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La Soirée
2 participants
Stieg Sistsken
Stieg Sistsken
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La Soirée Débute
@Angelo Borghese |

Aussitôt qu’il sut que la troupe ferait relâche quelques jours durant, Stieg s’était empressé d’envoyer un hibou à Angelo afin de lui offrir de passer un peu de temps ensemble. Les mauvaises langues diraient qu’il s’est même invité chez lui. Sans avoir particulièrement tort, il fallait tout de même admettre que l’appartement du Borghese était largement plus confortable que la chambre de Stieg chez ses parents ou encore sa très spartiate caravane. Plus encore que de profiter ainsi de l’endroit, le sorcier nomade avait envie de voir son ami. Une raison à la fois très évidente et valide de suggérer une soirée, en somme. L’acrobate avait effectivement l’impression d’avoir négligé le psychomage et de ne pas l’avoir revu depuis trop longtemps. Presque trop, et il craignait que leur relation ne lui devienne flou, comme si elle la lui avait été racontée plus que vécue. Une crainte étrange et sans réel fondement, pour tout dire.

Toujours était-il que Stieg avait quitté la troupe par le biais d’un bus, un Charlemiah brumeux sur les genoux. Trois arrêts plus loin, il était descendu et s’était trouvé un coin tranquille duquel transplaner vers la capitale. Loin d’avoir été élevé par des monstres marins, Stieg s’était retrouvé à quelques minutes de marche du Nordstjernen. Le tatou qui le suivait partout marchait à petites enjambées rapides et mignonnes alors que l’humain se baladait d’un pas lent et souple, les mains dans les poches. Ils ne s’étaient pas entendus pour se rencontrer à une heure précise, de toute manière, n’est-ce pas?

Stieg monta l’escalier menant chez Angelo en évitant une marche sur deux, d’un mouvement dont la rapidité contrastait avec celle de sa démarche habituelle. Charlemiah pesta contre ce changement de rythme, et prit sa forme aviaire pour compenser le désavantage imposé par le sorcier. Perché sur son épaule la croupe devant, il montrait ostentatoirement qu’il boudait le bipède. Bipède qui n’en avait rien à cirer alors que trois petits coups de son poing résonnaient sur le panneau de bois.

« Ciao bel’amico ! » s’exclama le sorcier dès que son ami lui ouvrit. Il lui fit une accolade bien sincère pour laquelle Charlemiah fut bien forcé de prendre son envol. Stieg se dégagea de l’étreinte et retira, en pinçant les doigts, un cheveu de son ami qui n’avait pas compris que le temps des rapprochements était terminé.

« Au fait, Hope a encore joué avec tes plumes. »

Certes, il aurait pu en informer Angelo par retour de hibou, mais c’était bien moins drôle ainsi. Stieg ne tentait par ailleurs même pas de cacher l’amusement dans sa voix. Il alla déposer son sac, qui contenait tout le nécessaire pour rester pour la nuit, ainsi qu’un cadeau-surprise, à son endroit désigné, tout en poursuivant.

« Un beau coup ça va s’adonner être une beuglante et je sais pas qui de nous deux aura l’air le plus fou. »

Ça, c’était une longue histoire dont Stieg aurait pu avoir bien honte si son ami n’avait pas retourné la situation avec humour. Le fin mot de l’histoire, c’était de ne présumer de rien et Stieg accueillait la leçon avec espièglerie. Ça n’avait pas d’abord été le cas, mais personne n’avait à le savoir.

«  Comment va ? »
Angelo Borghese
Angelo Borghese
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Combien de fois peut-on décemment reprendre l’écriture d’une lettre avant d’accepter qu’on ne parviendra jamais à la terminer ?

Assis à ma table de cuisine, je dicte pour la énième fois à ma plume des mots que je sais voués à être raturés. Je l’entends gratter le parchemin dans le rythme constant de mes paroles, comme s’il y avait une réelle possibilité que cette missive soit envoyée. Hope ne dit rien, n’essaie pas de m’influencer, de me faire arrêter ou continuer. Je sens simplement sa tête posée contre ma cuisse, que j’agite sans cesse avec une nervosité non-assumée. Dans ma main droite, chiffonnée et sûrement dans un état lamentable après avoir été lue et relue en braille un nombre incalculable de fois, je tiens la dernière lettre envoyée la veille par mon frère, Samuele. Ce connard m’informe de son mariage à venir, avec quelqu’un en Italie, et me demande de ne pas venir. Je t’ai écrit seulement parce que mamma a insisté, tu sais comment elle est. Non puoi non invitare tuo fratello, qu’elle répète à chaque jour. Mais elle se trompe : je peux très bien ne pas t’inviter. Je ne veux pas voir ta sale gueule d’alcolizzato ipocrita alors que je m’avance vers l’autel. Reste dans tes tonneaux, Angelo. Et te pointe pas. Charmant, dans la forme. Digne de mon connard de frangin, qui avait de bonnes raisons de m’en vouloir à une époque, mais de bien moins bonnes d’entretenir cette hargne, même après que je sois devenu sobre.

