L'inconnu Un peu comme l'histoire de Cendrillon, mais quand le prince est ivre, sans château, et qu'il ne sait pas danser. Et sans la bonne fée, la citrouille, la relation amoureuse hyper crédible en un seul regard (ce sera compliqué pour le regard) et la pantoufle de verre. Pas tant comme Cendrillon, finalement, outre qu'il recherche ce type qui a débarqué dans sa vie comme une étoile filante, sans jamais y revenir. Il lui a ouvert les yeux (au sens métaphorique) lors d'une énième nuit où il roulait dans sa fange. Leur conversation l'a aidé à trouver un sens à une existence qui n'en avait plus, et il aimerait pouvoir le remercier. Il a fait poser des affiches à quelques endroits dans la ville pour le retrouver, mais jusqu'à maintenant, ça n'a rien donné. L'inconnu semble vouloir rester un étranger.

Le fils adoptif Il sait être en processus de transfert, mais c'est plus fort que lui. Ce type lui rappelle le fils perdu, en plus vieux. Il s'y est attaché malgré lui, même s'il a d'abord été récalcitrant à créer un lien. Il l'a pris sous son aile et serait prêt à casser la gueule à tous ceux qui voudraient lui faire du mal.

L'habitué.e du café Il sait ce que cette personne prend le matin, à quel moment elle passe et quel jour elle ne viendra pas. Il connaît son travail, son emploi du temps et le son de sa voix. Ça aurait dû s'arrêter là. Sauf qu'un matin, l'habitué.e n'était pas là. Le lendemain non plus. Pendant deux semaines, iel ne s'est pas présenté. Angelo, inquiet, a attendu. Et lorsqu'un soir iel est venu, en-dehors de ses horaires normaux, il a compris dès les premiers mots que quelque chose n'allait pas. Il a reconnu les tressaillements dans sa voix, a perçu les infimes variations derrière le contrôle exercé. Il lui a offert un après-café, en-dehors des heures d'ouverture, pour discuter. Quelque chose d'amical, de convivial, de chaleureux. Qui a dérivé, sans qu'il ne sache trop comment, vers un autre type de chaleur. Depuis, l'habitué.e vient parfois tard en soirée, juste quelques minutes avant la fermeture, pour se commander un après-café.  

L'ancien pote Une vieille amitié cassée, qu'il ne sait pas comment réparer. Ils étaient potes avant son accident, l'avait même nommé parrain de son fils. Il a merdé ensuite, quand il est devenu aveugle. Le pote lui rappelait trop fort cette partie si belle de sa vie, celle qui avait des couleurs et des images, et il ne parvenait plus à supporter sa présence. Il a essayé de l'aider dans son alcoolisme, mais ne s'est pris que de la hargne, de la colère et de la rancoeur. À bout de se prendre des coups injustes, il a finalement pris ses distances. Depuis qu'il est sobre, Angelo aimerait le recontacter, mais la honte l'empêche de le faire.

La méprise Angelo ne distribue pas des cartes de visite avec son nom dessus et ses expériences. Pour ceux qui ne connaissent pas forcément son background et son emploi, il n'est que le type du café. Il s'en fout ; sans titre imposant, c'est même plus facile d'approcher ceux qui peuvent avoir besoin d'aide. Sauf qu'un soir, il s'est heurté à la colère injustifiée d'une personne qui avait apparemment eu une mauvaise journée. Les mots ont grimpés, les insultes aussi « t'es qu'un foutu barista de toute façon » et Angelo, vif et impulsif, a foutu dehors l'adversaire qui avait abusé de la bouteille quelques heures plus tôt (il lui a quand même donné une bouteille d'eau, par compassion) (il a peut-être vidé la bouteille d'eau sur son crâne. Ou ses bras. Difficile de viser). Un mois plus tard, on lui référait une nouvelle personne, pour une consultation. La dite personne, ravie et enthousiaste de le voir, s'est exclamé en l'apercevant « qu'est-ce que le barista fout dans le bureau du psy ? »