Ça fuse, il fonce. Après réflexion trop intense, la décadence poussée au paroxysme ; alors depuis trois jours Nayir profite de son célibat, celui qu'on a condamné à la guillotine en robe blanche et anneau serti. Soirées électroniques lumières stroboscopiques ; succèdent des heures dans des toilettes aux lumières tamisées, pleines de nez poudrés de diverses substances ; à l'aube le soleil aurait pu faire émerger l'esprit enivré s'il n'avait été caché par d'épais rideaux, eux-mêmes dissimulés par des corps alanguis sur lesquels l'insolant a roulé délicatement, sensuellement. Et la boucle continue tandis que Nur serpentine danse en rond, langue sifflante et langage sirupeux autour des fylgjur qu'elle étouffe de son venin poétique et de son corps filiforme, juste retour des heurts que son humain lié réclame à leurs sorcier.e.s.
Quelques heures de sommeil chancelant sur le bateau qui le ramène à Durmstrang en guise de seul repos au cours des trois derniers jours et Nayir a continué les célébrations une fois arrivé sur l'île scolaire. Installé dans l'une des baignoires rondes des salles d'eau du clan Trøbbel, entouré de bouteilles qu'il n'a eu aucun mal à introduire dans l'enceinte de l'école (petit roi au nom doré et aux gallions lustrés), coupé du monde par un charme silencieux, noyé dans l'eau perpétuellement chaude et la musique hypnotisante qu'il a diffusée à l'aide d'un vieux tourne-disque magique : voilà comment Nayir a passé la fin de la nuit. Il a peut-être fermé l’œil quelques minutes quelques heures pas assez pour nettoyer son organisme et quand il se réveille il a la bouche pâteuse les membres lourds alors il relance la machine, grandes lampées qui glissent de sa langue à sa gorge, de la poche de sa veste du meilleur satin il tire un sachet blanc et caresse les gommes de ses gencives d'un doigt expert.
Il se rhabille et ses gestes accélèrent à mesure que le produit se répand dans son organisme. Nur féline se frotte à ses chevilles encore nues tandis qu'il reboutonne la chemise blanche, toujours parfaitement repassée (précieuse magie), qu'il s'obstine à porter sous l'affreux uniforme de Durmstrang. Alors que d'habitude la grimace augmente à chaque couche de tissus peu seyant, aujourd'hui c'est un sourire de travers qui s'écrase sur ses lèvres, assorti au regard un peu fou, et il fuit les lieux du crime sans prendre la peine d'effacer ses traces, le nom autorise tout il en a pris l'habitude. Il parcourt les couloirs à toute vitesse et grimpe les marches quatre à quatre, cape qui glisse malencontreusement sur son épaule, et sa vipère sinue le long de la rambarde jusqu'au cinquième étage. Peut-être n'a-t-il pas vraiment le droit d'être là mais comme toujours le pacha s'autorise, il s'introduit se glisse où son désir le porte, jusqu'à une porte sertie du panneau dont il a rêvé entre deux hallucinations fluos. Il toque et pousse le battant sans plus de cérémonie. Cousin ! Il écarte les bras, sourire plein de dents qui cachent à grand peine le venin qui coule déjà sur sa langue. Cousin, cher cousin, cela fait trop longtemps que nous n'avons pas pris le temps... de... cousiner. Il s'affale sur un siège, remarque l'inconfort sans bouger d'un pouce, yeux flous sur la silhouette mal réveillée du loup.
Un serpent parmi les fauves.