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J'ai (pas) peur - Magni
2 participants
Arsinoe Adelsköld
Arsinoe Adelsköld
GÖTEBORG Livet är en kamp, ​​du måste förbereda dig för striden
Je suis une experte pour gérer mes émotions.

Je sais comment les enterrer, les nier, les ligoter, les oublier, les mettre de côté et ne pas leur donner le droit d’exister. Je sais comment les relayer en arrière-plan dans mon esprit, comment ne pas les prendre en compte, comment passer à autre chose sans les vivre.

J’ai appris très tôt à laisser libre cours à seulement deux d’entre elles : la joie et la colère. La première n’est pas dérangeante et prend naturellement toute la place, quand je m’enthousiasme. La seconde est un puissant carburant, tant dans mes actions quotidiennes que dans mes combats. Et il y en a une, dont je ne veux pas, que je planque bien plus loin que les autres, comme si elle n’avait aucune importance : la tristesse. Tout ce qui lui est potentiellement associé, je l’enferme à double-tour. Je le brûle dans mon crâne et dans mon âme, j’en fais un petit tas de poussière, que je lance dans l’univers, sans m’en préoccuper. Toujours forte, toujours prête à frapper, toujours en parfaite maîtrise de moi.

Sauf aujourd’hui.

J’ai été dépassée par l’enchaînement des événements au cours des derniers jours. Par la résurgence des souvenirs planqués, plus difficiles à remettre sous terre, par mon inquiétude pour mon frère et ma crainte, encore présente, d’en venir à le perdre. Mes techniques habituelles pour me calmer n’ont pas fonctionné. Les lettres d’aujourd’hui, échangées avec Sebastian et Magni, n’ont rien arrangé. Et j’ai senti le volcan bouillonner et s’agiter, sans pouvoir le contenir. Pas d’entraînement au programme. Pas de manœuvres, pas de combats, personne sur qui frapper. Juste moi et ces foutues missives, juste moi et mes foutues questions, justes moi et mes foutues craintes, qui n’ont pas d’importance et ne devraient pas en avoir.

C’est tellement plus simple quand on apprécie personne. Pas de soucis de ce qu’ils apprendront ou non, pas de peur de les décevoir, pas de risque de les perdre. Plus des gens entrent dans ma vie, plus je m’expose. Et je m’étais juré de faire attention, de tout barricader, de ne plus faire les mêmes erreurs.

Je suis pourtant assise à mon bureau, à taper nerveusement sur le bois, dans un geste mécanique du poing. La plus grosse menace, pour l’instant, c’est Magni. Le jugement de Sebastian compte aussi à mes yeux, mais Magni a ce lien avec Ozymandias…S’il croit Isaksen…? S’il a des doutes et enquête, puis découvre…? S’il raconte tout à mon frère ou lui fait comprendre, avec raison, à quel point j’suis une ordure ? À quel point je ne suis pas une bonne personne dans son entourage, quelqu’un qui n’est pas digne de le fréquenter, lui qui est bien plus doux que moi ?

Mes mains, dont les trous dans les paumes commencent lentement à cicatriser, tremblent. Et je ne réalise à quel point que lorsque j’ouvre la nouvelle lettre reçue, avec des mots qui bloquent tous mes nerfs dans une posture rigide, celle prise en combat sous l’adrénaline et la nécessité de se protéger d’un danger : Certaines choses passent mal par écrit. Certaines choses comme quoi ? Il sait. Pas tout, forcément, mais il croit sûrement une partie de ce qu’Isaksen a dû raconter. Ou il veut me questionner. Et s’il questionne, il peut trouver ce que je cache, ce que je n’aime pas dévoiler. Il n’adore pas l’armée ; comment pourrait-il accepter ce que j’ai fait…? Et s’il ne m’apprécie plus, est-ce qu’Ozymandias…?

J’ai la nausée au bord des lèvres et un goût métallique au fond de la gorge. Mes oreilles s’emplissent de sons sans significations, acouphènes et bruits de voix, réels ou non.  J’ai quitté mon bureau pour me laisser glisser sur le sol, le dos au mur, la tête entre les bras. Je vais bien. J’essaie de demeurer lucide, objectif, sensée. Lucidement, Magni aurait toutes les raisons du monde d’accorder un peu de crédit à ce qu’a dit Isaken. Il ne doit pas être naïf, sur les actes commis dans l’armée. Objectivement, il pourrait aussi en parler à Ozymandias, pour le protéger. De moi.

Røyk, sous sa forme de lionne, s’est appuyée contre mes cuisses. Je ne relève presque pas sa présence. Je suis trop concentrée sur les images qui veulent se précipiter sous mon crâne, sur les émotions qui font battre mon cœur à une vitesse exécrable et sur cette appréhension qui me dévore. Mes canines se sont allongées. Elles mordent nerveusement la chair à chaque respiration que j’essaie de prendre. Je suis calme. Je gère. Je ne ressens rien. Rien, bordel.

Et si je le décevais encore ?

Mes griffes ont remplacé mes ongles. Mes tremblements se sont amplifiés. Je gère. Je suis une Kaptajn. Une militaire bien entraînée. Je suis calme, je contrôle.

Je contrôle tellement que mes épaules s’agitent sous les sanglots étouffés qui secouent mon corps.

______

Mes bottes soigneusement cirées heurtent le sol du bâtiment des aurors sans discrétion, dans un rythme régulier et presque musical.

Je ne repousse jamais les choses désagréables.

Je dois voir Magni. Lui parler, savoir, comprendre. Ce qu’il compte faire, ce qu’il pense, ce qu’il sait précisément.

J’ai utilisé mon rang pour pénétrer dans l’édifice et sauter quelques étapes administratives chiantes, me retrouvant dans le coin des bureaux. J’ai invoqué comme excuse un rendez-vous avec l’auror  Hammarskjöld, en ma qualité de Kaptajn, pour discuter d’une enquête. On m’a indiqué le bureau de travail dans lequel il se trouve dans l’immédiat et je m’y dirige, sans même regarder ailleurs ou autour. Rien ne m’intéresse actuellement, hormis mon but.

