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I couldn't face a life without your light | Markus
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Magni Hammarskjöld
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I couldn't face a life without your light

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] | Mardi 6 juin 2023 - Soirée



« Je t’assure que c’est tout aussi drôle sur les tiennes. » Je hausse les épaules faussement sceptique avant de tourner mon regard vers Mjöll et Drøm qui ont enfin décider de nous rejoindre et de quitter leur cachette. Mes yeux croisent le regard noir de l'ours polaire dans une longue conversation muette. Je ne peux compter les jours depuis la dernière fois où il s'est montré ouvertement sous cette forme face à moi sans me gratifier d'un regard mauvais. De nombreux souvenirs de ses courses effrénées dans la forêt nocturne chargée d'une odeur sucrée de pin dans le vent du printemps me submerge. Sa force d'ours et ma course parallèle à la sienne, souvent moins rapide, qui me forçait à sentir se matérialiser le lien magique entre nous dans un pincement de douleur. Ce n'était jamais dans une volonté de me faire souffrir, mais une façon de m'exprimer son désespoir face à cette corde tirée de plus en plus loin entre Markus et moi. Une douleur acceptée, une douleur de soutien, pour nous tirer en avant et jeter dans la brûlure musculaire toute la rage qui nous habitait. Aujourd'hui son regard profond est doux, sensiblement chaud et il a retrouvé ses allures de protecteur indéfectible. Son épaule se colle à celle de l'ours noir dès la dernière marche de l'escalier laissée derrière eux. Je ne peux que comprendre ce besoin de se presser l'un contre l'autre, et si leur spectacle m'a souvent par le passé, il fait naître cette nuit un sourire tout aussi tendre sur mes lèvres. « J’suis totalement partant pour le camping. Et pour les trois prochains mois, aussi. Avec l’été j’aurai plus trop de raison de squatter à Durmstrang. » Au son de la voix du Falkengerg, je me détourne des fylgjur pour reporter mon attention sur lui, et constater avec une pointe de déception, qu'il a déjà remis son haut, couvrant les courbures appétissante de son torse. Je compte bien, secrètement, sur les vacances d'été pour l'empêcher de trouver la moindre excuse pour revenir se cacher ici. J'ai réussi à y pénétrer une fois, je ne suis pas certain de parvenir à réitérer l'exploit de si tôt. J'ai des très forts doutes sur la sympathie de Nyx à mon sujet si je commençais à considérer sa cheminée comme un moulin à vent.  « Vaut peut-être mieux que tu aies pas écouté ce que Karen racontait sur mes mission. J’ai été un peu…téméraire, dans les derniers mois. J’aurais engueulé mes étudiants s’ils avaient agi de la même façon. » Je ricane, me rappelant vaguement, en effet, que les récits de Karen étaient teintés de plusieurs actions de l'auror que l'on pourrait jugées de particulière connes. Au moins, pour une fois, il en a conscience, ce qui est déjà une preuve que les choses ne peuvent qu'aller vers le mieux. Si son déni n'a pas recouvert ces souvenirs-là d'une belle couche opaque. La raillerie mentale esquisse un rictus de plus en plus moqueur à son encontre alors qu'il poursuit : « Mais j’doute pas que tu aies été aussi con que moi, sur ce plan. » J'exagère la marque de surprise qui vient courber mes sourcils, perplexes. J'ai l'air de celui qui ne sait absolument pas de quoi l'homme parle. Tout en sachant pertinemment que mes propres missions tiraient le plus possible vers des situations complexes - et parfois irréfléchies, ou moins réfléchies qu'en temps normal. Tout comme Markus, j'avais enchaîné les infiltrations et les missions sous tension jusqu'à l'épuisement. Plonger dans le travail a toujours été ma porte de sortie quand le mental a besoin de rester solide malgré la chute vertigineuse en eaux profondes. Ces derniers mois n'ont pas été exception, et si j'ai préféré me concentrer sur des affaires réelles plutôt que partir à la recherche fantomatique de Javier, je me suis indéniablement retrouvé des quelques situations où la témérité m'a fait agir de façon déconsidérée. Seulement Karen n'était pas là pour en faire le rapport. Privé de mes coéquipiers favoris, à savoir Markus et Nyx, j'avais cherché des missions solitaires, pleine de discrétion et de profils bas.
Tout en songeant rapidement à trois ou quatre situations particulièrement critiquable si on devait les donner à étudier aux élèves du professeur de combat, je fais sauter ma baguette hors de son étui. « Mon amour pour les magnifiques caleçons peut peut-être me servir à entretenir les bonnes relations entre éminents professeurs. Attends. » Intrigué je le vois retourner vers sa pile de linge et en tirer un deuxième caleçon à l'imprimer tapageur. Marica Markus, tu en as combien comme ça ?. Je devine son intention au fur et à mesure qu'il exécute la première partie d'un plan qui se construit au fur et à mesure que les idées s'imposent à nous. Si on me demandait la question, je n'hésiterai pas à affirmer avec aplomb que nos meilleures blagues sont le fruit d'une réflexion intense et rondement menée en amont. Mais la réalité est évidemment bien différente, c'est bien dans le hasard, la passion du moment, et - très souvent - l'adversité d'un changement de situation mis à mal par un plan bancal, que nos plus belles réussites ont vu le jour. Je rigole quand il fait tourner l'objet lunaire au-dessus de sa tête dans une grimace de douleur qui me fait secouer la tête, beaucoup trop amusé pour être soucieux de l'état de ses épaules. « On peut mettre ça avec maturité sur sa poignée, avec en prime l’œil inquisiteur. Un peu comme une signature. » En toute maturité, une définition qui nous caractérise indéniablement ce soir. Comme à chaque fois. Toujours. Nous sommes deux sorciers de trente-neuf ans complètement mature, et responsables. D'un signe rond de doigts agrémenté d'un clin d’œil je valide son chef d’œuvre et l'idée derrière. « T’as un plan si quelqu’un te remarque ? Et on le fait ensemble ou séparé ? Ensemble, y’a le risque de tellement rire que tu te ferais choper en moins de dix secondes. Peut-être quinze. Mais séparé…J’aurais peur que tu te trompes de chemin, après tout ce temps, et que tu reviennes pas. » C'est un vrai risque, aussi bien je connais probablement pas mal de couloirs par cœur, notamment ceux permettant de rejoindre quelques coins cachés du bâtiment, et de trouver la sortie vers l'extérieur. Autant l'étage des appartements des professeurs m'est sensiblement moins connu. Mais le manque de confiance face à mon sens de l'orientation n'en reste pas moins honteux et je ricane, mauvais, tout en observant les modifications physiques auxquelles il s'adonne en toute simplicité. « T'es sûr de courir moins de risque en affichant la tête d'un inconnu dans le couloir réservé au personnel ? Ou bien tu as pris la tête du nouveau concierge ? T'en fais pas pour moi, mon sens de l'orientation est infaillible, même de nuit. L'appartement de Nyx est à gauche c'est ça non ? » A droite, de mémoire, mais entrer dans son jeu est bien plus amusant que l'inverse. D'un pas énergique malgré l'heure nocturne et la fatigue oubliée d'un corps épuisé, je m'approche de lui pour lui claquer un baiser fugace sur le coin des lèvres tout en attrapant sa main et de passer mes doigts entre les siens. « Ensemble. Je prends le risque des rires et de tes gloussements discrets. Très bonne idée le caleçon en signature. C'est une de ses habitudes de laisser trainer ses dessous devant les portes des gens ? » La raillerie, trop facile, perle de mes lèvres avec un regard beaucoup trop taquin pour ne pas être explicite sur le pourquoi du comment Markus serait en capacité d'avoir ce genre d'information sur notre jeune collègue. « Quant à mes missions je ne vois pas de quoi tu parles. J'ai été très mesuré dans mes choix. Ce sont juste les suspects qui avaient décidé de se mettre dans des situations pas possible impliquant des interventions énergiques. » La mauvaise foi se lit nettement dans mon rictus et sans lui laisser le temps de répondre, je le tire vers la porte de sa chambre tandis que Mjöll quitte sa forme d'ours pour celle bien plus discrète du lézard qui se perd immédiatement dans le couloir, nous précédant avec la même énergie électrique. Sous cette forme, sa passion du déguisement et de l'intrigue est trop forte pour qu'il parvienne à résister à l'envie de se fondre dans le décor et de disparaître aux yeux de tous. Même des miens. Un court instant j'hésite à lancer un sort de désillusion sur ma personne, mais le besoin de rester visible pour Markus est plus forte que toute considération de sécurité, parce que j'ai bien plus envie de cette blague pour faire une connerie avec lui que pour la finalité en elle-même.