J’ai essayé d’agir en psychomage. De voir la détresse et la souffrance sous ses mots, de lire la rancune à mon égard – justifiée – plutôt que des accusations injustes. J’ai essayé, vraiment, de ne pas prendre cette lettre personnelle, de m’en détacher, d’imaginer les sentiments de l’homme derrière, plutôt que de me poser sur les miens. Mais sous le professionnel, il y a un individu et même si j’ai beaucoup progressé à travers les années, je demeure un être impulsif, prompt à l’emportement. Cette foutue lettre m’a fait mal. Apprendre le mariage de mon frère, sans jamais avoir rencontré sa compagne, m’a fait mal. Être repoussé aussi clairement, aussi totalement, m’a fait mal. Et qu’il me considère encore comme un alcoolique…La première réponse que j’ai rédigée n’était pas douce. La seconde non plus. La troisième était trop émotive. J’en suis à la quatrième et je sais qu’elle n’est pas à la hauteur. Je ne devrais rien envoyer, rien répondre et simplement respecter sa volonté : ne pas y aller et cesser de vouloir renouer.

Un soupir s’échappe de mes lèvres, alors que je ramène brutalement la plume contre la table, l’obligeant à s’interrompre. Le sort lancé à mes escaliers a discrètement résonné, m’indiquant que quelqu’un est en train de les monter. Stieg, assurément. Un doux sourire s’épanouit sur mes lèvres à la pensée de revoir enfin mon ami, avec qui je n’ai pas passé de soirée depuis un bon moment. Il tombe bien, drôlement bien. J’ai besoin d’une distraction, d’un instant agréable avec quelqu’un qui m’apprécie, et que j’apprécie tout autant.

D’un geste rapide, je rassemble la pile de parchemin sur ma table, sans remarquer que la lettre froissée est tombée sur le sol. Je m’occuperai de Samuele plus tard ; je ne veux centrer mes réflexions que sur mon pote, ce soir, et oublier le reste. Je m’empresse d’aller ouvrir ma porte, la démarche assurée, ayant une parfaite connaissance de la disposition des meubles dans mon appartement.   « Ciao bel’amico ! » Je lui réponds par une expression semblable et sincère, tendant aussitôt les bras pour l’entraîner dans une accolade peut-être un brin mal contrôlée. On m’a déjà reproché que je serrais trop fort. Stieg se dégage de l’étreinte, pinçant un de mes cheveux et je ricane, tout en faisant un très léger pas vers l’arrière. C’est génial, de le retrouver après son absence. « Au fait, Hope a encore joué avec tes plumes. » Je fronce à peine les sourcils. En suis-je vraiment étonné ? Le tigre s’amuse un peu trop à replacer la plume à vulgarités dans mes affaires, quand elle se sent d’humeur particulièrement joueuse. La principale intéressée pousse d’ailleurs un léger grondement, qui ressemble presque à un rire. Totalement coupable. Je me demande ce que la plume a écrit à Stieg, du coup.

Je m’écarte pour mieux le laisser entrer, l’entendant déposer son sac. « Un beau coup ça va s’adonner être une beuglante et je sais pas qui de nous deux aura l’air le plus fou. » Je ricane légèrement, sans relever sa phrase. Je me souviens bien de cette première beuglante que Stieg m’avait envoyé, après mon accident. Comme si j’étais devenu sourd plutôt qu’aveugle. «  Comment va ? » Mal, j’imagine. Mais ce n’est assurément pas la réponse que je vais lui donner. D’un signe de tête, je lui indique l’emplacement du canapé – dans les faits, je me trompe de quelques centimètres, et je lui indique plutôt de s’asseoir dans le vide. J’affirme d’une voix moqueuse : « Je me doutais qu’elle les avait inversées. J’ai reçu un hibou courroucé d’un de mes fournisseurs de fruits pour les viennoiseries, qui me disait ne pas goûter mes allusions tendancieuses sur les grosses boules à bien pétrir et sur la pulpe à sucer. » La lettre falsifiée a failli me coûter cher, mais l’homme s’est finalement calmé après avoir entendu mes explications sur la roublardise de ma fylgia. « Tout ce que je lui avais demandé à l’origine dans ma lettre, c’était de me livrer plus d’orange pour la semaine d’après. » Et la plume a fait le reste. Typique.