Je m’arrête devant la porte que l’on m’a indiqué, toquant deux coups secs. Une façon de m’annoncer, pas une demande. Je l’ouvre aussitôt pour pénétrer à l’intérieur, la posture droite, la démarche assurée. Mes traits sont plus sérieux qu’à l’accoutumée, mais ne trahissent pas ma nervosité. Je porte l’uniforme de l’armée, avec mes galons et mes insignes. Ma honte et ma fierté. Je ne pense même pas à le saluer convenablement, alors que je suis habituellement toujours contente de le voir. Et si mes émotions ne paraissent pas sur mon visage, c’est peut-être dans mes mots qu’elles se traduisent, alors que j’affirme en guise d’entrée en matière : « J’suis là. Alors…? » Aussi délicate qu’à l’accoutumée. Je dois savoir ses intentions. Et c’est la seule chose qui compte, actuellement.
Magni Hammarskjöld
Magni Hammarskjöld
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J'ai (pas) peur

@Arsinoe Adelsköld   | 1er mai 2024
 

Le petit bout de papier a rejoint les piles des autres depuis plusieurs minutes, pourtant mon regard revient inlassablement se poser sur les quelques mots inscrits dessus. “J'arrive.” Comme une promesse, ou une menace. Plus que tout ce qu'à pu raconter le suspect dans la salle d'interrogatoire, ce sont les lettres d'Arsinoe qui m'ont inquiétées. La précipitation de ses réponses nerveuses, agacées par mes phrases convives et non explicatives. Je connais l'armée, je sais ses défauts et ses écueils. Ce que l'on tait derrière des saluts droits et des postures immobiles, droits dans ses bottes. Il serait foutrement con de ma part de supposer que la Kaptajn n'a été que planté des coquelicots dans les champs de guerre qu'elle a traversé. Et pourtant, je dois reconnaître que ça m'emmerde de la sentir sur la défensive. Ma main frotte les yeux fatigués d'avoir épluché un nombre trop important de dossiers et d'archives diverses concernant les antécédents connus de toutes les petites plaintes et autres mentions du nom de la victime. Mjöll palpite doucement contre mon cou, présence fraîche dans l'orage moite du bureau dans lequel je me suis isolé afin de pouvoir prendre le plus de place possible sans investir ceux de mes voisins de l'open space. Mes yeux retombent une fois de plus sur le papier avant de sauter sur les aiguilles de ma montre. La base militaire n'est pas très loin d'ici, elle devrait logiquement arriver au ministère d'ici une dizaine de minutes désormais.

Lourdement je me lève de ma chaise pour aller recharger ma tasse de café, réalisant que ma réserve est déjà vide. Dans un soupir je grogne, attrapant le thermos d'un geste vif. La porte du bureau claque derrière moi quand je sors de mon antre du moment, absorbant la lumière naturelle des couloirs dans un léger battement de paupières. La pièce dans laquelle je me suis enfermée depuis ce matin n'est pas pourvu de fenêtre, plus proche du cagibi que d'un véritable espace de travail, elle devient vite petite quand Sebastian vient m'informer de ses propres avancements sur le dossier. Avancements de moins en moins flagrant au fil des jours qui passent depuis celui de l'attaque. Si bien que la réception des derniers dossiers concernant la victime de différents collègues des services du ministère est peut-être la seule nouveauté intéressante des derniers jours. Ça et les hiboux étranges et inquiets d'Arsinoe.

Je suis un bon enquêteur, l'habitude de porter attention aux détails, de faire des plans mentaux complexes et travaillés, d'établir tout un réseau de connexions possibles à faire et défaire en quelques tour de réflexions et mon instinct s'est façonné au fil des interrogatoires et des enquêtes. Je sens que quelque chose cloche dans les informations qui nous parviennent. L'armée évidemment n'est pas étrangère à cette sensation. Leur habileté à garder tout pour eux, entraver des enquêtes, et même trafiquer des dossiers est l'un des facteurs principaux qui me font détester encore plus cette institution et ses procédés. Mes mâchoires se contractent, regard profond et chargés des diverses pensées qui agitent mon crâne tandis que j'attends le café coule. Mes yeux frôlent le dos de Sebastian, sombrant plus profondément dans des ombres obscures. Les traits tirés du jeune auror m'inquiètent. Ce n'était déjà pas fameux depuis quelques temps, mais ces derniers jours ont renforcé les mauvaises habitudes de Prince. Même mes cocadas laissés volontairement en quantité assez importante devant la machine à café, et sur son bureau, ont du mal à trouver grâce à ses yeux. Un signe flagrant que quelque chose le ronge de l'intérieur. Les muscles de la mâchoire se contractent trois fois sous la pression des idées qui tendent des possibles un peu partout entre différents points éparses. Ce sont ces idées qui avaient raccrochés la lettre d'Arsinoe de mars. Celle où elle avait évoqué l'envie de me parler de quelque chose, qui pourrait concerner Ozymandias, en lien avec sa réquisition pour l'armée sur l'affaire d'explosion sous-marine. Comment ne pas songer à Isaksen sous ce prisme là ? Un militaire, qui se venge de son frère rétrogradé par la Kaptajn en fouillant ses affaires, qui fini devant la cour martiale et évincé de son poste. Qui se reconverti, étrangement, dans le Musée où travaille le frère de cette même Kaptajn. Difficile de ne pas vouloir faire des liens entre tous ces éléments. A tort, selon ses dernières lettres, et pourtant. J'ai du mal à refermer entièrement cet embranchement. Quand bien même mon rapport n'en comporte aucune trace qu'une simple évocation fermée.

Le thermos à nouveau plein de café chaud, quelques cocadas dans l'autre main, je reprends la direction de mon bureau, pendant soin de refermer la porte derrière moi. Arsinoe n'est pas du genre à renoncer une fois qu'elle a une idée en tête, elle viendra tôt ou tard, mais je n'ai pas envie que les collègues pensent qu'ils peuvent venir m'interrompre. D'un coup de baguette je vérifie que le voyant d'occupation de la salle est bien au rouge, avant de me replonger dans un froncement de sourcils dans sa lecture des rapports d'une petite affaire sans importance autour du haut général Mackenzie. Un nom de famille aux ramifications diverses dans les différents corps d'armée, souvent dilué sous la prise de nom des épouses en cas de mariage heureux avec un nom plus réputé. Un habile procédé qui permet, entre autre, de limiter les liens immédiats de filiations entre les différents membres d'une même famille. Tous, pourtant, sont facilement impliqués dans quelques petites affaires autour d'une autre grande famille de militaires. Aumundsen. Je n'ai pas accès à grand chose, des lettres de rapports sur des comportements jugés inappropriés d'un officier, oue rapport moral d'une enquête pour outrage envers un supérieur. Des miettes insignifiantes qui ne traduisent pas grand chose d'autre que des querelles d'orgueil qui remonteraient à diverses générations au-dessus. A coup sûr une histoire de partie de carte qui aurait mal fini entre deux militaires.

Ma plume note dans un grattement de parchemin une dernière information relative à cette liste qui ne mène nulle part quand deux coups secs se font entendre contre la porte. Sans attendre de réponse, la militaire - car cela ne peut être que elle - entre dans un son sec de botte sur le sol. Droite et sérieuse, une Kaptajn en déplacement, avec ses gallons et ses titres de gloire portés en drapeau. Assis de biais par rapport à la porte d'entrée, je me redresse sur ma chaise, coude sur la table et mâchoire posé sur le poing.  « J’suis là. Alors…? » Mon regard sombre d'un orage profond se rive dans le sien. Façade neutre et sèche du masque qu'elle porte. Je l'observe quelques secondes en silence, essayant de comprendre ce qui la perturbe autant dans cette histoire. Dans un soupir je me lève, contournant le bureau pour attraper le café et en verser dans la tasse que j'avais pris en plus pour elle, au cas où. « Café ? Comme promis il reste des cocadas si tu veux. » Je doute qu'elle ait envie de s'en servir tant qu'elle aura ce “alors” en suspens en travers de la gorge. Me plaçant face à elle, les fesses contre le bureau, ma propre tasse de café en main, les yeux toujours intenses rivés dans les siens, je reprends dans une voix profonde : « Alors je n'ai pas l'intention de te nuire en racontant des rumeurs sur toi à Ozymandias. Aussi vraies ces rumeurs soient-elles. Mais j'aimerais avoir ta version de l'histoire autour de ces Isaksen et de leur cousin, je sais que tu veux pas que je me mêle à tes histoires de l'armée, mais j'ai besoin de savoir que je laisse pas un trafiquant d'artefact de magie noire en liberté parce que je t'ai fait confiance. » Je bois une petite gorgée de café avant de poser la tasse sur la table pour appuyer mes deux mains sur le bord du bureau derrière moi.