Dans le couloir, la demi-obscurité de la nuit donne au silence la pulsation palpitante de l'interdit. Un frisson qui court sur mon épiderme dans un délice qui me rappelle tellement de bons souvenirs que je ne retiens aucun de mes sourires. Arriver jusqu'aux portes choisies pour nos douces attention est d'une simplicité déconcertante. Probablement à cause des tout petits mètres qui nous séparaient de notre destination et de l'heure avancée de la nuit. Un carré de lumière blanche annonce une fenêtre un peu plus loin devant nous, donnant un point de vue utile si jamais quelqu'un venait à arriver par ce côté-là. Ma main toujours dans celle de Markus, je resserre l'étreinte quand je m'arrête face à ce qui me semble être celle de Nyx, avant de me glisser contre son oreille : « C'est bien là ? Ce serait con de se tromper de porte maintenant. » L'espièglerie perce trop clairement dans ma voix alors que j'attends sa confirmation tout en détaillant déjà des yeux le tapis qui me servira de sujet de méfait. Mentalement j'établis la liste des sortilèges qu'il me faudra lancer, le temps que cela pourrait me prendre, lorsqu'un son de porte qui claque derrière nous me fait tourner la tête vers le bout du couloir sombre. Je fronce légèrement les sourcils, parfaitement immobile, le cœur battant sous l'adrénaline, écoutant les moindres sons. Mais aucun pas ne semble venir dans notre direction. La porte semble avoir avalé celui qui l'a claquée plutôt que de l'avoir laissé sortir. Le sourire revient sur mes lèvres et d'un signe de tête entendu, je m'empresse de m'accroupir près du fameux paillasson qu'un premier sort rend plus épais et broussailleux que son état d'origine. Si je veux que sa capacité à mordre les pieds de celui qui marchera dessus soit efficace, il me faut l'adapter un peu.


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Markus Falkenberg
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« T'es sûr de courir moins de risque en affichant la tête d'un inconnu dans le couloir réservé au personnel ? Ou bien tu as pris la tête du nouveau concierge ? T'en fais pas pour moi, mon sens de l'orientation est infaillible, même de nuit. L'appartement de Nyx est à gauche c'est ça non ? » Sa réplique m’arrache un trop large sourire, alors que je lève les yeux au plafond, faussement exaspéré. Il est arrivé à partir de la cheminée de mon assistant et je ne doute pas de ses capacités d’orientation. Quant à la tête que j’ai prise, et qui n’est pas celle du concierge, il n’a théoriquement pas tort. Je suis moi aussi un inconnu, qui peut attirer l’attention. La différence, c’est que quiconque me voit faire des conneries avec cette tête ne fera pas automatiquement le lien avec moi. Je n’essayerais pas de me trouver une excuse, je me barrerais simplement en courant dans l’angle d’un couloir ou d’une pièce, avant de revenir de façon sous ma vraie apparence. Une technique plus ou moins efficace, quand on me connaît bien. Quiconque n’est pas trop con ferait le lien entre moi sous une forme inconnue et ma présence dans les parages quelques secondes après. Mais bon, dans les faits, je m’en fous pas mal, d’être identifié si on nous aperçoit. Je suis simplement trop tenté par la perspective de refaire un coup, comme dans le passé, quand j’abusais de mon don pour faire des actions plus ou moins sages. « Ensemble. Je prends le risque des rires et de tes gloussements discrets. Très bonne idée le caleçon en signature. C'est une de ses habitudes de laisser trainer ses dessous devant les portes des gens ? » Il a déposé un baiser fugace sur le coin de mes lèvres et mes doigts se sont serrés contre ceux qui se sont joint aux miens. Est-ce que c’est réel ? Est-ce que ça peut être vraiment ça notre quotidien ? Moi, lui, comme avant. Deux cons parfois trop sérieux, mais toujours prêts pour faire des conneries. Deux meilleurs amis. Peut-il sentir à quel point le retrouver m’apaise ? Dans les dernières heures, je ne m’habitue à aucun de ses contacts. Chacun provoque en moi la même réaction, le même bonheur, la même chaleur. Le même amour, aussi. Comme un feu qui s’enflamme sans s’éteindre, dès qu’on se frôle, dès que je m’arrête à songer à ma joie d’enfin le retrouver. Sans limites et sans entraves. J’ébauche un sourire moqueur en réponse à sa raillerie, dont je relève l’allusion. Il n’y a pas eu d’autres nuits entre moi et Nyx, après celle où j’avais un peu abusé du whisky. Est-ce qu’il m’a ensuite laissé indifférent ? Pas entièrement. Mais mon esprit était trop occupé à imaginer une autre personne, d’autres muscles, d’autres yeux. Mon cœur ne supportait pas que je tente de le duper. C’est Magni, que je voulais serrer contre moi. Et effleurer d’autres corps ne faisait que me rappeler que lui n’était plus là. « Quant à mes missions je ne vois pas de quoi tu parles. J'ai été très mesuré dans mes choix. Ce sont juste les suspects qui avaient décidé de se mettre dans des situations pas possible impliquant des interventions énergiques. » Bien sûr. Les suspects sont responsables, sans encore doute. Je ne suis pas étonné de sa réponse. Sur certains éléments, nous avons des fonctionnements analogues. Et ce n’est pas forcément une bonne chose.

