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I couldn't face a life without your light | Markus
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Magni Hammarskjöld
Magni Hammarskjöld
GÖTEBORG Livet är en kamp, ​​du måste förbereda dig för striden

I couldn't face a life without your light

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] | Mardi 6 juin 2023 - Soirée



Le désir électrise mes sens, chacun de ses sourires entendus accélère un peu plus mon rythme cardiaque. Lorsqu'il bouge en réponse à ma dernière provocation qui l'a fait buter contre le divan, mes doigts se resserrent contre sa peau. Markus s'assoit et m'entraîne avec lui, ses mains agrippées dans mon dos comme indice très clair de ce qu'il induit. Finalement allongés l'un sur l'autre, mes poumons se gonflent sous l'afflux sanguin qui dilate mes nerfs. La chaleur de sa peau contre mon ventre, ses caresses dans mon dos, les éclats brillants de ses regards, tout m'appelle et m'attire. Un frisson froid roule pourtant le long de ma colonne quand ses doigts remontent sur le tatouage abîmé. La plaie a fini par cicatriser, mais son toucher reste encore sensible. D'ailleurs il le sent aussi car ses sourcils se froncent et une ombre légère passe dans ses iris. « Tu vas devoir attendre tes quatre-vingt ans pour m’appeler ton mari. J’accepterai aucune demande passionnée avant cet âge, même pour un con comme toi qui se blesse trop souvent. » Un sourire taquin s'étire. Je connais la position de Markus concernant le mariage, moi-même je n'y suis pas attaché plus que cela. C'est pour cette raison même qu'Ocean et moi n'avions pas suivi les codes en la matière. Au grand désarroi de ses parents à l'époque. Et pourtant l'idée de faire cet ultime provocation à nos familles, à la société scandinave, aux codes ancestraux à mille lieux des réalités, m'est séduisante. Peut-être bien que je risque de le prendre au mot, dans quarante ans. Mais pour l'heure, je suis trop occupé à glisser ma main libre contre son torse, redessinant instinctivement les courbes des muscles, des côtes, et de tous ses contours que j'ai trop souvent vu en rêve ces derniers mois. Ses propres caresses redescendent dans une nette envie de plus qui enflamme mes sens. Je ne sens rien d'autre que ses doigts qui se coulent sur l'épiderme dans une succession de frissons électriques. « Je m’inquiète bien plus pour les espoirs de Pavlov te concernant que pour ceux de Karen. On a rien conclu, elle et moi. Sans un minimum de sentiments, je réussis rarement à…Disons qu’elle m’agaçait trop. » Je grogne très légèrement quand il évoque notre collègue dont l'avis et les espoirs m'indiffèrent au plus haut point. J'ai tout tenté avec lui, être franc, désagréable, sympa, absent. Mais rien ne semble pouvoir lui faire ouvrir les yeux sur mon manque d'intérêt pour sa personne hors de toute considération amicale. Quant à Karen, elle est sympathique et à toujours une chouette façon de raconter les missions, et d'en retenir le meilleur de chacun de nous au travers un tas d'anecdotes souvent très drôles, et gênantes.
Les doigts de Markus s'aventurent plus bas, légèrement, me faisant immédiatement regretter de ne pas avoir retiré mon pantalon en même temps que le haut, tandis que ses lèvres se pressent dans mon cou dans une nouvelle décharge de désirs brûlants. « Je veux pas qu’on le cache…Ni au bureau ni ailleurs. Je supporte plus l’idée de faire semblant que je ressens rien pour toi, en me contentant du contact de ta jambe sous une table. » Son murmure vibre dans ma peau et ma main se serre sur la hanche où elle s'était arrêtée. Je partage la même frustration concernant cette foutue jambe de l'autre fois au bar. Mon sourire se fait plus mutin alors que je délaisse sa hanche pour sa cuisse. Je serre les doigts contre le tissu de son pantalon, dans un geste que j'aurais voulu faire ce soir-là. Une pression tendre et intense à la fois. Le brasier de mes nerfs se fait de plus en plus chaud, précipitant une respiration qui se glisse dans le cou de Markus, déposant des baisers passionnés sur l'épiderme, évitant autant que possible la peau blessée sans y parvenir complètement. Il relève la tête et je fais de même, fondant un regard ardent dans le sien soudain plus hésitant ce qui m'arrache un léger froncement de sourcils. « Mais en ce qui concerne Aren…Est-ce que tu préfères pas attendre que…Je veux pas qu’il me déteste encore plus si… » Ma main placée sous son épaule qui me sert d'appui me permet de me relever légèrement afin de mieux l'observer, sans comprendre de quoi il parle. Aren le détester ? Pourquoi ce serait le cas ? Est-ce qu'il se passe des choses entre eux à Durmstrang dont je ne suis pas au courant ? Ce doute souffle un vent d'inquiétude dans mes entrailles, rapidement balayé par le brasier du désir trop présent pour avoir envie de se poser sur ce type de réflexion. Mais je ne peux pas ne pas voir la vague d'angoisses qui roule dans ses yeux et la suite de sa phrase qui se pose avec hésitation sur ses lèvres : « Si ça foire ? Si tu regrettes d’être venu ce soir…? » Ma mâchoire se contracte sous mes nerfs qui retiennent encore un peu leurs empressements. Un léger soupire, un regard brûlant et ma main remonte vers le haut de sa cuisse. Je bouge légèrement mon bassin contre lui, arque mon cou pour poser mon front contre le sien. Mon souffle se faufile vers ses lèvres quand ma voix roule, douce et profonde à la fois, emprunte d'une ferveur trop claire. « Je vois aucune situation qui pourrait me faire regretter d'être venu ce soir. Quand bien même on finirait par tout faire foirer, je préfère savoir qu'on s'est donné les moyens d'essayer. Je regretterai pas. Et j'ai pas l'intention de tout foirer. » Ma main est remontée jusqu'à trouver un passant de ceinture de son pantalon, tirant dessus pour me presser un peu plus contre lui, sentir son ventre vibrer contre le mien. « Tu m'as tellement manqué Markus. J'ai besoin de toi dans ma vie. On est ensemble depuis si longtemps, je t'aime probablement depuis aussi loin, on a déjà faillit faire tout foirer dernièrement. Je vois pas ce qui pourrait nous séparer demain. Je veux pas savoir. Je m'en fou. Ce qui compte c'est le présent, pas le futur. » Ça fait longtemps que j'ai appris que quoi qu'on essaie de prévoir, la vie vous surprend toujours. Elle décide toute seule sans vous consulter. Sans s'inquiéter de savoir quels projets vous aviez. Vivre dans la crainte de ce qu'elle réserve, c'est manquer le présent. Mes lèvres s'emparent des siennes, baiser passionné qui s'enflamme. Mes pensées s'égarent et les mots qui voulaient reprendre la conversation s'égarent eux aussi, quelque part entre sa bouche et son torse sur lequel je glisse mes lèvres, imprimant mille sceaux brûlants de promesses muettes. Je me laisse entièrement plonger dans mes envies, savourer les sensations, couler contre sa peau, et tirer de frustration sur un pantalon trop encombrant.

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Allongé sur le côté, lové contre Markus, la tête contre la sienne, je caresse du bout des doigts son torse nu. Encore léger de cette plénitude de l'étreinte, mes lèvres se posent contre sa mâchoire dans un soupire de plaisir. « Vraiment rien à regretter d'être venu ce soir. » Un murmure amusé dans un sourire mutin avant que la main ne continue son chemin vers son épaule, évite les brûlures, pour continuer les caresses sur son bras. Chaque fibre de mon corps vibre d'amour pour lui, chaque millimètre ressent cet attachement profond, immense et infini pour l'homme allongé contre moi. En réalité je ne sais que trop bien ce qui pourrait, un jour, avoir la force de tout balayer et me faire regretter d'être venu ce soir et d'avoir eu envie de partager ouvertement ma vie avec lui. Une peur viscérale qui ne me quittera plus, mais avec laquelle j'accepte de vivre malgré tout. Une peur autour de laquelle rôdent des ombres noires, silhouettes menaçantes et porteuses de noms chargés de haine. Je serre mes doigts entre les siens à cette pensée avant de frotter tendrement ma joue contre sa barbe. « Pourquoi tu penses qu'Aren te déteste ? Dans tous les cas je ne comptais pas courir le réveiller dès cette nuit dans son dortoir. Je songeais plutôt aux grandes vacances qui commencent bientôt. Mais si tu préfères je peux essayer d'attendre un peu. Même s'il risque de vite comprendre quelque chose. Et s'il me pose des questions j'ai pas pour habitude de lui mentir...» Je ne doute pas qu'il saisisse rapide mon changement d'attitude de toute façon, au vu de mon état lors de ses dernières vacances, il ne devrait pas mettre longtemps à remarquer la nette amélioration. Mon seul espoir réside dans mes propres vacances qui ne débuteront qu'en juillet, ce qui me laisse l'espoir d'un mois pour passer au travers de ses regards suspicieux. Je relâche finalement sa main, portant la mienne sur son épaule frôlant les marques de brûlures sans m'y arrêter avec un froncement de sourcils. « C'est pas trop inconfortable comme position ? On peut se redresser si tu préfères. » Passé les chaleurs du désir, l'inquiétude revient se loger en première loge, et le soucis de sa personne également. Même si je respecte et partage largement son entêtement concernant les blessures physiques, je ne peux m'empêcher de me soucier des siennes. « T'as pas un reste de pommade contre les brûlures ici ? C'est grand d'ailleurs, je pensais pas que les professeurs avaient un tel luxe d'espace. Pas si mal finalement. J'imaginais ça plus austère et froid, comme à l'image du reste de l'institut. » Je ricane doucement en laissant promener mes yeux autour de moi après m'être légèrement redressé sur mon coude. Mon regard revient se poser sur Markus et sa silhouette dénudée, les yeux baignés d'un amour tendre encore piqué de désirs, mon corps plein des nouveaux souvenirs récents d'une étreinte brûlante. La première qui ne s'accompagne pas d'un terrible sentiment de dernière fois. La première qui brille par l'espoir d'un début plutôt qu'une fin. Comme lui auparavant, la peur de voir ce bonheur se transformer en fumée noire m'oppresse soudain. « Est-ce que tu as peur de regretter toi ? » Un soupçon d'inquiétude chasse les éclats de désirs des iris avant que je n'entende, au loin, quelque part ailleurs dans la pièce, le grognement exaspéré d'un ours. A ce son si familier et pourtant devenu si absent ces derniers mois, mon cœur se serre dans une pointe de soulagement intense. Je ne sais pas quand il a changé de forme, je n'y avais pas prêté attention bien accaparé par d'autres préoccupations. Mais savoir, simplement, que Mjöll a repris sa forme fétiche quand il est auprès de Drøm me suffit à sentir cette libération du lien noué depuis trop longtemps. Un sourire éclatant illumine mon visage alors que je me penche vers Markus, serrant mon bras contre son ventre pris dans l'élan de tendresse profonde qui me provient de ma fylgia, avant de poser un baiser sur ses lèvres. « Je suis de son avis. J'ai confiance en nous. Je sais qu'on fait le bon choix. Et j'ai hâte de voir la tête des collègues, dont Pavlov. Peut-être qu'il va enfin comprendre et arrêter ses attentions, adorables certes, mais exaspérantes à force. » Même si, encore une fois, j'ai de sérieux doutes sur cette hypothèse. Un éclat de rire roule doucement dans ma gorge, puis je reprends : « Et puis j'ai une demande passionnée à faire dans quarante ans. J'ai pas envie de laisser passer ma seule chance de te voir accepter un mariage en dépit de tous tes discours contre une telle institution depuis qu'on se connait. » Une demande que rien ne m'empêcherait de faire même à mon simple meilleur ami. Une affirmation qui promet, quoi qu'il en soit, d'être toujours à ses côtés quand il ne restera qu'un avenir limité à partager et des souvenirs trop nombreux pour ne pas rendre ces trois derniers mois ridicules.



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Although I felt like giving up It's not the road I chose
Markus Falkenberg
Markus Falkenberg
LÆRERTEAM Den som talar mycket säger sällan vad som är bra
Elsa disait que je ne pourrai pas repousser indéfiniment l’amour. Elle m’avait parlé un jour de ces frissons qu’on ressent en présence de l’être qu’on aime, de ce désir d’être avec l’autre, de cette douceur de l’âme qui s’anime juste en posant nos yeux sur l’individu qui anime le cœur. Je lui avais dit en rigolant d’arrêter de décrire ma relation avec Magni. Elle m’avait regardé d’un air espiègle et nous avions bifurqué en parlant des raisons qui me poussaient à couper court aux relations potentiellement trop intenses. Elle savait pour mon don et ma famille : aucun de ses arguments ne m’avaient convaincu à l’époque de rompre avec mes habitudes. Je m’étais trop fait à l’idée que j’étais voué à être celui qu’attendait mes parents. Rien de plus, mais rien de moins. Surtout rien de moins. Elle affirmait que tout ce bordel sentimental me rattraperait à un moment de ma vie, que je le veuille ou non. Ce sera le non, alors., que j’avais répliqué. Elle avait souri.

