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I couldn't face a life without your light | Markus
2 participants
Magni Hammarskjöld
Magni Hammarskjöld
GÖTEBORG Livet är en kamp, ​​du måste förbereda dig för striden

I couldn't face a life without your light

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] | Mardi 6 juin 2023 - Soirée



La porte de l'appartement claque, encore une fois. Il n'est pas là. Toujours pas. Est-ce que je suis surpris ? Non. Il n'est jamais là quand je viens, au hasard des jours, des heures, des semaines. Son appartement est vide. Aussi inhabité que cette maison au bord du lac. Est-ce que cette information me terrifie ? Ou me rassure ? Je ne sais pas, mais cela me dérange. Car elle traduit avant toute chose une réalité qui me fait grincer des dents. Il fuit les possibilités de me croiser. Est-ce qu'il a retenu l'autre fois, dans ce bar après une journée passée à travailler sur un dossier, que je passais de temps en temps ? Si c'est le cas, est-ce qu'il fait sciemment le choix de ne pas plus venir du tout de peur de me croiser ? L'idée est cruelle, elle plante des griffes dans ma chair. Je voudrais ne pas y croire, en tout autre temps j'aurais rapidement chassé cette idée de mes pensées car improbable. Mais aujourd'hui tout est différent, les certitudes fondent les unes après les autres dans la dérive généralisée de cette amitié qui, en trois mois, n'est devenu qu'un simulacre de pacotille. Je n'en dors plus, enchaînant les cauchemars et les nuits blanches à ronger mes angoisses sans parvenir à en sortir la moelle. Je ne cesse de le voir s'éloigner sur son bateau, sans un regard en arrière. Parfois, je l'entends même soupirer de satisfaction, comme quelqu'un heureux d'avoir réussi, enfin, à se défaire d'une relation étouffante.

Le vent de la nuit d'été me ramène dans la réalité, les lueurs rosées du ciel suédois me rappelle douloureusement les couleurs de ses yeux que j'aime tant. Ces pétales rosées qui envahissent ses iris comme une fleur qui s'ouvre dévoilant la douceur de son cœur. Le mien flanche. Ça fait trop longtemps que cette situation s'est installée, par ma faute. Il est temps qu'elle cesse. Par ma faute également. Mes responsabilités sont immenses, infinies et douloureuses, mais je n'ai plus le droit de m'y soustraire. Je lui dois tout, le courage d'affronter son indifférence et ses regards sombres. Je lui dois de mener toutes les batailles pour lui montrer à quel point je tiens à lui. Honorer toutes les promesses que l'on s'est faites au cours de ces trente dernières années. Je te laisserai pas tomber Markus. Tu ne te debarasseras pas de moi aussi facilement. Je glisse un regard vers ma montre et serre les dents, il est temps que je parte si je ne veux pas louper ma dernière carte.

Je transplane et me retrouve face à une nouvelle façade devant laquelle le sorcier m'attend déjà. Un rapide échange de signes de têtes de connivence et je m'avance à sa suite chez lui, évitant soigneusement d'engager la conversation de façon trop détaillée. Nos deux humeurs ne sont pas toujours accordées, et les efforts que je fais pour garder un minimum de contrôle sur mon visage pour ne pas montrer les tourments qui le consument sont trop importants pour que j'ai la capacité de gérer Nyx en plus. Heureusement il semble être du même avis car les quelques mots échangés laissent rapidement place au silence et sans un échange de plus je me retrouve dans l'âtre de sa cheminée personnelle au sein de l'Institut. Les battements cardiaques s'accélèrent. « Merci Nyx, je te revaudrai ça. » Une simple phrase, presque murmurée d'une voix déjà rauque. Un dernier signe de tête et je m'engouffre dans le couloir sans un regard en arrière.

Tout vibre, tout palpite sous l'angoisse mêlée d'appréhension. Chaque pas qui me rapproche de lui complète ma détermination à lui parler. Chaque mètre qui se réduit fait vaciller mon cœur. Mjöll se presse avec une ferveur contre la peau du torse qui traduit son propre enthousiasme quant à cette décision prise il y a trois jours et maturée jusqu'à aujourd'hui. Je ne songe pas à l'interdit ou non de ma démarche, je ne songe plus qu'à lui, son visage, qui emplit toute mes pensées et m'empêche de faire autre chose que de sentir son absence et de m'inquiéter pour lui.

Quand j'arrive devant sa porte tout le masque a fondu. Mes yeux humides brillent d'un océan houleux, eaux sombres et roulantes d'écume. Les pupilles dilatées traduisent l'angoisse qui tire de tous les côtés. Les cernes creusent des sillons sombres sous la rangée des cils et les plis du front ondulent sous la tristesse qui s'y accroche avec déchirement. Je toque un coup au même moment où le battant s'ouvre sur Markus, veste en main, pris dans l'élan de celui qui sort de chez lui. Nos corps se heurtent presque sous la double impulsion et mon âme éclate. Markus, je suis venu reprendre toute la douleur que je t'ai imposée. C'est ce je voudrais dire, mais les mots se bloquent dans ma gorge asséchée. Une inspiration qui laisse passer la surprise de l'instant, avant que la voix ne parvienne à articuler quelques mots. « Markus, s'il te plaît, laisse moi juste cinq minutes pour te parler. » Le son grave roule dans un murmure pressé avant de se briser sur des rochers d'une souffrance qui exulte de tous les coins des cils. Les yeux sont implorants, baignés d'une eau qui menace de couler tôt ou tard. Tristesse ou rage, je ne saurais dire.



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Although I felt like giving up It's not the road I chose
Markus Falkenberg
Markus Falkenberg
LÆRERTEAM Den som talar mycket säger sällan vad som är bra
Mardi 6 juin – Entrepôt - Dix-sept heures trente

L’air sent la fumée, la cendre et le sang.

J’écarte distraitement un débris noirci du bout du pied, tout en achevant de livrer mon rapport à l’équipe qui prendra la relève de l’intervention. Mes yeux sont rougis par les émanations de l’incendie, mes vêtements sont abimés par la suie. Pavlov Alberto, Karen et Viggo discutent avec animation avec l’équipe médicale d’urgence, qui se chargent de traiter les blessures les plus importantes avant leur transfert.

Je les regarde sans pitié, sans compassion, sans sympathie. Ils ont bossé comme des merdes, aujourd’hui. Ils ont failli gâcher quarante-huit heures de surveillance et d’infiltration. Ils sont débarqués trop tôt, avec une tactique minable, comme s’ils n’avaient jamais lu le rapport de mission et les stratégies à mettre en application. Tout ça pour quoi ? Un combat brutal et une destruction des preuves. Les sorts se sont enchaînés à l’intérieur du bâtiment en flammes, incendié par ceux que nous devions arrêter. Pavlov s’en est pris un à la tronche et son nez est salement amoché ; Alberto a été incommodé par la fumée ; Karen s’est cassé la jambe. Seul Viggo s’en est bien tiré.

J’ai eu peur de perdre ces enfoirés. Un à un, je les ai vus s’effondrer, dans un environnement hostile qui ne permet pas l’échec. Un auror seul ne peut pas éteindre un incendie de cette ampleur et terminer une lutte qui a été mal commencée. J’ai dû établir rapidement une liste de priorités, conserver mon sang froid, et faire la seule chose que je parviens à faire convenablement dans ma foutue vie : me battre.  J’adore normalement l’adrénaline qui vient avec les missions les plus compliquées, j’aime la sensation des muscles qui se tendent, de l’esprit qui réfléchit à toute vitesse pour contrer les sorts. Cette fois, je n’éprouvais aucun plaisir. Je songeais à ces cons dont la vie était menacée, avec une pensée qui tournait en boucles et si je les perdais ? Je ne supporte plus aucune perte, aucune disparition, aucun deuil. Si la faucheuse s’approchait de moi, pour viser l’un de mes proches, je lui défoncerais probablement la gueule.

Ma colère était plus noire que le bâtiment et l’est encore. J’ai les vagues souvenirs d’avoir répliqué avec davantage de violence qu’à l’accoutumée. Mes sorts étaient précis, mes parades aussi. J’ai à peine senti les bouts de bois éclatés qui m’ont tailladé l’épaule, j’ai à peine remarqué les brûlures qui ont émaillé ma peau, formant une cuirasse de réminiscences. Je n’avais que deux objectifs: arrêter ces types et sortir mes collègues de là. Viggo m’a aidé, l’escouade qui est venu à la rescousse aussi. La mission est partiellement réussie : les trafiquants ont été arrêtés, mais le stock de potions a crâmé.

Je ne ressens aucun soulagement, aucune satisfaction. Les commentaires enthousiastes des gens de la relève, qui me félicitent pour « le combat de dingue que t’as mené, t’avais l’air d’un feudeymon furieux » ne m’arrache aucun sourire. Aujourd’hui, j’ai failli devoir assister à d’autres enterrements.

Et je le digère très mal.

Je n’en peux plus, de penser à la mort. Je n’en peux plus, qu’elle rôde partout autour de moi, comme un vautour à la recherche d’une carcasse. Je n’en peux plus, de craindre de perdre ceux que j’aime. Un, en particulier. Ça aurait pu être lui, dans ce bâtiment. On fait encore des missions ensemble, parfois. Ça aurait pu être lui et ce n’est pas une dernière nuit, que j’aurais conservé comme souvenir, mais plutôt des moments teintés d’amertume, de fausseté, de regrets, d’absence d’avenir.

Mais ne l’ai-je pas déjà perdu ? Mon meilleur ami est encore vivant, notre amitié l’est techniquement aussi. En théorie. Parce qu’en réalité, tout brûle entre nous, comme ce bâtiment incendié. Les bases solides que nous avions bâties flambent ; les poutres qui soutenaient notre affection se brisent ; le toit qui nous gardait unis au même endroit part en fumée. Et bientôt, notre amitié aura un goût de cendre.

J’ai pu sauver mes collègues, mais puis-je quelque chose pour nous? J’y pense depuis des jours, de plus en plus fatigué, de plus en plus exaspéré, de plus en plus à bout. Comme un volcan qui s’agite et se prépare, avant d’exploser.

J’ai à peine remarqué que Viggo a quitté le groupe pour s’approcher de moi, alors que je serre la main au collègue qui s’occupera du transfert de ceux que nous avons arrêtés. Mon collègue me fixe avec une sollicitude exaspérante, qui me donne envie de lui faire regretter de ne pas avoir eu une blessure de guerre, lui aussi :
« Tu devrais rentrer chez toi Markus. Ça fait deux jours que t’as pas…
– Non.
– Tu peux demander un congé à Durmstrang non ? L’année est presque terminée, et puis…
– Non.
– Y’a pas que moi qui s’inquiète. On s’en est parlé avec Alberto et… »
– Vous devriez parler moins et bosser plus. Tes sorts ont failli foirer tout à l’heure. Si j’étais pas là pour surveiller vos arrières, vous seriez probablement tous au cimetière, alors foutez-moi la paix. »
– On remet pas tes compétences en question Mark. Mais c’est un peu ce qui nous fait peur…On t’a jamais vu comme ça. J’imagine que tu ne vas pas aller te faire soigner…? »
– Y’a rien à soigner. »

Rien à soigner, sauf un cœur qui ne sait plus battre sans lui. Rien à soigner, sauf des rêves tordus, qui m’empêchent de dormir la nuit. Rien à soigner sauf un foutu deuil qui se réanime avec violence, ces jours-ci. Rien à soigner sauf une âme qui s’émiette, qui n’a plus ni courage ni volonté, et qui menace de craquer.

Mon regard est glacé, mes iris sont noirs, mes gestes sont secs. Les yeux de Viggo brillent avec une telle pitié, une telle clémence, que j’en ai presque la nausée. Mes paupières se ferment, mes pensées s’embrouillent et en me laissant guider seulement par cet instinct qui ne sait que me trahir, je transplane, loin d’eux, loin de moi, loin d’une détresse qui ne diminue pas.

Cimetière – Dix-huit heures

« Ça fait chier. »

Ça ne sert à rien, de parler à un mort à voix haute. Je n’ai pas le pouvoir de les voir et Elsa ne viendra pas me répondre. Sauf que lui parler dans ma tête me semble encore plus impersonnel, encore plus à sens unique. Et j’ai besoin d’avoir cette impression de bavarder avec elle, j’ai besoin de me convaincre qu’elle m’entend, même pour quelques minutes.

Ma baguette tapote la terre en face de sa pierre tombale à un rythme distrait et régulier. La plante que je fais pousser s’étire depuis une dizaine minutes et recouvre graduellement les lettres gravées dans l’épitaphe.

Je suis encore en colère.

Contre moi.

Contre elle.

Contre lui.

Contre mes foutus collègues, aussi. Contre ma famille, qui ont figé mon cœur trop jeune, m’enlevant les clés qui m’aurait permis de le lire plus tôt. Contre les deuils, les pertes, les abandons, les dieux. Contre tout et rien. « J’en peux plus Elsa. J’ai essayé de tenir, j’ai essayé de ne pas y penser, de faire comme avant, mais…J’en peux plus. » La gorge se noue derrière le rideau de l’orage qui n’éclate pas. Mes doigts se serrent contre la baguette, mes cheveux noircissent, comme la poutre de tout à l’heure. Mon épaule brûle, ma peau aussi, mon cœur flambe et s’agite. Ma tête se penche et le front touche le lierre, alors que les mots s’échappent encore, comme un écho éternel : « …J’en peux plus. J’ai besoin de vous.  » Elle, ma meilleure amie. Celle dont l’absence me pèse encore plus que d’habitude, depuis quelques semaines. Lui, mon meilleur ami. Le seul qui me reste, et que je suis en train de perdre.

Un tremblement nerveux agite mon corps, alors que je cesse de murmurer le sort. La pluie éclate, roule sur mes joues, descend le lierre, s’échoue sur la pierre. Mes larmes arrosent à la fois la mort et la vie, dans une parfaite symphonie.