Je le laisse m'entraîner à l'extérieur de la pièce, tandis que Drøm prend sa forme de siamois, s'amusant à tenter de poursuivre Mjöll sous son aspect de lézard. La nuit est silencieuse, les couloirs sont vides. Sa main serrée dans la mienne et sa proximité me rappellent d'innombrables moments de complicité dans le passé. Lorsqu'on parvient devant sa porte, j'entends sa voix qui se glisse contre mon oreille : « C'est bien là ? Ce serait con de se tromper de porte maintenant. » Même si une erreur sur la porte serait tout aussi marrant. Plus loin, une porte claque et je tourne la tête en même temps que mon meilleur ami. Je me sens véritablement comme un adolescent qui peut potentiellement se faire prendre en faute. Et c'est tellement amusant, tellement rafraîchissant, après tant d'heures plus douloureuses. Aucun son ne semble venir dans notre direction, je réponds donc dans un murmure: « C’est bien là. » Comment réagira Nyx en découvrant notre forfait ? Je l’ignore, mais j’ai hâte de le découvrir. Je jette un coup d'oeil à l'auror qui s'accroupit, restant debout de mon côté, pour faire le guet. Drøm a sauté sur le rebord d’une fenêtre un peu plus loin devant nous, tout aussi joyeux. « Ça me rappelle l’une de nos escapades nocturnes quand on avait quatorze ans et qu’on avait voulu se venger du prof qui avait refusé qu’on fasse notre retenue ensemble. Tu te souviens du cri strident qui avait envahi le couloir en pleine nuit, quand on avait foiré notre ensorcellement de sa poignée ? Ma voix est basse, mais peut-être pas assez. Du moins, c’est l’excuse que je me donne. Je jette un dernier coup d’œil autour de moi, sans voir autre chose que la demi-obscurité, avant de m’accroupir à mon tour, de façon à ce que mon torse se retrouve rface au dos de l’auror. Trop espiègle, je dépose mes lèvres contre la nuque de l’homme qui ensorcelle le paillasson : « J’sais pas si c’est l’une de ses habitudes, pour les caleçons. J’ai jugé préférable de ne plus mélanger vie professionnelle et vie personnelle. » Une excuse incroyablement bidon. Un sourire s’étire d’ailleurs sur mes lèvres, tandis que j’étire mon bras pour passer ma main sur sa cuisse : « Sauf en ce qui concerne un certain auror. Je me demande si c’est possible de te déconcentrer, d’ailleurs… » Je suis véritablement un gosse. Et quiconque passerait dans les parages seraient sûrement étonné de la scène : un étranger en train d’ensorceler un paillasson, avec un autre type accroupi derrière lui, beaucoup trop joyeux. Je dépose un dernier baiser contre son cou, avant de me redresser, moqueur : « Je te laisse bosser en paix, sinon on regagnera jamais ma pièce. » Et ce serait dommage.
Magni Hammarskjöld
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« C’est bien là. » Sa confirmation murmurée chatouille mes nerfs dans un souffle de complicité qui m'ancre dans un passé lointain. Je ne suis plus un auror de presque que quarante ans, père d'un enfant de douze ans qui lui, je l'espère, dort sagement dans son lit. Je suis le gamin d'une quinzaine d'année qui se faufile dans les ombres des couloirs en se pensant expert en discrétion et qui s'apprête à faire une bonne blague à un copain pour le simple plaisir de braver les interdits, et rendre son réveil beaucoup plus palpitant qu'il ne s'y attend. Une aventure qui me tire en arrière, éveille des multitudes de souvenirs tous plus doux les uns que les autres. Je ne regrette rien de nos heures de retenues, ni des semaines d'isolement qui en résultaient. Et ce soir tout à revêtu une couleur mordorée, un amour qui palpite en variation dans chaque bribe d'images du passé.
Je ne vois pas Mjöllnir et je ne cherche même pas à essayer de le faire, en revanche je sens l'hilarité qui émane de lui. Je devine sa joie espiègle de celui qui prend part avec trop de plaisir à ce jeu de cache-cache. Le lézard, fondu dans la pierre s'apprête à sauter sur la tête du siamois tranquillement installé sur le rebord de la fenêtre.

« Ça me rappelle l’une de nos escapades nocturnes quand on avait quatorze ans et qu’on avait voulu se venger du prof qui avait refusé qu’on fasse notre retenue ensemble. Tu te souviens du cri strident qui avait envahi le couloir en pleine nuit, quand on avait foiré notre ensorcellement de sa poignée ? Je ne suis visiblement pas le seul que cette escapade replonge dans des souvenirs joyeux de méfaits précédents. Malgré la concentration employée pour parvenir à ensorceler correctement le paillasson, j'esquisse un sourire. Je me souviens très bien de ce cri strident et j'espère par ailleurs que la voix du paillasson sera moins aiguë que cela quand j'en aurais terminé avec lui. Si me faire prendre ce soir aura beaucoup moins de conséquences qu'à l'époque, j'aimerais tout de même éviter de réveiller tout l'étage et de devoir me justifier sur ma présence. Si cela devait arriver, je compte évidemment sur ma qualité d'auror comme prétexte et la métamorphomagie de Markus comme excuse. J'ai déjà des phrases toutes trouvées, bien que probablement bancales, pour appuyer la raison pour laquelle les collègues ont demandé du renfort ici pour traquer un dangereux criminel qui cherchait à pénétrer dans les chambres des professeurs. Sans doute qu'il faudra trouver un subterfuge au dernier moment selon l'avancée de nos sortilèges en cours pour justifier que je sois entrain de trifouiller un paillasson plutôt que de tenter de l'arrêter. Mais là ce sont des détails laissés au hasard des circonstances et qui nécessiteront une improvisation qui sera qualitative, je n'en doute pas.