Elle souriait tout le temps. Et elle n’avait pas tort. Elle dirait quoi, si elle pouvait nous voir actuellement ? Quelque chose comme «aller vous mettre un caleçon bande de cons ». Je ne peux pas m’empêcher de penser à ses paroles, alors que j’observe mon meilleur ami, avec une tendresse que je ne cherche pas à dissimuler. Sa tête est contre la mienne et mes pensées se perdent, quelque part entre ici et les événements de la dernière heure. Il a dit, lorsque nous étions légèrement plus habillés, ne voir aucune situation qui pourrait le faire regretter d'être venu. Que même si on finissait par tout faire rater, il préférait savoir qu'on s'est donné les moyens d'essayer. Et qu'il n'avait pas l'intention de tout faire foirer. Des situations qui pourraient le faire regretter, j’en vois plusieurs, probablement à tort. Et je préfère ne pas m’y attarder. Après tout ces mois de vide, sans lui, j’ai besoin de croire que c’est possible. J’ai besoin de me plonger entièrement dans cette illusion, si ça en est une, et d’espérer que ça ne tournera pas mal. Que nous ne sommes pas en train de faire une erreur de plus. Ses doigts caressent mon torse nu et je songe aux mots prononcés, avant qu’ils ne deviennent inutiles : « Tu m'as tellement manqué Markus. J'ai besoin de toi dans ma vie. On est ensemble depuis si longtemps, je t'aime probablement depuis aussi loin, on a déjà faillit faire tout foirer dernièrement. Je vois pas ce qui pourrait nous séparer demain. Je veux pas savoir. Je m'en fou. Ce qui compte c'est le présent, pas le futur. » J’aurais pu dire les trois mêmes premières phrases. Quant au futur…Je n’ai pas l’habitude de le mettre trop longtemps de côté. Il me rattrape toujours trop vite, même s’il marche devant moi. Mais ce que j’ai compris avec trop de certitude, c’est qu’à trop m’inquiéter pour l’avenir de notre amitié, je risquais bien plus de la perdre.

Les dernières semaines sans sa présence sont encore trop présentes et lorsque sa bouche se posent contre ma mâchoire, je rapproche instinctivement davantage mon corps du sien. Comme si c’était possible, alors que nous sommes déjà si proches. Ma peau n’est pas rassasiée, mes lèvres non plus ; j’aimerais que cet instant s’éternise et ne s’arrête pas. « Vraiment rien à regretter d'être venu ce soir. » Et aucun regret de mon côté d’avoir tenté de le rejoindre. Je me sens enfin plus paisible, comme si je retrouvais une partie de moi et que les éléments de ma vie, enfin, se replaçaient au bon endroit. Sa main continue son chemin vers mon épaule, glissant sur mon bras. Chacune de ses caresses alimente une tendresse qui semble sans fond et qui pulse dans chaque partie de mon être. Mes iris, d'un vert très clair, murmure des je t'aime que je ne prononce pas. Peu habitué, encore, à me permettre ses mots, même quand ils irradient dans chacun de mes sourires. Mes doigts répondent à la pression des siens, avant que sa joue ne vienne frotter ma barbe : « Pourquoi tu penses qu'Aren te déteste ? Dans tous les cas je ne comptais pas courir le réveiller dès cette nuit dans son dortoir. Je songeais plutôt aux grandes vacances qui commencent bientôt. Mais si tu préfères je peux essayer d'attendre un peu. Même s'il risque de vite comprendre quelque chose. Et s'il me pose des questions j'ai pas pour habitude de lui mentir...» Je ne détourne pas le regard à son interrogation, même si je sens le vert de mes iris qui s’assombrit légèrement. J’ai de bonnes raisons de croire que son fils ne m’apprécie pas actuellement, même si je ne sais pas exactement pourquoi. Aux premiers regards noirs, j'ai cru que c'était à cause d'une bêtise dite en cours. J'ai tenté de changer mon approche, de me montrer plus jovial, plus moqueur : il a continué de se montrer distant et certaines de ses réflexions ne m’ont pas échappé. Comment pourrait-il réagir si Magni lui disait que…? Je n’aime pas les secrets et je préfère, sans aucun doute, qu’il le sache. Mais je crains de le décevoir encore et d’envenimer une relation que j’aurais tant aimé pouvoir bâtir avec lui. À défaut d’être là dans son enfance, j’aurais voulu être un adulte fiable dans son adolescence. Quelqu’un en qui il aurait pu avoir confiance. Et ce n’est pas le cas.

Magni relâche ma main, frôlant les marques de brûlures, et je note le froncement de sourcils. Mes doigts glissent distraitement contre son torse, dans un besoin insatiable de le toucher, alors qu’il reprend la parole : « C'est pas trop inconfortable comme position ? On peut se redresser si tu préfères. » J’hoche la tête dans un signe négatif, très peu pressé de quitter cette position. Ici et maintenant, je suis enfin bien. Je n’ai pas envie de briser définitivement cette étreinte, de retomber dans le quotidien de la nuit qui débute, de m’extirper d’un songe que j’ai trop souvent fait. Les brûlures piquent, l’épaule élance, mais tout est encore tolérable. Je soupçonne l’équipe médicale d’urgence de m’avoir refilé une dose un peu plus forte d’anti-douleur, en craignant que je ne me fasse pas soigner. « T'as pas un reste de pommade contre les brûlures ici ? C'est grand d'ailleurs, je pensais pas que les professeurs avaient un tel luxe d'espace. Pas si mal finalement. J'imaginais ça plus austère et froid, comme à l'image du reste de l'institut. » De la pommade pour les brûlures ? Mon nez se plisse alors que songeur, je cherche dans ma mémoire le dernier endroit où j’ai bien pu apercevoir le pot. Je me suis brûlé dernièrement lorsque j’ai essayé d’aider un enseignant avec un bassin de méduses – elles n’étaient pas très contentes de mon approche trop rapide. J’avais remis le pot dans ma table de chevet, mais j’en avais aussi eu besoin le soir où j’ai voulu organiser un feu de camp dans la salle du personnel, sous une sphère magique. L’idée était bonne, jusqu’à ce que je trébuche. À bien y penser, c’était probablement la dernière fois que j’ai utilisé ma pommade : il ne doit plus en rester désormais.  

L’homme à mes côtés se redresse un peu sur son coude et sans quitter ma position sur le dos, je me tourne très légèrement pour mieux l’apercevoir et pouvoir accéder plus aisément à sa peau. Ma main glisse contre son bras, alors que mes yeux tentent de profiter d’une vision dont je ne crois pas pouvoir me lasser. J’ai tellement souffert de cette foutue distance dans les dernières semaines que mon esprit lutte encore contre la réalité ; tout me semble encore trop beau, trop heureux, trop apaisant. « Est-ce que tu as peur de regretter toi ? » Le désir semble céder sa place à un soupçon d'inquiétude dans son regard, alors qu'un des ours grogne plus loin dans la pièce. Je sens Drøm heureux ; apaisé, lui aussi. Comme s’il n’avait plus à lutter contre deux directions différentes. La mienne, la sienne. Nos routes sont enfin harmonisées et c'est si clair, si évident, que je renvoie un sourire tout aussi éclatant à celui dont le visage s'est illuminé, juste avant qu'il ne se penche vers moi. Son bras se serre contre mon ventre, éveillant de nouvelles étincelles, tandis qu'un baiser se pose sur mes lèvres. Ces gestes me semblent tout aussi naturels que tous ceux que nous avons eu dans les dernières années. Comme s'ils étaient le prolongement logique de notre amitié. « Je suis de son avis. J'ai confiance en nous. Je sais qu'on fait le bon choix. Et j'ai hâte de voir la tête des collègues, dont Pavlov. Peut-être qu'il va enfin comprendre et arrêter ses attentions, adorables certes, mais exaspérantes à force. » Mon sourire s’étire, espiègle, face à son rire. J’ai un très fort doute que Pavlov arrêtera quoi que ce soit. D’autant plus qu’il pourra peut-être croire qu’on plaisante encore, moi et Magni, même si les contacts ont été quasi inexistants dans les derniers mois. « Et puis j'ai une demande passionnée à faire dans quarante ans. J'ai pas envie de laisser passer ma seule chance de te voir accepter un mariage en dépit de tous tes discours contre une telle institution depuis qu'on se connait. » Discours que je tiendra encore pendant de nombreuses années. Mon rire résonne, léger, alors que ma main remonte jusqu’à sa joue. Elle caresse sa mâchoire, lentement, alors que je réponds à l’une de ses questions :   « J’aurais regretté bien plus de ne rien faire. On se serait perdus. Inévitablement…Y’avait plus d’options. » Notre amitié, la seule chose à laquelle j’ai toujours tenu, filait trop vite loin de moi. Le désir ne diminuait pas, l’amour non plus ; l’agacement et la douleur, eux, grandissaient. Mes jambes s’appuient contre les siennes, peau contre peau, tandis que je reprends :   « Je pensais que ton absence en Colombie avait été excessivement longue. Mais ta présence dans les derniers mois l’a été encore plus. Te savoir tout près, sans pouvoir rien faire, vouloir t’inviter chez moi, sans te le demander parce que je craignais de pas pouvoir me retenir…Chaque foutue journée en ta présence était pénible. Et chaque journée sans toi faisait tout aussi mal. » Ça ne pouvait plus durer, non. Et la plénitude actuelle est assurément bien meilleure que tout ce que j’ai pu ressentir dernièrement.