Although I felt like giving up It's not the road I chose
Arsinoe Adelsköld
Arsinoe Adelsköld
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Je n’ai pas de talent particulier pour déchiffrer les émotions des gens. J’ai un sens de l’observation aiguisé, mais je ne suis pas particulièrement douée, pour deviner ce que pensent les personnes qui m’entourent. Les mots que je comprends le mieux, ce sont ceux qui se forment dans des poings serrés et une machoîre crispés, ceux qui naissent dans des claquements de langue nerveux et un cœur qui bat trop fort. En cet instant, je n’ai aucune idée de ce qui peut bien se passer dans la tête de l’auror que j’apprécie. Il s'est redressé sur sa chaise lorsque je suis rentrée, et je l'ai observé en silence après avoir parlé, lui rendant son regard. J'aimerais savoir ce qu'il signifie. Si l'orage que je crois y lire m'est adressé, ou si ça n'a rien à voir. J’aimerais savoir si cette rencontre a des chances de bien se dérouler, ou si je me dirige vers une tempête, sans même le savoir.

J’aurais envie de tourner les talons. Ne pas affronter la conversation que j’ai provoquée, ne pas écouter des réponses que je ne suis potentiellement pas prête à entendre. Je ne fuis jamais, mais ça ne signifie pas que je ne veux jamais le faire. Être forte, en tout temps, n’enlève pas la tentation de s’accorder le droit de ne pas l’être. Je serre les dents, me concentrant sur ce que je suis venue faire, alors que Magni se lève dans un soupir, versant du café dans une tasse. Je lui ai fait instinctivement confiance, quand mon frère me l’a présenté officiellement. Pas seulement à cause de son passé, ou des trucs élogieux sur ses compétences en vol que j’avais entendu sur lui dans l’armée, à l’époque. Il dégageait ce truc, que je n’ai jamais cherché à m’expliquer. Une impression, nette, qu’on pouvait se fier sur lui. Et jusqu’à présent, il n’a jamais rien fait qui a brisé cette impression.

C’est peut-être le problème. Son avis compte. « Café ? Comme promis il reste des cocadas si tu veux. » J’ai toujours faim, sauf aujourd’hui. Ma gorge est trop serrée ; je fixe néanmoins mon attention sur la tasse de café, une lueur d’envie venant valser momentanément dans mes iris clairs. Je ne dis jamais non à de la caféine, qu’importe le moment. Je reporte néanmoins rapidement mon attention sur celui qui s’est appuyé contre le bureau, ses yeux fixés dans les miens. Que croit-il y lire ? L’aveu qu’Isaksen n’a pas raconté des conneries à mon sujet ? Des lueurs de folie ? Est-ce que sa propre opinion a changé…? « Alors je n'ai pas l'intention de te nuire en racontant des rumeurs sur toi à Ozymandias. Aussi vraies ces rumeurs soient-elles. Mais j'aimerais avoir ta version de l'histoire autour de ces Isaksen et de leur cousin, je sais que tu veux pas que je me mêle à tes histoires de l'armée, mais j'ai besoin de savoir que je laisse pas un trafiquant d'artefact de magie noire en liberté parce que je t'ai fait confiance. » Mon cœur s’anime violemment à la seconde phrase. Aussi vraies ces rumeurs soient-elles. Alors, il les croit ? À quel point ? Mon regard s’est durcit et la pointe et ma machoîre s’est serrée. Tout le reste de ses mots me semble très secondaire. Je me fous de cette histoire d’Isaksen et d’artefact. Røyk, sous sa forme de lionne, s’est étendue entre la porte et le mur : « Ma version de l’histoire ne te sera d’aucune aide pour ton enquête, mais je me fous pas mal de te la donner. » Ma voix est froide. Je ne parviens pas à lui insuffler la moindre once de chaleur. Mon corps se gère comme il le peut, sans trembler : j’ai déjà oublié très volontairement et avec mauvaise foi, les dernières heures. Comme si je n’avais pas craqué. Cet instant n’avait pas d’importante. Ce n’était qu’une réaction physiologique, rien de plus.

Je fais quelques pas pour prendre la tasse qu’il a remplie, le remerciant d’un signe de tête avant de me reculer. Je m’appuie contre la porte que j’ai précédemment fermée, prenant une gorgée avant de poursuivre : « Y’avait un Isaksen autrefois, dans mon escadron. Il a crevé, son frère voulait des réponses que je lui ai pas données. Je lui ai peut-être cassé la gueule, ses cousins ont pas apprécié et m’ont fait chier. Aucun lien avec des artefacts. » Un résumé succinct, d’un ton monotone et désengagé, qui camoufle plutôt mal le fait que je tais volontairement certaines informations : celles qui sont trop liées à ma présence ici aujourd’hui. Je prends une nouvelle gorgée, appréciant la chaleur réconfortante du café. Je me fous d’Isaksen, oui. Une seule chose m’intéresse, et c’est ce qu’il a dit, ainsi que ce qui a été cru. Je poursuis : « Tu insinues quoi, par aussi vraies ces rumeurs soient-elles? » Et s’il y croit, que compte-t-il en faire ? Je ne songe pas au fait qu’insister à ce point sur les propos du cousin est encore plus louche que si je n’avais rien demandé. Je ne suis pas stratégique, dans les relations humaines. Je fonce et j’interroge, qu’importe les résultats. Je continue donc : « Qu’est-ce qui passe mal, par écrit ? » Il peut ne pas avoir l’intention de me nuire…Mais cette intention peut heurter un mur, s’il me croit un danger pour Ozymandias.
Magni Hammarskjöld
Magni Hammarskjöld
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J'ai (pas) peur

