoin d'un coup de main, un jour... » Est-ce qu'il s'était foutu de moi ? Avec ses belles phrases comme quoi je valais mieux que ça, comme quoi il pouvait me comprendre. Où est-ce qu'il voulait juste... J'sais pas. Planter les graines du doute dans un gang agaçant qui commençait à prendre trop de place ? Histoire de libérer la zone pour son cher patron ?!
La colère, cette vieille amie, embrase mon ventre et je me relève, le regard sombre. Il fait partie de ce putain de clan qui a buté mon frère. D'un geste sec de la baguette que je tenais au creux de ma paume, je brise le sortilège qui me dissimulait dans le décors. Les vêtements que je porte ont un charme de caméléon qui me permet de passer plus ou moins inaperçu, et couplé avec le sortilège que je viens de briser, j'étais presqu'invisible, dissimulé dans des feuillages sur une branche basse. Sans rien écouter de ce qui pourrait m'indiquer que c'est une très mauvaise idée, je saute à bas de mon arbre, me souvenant malgré tout du repérage fait avec Oso qui me permet d'éviter les rares pièges posés dans la zone où je m'étais installé pour mon observation.
Au moment où j'arrive là où je sais que j'ai relâché Oso, l'air frémit à nouveau et je me tends violemment. Est-ce que j'en ai activé un sans faire gaffe?! Mais c'est là que je vois la silhouette, un peu plus loin, qui s'effondre. Un rictus aux lèvres je repère sans difficulté celui qui m'intéresse, qui me tourne le dos et fait face à l'homme qui vient de tomber. Au cadavre, devrais-je dire. La colère s'embrase de nouveau et je ne réfléchis pas avant d'attaquer, mon sort faisant éclater l'écorce de l'arbre contre lequel ce connard était appuyé. Raté. « Quand je pense que c'est grâce à toi que j'ai réussi à briser l'emprise qu'ils avaient sur moi, que j'ai réussi à faire tomber Las espadas. » Je crache, mon imprudence naturelle refaisant surface alors que j'agrippe fermement ma baguette, pointée droit sur lui, la fureur enflammant mon regard. « Tu devais bien rigoler, dans ton coin, pendant que tu t'amusais à créer tes charmants petits pièges, hein ? A repenser à ce petit gars et ses rongeurs qu'il utilisait pour faire un peu de boucan ? » En parlant de rongeur je sens des petites pattes s'agripper à mon pantalon pendant que Oso remonte le long de mon corps, sans doute pour aller se planquer dans la poche de mon sweat. « Alors avant que je te bute, tu vas vraiment me servir à quelque chose et me dire qui l'a buté, que je puisse m'en occuper moi-même avant de me charger du reste du gang. » Je suis en colère, je repense à Cyrus, je repense à sa passion quand il parlait de son taf, je repense à Magni, à sa main tendue, à ses paroles creuses maintenant. C'est une trahison brûlante qui me dévore le ventre, parce que c'est lui qui a fait prendre ce tournant à ma vie. Et que maintenant j'ai l'impression d'avoir été putain de manipulé. Et je haïs être manipulé.
Magni Hammarskjöld
Magni Hammarskjöld
GÖTEBORG Livet är en kamp, ​​du måste förbereda dig för striden

Más vale pájaro en mano que cien volando
Tw : blessures, mort et violences

@Ilhami Aguadelo   | 1er juillet 2010 - 23h18 -  Massif de Los Cárpatos, près de Bogota, Colombie.  