Ma main descend lentement contre son torse, alors que je me tourne totalement, de façon à pouvoir me rapprocher de son visage. Mon bras se faufile entre son dos et le divan, et tandis que la sensation de brûlure s’accentue, mes lèvres se posent contre son cou. Je sens au même moment mon torse qui se bombe et mes bras qui s’élargissent d’eux-même : un changement de forme très mineur, mais qui n’est pas volontaire. « On a fait le bon choix…Mais tu vas devoir tenir ta parole et m’aider à régler un problème. » Je tente de maintenir un ton taquin, malgré la légère nervosité qui vient faire palpiter plus vite mon cœur. J’écarte mes lèvres de son cou, les posant sur les siennes pour un bref baiser, avant de reculer ma tête et lui laisser le loisir d’observer le dit problème. Et je ne parle pas d’une transformation qui n’a rien à voir avec mes compétences de métamorphage. Quoique. Il peut observer ce problème tenace aussi, s’il veut. « Je crois qu’il faudrait idéalement éviter les missions ensemble tant que ce n’est pas sécuritaire de ce côté. Quitte à se pratiquer tous les jours, pour qu’on puisse vite bosser de nouveau tous les deux. » Surtout que je devrai invoquer différentes raisons, pour fuir les dites missions. Mais sur ce sujet, c’est la solution qui me semble le plus acceptable. Je l’aurais refusée, bien des mois auparavant : me priver d’interventions avec mon meilleur ami me semblait une option merdique. Maintenant, je la vois comme une alternative temporaire, pas définitive. Du moins, je l’espère. Plus sérieusement, je reprends : « Aren est…différent avec moi depuis un moment. J’crois qu’il m’en veut. » Je cherche mes mots, sans les trouver, comme à chaque fois où j’aborde un sujet en tentant d’être délicat. Ce n’est pas dans mes habitudes et j’abandonne aussitôt, parlant plus franchement : « Je l’ai entendu parler du manque de confiance qu’il faut avoir en moi…Et j’ai pu expérimenter qu’il est aussi doué que toi pour les regards noirs. Sauf que les siens, je peux pas m’en moquer. Je veux pas que tu lui mentes, mais je crois que ça ne le ravira pas. Et je me soucie de ce qu’il ressent, ça m’emmerde, de potentiellement le déranger encore plus. » J’ai débité mes affirmations avec la délicatesse d’un éléphant qui tente de parler de ses sentiments. J’essaie de ne pas m’y attarder, mais ça m’a bien ennuyé, ce changement d’attitude. Les regrets de ne pas avoir été là pour le fils de mon meilleur ami sont encore bien présents, et ils sont tenaces. J’appuie mon front contre celui de l’auror, rajoutant d’une voix plus taquine : «  J'ai changé la disposition de la pièce dernièrement, on peut jouer avec l'espace. Le lit est encore plus confortable que le canapé, mais t'auras probablement pas l'occasion de l'expérimenter, vu que t'es pas supposé être ici. D’ailleurs, comment t’as fait pour venir ? » Cette question est très loin d’avoir frôlé mon esprit, tout à l’heure. Et elle me semble encore très secondaire, en cet instant où j’ai encore envie de simplement profiter de sa proximité et de la chaleur de son corps contre le mien.
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Un rire doux résonne entre ses lèvres et mon cœur se dilate un peu plus. Sa main qui parcourait mon torse remonte et caresse ma mâchoire. La tendresse de ses regards, le vert brillant de ses yeux, tout dans son attitude fait écho aux émotions qui courent librement dans mes fibres. Ces je t'aime muets qui se murmurent dans chaque gonflement de bonheur qui se loge au creux de mon ventre. Toutes ces joies, toutes ces douceurs me semblent encore irréelles après les mois de souffrance, perdu à errer sans repère. Alors pour trouver la réalité de l'instant, mes doigts serrent sa peau, murmure des caresses sans fin sur son torse, mes lèvres veulent goûter sa peau à chaque respiration, comme un oxygène. « J’aurais regretté bien plus de ne rien faire. On se serait perdus. Inévitablement…Y’avait plus d’options. » Là-dessus nous sommes tous les deux d'accord. Ces trois derniers mois ont été un désastre complet. Je n'aurais pas été capable de supporter de le voir s'éloigner encore et encore. Pas sans tenter de sauver ce que nous avions mis tant d'années à construire. On avait pas le droit de d'abandonner ainsi. Un constat profond et aussi évident que le soleil se lève tous les matins, qu'importe la noirceur de la nuit. La pression de ses jambes s'accentue et je réponds avec une tendresse similaire, sous un nouvel envol de sentiment qui vient serrer mon ventre. Le soleil, immense, vibre sa lumière éclatante de toute part, plus rien n'existe que cette chaleur au teinte d'or. Plus rien que cette montagne qui se déploie, nouvelle et ancienne à la fois.  « Je pensais que ton absence en Colombie avait été excessivement longue. Mais ta présence dans les derniers mois l’a été encore plus. Te savoir tout près, sans pouvoir rien faire, vouloir t’inviter chez moi, sans te le demander parce que je craignais de pas pouvoir me retenir…Chaque foutue journée en ta présence était pénible. Et chaque journée sans toi faisait tout aussi mal. » J'aurais pu dire chacune de ces phrases, et les entendre dans sa bouche me fait réaliser à quel point on était con, une fois de plus, de croire le contraire. Cons de vivre le même déchirement l'un à côté de l'autre en essayant de faire croire qu'il n'était pas si difficile à vivre. Mes doigts se pressent contre ses côtes contre lesquelles ils ce sont arrêtés, avec une force emprunte du souvenir de cette douleur, de cette vérité qui perce dans sa phrase, ce manque cruel qui a tracé des sillons rougeâtre dans mon âme. Des blessures encore ouvertes que la dernière heure n'a pas encore effacé. Chaque arrivée au bureau et constater son absence, chaque refus d'invitation, chaque jour passé à ses côtés à rire dans une absence de toucher forcée, ont marqué mon cœur de zébrures amères. Markus fait glisser sa main sur mon torse qui ne se lasse pas de sentir ses doigts passer et repasser sans cesse. Quand il se tourne de côté, mon ventre se réchauffe un peu plus dans cette proximité intime qui glisse des scintillement dans mes veines. Son bras glisse contre mon dos et nos corps complètent l'étreinte dans un mouvement miroir. Mon visage s'enfouit dans ses cheveux quand il dépose ses lèvres dans mon cou. Frisson électrique qui fourmille le long des muscles. Son odeur embaume mes sens, apaise les craintes et ramène la paix de sa présence, chassant les précipices de ses absences passées. Pressé contre lui, je sens la sensible variation de contenance, sans y accorder la moindre attention. Ce n'est que lorsqu'il reprend la parole d'une voix taquine que mes yeux se rouvrent dans un haussement de sourcils. « On a fait le bon choix…Mais tu vas devoir tenir ta parole et m’aider à régler un problème. » Il n'a pas besoin d'en dire plus pour que je comprenne de quel problème il parle et une brume d'inquiétude vient s'infiltrer dans tout ce bonheur. Et si nos entraînements ne menaient à rien de concluant ? D'un battement de cils je repousse cette éventualité, fermant la porte à cette idée avec violence. Ses lèvres se posent à sur mes lèvres, scellant la fermeture de cette question dont je ne veux pas. J'ai confiance Markus. Nos corps se séparent légèrement, me permettant de glisser un regard curieux sur lui. Je constate l'élargissement de son torse et de ses bras avec un regard tendre avant de profiter un peu plus complètement de la vue, laissant mes yeux suivre les courbes légèrement modifiées de son corps, jusqu'à descendre plus bas, dans un éclat mutin. Comme songeur, mes doigts glissent doucement sur sa cuisse tout en remontant vers sa hanche. Son désir est aussi présent que le mien qui tire encore sur mes nerfs avec une douce force. Je voudrais que cette nuit dure toujours. Ne pas avoir à m'échapper de ses bras, pas même pour rejoindre le lit. Sans oser me l'avouer j'ai peur de demain, de ce que la distance peut réformer comme glaces entre nous. « Je crois qu’il faudrait idéalement éviter les missions ensemble tant que ce n’est pas sécuritaire de ce côté. Quitte à se pratiquer tous les jours, pour qu’on puisse vite bosser de nouveau tous les deux. » Mon cœur se serre à cette pensée alors que j'avais moi-même proposé cette idée auparavant. Sauf que les missions avec Markus sont toujours mes meilleures. J'aime quand on se retrouve ensemble, tout est si naturel entre nous, nos attaques coordonnées avec une précision redoutable, même avec le facteur hasard de Markus en ligne de compte. Nous priver relève presque de l'injustice, et pourtant, n'y a-t-il pas de plus belles démonstrations de tendresse que de l'accepter ? C'est une solution qui sera difficile à tenir, mais qui doit vraisemblablement être prise. Car il est hors de question que je le laisse courir le moindre risque en pleine mission. Mes yeux rencontrent les siens, dans ce tournant plus sérieux de la conversation. Mon bras se glisse dans son dos main douce et rassurante qui vient couvrir sa peau comme pour affirmer un soutien inconditionnel à ses choix et décisions. Aussi peu enthousiasmantes soient-elles. « Aren est…différent avec moi depuis un moment. J’crois qu’il m’en veut. » Mes sourcils se froncent à nouveau sous cette nouvelle affirmation de Markus. Si c'est ce qu'il pense il doit bien y avoir une raison, et mon cerveau se lance immédiatement dans l'analyse des raisons possibles. Raisons qui ne tardent pas à se faire plus claires quand l'auror reprend la parole d'une voix moins emprunte de retenue. « Je l’ai entendu parler du manque de confiance qu’il faut avoir en moi…Et j’ai pu expérimenter qu’il est aussi doué que toi pour les regards noirs. Sauf que les siens, je peux pas m’en moquer. Je veux pas que tu lui mentes, mais je crois que ça ne le ravira pas. Et je me soucie de ce qu’il ressent, ça m’emmerde, de potentiellement le déranger encore plus. » Un rictus amusé s'étire sur mes lèvres quand il évoque les regards d'Aren. Leur noirceur sait en effet être particulièrement pénétrante quand il le veut et si je ne peux les voir sans éprouver une forme de tendresse, je concède facilement que ce ne soit pas les cas des autres. Mais en réalité rien ne m'amuse dans ce qu'il me raconte. Pire, ça m'emmerde. Pour plusieurs raisons différentes. Ça m'emmerde parce que comme lui, j'aimerais que Markus et Aren puissent parvenir à se découvrir, correctement, et nouer un vrai lien. Parce que l'échec actuel n'est dû qu'à mes erreurs, mes peurs, mes angoisses et ce tissu de mensonge épais et tortueux qui entoure ma parentalité depuis douze ans. Ça m'emmerde aussi parce que ça veut dire que l'enfant à recommencé, encore, à faire de mes histoires personnelles, ses affaires personnelles. Que malgré mes discussions, il continue à prendre en grippe tous celles et ceux qui ont le malheur d'obscurcir mes iris et rendre pluvieux mes orages. Le front de mon meilleur ami s'appuie contre le mien et mon âme s'apaise à nouveau. «  J'ai changé la disposition de la pièce dernièrement, on peut jouer avec l'espace. Le lit est encore plus confortable que le canapé, mais t'auras probablement pas l'occasion de l'expérimenter, vu que t'es pas supposé être ici. D’ailleurs, comment t’as fait pour venir ? » Un sourire espiègle effleure mes lèvres avant de laisser filer un court éclat de rire. Mon visage se pare de reflets énigmatiques tandis que ma main remonte un peu plus haut dans son dos, le pressant contre moi dans un douceur assumée. Je soupire de contentement avant de remonter ma main contre sa mâchoire dans une longue caresse tout en répondant à sa question d'une voix amusée. « J'ai soudoyé ton assistant. J'ai mis plusieurs jours à le convaincre, ma carte de coéquipier ne suffisait pas j'ai dû tout miser sur votre relation. Heureusement que toi il t'apprécie encore beaucoup. » Je ricane, non sans une légère pointe d'amertume qui cache en réalité une profonde blessure face aux réactions distantes de Nyx depuis son attaque. Même si je comprends que la situation soit difficile pour lui, c'est rageant de le voir fuir et me grogner dessus pour un rien. Rageant après tous nos efforts conjoints fait au cours des années précédentes pour trouver une véritable sympathie et même un travail d'équipe efficace sur les différents terrains, que ce soit pour le bureau des aurors ou l'équipe de Quidditch. Mon regard cherche celui du Falkenberg et plonge dans l'océan d'un vert doux qui s'y reflète savourant encore et toujours cette proximité qui réchauffe mon âme et fait naître des sourires tendres au coin de mes lèvres à chaque nouvelle inspiration contre sa peau. « Pour Aren je suis désolé. C'est de ma faute je crois. Ça date de quand ce changement de comportement ? Si c'est des dernières vacances, je sais de quoi il en retourne. » Un léger nuage triste vient assombrir mon regard. Mon pouce caresse sa joue et je me perds une fraction de seconde dans le souvenir des mots qu'il avait eu quand il était tombé sur la lettre à peine entamée. Ses regards sombres, son expression de colère et son ressenti que je n'avais pas pris le temps de défaire. Incapable de projeter les conséquences sur lui. Mes paupières cillent, se ferment quelques secondes de trop avant de se rouvrir sur des iris légèrement embrumés. « Je te l'ai déjà dis, je ne lui cache pas grand chose. Pas seulement parce que je ne le veux pas, mais aussi parce que je peux pas, il me connait trop bien. On a traversé des choses pas faciles, ensemble, lui et moi contre tout. Et va savoir d'où il tient ça mais il s'est toujours montré assez protecteur envers moi. » Je sais trop bien, évidemment, de qui il tient cette fâcheuse aptitude, et l'éclat narquois de mon sourire le traduit parfaitement, mais la boutade était trop tentante pour être laissée de côté. « Il a rapidement compris que j'étais pas dans mes meilleurs jours, et il est tombé par hasard sur une lettre que j'ai écrite. Et qui t'était adressée. Je sais pas ce qu'il s'est imaginé, mais ouais, ça doit venir de là. » Des lueurs tristes assombrissent un peu plus des iris qui se voilent au souvenir des angoisses de ces derniers mois. Ce froid immense que rien ne réchauffait. Cet effondrement lent et inexorable de la montagne aspirée dans un gouffre sans fond sans que je ne parvienne à réagir. Tétanisé par cette vision. Ma main se presse un peu plus contre sa joue, mon front s'appuie avec une force plus brute cette fois et je laisse courir un infime silence avant de reprendre. « Je vais lui parler, il te déteste pas je t'assure. Le connaissant j'suis certain qu'il est surtout déçu. Il était vraiment heureux de te rencontrer, enfin, et il s'attendait pas à tout ça j'imagine. Moi non plus d'ailleurs...J'ai eu si peur de te perdre. C'était si difficile de te voir fuir le bureau avec la conscience que j'en était la cause. Que ma présence était une souffrance pour toi. J'arrivais pas à supporter cette culpabilité...» Ma phrase se meurt dans un murmure, mon corps resserre son étreinte dans une vague d'émotions qui submerge mon âme. Mues par l'angoisse d'hier mes lèvres s'emparent des siennes, baiser abrupte et rugueux plein de la passion d'aujourd'hui. Le goût de sa bouche ramène le calme dans le tumulte de mes sens et le cœur change le rythme de ses tambours pour le rendre plus joyeux. Le baiser se rompt et mon souffle reprend après s'être suspendu dans le sien. Tout mes gestes et mes attitudes murmurent ces mots qui brûlent dans mes yeux. «Estoy tragadito de ti Markus. » Le murmure s'échappe malgré moi, sans réellement en prendre conscience. Une pensée qui se souffle au creux de ses levres. Des explosions chaudes aux accents doux qui se déploient dans un mélange de langues et de tourbillons. Si lui perd le contrôle de son don, je perds mes barrières des langues trop facilement sous le coup de mes émotions. Les conséquences sont bien moins dramatiques, ceci-dit. Sans reculer ma tête, je reprends la parole d'une voix plus audible : « Je compte bien tenir ma parole pour l'entraînement. Devoir nous pratiquer tous les jours, je connais pire comme perspective. Ça nous permettra de passer la frustration de plus faire de mission ensemble pour le moment. » Mon sourire passe de taquin à déçu au fur et à mesure de mes mots, tandis que ma main est retournée caresser son dos. « On va se faire un programme du tonnerre. Dès demain si tu veux, c'est quoi qui te fait perdre le contrôle le plus vite ? Admirer mes muscles saillants j'imagine ? Par Thor je peux pas te laisser trop longtemps en équipe avec Karen ou Pavlov. Tu pourrais t'habituer à eux et j'ai pas envie que tu me remplaces définitivement. » Je ricane doucement en déplaçant ma tête pour trouver son cou. Les lèvres effleurent l'épiderme vers les épaules jusqu'aux limites de la peau abîmée. Contact doux, sincère et délicat en contraste totale du baiser précédent. A l'image de cette relation sans égal. Entre force et douceur, faite de roches et de fleurs mêlées. « Tant pis pour le lit, je me contenterai d'avoir découvert ton canapé. De toute façon faut que je parte tôt, je dois reprendre ma mission sur les docks à cinq heures. Mais braver l'interdit en revenant ici est excitant finalement. Comme un goût de nostalgie. Ça me donne presque envie d'aller faire le con dans les couloirs. » J'ai rarement remis les pieds ici depuis la fin de ma scolarité et je dois avouer que Durmstrang réveille en moi l'adolescent tapageur qui sommeille. L'appel de l'interdit est séduisant, mais pas autant que l'homme nu pressé contre mon corps.