@Arsinoe Adelsköld   | 1er mai 2024
 

Elle n'a pas aimé ce que j'ai dit. La ligne rigide et droite de sa mâchoire ne laisse pas sous-entendre autre chose. J'ai en mémoire ses lettres, la pression et la façon qu'elle avait eu d'insister, vive et tranchante, sur cette histoire d'informations obtenues sur elle. Sur ses craintes, étonnantes et persistantes, de me voir les utiliser contre elle. J'aurais pu les déjouer immédiatement, les jeter dans le volcan de mes propres peurs, rassurer ses angoisses et lui répondre que je n'accorde aucun foutu crédit à la parole d'un suspect militaire dans une enquête aussi grave que celle qui me sert de distraction ces derniers jours. Mais je ne l'ai pas fait. J'ai eu ce besoin instinctif de la voir, de lire sur son visage là où se situaient ses craintes, et ses angoisses, pour trouver le moyen, autre que par des mots de papiers, de rassurer une âme qui, je le devine, ne pourra plus jamais l'être. De l'armée je n'ai frôlé que les premiers échelons, cette gloire auréolée de drames qui marquaient les visages des Hammarskjöld que j'admirais le plus dans la famille. Ceux qui m'ont fait regretter de ne pas être assez dans l'écoute et la discipline. Ceux dont j'ai lâchement fuit le jugement en partant pour la Colombie dès ma propre éviction volontaire de l'armée de l'air, en depit des regrets qui ne se sont jamais totalement asséchés. J'aimais ce métier que l'on me brossait enfant. Ces carrières, ces joies et ces honneurs des plus fins pilotes de balais qui vibraient dans l'air, fusées invisibles dans les volutes des nuages gris. Escadrons fugaces, plus furtifs que les Walkyries elles-mêmes, plus rapide et mortels que les éclairs de Thor. J'étais un foutu bons de ces pilotes. Mais il y avait tout le reste. La rigidité de fer des baraquements et mes envies d'escapades pour retrouver Markus, inlassablement. Ma lente et longue haine de chaque membre de mes camarades qui, trop heureux de se retrouver en nombre, ont lentement pris leurs revanches sur moi et mes années de propagande d'amours diverses. Je me souviens d'Adelsköld, de ses propres barrières construites trop rapidement pour me permettre de me laisser me glisser derrière avec lui. Je n'étais pas fait pour ce métier, cette discipline sans cervelle qui me laissait n'être rien d'autre que l'exécutant d'ordres inutiles et humiliants sous prétexte que c'est l'armée. Mon armée imaginée depuis les rêves d'enfants était brillante, lumineuse et faites pour protéger. La véritable armée était sombre, crasseuse, et n'avait de rutilant que les médailles polies sur les uniformes tirés aux quatre épingles et lavés par ceux-là même qui se salissaient les mains sous les ordres des supérieurs. Je n'ai jamais accepté cette hiérarchie écrasante qui ne cherche qu'à briser l'âme et la personnalité de ses soldats. Je ne pouvait pas être militaire.

Sauf qu'en définitive, j'ai été bien pire.

Mes mâchoires se contractent, trois fois, quand elle prend la parole. « Ma version de l’histoire ne te sera d’aucune aide pour ton enquête, mais je me fous pas mal de te la donner. » Les ombres noires s'intensifie sous la froideur raide de sa voix. Je n'ai pas l'habitude de l'entendre s'exprimer ainsi. Elle et moi ça a toujours été plutôt des discussions agréables, baignées du chaleur de sa personnalité flamboyante et de son tempérament vif. Mais le froid de façade est autre chose encore. Un froid que je n'ai jamais réussi à trouver dans mes propres émotions explosives, malgré mes heures passées en apnée sous les glaces d'hiver. Ma voix à sans cesse le tonnerre en fond et les tumultes en ombrages. Même dans sa douceur et ses chaleurs tendres, elle ronfle des rondeurs des ours, des feux ronflants dans l'âtre et des profondeurs des montagnes. Je n'ai jamais réussi à la modeler comme elle le fait trop bien dans ce bureau. Un froid si peu naturelle qu'il encombré mon front des inquiétudes plus marquées des soucis. Je ne pouvais pas me contenter de quelques mots de papiers.

Quand elle s'empare de sa tasse dans un signe de tête je me contente de la suivre du regard, cherchant encore ce que j'ai pu manquer toutes ces années, tout en sachant pertinemment que les pierres devaient être là, quelque part, cachées sous les piétinement de son chemin. Je n'ai jamais été naïf. J'ai pris des coups trop tôt pour cela. Mais on a toujours l'espoir de voir les autres être épargnés, un peu plus que d'autres. Surtout ceux qui nous sont proche, et Arsinoe l'est devenue d'elle-même en trouvant sa place dans le club de Quidditch, et puis en tant que sœur d'Ozymandias, plus récemment. Je ne peux pas m'inquiéter pour tout le monde, je ne devrais pas. Mais c'est impossible de ne pas le faire quand je vois dans leurs yeux des souffrances muettes que personnes ne semble écouter. Miroirs de mes propres failles. Et de mes propres erreurs. « Y’avait un Isaksen autrefois, dans mon escadron. Il a crevé, son frère voulait des réponses que je lui ai pas données. Je lui ai peut-être cassé la gueule, ses cousins ont pas apprécié et m’ont fait chier. Aucun lien avec des artefacts. » L'histoire est si écourtée qu'elle est presque risible de mauvaise foi. Comme si c'était si simple. Une simple histoire de morts et de questions réponses entre les familles et la sœur d'armes. Mais rien n'est jamais aussi simple. Si ça l'était, la sœur d'armes n'aurait pas autant de mal à répondre aux questions de la famille. Elle n'aurait même pas à le faire, les rapports et les discours officiels suffiraient. Mais ce n'est pas tant cela qui m'importe et me questionnent. Les non-dits sont évidemment curieux et intriguant, mais je ne suis pas là pour faire le procès d'une armée forcément coupable. C'est autre chose qui m'intéresse et resserre mes doigts contre le bord du bureau. « Tu insinues quoi, par aussi vraies ces rumeurs soient-elles? » Je crois qu'il y a du vrai, on ne fait pas feu de vent, mais qu'on melange souvent les cendres avec des accélérateurs pour les rendre plus féroces, sans les rendre plus véridiques pour autant. Il y avait des infimes choses dans le discours d'Isaksen, de très légères inflexions de regards sous la pression de l'interrogatoire mené principalement par Sebastian et moi. De très légères touchent de floues dans le tonus de ses affirmations. “Elle l'a envoyé à la mort, elle a fait changer les noms de ceux envoyés dans la mission pour se retirer. Elle savait que ce serait voué à l'échec et elle l'a envoyé quand même sans rien dire. Vous pouvez pas juste la croire sur parole cette femme-là.” Comme un éclair gris dans le fond de sa prunelle quand il avait répété, une seconde fois, le lendemain, la même histoire concernant ce Tomsen. Une sensation d'incertitude ornée d'un aplomb militaire. Mes pensées se ferment toujours plus étroitement quand j'interroge un suspect. Je refuse de lire les réponses sans preuve matérielle. La mémoire et les pensées sont modulables, ce ne sont jamais des preuves entièrement fiables, encore moins dans une enquête. Je ne risquerais pas le vice de procédure pour satisfaire mon propre orgueil de démêler le vrai du faux. Mais la pratique des interrogatoires pour les aurors, comme pour Manolo Gacha, ont formé mes sens a mieux sentir les infimes variations quand les émotions trop fortes arrachent des accents de vérités dans les océans de mensonges. On ment pour plein de raisons différentes, même sous serment, même quand les mensonges ne pourront que nous porter préjudice et discréditer nos paroles. On ment parfois en étant convaincu d'avoir raison. « Qu’est-ce qui passe mal, par écrit ? » Tout. Je ne m'exprime pas toujours bien à l'oral, parlant de manière souvent trop imagée, une habitude tirée de l'espagnol qui utilise des expressions visuelles plus marquées que les langues scandinaves. Par écrit c'est encore pire. Les seuls lettres dans lesquelles j'excelle ce sont celles avec Markus où on fait des métaphores sur des sujets très matures. Autrement dit pas du tout le ton pour de telles discussions. « Mon inquiétude Arsinoe. » D'un mouvement de bassin je me redresse, fait le tour de mon bureau, ferme le dossier en cours de lecture avant de le sceller d'un coup de baguette. « J'insinue rien que ce que ça veut dire. Je veux bien croire que l'Isaksen que j'ai interrogé ait assombri le tableau pour te faire poser en coupable idéale de la machination qui l'a mis dans nos cellules, mais je doute qu'il ait tout inventé sur votre passif. Surtout vu ta réaction d'aujourd'hui. » Je relève les yeux vers elle, observant une fois de plus son visage, avant de revenir me placer devant elle contre le bureau et ma tasse de café. « Pourquoi tu réagis comme ça Arsinoe ? C'est où le problème ? Ce que je crois ou non être vrai ? Tu vas me dire que tout est faux ? Que tu n'es pas une militaire qui a commandé ses hommes ? Marica. Je suis pas con, c'est le principe même de ton travail et sur le papier j'en ai rien à foutre. Ça me fait chier pour toi, pour les trucs que tu dois mettre de côté entre qui tu es et la Kaptajn. » J'avale une gorgée de café chaud, avant de passer une main dans mes cheveux qui s'accroche un peu dedans, ébouriffe les mèches bouclées, avant de retomber lourdement sur le bureau dans un son mat. « Il pense que c'est toi qui lui a mis un artefact dessus pendant qu'il était à l'infirmerie après fouillé tes affaires personnelles. » Mjöll, trait bleu invisible sous un dossier, relit pour nous quelques lignes inscrites sur un compte-rendu de ces différentes interrogations autour de l'implication d'Arsinoe. « Je sais que tu as pique-niqué avec Alfhild Mørk, une des assistantes du Musée. Elle pourrait être ta complice dans cette histoire. Ça se tiendrait. » Hypothèse rapidement balayée de côté par mes propres recherches autour de la jeune femme, et des dires d'Ozymandias à son sujet. Mais je veux, malgré le ton déjà acéré de la militaire, tester où se situe son agacement et son besoin de sortir ses boucliers de défense. Comprendre son attitude et sa réaction. Et résister, encore un peu, à l'envie de la serrer dans mes bras et rassurer cette âme fragilisée par les conneries que l'armée nous fait croire comme justifiables. Mon propre cerveau est plein de ces mêmes conneries. Celles que je me répétaient encore et encore, pour justifier ce qui ne pouvait pas l'être, sous les ombres humides et chaudes des forêts de Bogota.