Durmstrang – Vingt heures

Comment suis-je rentré ? Je l’ai oublié.

J’ai retiré mes vêtements qui sentaient la fumée et la terre, les abandonnant dans mon salon. J’ai enfilé une chemise propre, sans grimacer lorsque le tissu rêche a frôlé mes brûlures et j’ai ignoré mon épaule, avec indifférence.

Je sais où je vais et ce que je veux faire. Je ne connais ni la conclusion ni la suite. Tout ce que je sais, c’est que je n’ai plus d’autres options.

Je dois le voir. Lui parler, tout lui dire, rompre cette foutue distance, tenter de récupérer ce qui est en train de se barrer. Parce que j’en peux plus, de vivre sans lui. J’en peux plus, de nos conversations sans signification, qui sonnent trop creux, trop vides, trop fausses. J’en peux plus, de ne pas pouvoir rire honnêtement, de devoir éviter chacune de ses invitations, de fuir l’odeur de sa peau et la chaleur de sa voix. J’en peux plus de le perdre de plus en plus à chaque jour.

Je le veux dans ma vie.

Aujourd’hui, demain, tous les foutus jours. Je le veux auprès de moi au réveil, avant de m’endormir, pendant mes cauchemars et mes rêves. Je le veux auprès de moi quand j’aurai quarante ans, quand je serai à la retraite, quand les souvenirs du passé seront plus nombreux que ceux qui restent à construire. Je le veux auprès de moi, dans mes bras, contre moi, maintenant, ce soir, toujours.

Et ça m’étouffe bien plus que la fumée d’aujourd’hui, comme besoin.

J’ai enfilé ma veste avec précipitation. Tous mes gestes sont saccadés, rapides, décidés. Mes iris sont d’un vert lumineux, qui brillent avec férocité. J’ouvre la porte avec détermination, sans même entendre cogner. Prêt à partir vers lui, sans savoir ce qu’il en résultera. Prêt à n’importe quoi, pour avancer vers lui, sur le même chemin, plutôt que de le voir bifurquer loin de moi. Même à me faire rejeter.

Lorsque j’aperçois son visage, je crois brièvement être en train d’halluciner. Mes traits se figent, mes yeux glissent sur les siens. Je remarque leur humidité, les cernes qui se sont creusés, les plis du front. La tristesse, si palpable, qui me semble refléter la mienne. Toi non plus t’es pas passé à autre chose, Magni ? L’espoir allume une étincelle dans mes pupilles. « Markus, s'il te plaît, laisse moi juste cinq minutes pour te parler. » Son grave, larmes qui semblent si proche d'augmenter la quantité de celles qui ont coulé aujourd’hui. « Magni. » Ma voix est rauque. Je ne veux pas lui en donner que cinq. Je veux lui donner chaque foutu jour.

Je ne réfléchis plus. Le corps sait quoi faire : il l’a toujours su. J’agripe le poignet de mon meilleur ami pour le faire pénétrer à l’intérieur, refermant d’un coup sec derrière lui. Sous l’impulsion du feu qui brûle mes veines, de tout ce bordel d’émotions qui me déchire, je le pousse sans ménagement contre la porte. Mes deux mains glissent contre sa mâchoire et mes lèvres, avec la rage de l’incendie d’aujourd’hui, s’empare des siennes. Besoin, désir, amour, amitié, tendresse, tristesse. Tu m’as manqué.
Magni Hammarskjöld
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Ses yeux sont d'un vert brillant qui s'éclairent quand il s'arrête sur moi. Une vague odeur de brûlée l'accompagne comme s'il venait de se mettre la tête dans sa cheminée. Je remarque d'infimes détails, une tristesse au bord du regard, la détermination qui animait ses traits avant qu'ils ne se figent. Où allait-il ? Dans quelle démarche je l'interromps ? Vers quel avenir s'élançait-il ainsi ? Je n'ose pas demander, de peur de ne pouvoir entendre la réponse sans me briser un peu plus. « Magni. » Un simple prénom qui porte tant de choses dans sa voix grave. Un simple mot qui lui seul sait prononcer avec cette intonation singulière qui ressemble à l'appel doux d'une maison. Depuis quand il ne m'avait pas appeler avec cette sincérité dans la voix ? L'évidence même de l'absence malgré les jours factices à se fréquenter. Proches physiquement et pourtant jamais aussi éloignés. Mais ce soir les barrières s'écroulent, une fois de plus. Trois mois et dix jours auront eu raison de mes forces, ma détermination à ne pas imposer mes sentiments à Markus, et de ma raison. Trois mois et dix jours qui ont le goût de l'éternité et l'odeur des drames. Depuis hier je ne songe qu'à la suite de cette histoire. Comment trouver un espoir de chemin lumineux après toute cette souffrance et toutes les pierres fracassées sur notre route ? Des dégâts qui me paraissent irrémédiables la nuit, lorsque serré par la solitude et la détresse, je tourne en boucle dans ma tête la situation dans tous les sens.

Les doigts de Markus se serrent sur mon poignet dans un contact qui déclenche un frisson intense. Je me laisse tirer en avant vers l'intérieur de la pièce, trop heureux de sentir ce mouvement répondre à ma demande, pour songer à tous les scénarios que j'avais imaginé avant de venir ici. Au même moment où je passe le seuil, le lézard bleu saute de ma jambe pour filer retrouver celui qu'il ne parvient plus à quitter sans vivre un tsunami d'émotions qui nous ravage à chaque fois. Je ne sais même pas comment il fait pour savoir toujours où le trouver. Probablement avec le même instinct qui nous pousse toujours, Markus et moi, à croiser nos routes. Inlassablement. La porte claque dans mon dos sous une tension musculaire qui s'enflamme d'un coup. Je redoute la colère qui pourrait éclater dans le silence qui accompagne ma présence inhabituelle devant sa porte de Durmstrang. Entièrement concentré sur lui, je ne prête pas la moindre attention à l'intérieur de son appartement. Entièrement plongé dans son regard enflammé d'un feu vert intense, l'espoir gonfle peu à peu dans mes propres nerfs. Il me pousse contre la porte avec rudesse dans l'affolement plus net de mon rythme cardiaque. Une fraction de seconde suffit à transformer toutes les peurs en désirs, espoirs insensés et joie intense. De tous les scénarios possible, ses mains qui trouvent ma mâchoire, n'osaient même pas se former. Ses paumes chaudes brûlent ma peau dans un torrent de lave et ses lèvres scellent le brasier qui explose. Un baiser plein de fougue, de rage, de tendresse et de toutes ces choses qui trouvent le même écho dans mes sentiments contenus. Le corps répond au sien avec la même ferveur, mes bras s'accrochent à son dos dans une étreinte rude. Les muscles se contractent si fort en pressant ma poitrine contre la sienne, mes doigts s'agrippent au tissu, à la peau du dos dessous, comme l'alpiniste qui dérape et se retient à la paroi de sa survit. Et c'est bien ce qu'il est pour toi, mon rocher de survie. Mon phare nécessaire, mon monde qui s'éloignait dans des courants contraires.

Mon cœur explose sous ses lèvres que les miennes ne veulent plus quitter.  

Est-ce un rêve dans lequel je me suis encore perdu ?

Sa peau sent l'incendie, odeur âcre et poussiéreuse de fumée chargée d'effluves non boisées, mais derrière c'est bien la sienne qui perce. La sienne que l'âme reconnait, le goût de sa bouche qui roule sur ma langue et m'empêche d'arrêter un baiser qu'il a porté avec tant de passions. Tu m'as manqué. Cette certitude qui contraint nos deux corps l'un contre l'autre. Cet aveu qui se reconnait dans le sien et qui voudrait tout étouffer dans l'étreinte qui ne cesse de se resserrer sous mes bras qui s'enroulent toujours plus autour de son dos. Non, ce n'est pas un rêve. C'est bien la réalité qui rouvre les portes sur le soleil de mes sentiments pour lui. Un astre immense, qui n'a cessé de grossir malgré la nuit où j'avais essayé de l'enfermer. En pensant que c'était ce dont il avait besoin pour avancer. Pour me pardonner. Je ne sais plus ce que je voulais faire, ni pourquoi, ni comment cela m'avait paru être nécessaire et être la bonne solution. Plaqué entre la porte et son torse, ça me parait avoir été que des idées de con. Sous l'assaut de nos baisers, je ne songe à rien d'autre qu'à l'instant présent. Sans penser à la suite. Incapable d'accepter qu'une fois de plus, ce soir, plus tard, peut-être, il faudra à nouveau se séparer. Le visage entre ses mains, je ne sais vouloir qu'une chose, lui. Lui et toujours lui, chaque jour, chaque nuit, chaque matin, à chaque réveil, chaque étape de cette vie qui s'étend encore devant nous. Je veux lui montrer ces nouvelles clairières découvertes au gré de mes nuits de nomade. Je veux lui parler de tout ce que mon pèlerinage dans nos endroits secrets m'a appris. Le manque, l'amour inconditionnel qui vibre pour lui depuis toujours, son air qui me permet de respirer même à la surface. Je suis qu'un putain d'aimant qui tourne, aveugle, sans son pendant pour s'accrocher. Je t'aime Markus.

Toutes les phrases que j'avais en tête, vaguement préparées selon le tour que prendrait notre conversation, se dissolvent dans le brasier qui brûle. J'oublie tout, mes résolutions, mes excuses bien tournées, la rage de la rédemption et le désespoir prêt à tout accepter. Je ne perçois plus que le soulagement de le retrouver - enfin - dans cette intimité qu'on se refusait hier. Un apaisement, une sérénité qui confirme, si c'était encore nécessaire, la place qu'il tient dans ma vie. Ce n'est pas dans la maison où je ne me sentais plus chez moi, mais bien près de lui. A nouveau écrasé contre son cœur, le mien tambourine avec une telle ferveur qu'il doit le sentir battre contre sa poitrine. Mon monde repose dans son cou, contre ses lèvres, au creux de ses bras.

Mes lèvres quittent les siennes, après un temps inquantifiable. Long, et toujours trop court. Sans rompre la proximité de sa bouche, ma respiration cherche son souffle. Le désir de son être l'a rendu court et tout aussi brûlant que le reste de mon âme. Mon nez effleure le sien, infime caresse d'une intimité qui ne se recule que pour le besoin de glisser quelques mots entre nous. « C'est pas le meilleur moment pour venir t'embêter, mais je ne pouvais plus supporter ça un jour de plus. » Tout prend des intonations d'excuses, de regrets, de l'urgence qui sonne toutes les alarmes depuis quelques jours, depuis des semaines. Trois mois et dix jours. J'ai compté chaque heure, chaque minute, chaque seconde. Tant d'épines dans mon jardin de fleurs qui ne fleurit que pour toi. « Désolé de venir jusqu'ici, mais t'es foutrement difficile à trouver ailleurs. » J'entends ma voix qui vibre avec cette intensité qui me noue la gorge, encore si proche de se briser à après chaque mot qui parvient à sortir de cet océan qui projette ses eaux jusque dans mes yeux qui plongent dans son regard. « Tu me manques, j'ai besoin de toi, on fou quoi bordel en prétendant le contraire ? » La question se casse dans une vague de tristesse qui roule et menace de faire couler la pluie qui menace toujours sous les ténèbres de mes iris. Je sais trop bien ce qu'on fait en réalité, mais je n'arrive plus à l'accepter, et encore moins à le considérer comme une solution possible. « Ca me tue cette situation. Ca me consume de l'intérieur. Je t'aime, depuis toujours, ça changera jamais, mais si ça doit nous séparer...» J'ai envisagé tellement de situations, de solutions impensables possibles, que je ne sais plus où fixer mes pensées ailleurs que sur mon besoin de lui dans mon quotidien. Je ne parviens pas à faire des phrases sans finir avec cette foutue voix qui se bloque et s'émiette dans ma gorge. « Si ça doit nous séparer...» Je serre les mâchoires, refoulant l'idée qui n'est que vague de peine et de douleur d'un futur qui refuse de se voir concrétiser. « Ca vaudra jamais le coup. » Mes lèvres effleurent les siennes dans un froncement de mes traits qui se plissent encore un peu plus sous la tristesse profonde, avant de s'emparer à nouveau de sa bouche dans un baiser rude et douloureux.



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Markus Falkenberg
Markus Falkenberg
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Il aurait pu me repousser. Je ne l’ai envisagé que dans ce quart de seconde où je suis passé à l’action, alors que la logique cherchait à se faire entendre. Pourquoi est-il venu ? Je ne me suis même pas questionné sur le sujet, avant d’agir. Je n’ai écouté que l’instinct et le manque, j’ai suivi l’apogée d’émotions trop contenues.  Et toute mon appréhension éclate momentanément en morceaux, lorsque ses lèvres répondent à mon baiser avec la même ardeur. Je sens son corps qui se serre contre le mien, ses bras qui s'accrochent à mon dos. La douleur envoie ses décharges électriques dans ma colonne vertébrale, mais je l'ignore entièrement. La seule chose qui compte en cet instant, c’est lui, c’est nous. Un nous peut-être temporaire mais qui apaise mon âme agitée, tout en enflammant une peau qui se rappelait bien la sienne.

Il m’a manqué. Terriblement. Nos conversations, nos rires, nos sourires, cette relation en demi-teintes que nous tentions de maintenir, ce n’était pas nous. Et ce n’est qu’en cet instant, où je sens la chaleur de sa silhouette et son odeur familière, que j’ai vraiment l’impression de le retrouver. J’écarte les peurs et les réflexions, je tiens à distance mes questions. Je me laisse porter par les secondes qui s’écoulent, trop courtes et longues, alors que mes lèvres continuent de chercher les siennes comme un naufragé qui revoit enfin la terre. Je t’aime. Les mots éclatent dans chaque fibre de ce corps que je serre contre le sien, ils éclatent dans la tendresse que je mets dans chaque impulsion, dans ce baiser qui se prolonge et que je voudrais éternel. Je sens son cœur battre contre mon torse, rythme rapide qui s'unit au mien. J’aimerais que cet instant ne s’arrête pas, que nous restions dans cet espace-temps où tout est momentanément possible, coupés du reste. J’aimerais que ce soit notre quotidien, pas une nouvelle fin, et que chaque lendemain ressemble à ce moment plus clair que des phrases.