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Although I felt like giving up It's not the road I chose
Markus Falkenberg
Markus Falkenberg
LÆRERTEAM Den som talar mycket säger sällan vad som är bra
Son sourire espiègle, puis son rire, me rappelle à quel point ces éléments familiers sont nécessaires à ma vie. Ils sont fondamentaux, depuis cette amitié d’adolescents qui enchaînent les coups, les rigolades et les histoires. Parce qu’au fond, on est encore les deux mêmes cons ; on a simplement un peu vieilli. Sa main me presse un peu plus contre lui, après être remontée plus haut dans mon dos. Mon soupir satisfait se superpose au sien, tandis que sa main remonte contre ma machoîre. Tous ces gestes sont tellement naturels que je me demande comment j’ai pu croire pouvoir m’en passer. « J'ai soudoyé ton assistant. J'ai mis plusieurs jours à le convaincre, ma carte de coéquipier ne suffisait pas j'ai dû tout miser sur votre relation. Heureusement que toi il t'apprécie encore beaucoup. » Il ricane, mais je devine la touche d'amertume qui doit se cacher derrière les propos légers. Beaucoup est un mot bien optimiste et trop large, mais j’ai probablement moins de difficultés que lui à approcher actuellement Nyx. Pourquoi ? Sûrement pas à cause de mon charme fou, de mon adresse légendaire et de mon magnifique tact. Je n’ai pas été extrêmement doux, après l’attaque. J’ai même tendance à le narguer parfois volontairement, pour le pousser à se laisser aller et à ne pas étouffer ses émotions. En somme, je suis plutôt insupportable. Et je l’assume. C’est la seule façon d’aider que j’ai trouvée, la seule que je connaisse. Je ne suis pas psychologue, et j’ai agis dès le début en ami maladroit, trop habitué de le provoquer pour ne pas continuer dans la même orientation. J’aurais aimé que ce soit plus simple, entre lui et Magni, et j’espère que ça le redeviendra, éventuellement.   « Pour Aren je suis désolé. C'est de ma faute je crois. Ça date de quand ce changement de comportement ? Si c'est des dernières vacances, je sais de quoi il en retourne. » Est-ce que ça date de là ? Je ne sais plus, peut-être. Je ne suis pas doué pour situer des souvenirs dans le temps. Il ne me reste souvent que l’impression ressentie, sans leur position dans la chronologie des événements.  Je fronce néanmoins les sourcils en l'entendant dire que c'est de sa faute, observant son regard qui s'assombrit, alors que son pouce caresse ma joue. Quelle réminiscence fait-il sortir de l'oubli ? Ses paupières se ferment en dépassant le délai naturel pour que ce soit un cillement, puis se rouvre tel un léger rideau d’embrun. « Je te l'ai déjà dis, je ne lui cache pas grand chose. Pas seulement parce que je ne le veux pas, mais aussi parce que je peux pas, il me connait trop bien. On a traversé des choses pas faciles, ensemble, lui et moi contre tout. Et va savoir d'où il tient ça mais il s'est toujours montré assez protecteur envers moi. » Un rictus narquois apparaît sur mes traits, répondant à l’éclat de son sourire. Aucune idée d’où il tient cette tendance, vraiment. « Il a rapidement compris que j'étais pas dans mes meilleurs jours, et il est tombé par hasard sur une lettre que j'ai écrite. Et qui t'était adressée. Je sais pas ce qu'il s'est imaginé, mais ouais, ça doit venir de là. » Mon sourire s’évapore, remplacé par un froncement de sourcils. Une lettre qui m’était adressée…? Rien, dans les lettres qu’on s’est envoyée dans les derniers mois, ne me semble pouvoir justifiée la réaction d’Aren. À moins que Magni n’ait fait comme moi, en écrivant une missive qu’il n’a pas envoyée. Je vois les lueurs qui assombrissent davantage ses iris, alors que sa main se presse plus contre ma joue. On a peut-être fait la même chose, oui. Parce qu'on est deux cons.

Son front s'appuie contre le mien plus brutalement, et j’inspire son silence, dans l’attente d’une suite qui ne presse pas. Les derniers mois ne s’effaceront pas en un claquement de doigts. Derrière des retrouvailles, il y a la distance initiale. Et la peur de demain, que tout ceci ne soit qu’un rêve cruel, voué à s’effacer trop rapidement. « Je vais lui parler, il te déteste pas je t'assure. Le connaissant j'suis certain qu'il est surtout déçu. Il était vraiment heureux de te rencontrer, enfin, et il s'attendait pas à tout ça j'imagine. Moi non plus d'ailleurs...J'ai eu si peur de te perdre. C'était si difficile de te voir fuir le bureau avec la conscience que j'en était la cause. Que ma présence était une souffrance pour toi. J'arrivais pas à supporter cette culpabilité...». Sa phrase incomplète atteint mon cœur, telle une flèche qui n’a pas même  été encochée. De la culpabilité…? Son corps se resserre contre moi et mon bras accentue sa pression contre son dos, alors que ses lèvres viennent remuer une barque qui tangue déjà en pleine mer. Je réponds à sa fougue avec la même passion, avec ce manque de lui et cette rudesse des jours d'absence. Lorsque le baiser se rompt, mes iris ont des étincelles violettes. «Estoy tragadito de ti Markus. » Mes tentatives lamentables d’apprendre l’espagnol ne me permettent assurément pas de comprendre ses mots. Ni de tenter de le faire. Je me contente de me laisser porter par sa présence, de profiter du fait qu’il est enfin là, contre moi. Même si c’est irréel. Même si c’est trop beau. Même si on m’a appris que mon optimisme doit être éteint. « Je compte bien tenir ma parole pour l'entraînement. Devoir nous pratiquer tous les jours, je connais pire comme perspective. Ça nous permettra de passer la frustration de plus faire de mission ensemble pour le moment. » Je réponds par un léger grognement, alors que sa main retourne caresser mon dos. Cette perspective de ne plus faire de missions ensemble n’est pas réjouissante. J’ai cet espoir momentané, et irréaliste vu mon passif, que ce sera rapide. Que quelques semaines d’entraînement suffiront, pour que mon don cesse de déconner en sa présence. Oui, en cet instant où nos souffles se confondent, après avoir cru le perdre, je crois réellement que tout est possible. J’espère naïvement que tout ce bordel autour de mon don est inspiré davantage par la peur que par la réalité, et que je le maîtriserai de façon idyllique comme dans les romans où le héro parvient à se dompter. J’y crois, même si je n’y ai jamais cru, parce que j’ai besoin d’y croire, et que je me suis trop limité pour accepter de m’enfoncer encore sous une crainte potentiellement absurde. « On va se faire un programme du tonnerre. Dès demain si tu veux, c'est quoi qui te fait perdre le contrôle le plus vite ? Admirer mes muscles saillants j'imagine ? Par Thor je peux pas te laisser trop longtemps en équipe avec Karen ou Pavlov. Tu pourrais t'habituer à eux et j'ai pas envie que tu me remplaces définitivement. » Je ricane, même si une lueur d'inquiétude vient brièvement palpiter dans mon regard redevenu vert. Passé la colère et l'irritation, le soucis pour mes collègues potentiellement hospitalisé émerge, sans que je ne veuille m'y attarder.

La tête de Magni s'abime dans mon cou, ses lèvres effleurent mon épiderme dans un contact doux. La tendresse qui me submerge est immédiate, aussi intense qu’un incendie. Cette impression immuable dans la dernière heure que tout est enfin à sa place. Lui. Moi. Ensemble. Comme avant. « Tant pis pour le lit, je me contenterai d'avoir découvert ton canapé. De toute façon faut que je parte tôt, je dois reprendre ma mission sur les docks à cinq heures. Mais braver l'interdit en revenant ici est excitant finalement. Comme un goût de nostalgie. Ça me donne presque envie d'aller faire le con dans les couloirs. » Mon rire résonne, sincère, même si l’idée de son départ tôt le matin éveille en moi une appréhension à laquelle je ne veux pas songer. Il y a maintenant et il y a le futur. J’aimerais qu’il soit enfin composé d’instants comme ceux-ci, mais je redoute le bonheur trop brûlant, après une tempête si acide. « Si tu décides d’aller faire le con dans les couloirs, je n’hésiterais pas une seule seconde à me disculper en disant que Nyx est ton amant et que t’es venu le voir…Et je dirais pas ça pour ne pas me prendre de blâme professionnel, mais simplement parce que ce serait marrant.»   Est-ce que je le ferais vraiment ? J’en serais capable. Même si j’essaie de le réprimer au maximum, j’ai un instinct joueur qui ressort beaucoup trop souvent. Je laisse ma main droite s’égarer sur ses abdominaux, distraitement, alors que je reprends ma morphologie naturelle. Je profite de sa proximité contre ma peau pour m’attarder sur la sienne ; mes lèvres se pressent sur son épiderme, là où elles peuvent se poser dans notre position. Je précise, avec un demi-sourire : « Quoique...Nyx me ferait probablement la gueule, après. J'sais pas pourquoi il a continué de m'apprécier. Je le ménage pas. Et tu sais à quel point j’peux être con, quand j’aime bien quelqu’un. » Suffit de voir comment j’emmerde le stagiaire. Mes parents voulaient que je sois sérieux, froid, distant ; je n'y parviens toujours qu’à moitié, parce que ma gaieté revient  au galop dès que je lâche trop la bride.

Un claquement sec contre le carreau de la fenêtre m’oblige à déplacer légèrement ma tête ; je la tourne pour jeter un œil en direction du bruit. J’aperçois un hibou, encore patient pour l’instant, qui toque son bec contre le verre. Fais chier. Je n’ai même pas besoin d’ouvrir pour deviner de quoi il s’agit, et je trouve le timing particulièrement mal choisi. Mon bras derrière le dos de mon meilleur ami resserre sa prise avec trop de force, comme pour maintenir le présent dans cette bulle idéale, dont je crains de devoir m’extirper. Mon autre main glisse contre sa machoîre, alors que mon front se plisse : « Pour Aren, je me souviens plus ça date de quand. Peut-être bien des dernières vacances, ouais. J'imagine que c'est une lettre que tu ne m'as pas envoyée...? J'vois pas sinon ce qui aurait pu le déranger, dans le peu de courriers qu'on s'est envoyé dans les derniers mois. » Contre la vitre, les sons se font plus régulier. Je les ignore avec mauvaise foi, tout comme j’ignore avec autant de bonne volonté les sensations douloureuses qui continuent d’être atténuées. Vachement forte la potion anti-douleur, assurément. Mes yeux s’éclairent d’étoiles filantes moqueuses, qui passent en une seconde dans un ciel qui s’obscurcit ensuite : « Tu y disais quoi…? Que je suis un connard de rester trop souvent à Durmstrang…?  J'avais espoir de parvenir à cacher ce que je ressens. Je croyais pas que tu te sentais coupable...Parce que y’avait aucune raison pour que tu te sentes comme ça. Moi je m’en voulais, de ne pas pouvoir t’offrir mieux. De ne pas être à la hauteur de notre amitié. » De ne pas avoir su gérer toutes les informations de cette conversation, ce soir-là. De n’avoir pu offrir que mes doutes, mes peurs, mon refus et mon acceptation, ma confusion, ma peine, et un amour que je ne savais pas comment gérer. Je ne pouvais pas faire mieux. Pas à cet instant. Mais je n’aurais pas cru, ni voulu, que Magni pouvait se sentir coupable de quoi que ce soit. Le hibou derrière la fenêtre semble avoir épuisé sa réserve de tolérance à l’attente – réserve qui me semble très faible – tout comme l’une des professeures dans l’appartement à ma droite, qui doit encore croire que je suis en train de festoyer. Je l’entends pester d’une voix sûrement amplifiée par un sort contre « les jeunes qui font trop claquer leur lit tard dans la nuit, et qui devraient ménager leur baguette pour ne pas la vider de leur magie. Charmant. Mes lèvres se pincent en un éclat de rire mi-irrité, mi-amusé, alors que je gronde à l’adresse du volatile : « C’est bon, j’arrive. » Même si je n’en ai pas du tout envie. Je coule un regard chargé de trop d’émotions en direction de mon meilleur ami, avant de me détacher à regret de lui. Je dépose un baiser sur son épaule, avant de m’extirper du divan.  J’enfile mon caleçon en vitesse, au cas où ma voisine décidait de venir cogner, avant de me diriger vers la fenêtre, que j’ouvre d’un geste qui trahi mon agacement d’être dérangé par ce qui doit assurément concerner le boulot. Ma main attrape la missive et le hibou s’envole dans la pièce pour se diriger naturellement à l’étage, là où il est sait qu’il trouvera de quoi se sustenter. Foutue manie aussi, d’avoir un perchoir à proximité de ma chambre. C’est l’une des modifications que j’ai apportées dernièrement à la pièce ; il y a même quelques oiseaux, dont la présence me donne un peu moins l’impression d’être enfermé dans un château, et un peu plus l’impression d’être dans la nature.

Je déroule rapidement le parchemin, que je parcoure avec la même rapidité. Mes sourcils se froncent et mes pupilles, lentement, bleuissent sans que je m’en aperçoive. Je savais que j’étais parti trop rapidement, ce soir ; j’avais livré mon rapport, mais j’ai transplané en pleine conversation avec Viggo. Ou plutôt, j’ai fui. Et l’inquiétude de mon collègue était trop palpable pour qu’il ne l’ait pas partagé à d’autres. À tout coup, la demande de détails additionnels est une excuse pour me faire venir. Je soupire, avant de relever mon regard vers Magni :   « Cinq heures hein…? Si tu veux on partira ensemble, je dois passer au bureau. Ils ont besoin d’informations supplémentaires sur l’intervention. Et on pourra tester en chemin si ce sont tes muscles – qui semblent avoir perdu un peu de volume – qui me font perdre le contrôle. » Mon sourire s’élargit, moqueur, alors que je reviens vers lui. Je laisse tomber le parchemin sur une table à proximité, avant de m’asseoir à ses côtés. Ma main glisse sur sa machoîre, alors que mon cœur recommence à s’animer. Ma voix se veut légère, mais elle me semble trop lourde : « Je t’ai écrit une lettre aussi. Enfin, plusieurs. J’ai pris l’habitude d’écrire dans le vide à cause d’Elsa. » Des lettres vouées à n’être jamais lues. Des lettres vouées au silence, parce que l’âme est trop bruyante. J’espère ne plus jamais avoir à lui en écrire. Mais je ne crois plus à l’éternité des bons moments, depuis la mort de ma meilleure amie ; tout est éphémère. Raison de plus pour en profiter au maximum. Mes pupilles reprennent leur couleur qui renvoie à ce que j’aime le plus. La nature, la forêt, la liberté sauvage. Vert tendre des herbes folles estivales, vert doux d’un arbre en fleurs au printemps, vert qui embaume l’air de sa vitalité. Ma tête se penche ; mes lèvres cherchent celles de Magni, avec une douceur qui trahi l’affection, le manque, la peur du lendemain, et cet amour qui pulse à travers chacune des fibres de mon corps.
Magni Hammarskjöld
Magni Hammarskjöld
GÖTEBORG Livet är en kamp, ​​du måste förbereda dig för striden

I couldn't face a life without your light

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] | Mardi 6 juin 2023 - Soirée