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Arsinoe Adelsköld
Arsinoe Adelsköld
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« Mon inquiétude Arsinoe. » Je déteste les réponses trop générales, même si j’en donne moi-même. Dans un monde idéal, toutes les informations désirées viendraient en quelques lignes, après que la question ait été posée. Sans implicite, sans déchiffrement nécessaire, sans toutes ces conneries d’interprétations qui demandent beaucoup trop d’analyse. J’ai à peine bronché, quand il a parlé de son inquiétude. À peine un froncement de sourcils plus accentué. Son inquiétude, c’est trop vague. Je ne doute pas qu’il s’inquiète pour Ozymandias : et ce soucis qu’il a lui est certainement l’une des choses que j’apprécie le plus chez l’auror. J’ai raté des moments importants dans la vie de mon frère. J’ai été absente ou présente trop tard, dans des instants, comme celui avec Fredrikke, où j’aurais dû le protéger. J’ose espérer que l’auror réussira toujours là où j’ai échoué et qu’il saura veiller sur lui. Son inquiétude, donc, ne me surprend pas. Mais elle est potentiellement dangereuse, pour moi. Jusqu’à quel point s’étendent ses réflexes protecteurs ? Me mettre en garde…? Potentiellement le mettre en garde, lui, sans tout lui dire ? Il pourrait très bien l’éloigner subtilement de moi, pour le préserver. Que je l’apprécie, et que ça ait été réciproque dans le passé, n’est pas un gage de sécurité. Daegan m’appréciait. Ça ne l’a pas empêché de changer drastiquement d’idée à mon sujet et de vouloir prévenir Jasper, pour ne plus qu’il me côtoie. Les gens réagissent tous différemment, devant la violence, et je ne sais rien du fonctionnement de Magni face à une telle situation. Je ne sais rien de ce qu’il croit, aussi.

Il se redresse avant de faire le tour de son bureau pour fermer un dossier, pendant que je bois une nouvelle gorgée de café. Tendue, inévitablement. Une partie de ma concentration est focalisée sur le contrôle que je dois exercer sur mes émotions, pour ne pas les laisser paraître, moi qui a toujours été un livre ouvert. « J'insinue rien que ce que ça veut dire. Je veux bien croire que l'Isaksen que j'ai interrogé ait assombri le tableau pour te faire poser en coupable idéale de la machination qui l'a mis dans nos cellules, mais je doute qu'il ait tout inventé sur votre passif. Surtout vu ta réaction d'aujourd'hui. » Mes sourcils se froncent davantage alors qu'il relève les yeux vers moi, avant de revenir dans sa position initiale. Vague, encore trop vague. Il doute sur quoi, exactement ? Quels éléments Isaksen a raconté ? Que croit-il ? Et que compte-il en faire, de ses doutes ? J’ai passé des années à cacher à mon frère mes histoires les plus dégueulasses de l’armée. J’ai rédigé des lettres joyeuses dans les pays qui ensanglantaient mes mains, j’ai parlé du ciel, des rires et de l’esprit de camaraderie, quand mes camarades s’éteignaient. J’ai omis mes actes, mes craintes, mes doutes. J’ai rayé mes appels à l’aide, mes cris et ces moments où j’aurais eu besoin de son soutient. Je ne lui ai laissé que le plus beau, pour ne pas qu’il s’inquiète. Et pour ne pas le dégoûter, aussi. À défaut d’avoir ses bras dans des instants où j’aurais voulu aller m’y planquer, j’avais au moins la certitude que ses yeux, lorsqu’ils se poseraient sur moi, ne reflèteraient pas l’écoeurement que j’avais pu lire dans d’autres. Que pour lui je serais toujours Noe. Pas un monstre, pas un assassin, pas une sadique. Juste Noe, sa sœur.