Markus se glisse dans mon dos, son torse contre celui-ci et ce contact m'arrache un frisson chaud que ses lèvres dans mon cou renforce. Un détail qui diffère de tous les autres souvenirs du genre. Si jouer à se déconcentrer à déjà été une partie livrée en plusieurs manches dans notre adolescence, jamais nous n'étions allés jusqu'aux baisers. Peut-être bien qu'on aurait dû. Me concernant ça aurait probablement très bien fonctionné vu la fracture de concentration qui vient de s'opérer dans mon attention. Surpris par ses baisers, et largement réceptif à leur caresse, je perds un court instant ma focalisation et les poils du paillasson devant servir de dents s'allongent bien plus que je ne l'avais prévu. Marica Markus. Je remarque immédiatement ce léger détail quand ma main manque de se faire griffer par l'un des crocs bruns. « J’sais pas si c’est l’une de ses habitudes, pour les caleçons. J’ai jugé préférable de ne plus mélanger vie professionnelle et vie personnelle. » Je fronce les sourcils dans une tentative de reprendre ma focalisation sur mes enchantements afin d'éviter de créer un monstre sans pied virulent qui manquerait de sauter au visage de chaque sorcier passant à moins de trois mètres de lui. Et j'ai presque terminé la première partie de ceux-ci quand le Falkenberg glisse sa main sur ma cuisse dans un nouveau murmure espiègle. « Sauf en ce qui concerne un certain auror. Je me demande si c’est possible de te déconcentrer, d’ailleurs… » Dans un tout autre contexte je ne me serai certainement pas laissé distraire aussi facilement. Mais ce n'est qu'une blague, et Markus m'a trop manqué. Plus de trois mois sans cette complicité m'a rongé de l'intérieur et ses gestes si naturels qui me paraissent encore irréels suffisent à me perturber. Le paillasson pâli sensiblement affichant des nuances rosées dans ses poils bruns qu'il n'avait pas à l'origine. Tant pis. Je soupire légèrement exaspéré tandis qu'il me gratifie d'un nouveau baiser dans le cou et ne se relève finalement, moqueur et probablement très fier de lui. « Je te laisse bosser en paix, sinon on regagnera jamais ma pièce. »
Cette perspective est bien moins intéressante que tout le reste. Je préfère encore bâcler mon sortilège plutôt que d'y passer le reste des heures que nous avons à disposition ensemble. Je m'attaque donc à la deuxième partie de mon enchantement, celui qui concerne plus spécifiquement les extraits du règlement sur les bonnes mœurs et la décence à respecter dans l'Institut, dictant mentalement le plus clairement possible chaque phrase au paillasson. Les intentions passent bien mieux dans les enchantements que les longs discours, aussi je tente de maintenir une visualisation de mes propres lignes d'écriture de ces sites phrases tout en les récitant mentalement. Ce qui devrait faire l'affaire. Au pire le paillasson aura une voix nasillarde d'adolescent narquois et ça n'en sera que plus drôle.  

Je me redresse enfin, le paillasson entre les mains et le dépose dans celles de Markus qui monte la garde. « Tiens moi ça au lieu de me déconcentrer avec ton odeur de saucisse grillée. » J'oublie presque de murmurer très bas dans un demi-rire moqueur, avant de poser ma baguette sur l'objet retravaillé mais non encore animé. « Si on te pose des questions, il était déjà rose à l'origine. N'est-ce pas ? Tiens le bien au cas où il aurait envie de te mordre les fesses en dédommagement de son changement de couleur. » Je n'ai aucune honte à reconnaître avoir légèrement dérapé sur cette partie-là, de toute façon il en est le seul responsable. Attentif, j'écoute le silence qui nous entoure quelques secondes, balayant l'obscurité du couloir d'un regard circulaire, avant de lancer le dernier enchantement. Au même moment Mjöll choisit cet instant précis pour sauter sur Drøm et atterrir en plein sur ses yeux dans un très léger ricanement. Surpris ou par vengeance, impossible à dire de mon point de vue, le siamois tombe, ou perd l'équilibre, dans l'obscurité il est difficile de déterminer les intentions derrière les gestes des deux fylgjur. Le son mat et la légère douleur qui irradie mes mains et mes pieds m'indiquent qu'ils ont heurté le sol. Et si les baisers de Markus étaient efficace pour dévier mon attention, le manège des deux autres stupides animaux l'est encore plus. Le paillasson, animé d'une force vive, n'hésite pas une seconde à tenter de se dégager des mains du Falkenberg dans un soubresaut énergique et de lancer d'une voix aiguë un magistral : « Les embrassades en public sont interdites ! » qui achève de ruiner tous nos efforts de discrétion et qui m'arrache quelques éclats de rire que je tente d'étouffer dans mon coude. « Marica Mjöll...Au moins on est sûr que le sort fonctionne comme ça. Un peu sensible peut-être. » Mon murmure railleur vient ponctuer la fin de la phrase du paillasson avant que je ne refasse un rapide état des lieux du couloir. Aucune lumière ne s'est allumée, aucune porte ne semble s'être entrebâillée, pour le moment. Le cœur battant à la chamade, je reste alerte quelques secondes, écoutant de potentiels bruits de pas, mais cette courte percée du silence nocturne semble ne pas avoir éveillé les intérêts des occupants des autres chambres. Pour le moment. Mon regard trop amusé cherche celui de Markus, un doigt sur la bouche en signe de silence, tout en ayant du mal à garder mon propre sérieux. D'un geste précautionneux pour éviter de réveiller la voix, je lui reprends le paillasson mordeur des mains et le dépose avec le plus de douceur possible juste devant la porte de Nyx. Après quelques grognement, l'objet animé semble retrouver une immobilité de paillasson. « A ton tour, vaut mieux qu'on se dépêche vu tout le vacarme que tu fais. » Dans la pénombre, mes yeux brillent trop heureux. Beaucoup trop heureux de nous retrouver dans cette situation. Beaucoup trop concentré sur lui et aussi pour prêter une attention suffisante aux potentiels bruits alentour.


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Markus Falkenberg
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Les poils un tantinet trop longs du paillasson, et leurs nouvelles nuances rosées, m'arrachent un sourire. Le gosse en moi est satisfait de l'effet provoqué ; l'adolescent tapis dans ma quarantaine se fait la réflexion que mon meilleur pote, à défaut d'être métamorphe, est paillasomorphe. Et l’adulte, théoriquement planqué quelque part, se demande si nous serons un jour plus matures dans certaines situations, ou si notre complicité rejaillira éternellement dans des gerbes de joie, d’enthousiasme, de défis cons et de plans un peu débiles. Cette complicité qui m’avait tant manqué. Plus que le reste, plus que son corps, plus que ses mots. J’étais en manque de nous, pluriel, dans toute sa signification au passé. Et j’appréhendais, avec une peur assourdissante, la possibilité que cette amitié, cette complicité, en vienne à s’étioler complètement, jusqu’à ce que rien ne puisse plus être sauvé.  