Son rire accentue l'étincelle électrique d'une envie espiègle qui pique doucement mes nerfs. Markus n'a besoin de personne pour le pousser à faire toute sorte de choses que d'autres jugeraient stupides. Et pourtant je l'ai bien souvent poussé à se lancer dans un tas de conneries supplémentaires. De son vivant Halvor a toujours pensé que c'était lui qui exerçait une mauvaise influence sur moi, la vérité c'est qu'on est aussi con l'un que l'autre et qu'on profite de la moindre petite occasion pour changer notre quotidien en immense champ de divertissement. Peut-être que Markus est le plus improbable dans ses idées, son génie créatif n'a de limite que celles que lui imposent la société et son nom. Peut-être bien que j'ai une certaine tendance à insuffler des propositions que lui s'empresse d'exécuter. A la limite, je veux bien reconnaitre ma responsabilité sur cette partie-là de notre duo. Mais il est si facile d'éveiller son amour des défis que ce serait dommage de s'en priver. Ma tête est pleine de souvenirs de nos expériences les plus folles et de nos meilleures rigolades. Je me suis toujours demandé comment ils avaient accepté de le prendre en cursus professoral connaissant ses antécédents. Peut-être que si j'étais resté en Scandinavie ils auraient refusé. Peut-être que mon départ leur a fait croire qu'il se tiendrait un peu mieux. Est-ce qu'on peut pousser l'audace jusqu'à dire que je lui ai rendu service ? Indéniablement. « Si tu décides d’aller faire le con dans les couloirs, je n’hésiterais pas une seule seconde à me disculper en disant que Nyx est ton amant et que t’es venu le voir…Et je dirais pas ça pour ne pas me prendre de blâme professionnel, mais simplement parce que ce serait marrant. » Un ricanement moqueur s'échappe de mes lèvres et vient glisser contre son cou dans lequel je laisse toujours promener mes lèvres, aimanté à son odeur et à l'aura apaisante qu'il insuffle en moi. Entre ses bras, tout est plus simple. Les pensées sont plus limpides, eau clair et fluide d'une cascade qui s'écoule dans le son bruyant d'un rire. Un frisson chaud s'étire là ou ses lèvres se posent, ravivant le souvenir d'un premier baiser alcoolisé déposé des années en arrière. A trop penser à nos frasques d'adolescent, la mémoire rouvre facilement ses autres tiroirs et un éclat tendre s'enflamme dans mon regard. Lumière d'une nostalgie qui se comprend entièrement en acceptant les sentiments qui avaient bondi dans mon cœur cette nuit-là.Ce autrement qui s'était révélé nettement sous les vapeurs de l'alcool ingéré, et que l'âme ne pouvait accepter, et que la mémoire avoir soigneusement enfoui au plus profond de l'oubli. Est-ce que ses lèvres sur moi arrêterons un jour de provoquer cette décharge d'amour ? Sans doute que non. J'espère que non, car il n'y a rien de plus agréable que de se laisse submerger par ce courant-là. « Quoique...Nyx me ferait probablement la gueule, après. J'sais pas pourquoi il a continué de m'apprécier. Je le ménage pas. Et tu sais à quel point j’peux être con, quand j’aime bien quelqu’un. » Mon sourire s'étire toujours plus narquois, réfrénant l'envie de serrer les mâchoires à l'allusion du comportement de Nyx. Markus et moi avons deux façons différentes d'aborder le sujet avec le plus jeune, mais Markus est Markus. Je ne suis pas certain que si j'appliquais la même attitude avec le jeune Adelsköld j'aurais droit à la même considération. Au mieux il ne ferait que se renfermer encore plus, au pire cela briserait toutes mes chances de renouer le dialogue avec lui. J'espère sincèrement qu'on arrivera à retrouver un espace de discussion, autre que pour lui demander des services. Il faudra que je le remercie correctement, par ailleurs, pour son geste d'aujourd'hui. Il ne doit pas avoir conscience de l'importance du service qu'il m'a rendu. Qu'il nous a rendu.

Mes pensées sont interrompues par le claquement sec d'un bec contre le carreau de la fenêtre. Un son si connu que je ne tourne la tête vers le volatile messager que par habitude inconsciente. En réponse à la distraction, le bras de Markus se serre dans mon dos et je réponds à son étreinte avec la même envie de le garder encore un peu collé contre moi. Je n'ai pas hâte qu'il se détache pour aller ouvrir au hibou occuper à ébouriffer ses plumes sur le rebord extérieur. « Pour Aren, je me souviens plus ça date de quand. Peut-être bien des dernières vacances, ouais. J'imagine que c'est une lettre que tu ne m'as pas envoyée...? J'vois pas sinon ce qui aurait pu le déranger, dans le peu de courriers qu'on s'est envoyé dans les derniers mois. » Toujours aussi avide de contact, ma tête s'appuie très légèrement contre la main qui glisse sur la mâchoire. Repenser à ces lettres, ce vide, cette angoisse est une douleur encore tangible dans mon âme. Il a raison, il n'y avait dans nos échanges de lettres pour justifier une telle déduction d'Aren, parce nos hiboux étaient vides de sens. Plein de non-dits. Souvent, j'ai voulu combler les interlignes de tout ce que j'écrivais dans les autres lettres. Celles destinées à épancher ma seule douleur dans une encre noire. Une fois, j'ai même attaché la lettre à la patte de Tartine. C'était juste après ma virée à la cascade. Juste après cette nuit passée à fixer un horizon tout juste plongé dans une obscurité de moins en moins sombre. Dans le silence de cette nature qui n'avait connu que notre duo, la solitude avait été plus criante que jamais. Heureusement pour moi, la vieille chouette s'était endormie avant d'entamer son court vol vers Markus. Dans un élan de conscience je l'avais reprise, et enfermée avec les autres. Toutes les autres. « Tu y disais quoi…? Que je suis un connard de rester trop souvent à Durmstrang…?  J'avais espoir de parvenir à cacher ce que je ressens. Je croyais pas que tu te sentais coupable...Parce que y’avait aucune raison pour que tu te sentes comme ça. Moi je m’en voulais, de ne pas pouvoir t’offrir mieux. De ne pas être à la hauteur de notre amitié. » Les premières phrases me font ricaner doucement, avant de froncer les sourcils quand il évoque sa propre culpabilité. Lui ? Coupable de ne pas pouvoir m'offrir mieux ? Mes lèvres se pincent sous l'incompréhension et le rejet de cette stupidité. Il a toujours été le plus à la hauteur de notre amitié. Dans un besoin de rassurer l'homme d'hier, mes muscles se contractent un peu plus, ramenant son torse contre le mien avec la même force que tout à l'heure. Alors que nos corps sont déjà entièrement pressés l'un contre l'autre. Alors que mon cœur bondit déjà tout contre le sien dans un tambour profond et intense. De l'autre côté de la pièce, dans la partie froide et distante, hors de la bulle qui nous entoure, les claquements contre le carreau se font de plus en plus pressants et bruyants. Egoïstement pour ce pauvre animal, je voudrais que Markus continue de l'ignorer. Mais c'était sans compter sur la voix augmentée de la voisine d'appartement du Falkenberg qui se met à résonner derrière le mur. « les jeunes qui font trop claquer leur lit tard dans la nuit, et qui devraient ménager leur baguette pour ne pas la vider de leur magie. » L'expression de surprise moqueuse qui se peint sur mon visage se mue lentement en un ricanement graveleux quand je sens ses muscles se détendre, augurant un mouvement de séparation qui devenait inévitable. Le sourcil levé au-dessus d'un coup d’œil équivoque en direction du professeur de combat, je le laisse se relever non sans une dernière caresse de mes doigts qui tentent faussement de retenir l'épiderme qui s'échappe. Quand sa bouche se pose sur mon épaule, je serre plus concrètement ma prise sur ses hanches, plantant des ongles dans cette peau chaude qui m'abandonne. Une infime lutte pour lui signifier qu'il a plutôt intérêt à revenir rapidement.  

D'un mouvement d'épaule je profite de son départ pour me redresser sur le canapé et suivre d'un regard doux ses mouvements dans la pièce. Une moue déçue effleure mes traits quand je le vois revêtir son caleçon avant de se diriger vers la fenêtre pour faire entrer le volatile agacé. Silencieux, je m'attarde sur l'expression de son visage à la lecture de la lettre avant de prendre le temps de détailler sa silhouette dans la cet appartement où il vient se réfugier dès que le besoin se fait ressentir. Autrement dit, très souvent ces derniers mois. C'est amusant d'être allongé dans cet endroit que j'ai rêvé de nombreuses fois sans savoir exactement comment le projeter. Dans cet endroit que j'ai haï, et maudis souvent, aussi. Pour le refuge inaccessible qu'il est devenu pour lui. Est-ce que j'ai écrit dans ces fameuses lettres ma rage de le savoir trop souvent ici plutôt que chez lui ? Trop de fois. Je l'ai pensé chaque jour, à chaque passage dans son appartement vide de Göteborg. Je comprends son besoin de s'isoler, d'être introuvable, mais le comprendre ne le rend pas moins insupportable. Oui, je déteste cet endroit. J'ai un amour tendre pour Durmstrang, ses couloirs, ses salles de cours et pour tous les souvenirs qu'ils renferment. Et à la fois je hais ce qu'il est pour moi aujourd'hui. Un bâtiment austère qui m'empêche de voir mon fils quand je le voudrais, et qui sert de refuge à mon meilleur pote quand il veut me fuir. Qui aurait pensé qu'une école puisse prendre une telle place personnifiée dans ma vie...
Mais quand je le regarde, debout face à sa fenêtre, concentré sur la lecture de son parchemin, je ne peux pas faire abstraction de l'aura qui se dégage de lui dans cet espace aménagé par ses soins. Peut-être plus intime et plus lui que ne l'est l'intérieur de son appartement en ville. Mon cœur se pince à cette idée et mes yeux prennent le temps de s'arrêter plus attentivement sur les détails qui se dévoilent à moi. Son bureau plein de parchemins éparses, des livres entreposés un peu partout, des affaires qui habillent le sol dans une cartographie singulière témoin d'une vie entière qui se déroule ici, en secret. Suivant les lignes ainsi dessinées au sol, je remonte les meubles, contourne les étagères jusqu'à atteindre le débordement de la mezzanine que je devine sans pour autant pouvoir la contempler dans son entièreté depuis ma position. Malgré ce que j'ai affirmé tout à l'heure, la curiosité prend le pas sur la raison. J'ai envie de découvrir son lit, l'intimité de cette autre pièce, les couleurs qu'il a choisis et les aménagements qu'il a fait pour s'y sentir bien. Pour s'y sentir chez lui. « Cinq heures hein…? Si tu veux on partira ensemble, je dois passer au bureau. Ils ont besoin d’informations supplémentaires sur l’intervention. Et on pourra tester en chemin si ce sont tes muscles – qui semblent avoir perdu un peu de volume – qui me font perdre le contrôle. » Interrompu par sa voix, mon regard saute vers le sien et mon front se plisse dans un éclat sombre d'une colère feinte. Mes muscles ? Perdus en volume ? Peut-être bien que son don déforme aussi sa vue et qu'il voit trouble. Ce serait la seule explication logique. Comme pour me rassurer je plie un bras devant moi, contractant le biceps avant d'hocher la tête d'un air satisfait. Il va sans dire que je ne suis pas réellement inquiet de leurs volumes. J'ai même rarement été aussi en forme qu'en ce moment, grâce à mes courses nocturnes en pleine nature, presque chaque nuit depuis trois mois. Trois mois à courir les montagnes, sauter par-dessus les rochers et les rivières, escalader quelques parois rocheuses, avaler des kilomètres de terres marbrées de racines d'arbres diverses. Une activité sportive intensive qui a dessiné plus sèchement les contours de muscles qui n'avaient probablement pas besoin de ça pour être d'un volume suffisant.