Est-ce que Magni va m’enlever cette certitude ? Est-ce qu’il va m’enlever cette blancheur un peu trafiquée, par inquiétude pour Ozymandias ? Et est-ce qu’on ne peut pas me foutre un peu la paix, ces jours-ci…? « Pourquoi tu réagis comme ça Arsinoe ? C'est où le problème ? Ce que je crois ou non être vrai ? Tu vas me dire que tout est faux ? Que tu n'es pas une militaire qui a commandé ses hommes ? Marica. Je suis pas con, c'est le principe même de ton travail et sur le papier j'en ai rien à foutre. Ça me fait chier pour toi, pour les trucs que tu dois mettre de côté entre qui tu es et la Kaptajn. » Essaie-t-il d’obtenir des réponses ou est-il sincère ? Je n’ai pas l’habitude d’être autant sur la défensive, en présence de l’auror. L’esprit voulait aller allègrement vers lui, pour que tout se termine dans le rire et la bonne humeur. Le corps souhaiterait presque se nicher contre ses bras, dans le besoin enfantin, con, débile et indigne de mon rang, d’un réconfort que je ne devrais pas vouloir.  Je m’efforce de me concentrer sur ses paroles, sans remarquer que ma main a recommencé traîtreusement à trembler contre la tasse. Une militaire qui a commandé ses hommes. Parle-t-il de maintenant ou d’autrefois ? J’avais un rang chez les spøkelse, mais j’étais pas la seule à en avoir obtenu un. On se suivait depuis des années. Et quel est le lien avec Isaksen ? Je n’avais rien ordonné à Tomsen. « Il pense que c'est toi qui lui a mis un artefact dessus pendant qu'il était à l'infirmerie après fouillé tes affaires personnelles. » Un sifflement moqueur, empreint de mépris, s’échappe de mes lèvres. Pas étonnant de la part du militaire, comme propos. C’était prévisible, qu’il chercherait à m’accuser. « Je sais que tu as pique-niqué avec Alfhild Mørk, une des assistantes du Musée. Elle pourrait être ta complice dans cette histoire. Ça se tiendrait. » L’ébauche du demi-sourire s’éteint, esquisse vouée à ne jamais être complétée. Mes yeux s’assombrissent et mon regard, toujours posé sur l’auror, se fait plus perçant, comme si je pouvais lire dans sa phrase. Que vient foutre Alfhild là-dedans, bordel ? Et quel est le but de ses questions et de leurs messages sous-jacents ? Me soupçonner, finalement ?

Je laisse le silence s’installer, pendant quelques brèves secondes, alors que j’ordonne mes pensées. Je porte ma tasse à mes lèvres, avalant une gorgée qui n’a plus rien de réconfortante. « Si tu veux des réponses claires Magni, donne-moi des réponses tout aussi claires. Et pose-moi tes vraies questions, sans mettre un rideau devant. Tu me perds, et ça me fait chier d’analyser toutes tes paroles, comme si t’étais un ennemi contre lequel je dois me tenir sur mes gardes. » Pas de gant de blanc, pas de détours. Je ne fais pas dans les labyrinthes. S’il me soupçonne, s’il doute de moi, s’il sait déjà trop de choses à mon sujet et envisage d’agir en conséquence…Je veux le savoir. « Alfhild a rien à voir dans cette histoire. Si tu l’as rencontrée, tu dois bien le savoir. Alors, quelle information tu cherches vraiment à connaître ? Pourquoi je l’ai invitée à pique-niquer ? » Un autre sujet potentiellement problématique, à lequel j’essaie de ne pas penser depuis plusieurs jours. Fredrikke, et l’impact de mes actions sur Ozymandias. Est-ce que l’auror aurait vraiment tort d’essayer de m’écarter de lui…? Ce serait compréhensible. Je ne crois pas aux conneries de noir ou blanc, mais s’il fallait nous diviser entre deux extrémités, mon frère serait clairement du côté le plus immaculé, et je serais dans l’autre. Le plus crasseux, qui tache inévitablement l’âme.  Je poursuis : « Le problème, oui, c'est ce que tu crois ou non être vrai. Parce que j'ai aucune idée de ce qu'il t'a raconté, j'ai aucune idée de ce que tu crois ou non et de ce que tu en pense. Et ce que tu comptes faire de ces informations. » Je suis directe, comme à l’accoutumée. Et de moins en moins en contrôle. J’aimerais me faire croire qu’il n’y a que la colère, dans mes veines et dans mon regard, mais je la soupçonne d’être totalement absente de mon attitude générale. C’est un autre sentiment, qui prend toute la place, ce même sentiment qui m’a conduite à craquer précédemment comme une adolescente, plutôt que comme Kaptajn. Risible. « Est-ce que tu as enquêté sur moi, Magni…? » La question s’échappe frontalement. Mes yeux ne se sont pas baissés, trop clairs. Mes dents sont serrées. Je suis capable de tout prendre, tout absorber. Je vais gérer, même si je dois encore apprendre la déception de quelqu’un que j’apprécie.
Magni Hammarskjöld
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J'ai (pas) peur