Pour la première fois depuis trois mois, je me sens enfin complet.

Mon souffle se suspend au sien lorsque nos lèvres se séparent et je tente vaguement de trier mes pensées, sans réelle volonté de le faire. J’étais déjà trop agité, avant d’ouvrir cette porte. J’étais déjà décidé à aller chez lui, à lui parler, à ne plus laisser notre amitié s’annihiler.  Son nez effleure le mien et j’abaisse l’une de mes mains, la glissant lentement contre ses côtes. « C'est pas le meilleur moment pour venir t'embêter, mais je ne pouvais plus supporter ça un jour de plus. » Je trouve le moment excellent, moi. Ça m’évite de devoir prendre une cheminée jusqu’à Göteborg et de transplaner jusqu’à chez lui, dans une totale indifférence des conséquences. Je suis au stade où plus rien ne compte, à part le retrouver. Qu’importe le prix.   « Désolé de venir jusqu'ici, mais t'es foutrement difficile à trouver ailleurs. » Les mots se frayent lentement un chemin jusqu’au cerveau embrumé, alors que les doigts glissent distraitement sur sa joue. Comment est-il venu ? Pour me dire quoi ? Je l’ai interrompu avant de le laisser parler, pris dans l’impulsion du moment. Et cette suite que je n’ai pas laissée jaillir plante ses graines d’inquiétude, alors que je réalise que ce n’est pas anodin, qu’il soit ici.

Est-ce que c’est un baiser d’adieu ?

Mon cœur se serre, mes traits perdent leur apaisement momentané. J’aurais dû le laisser parler avant. J’aurais dû attendre, plutôt que de foncer, perdu dans ma propre fougue. J’entends sa voix qui vibre, comme si sa gorge était nouée, je remarque l’humidité de son regard. L’appréhension, tenace, se fait encore plus de mal. T’es venu me dire quoi Magni ? Que notre amitié ne peut pas passer à travers ça ? Que j’ai trop montré ce que je ressentais ? Ma main serre plus étroitement le tissu par-dessus ses côtes, comme si je pouvais le retenir de prendre une direction qui nous éloignerait définitivement. « Tu me manques, j'ai besoin de toi, on fou quoi bordel en prétendant le contraire ? » Les rides soucieuses qui sont apparues sur mon front se détendent légèrement, alors que mes yeux s’éclairent d’une lueur d’espoir. Espoir de quoi ? J’aurais normalement dit que je ne le sais pas, sauf que c’est faux, je le sais très bien. Et j’en ai foutrement marre, de tout nier, de tout perdre, de le voir s’éloigner de plus en plus, de redouter un deuil brutal que je n’ai pas envie de vivre. « Ca me tue cette situation. Ca me consume de l'intérieur. Je t'aime, depuis toujours, ça changera jamais, mais si ça doit nous séparer...» Le mais fait osciller une vague sombre dans mes iris. Comme si l’océan avait soudainement plus de profondeur, le vert se fait moins clair. Je m’étais décidé à aller chez lui ; il s’est décidé à venir ici pour me parler. Mais si nous avons une conclusion différente…? Est-ce que je pourrais passer à travers une autre séparation, une distance plus déforce, sans m’écrouler ? Un long frisson court sur mon épiderme, provoquant de nouvelles vagues de douleur, et je fronce à peine les sourcils. Je suis concentré sur les mots qui seront prononcés, ceux qui se bloquent dans la gorge de mon meilleur ami et que je redoute : « Si ça doit nous séparer...» On est déjà séparé Magni. Depuis trois mois, nous sommes des ombres. Des joueurs d’illusions, dans une pièce de théâtre sans public. Des personnes qui font semblant que tout est pareil, quand plus rien ne l’est. « Ca vaudra jamais le coup. » Je trésaille à cette reprise de mes mots, qui m’emplissant d’amertume. Si j’avais moins nié certaines choses, est-ce que ça aurait changé quoi que ce soit? En serions-nous tout de même au même stade ? Je ne crois pas en l’utilité des si pour avancer. Ses lèvres effleurent les miennes, avant de s'en emparer, et je lui rends son baiser avec la même rudesse douloureuse. Ma seconde main, qui était toujours sur sa machoîre, descend contre sa hanche. Mon corps le presse plus étroitement contre la porte, avec la peur qu’on ne soit en train de jouer une autre conclusion. Je ne le supporterais pas, non.

Dans un expiration, j’éloigne mes lèvres des siennes, pour les poser contre son cou. Je cherche sa peau, son odeur, sa chaleur, je cherche ce qui m’a tant manqué, et qui me manquera peut-être encore. « Et si ça nous sépare pas ? » Ma voix est un murmure. Ma bouche s’arrête sur la courbe de sa machoîre, avant que je ne redresse légèrement mon visage, sans rompre la proximité. J’appuie mon front contre le sien : ;’éternelle position, celle qui m’a toujours apaisé. « Tu te trompe, c’était le meilleur moment pour venir m’embêter. J’allais chez toi. J’en peux plus de cette situation. J’en peux plus de te voir sans pouvoir te frôler, de feindre de sourire, de sentir qu’on s’éloigne de plus en plus, alors que j’ai jamais autant souhaité être plus proche de toi. » Je ne cherche pas à faire dans la subtilité ou dans la délicatesse. Je ne veux ni nier ce que je ressens ni le cacher. J’allais chez lui avec l’intention de tout dire, de tout risquer ; tout parier ou arrêter de jouer. Et je ne veux plus jouer, non, pas sans lui. Ou pas comme ça, surtout. Mes doigts se resserrent contre le tissu sous mes doigts, ma gorge se noue. J’ai le courage du marin qui se sait sur le point de se prendre la tempête de plein fouet, et qui ne sait pas s’il regagnera un jour la rive. Je peux tout perdre. Je peux le perdre. Mais si je ne fais rien, je le perdrai quand même, et je n’en peux plus. Je reprends : « Je pensais que t’avais déjà tourné la page. Que dès le première mois, ça a été réglé de ton côté, que t’étais retombé dans notre bonne vieille amitié sans problème. » J’ai cru ses sourires, son rire. Si j’ai perçu des reflets trop tendres dans ses yeux, je les ai mis sur le compte d’un espoir un peu con ou d’une mauvaise interprétation. J’écarte légèrement mon front du sien, juste assez pour l’observer. Mon cœur bat trop vite, ma respiration cherche à reprendre la même danse que dans les secondes précédentes. Je redoute les réponses aux questions qui doivent être posées, mais je n’ai plus la patience, ou la lâcheté, de les éviter. Plus à ce stade. Ma voix, base et rauque, a des intonations tristes : « Tu venais pour me dire ça ? Que ça ne vaut pas le coup qu’on s’aime ? C’est ta solution ? Qu’on efface les sentiments ? On a déjà tenté de faire comme si y’avait rien. Visiblement, ça a pas marché. J’ai plus envie de faire semblant que j’éprouve rien pour toi Magni. » Parce que je n’en suis plus capable. J’ai toujours redouté l’impact des émotions trop fortes sur mon don ; j’aurais peut-être dû redouter davantage les conséquences de celles qui sont étouffées, et qui enflent avec la violence d’un ouragan.  
Magni Hammarskjöld
Magni Hammarskjöld
GÖTEBORG Livet är en kamp, ​​du måste förbereda dig för striden

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Chacun de ses mouvements m'arrache des frissons. Sous le passage de ses mains qui rejoignent mon corps, l'évidence de son manque se fait cruel et lumineux à la fois. Son corps me presse plus étroitement contre la porte et mes doigts se serrent contre sa veste, luttant pour ne pas se glisser sous les couches de tissus et agripper immédiatement sa peau qui m'appelle en-dessous. Ses lèvres répondent au baiser avec la même force et je ferme les yeux, savourant cette proximité nécessaire malgré la souffrance qu'elle fait éclore en même temps que l'amour qui en découle. Je refuse l'éventualité de le quitter ce soir, je refuse l'idée de devoir mettre un terme à ces longues années d'une amitié tendre qui existait d'elle-même contre tout. Des années qui me paraissent trop courtes ces derniers temps. Je n'avais jamais pensé qu'elles puissent se terminer un jour, et surement pas de cette façon, ni pour cette raison. Il y a presque quelque chose de terrible à réaliser qu'un tel sentiment existait depuis toujours, profondément ancré à la base des racines de notre relation, soit aujourd'hui la cause de son effritement. Sous ses doigts qui serrent ma hanche, la chaleur serre mon ventre avec une telle bouffée de désir, que mes mains finissent par quitter les hauteurs de son dos pour glisser plus bas, vers le creux de ses reins, pressant un peu plus, si seulement est possible, son bassin contre le mien. Le désir de lui, sublimé par ces trois mois d'effleurement fantômes, devient étouffant, douloureux lui aussi. Une souffrance de plus qui tiraille mes nerfs et me force à serrer les dents impulsivement quand ses lèvres quittent les miennes dans un souffle pour se poser dans mon cou. « Et si ça nous sépare pas ? » Le murmure fait frémir la peau contre laquelle il glisse. Si ça nous sépare pas, Markus, je veux t'aimer jusqu'au bout. Je n'ose pas espérer trop, les pieds sur le fil tendu au-dessus du précipice peut rompre à tout instant sous l'afflux des mots et des sentiments qui bouillonnent en moi. Envie de tout dire, tout sortir dans une coulée de lave. Peur de tout brûler, de mal dire, déformer des propos sous l'impatience et la douleur qui tord la raison. Je suis perdu et j'ai envie de tout lui offrir, tout lui proposer, dans être convaincu de pouvoir supporter les conséquences. Sa bouche effleure ma mâchoire toujours serrée avant qu'il ne redresse la tête pour la poser contre mon front. La bulle de sérénité se reforme, dans cet ancrage habituel et rassurant. Là, nos visages collés l'un à l'autre, aucun mot ne peut faire trop de dégâts. N'est-ce pas ? « Tu te trompe, c’était le meilleur moment pour venir m’embêter. J’allais chez toi. J’en peux plus de cette situation. J’en peux plus de te voir sans pouvoir te frôler, de feindre de sourire, de sentir qu’on s’éloigne de plus en plus, alors que j’ai jamais autant souhaité être plus proche de toi. » Mon cœur bat plus vite encore. Il venait chez moi ? Le mince courant de l'espoir se met à courir le long des bras, les pensées commencent à oser entreouvrir les possibilités qu'elles pensaient à jamais obstruées par une situation inextricable. Les dents se déserrent légèrement pour venir mordiler l'intérieur de la joue tandis que mes yeux plongent dans les siens, si proches, que je peux presque en sentir le frémissement des cils conte les miens. Heureusement que je l'ai trouvé ici ce soir, dans ce cas-là. Car il aurait, lui, eu bien du mal à me trouver chez moi. Depuis combien de temps je n'ai pas mis les pieds dans la maison plus de cinq minutes ? Je ne passe qu'en coup de vent poser et reprendre mon sac de tente, changer quelques vêtements, vérifier le courrier. Je n'y ai plus dormi une seule nuit depuis un mois et demi fuyant définitivement ce lit vide et glacé trop chaud des souvenirs de nos nuits ensembles. Est-ce qu'il fuit son appartement pour les mêmes raisons ? Ou bien était-ce seulement pour me fuir moi ? Markus resserre ses doigts contre mon haut et mon cœur s'emballe un peu plus oblitérant ma respiration déjà instable. Qu'est-ce que tu voulais me dire Markus ? A quelle conclusion es-tu arrivé ? Est-ce que tu venais me dire adieu ? La terreur remplace l'espoir en une fraction de seconde, tirant les muscles des bras pour le maintenir encore plus fermement contre moi pour empêcher cette éventualité de prendre corps entre nous.  « Je pensais que t’avais déjà tourné la page. Que dès le première mois, ça a été réglé de ton côté, que t’étais retombé dans notre bonne vieille amitié sans problème. » Je me déteste d'être aussi doué pour feindre et habiller mon être de sentiments qui ne sont pas ceux de l'âme. Une légère pointe d'amertume roule sur ma langue. J'aurais préféré qu'il sache lire entre mes rires et sous les plis de mes sourires. Qu'il sente dans le silence de Mjöllnir tout ce que mes gestes gardaient muet. Je ne peux blâmer que moi et l'exercice pratiqué si assidument au cours de ces dernières années pour protéger les nombreux secrets de mon existence. Au travail comme dans les personnel, la gymnastique du cerveau est bien trop huilée pour qu'il puisse ne pas être aveuglé par sa précision. Je sais travailler mon corps jusque dans le soucis du détail. Une maîtrise nécessaire pour survivre en infiltration. Reste à savoir si une telle couverture était nécessaire avec lui. Peut-être pas. Mais j'avais cru, moi, de mon côté, que c'était ce qu'il voulait. Oublier, retrouver les verrous glacés de son cœur. Défaire le lien qui ne pouvait pas se concrétiser. Parce que je suis trop con pour le mériter. Un con qui sait pas arrêter son propre cœur d'aimer à tord et à travers comme un bienheureux bercé d'illusions. Incapable d'apprendre des putains de leçons de la vie. Incapable de se rappeler que les Dieux se contentent jamais de cette lumière pour éclairer ma route. Markus se recule légèrement, juste un peu et mon regard plonge un peu plus facilement dans le sien, dans ces iris verts dont on m'a beaucoup parlé sans qu'il n'ait voulu me le montrer. J'ai pensé à une expression de tristesses face à des mots dits, face au deuil d'Elsa dont les un ans résonnent comme un glas, sans comprendre pourquoi il faisait tant d'efforts pour ne m'offrir que le bleu naturel. Ne me fait-il plus aussi confiance qu'avant ? « Tu venais pour me dire ça ? Que ça ne vaut pas le coup qu’on s’aime ? C’est ta solution ? Qu’on efface les sentiments ? On a déjà tenté de faire comme si y’avait rien. Visiblement, ça a pas marché. J’ai plus envie de faire semblant que j’éprouve rien pour toi Magni. » Sa voix rauque et triste fait écho à ma propre peine et un léger soupire traverse mes lèvres tandis que je décroche une main de son dos pour venir la glisser contre sa joue. Je prends quelques secondes de silence pour l'observer, détailler les accents inquiets des rides de son front sans réaliser toutes celles qui plissent le mien. « Non. J'étais venu te dire tout l'inverse. » Un premier murmure qui file et se dépose contre ses lèvres dans un rapide baiser doux. « J'avais préparé plein de phrases bien tournées mais tu m'as pris de court. » Et je ne regrette rien. Son baiser valait bien mieux que tous les discours insensés auxquels j'avais songé. Les doigts quittent le visage pour trouver son cou avant de couler le long de son épaule et de s'arrêter sur son biceps ou la main s'accroche avec force. « Je viens te supplier de nous donner une chance. Je n'ai pas tourné la page Markus. Mais je pensais que tu voulais te protéger. Tu refuses toutes mes invitations, tu viens plus au bureau... Je me suis convaincu que tu voulais oublier, comme tu l'as toujours fait pour les autres. Je pensais que ce serait plus simple pour toi si je ne montrais pas trop clairement la force de mes sentiments pour toi. J'étais prêt à passer ma vie à tes côtés comme meilleur ami, tout en cherissant chaque occasion d'être près de toi sans que ce soit partagé. » Le cœur bat trop fort, la respiration devient de plus en plus difficile dans la gorge qui se noue toujours plus sous la tension de ce que j'ai à lui dire et lui demander. « Je suis venu te dire que je suis prêt à tout Markus pour être avec toi. Pour te retrouver. Tout. Et te demander de nous faire confiance. De te faire confiance concernant ton don. » Demander l'impossible, tout donner en échange. Tout dire dans le désordre, décousu, sous le flux sanguin qui pulse trop rapidement dans mes veines. Son corps poussé contre le mien ne m'aide pas à réfléchir posément non plus, après plus de trois mois à rêver de lui sans pouvoir le toucher, sa proximité tendue éveille des feux ardents dans chaque pores de mon être. Je cherche mon souffle dans ce tumulte d'émotions et de sensations avant de reprendre la parol d'un ton acide d'amertume salée. « J'ai bien fais de t'intercepter avant que tu ne partes. Tu aurais eu du mal à me trouver chez moi. J'arrive plus à y être sans penser à toi et à tout ce que j'ai perdu par mes conneries. Ça fait deux mois que je campe dehors. » Et ça doit se voir sur les cernes qui tirent mes traits, sur les muscles tendus qui n'ont pris le temps d'aucun repos ces derniers mois, dans le regard qui s'est durcit d'un coup sous les souvenirs de ces nombreuses soirées et nuits passées à courir la nature sans autre objectif qu'expulser la douleur de son absence et chasser les monstres de mes regrets. « Mais toi, qu'est-ce que tu voulais me dire Markus ? » Le ton se radoucit, retrouve ses accents tristes chargé d'une inquiétude qui roule dans les pupilles toujours dilatées par les angoisses et l'adrénaline du courage déployé pour affronter cette conversation qui peu prendre des allures d'adieux à tout moment.