Pendant l'étude approfondis de ma masse musculaire, Markus est revenu s'installer près de moi et mon cœur retrouve sa proximité avec un élan flamboyant de bonheur. Si sa main glisse contre ma mâchoire, la mienne effleure sa cuisse avec douceur. « Je t’ai écrit une lettre aussi. Enfin, plusieurs. J’ai pris l’habitude d’écrire dans le vide à cause d’Elsa. » Rivés à ses yeux qui ont repris leurs teintes vertes d'une forêt de pin, mes iris s'assombrissent en contraste avec mon sourire qui s'étale, amusé. Est-ce qu'on est à ce point deux cons qui reproduisons les mêmes mécanismes de défense sans se le dire ? Visiblement. Je ne suis même pas surpris d'apprendre qu'il écrit à Elsa depuis sa mort. J'avais commencé à écrire à Syn le jour même, incapable de garder pour moi des mots qui me brûlaient la gorge. A qui aurais-je pu, à l'époque, partager cette douleur indicible ? Personne n'était au courant, révéler cette naissance par le prisme de la mort m'était plus insupportable encore. A la mort d'Ocean j'avais pleinement compris que je n'écrivais pas dans le vide par manque d'interlocuteur avec qui partager ma souffrance, mais bien parce que ce que j'avais besoin d'écrire n'était destiné qu'à elles. Un besoin profond de continuer à dialoguer avec leur souvenir. Une nécessité de les faire vivre dans mes mots, à travers cette conversation à sens unique. Faire vivre un souvenir, un futur qui ne se réalisera jamais. Pour ne pas oublier. Et sans doute pour un tas d'autres raisons qu'un psychologue pourrait trouver facilement. Le baiser que Markus pose sur mes lèvres est plein d'un sentiment partagé. Mes doigts se serrent contre sa cuisse et mon souffle se suspend dans cette démonstration si naturelle d'un amour qui vibre, se déploie continuellement dans mon être, sans avoir la volonté de trouver des limites. Dans un soupire de plaisir, je recule légèrement mes lèvres tout en attrapant sa main toujours posée contre ma mâchoire, pour la déposer sur mon torse tout en contractant mes muscles une nouvelle fois et de lâcher d'un murmure amusé : « Je crois que tu leur a pas encore prêté assez attention pour tenir un tel discours sur mes muscles monsieur 'je fais chier mes voisins en faisant claquer mon lit contre le mur la nuit'. » Mes lèvres se pose délicatement au coin des siennes, rapide caresse, et ma main retombe sur sa cuisse dans un sourire tendre. « On est vraiment deux cons Markus. Je t'ai écris des lettres dans le vide comme tu dis. Beaucoup. » Trop sans doute, presque tous les jours, avec une nervosité grandissante. « Une habitude que j'ai prise il y a longtemps. En dix-sept ans j'ai eu le temps d'écrire tout un tas de paquets de lettres. » Tout comme Markus avant moi, le ton se veut léger mais le timbre de la voix ne ment qu'à moitié. La question de Syn n'est jamais revenue sur le tapis entre nous, l'évoquer aussi clairement est un souffle glacé qui resserre mon estomac, et qui libère en même temps un verrou insoupçonné, quelque part. Je sens poindre, au loin, l'envie d'un jour, peut-être, en dire plus. De lui en dire plus. De lui parler d'elle. De sa place dans ma vie, de ce qu'elle a signifié pour moi, des bouleversements qu'elle a créés. De ce brasier, incessant, qu'elle a allumé pour toujours dans mon être. Cette volonté farouche de me battre, coûte que coûte. « Dans les tiennes j'ai potentiellement râlé sur ta fuite ici ouais. C'est rien de bien intéressant, quelques remords jeté sur un bout de papier. Des regrets foutus dans l'encre pour éviter d'imploser. Des insultes de pas répondre à mes invitations. Des excuses silencieuses de t'avoir imposé une situation et des sentiments qui n'étaient pas compatible avec tes attentes. T'as rien à te reprocher Markus. C'est moi qui est désolé d'avoir été un connard d'égoïste. De pas avoir voulu y réfléchir avant et de préférer ignorer ce que je ressentais pour toi depuis toutes ces années et de percuter trop tard. Je sais plus laquelle il a lu, mais il n'y avait rien d'explicite sur les raisons et il a pensé qu'on s'était disputé à cause de lui. » Cette fois le ton perd entièrement ses parures légères pour sombrer dans un sérieux plus grave. J'avais immédiatement démenti quand Aren avait mis en avant cette raison, sous-entendant que depuis que j'avais été obligé de révéler son existence à mon meilleur ami, on avait fait que se disputer et enchainer les ruptures amicales. Ma tête se recule un peu plus afin que je puisse fixer à nouveau mon regard dans celui du Falkenberg. « Il est possible que lui dire pour nous deux l'aide à se défaire de cette idée maintenant que j'y pense. » Une ouverture vers, je l'espère, une acceptation plutôt enthousiaste de la part de l'enfant. Rien n'est sûr à ce sujet, mais je prendrais le temps de réfléchir à comment aborder la question avec lui plus tard.

La main qui était sur sa cuisse recommence à bouger, effleurant du bout des doigts la limite que son caleçon dessine sur sa peau. « Cinq heures donc. Ca nous laisse largement de quoi profiter encore un peu avant que tu retournes t'expliquer avec les collègues, et que je retourne surveiller des caisses de poissons. J'ai bien quelques idées de ce qu'on pourrait faire de tout ce temps, parce que personnellement j'ai aussi peu envie de dormir que si j'avais avalé une potion anti-sommeil. » En effet, l'excitation de le retrouver, l'adrénaline de ses baisers, la ferveur électrique de nos retrouvailles tiennent tous mes sens en alerte depuis que j'ai passé la porte de son appartement. Un feu d'une énergie neuve brûle dans mon âme, chauffe mon corps, chasse les nuits pourtant courtes des derniers mois. Plus rien n'existe que ce matin rayonnant qui illumine l'instant présent. « Tu pourrais commencer par te soigner si tu voulais faire quelque chose d'intelligent et réfléchi. Mais on pourrait aussi réfléchir de façon très intelligente à la meilleure blague à faire à Nyx tout en remettant entièrement la faute sur ta voisine de palier. On pourrait aussi rester sur ton canapé et discuter de cette étrange habitude que tu as de te balader en caleçon. » D'un geste clairement explicite, un des doigts tire sur le tissu avant de le relâcher dans un claquement sec sur sa cuisse. « Etrangement j'avoue avoir une préférence pour la deuxième option, qui n'empêche pas la troisième plus tard cela-dit. Parce que c'est pas tous les jours que je viens à Durmstrang en cachette. Ca nous ressemblerait pas de me laisser repartir sans même faire une toute petite blague à quelqu'un. » Et parce que l'envie de me venger de cet endroit me trotte dans la tête depuis tout à l'heure. Un beau pied-de-nez fait à une institution austère qui retient loin de moi des êtres si chers à mon cœur.



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Although I felt like giving up It's not the road I chose
Markus Falkenberg
Markus Falkenberg
LÆRERTEAM Den som talar mycket säger sällan vad som är bra
Ses doigts se serrent contre ma cuisse, juste avant que le baiser ne s'interrompe. Il attrape ma main pour la déposer sur son torse, que je sens se contracter: « Je crois que tu leur a pas encore prêté assez attention pour tenir un tel discours sur mes muscles monsieur 'je fais chier mes voisins en faisant claquer mon lit contre le mur la nuit'. » Un sourire moqueur s'étire sur mes lèvres, au coin desquelles il dépose rapidement les siennes. Je n’ai fait que ça dans les derniers mois, leur prêter attention. Et je suis loin de ne pas avoir remarqué qu’ils semblent encore plus dessinés qu’avant, depuis quelques semaines. Une vision qui n’était pas désagréable, en théorie, mais qui me rappelait seulement que je ne pouvais plus repartir à la découverte du reste.   « On est vraiment deux cons Markus. Je t'ai écris des lettres dans le vide comme tu dis. Beaucoup. » Je n’en suis pas étonné. Un rire bref m’échappe, devant cette réaction commune et involontaire. Deux cons, oui. Je ne pouvais pas lui dire tous ces mots que j’ai alignés sur le papier ; j’ai entretenu un dialogue muet dans mes lettres, parce que j’avais pourtant désespérément besoin de lui parler. « Une habitude que j'ai prise il y a longtemps. En dix-sept ans j'ai eu le temps d'écrire tout un tas de paquets de lettres. » Dix-sept ans. Mon sourire s’évapore, alors que mes yeux pâlissent légèrement. Fait-il allusion à Syn…? À cet enfant perdu donc j’ai appris l’existence en même temps que l’autre, intégrant une donnée supplémentaire dont j’ai inconsciemment tenté de faire abstraction? Une réaction probablement égoïste de ma part. Absorber tout ce qui concernait Aren, ces années où le mensonge par omission a tenu une place dans notre amitié, c’était déjà beaucoup à accepter. Ce deuil supplémentaire, ce moment que je devinais douloureux et où je n’ai pas été présent…ce moment où il m’avait encore tenu à l’écart d’événements importants de sa vie, c’était quelque chose que je ne pouvais pas gérer. Une façon, lâche peut-être, de ne pas trop songer à ce qui pouvait ébrécher davantage ma confiance. En moi. En lui. En nous. La lâcheté a ses limites, mais je sens en cet instant que je ne les ai pas atteintes. J’aurais eu l’occasion de chercher à en savoir plus sur le sujet, d’en parler avec lui. Je ne l’ai pas fait, je ne suis pas parvenu à surpasser la crainte d’éveiller cette douleur liée à la confiance, cette amertume d’avoir appris à retardement quelque chose d’aussi important que la naissance de deux de ses enfants.  Je ne le relancerai pas davantage sur Syn aujourd’hui, malgré la porte qui s’entrouvre légèrement. Je redoute trop, en cette nuit que je voudrais éternelle, tout ce qui peut nous ramener trop cruellement dans la réalité. « Dans les tiennes j'ai potentiellement râlé sur ta fuite ici ouais. C'est rien de bien intéressant, quelques remords jeté sur un bout de papier. Des regrets foutus dans l'encre pour éviter d'imploser. Des insultes de pas répondre à mes invitations. Des excuses silencieuses de t'avoir imposé une situation et des sentiments qui n'étaient pas compatible avec tes attentes. T'as rien à te reprocher Markus. C'est moi qui est désolé d'avoir été un connard d'égoïste. De pas avoir voulu y réfléchir avant et de préférer ignorer ce que je ressentais pour toi depuis toutes ces années et de percuter trop tard. Je sais plus laquelle il a lu, mais il n'y avait rien d'explicite sur les raisons et il a pensé qu'on s'était disputé à cause de lui. » Je fronce les sourcils, en désaccord avec plusieurs de ces mots. Il n’a jamais été un connard d’égoïste. Ni trois mois plus tôt, ni dans les semaines d’après. Me dévoiler ses sentiments et sa situation, ce n’était pas m’imposer quoi que ce soit. Et s’il avait voulu y réfléchir avant, est-ce que ça aurait vraiment changé quelque chose au déroulement des événements ? J’ai toujours été trop réfractaire à l’amour. J’aurais peut-être nié tout sentiment de mon côté bien plus longtemps, à un autre moment de ma vie.

La tête de mon meilleur ami se recule un peu plus et j’amarre mon regard au sien, si peu pressé de retomber dans le monde réel. « Il est possible que lui dire pour nous deux l'aide à se défaire de cette idée maintenant que j'y pense. » Qu’il ait potentiellement pu envisager qu’on se soit disputé à cause de lui peut expliquer ses réactions. Mais cette idée est douloureuse : qu’a-t-il pu imaginer exactement, comme motifs ? S’est-il mis quoi que ce soit sur le dos inutilement, lui aussi ? Le contact sur ma cuisse m'extirpe de mes réflexions, alors qu'une caresse à la limite de mon caleçon m'arrache un frisson. Le manque des derniers mois n’est pas comblé. Tout mon corps aspire à serrer encore le sien, comme s’il pouvait rattraper le temps perdu. « Cinq heures donc. Ca nous laisse largement de quoi profiter encore un peu avant que tu retournes t'expliquer avec les collègues, et que je retourne surveiller des caisses de poissons. J'ai bien quelques idées de ce qu'on pourrait faire de tout ce temps, parce que personnellement j'ai aussi peu envie de dormir que si j'avais avalé une potion anti-sommeil. » Mon sourire revient, prompt à vouloir éclairer mes traits. Je suis très loin d’avoir envie de dormir, moi aussi. Même si j’en paierai le prix plus tard. « Tu pourrais commencer par te soigner si tu voulais faire quelque chose d'intelligent et réfléchi. Mais on pourrait aussi réfléchir de façon très intelligente à la meilleure blague à faire à Nyx tout en remettant entièrement la faute sur ta voisine de palier. On pourrait aussi rester sur ton canapé et discuter de cette étrange habitude que tu as de te balader en caleçon. » Le tissu claque contre ma cuisse, après qu'il l'ait tiré. J'imagine sans difficulté ce que pourrait donner cette dernière option et le rose s’incruste un peu plus dans mes yeux espiègles, qui ont roulé vers le plafond à la mention des soins qui me semblent bien secondaires. Combien de blessures on s’est coltiné, à deux ? Beaucoup trop, et on n’en est pas encore mort. Une de plus, délaissée quelques heures, ne me tuera pas. « Etrangement j'avoue avoir une préférence pour la deuxième option, qui n'empêche pas la troisième plus tard cela-dit. Parce que c'est pas tous les jours que je viens à Durmstrang en cachette. Ca nous ressemblerait pas de me laisser repartir sans même faire une toute petite blague à quelqu'un. » Je ne résiste jamais à la tentation de faire un coup à quelqu’un. Il le sait. Je suis trop espiègle, trop gamin, trop joueur, derrière mon masque de quarantenaire désabusé. J’ai toujours eu l’avantage théorique de pouvoir camoufler certaines de mes mauvaises blagues derrière une autre apparence, quand j’étais adolescent. Mais en pratique, les professeurs repéraient rapidement notre responsabilité dans certaines affaires, qu’importe mes traits.

Ma main, qui errait sur le torse où elle avait été déposée précédemment, frôle son bas-ventre. Mes yeux, de nouveau perlés de rose, sont moins raisonnables que mes doigts et descendent bien plus bas ; le désir est rapide à éveiller, comme un incendie qui se rallume à la moindre étincelle : « La troisième option est aussi très tentante…Mais ce serait indigne de nous de ne pas profiter de ta présence à Durmstrang pour faire un coup. » Heureusement que je suis un enseignant empreint d’un immense professionnalisme. Je suis conscient d’avoir un style d’enseignement particulier, que certains décrieraient comme une abomination. Je mélange souvent l’absurdité au sérieux et l’inusité au concret. Je considère qu’une blague bien placée ou une scène surprenante marquera davantage la mémoire de mes étudiants que si je ne faisais que bavarder pendant des heures. Et jusqu’à maintenant, ma méthode a fait ses preuves. Est-ce pour cette raison que certains de mes collègues me supportent ? Probablement pas. Ils n’ont tout simplement pas le choix. Après toutes ces années à bosser ici, l’établissement aurait besoin d’une bonne raison pour me renvoyer. Et quelques plaisanteries par-ci par-là ne sont pas, selon moi, une bonne raison. « T’as une idée en tête…? Tu peux peut-être chercher, pendant que je vérifier l’état des dits muscles…» Je ne cherche pas à enrayer les lueurs espiègles qui brillent dans mes iris, redevenus verts. L’éventualité d’un coup à faire m’enthousiasme beaucoup trop. Surtout à Nyx.