Je me dirige vers le canapé, sans hésitation, sur lequel je m’asseois. Mon regard aux lueurs fantomatiques se pose sur Stieg, dont je devine l’emplacement grâce aux bruits : « Je vais bien. Un peu occupé ces jours-ci parce que ça bouge pas mal dans les rues, mais ça va. Et de ton côté ? Tout se passe bien ? » La question est sincère, mais est vouée à être plus approfondie plus tard. Ce que j’aimerais surtout savoir, c’est s’il va mieux.
Stieg Sistsken
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La Soirée Débute
@Angelo Borghese |

Stieg suivit le mouvement du barista et alla s’asseoir en tailleur sur le canapé. Il n’avait pas besoin d’être un génie pour comprendre que c’était la direction du geste, aussi imprécis puisse-t-il être. Il ne relevait jamais ce type d’erreur, trop terrifié à l’idée de lui-même perdre la vue. La mémoire musculaire pouvait être puissante, mais il n’en perdrait pas moins son travail, sans celle-ci. La pensée gonfla ses avant-bras de chair de poule qui se dissipa aussitôt.

Charlemiah, pour sa part, était directement aller se mettre dans les pattes de Hope. Elle ignorait toujours son humain, mais peut-être que la compagnie de la Fylgia à rayures lui ferait du bien.
 
L’acrobate étira son bras derrière le canapé, prenant très rapidement ses aises chez son ami. Il écoutait l’histoire d’Angelo avec un sourire amusé aux coin des lèvres et des yeux. Le bonheur de la quarantaine, tentait-il de se convaincre, alors que ce n’était que ni le premier ni le dernier symptôme d’une sénescence qui commençait à se manifester trop tôt à son goût. Il ponctuait l’anecdotes de petits rires et d’onomatopés qui trahissait l’immaturité de son propre humour.   « J’espère que ça s’est tassé. Ce serait dommage qu’Hope finisse par te faire perdre ton café. » S’il regardait bien la tigresse pour chercher sa réaction, son ton était toujours positivement amusé, et l’éclat dans son regard trahissait qu’il ne croyait pas lui-même en ses propres remontrances. La fylgia lui semblait trop astucieuse, et tenait suffisamment à Angelo, pour ne pas jauger des conséquences de ces actes.
 
Y avait-il pire que de devoir être un modèle de responsabilité? Non, Stieg préférait définitivement l’état de pseudo-liberté et d’apparence de jeunesse festive qui entourait sa vie. Une nonchalance naturelle devenue étudiée et travaillée en un art. Pourtant, désormais assis à ses côtés, son hôte semblait à l’opposé du spectre : lui prenait sur ses épaules la responsabilité de celles et ceux qu’il accueillait sous ses ailes. Puis, Angelo connaissait le poids de ses actes, bien mieux que beaucoup d’autres.
 
« Je vais bien. Un peu occupé ces jours-ci parce que ça bouge pas mal dans les rues, mais ça va. » Stieg eu une expression passagère, alors que le doute traversait son esprit. Occupé pouvait être autant positif que négatif, et il n’était pas certain de ce qui était ici le cas. Ça pouvait avoir le mérite d’arracher l’esprits aux marasmes du quotidien, autant que de submerger qui que ce soit sous trop de pression. À en juger par le marqueur d’opposition, ce ne devait pas être la joie pour autant. « Et de ton côté ? Tout se passe bien ? » « Ouais, ça fait du bien d’avoir à nouveau ma place à moi. J’ai perdu les quelques kilos de la cuisine de maman. » Quelques kilos que personne n’aurait réellement remarqués, de toute manière, mais qu’il aimait mentionner pour taquiner son audience autant que sa mère. Peut-être également pour jouer au drama-king, aussi. Un peu. « J’arrive à voir Agnes et Emil souvent. » C’était un simple fait, déclarer sans fioriture, et pourtant il apportait une telle sérénité à l’acrobate qu’on aurait pu jurer que tout de son attitude à son ton s’était subitement détendu.

Certes, ravoir un emploi stable et son propre logis sur roues aidait grandement au moral du Sistsken, mais les conseils et recommandations de son ami n’y étaient pas pour rien. Loin de là. Il approchait plus sereinement ce qui sera inévitablement le glas de sa carrière de rêve, et s’ouvrait doucement à cette réalité. Apprivoisait l’idée de pouvoir avoir une seconde carrière de rêve, que la fin n’était qu’un tremplin. Que sa vie n’était pas un échec parce qu’il avait perdu un emploi et vécu une rupture à quarante ans, ou qu’il était retourné vivre chez ses vieux parents au même âge. Il savait tout ça, l’avait toujours su et s’était toujours moqué des gens qui vivaient une vie entière sous l’épée de Damoclès qu’étaient ces craintes. Lui les avaient découvertes sur le tard, et se devait de s’en débarrasser aussi rapidement qu’elles étaient apparues.
« Puis, je dois une fière chandelle à un de mes amis qui m’a bien aidé. Faudrait que je pense à le remercier encore, un de ces quatre. » Pas de clin d'oeil pour l'ami en question, pour des raisons évidentes, seulement de l'espièglerie dans la voix et un léger coup du plat de la main là où elle reposait derrière le canapé.

Tout n’était pas parfait, Stieg connaissait encore des jours de profonde morosité ou de flemmardise aiguë, mais il n’avait plus l’impression d’être seul au milieu de l’océan.
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