J’observe l’homme qui enchante l’objet avec une concentration probablement plus élevée, maintenant que je ne suis plus appuyé contre son dos. De mon côté, j’ai perdu le contrôle de mes cheveux : ils ont recommencé à se raccourcir, et je pourrais parier qu’ils auront totalement retrouvé leur longueur normale d’ici à ce que nous retournions dans ma chambre. Au bout d’un moment, Magni se redresse à son tour, déposant le paillasson entre mes mains. « Tiens moi ça au lieu de me déconcentrer avec ton odeur de saucisse grillée. » Je mets quelques secondes à comprendre sa phrase. Est-ce à cause des combats de ma mission ou à cause des heureuses passées ensemble ? Heures, pas heureuses. Heureuses heures. Quoicque, les heureuses passées ensemble est peut-être le bon terme, finalement. Mes pensées tournent davantage au ralenti, et moi qui suis normalement vif et prompt, je suis actuellement bien plus lent. Je ne sens qu’à cet instant, en suivant le rythme étrange de mes réflexions, que la fatigue latente commence à émerger.  Je fronce les sourcils en songeant à son affirmation, perplexe, en me demandant si je sens vraiment la saucisse, et pourquoi. Ou est-ce une allusion un peu plus tendancieuse…?  Drøm, toujours perché sur sa fenêtre, laisse échapper un gloussement. Je ne fais le lien qu’à ce moment, entre l’odeur grillée d’une saucisse et mes brûlures. Mon meilleur ami pose à cet instant sa baguette sur l’objet ensorcelé : « Si on te pose des questions, il était déjà rose à l'origine. N'est-ce pas ? Tiens le bien au cas où il aurait envie de te mordre les fesses en dédommagement de son changement de couleur. » Autant les brûlures ne font que m'emmerder sans trop m'embêter, autant les morsures de paillasson un peu rosé, ça m'enthousiasme moins. Je raffermis ma prise sur l'objet, tandis que Magni lance le dernier enchantement. Sa fylgia, qui a un incroyable sens du timing, choisi le même moment pour sauter sur les yeux de la mienne. Le chat tombe, son mat dans l'obscurité du couloir. Je ne ressens aucune douleur : Drøm a attéri sur ses pattes. Le paillasson en profite pour essayer de me quitter, tout en lançant une règle - et pas la moindre - d'un ton aiguë. Un rire m'échappe alors que je bande légèrement les muscles pour resserrer ma prise et l'empêcher de bouger. Je sens contre mes doigts le caleçon que j'ai amené pour la seconde partie de notre plan, et qui frôle les poils plus longs du paillasson. « Marica Mjöll...Au moins on est sûr que le sort fonctionne comme ça. Un peu sensible peut-être. » Un peu, vraiment ? Je n’étouffe pas mon rire, qui résonne un peu trop bruyamment dans le couloir. C’est trop agréable, de pouvoir enfin relâcher toute la pression, d’être avec lui, d’arrêter de penser, à toutes les foutues secondes de chaque foutu jour, à ce que je suis en train de perdre. Mon meilleur ami, clairement plus alerte que moi qui sombre peu à peu dans un doux engourdissement qui provient autant de la fatigue que de l'apaisement soudain, fait un état des lieux du couloir. Personne ne vient et je souris, alors qu'il me fait un signe de silence, lui-même pas au summum de son professionnalisme. Heureusement qu'on est moins gamins en tant qu'aurors. Quoique. L'homme me reprend l'objet désormais doté de capacités étonnantes, qu'il dépose soigneusement devant la porte de Nyx. Mon assistant risque d'avoir bientôt une forte envie de me tuer. Je souris à cette idée, tandis que Magni prend la parole : « A ton tour, vaut mieux qu'on se dépêche vu tout le vacarme que tu fais. » Je laisse échapper un ricanement – bruyant, parce que mes propres compétences en silence semblent s’éloigner de plus en plus – avant de répliquer : « Moi, faire du vacarme ? Je suis la discrétion incarnée. » Ce qui n’est ni complètement faux, ni complètement vrai. En mission, je suis discret lorsque je dois l’être. Le problème, c’est surtout après, lorsque ma concentration tombe. Et que je tombe moi-même, au passage. D’un toit, d’une branche, d’un étage, d’un lit. D’un peu n’importe où, en somme.

Je tends le bras pour attraper la main libre de mon meilleur ami, alors qu’un bruit résonne plus loin, complètement au fond du couloir. Mes doigts s’entrelacent aux siens, naturellement, en me faisant oublier momentanément que je suis un enseignant, au sein de Durmstrang, qui ne devrait pas être en train de préparer des coups devant la porte de ses collègues. J’ai toujours trouvé, même gamin, que les convenances étaient emmerdantes de toute façon. Je ne m’y pliais que pour mes parents ; pour être le parfait Falkenberg, qui fait ce qu’on attend de lui, même si je rêvais de tout envoyer promener.   « T’as raison, vaut mieux qu’on se dépêche, j’crois avoir entendu la porte d’un de mes collègues un peu bavards. Le genre qui peut tenir le même discours que le paillason. » L’idée m’arrache un nouveau sourire, alors que je presse légèrement la main de Magni avant de l’entraîner à ma suite. Où est Drøm ? Je ne le vois pas, mais il ne doit pas être trop loin, comme je ne sens pas que notre lien est étiré. D’un pas rapide, je nous amène devant la porte de ma charmante voisine. Je ne relâche la main de l’auror qu’à ce moment, tout en lui jetant un coup d’œil espiègle : il avait proposé quoi déjà…? Un œil inquisiteur. Je dépose le caleçon coupable délicatement sur sa poignée, en le faisant tourner afin que le nom de Nyx soit bien en évidence plus tard, lorsque le soleil l’éclairera. Je plonge ensuite ma main dans ma poche pour prendre ma baguette, que je pointe vers la porte, hésitant sur l’emplacement. Je l’oriente finalement vers la poignée, au même niveau que le caleçon ; les sorts nécessaires, moins complexes que celui de mon meilleur ami, prennent simplement une dizaine de secondes. Un minuscule œil apparaît au centre de la poignée, entouré des pans du vêtement, qui forment presque une chevelure. La vision m’arrache un sourire, alors que j’improvise, rajoutant un second œil à côté, simplement pour mieux compléter le tableau. C’est soit mon côté artiste, soit mon côté gamin. « Elle risque de rester coincée un moment, la prochaine fois qu’elle sortira et voudra rentrer, je crois pas que son premier réflexe sera de faire de jolis sourire à sa poignée. » L’image, vraiment, me fait marrer. Je complète l’enchantement par cette règle sur le sourire, alors que les pas dans les couloirs se rapprochent de plus en plus. Une lueur tremblote même à une dizaine de mètres de nous.  D’un signe de tête, j'indique ma porte à l’auror et sans attendre sa réponse, je reprends sa main, pour l’entraîner dans ma chambre. Mes gestes, rapides, chaleureux, trop espiègles, sont davantage ceux du passé que du présent. Le passé de deux adolescents, retrouvés pour quelques minutes, ce passé où on ne savait rien de cet avenir où nous allions souffrir, ce passé avec une amitié que j’ai toujours cru inébranlable, ce passé où toucher ses doigts pouvaient me faire rougir, mais où je riais de tous les rêves le concernant.  Je pousse ma porte, sans devoir m’interroger sur l’emplacement de nos fylgia : un chat me file entre les jambes, un lézard sur le dos. Unis, eux aussi. Ce n’est que lorsque la porte se referme derrière moi que je laisse échapper totalement mon rire : il enfle, gonfle ma poitrine, se noie dans ma gorge et s’échappe bruyamment de mes lèvres, comme une bulle d’air qui cherchait depuis longtemps à remonter à la surface. Mes traits redeviennent les miens, alors que mes yeux d’un vert trop ardent se pose sur mon meilleur ami. Mon rire n’est pas celui du passé. Mon rire n’est pas celui des deux adolescents, complices, taquins, moqueurs. Mon rire est celui de l’homme qui ne sentait plus les brûlures de son coeur, tant elles étaient dérangeantes, celui du meilleur ami rassuré, définitivement, de sentir que leur complicité est encore là. Un rire de tendresse, un rire de détresse, un rire de soulagement, un rire d’avenir. « Bordel que ça m'a manqué. Nous, notre amitié, toi. Plus jamais. Plus jamais ça Magni. Plus jamais une telle distance. » Je tends le bras, pour l’attirer vers moi, avec ce besoin, tout aussi fort que précédemment, de sentir que tout est réel et qu’il est encore là.
Magni Hammarskjöld
Magni Hammarskjöld
GÖTEBORG Livet är en kamp, ​​du måste förbereda dig för striden