À l’étage, j’entends le hibou qui hulule. Satisfait, visiblement, de trouver un endroit où se reposer. Mon regard glisse de nouveau sur le torse de mon meilleur ami, alors que mes doigts remontent plus haut. Lui montrer ma chambre est aussi une option tentante. Mais j’ai cette peur tenace, en arrière-plan d’un crâne épuisé, d’abuser du bonheur. J’ai peur de trop m’en soûler, en cette nuit salutaire, et de ne me retrouver qu’avec un rêve le lendemain. Ma main glisse contre son dos pour l’enlacer de biais, tandis que mes lèvres se nichent doucement au creux de son cou. Son odeur, sa chaleur, sa foutue présence, tout m’enflamme, même après notre moment d’intimité. Mes sourcils se froncent néanmoins lorsque je sens sous la pulpe de mes doigts ce que j’avais déjà remarqué et remis à plus tard. Une texture différente. Je descends ma main plus bas, à la base de son dos, tout en reculant légèrement mon visage pour l’observer. La question pulse dans mes iris ; elle est vouée à être posée, même si je redoute son impact sur l’ambiance. Je la repousse encore de quelques minutes, remontant mes doigts contre sa machoîre. Je rapproche nos deux têtes, comme on le fait si souvent, recherchant notre complicité : « Je t'avais blâmé pour ta fuite, la dernière fois. C'était sacrément hypocrite de ma part, de faire pareil. Mais j'pouvais pas faire autrement. Je songeais à notre dernière nuit à chaque fois que je te voyais, je pensais à notre amitié, qui était en train de se faire la malle. Je parvenais pas à te côtoyer sans voir tout ce que j'étais en train de perdre. Mais tu m'as rien imposé, Magni. C'est moi, qui n'a pas été à la hauteur de tes attentes. Ce que tu voulais, je pouvais pas te le donner. J’étais pas prêt. » J’ai trop repoussé pendant des années les sentiments amoureux partagés dans mes relations, pour ne pas prendre au sérieux le moment où je veux enfin accepter d’en éprouver. Ne pas m’écouter,  ne pas respecter mes limites déjà floues, c’était tout gâcher avant que quoi que ce soit ait pu commencer. Même si tout a failli l’être quand même, en final. Je reprends : « Et je te dis pas que j’aurai pas de doutes ou de remises en question…Je réfléchis toujours trop. Accepter d’aimer quelqu’un, assumer cet amour…C’est nouveau. Et effrayant.  Ce dont je douterai jamais, par contre, c’est à quel point t’es… » Important pour moi. Il le sait. Cette phrase, il pourrait la terminer à ma place et la lire dans mon âme. Je termine donc d’un voix nettement plus moqueuse, avec une lueur joueuse dans mes iris : « …Un foutu con. » Un léger ricanement s’échappe de mes lèvres, que je dépose brièvement sur les siennes. Un baiser volé, qui ne cache pas que je serais tenté de demeurer encore sur ce divan. Pourtant, je me détache à regret de lui. Je me remets debout, cherchant mon pantalon qui traîne…Où ? Je le repère sur une plante – comment a-t-il pu se retrouver là? – et j’extirpe ma baguette de ma poche. Je vais m’occuper de cette foutue épaule…J’ouvre une armoire proche de la fenêtre, dont j’extirpe une minuscule trousse, qui contient mes articles de soin. Je me retourne ensuite vers Magni, demandant avec une fausse nonchalance :  « C’est à quel moment que je te questionne sur le changement d’apparence de ton tatouage…? C’est le genre de sujet qui peut rendre l’ambiance un peu compliquée ou y’a moyen que t’en parle sans remettre ton propre caleçon ?» J’ai essayé de prendre un ton léger, mais je n’y suis parvenu qu’à moitié. L’inquiétude, qui valse d’un peu trop près avec un autre sentiment que je ne veux pas identifier, résonne dans ma voix. Je redoute peut-être, au fond de moi, d’autres secrets qui pourraient m’ébranler.
Magni Hammarskjöld
Magni Hammarskjöld
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I couldn't face a life without your light

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Je ne perds aucune miette de celles roses qui paillettes ses iris. Le tracé de ses doigts sur mon torse puis mon bas-ventre redessine un désir qui ne s'était que légèrement estompé après avoir été momentanément comblé. Mais l'appel de ses yeux qui descendent moins chastement vers le bas et la chaleur de sa peau ravive des brasiers dans mes nerfs. Je suis loin d'être rassasié de sa présence ni de ses attentions. Le manque des derniers mois a créé des vides qui refusent de se remplir aussi rapidement et un sourire gourmand vient mordiller mes lèvres aussi clairement que le rose qui mange ses yeux. « La troisième option est aussi très tentante…Mais ce serait indigne de nous de ne pas profiter de ta présence à Durmstrang pour faire un coup. » J'aime cette espièglerie qui perce dans sa voix et rallume un vert plus brillant que toute à l'heure. Je ne suis pas aveugle, j'avais vu la couleur pâlir en même temps que mon évocation frontale de Syn. Je ne lui en veut pas de n'avoir rien relevé, rien dit, et d'avoir laissé le silence l'entourer de son linceul opaque. C'est un sujet maladroit, qui me place une fois de plus, dans la situation acide du meilleur ami qui n'a rien dit. Qui l'a tenu loin de cette souffrance, de ces épreuves. Loin d'une réalité qui nous séparait, malgré moi. Pressé contre lui aujourd'hui je regrette, parce que je devine comment les chemins auraient été différents dans ma vie si la honte ne m'avait pas retenue de l'impliquer dans cette sordide histoire. « T’as une idée en tête…? Tu peux peut-être chercher, pendant que je vérifier l’état des dits muscles…» Je n'ai pas d'idée précise en tête, et ses caresses sur mon corps ne m'aident pas du tout à réfléchir à une blague drôle, efficace et sympathique pour notre cher ami, deux fois collègue de Markus. Je me laisse entièrement gagner par la vague d'émotions qui déferle dans mes nerfs sous le passage de sa main qui trouve mon dos. Quand sa bouche effleure mon cou, mes yeux se ferment sous les frissons électriques d'envie qui s'étendent jusque dans mon ventre. A cet instant, j'ai bien plus envie de céder à l'option numéro trois qu'autre chose. J'attrape sa hanche, le bras plaqué en travers de son ventre, attirant d'une pression équivoque son corps vers le mien. J'ai besoin de lui. J'ai envie de lui avec une telle certitude que je voudrais croire que cet amour pourrait parvenir à nous faire passer par-dessous tous les cols écharpés de la montagne de ma foutue vie de merde.
La pulpe de ses doigts rencontre la cicatrice encore mouvante du tatouage et un frisson glacé roule le long de la colonne vertébrale. Cette première crevasse ne semble pas être grand chose, il sait déjà pour mon attaque de mars. Normalement. Il me semble ? Je fronce légèrement les sourcils en rouvrant les yeux. Mes souvenirs de cette nuit sont restés flous et la commotion n'a pas aidé les images de la suite à s'ancrer pleinement dans ma tête. Je n'ai qu'un vague rappel de mon arrivée au urgences et de ce que j'ai fais ou non sur les deux ou trois prochains jours.
Markus recule sa tête et là question qui y vibre me fait largement douter d'avoir seulement évoqué le sujet avec lui, même de très loin. Nos fronts se touche, la proximité s'établit et mes inquiétudes s'apaisent dans un souffle mêlé au sien. « Je t'avais blâmé pour ta fuite, la dernière fois. C'était sacrément hypocrite de ma part, de faire pareil. Mais j'pouvais pas faire autrement. Je songeais à notre dernière nuit à chaque fois que je te voyais, je pensais à notre amitié, qui était en train de se faire la malle. Je parvenais pas à te côtoyer sans voir tout ce que j'étais en train de perdre. Mais tu m'as rien imposé, Magni. C'est moi, qui n'a pas été à la hauteur de tes attentes. Ce que tu voulais, je pouvais pas te le donner. J’étais pas prêt. » Je ne le blâme pas pour ça. Jamais. Je suis ne suis pas d'accord avec la dureté de jugement qu'il s'impose. Mais tout ce que je comprends c'est à quel point on a, chacun de notre côté, pris l'entièreté de la responsabilité de l'effondrement de notre amitié, détruisant nous-même ce qu'on voulait à tout prix protéger. Derrière la douceur de sentiments qui s'élancent vers lui, je sens rouler la pierre angulaire de la rage contre notre amitié et nos habitudes qui ne cessent de nous complexifier la vie. Nos foutus égos et nos caractères de têtus trop prompt à se condamner intérieurement au silence dans l'espoir de préserver l'autre de douleurs. La pierre amère en entraîne une autre qui vient boucher un chemin et construire les bases d'un escalier que je voudrais solide et pérenne. Dans la chaleur de son souffle, je jure sur Thor d'essayer de ne pas reproduire encore une fois de ce genre de mauvaise décision. « Et je te dis pas que j’aurai pas de doutes ou de remises en question…Je réfléchis toujours trop. Accepter d’aimer quelqu’un, assumer cet amour…C’est nouveau. Et effrayant.  Ce dont je douterai jamais, par contre, c’est à quel point t’es… un foutu con. » Je rigole doucement avec lui avant que ses lèvres contre les miennes n'en ravissent le souffle. Mais si la fin de sa phrase est une connerie,  le début l'était beaucoup moins. J'espère qu'il trouvera l'envie de me parler de ces doutes et de ces questions. J'espère qu'il sait que je veux être là pour y répondre, le rassurer, serrer ses angoisses contre mon cœur et les transformer en certitudes lumineuses. Il se détache de moi et je ne le laisse partie qu'à regret, emporter avec lui sa chaleur, ses odeurs et les effluves d'un amour qui ne cesse de se multiplier à son contact. Je suis ses mouvements tout fichant mes mains sur l'arrière de mon crâne pour étirer des membres malgré tout légèrement las des mois précédents. Le professeur trouve son pantalon sur une plante, ouvre une armoire pour en sortir ce qui semble être une trousse de soin et mes propres yeux quittent sa silhouette pour chercher distraitement les miettes de mes affaires sans grande conviction. « C’est à quel moment que je te questionne sur le changement d’apparence de ton tatouage…? C’est le genre de sujet qui peut rendre l’ambiance un peu compliquée ou y’a moyen que t’en parle sans remettre ton propre caleçon ?» Un sourire pensif remplace l'amusement qui éclairait mes traits. Une pointe d'incertitude roule sous l'arcade arrondie de mon sourcil qui s'est levé. Je me redresse à mon tour, quittant le canapé d'un geste prompt pour venir me couler vers lui. Mon bras droit passe le sien pour s'enrouler autour de son torse nu tout en déposant un baisé sur son épaule, évitant un maximum les zones marquées par les feux de sa mission. Les baisers s'enchaînent, délaissant l'épaule pour le cou alors que mon ventre glisse contre le sien lorsque je me place face à lui. Mes doigts se pressent contre ses côtes sans que je n'arrête de conquérir le creux sa nuque. « Je peux en parler en faisant en sorte de garder la température élevée si tu veux. » Le murmure chaud glisse contre sa mâchoire, mes lèvres effleurent les siennes sans s'y poser avant de reculer ma tête pour planter un regard tendre dans les iris de Markus. « C'est pas grand chose. Tu te souviens de mon attaque en mars ? La mission où j'ai perdu mon balai ? Il me semblait t'avoir déjà raconté pour le tatouage. Mais j'avoue que mes souvenirs sont assez flous, et pas mal défectueux. » Je fronce les sourcils, Markus sait à quel point je déteste ne pas être en maîtrise de ma mémoire, ce sentiment de fragilité m'est aussi désagréable et d'avaler une potion. « Évidemment ce n'est pas innocent que ce soit ce tatouage qui ait été visé. Après mon interrogatoire de février je savais que Javier était en Europe. J'imagine qu'on peut savoir plus précisément où il était début mars. » Un éclair de haine remplace la tendresse à l'évocation de tous ces souvenirs. On avait débriefé rapidement ensemble après la venue des aurors colombiens, malgré la proximité avec notre dernière soirée ensemble. Celle de la pluie, des aveux brûlants, et d'une étreinte qui se pensait être là dernière. Les informations récoltées avaient été importantes, aux portées inquiétantes et aux perspectives d'une reprise d'une trafique sur le sol Scandinave peu enthousiasmantes. Je reprends d'une voix plus dure que voulu : « Mon enquête tourne en rond pour le moment, mais j'ai peu de doutes sur l'identité de Javier derrière cette attaque et cette nouvelle marque. C'était un truc de Gacha de barrer les mains d'un collaborateur déchu. Qui que ce soit on a voulu me faire passer un message. Sauf que ça été mal fait, ça cicatrise mal. Je pensais vraiment t'avoir évoqué ça rapidement en sortant de l'hôpital. Désolé. » Un soupire aspire la fin du mot et je retourne embrasser son cou avec une douceur qui contraste avec les battements sourds de mon cœur. « J'avoue que cette histoire de mierda était loin d'être le premier de mes soucis ces derniers temps. » Par manque d'envie de me replonger jusqu'au cou dans un dossier dont je voudrais pouvoir me débarrasser une bonne fois pour toute. « Je voudrais que tu puisses me confier tes doutes quand tu en as, quand tu en auras. Et en même temps j'ai bien conscience que niveau de confiance...» Je ne termine pas ma phrase, parce que je ne sais pas comment l'achever. Ma joue caresse la sienne, mes doigts glissent le long de ses côtes avant de se détacher de sa chaleur et de son odeur d'incendie persistante. Je recule d'un pas, un sourire qui oscille entre amusement et dureté contrite. « J'ai pas envie de faire comme si les angoisses de ces derniers mois n'avaient pas existées. On sait toi et moi qu'on a des sujets à aborder. Je te laisserai plus prendre la seule responsabilité de devoir les mettre sur le tapis et me satisfaire des silences pour cacher mes propres craintes. Je me suis tellement enfermé derriere des montagnes pour me protéger ces vingt dernières années, ça me terrifie de déconstruire toutes ces digues. » Ma main se tend vers lui, trouve le torse, remonte jusqu'à la mâchoire, s'y agrippe afin de presser ses lèvres sur les miennes avec une ferveur qui hurle ce je t'aime muet.