@Arsinoe Adelsköld   | 1er mai 2024
 

Un silence lourd s'installe dans ce bureau déjà trop chargé d'une atmosphère de noirceur. Je n'aime pas quand des personnes que je connais sont impliquées dans mes affaires. Quand les noms sont ceux qui m'évoquent un profond désir de protection et d'amitié tendres. Je ne suis pas le meilleur des impartiales. Je ne sais pas l'être. C'est une de mes plus grandes faiblesses et mon équipe le sait. Markus le premier. Trop en colère contre les connards, trop prompt à leur trouver des circonstances atténuantes et à trouver dans leurs passés des raisons pour justifier des comportements destructeurs. L'habitude de fréquenter les milieux des populaires qui voient naître des combats contre la vie et la violence depuis la naissance. « Si tu veux des réponses claires Magni, donne-moi des réponses tout aussi claires. Et pose-moi tes vraies questions, sans mettre un rideau devant. Tu me perds, et ça me fait chier d’analyser toutes tes paroles, comme si t’étais un ennemi contre lequel je dois me tenir sur mes gardes. » Mon regard se fait plus perçant. Rivé dans ses yeux, je ne cherche pas à traverser ce rideau qu'elle pense que je mets autour de mes questions. Encore moins le rideau de sa conscience. J'hésite, sans avoir besoin de le faire. Pourquoi soudainement cette raideur et ces angoisses ? Je ne comprends pas ses réactions, ou plutôt je les comprends trop bien. Sans accepter qu'elle puisse croire que j'ai l'idée de nuire à Ozymandias. Or lui retirer sa petite sœur, serait forcément « Alfhild a rien à voir dans cette histoire. Si tu l’as rencontrée, tu dois bien le savoir. Alors, quelle information tu cherches vraiment à connaître ? Pourquoi je l’ai invitée à pique-niquer ? » Question intéressante. Sur laquelle je devrais me pencher ? Peut-être. Alfhild n'a rien dit sur le sujet, j'ai senti en l'interrogeant son pic de stress monter si haut à ma question que je n'avais pas eu le cœur de pousser plus loin derrière la raison détournée qu'elle avait invoquée. Quelque chose de tangible, si visuellement présent avait sauté dans sa tête, inondant mes barrières mentales de sensations pures. J'avais repoussé tant bien que mal les pensées désordonnées et apeurées qui avaient sauté en moi, noyant dans l'oubli des choses qui ne m'appartenaient pas. « Le problème, oui, c'est ce que tu crois ou non être vrai. Parce que j'ai aucune idée de ce qu'il t'a raconté, j'ai aucune idée de ce que tu crois ou non et de ce que tu en pense. Et ce que tu comptes faire de ces informations. » Un soupir soulève ma poitrine face à ses questions incisives, et mes yeux se baissent, tombant sur ses mains qui serrent la tasse de café dans un infime mais notoire tremblement. Je fronce les sourcils, nouvelles rides sombres d'un océan agité. Elle se contrôle pour rester de marbre, mais ce qui cloche est en train de lentement déborder hors des glaces prisonnières. Mierda. Est-ce que j'ai été trop loin ? Trop maladroit dans mon approche de la situation ? Est-ce que j'aurais dû faire autrement ? La convoquer officiellement plus tôt ? Ou l'inviter boire un verre plutôt que de lui faire mon hibou énigmatique sur le possible rapprochement entre Isaksen au Musée où travaille Ozymandias, et l'affaire pour laquelle il avait été réquisitionné, et ce truc dont elle voulait me parler. Tout se mêle, des nœuds que mes habitudes de situations complexes, et jamais hasardeuses, rendent trop joliment imbriqués. Mon regard se fait plus doux malgré moi, avant de se durcir d'un coup dans un serrement de mâchoire plus tendu. Mes iris, focalisés sur les mains qui tremblent, effleurent des blessures qui me sont d'un désagréable écho. Le cœur s'emballe, tambours rageurs dans les côtes. Pourquoi je l'ai invitée à pique-niquer ? La panique de la jeune Mørk, le regard très légèrement lancé en biais vers Ozymandias avant de sauter dans le mien, pour fuir à nouveau vers d'autres coins. Et ce visage au yeux bleus repoussé fermement de mon crâne. Pensée étrangère, parasite, poussée par une émotion trop forte que je n'avais pas vu venir. « Est-ce que tu as enquêté sur moi, Magni…? » Sa voix me tire de ma contemplation acide des traces de trous qui cicatrisent tant bien que mal sur le dos de ses mains. Des questions annexes et des interrogations convexes. Il n'est soudain plus question d'enquête, encore moins de tester salement sa mauvaise foi et sa sensibilité. Mjöll, que je n'ai pas vu sauter à terre, à pris sa forme d'ours polaire, immense et disproportionné pour le bureau trop petit pour ses mètres de graisse poilues. Ses fesses poussent le bureau, son épaule fait chuter la chaise sans qu'il n'en montre la moindre gêne du monde, s'allongeant plutôt de tout son long sur le sol, la tête tout contre celle de la lionne. Dans un même mouvement, ignorant tout aussi bien les dégâts matériels de cette intervention, je traverse la distance qui me sépare d'Arsinoe pour attraper ses mains dans les miennes.  « Marica, Arsinoe, non. Je n'ai pas enquêté sur toi. Ok. On va reprendre depuis le début. Je suis pas ton ennemi dans cette histoire. Je t'ai envoyé ce hibou seulement parce que je m'inquiète pour Ozymandias, et pour toi. Pas parce que je pense que tu représentes la moindre menace pour lui. » Mes mains toujours autour de celles de la militaire, j'essaie de faire le point pour reprendre fil par fil les éléments diverses et tenter d'ordonner tout ça sans l'inonder et la perdre à nouveau dans mes explications. « Je sais qu'on te soupçonne d'être une militaire sans honneur et qui n'hésite pas à envoyer ses camarades se faire tuer à sa place. C'est ce que crois Isaksen. Je crois surtout que tu as traversé des guerres, et comme tous ceux à qui ça arrive, tu as fait ce que tu as pu avec les ordres que tu as reçu. J'aime pas l'armée, tu le sais, je ferai pas l'éloge de tes médailles, pas plus que je ne ferai l'éloge de ceux qui crachent sur les autres pour sauver leurs fesses. T'as peut-être fait des trucs qui me feraient tiquer, je veux pas savoir. Je viendrai pas fouiller, encore moins tenter de te faire cracher le morceau. Ce serait plus que foutrement hypocrite de te reprocher ça. Encore plus d'aller raconter des trucs à Ozymandias. Je lui raconte déjà pas mes propres affaires. » Éclair sombre, presque fiévreux, dans un regard qui chute toujours plus profondément dans une tempête sourde. Est-ce que je réagirai pareil s'il venait à être mis devant mes propres actes au sein de la Mano Mara ? Que dirait-il s'il apprenait les sortilèges qui sont sortis de ma baguette sous le compte d'un faux-nom, avec pour seule excuse, cette couverture poisseuse du sang de ceux qui devaient être épargnés quand il serait sous les verrous ?  « J'ai pas l'intention d'enquêter sur toi, mais je m'inquiète de toute cette histoire autour de toi, de ce que tu portes, je sais le poids de certaines actions, je te pense assez solide pour les porter, mais t'aurais aussi le droit de vouloir t'en décharger de temps en temps. J'espère que tu le fais. » Pas comme moi. J'espère qu'elle a pas la même connerie d'idée de se croire suffisamment forte pour tout enfouir et vivre avec sans jamais prendre le temps de l'extraire de sa conscience. D'une poigne douce, mais ferme, je décroche la tasse de ses mains pour me reculer, et aller la déposer sur le bureau, avant de revenir en l'espace de quelques secondes auprès d'elle. Attrapant une des mains blessées, je la tourne, paume vers le ciel, avant de remonter poser un regard sombre dans ses yeux : « Est-ce que ça a un lien avec  le pique-nique à proposé à Alfhild ? » Une pointe de panique sombre perce dans l'orage d'inquiétude qui palpite dans ma poitrine, vibrant dans la voix avec une odeur de pluie. Est-ce que Fredrikke Mørk est revenu dans la vie d'Ozymandias sans que je ne sois au courant ?



Although I felt like giving up It's not the road I chose
Arsinoe Adelsköld
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Je ne suis pas contre les contacts. Il y a des moments où ils me sont nécessaires, où je les cherche et les provoque. Et il y a d’autres instants, comme aujourd’hui, où ils me déstabilisent, comme si je ne les méritais pas. Mes mains ont un infime mouvement de recul, lorsque Magni se lève soudainement pour les prendre dans les siennes. J’imagine le pire avant le meilleur, beaucoup plus habitué à la rancœur qu’à la douceur : est-ce pour m’immobiliser ? Mes doigts se serrent contre la tasse, comme pour me donner une meilleure prise, si je devrais m’en servir comme arme. Simple réflexe, absurde et con. Je ne tenterais rien contre l’homme qui rend heureux mon frère. « Marica, Arsinoe, non. Je n'ai pas enquêté sur toi. Ok. On va reprendre depuis le début. Je suis pas ton ennemi dans cette histoire. Je t'ai envoyé ce hibou seulement parce que je m'inquiète pour Ozymandias, et pour toi. Pas parce que je pense que tu représentes la moindre menace pour lui. » Si j’étais métamorphage, mes yeux s’éclaireraient probablement d’une nouvelle couleur. Mon soulagement est si palpable que mes épaules, jusqu’ici bien droites et raides, s’abaissent légèrement. Il ne pense pas que je représente une menace pour mon frère. C’est la phrase la plus importante.