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Although I felt like giving up It's not the road I chose
Markus Falkenberg
Markus Falkenberg
LÆRERTEAM Den som talar mycket säger sällan vad som är bra
Sa main glisse contre ma joue et le silence s'installe, bref. Il me semble pourtant trop long alors que j'attends, avec appréhension et espoir. J'ai peur qu'il confirme que c'était bien ce qu'il était venu me dire. J'ai peur d'avoir été trop rapide, en cherchant son étreinte dès que je l'ai vu. J’ai agi sous le manque, par impulsion, sans réfléchir. Il a répondu à mon contact, il a dit avoir besoin de moi, mais s’il est venu pour me dire qu’il vaut mieux tout effacer, tout totalement nier, pour pouvoir continuer…? J’ai été récalcitrant à admettre ce que je ressens, mais je ne reviendrais pas au stade antérieur, malgré toutes les conséquences. Je ne le pourrais pas, de toute façon. Mes yeux sont incapable de voir Magni désormais sous un autre spectre que celui de cet amour, dont je n’apprécie toujours pas la prononciation du mot, mais que je ne veux pas renier. J’aurais l’impression que ce serait équivalent, en final, à nier aussi une partie de notre amitié.  « Non. J'étais venu te dire tout l'inverse. » Mes muscles se tendent, alors que j’attends la suite, sans vouloir l’appréhender. Un baiser, rapide, est déposé sur mes lèvres et un élan enthousiasme, trop tendre, me signale que Drøm est sûrement avec Mjöll désormais.  « J'avais préparé plein de phrases bien tournées mais tu m'as pris de court. » L’esprit, très mauvais en interprétation, redoute une déception, le cœur craint encore un départ. Je suis au stade où je ne peux qu’avancer, pas reculer. Mais je ne peux pas l’obliger à avancer avec moi, s’il préfère faire demi-tour.

Ses doigts quittent leur position, effleurant mon cou avant de couler le long de mon épaule. La pulsion électrique qui traverse ma peau crispe mes traits, avant même que je ne songe à les contrôler. Douleur relayée en arrière-plan, encore gommée par une adrénaline qui n'a pas quitté mes veines depuis le début de cette soirée merdique. J'y penserai plus tard. Sa main s'arrête à mon biceps, s'y accrochant avec force et cette fois, je parviens à retenir un nouveau tressaillement. « Je viens te supplier de nous donner une chance. Je n'ai pas tourné la page Markus. Mais je pensais que tu voulais te protéger. Tu refuses toutes mes invitations, tu viens plus au bureau... Je me suis convaincu que tu voulais oublier, comme tu l'as toujours fait pour les autres. Je pensais que ce serait plus simple pour toi si je ne montrais pas trop clairement la force de mes sentiments pour toi. J'étais prêt à passer ma vie à tes côtés comme meilleur ami, tout en cherissant chaque occasion d'être près de toi sans que ce soit partagé. »  L’espérance s’est engouffré avec fracas sous ma peau dès sa première phrase. Le cœur se précipite vers l’avant, comme s’il pouvait rejoindre le sien et les yeux brillent trop fort, vert comme le chant des arbres le matin. Il n’a pas tourné la page. Le soulagement que ces mots induit en moi est plus apaisant qu’un onguent sur des brûlures. J’avais pensé qu’il devinerait que je refusais ses invitations pour ne pas tout compliquer. J’aurais été incapable de le côtoyer longuement seul à seul, sans rien faire, sans chercher ses mains, ses lèvres, son cou. Je voulais avancer ; pas l’oublier. « Je suis venu te dire que je suis prêt à tout Markus pour être avec toi. Pour te retrouver. Tout. Et te demander de nous faire confiance. De te faire confiance concernant ton don. » Je cille plusieurs fois, pour chasser l’océan qui se rapproche dangereusement. L’espoir se fait si encombrant, si envahissant, qu’il transpire presque de chaque fibre de mon corps. L’espoir que cette conversation se termine bien ; l’espoir, surtout, de retrouver mon meilleur ami. En entier, sous tous ses angles, toutes ses courbes, toute sa présence, tous ses mots, ses plaisanteries, ses allusions. Lui. Moi. Comme avant, mais sans la brume du déni. Je ne m’inquiète plus autant pour mon don ; il s’éclate bien plus dans son absence que dans sa présence. Et l’option de l’entraîner, à laquelle j’ai eu le temps de resonger, ne me semblait pas mauvaise. Alors est-ce que ce serait possible…? Mon cœur bat trop vite, alors que je redoute d’avancer la main vers un bonheur qui semble vouloir se rapprocher, et que je crains de faire fuir. « J'ai bien fais de t'intercepter avant que tu ne partes. Tu aurais eu du mal à me trouver chez moi. J'arrive plus à y être sans penser à toi et à tout ce que j'ai perdu par mes conneries. Ça fait deux mois que je campe dehors. » Ses conneries. Les termes me font tiquer et mes sourcils se froncent, marquant clairement mon désaccord. Il n'a fait aucune connerie. Il a respecté mon cheminement et mes décisions. Il m'a aidé à mettre des mots sur ce que j'essayais d'étouffer. Et il a aimé. Ce n'est pas une connerie, c’est plutôt toute la beauté de sa personnalité. Je fixe ses traits plus attentivement, remarquant les cernes et son regard, qui s'est durci. La culpabilité m’assaille, assombrissant brièvement mes pupilles. Je le croyais heureux. Je le voulais heureux. Pas le faire souffrir, en tentant de m’abriter derrière la façade d’une amitié qui s’ébréchait. « Mais toi, qu'est-ce que tu voulais me dire Markus ? » Tout et rien. Je ne sais pas comment comment formuler mes pensées adéquatement, je ne sais pas quels mots employés. J’ai peur de choisir les mauvais, qui provoqueraient un recul ou un incendie, ceux qui peuvent tout fait flamber, plutôt que de reconstruire.

Je glisse un « Ça explique pourquoi t’étais pas là quand je suis passé » douloureux, comme si cette simple phrase pouvait m’aider à ordonner les autres. Je ne suis passé qu’une fois, en pleine nuit. Mes rêves avaient été trop animés, mon cœur était trop chargé et j’avais transplané par impulsion, pour cogner à sa porte avec trop de force. Il ne m’avait jamais répondu et j’en avais déduis qu’il était ailleurs ; le lendemain, j’avais regretté cet ultime acte manqué, que j’avais perçu comme une lâcheté de ma part. Un manque de courage, pour tenir et préserver notre amitié. Mais est-ce que le courage n’est pas plutôt d’accepter de tenter de nager avec lui, même si je peux me noyer ? Je reprends : « J’suis pas doué dans les discours. J’en avais pas préparé de toute façon. Je venais te voir ce soir par impulsion, pour te dire que je supporte plus cette situation et que je suis prêt à tout, pour retrouver mon meilleur ami. » Je ne réalise même pas que je reprends certains de ses mots. Je sais seulement que je suis à bout, de cette distance, de cette érosion de notre amitié. J’ai besoin de l’avoir dans ma vie, complètement, pas à moitié, pas sous les masques qu’on s’impose depuis trois interminables mois. Mes doigts se resserrent sur le tissu de son haut, comme pour le retenir, alors que je poursuis : « Je pouvais pas accepter en février, Magni. J'étais pas prêt, pas comme ça. Et je sais pas à quel point je le suis plus. C’est comme sauter dans le vide, sans avoir quelque chose à lequel m’accrocher. » Mes mots me semblent incroyablement maladroits. Je ne sais pas comment les formuler adéquatement, comment les démêler. Je n’aurais pas pu faire mieux en février, même si je l’avais voulu. Avouer que je l’aime, l’accepter, c’était déjà beaucoup. Ou plutôt, c’était trop, comme je l’aurais affirmé à une autre époque. Apprendre pour Ozymandias, gérer toutes ces émotions à lesquelles je n’étais pas habitué, comprendre que je voulais plus de mon meilleur ami…Je n’étais pas parvenu à faire le tri, à tout assimiler, tout accepter. Et maintenant ? Maintenant, ce qui me semble important, c’est de pouvoir le tenir dans mes bras. C’est de récupérer cette amitié qui file de plus en plus loin. C’est de voir plus loin, aussi, qu’une stupide jalousie dont je n’ai jamais eu besoin. Mon visage se penche, alors que mes lèvres retournent se nicher contre son cou. Mes mains glissent sous son haut, pour effleurer la peau de ses hanches : « Mais si on poursuit comme ça, y’aura plus d’amitié demain. Et cette idée est invivable. Je préfère prendre tous les risques maintenant que de devoir encore passer un jour dans cet état.» Un murmure. Une certitude, aussi. Je suis à bout, incroyablement à bout. Et je ne me vois pas continuer d’avancer ainsi, en regardant notre amitié s’ébrécher, sans rien y faire. « Tu me manques, terriblement. Nos conversations, nos frôlements, nos blagues, nos disputes…Mon don peut difficilement déraper plus qu’actuellement, de toute façon. Et pour Ozymandias… » Le nom ne bute pas contre ma langue. Ma voix ne tremble pas, ne trahi aucune amertume. J’ai eu le temps d’y penser ce soir, avant de décider de foncer chez mon meilleur ami. J’ai cherché la peur camouflée derrière un sentiment absurde ; je l’ai trouvée, sans savoir si elle était justifiée. Je me redresse légèrement, assez pour fixer mes yeux dans les siens, sans rompre la proximité. Les miens sont trop expressifs : doux, tendres, animés. « Je connais ton fonctionnement, en amour. Je continue de trouver ça beau, ce qui t’arrive.  Mais je connais pas encore le mien…J’comprends pas encore toutes mes réactions. J’crois que tant que tu m’assures qu’il prendra jamais ma place de meilleur pote…et que vous vous liguerez pas contre moi au Quidditch… Je peux m’y habituer. Ton cœur était habité par un océan, qui s’est retiré ; continue de le remplir. Garde-le ouvert, place-y des coquillages, tu mérites tellement d’être heureux. Mais garde-moi à tes côtés, sans qu’on doive limiter nos foutus gestes. » Mes doigts se resserrent contre sa peau, alors que mon cœur tambourine toujours contre le sien. Non, les discours, ce n’est pas mon point fort. Tout ce que je sais, avec une force qui fait presque mal, c’est que je ne veux plus me séparer de ce foutu con. Je ne veux plus songer à lui le soir, sans pouvoir aller le voir, je ne veux plus me réveiller en le cherchant aux creux de draps froissés, parce que je me suis trop retourné sans le trouver. Je l’aime. Et je l’assume, qu’importe ce qui doit advenir. À quel moment ce sentiment s’est-il installé ? Je l’ignore, mais j’ai compris dans les derniers mois, en réfléchissant trop longtemps, qu’Elsa l’avait probablement capté. Elle avait multiplié les allusions pendant son absence, mais je ne les avais jamais pris en compte. J’avais sincèrement passé par-dessus, sans avoir besoin de feindre de ne pas comprendre. Habitué, à un stade élevé, à ne pas m’interroger sur ce que je pouvais ressentir.