I couldn't face a life without your light

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] | Mardi 6 juin 2023 - Soirée



A dire vrai, je me contrefous d'être discret et le ricanement bruyant de Markus déclenche mon propre rire à peine étouffé. « Moi, faire du vacarme ? Je suis la discrétion incarnée. » Mes sourcils se haussent, faussement surpris par sa déclaration de mauvaise foi équivoque. A cet instant je ne songe que peu au couloir, aux autres portes renfermant d'autres professeurs bien moins mâtures que nous. Je me fous des conséquences, des interdits, des règles. Plus que d'ordinaire du moins. Je ne vois que ses yeux et ses cheveux qui reprennent peu à peu leur forme originale. Si les traits qu'il a composé sur les siens me sont étrangers, c'est bien le Falkenberg derrière que je regarde avec une tendresse notoire. Lorsque sa main s'empare de la mienne, mon cœur manque un battement, aussi puéril que l'adolescent qui a ressurgit en moi. Ce même adolescent qui savoure avec un amour précieux les bêtises et farces qu'il est en train de faire à des professeurs aux côtés de son meilleur ami. En réponse à ses gestes, mes doigts se pressent contre son épiderme au rythme d'un cœur qui s'est empressé de reprendre une course rapide pour déverser des flots d'endorphine dans chaque fibre de mon être. Dans la demie obscurité du couloir, dans l'excitation de l'interdit et la pression de la rapidité, dans ce reliquat d'un temps lointain, il est plus facile d'oublier les derniers mois. Oublier hier, ce matin, chaque foutus minutes empoissonnées qui s'écoulaient depuis cette fameuse mission de février.  « T’as raison, vaut mieux qu’on se dépêche, j’crois avoir entendu la porte d’un de mes collègues un peu bavards. Le genre qui peut tenir le même discours que le paillasson. » Je glisse un regard vers le fond du couloir d'où provenait un bruit qu'on aurait en effet pu identifier comme celui d'un claquement de porte, avant de sauter sur le paillasson sagement endormi devant la porte de son propriétaire, avant d'hocher la tête en signe acquiescement. Je me laisse guider par Markus qui s'élance, serrant sa main contre la mienne, vers la deuxième partie de notre plan délicieusement drôle et bien pensé.

Lorsqu'il s'arrête et reprend sa main, la mienne retombe, vide, contre ma cuisse. Entièrement tourné vers mon meilleur ami, je ne cherche même pas à avoir l'air soucieux du bruit que l'on fait, ni des bruits de pas qui commencent à se faire entendre un peu plus loin. Comme si ce simple geste, de sa main dans la mienne, avait achevé de faire tomber toutes les barrières de sérieux qu'il me restait dans cette entreprise ridicule. Ridicule mais salvatrice. Rien n'est plus délicat à mon âme que cette réalité qui illumine cet instant de retrouvailles insoupçonnées. Cette complicité, retrouvée si vite, si simplement, comme si elle n'avait jamais disparue. Cette même complicité que je voyais se déchirer jour après jour jusqu'à ne devenir qu'une angoissante perspective de passé. Plus que le constat de la voir s'effacer, la peur terrible ne plus en trouver que son ombre entre lui et moi avait germée au fur et à mesure des semaines. Au regard de cette terreur glacée, je ne peux pas détacher mon regard de lui. De ses gestes, de la sensation de chaleur qui irradie encore ma paume. Sa chaleur, sa paume, ses doigts pressés contre les miens. Toutes ces sensations occupent tout mon esprit et donnent des lueurs plus intenses à un regard qui perd peu à peu sa légèreté espiègle. Je ne crains pas le bruit des pas qui se rapprochent, car même si on devait se faire prendre en pleine action de sabotage de la porte de la collègue de Markus, je ne regretterais pas une seule seconde d'avoir partagé ce moment avec lui.  « Elle risque de rester coincée un moment, la prochaine fois qu’elle sortira et voudra rentrer, je crois pas que son premier réflexe sera de faire de jolis sourire à sa poignée. » Le Falkenberg qui a enroulé le caleçon désormais flanqué du nom de Nyx sur la poignée de la porte contemple son œuvre avec un sourire satisfait qui en fait naître un bien plus narquois sur mes lèvres. Je ne connais sa chère collègue évoquée, mais selon l'aperçu que j'ai pu en avoir, je partage son hilarité face à la promesse d'une vieille personne aigrie bloquée à la porte de sa chambre par deux yeux inquisiteurs. L'utilisation du sous-vêtement ajoute un touche esthétique à la scène qu'il faut bien reconnaître à Markus. Son sens de l'art est toujours exquis et à propos. Indéniablement. Un soupçon de culpabilité perce à travers l'immense clarté de mes sentiments. Il faudra que je songe à trouver un moyen de me faire pardonner auprès de Nyx. Même si j'espère sincèrement que sa piste ne remontera pas jusqu'à moi. Ce qui serait amplement compromettant pour tous mes efforts de réconciliation entrepris envers lui depuis son attaque. Certains trouveraient même déplacé, voir honteux, de l'avoir mis au centre de nos blagues ce soir alors que je ne suis présent dans Durmstrang que grâce à sa bonne volonté et son aide. Mais personnellement j'y vois une immense preuve de soutien et de remerciement. N'est-ce pas le genre d'attention qu'on a entre adelphes ? Et même si l'alliance entre lui et l'être stupide qui me sert de petit-frère n'est plus d'actualité, une part de moi ne peux s'empêcher de le considérer sous une amitié proche de la fraternité. Dans tous les cas, ce seraient les arguments que je ne manquerais pas de mettre en avant, si je devais en venir à me justifier.