Je jette un coup d'oeil à Røyk, qui m'observe d'un air inquisiteur. Elle n'a pas bronché, même quand la fylgia de Magni s'est transformée, faisant chuter la chaise avant de venir la rejoindre. La lionne est d’un naturel toujours joyeux, mais en cet instant, je peux sentir que ses émotions, liées aux miennes, sont bien plus agitées. Elle aimerait me protéger, sans savoir comment s’y prendre, tout en sachant que je m’opposerais à tout acte dans le genre. « Je sais qu'on te soupçonne d'être une militaire sans honneur et qui n'hésite pas à envoyer ses camarades se faire tuer à sa place. C'est ce que crois Isaksen. Je crois surtout que tu as traversé des guerres, et comme tous ceux à qui ça arrive, tu as fait ce que tu as pu avec les ordres que tu as reçu. J'aime pas l'armée, tu le sais, je ferai pas l'éloge de tes médailles, pas plus que je ne ferai l'éloge de ceux qui crachent sur les autres pour sauver leurs fesses. T'as peut-être fait des trucs qui me feraient tiquer, je veux pas savoir. Je viendrai pas fouiller, encore moins tenter de te faire cracher le morceau. Ce serait plus que foutrement hypocrite de te reprocher ça. Encore plus d'aller raconter des trucs à Ozymandias. Je lui raconte déjà pas mes propres affaires. » Je trie les informations données, hochant lentement la tête dans un signe de compréhension. Isaksen a donc, comme je le soupçonnais, redit les mêmes merdes. Et Magni ne compte ni fouiller sur moi, ni me reprocher mon passé, ni rien raconter à Ozy. Je respire plus calmement ; je n’avais même pas remarqué que je maintenais ma respiration entre mes dents serrées, en attente de sa réponse. On réalise souvent à quel point une situation nous oppressait seulement quand le poids se soulève légèrement de nos épaules. Et en cet instant, même si j’ai encore des craintes, je me sens bien moins lourde que lorsque je suis entrée dans ce bureau. « J'ai pas l'intention d'enquêter sur toi, mais je m'inquiète de toute cette histoire autour de toi, de ce que tu portes, je sais le poids de certaines actions, je te pense assez solide pour les porter, mais t'aurais aussi le droit de vouloir t'en décharger de temps en temps. J'espère que tu le fais. » La phrase est déjà écartée dans ma tête. Personne ne devrait se soucier de moi. Personne n'a le devoir de le faire ; il l’a dit, je suis assez solide pour porter ces histoires. Et si parfois je flanche, comme aujourd’hui, si parfois je titube, alors c’est à moi de m’endurcir et d’apprendre à mieux me gérer. Il n’y a rien à faire d’autre.

D’une poigne ferme, mais douce, il décroche la tasse de mes mains. Je le laisse faire, attentive à ses gestes, le cœur battant encore trop fort, mais la posture moins raide. Røyk a abaissé légèrement sa tête, acceptant de l’appuyer contre celle de l’ours. Je comprends à retardement la tournure qu'est en train de prendre notre conversation : mes sourcils se froncent lorsqu'il attrape une de mes mains blessées, la tournant vers le haut. « Est-ce que ça a un lien avec  le pique-nique à proposé à Alfhild ? » Comment peut-il avoir deviné si vite…? Est-ce qu’Ozymandias lui a raconté ? Probablement pas, sinon il n’aurait même pas besoin de poser cette question. Est-ce à cause du type de blessures…? Je ne crois pas Fredrikke assez créatif pour les varier. Ozy avait dit que Magni était sur le dossier. Est-ce qu’il a déjà vu ça ailleurs, chez des victimes, plutôt que chez des combattants ? J’hésite sur la réponse à donner. Ma conversation avec mon frère, et mon débarquement agité chez lui, est encore trop récente. Tout le bordel d’émotions qui y est associé aussi. « À moitié. Je voulais apprendre à la connaître, et je suis par hasard tombée sur son frère la semaine d’après. » Mon ton est désinvolte, plus léger. Je ne mens même pas. Mes intentions envers Alfhild n’étaient pas seulement intéressées et je n’ai rien fait pour trouver Fredrikke Mørk. L’auror me reprochera-t-il ce que j’ai fait…? Vais-je devoir me justifier encore de ne pas être foutue de demeurer inactive ? C’est chiant, d’échanger des inquiétudes pour d’autres. Je reprends : « C’est rien. T’aurais dû le voir lui… Ozy n’est pas en danger. Toi non plus. Il a prêté serment.» J’ai précisé aussitôt, comme pour fuir d’éventuelles accusations. Peut-être qu'il considère que ce serait hypocrite de me reprocher d'avoir fait certaines choses dans l'armée, mais peut-être que tout son jugement peut changer, d'un coup. J'en sais rien. Tout ce que je sais, c'est que les opinions des gens ne sont pas fixes, leurs décisions non plus. Le soulagement est quelque chose de dangereux.

Doucement, sans raideur, je retire ma main de la sienne. Je me laisse reculer jusqu’à la porte, contre laquelle je m’appuie. Il a parlé d’hypocrisie et du fait qu’il ne lui raconte pas ses propres affaires.   Est-ce que tu te décharges des poids qui pèsent sur tes épaules, toi ? La question est muette. Je ne connais pas son passé, ni sa lourdeur. Mais je sais que ceux qui ont l’habitude de tout conserver pour eux-mêmes ont leurs raisons de le faire.   « Y’a rien à décharger, Magni. Et pas d'inquiétude à avoir. Pas pour moi. Je gère. Ce genre d'histoires...C'est courant. Ça a simplement dérapé plus qu’à l’accoutumée. » Je vais bien, je gère.Je me souviens de la première fois où j’ai craqué, dans l’armée. Johan venait de crever, le premier d’une longue liste. J’avais jamais été confrontée d’aussi près à la mort de quelqu’un que j’appréciais. Je m’étais écroulée dans les bras de Svendsen, ou je l’avais bourré de coups, c’est pas très clair. Le Kaptajn m’avait fait venir sous sa tente. Il m’avait parlé du grade de Sekondløjtnant que j’allais bientôt obtenir, de mes devoirs et mes obligations. Être forte. En tout temps. Pas seulement pour moi, mais aussi pour les autres, pour ceux qui ne pourront jamais l’être et qui devront pouvoir s’appuyer sur moi, en sachant que je ne flancherai pas. Être forte même quand je suis faible, être forte même quand mes racines se font sectionner, être forte même quand j’aurai aussi envie de m’écrouler. Et surtout, ne rien montrer. La colère, la hargne, la rancune, oui. Tout ce qui peut motiver les hommes. Pas le reste, jamais le reste. Je reprends : « Mais Ozy risque rien. Et si j’ai bien crains quelque chose, c’est qu’il lui raconte ses conneries, rien d’autre. Il ne l’aurait pas touché. » J’ai peu de doutes, sur le sujet. Isaksen est un lâche, mais pas ce type de lâche. Si j’avais eu le moindre soupçon inverse, je l’aurais délogé en moins de deux secondes du musée par le froc. Je m’efforce d’adoucir ma voix, rajoutant : « Je casserais la gueule de quiconque envisagerait de le faire, de toute façon. Désolée de t’avoir inquiété. Les rumeurs, je m’en fous normalement. Mais quand ça atteint des gens que je respecte…C’est différent. » Et ces foutues histoires ont pris beaucoup trop de place dans ma vie, dans les derniers jours.
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