Je me souviens d’une soirée avec elle en forêt, sur la branche d’un arbre. Des heures paisibles où on beaucoup rigolé, beaucoup bu, beaucoup parlé. L’air était bon, la vue aussi, les sons étaient paisibles, l’atmosphère était agréable. Et pourtant, elle n’était pas parvenu à enrayer mon allure maussade, qui revenait entre chaque sourire. Je lui avais parlé d’une lettre envoyée par Magni, qui semblait heureux, épanoui. Il se bâtissait une nouvelle vie, tandis que je songeais encore aux ruines d’un monde qu’on avait construit à deux, sans l’habiter.  Elsa, qui a toujours manié le tact avec autant de subtilité que moi, avait glissé sa main sur la mienne : « Je te trouve plutôt con. Il pense peut-être la même chose, vu le ton de tes lettres. Et si ça se trouve, vous êtes là, chacun séparément, à croire que l’autre ne s’ennuie pas. » Je ne lui avais pas donné raison. Et je n’avais pas répondu, lorsqu’elle m’avait demandé « c’est seulement le meilleur ami qui te manque ? » J’avais détourné le sujet, refusant d’y plonger.

Maintenant, je sais la réponse. Non, Elsa, ce n’était pas seulement le meilleur ami qui me manquait. C’était aussi notre proximité, nos regards, nos contacts. Nos rires, nos sourires, nos mains qui se frôlent, nos blagues sur notre faux couple. Cette impression qu’à deux, on réussira toujours à traverser toutes les épreuves. Mon front se pose contre les siens, tandis que j’affirme :   « Je t’aime Magni. Depuis qu’on est ado, peut-être. Je t’aimais hier, je t’aime aujourd’hui et je veux t’aimer demain. » Et c’est tout ce qui compte, pour moi. Je resserre ma prise contre sa peau, pour le ramener davantage contre mon corps – comme si c’était possible. Et de nouveau, comme un assoiffé qui a manqué d’eau, je m’empare de ses lèvres, plus doucement que précédemment. Je ne pense pas à la suite, je ne pense qu’à maintenant, à sa présence, à sa peau, à sa voix et à nos deux cœurs qui se connaissent trop bien.
Magni Hammarskjöld
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« Ça explique pourquoi t’étais pas là quand je suis passé » La phrase est douloureuse dans sa voix. Lentement, l'inquiétude fiévreuse de mes yeux se mue en tendresse profonde que les accents de sa phrase font luir avec plus de forces. Il est passé ? Quand ? Pourquoi ? Est-ce qu'on aurait pu en venir là plus tôt si j'avais été présent lors de sa venue ? Peut-être, mais ce ne sont pas des hypothèses qui nous aiderons à avancer de toute façon, s'arrêter sur les occasions manquées, c'est risquer de passer à côté de celle qui importe, celle de l'instant présent. « J’suis pas doué dans les discours. J’en avais pas préparé de toute façon. Je venais te voir ce soir par impulsion, pour te dire que je supporte plus cette situation et que je suis prêt à tout, pour retrouver mon meilleur ami. » Un premier soulagement dénoue mes épaules qui se détendent immédiatement, et ma main desserre son étreinte contre son bras pour transformer le contact en caresse qui se passerait bien de la veste et de la chemise en dessous pour trouver la peau cachée dessous. Le besoin de le toucher s'accentue de plus en plus sous les mots qui résonnent entre nous. Comme si ces retrouvailles ne pouvaient être complètes que dans cette proximité physique qui nous a toujours parue naturelle et essentielle. Et sans doute, qu'elle l'était, pas par envie mais par tendresse. Cet attachement profond qui trouve dans les caresses de l'autre les vents chauds nécessaire pour guider les voiles du bateau commun. Comprimé contre sa poitrine, je sens nos cœurs battre l'un contre l'autre avec la même force vive qui tambourine les cris d'un bonheur auquel il ne parvient pas encore à croire. Ma main restée dans son dos s'agrippe encore un peu plus sur la veste en réponse aux doigts de Markus sur ma hanche, et mon corps entier cherche à compléter chaque micro-millimètre qui nous séparent tandis qu'il reprend la parole. « Je pouvais pas accepter en février, Magni. J'étais pas prêt, pas comme ça. Et je sais pas à quel point je le suis plus. C’est comme sauter dans le vide, sans avoir quelque chose à lequel m’accrocher. » Mes yeux cherchent les siens dans un infime froncement de sourcils. Je voudrais qu'il s'accroche à nous, qu'il établisse toute sa confiance dans cette relation, dans notre amitié forte de trente années de joies, de peines, de disputes et de victoires. Mais j'ai conscience de lui en demander beaucoup. Qu'en février notre discussion avait été trop rapide pour les sujets évoqués et les révélations faites. Est-ce qu'il a réussi à digérer toutes les informations ? Est-ce que j'ai réussi à accepter ses blocages ? Me concernant je n'en suis pas sûr. J'étais venu, prêt à tout vouloir pour le retrouver. Dire oui à toutes ses conditions, sans limite, sans pour autant être réellement prêt à les mettre en place. Encore à l'instant présent, face à la question qui arrivera bien trop tôt, risquant de mener à la ruine tout ce qui vient d'être dit, je ne sais où me situer. La raison lutte contre les parois de ce que je devrais faire et ce que je suis capable de faire. Je devrais lui dire que je l'aime et que je suis prêt à me séparer d'Ozymandias. Je devrais lui dire que je suis prêt à aller jusque là pour qu'on se retrouve, Markus et moi. Et pourtant je n'ai pas encore réussi à le formuler, parce que chaque fibre de mon être refuse cette option. A chaque fois où l'esprit à cherché cette solution et fantasmer l'acte de rupture, le cœur s'effondrait et revenait en arrière avec précipitation. Je n'ai pas de solution. Je n'ai pas d'échappatoire. Je n'ai rien que cette impasse qui me garde éveillée la nuit et fait trembler mon âme quand l'auror incline à nouveau sa tête pour rejoindre mon cou. Le frisson électrique qui roule tout autour de ses lèvres posées sur ma peau m'arrache un léger soupire de plaisir, que le contact de ses doigts qui trouvent ma peau sur ma hanche accentue. Quelque part, je sens Mjöll qui n'est qu'amour et tendresse, reconnaissance et harmonie. Et, d'une certaine façon, son apaisement m'aide à supporter l'inévitable. « Mais si on poursuit comme ça, y’aura plus d’amitié demain. Et cette idée est invivable. Je préfère prendre tous les risques maintenant que de devoir encore passer un jour dans cet état.» Le murmure glisse, douceur et joie, contre mon oreille. Je suis profondément rassuré de savoir que avenir sans cette amitié lui est aussi insupportable qu'à moi. Égoïstement, je voudrais tout avoir de lui sans condition. Je voudrais que cet instant ne s'arrête jamais. Qu'aucune séparation ne menace nos besoins d'ensemble. « Tu me manques, terriblement. Nos conversations, nos frôlements, nos blagues, nos disputes…Mon don peut difficilement déraper plus qu’actuellement, de toute façon. Et pour Ozymandias… » Je sens que je me tends à nouveau à l'annonce de son prénom. Une suspension du souffle qui se bloque dans la poitrine sous les assauts des tambours. Cruels tambours qui semblent jouer un drame que je ne suis pas prêt à recevoir. L'auror relève la tête et nos regards plongent l'un dans l'autre. Le mien, entre tourmente et tendresse, s'accroche à ses reflets verts comme l'espoir insensé d'un dénouement heureux. Je veux y croire, je veux l'aimer sans secret, sans condition. Je veux ses mains sur mes hanches et sa bouche dans mon cou. Tous les jours, et pas seulement à l'occasion de retrouvailles après des mois d'absences et de souffrances. Il reprend la parole, et je reste en apnée, incapable d'aspirer le moindre souffle d'un après qui briserait l'instant du présent qui a remis le soleil au dessus du champ de fleurs. « Je connais ton fonctionnement, en amour. Je continue de trouver ça beau, ce qui t’arrive.  Mais je connais pas encore le mien…J’comprends pas encore toutes mes réactions. J’crois que tant que tu m’assures qu’il prendra jamais ma place de meilleur pote…et que vous vous liguerez pas contre moi au Quidditch… Je peux m’y habituer. Ton cœur était habité par un océan, qui s’est retiré ; continue de le remplir. Garde-le ouvert, place-y des coquillages, tu mérites tellement d’être heureux. Mais garde-moi à tes côtés, sans qu’on doive limiter nos foutus gestes. » J'assimile ses phrases, ses mots, l'impensable qui n'ose se frayer un chemin trop rapide jusqu'à la conscience. Je peux m'y habituer. Rien d'autre n'existe que cette phrase qui donne le tournis. Mes  mains quitte tout pour s'agripper une nouvelle fois à son dos. Les muscles tremblent, mais ce n'est plus de crainte. Aucune terreur froide qui plombe l'estomac. Non, c'est la tension vibrante de la clarté vive qui ébloui tout. Il peut s'y habituer. Est-ce qu'autre chose compte encore à cet instant ? L'humidité qui embrume les iris n'a plus rien des vagues salées, ni des ferveurs de la rage. L'océan qui remonte est celui de l'émotion, palpable, qui submerge tout. L'amour, immense et infini qui éclate et s'autorise à se déverser avec multitude dans mon être étire un sourire ému sur mes lèvres.

Tout bat trop vite, trop fort, trop intensément. La course des chevaux qui martèlent mes nerfs, mon cœur, frissonne sur la peau, resserre mon ventre. Et lorsque son front retrouve le mien, je me perds dans cette proximité. Je ne sais plus où on est, ce qu'on se dit, d'où on vient. Rien ne compte que son corps aux odeurs d'incendie, notre envie commune d'avancer ensemble et de se donner les moyens de le faire. Comme rééquilibrée, la raison se fluidifie enfin et parvient à entrevoir le futur possible qu'on choisit de tenter. Ensemble. Meilleurs amis transis. Un magma en fusion complète. « Je t’aime Magni. Depuis qu’on est ado, peut-être. Je t’aimais hier, je t’aime aujourd’hui et je veux t’aimer demain. » Mon sourire s'étire plus encore, gagné par la volupté qui inonde tout et chasse ces trois derniers mois de tourmente. Ses doigts qui se pressent sur ma peau coulent des désirs de plus en plus ardents dans mes veines. Le manque de son corps en vient à maudire les tissus qui nous séparent et qui m'empêchent de sentir son épiderme vibrer contre le mien. Le baiser dont il part nos lèvres est doux, d'une tendresse qui résonne d'amour et de promesses d'adieux qui s'éloignent. Sans que je parvienne tout à fait à le saisir entièrement sans en avoir le tournis. Est-ce que c'est vrai Markus ? Est-ce qu'on s'autorise à s'aimer ? La joie s'enflamme, brûle mais ne consume rien.  C'est le feu créateur qui pétille, celui de la vie qui se bat avec fureur. Mes mains passent sous sa chemise avec une vigueur d'affamé. Sous les paumes, sans peau est chaude, douce, si familière. Les yeux fermés savourent cette étreinte, la bouche qui se sépare murmure un « Markus. » si tendre qu'il ne semble être qu'un soupire du cœur, avant de plonger dans son cou déposer les lèvres sur la peau sensible et en dévorer les contours. Les mains glissent les longs des côtes avec lenteur pour redessiner à l'aveugle la forme de son torse contre mes paumes. Elles se souviennent de chaque aspérités, de chaque courbure de muscles. Ma bouche remonte jusqu'à son oreille pour y glisser d'autres murmure baignés d'un sourire radieux. « Personne pourra prendre la place que tu occupes dans mon être. Tu fais partie de moi depuis toujours, depuis notre première rencontre. Qui pourrait jamais prétendre à une telle place Markus ? Il n'y a que toi d'assez fou pour me suivre les yeux fermés dans toutes sortes de bonnes idées. Quoi qu'il arrive, ce sera toujours toi. Toi mon meilleur ami, toi dont je ne peux pas me passer sans manquer d'air. Hier, aujourd'hui, demain, dans vingt ans. Je t'ai jamais remplacé, jamais cherché à le faire non plus. » Ma joue glisse contre la sienne, ma bouche dépose un baiser sur sa mâchoire avant que je ne revienne poser mon front contre le sien, un rendre sourire qui illumine tout. « L'amour que je te porte n'a rien à voir à celui que j'éprouve pour Ozymandias. L'un ne remplacera jamais l'autre. Ce sont des sentiments différents. Je comprends que ce soit difficile à saisir pour toi. Mais je te promets de te le prouver jour après jours. Je...j'ai pas les mots pour exprimer toute la gratitude que j'éprouve pour toi. J'ai du mal à réaliser que tu acceptes. Qu'on puisse...Que ce soit possible. » Je fronce légèrement les sourcils, cherchant mes mots sans les trouver, l'âme gonflée de sentiments si larges qu'ils ne parviennent pas à être observés dans leur entièreté. Et encore moins nommés. « Tu m'as tellement manqué. Tu es passé quand ? Je suis allé à la cascade tu sais ? Celle cachée dans la falaise. J'avais l'espoir que ça me permette de me sentir moins seul, mais ça m'a juste fait regretter tous nos rires , nos discussions, nos excursions, nos jeux, notre nous. Ça m'a fait juste paniquer encore plus de te perdre. » J'effleure ses lèvres, je ne peux pas m'empêcher de le toucher ni de goûter sa bouche encore et encore. Mes mains qui ont continué leur lente ascension s'arrêtent soudain à hauteur des épaules. Là, sous la veste et la chemise, les doigts viennent de rencontrer une texture qui fait immédiatement vriller mes yeux dans les siens. Ma tête se recule, cogne contre le battant de la porte et mon cœur manque un battement sous les assauts des connexions qui se font. L'odeur de feu, les souvenirs des discussions des aurors hier au bureau, la fin de mission Falkenberg prévue pour ce soir, et la sensation effritée de la peau sous mes doigts. Pris moi-même dans une infiltration ces derniers jours, je n'avais plus songé à cette intervention complexe qui devait mobiliser une partie des aurors. « T'es blessé ? Pourquoi tu sens le feu de cheminée comme si tu t'étais foutu dedans avant que j'arrive ? » Changement de ton radical, voix inquiète, inquisitrice et regard plissé. « Je suis prêt à te déshabiller moi-même pour aller vérifier, ne t'avise pas de me mentir Falkenberg. » Le naturel, retrouvé, revient si vite. Je glisse avec une facilité déconcertante dans une attitude taquine si commune que je ne songe même pas à forcer le moindre geste. Une de mes mains s'échappe de sa chemise pour venir couler contre sa joue. Mon visage s'est rapproché lui aussi , murmurant mon dernier avertissement au coin de ses lèvres. Et sans attendre sa réponse, je décale les pans de sa veste pour entreprendre de déboutonner moi-même les premiers boutons de sa chemise. « Dans le doute, vaut mieux que je vérifie en fait. T'es si distrait que tu pourrais ne pas avoir remarqué que tu t'es pris un arbre en pleine action. » Tout en m'activant contre les boutons, l'autre main est allée chercher sa hanche d'une caresse légère, avant de s'y accrocher dans une pulsion suggestive. « Tu sais que t'es pas obligé de te blesser à chaque fois que tu as envie que je m'occupe de toi. » Le dernier bouton roule en-dehors de son encoche, et la main glisse sa paume sur le torse dévoilé dans un battement précipité du cœur qui s'affole sous les bouffées de chaleur que ce simple geste provoque en moi. La mémoire rallume milles souvenirs de notre dernière nuit dans un tourbillon d'incendie qui allume un brasier de désirs dans mes iris. Marica, trois mois de frustration, c'est difficile à encaisser. « Montre-moi. » Le murmure sort légèrement contraint par une gorge soudain asséchée par l'envie tandis qu'un sourire amusé par mes propres réactions physiques perce sur mes lèvres.