Une lumière fait vibrer les ombres autour de nous et cette fois le danger se fait plus palpable que jamais. Sa main retrouve la mienne et je retiens l'envie de rire qui grimpe le long de mes côtes. La perspective de nous faire surprendre comme deux gamins trop fiers de leurs conneries me fait presque plus envie que de fuir devant les bruits de pas. Mais à choisir je préfère infiniment plus profiter de mes dernières heures ici auprès de Markus dans sa chambre que dans le bureau de la directrice. A la suite de l'homme qui prend les devants, je me laisse entraîner dans la chambre protectrice. Les sensations sont les mêmes que celles de notre adolescence, l'adrénaline de courir se cacher à l'approche d'un professeur pour fuir la sanction, trouver un espace sécurisé où s'enfermer en attendant que le danger passe, à rire le plus silencieusement possible, collés l'un contre l'autre pour se faire les plus petits possibles. Quand nous n'avions pas choisi la tactique de séparation, un autre grand classique de dispersion après méfait. La porte se referme dans nos dos, et je mêle mon rire au sien dans un relâchement complet de mes poumons. De ce rire partagé qui soulage milles tensions qui dépassent la simple menace d'une baguette allumée dans un couloir sombre en pleine nuit. C'est un rire qui explose tout, salvateur lui aussi, libère les artères bouchées par des nuages de fumées sombres. Un rire d'adolescent qui chasse l'adulte criblé de regrets plus lourds les uns que les autres. Un rire d'inconscience retrouvée dans l'interstice d'une porte ouverte vers un passé lumineux. « Bordel que ça m'a manqué. Nous, notre amitié, toi. Plus jamais. Plus jamais ça Magni. Plus jamais une telle distance. » Le rire s'éloigne dans un soupire. Les yeux brillant de lueurs intenses plongent dans ceux de Markus qui tend à nouveau le bras pour m'attirer à lui. Naturellement. Deux corps qui retrouvent leurs soutien comme des évidences. Deux morceaux d'un même foutu navire. De la même façon que lui l'avait fait précédemment, le désespoir des retrouvailles en moins, je me glisse contre lui, le poussant vers le battant de sa porte pour mieux me blottir sur son être et serrer mes bras dans son dos. Une étreinte tendre, encore chaude des éclats d'un rire qui a déposé ses étincelles sur mes traits fatigués. « Jamais plus. » Un murmure, une promesse, une prière, un serment. Chuchoté contre son cou où ma tête s'est posée. Respirant son odeur pour m'assurer que sa présence est réelle, aussi tangible que ce passé venu reconstruire un futur possible. Un jamais plus auquel je crois de toutes mes forces. Malgré les monstres sombres qui errent encore dans les profondeurs de mon être. Un jamais plus que je voudrais encrer dans ma chair, graver dans nos mémoires, sur cette pierre qui réunit nos deux chemins. Un jamais plus à frapper encore et encore pour qu'il enfonce ses racines le plus profondément possible, et les entremêlent à mon cœur. Un jamais plus qui roule, lourd d'une intensité sourde, si profonde, qu'elle me laisse sans voix par la suite.

Tout contre sa peau, un sourire s'étire pourtant. Des lèvres qui caressent doucement l'épiderme en remontant vers sa joue avant de se poser contre sa mâchoire dans un baiser. « Merci pour ce moment épique. J'avais besoin de ça. De nous retrouver comme ça. Tu m'as tellement manqué Markus. Toi, mon foutu meilleur ami. Par Thor. Sans toi tout perd sa saveur, je veux plus jamais revivre ça. » Il l'avait dit lui-même toute à l'heure, même mes trop nombreuses années en Colombie avaient été moins éprouvantes que ces trois mois-là. « Maintenant que notre plan a été mené à bien, on pourrait passer à la suite de nos propositions, à savoir retourner s'allonger quelque part ? Ton canapé ou ton lit, je te laisse choisir, après tout tu es chez toi. » Les muscles resserrent leur étreinte contre son corps, me pressant un peu plus contre lui, peu impatient de compter le petit nombre d'heures qu'il nous reste avant de retourner à nos journées de travail. A nouveau, l'envie de ne songer à rien d'autre qu'à l'instant présent se fait plus forte. L'envie, aussi, de suspendre le temps et rester contre lui pour les trois prochaines semaines, au minimum, tourbillonne dans mon être avec la fureur du manque. « En parlant de chez toi, est-ce que je peux te donner rendez-vous à la maison demain soir ? Ou bien tu comptes rester à Durmstrang pour la fin de la semaine ? » Le ton se veut léger, anodin, mais une pointe de tension perce malgré tout dans un léger tiraillement de la gorge. C'est con, mais soudainement, j'ai peur de partir et de retrouver la solitude du monde en-dehors de cette chambre de l'Institut. A-t-il le projet de rester habiter ici plus que dans son appartement ? Un bout de demain et de ce futur auquel je ne souhaite pas encore songer trop clairement qui se cristallise malgré tout dans mes pensées. Me concernant, je voudrais passer chaque prochain jour à effleurer ses doigts et plonger dans ses regards complices. Mais lui ? A-t-il besoin de temps pour assimiler tout ce que l'on s'est dit ce soir ? De temps pour faire le point, au calme ? Il a déjà accepté pour le week-end camping que je lui ai proposé juste avant, et j'ai soudain peur de lui imposer trop de ce moi qui ne parvient plus à retenir ses élans d'amour. Une vague de questions qui palpitent dans mon cœur avec une nouvelle rage et qui me force à reprendre la parole d'une voix qui se force à tirer vers la moquerie : « Te sens pas obligé d'accepter, je comprends que ce soit plus simple pour toi de rester ici. C'est juste pour savoir si on s'accorde un peu de sommeil cette nuit, ou si vaut mieux qu'on profite encore un peu d'être réveillés pour patienter jusqu'à ce week-end. » Le sous-entendu tendancieux est facilement compréhensible, mais ma main agrippe sa hanche dans un geste qui se permet de souligner un peu mieux le type de profit que l'on pourrait faire. Bien que cette dernière phrase ne soit qu'un prétexte pour tenter de faire croire que son choix ne me dérangerait pas, quand tout mon être n'espère qu'une chose : qu'il accepte cette invitation.


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Although I felt like giving up It's not the road I chose
Markus Falkenberg
Markus Falkenberg
LÆRERTEAM Den som talar mycket säger sällan vad som är bra
Deux parties d’un même tout. C’est ce que nous avons toujours été, et ce que j’ai cru que nous serions toujours. Pour la première fois de la vie, je l’ai remis en question dans les derniers mois. J’ai envisagé que notre duo puisse disparaître et que les amitiés comme la nôtre, même les meilleures et les plus fusionnelles, puissent se fractionner sans jamais se rassembler. L’idée était horrible, insupportable ; elle m’apparaissait néanmoins tout aussi plausible qu’exécrable, vu le fossé qui se creusait encore nous. Nous n’avions jamais traversé une telle crise, même lors de son départ de Colombie. Et cette fois, Elsa n’était pas là pour me rassurer, m’engueuler et me pousser vers lui.