Le souffle du sortilège manque de brûler ma joue tant il est passé près de mon visage. Putain de merde. Une attaque dans le dos. Une fraction de seconde et les questions se déversent comme une cascade sur mes épaules. Un Barillo qui aurait réussi à passer le cordon de piège et nous prendre à revers ? Une âme désespérée venue prêtée main forte au gang déjà mort ? J'ai fait volte-face baguette levée prêt à riposter dès que le contact visuel aura été établi, mais la silhouette qui a fondu sur mon est déjà là, menaçante, voix criante, tonitruante dans le silence lourd de la nuit de tous les crimes. « Quand je pense que c'est grâce à toi que j'ai réussi à briser l'emprise qu'ils avaient sur moi, que j'ai réussi à faire tomber Las espadas. » Putain ta gueule. C'est la première et unique pensée qui filtre et vibre de tous les côtés de mon crâne. Pourquoi il faut qu'il gueule si fort ? Et puis lentement, ses phrases font sens et s'accrochent à des souvenirs tangibles et réels. Las Espadas. Un autre gang, dissous et disparu, un autre temps. Pourquoi ramener son nom ici ? Embrouillé par les alarmes que ses cris font pulser dans chaque parcelle de mon être, les pensées cohérentes ont du mal à trouver les bons chemins. « Tu devais bien rigoler, dans ton coin, pendant que tu t'amusais à créer tes charmants petits pièges, hein ? A repenser à ce petit gars et ses rongeurs qu'il utilisait pour faire un peu de boucan ? » Je vois le feu de ses yeux, la colère qui brûle tout autour. Je le connais, oui, ce visage je le connais, cette allusion aux rongeurs aussi. Mais je ne pense qu'à Gacha, aux pièges dont il parle et qui sont encore actifs, aux minutes qui s'écoulent et à les portoloin, au bruit qu'il fait et qui menace d'attirer une attention que je ne veux pas sur ce coin de forêt précisément. Mes mâchoires se serrent plus durement et mes yeux sautent de feuille en feuilles, de tronc en tronc à la recherche du moindre mouvement qui pourrait indiquer l'arrivée d'un autre de mes camarades de section postés plus loin. « Alors avant que je te bute, tu vas vraiment me servir à quelque chose et me dire qui l'a buté, que je puisse m'en occuper moi-même avant de me charger du reste du gang. » Un craquement retenti derrière moi, lointain et proche a la fois et cette fois je n'attends pas qu'il se décide à enchaîner sur une nouvelle slave de commentaires chargés d'une haine qui fait plus de boucan qu'un éruptif qui charge. Le premier sort s'échappe de ma baguette qui avait trouvé ses côtes. Un petrificus totalus, simple et efficace, qui met immédiatement un terme à ses cris orage. Un deuxième craquement retenti, plus près, et mon corps entier se bande pour se jeter sur le corps raidi d'Ilhami - Putain c'est bien lui ? et le faire tomber au sol sans aucune douceur. Entre sauver ma tentative de mission de sauvetage, et nos quatre fesses, et risquer de le fendre une côte, le choix est vite fait. Relevant ma baguette je déplace les branches qui servent de camouflage à ma planque pour le dissimuler tant bien que mal en-dessous avant de me redresser légèrement pour observer les alentours. A plusieurs dizaines de mètres une silhouette, baguette tendue vers moi dessine une rapide forme rouge qui s'illumine avant de disparaitre. Ma propre baguette se dresser reproduisant le même signal, un tracé de rose simple qui scintille une fraction de seconde avant de s'estomper. Un mort. L'échange est succint et l'autre abaisse sa baguette sans pour autant repartir. Il guette, comme on nous a demandé de le faire. Du bruit de mon côté peut signifier que d'autres survivants pourraient remonter par ici, c'est logique. Ça me fait foutrement chier, mais c'est logique. Heureusement pour moi, un cri déchirant retenti de l'autre côté, lugubre chant d'une gorge qui se déchire et l'autre se détourne.

Plus que cinq minutes avant les premiers départs.

Accroupi contre le corps toujours inerte de l'homme, je lance un rapide sortilège d'insonorisation avant de reconstruire le mince abris de ma planque qui n'est là que pour tromper un regard qui ne serait pas totalement attentif. « Qu'est-ce que tu fous là bordel. T'es con ou tu cherches à te faire tuer ? Au cas où t'aurais pas remarqué, on est en plein combat, et c'est miné tout autour. T'as une foutue chance de pas t'être pris un piège. Bordel de merde t'as failli tout faire foirer. » La nervosité mêlée d'une inquiétude profonde pour le sort du sorcier qui n'a visiblement rien à faire entre les sorts de la Mano Mara et ceux del Barillo, fait gronder le murmure que je plaque contre son oreille. « Qu'est-ce que tu fous là. Tu trempes avec El Barillo aussi maintenant ? C'est qui qu'est mort, va falloir être plus précis. Les registres se remplissent vite avec eux. Tu crois vraiment que tu peux t'occuper de la Mano tout seul. T'es plus con t'en avais l'air. » Mon bras porte mon poignet devant mes yeux, quatre minutes, avant que ma tête ne se redresse rapidement pour guetter les alentours et observer les corps des cinq assommés allongés dans l'herbe. La mare de sang qui entoure le premier commence sérieusement à me faire craindre qu'il ne tienne pas jusqu'à transfer. « Et merde. » L'injure s'échappe tandis que je tente de chercher un accès à ses pensées pour vérifier l'état de son cerveau mais le piège créé des interférences trop importantes, et la distance rend l'exercice trop complexe au vu de mon manque de concentration et de sérénité. Reportent mon attention sur l'homme allongé, je pointe ma baguette sur lui dans un regard sombre que mes lunettes camouflent. « Je vais lever le sort. A une seule condition, tu fermes ta gueule. Tu recommences à crier et je te fous avec les autres pour un départ imminent pour le ministère. Peut-être que tu pourrais te rendre utile maintenant que t'es là. T'as une souris avec toi ? Si tu peux aller vérifier que le gars qui baigne dans son sang là-bas respire encore, je prendrais l'temps de répondre à tes questions. Par contre si tu me butes maintenant, tu vas condamner a la mort les cinq gars qui sont là. » Parce que si je meurs, mon piège spécial disparaît avec moi, et l'ouverture dans la zone de non accessibilité aussi, ce qui bloquera le sortilège des portoloins et rendra toute fuite pour eux impossible. « T'es pas obligé de le faire, on discutera quand même, mais s'il est mort ça sert à rien de gâcher un portoloin pour lui. » Je lève le sort d'un coup sec, la baguette toujours pointée sur son cœur, juste au cas où il aurait envie de faire le con et de se remettre à crier.

Contenu sponsorisé