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Although I felt like giving up It's not the road I chose
Markus Falkenberg
Markus Falkenberg
LÆRERTEAM Den som talar mycket säger sällan vad som är bra
Ses mains passent sous ma chemise, contact brûlant, qui ne fait que me rappeler avec puissance à quel point tout de lui m'a manqué, dont son contact, irrémédiablement, à lequel je me suis terriblement habitué depuis toutes ces années. Mon prénom file sur ses lèvres qui quittent les miennes, m'arrachant un frisson lorsqu'elles rejoignent mon cou. Il m'est impossible de me presser davantage contre lui et pourtant je m'évertue à le faire, impulsivement, brûlé par des sentiments trop forts. Ses mains glissent contre mes côtes, douleur et bonheur, alors que sa bouche remonte jusqu'à mon oreille: « Personne pourra prendre la place que tu occupes dans mon être. Tu fais partie de moi depuis toujours, depuis notre première rencontre. Qui pourrait jamais prétendre à une telle place Markus ? Il n'y a que toi d'assez fou pour me suivre les yeux fermés dans toutes sortes de bonnes idées. Quoi qu'il arrive, ce sera toujours toi. Toi mon meilleur ami, toi dont je ne peux pas me passer sans manquer d'air. Hier, aujourd'hui, demain, dans vingt ans. Je t'ai jamais remplacé, jamais cherché à le faire non plus. » Ses mots me rassurent et me donnent l’impression que de nouvelles pierres sont graduellement posées pour solidifier les fondations ébranlées. Notre première rencontre…Un sourire doux s’étire sur mes lèvres à ce souvenir, tandis que sa joue glisse contre la mienne. Chaque geste, chaque acte qui marque clairement qu’il est là, avec moi, me plonge un peu plus dans un tourbillon d’émotions trop tendres. Sa bouche contre ma machoîre me fait resserrer mon étreinte sur ses hanches, alors que son front rejoint son emplacement familier : « L'amour que je te porte n'a rien à voir à celui que j'éprouve pour Ozymandias. L'un ne remplacera jamais l'autre. Ce sont des sentiments différents. Je comprends que ce soit difficile à saisir pour toi. Mais je te promets de te le prouver jour après jours. Je...j'ai pas les mots pour exprimer toute la gratitude que j'éprouve pour toi. J'ai du mal à réaliser que tu acceptes. Qu'on puisse...Que ce soit possible. » C’est difficile à comprendre parce que je n’y ai jamais été confronté. J’ai toujours fui l’amour, m’échappant dès que c’était nommé. Pas de jalousie non plus, envers quiconque, parce que je me suis toujours considéré remplaçable dans toutes mes relations et que je m’en foutais de l’être. Avec Magni… Je me considère tout aussi remplaçable. La différence, c’est que je ne veux absolument pas l’être. Il ne me reste que lui, comme meilleur ami. Et j’ai toujours redouté de voir ce lien disparaître, maintenant plus que jamais. Mais s’il m’assure qu’il n’y a pas de risque de ce côté…La crainte ne s’annihile pas d’un coup, mais elle s’atténue. Il n’a pas besoin de me prouver quoi que ce soit. Tant que je peux enfin retrouver mon meilleur pote, tant qu’on cesse d’ébranler des murs que j’ai toujours cru possible, tout peut m’aller, même ce qui me semblait impensable trois mois auparavant, quand j’apprenais à peine à nommer des mots que je ne prononce jamais. « Tu m'as tellement manqué. Tu es passé quand ? Je suis allé à la cascade tu sais ? Celle cachée dans la falaise. J'avais l'espoir que ça me permette de me sentir moins seul, mais ça m'a juste fait regretter tous nos rires , nos discussions, nos excursions, nos jeux, notre nous. Ça m'a fait juste paniquer encore plus de te perdre. » Les mots me surprennent et mes sourcils se soulèvent. Il est allé à la cascade…? Alors c’est bien lui, le parchemin ? Je n’avais pas su comment interpréter sa disparition. Je me rappelle encore ma recherche presque rageuse du bout de papier, après l’essoufflement de la montée. Je n’avais rien trouvé et j’avais craint…Quoi, exactement ? Tout, probablement. L’âme s’emballe, quand elle ne trouve plus de point d’appui.

Ses lèvres effleurent les miennes, tandis que ses mains continuent de glisser sur ma peau. Elles s'arrêtent à la hauteur de mes épaules et je me mords l'intérieur de la joue, alors qu'une pulsion douloureuse vient se superposer à l'envie qui s’amplifie dans mes veines. Je ne suis pas totalement débile, j’ai pris une potion partiellement anesthésiante en début de la soirée, gracieuseté de l’équipe de médicomages trop insistants qui s’occupaient de mes collègues. Mais je n’ai pas pris le temps d’évaluer les dommages : je m’en foutais totalement, et je me fous encore. Je m’en occuperai plus tard. C’est largement tolérable. Magni, qui me connaît trop bien, se recule en même temps que je m'enfonce dans l'indifférence la plus totale des conséquences de ma mission de ce soir. Mon corps n'aspire qu'à retrouver le sien et se fout du reste. Sa tête cogne contre la porte et ses yeux se vrillent dans les miens. J'ai momentanément l'impression de retrouver l'une de nos soirées habituelles, où l'un engueule l'autre, en constatant une blessure négligée. Même ça, ça m’avait manqué. « T'es blessé ? Pourquoi tu sens le feu de cheminée comme si tu t'étais foutu dedans avant que j'arrive ? » Sa voix inquiète m'arrache un sourire sincère. C’est tellement apaisant de pouvoir sourire honnêtement, sans feindre. Sans simuler que tout va bien, mais réellement ressentir que pour une fois, tout ne va peut-être pas si mal. « Je suis prêt à te déshabiller moi-même pour aller vérifier, ne t'avise pas de me mentir Falkenberg. » J’hausse un sourcil provocateur, comme pour le mettre au défi de le faire. Le genre de blague que j’aurais réellement pu faire autrefois, mais qui prend une dimension différente actuellement. Parce que ce que je ressens va au-delà de la blague et que mon envie de le sentir davantage, peau contre peau, est bien présente. L'une de ses mains quitte sa cachette pour couler contre ma joue, murmure au coin des lèvres, juste avant qu'il n'écarte les pans de ma veste pour entreprendre de déboutonner ma chemise. Je ne sais pas moi-même ce qu'il trouvera en-dessous : je n'ai pas regardé les dommages, quand je me suis changé. Je ne sentais que de désagréables, mais très tolérables, sensations de brûlures et je ne me souciais que d’aller retrouver Magni, le plus vite possible. « Dans le doute, vaut mieux que je vérifie en fait. T'es si distrait que tu pourrais ne pas avoir remarqué que tu t'es pris un arbre en pleine action. » Mon sourire s’étire et mes mains quittent son dos, pour lui donner plus de marge de manœuvre, alors que l’une de ses mains caresse légèrement ma hanche, avant de s'y accrocher suggestivement. Mes veines s'enflamment et mes iris reprennent leur bonne vieille teinte rosée. Tout m’a manqué de lui, entièrement. Et je veux profiter de chaque seconde de ses retrouvailles inattendues, de chaque minute. « Tu sais que t'es pas obligé de te blesser à chaque fois que tu as envie que je m'occupe de toi. » Je note cette phrase dans un coin de mon crâne, pour lui ressortir la prochaine fois que je le retrouve sur sa table de cuisine. L’état taquin qui perce dans mon regard lance le vraiment ? qui ne prend forme que dans le silence, tandis qu’il libère le dernier bouton de son encoche. Sa paume glisse contre mon torse, augmentant le rose de mes iris, alors que mon coeur s'accélère. Trois mois sans lui, c'est une éternité à rattraper. Tout mon corps se rappelle trop bien notre dernière étreinte, qui avait des accents déchirants d'adieux, et la passion trop palpable de ceux qui savent n'avoir droit qu'à une dernière fois.  « Montre-moi. » Un murmure qui noue ma propre gorge sous le désir qui enfle et prend de l’ampleur. Je me recule d’un pas, pour lui laisser le loisir de se décoller de la porte, le regard moqueur, trop brillant. J’achève de faire glisser ma veste et ma chemise détachée, les laissant choir sur le sol sans m’en soucier. Je n’ai pas de chaise à ma portée et je pourrai bien m’en préoccuper plus tard.

Avec regret, je détache mes yeux de Magni, pour les poser sur ma peau. Mes sourcils se froncent légèrement devant l’état de mon épaule, qui a probablement dû tâcher ma chemise sous la veste sans que je ne m’en rende compte. Lacérée par le bois qui a éclaté pendant les combats et l’incendie, la chair présente des bords rougeâtres, enflés et mal soignés. Le sang a coagulé, entre la mission et maintenant. Elle me fait toujours très peu mal, pourtant. De façon atténuée seulement, plus agaçante que véritablement embêtante. J’affirme d’un ton presque joyeux : « C’est quasi rien. J’ai pas besoin de soin, j’ai pris une potion, ça va. » Et tant que la douleur ne m’empêche pas de profiter de sa présence…Je me fous entièrement du reste. Être blessé, ça fait partie du boulot. Je l’ai toujours accepté sans geindre ou me plaindre. Mes yeux glissent sur le reste de ma peau, le rose s’effaçant momentanément de mes iris, pour reprendre leur couleur verte. Je note les brûlures, prévisibles, avec irritation. Pas parce que j’appréhende ce que je ressentirai plus tard, lorsque la décoction fera moins effet, mais parce qu’elle me rappelle le début de cette soirée. Ma machoîre se serre, mon visage se fait plus sérieux, alors que je reporte mon attention sur mon meilleur ami. J’explique d’un ton où perce mon agacement : « C’est la faute de l’équipe. Ils ont complètement fait foirer la mission. Molkov n’est pas rentré du bon côté, comme un stagiaire. Forcément, ça a alerté tout le monde et j’ai dû griller ma couverture pour les aider. » Quarante-huit heures d’infiltration, à préparer ce moment. La plan était bien rôdé, on était plusieurs aurors sur le coup. Et une simple erreur d’inattendu…Qui a coûté cher. La commissure de mes lèvres s’étire en un léger trait espiègle : « Griller n’est pas vraiment une façon de parler. » Un incendie qui a éclaté à plusieurs endroits dans le bâtiment, tant pour nous distraire que pour détruire les potions qui n’auraient pas dû se trouver là. Je poursuis, blasé : « Karen s’est pris une poutre, elle s’est cassée le jambe. Elle doit être à l’hôpital maintenant. Alberto a paniqué en voyant le feu et plutôt que d’essayer de stopper le responsable, il a fait la chose la plus stupide à laquelle j’ai assisté. Il a lancé un sortilège de vent dans l’espoir de le faire disparaître. » Un ricanement grinçant m’échappe alors que je resonge à cette scène. Je ne comprend toujours pas comme une telle chose a été possible. Le type est auror, n’est normalement pas trop débile et est supposé connaître les règles de base…Comme de ne pas balancer de l’oxygène sur des flammes qui ne demandent que ça: « Une belle bande de cons. J’étais furieux. On a réussi les arrestations, même si les preuves ont été détruites, mais…Ça c’est joué de peu pour eux. Y’a que Viggo qui a bien assuré. J’ai pu l’aider à sortir les trois autres débiles après que les autres aient été mis hors d’état de nuire. » La brigade de secours, qui s’est jointe au groupe aussitôt que tout a commencé à déraper, a aussi donné un bon de main. Sauf qu’on aurait pas dû en avoir besoin. La mission était peut-être moins sans danger que d’autres, mais elle n’était pas supposée tourner aussi mal. Mes sourcils se froncent davantage et des rides songeuses apparaissent sur mon front, alors que je conclus : « Je sais pas par quoi ils ont été déconcentré pour se planter à ce point. Mais moi après…Je pensais qu’à toi. À ce que je ressentirais si je te perdais, au temps qu’on est en train de gâcher à ne pas être ensemble. » Et au fait que je ne le supporterais pas, si je devais le perdre lui aussi. Sauf que c’était ce qui était en train d’arriver. Nous étions deux vivants, qui se côtoyaient de façon trop superficielle.