C'est bien le tout que je retrouve alors qu'il se glisse contre moi et me pousse à son tour vers le battant de la porte. Mes bras imitent les siens, l'enserrant pour mieux le sentir. Je suis chez moi. Au sens figuré et littéral. Et rien ne pourra venir voler cette quiétude, cette impression que je suis enfin de retour dans une vie où davantage de choses font sens. « Jamais plus. » Jamais plus, oui. Parce que je ne sais pas comment je pourrais tolérer de nouveau une telle situation, une telle fracture. Magni, c’est plus qu’un meilleur pote ; c’est la terre dans laquelle j’ai enfouie mes racines, bien des années auparavant, alors que je n’étais encore qu’un gosse. J’ai besoin de ses paroles, de sa présence, de ses boutades, de nos rires et de nos sourires. J’ai besoin de croire que je suis le plus sérieux des gens, besoin de l’entendre se payer ma gueule, et besoin, depuis ces foutu mois de fin décembre et janvier, de le sentir contre moi. Ses lèvres sont un murmure contre mon cou qui remonte jusqu'à ma joue. Geste tendre, naturel, apaisant. Rien ne cloche, tout se remet en place. « Merci pour ce moment épique. J'avais besoin de ça. De nous retrouver comme ça. Tu m'as tellement manqué Markus. Toi, mon foutu meilleur ami. Par Thor. Sans toi tout perd sa saveur, je veux plus jamais revivre ça. » Je pourrais dire la même chose, en changeant seulement le prénom. Ce n’est pas l’amant que j’ai découvert en mon meilleur pote qui m’a manqué le plus ; c’est celui avec qui j’ai fait tant de coups à Durmstrang, celui avec qui je pars si souvent en mission, celui dont mon père maudissait parfois l’influence. Hammarskjöld. L’être dont je ne peux me passer, aussi vital que respirer. « Maintenant que notre plan a été mené à bien, on pourrait passer à la suite de nos propositions, à savoir retourner s'allonger quelque part ? Ton canapé ou ton lit, je te laisse choisir, après tout tu es chez toi. » Ses muscles resserrent leur étreinte, parfaitement synchronisés avec sa phrase. Je marque un court instant d’hésitation, alors que je songe à ma chambre, puis au canapé. Qu’importe où, tant qu’il est avec moi. Enfin. « En parlant de chez toi, est-ce que je peux te donner rendez-vous à la maison demain soir ? Ou bien tu comptes rester à Durmstrang pour la fin de la semaine ? » Le ton est léger, mais la pointe de tension ne m’échappe pas. Craint-il que je refuse ou que je le repousse ? Un ride soucieuse vient s’épanouir sur mon front, alors que mes doigts glissent son dos. La culpabilité insuffle son poison dans mes veines, malgré moi. Je me considère responsable de cette réaction. Les dizaines de refus, si ce n’est plus, que je lui ai opposés, me reviennent sans difficulté en mémoire. Et pourtant, si c’était à refaire, je ferais probablement pareil. Je ne parvenais pas à le voir trop souvent, trop longtemps, seul à seul. C’était tout simplement impossible : la brûlure était trop intense, le manque faisait souffler un courant trop glacial. Le voir faisait mal. Le côtoyer était douloureux. Mais ne pas l’apercevoir, ne pas le toucher, était tout aussi pire. J’acceptais parfois ; jamais trop longtemps ce qu’il fallait pour que mon cœur se déchire, lentement. « Te sens pas obligé d'accepter, je comprends que ce soit plus simple pour toi de rester ici. C'est juste pour savoir si on s'accorde un peu de sommeil cette nuit, ou si vaut mieux qu'on profite encore un peu d'être réveillés pour patienter jusqu'à ce week-end. » Obligé d’accepter. Comme si je pouvais me sentir obligé à quoi que ce soit, avec lui. Sa main agrippe ma hanche, renforçant un sous-entendu déjà clair et je souris, d’une façon un peu plus terne que précédemment. L’une de mes mains glissent de son dos jusqu’à son bras, avant de se poser sur celle qui est sur ma hanche. Je ne la prends pas, me contentant d’y laisser courir mes doigts : « C’est jamais plus simple de rester ici, surtout quand tu pèses dans la balance. » Et du plus loin que je me souvienne, ça a toujours été ainsi. Gosse, si mes parents me proposaient de partir en vacances là où je savais très bien que Hammarskjöld ne se trouvaient pas, j’hésitais. Je ne voulais pas rater d’été en sa compagnie – même si c’est finalement arrivé, une fois. Je voulais profiter de tous les moments avec mon meilleur ami. Adulte, ça n’a pas changé. La seule exception, c’est peut-être la Colombie. La distance était pénible et je n’ai jamais envisagé de le rejoindre. Il avait sa vie, j’avais la mienne. Elsa était là, point central dans mon univers, et je ne l’aurais pas abandonnée pour aller déranger mon meilleur ami dans son propre quotidien.

Depuis que nous sommes collègues, j’ai réduit passé le temps à Durmsrang ; outre les heures obligatoires. Lui ai-je déjà dit ? Probablement pas, je ne voyais sûrement pas la nécessité de lui dire quelque chose d’aussi naturel que respirer. Entre bosser à ses côtés au bureau des aurors, ou me taper des heures en solo au château, le choix est rapide à faire. Rester plus souvent ici dans les derniers mois que d’aller au ministère, c’était contre-naturel. Et étouffant. J’ai aménagé mon appartement pour bien des raisons, mais l’une d’entre elles est que le quotidien ici me ramenait trop à la tronche le temps que je perdais. Je reprends : « Ce sera avec plaisir, pour demain soir. Dans le pire des scénarios, genre si Nyx me fait la gueule et refuse de corriger les copies que je devais me taper, j’aurai simplement un peu de retard. » Qui sera facile à rattraper, vu mon assiduité des dernières semaines. J’ai confiance, par contre, que mon assistant acceptera bien de corriger les copies que je m’étais mises à l’horaire pour ce weekend.

Mon bras, toujours dans son dos, resserre sa prise pour le rapprocher de moi. « Je veux plus jamais revivre ça non plus. » D’autant plus que je ne sais pas si notre amitié y survivrait, aussi forte soit-elle. L’épisode des derniers mois avait un potentiel extrêmement destructeur. Ma bouche effleure sa joue sans s’y poser, avant d’aller errer du côté de son oreille, tandis que ma main prend plus franchement la sienne : « Du coup j’crois que le sommeil est un bon plan. Même si c’est pas le seul truc qui me envie… » Sauf que c’est assurément l’option la plus raisonnable. J’ai besoin de repos, et je ne doute pas que lui aussi. Je dois récupérer des combats de ce soir, au moins de façon à pouvoir être fonctionnel. Déjà que les collègues me bassinent avec ma tronche, ça ne s’améliorera probablement pas si je débarque à l’hôpital pour les visiter avec des cernes aussi étirés que la robe de grand-mère Falkenberg. Mon bras, à regret, retombe contre moi. Je me déloge de ma position, sans relâcher sa main, l’entraînant à ma suite vers mon salon. Tout est dans l’exact emplacement où nous les avons laissés, avant d’aller faire nos conneries ; j’espère qu’on pourra dire la même chose de notre amitié, que cet intermède est plutôt un chapitre et que cette réconciliation, durable, ne nous mènera plus jamais vers quelque chose dans le même genre. Ma main presse la sienne avec plus de force mon sourire se fait plus sincère et mes yeux restent dans leur teinte de forêt. Je l’entraîne vers le divan, volontairement, simplement pour le taquiner en ne lui montrant toujours pas le lit. Mon regard cherche son port d’attache, dans lequel il s’ancre, avant que je ne l’amène à s’étendre à mes côtés sur le canapé. Mes bras se faufilent là où ils peuvent, mon corps cherche sa proximité. Dormir ? Oui. Mais sans cauchemars cette fois, dans l’espoir qu’il sera encore là demain, et que nous pourrons enfin utiliser le nous, comme avant.


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