Mes yeux glissent sur la porte, dont j’ai un peu abusé, puis sur Magni. Je tends la main pour attraper la sienne et l’entraîner plus loin, tout en affirmant : « Je suis passé la semaine dernière. Je suis aussi allé è la cascade, c’est toi qui a pris le parchemin ? Je comprenais pas pourquoi il était plus là. » Plus je m’avance dans la pièce, plus je réalise que c’est le bordel. Je l’avais oublié, et je préfère en faire abstraction, évitant les fringues sur le sol comme si elle n’y était pas, pour ne relâcher la main de mon meilleur ami que devant le divan – et ce n’est pas que je n’ai pas envisagé le lit. Mon regard se fait plus doux, mes gestes aussi, alors que mes doigts tirent sur son haut, avec l’air clair de quelqu’un qui trouve qu’il y a une injustice : « T’as rien à me prouver Magni. Et je veux pas que tu crois devoir le faire.  Tant que que tu ne veux pas me remplacer et que t’as pas une soudaine envie de changer de meilleur pote…C’est bon pour moi. Et je déconne pas pour le Quidditch. Si vous vous liguez contre moi en plein match d’entraînement après un matage trop intensif dans les douches, je te fais tomber de ton balai. Lui je l’épargne, parce qu'il est mignon et que je lui suis redevable, mais aucune pitié pour toi. » Ma voix est moqueuse, alors ma seconde main attrape l’autre partie du tissu. Les doigts se faufilent en-dessous, effleurent le torse, et la chaleur continue d’envahir chaque partie de mon épiderme alors que je demande, cherchant mes mots « Ça veut dire qu’on va être quoi là…? Des meilleurs amis améliorés ? Ce que je veux dire c’est…Est-ce qu’on sera en…? » Je ne termine pas ma phrase. Je suis si peu à l’aise dès qu’il est question de ce type de sujet. Et la simple idée des mots manquants, que je complète dans mon crâne, est suffisante pour provoquer un changement involontaire. Ma barbe pousse davantage et mes cheveux s’allongent légèrement, comme pour marquer avec insistance que je suis aussi doué pour poser ce type de question que de l’envisager. Je soupire, plus amusé dans l’immédiat qu’exaspéré : « Je vais avoir besoin de beaucoup d’entraînement pour mon don. » Et je préfère, pour les prochaines minutes, ne pas m’inquiéter de l’implication de ces changements, si je ne parviens pas à les contrôler.
Magni Hammarskjöld
Magni Hammarskjöld
GÖTEBORG Livet är en kamp, ​​du måste förbereda dig för striden

I couldn't face a life without your light

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] | Mardi 6 juin 2023 - Soirée



J'aime la façon qu'ont ses sourcils de s'arquer sous mes provocations. J'aime son langage muet, notre langage muet, qui me réchauffe le cœur. Aucun sourire factice, aucune comédie jouée à l'excès. Seulement une sincérité de regards, de défis et de gestes qui me murmurent que nous faisons le bon choix. Et qu'il était temps de nous en rendre compte. Markus se recule d'un pas, déversant une coulée de regrets dans le vide créé. J'étais bien plaqué contre lui, serré contre son corps et il me tarde déjà de revenir me lover contre lui. Son regard moqueur et son air taquin étire un sourire espiègle sur les lèvres. La veste suivie de la chemise coulent de ses épaules jusqu'au sol dévoilant ce corps trop connu et pourtant encore tant désiré. Dans un premier temps je parcours d'un regard gourmand son torse sans la moindre gêne, terminant la course vers son ventre, jusquà la frontière marquée par son pantalon. Je suis très loin de me soucier que mon désir de lui soit trop visible, il l'est déjà suffisamment pour qu'un regard de plus ne puisse plus faire grand chose de toute façon.
Lorsque je pose enfin mes yeux sur ses épaules, je constate l'étendue de sa blessure principale. Une large marque rougeâtre et suintante, dont la saleté noire laisse deviner que personne a pris le temps de nettoyer la plaie avant qu'il ne reparte. Tout en suivant les courbes de ses épaules, je détaille les brûlures, plus ou moins superficielles selon les endroits, sous un flot de questions qui assaillent mes pensées. Comment ? Pourquoi ? Qu'est-ce qui a mal tourné ? Est-ce que Markus s'est retrouvé en danger réel au beau milieu d'un incendie ? Les yeux se plissent légèrement tout en vérifiant le reste du torse, les bras, les poignets et je me décale même légèrement pour détailler son dos dans un froncement de sourcils. « C’est quasi rien. J’ai pas besoin de soin, j’ai pris une potion, ça va. » Son ton trop joyeux m'arrache un roulement des yeux exaspéré. Des blessures superficielles - selon nos propres point de vue probablement tronqués - mais des blessures qui méritent quand même des soins. Si Mjöll était là, j'aurais sans aucun doute eu le droit à un grognement narquois. Mais Mjöll n'est pas là, et ses grognement me manquent eux aussi et j'ose formuler l'espoir que notre relation aussi retrouve sa complicité d'avant. C'est chiant de plus pouvoir lui parler, d'échanger sur tout et rien avec lui. « C’est la faute de l’équipe. Ils ont complètement fait foirer la mission. Molkov n’est pas rentré du bon côté, comme un stagiaire. Forcément, ça a alerté tout le monde et j’ai dû griller ma couverture pour les aider. » La voix agacée de Markus me fait relever la tête vers lui, son visage redevenu sérieux retrace son sentiment face aux explications qu'il me donne. J'écoute avec attention, dans un froncement de front consterné par son récit. « Griller n’est pas vraiment une façon de parler. » Visiblement. J'affiche un léger rictus amusé par son humour tout en continuant de détailler ses blessures comme si elles allaient se soigner par la simple action de ma pensée. « Karen s’est pris une poutre, elle s’est cassée le jambe. Elle doit être à l’hôpital maintenant. Alberto a paniqué en voyant le feu et plutôt que d’essayer de stopper le responsable, il a fait la chose la plus stupide à laquelle j’ai assisté. Il a lancé un sortilège de vent dans l’espoir de le faire disparaître. » Je ricane, au même moment que lui, imaginant la scène avec une exaspération tendue. Qu'est-ce qui a bien pu lui passer par la tête à Alberto pour paniquer aussi largement en pleine mission et perdre tout bon sens ? Je secoue la tête, incrédule face à tant de laissé aller de la part de collègues sensés maîtriser leurs nerfs et leurs capacités. « Une belle bande de cons. J’étais furieux. On a réussi les arrestations, même si les preuves ont été détruites, mais…Ça c’est joué de peu pour eux. Y’a que Viggo qui a bien assuré. J’ai pu l’aider à sortir les trois autres débiles après que les autres aient été mis hors d’état de nuire. »  Il faudra que je songe à remercier Viggo d'avoir fait son travail et à enterrer les autres sous des regards orageux. J'imagine déjà la tête de Blumenthal quand il lira le rapport, s'il ne l'a pas déjà fait. Des suspects arrêtés mais des preuves détruites et trois aurors à l'hôpital. Un bilan plus que mitigé. Derrière l'amusement narquois, l'inquiétude perce en dilettante. Markus s'est donc réellement trouvé en danger ce soir. Je sais pertinemment que ça ne sert à rien de paniquer après, mais j'ai du mal à retenir la fumée âcre de l'angoisse de remonter trop haut dans mes iris. J'aurais fais quoi s'il s'était retrouvé à l'hôpital lui plutôt que Karen ou Alberto ? Dans l'état où on était, dans l'état de notre amitié, est-ce que j'aurais seulement osé lui murmurer de m'aimer coûte que coûte ? Au creux d'un lit blanc, sous les odeurs des potions, aurais-je osé l'embrasser comme il l'avait fait ? Le cœur palpite quelques battements douloureux sous l'assaut de cette réalité alternative. Un possible heureusement non réalisé qui aurait tout changé. Je résiste à l'envie brûlante de le serrer immédiatement dans mes bras, l'inquiétude se perce d'éclats d'une tendresse affolée alors qu'il reprend la parole. « Je sais pas par quoi ils ont été déconcentré pour se planter à ce point. Mais moi après…Je pensais qu’à toi. À ce que je ressentirais si je te perdais, au temps qu’on est en train de gâcher à ne pas être ensemble. » Je retrouve ses yeux dans une expression plus grave que précédemment. Je comprends mieux l'urgence qui le portait en avant hors de son appartement quand je venais moi-même me heurter au sien. Deux êtres qui courraient l'un vers l'autre avec cette force des mauvais augures.

Avant que je n'ai le temps de répondre quelque chose, l'auror attrapé ma main pour me tirer en avant dans la pièce. Mes doigts serrent les siens en réflexe déjà acquis et mon regard se pose pour la première fois dans ce lieu qu'il habite la moitié de la semaine sans que je n'ai jamais eu l'occasion de le visiter. La curiosité prend le pas sur l'inquiétude et mes iris sautillent d'objets en objets avec une douce lueur amusée. L'endroit est légèrement en bazar, des vêtements qui traînent un peu partout que Markus nous fait éviter dans une marche en courbe et en enjambement aveugles. Mes doigts serrent un peu plus les siens. J'aime son chaos et l'intimité qu'il traduit. « Je suis passé la semaine dernière. Je suis aussi allé à la cascade, c’est toi qui a pris le parchemin ? Je comprenais pas pourquoi il était plus là. » La surprise dessine un arc dans mes sourcils tandis que je reporte mon attention sur lui, détaillant l'expression de ses traits. Il est passé la semaine dernière ? Il a dû trouver l'endroit bien vide en effet. Entre ma mission en cours de mes nuits à courir la forêt, je suis à peine passé moi-même depuis plus de dix jours. Quant à la cascade et au parchemin.... Est-ce qu'il est déçu de ne pas l'avoir trouvé sur place ? Visiblement il n'a pas trouvé le Magma gravé dans la roche derrière la cascade. J'aurais dû lui en parler, lui envoyer un petit mot à ce sujet dans une de mes invitations. Peut-être ? Je ne sais pas. J'avais pris son dessin dans un geste désespéré. Un bout de lui, de ce qu'était notre nous ancien et lumineux, un talisman pour conjurer le mauvais sort qui s'acharnait sur nous. Jamais je n'avais songé qu'il puisse lui aussi tenter un tel pélerinage dans ce lieu spécifique.

On s'arrête face à son divan et un sourire mutin vient flirter sur mes lèvres. Markus tire son mon haut avec des éclats que je saisi immédiatement dans une nouvelle bouffée de chaleur qui embrase mes joues. « T’as rien à me prouver Magni. Et je veux pas que tu crois devoir le faire.  Tant que que tu ne veux pas me remplacer et que t’as pas une soudaine envie de changer de meilleur pote…C’est bon pour moi. Et je déconne pas pour le Quidditch. Si vous vous liguez contre moi en plein match d’entraînement après un matage trop intensif dans les douches, je te fais tomber de ton balai. Lui je l’épargne, parce qu'il est mignon et que je lui suis redevable, mais aucune pitié pour toi. » A mon tour je lui lance un regard de défi. Un j'attends de voir ça net qui brille avec moquerie dans mes iris. J'imagine facilement la situation, forme des représentations de ce que la situation pourrait donner et la probabilité pour que ça finisse en bataille générale au sol me fait doucement sourire. Une projection mentale qui dérive néanmoins rapidement vers d'autres contacts physiques entre Markus et moi, l'esprit trop emprunt d'un désir toujours aussi présent et qui ne fait que gonfler un peu plus sous les caresses des doigts du meilleur ami, partis à l'assaut du torse sous un t-shirt trop encombrant. Une idée qui, de fait, en amène une autre. Des questions auxquelles je n'avais même pas songé tellement tout ceci me paraît évident. Alors que ça ne l'est pas du tout. En écho à mes réflexions, il reprend la parole d'une voix plus hésitante. « Ça veut dire qu’on va être quoi là…? Des meilleurs amis améliorés ? Ce que je veux dire c’est…Est-ce qu’on sera en…? » Son malaise, palpable me fait rire, quelques éclats amusés, tendres et doux. Le voir lutter avec ses mots et l'expression d'une évidence à laquelle il a dû mal à s'identifier est sincèrement touchante. Je tends une main qui glisse dans sa barbe qui s'est allongée en même temps que ses cheveux. Chaque traits reflète cet amour qui échauffe mon âme pour lui. J'aime la sincérité qui se manifeste par le biais de ce don qui s'emporte tout seul. J'aime son sourire amusé au travers duquel perce une phrase légèrement exaspérée : « Je vais avoir besoin de beaucoup d’entraînement pour mon don. » Je me penche vers lui pour embrasser son sourire avec tendresse. « En couple ? Hum ? Peut-être bien. Ça y ressemble de l'extérieur. Mais entre nous peu importe comment on se considère non ? Tu seras à jamais mon con de meilleur pote. Mais maintenant que tu le dis, j'hésite à t'appeler mon mari juste pour voir l'effet que ça te fais. » Je souris, beaucoup trop taquin pour être sérieux, avant de me reculer de ses lèvres. Des doigts toujours accrochés à mon t-shirt tirent sur le tissu quand je me recule et dans un regard ardent je retire ce dernier sans plus attendre. C'est pas comme si l'un ou l'autre avait des doutes sur notre envie partagée. « Plus sérieusement, si on part en effet, de ce principe. Je...je vais avoir du mal à ne pas le montrer trop clairement au quotidien. 'Fin j'ai pas spécialement envie de le cacher. Sans parler d'Aren. C'est encore un autre sujet. Mais je peux pas ne pas lui dire. Surtout avec toi dans l'équitation. » Au vu des dernières vacances et de l'état dans lequel il m'avait trouvé, il est possible qu'il ne considère pas Markus d'un si bon œil, pour le moment. Et cela annonce une conversation qui promet quelques éclats. Surtout vu l'approche des vacances d'été et de sa présence quotidienne pour les deux prochains mois. Il ne fait aucun doute qu'il comprendrait des bribes de ce qui se trame en moins de vingt-quatre heures. Tout en parlant, je ne peux m'empêcher de sortir ma baguette de son étui et de me glisser sur son côté. Une main sur sa hanche, l'autre qui pointe la l'arme sur la blessure. « Laisse-moi au moins nettoyer ça, t'as des morceaux de bois incrustés dedans. » Je marmonne tout en lançant un premier sort d'eau pour laver les poussières sombres prises dans la chair. « Qu'est-ce qu'ils ont foutu pour foirer à ce point votre mission ? Dommage que je sois encore en infiltration demain sinon je serai venu en furie au bureau pour demander des comptes sur mon amant cassé. Comme à l'époque de Durmstrang où on tapait des scandales au petit déjeuner quand d'un de nous revenait avec une pommette cassée. » Je ricane à ce souvenir, avant d'uriliser mon propre vêtement resté coincé sous un doigt pour éponger la blessure humide de Markus et m'en servir de compresse. Une fois terminé, je hoche la tête satisfait. C'est mieux que rien, s'il veut pas se soigner dans l'immédiat, c'est son problème. Je range ma baguette avant de refaire couler ma main sur ses pectoraux en revenant me placer face à lui dans un regard enflammé de désirs de plus en plus marqué. « Est-ce que tu n'as pas peur de briser les espoirs de Karen te concernant si on s'affiche au bureau ? Sauf si vous aviez déjà conclu depuis notre dernière soirée au bar. » La moquerie se fait plus tendre qu'autre chose tandis que je viens coller mes hanches au siennes. Mon corps ondule contre Markus, retrouvant la chaleur de son ventre dans un plaisir gourmand, enivrant. Mes lèvres plongent dans son cou, courent le long de l'épaule non abîmée et mes mains se serrent sur ses côtes avec ferveur. « Pour le Quidditch, je vais y réfléchir. Mais l'idée de toi me renversant au sol est difficilement dissuasive. Ça me donne plutôt envie de me laisser tenter l'expérience. » Mon murmure se perd contre sa peau dans un souffle presque rauque, noué d'une chaleur qui fait frémir mon épiderme. Même ses blessures - qui méritent définitivement quelques soins - ne parviennent pas à faire passer l'envie en second plan. Je recule finalement légèrement mon torse, plongeant mon regard dans le sien avec une passion mêlée d'un bonheur qui ne parvient pas encore à se croire réel. J'ai vaguement conscience de le dévorer des yeux avant de l'attirer vers moi pour une étreinte pleine de fougue. « Mais pour l'heure j'ai moins envie de parler de lui que de profiter de toi. » Je fais un pas en avant, le poussant de concert en arrière jusqu'à ce qu'il butte contre le divan. Aussi importante soit notre conversation, aussi gênantes puissent être ses blessures, mes priorités sont bien loin de ces considérations pour le moment. Le retrouver, sentir son corps collé au mien et l'appel de ses baisers sont des sensations contre lesquelles je ne veux pas lutter. Pas quand tant d'émotions brûlent avec la force d'un feu de joie, éclairant un avenir qui ne s'imaginait pas pouvoir être aussi lumineux.

Pas après plus de trois mois de distances à la dérive.


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Although I felt like giving up It's not the road I chose
Markus Falkenberg
Markus Falkenberg
LÆRERTEAM Den som talar mycket säger sällan vad som är bra
Il se penche vers moi pour m’embrasser, mouvement bref qui suffit à me faire frissonner. Mon corps réagit aux contacts les plus minimes, comme si le manque avait créé un gouffre trop prêt à être comblé. « En couple ? Hum ? Peut-être bien. Ça y ressemble de l'extérieur. Mais entre nous peu importe comment on se considère non ? Tu seras à jamais mon con de meilleur pote. Mais maintenant que tu le dis, j'hésite à t'appeler mon mari juste pour voir l'effet que ça te fais. » La lueur de panique qui vient valser dans mon regard est brève ; elle passe en coup de vent, avant d’être remplacée par un léger sourire. Je sais qu’il plaisante. La réaction est instinctive, depuis que j’ai décidé plus jeune que je ne me marierais jamais. S’il employait ce mot face à quelqu’un qui le répéterait à mes parents… Je ne peux qu’imaginer leurs réactions. Négatives, forcément. Parce que si je me suis toujours foutu de leur avis concernant mes relations – et ils ont compris très rapidement, depuis Elsa, qu’ils n’avaient pas intérêt à me le donner – je peux présumer qu’ils s’opposeraient à ce qu’ils percevraient comme une provocation envers les codes. Cette provocation est peut-être la seule chose qui rend le mot mariage attrayant, dans un futur de centenaire où mon meilleur ami et moi serions vieux au point de passer nos soirées à parler d’un passé révolu. J’espère que nous atteindrons un tel âge en étant toujours aussi proches ; j’en ai douté dans les derniers mois. Et j’en suis encore effrayé, même de façon plus ténue, alors que je tire légèrement sur son t-shirt avant d’abaisser mes mains, au moment où il se recule pour le retirer. Mes yeux glissent sur sa peau découverte dans une nouvelle flambée d’envie, qui se reflète dans mes iris. Tu seras à jamais mon con de meilleur pote. La seule chose qui compte, oui. L’incendie qui brûle mes veines camoufle peut-être habilement des mois de feu de paille, mais la peur de le perdre définitivement est toujours là, planquée sous les braises. Et si j’ai la nette impression que nous explorons la seule solution possible, j’ai aussi cette sensation que ce bonheur nouveau est peut-être trop beau, trop doux, pour être vrai et je redoute qu’il puisse se briser lorsque nous aurons quitté ce moment d’apothéose. « Plus sérieusement, si on part en effet, de ce principe. Je...je vais avoir du mal à ne pas le montrer trop clairement au quotidien. 'Fin j'ai pas spécialement envie de le cacher. Sans parler d'Aren. C'est encore un autre sujet. Mais je peux pas ne pas lui dire. Surtout avec toi dans l'équitation. » Une ride soucieuse se dessine sur mon front, alors que mes cheveux et ma barbe retrouvent leur taille normale. Autant je sais clairement que je n’ai plus envie de limiter mes gestes en sa présence, notamment au bureau, autant l’idée d’Aren au courant…C’est l’option qui me semble la plus adéquate, mais je ne peux éviter de songer aux répercussions. Le fils de Magni semblait déjà ne pas trop m’apprécier, dernièrement ; à quel point est-ce qu’une telle annonce pourrait augmenter son animosité à mon égard ? Et si….Et si on fait tout foirer ?

Une vague de tendresse me submerge, issue de Drøm, qui doit sentir mon appréhension augmenter. Foutue habitude de brimer mes émotions par ma logique et mes analyses, plutôt que d’accepter de me laisser emporter par elles. Même dans un moment comme celui-ci. Une main sur ma hanche, Magni pointe sa baguette vers mon épaule : « Laisse-moi au moins nettoyer ça, t'as des morceaux de bois incrustés dedans. » Je suis à des lieux de m’en soucier. Mes blessures, soignées ou négligées, ne m’ont jamais tué jusqu’à maintenant. Un sort d’eau est lancé, et j’observe les traits de mon meilleur ami, avec une douceur qui m’aurait attiré le rire moqueur de tous mes étudiants: « Qu'est-ce qu'ils ont foutu pour foirer à ce point votre mission ? Dommage que je sois encore en infiltration demain sinon je serai venu en furie au bureau pour demander des comptes sur mon amant cassé. Comme à l'époque de Durmstrang où on tapait des scandales au petit déjeuner quand d'un de nous revenait avec une pommette cassée. » De sa phrase, malgré les réminiscences évoqués, je ne parviens à retenir malgré moi que les termes amant cassé. Un rictus m'échappe, que je dissimule en serrant brièvement ma mâchoire, comme si le tapotement du vêtement sur la blessure humide avait éveillé une douleur latente. Je me rappelle d’une discussion sur son lit, en janvier, lorsque je lui avais dit ne pas vouloir que le souvenir de l’amant remplace celui de meilleur ami. Qu’importe le titre, pas vrai…? En théorie. Parce qu’en réalité, je sais que tous ces mois de naufrage, et cette soirée trop intense, qui m’ont conduit à vouloir foncer chez lui aujourd’hui, n’atténueront pas toutes les peurs, lorsque la mer sera plus calme.

J’ai trop besoin de lui dans ma vie, même si je suis prêt ce soir à tout risquer, plutôt que de tout perdre. Il range sa baguette, avant de faire glisser sa main sur mon torse, et je réponds à son regard avec une intensité similaire. Mes pensées, mes appréhensions, se faufilent de nouveau dans la brume des choses à analyser plus tard, alors que mon corps appelle le sien. « Est-ce que tu n'as pas peur de briser les espoirs de Karen te concernant si on s'affiche au bureau ? Sauf si vous aviez déjà conclu depuis notre dernière soirée au bar. » J’hausse les épaules d’un air moqueur sans répondre immédiatement, tandis qu’il colle ses hanches aux miennes. Le frisson passe de mon bassin à ma colonne vertébrale, et mes deux mains glissent à la base de son dos, alors que son corps ondule contre le mien, ses lèvres plongeant contre ma peau. Bordel de foutu con. Tu m’as tellement manqué. Mes iris oscillent entre le rose et le vert, dans un mélange détonnant des deux ; un fond d’émeraude, avec des tourbillons écarlates. Amour, désir, amitié, attachement. Comment ai-je pu envisager que quelques mois pourraient faire disparaître tout ça…? « Pour le Quidditch, je vais y réfléchir. Mais l'idée de toi me renversant au sol est difficilement dissuasive. Ça me donne plutôt envie de me laisser tenter l'expérience. » Je dirais oui à n’importe quelle expérience, actuellement. Je confonds la sensation légère des brûlures avec celle qui enflamme ma peau ; j'écarte tout ce qui n'est pas centré sur une joie qui me semble à la fois trop forte pour moi et trop douce. Il se recule légèrement et je laisse mon regard fondre dans le sien, pour y trouver ce qui doit se refléter dans mes propres yeux. En cet instant, où il est enfin si près de moi, je me fous entièrement du futur. On a traversé tellement de choses...Est-ce que c’est si improbable d’envisager qu’on pourrait continuer d’avancer sur le même chemin, une main dans celle de l’autre ?

Il m’attire vers lui pour une étreinte qui ne cache rien d’un désir partagé et je resserre mes doigts contre sa peau : « Mais pour l'heure j'ai moins envie de parler de lui que de profiter de toi. »  Et j’ai bien plus envie de retrouver enfin sa proximité. Il fait un pas vers l'avant, me faisant buter contre le milieu du divan. Un sourire à la fois entendu et provocateur éclaire mon visage, alors que je me mouve de façon à m’asseoir, puis à m’étendre, tout en resserrant ma prise contre son dos pour l’enjoindre à suivre mes gestes. Mes mains ne grimpent plus haut que lorsqu’il est enfin étendu sur moi ; mes doigts glissent là où se trouve son tatouage et mes sourcils se froncent alors que je sens l’entaille et la différence de texture. T’as foutu quoi…? J’écarte mon interrogation pour l’émettre plus tard, retrouvant mon sourire moqueur :   « Tu vas devoir attendre tes quatre-vingt ans pour m’appeler ton mari. J’accepterai aucune demande passionnée avant cet âge, même pour un con comme toi qui se blesse trop souvent. » Et qui me devra des explications sur le sujet . Mes yeux affirment ce que mes lèvres taisent, pour ne pas modifier l’ambiance. Je déplace l’inquiétude à travers une autre phrase moqueuse, alors que mes doigts rejoignent de nouveau la base de son dos, proche de son pantalon :   « Je m’inquiète bien plus pour les espoirs de Pavlov te concernant que pour ceux de Karen. On a rien conclu, elle et moi. Sans un minimum de sentiments, je réussis rarement à…Disons qu’elle m’agaçait trop. » Faudra que je passe la voir à l’hôpital, d’ailleurs. Mais son état, ses blessures et son comportement étrange ce soir est très loin de me préoccuper actuellement. Mes mains se font plus hasardeuses, glissant proche de la ceinture avant de remonter contre les côtes, espiègles. Mes lèvres se pressent contre le cou de l’auror, ce type dont je sens la chaleur du torse contre le mien, cet homme dont le nom est revenu trop souvent dans mes conversations avec Elsa et dans mes lettres. « Je veux pas qu’on le cache…Ni au bureau ni ailleurs. Je supporte plus l’idée de faire semblant que je ressens rien pour toi, en me contentant du contact de ta jambe sous une table. » Un murmure contre sa peau, qui trahi la frustration de la dernière fois, lors de cette discussion vide et trop pleine, au bar, et ce besoin si net de lui. Je n’écarte mon visage que pour fixer mes yeux dans les siens, interrompant les caresses de mes doigts sur sa peau, sans desserrer mes bras : « Mais en ce qui concerne Aren…Est-ce que tu préfères pas attendre que…Je veux pas qu’il me déteste encore plus si… » Un arrêt, une hésitation, un silence, une vague muette. Le cœur bat fort, les yeux sont bavards. Son corps, son ventre, ses mains, ses lèvres, son visage, sa présence, tout m’enflamme, tout m’a manqué.   « Si ça foire ? Si tu regrettes d’être venu ce soir…? » Parce que le bonheur, après toute cette douleur, c’est aussi menaçant que lumineux.  
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