Le baiser terminé, je me recule pour de bon, les mâchoires plus serrées que je ne l'aurais voulu encore une fois. Les émotions trop à fleur de peau se superposent les unes aux autres sans parvenir à calmer les plus sombres sous l'éclat des soleils brûlants. Debout, je fouille du regard la pièce, sans parvenir à mettre l'œil sur mon caleçon. « Pour Nyx j'avais pas d'idée précise. Mais dis m'en plus sur ta voisine de chambre. Si on veut lui faire porter le chapeau faut que ce soit crédible. A part être aigrie et peu conciliante sur la vie active de ses voisins, elle enseigne quelle matière ? Est-ce qu'elle serait du genre à ensorceler une poignée de porte pour hurler comme un loup dès qu'on l'actionne en pleine nuit ? Ou métamorphoser son paillasson en dévoreur d'orteils qui récite le règlement de bienséance dès qu'on marche dessus ? » Je ricane doucement, gagné par une vague d'idées toutes plus matures les unes que les autres tout en attrapant finalement mon pantalon glissé sous le bureau, à défaut d'avoir réussi à mettre la main sous le sous-vêtements manquant pour le moment.



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Markus Falkenberg
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Tant pis pour les soins, ce sera définitivement plus tard. Je perds toute volonté -déjà très absente - de m'y mettre lorsque je le vois se lever promptement. Son bras droit s'enroule autour de mon torse, alors que les baisers s'enchaînent, passant de mon épaule à mon cou. Je délaisse ma trousse et ma baguette sur le bord de la fenêtre, pour me concentrer sur ses sensations si apaisantes. Chaque mois d’absence les rend plus intenses ; mon corps semble ne jamais pouvoir se rassasier de le sentir contre moi. Même lorsque nous étions plus jeunes, nous avions l’habitude des contacts. Tout cesser du jour au lendemain a été terriblement rude. Et peu naturel. Son ventre glisse contre le mien, m'arrachant un frisson d'envie, tandis que ses doigts se pressent contre mes côtes. « Je peux en parler en faisant en sorte de garder la température élevée si tu veux. » Je réponds par un grognement rauque, juste avant que ses lèvres n’effleurent les miennes sans s’y poser. Les lueurs rosées reviennent dans mes iris dans lesquels il plante son regard, tandis que j’enroule mon bras autour de lui. « C'est pas grand chose. Tu te souviens de mon attaque en mars ? La mission où j'ai perdu mon balai ? Il me semblait t'avoir déjà raconté pour le tatouage. Mais j'avoue que mes souvenirs sont assez flous, et pas mal défectueux. » Et je sais qu’il déteste ce phénomène, lorsqu’il ne maîtrise pas sa mémoire. Mes yeux s’adoucissent, alors que ma main continue de glisser contre son dos.  Je me souviens de l’attaque, mais pas du tatouage. Mes sourcils se sont légèrement froncés, alors que j’attends la suite de l’histoire. C’était déjà difficile en mars de ravaler toute mon inquiétude et de résister à la tentation d’observer chaque parcelle de son corps, à la recherche d’une blessure qu’il aurait négligée – ou à la recherche d’une excuse. J’avais essayé de demeurer factuel, lorsqu’il m’en avait parlé, même si la colère avait glissé dans mes veines. « Évidemment ce n'est pas innocent que ce soit ce tatouage qui ait été visé. Après mon interrogatoire de février je savais que Javier était en Europe. J'imagine qu'on peut savoir plus précisément où il était début mars. » Pas innocent et plutôt inquiétant. Je n’aimais pas ce Javier, mais mes sentiments à son égard tendent de plus en plus vers la hargne, franche et brûlante. J’ai totalement confiance en les compétences de mon meilleur ami ; j’ai moins confiance en ceux qui sont assez lâches pour attaquer de dos. « Mon enquête tourne en rond pour le moment, mais j'ai peu de doutes sur l'identité de Javier derrière cette attaque et cette nouvelle marque. C'était un truc de Gacha de barrer les mains d'un collaborateur déchu. Qui que ce soit on a voulu me faire passer un message. Sauf que ça été mal fait, ça cicatrise mal. Je pensais vraiment t'avoir évoqué ça rapidement en sortant de l'hôpital. Désolé. » [/color] Il n’a pas à l’être. J’aurais pu demander plus de précisions sur ses blessures, lorsqu’il m’avait parlé de cet épisode. Je ne l’ai pas fait. C’était difficile de conserver une distance, tout en faisant semblant qu’il n’en avait pas une. Faire comme d’habitude, quand tout était différent. Et j’ai encore été peu présent dans sa vie, dans un épisode douloureux.

Il embrasse de nouveau mon cou, mais mes pensées sont ailleurs. Je songe à ce Gacha, à Javier, au message qu’on a pu vouloir lui passer. Et je sens mes veines qui s’embrasent, sous une rage que j’étouffe entre deux inspirations. « J'avoue que cette histoire de mierda était loin d'être le premier de mes soucis ces derniers temps. » Mes doigts se resserrent davantage contre le dos de Magni, mes ongles s’enfonçant légèrement dans sa peau. Nos ventres sont toujours serrés l’un contre l’autre et mon cœur cherche à suivre le rythme du sien ; s’il lui arrivait quoi que ce soit, si je le perdais lui aussi, je poursuivrais avec hargne tous les responsables. « Je voudrais que tu puisses me confier tes doutes quand tu en as, quand tu en auras. Et en même temps j'ai bien conscience que niveau de confiance...» Je suis soulagé qu’il ne termine pas sa phrase. Je ne veux pas l’entendre, parce que je ne pourrais pas entièrement la contredire. Et je ne veux pas m’embarquer dans un sujet, alors que nous avons déjà perdu trop de mois. Je veux profiter de lui ici et maintenant, en oubliant momentanément ce qu’il y a eu avant. Sa joue caresse la mienne et ses doigts glissent contre mes côtes, avant de se détacher de moi. Ma main quitte son dos alors qu'il recule d'un pas, son sourire partagé entre deux émotions : « J'ai pas envie de faire comme si les angoisses de ces derniers mois n'avaient pas existées. On sait toi et moi qu'on a des sujets à aborder. Je te laisserai plus prendre la seule responsabilité de devoir les mettre sur le tapis et me satisfaire des silences pour cacher mes propres craintes. Je me suis tellement enfermé derriere des montagnes pour me protéger ces vingt dernières années, ça me terrifie de déconstruire toutes ces digues. » Moi, j’ai envie de faire comme si elles n’avaient pas existées. Au moins pour cette nuit. Au moins pour les prochaines heures. Après, je lèverai entièrement le rideau du déni. Mais je ne veux pas que les événements des derniers mois me limitent ; je ne veux pas trop songer. Je préfère agir par impulsion et évaluer ensuite. Sa main retrouve mon torse, puis agrippe ma machoîre. La mienne glisse derrière sa tête, alors que ses lèvres se pressent sur les miennes. Notre baiser est bavard : à son je t’aime muet, je rétorque par un moi aussi fiévreux.

Lorsque nos visages se séparent enfin l’un de l’autre et qu’il se recule, je ressens cruellement son absence. Comme lorsque je sors de mon abri chauffé, en plein hiver, dans un froid différend du cocon dans lequel je me trouvais. J'observe ses machoîres serrées et les émotions qui se superposent dans son regard, que le mien s'apaise, reprenant ses teintes de vert. « Pour Nyx j'avais pas d'idée précise. Mais dis m'en plus sur ta voisine de chambre. Si on veut lui faire porter le chapeau faut que ce soit crédible. A part être aigrie et peu conciliante sur la vie active de ses voisins, elle enseigne quelle matière ? Est-ce qu'elle serait du genre à ensorceler une poignée de porte pour hurler comme un loup dès qu'on l'actionne en pleine nuit ? Ou métamorphoser son paillasson en dévoreur d'orteils qui récite le règlement de bienséance dès qu'on marche dessus ? » Un rire m’échappe, franc, tandis qu’il met la main sur son pantalon. Je jette un coup d’œil autour de moi, sans voir le caleçon manquant – et je ne vais pas m’en plaindre. Peut-être que l’une des fylgya s’est barré avec…? Je ricane de nouveau, tout en me dirigeant vers un panier de vêtements à plier, à mi-chemin entre le bureau et le divan. J’attrape un caleçon avec des phacochères, que je tends à Magni avec un sourire tout aussi large que si j’étais un gamin de dix ans sur le point de faire un mauvais coup : « Tiens, il est propre. Même si je suis pas contre l’idée que tu mettes rien en-dessous » J’appuie ma phrase d’un clin d’œil, avant de retourner proche de la fenêtre, où j’ai déposé précédemment ma baguette et la trousse de soins. Je l’ouvre avec peu d’intérêt, tout en répondant à sa question sur l’enseignante : « Elle enseigne l’histoire ancestrale. Elle était ravie de mon voisinage, tant qu’elle croyait que je respectais les règles de ma famille. Elle a un peu déchanté une nuit, quand elle a compris que je n’aurais pas d’héritiers naturels et que je refusais d’accomplir mon devoir. Elle est âgée, et trop attachée aux douzes. » Traditionnelle et un peu arriérée. Elle m’avait fait des allusions bien lourdes, au sujet de Nyx, après l’avoir vu sortir de chez moi. Je ne l’avais pas détrompée, elle m’emmerdait trop. En quoi ma vie personnelle peut bien la concerner, de toute façon ? Je prends une lingette désinfectante, que je tapote distraitement sur mon épaule, avec autant de finesse que si je lavais un plancher : « Le loup j’sais pas, mais le paillasson, elle en serait totalement capable. On pourrait peut-être lui jouer un tour à elle aussi ? Ils s’accuseraient ensuite mutuellement, ça peut être marrant. Et je pourrais ensuite te montrer ma chambre, pour le peu d’heures qu’il restera.» Très, très peu d’heures. C’est peut-être juste une excuse. Je lance un sort d’extraction sur la blessure, pour retirer les saletés qui ont pu subsister au nettoyage préalable qu’a fait Magni précédemment, et à ma superbe désinfection consciencieuse. J’oppose ensuite – ou plutôt je colle avec un léger rictus de douleur – un pansement blanc sur la plaie. Ça devrait faire le boulot.

Je range la trousse et enfile le pantalon que j’ai trouvé quelques minutes plus tôt, avant de me retourner vers l’auror. Mes yeux trahissent le mélange émotionnel qui m’habite : tendresse, inquiétude, amusement. Une drôle d’association : « Tu m’avais pas parlé de ton tatouage, mais je t’avais pas non plus questionné sur le sujet. Je l’avais pas remarqué. Je crois que j’ai jamais passé autant de mois sans te voir torse nu, en fait. » J’avais bien remarqué les muscles de ses bras ; l’intérêt que j’y portais était suffisant pour me signaler qu’il valait mieux que je ne vois pas le reste. J’avais évité les douches communes, pour ne pas que mes iris trahissent trop clairement l’envie que je pouvais avoir de lui. Envie de le toucher, de le regarder, de l’effleurer. Mais de serrer simplement mon meilleure pote dans mes bras, aussi. Comme avant. J’abandonne ma baguette contre le rebord de ma fenêtre, encore, pour me rapprocher de lui. Ma main glisse contre sa joue, alors que j’affirme : « Déconstruire les digues me terrifie aussi. Je me suis pas enfermé derrière des montagnes, mais j'ai pas l'habitude d'aborder certains sujets. Et j’aurais plutôt tendance à garder mes doutes pour moi, pour les traiter seul, que de te les balancer dessus.» Ce genre d’habitude est difficile à rompre. Mais pour lui, pour nous, je suis prêt à tout. Mon pouce caresse sa machoîre, juste avant que mes lèvres ne s’y posent, en un baiser bref : « Que tu sois là, avec moi, contre moi…J’ai jamais été aussi heureux dans la dernière année. Et j’ai peur de merder. » Sauf que je veux croire que c’est possible. Qu’après tout ce par quoi on est passé, on aura droit, enfin, à des mois paisibles.
Magni Hammarskjöld
Magni Hammarskjöld
GÖTEBORG Livet är en kamp, ​​du måste förbereda dig för striden

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Son rire résonne en réponse à mes propositions lancées au hasard de pensées qui improvisent des idées stupides au fur et à mesure où elles se déploient dans ma tête. Que j'aime ce rire, par Thor. Combien de ceux-ci ont inauguré des départs de blagues et des après-midi de conneries ? Mon franc sourire légèrement fier est celui qui augure une réflexion déjà en cours d'un plan A et B pour arriver à nos fins. J'ouvre une nouvelle chambre mental de réflexion, punaisant les différents éléments sur un tableau afin de pouvoir agrémenter au mieux les idées de bases et étoffer tout autour une toile d'opération sans accroc. Car nous faire prendre ne nous arrive jamais. N'est-ce pas ? Le pantalon en main, peu impatient de le remettre sur moi, je suis les mouvements de Markus qui se diriger vers une pile de linge avant de me rendre un sous-vêtements en remplacement de celui manquant. Un habit digne des plus grands dressing de mon meilleur pote. Un foutu caleçon aux dessins de phacochères ridicules. Je lève les yeux au ciel, exaspéré par son sourire d'enfant trop fier de sa connerie, et par sa capacité à avoir un stock de vêtements aux graphiques douteux toujours à disposition. « Tiens, il est propre. Même si je suis pas contre l’idée que tu mettes rien en-dessous » Je réponds à son clin d'œil par un autre, enflammé d'une soudaine chaleur lubrique. L'idée était celle de départ, à défaut d'avoir retrouvé le mien, mais j'attrape d'un geste brusque le caleçon tendu à la place par pur esprit de contradiction et commence à l'enfiler alors qu'il s'en retourne près de sa fenêtre et de sa trousse de soins. « Elle enseigne l’histoire ancestrale. Elle était ravie de mon voisinage, tant qu’elle croyait que je respectais les règles de ma famille. Elle a un peu déchanté une nuit, quand elle a compris que je n’aurais pas d’héritiers naturels et que je refusais d’accomplir mon devoir. Elle est âgée, et trop attachée aux douzes. » Trop attachée aux Douze et professeur d'histoire ancestrale ? Un rictus amusé étire mes lèvres, presque trop heureux de trouver un bouquet d'idées nouvelles qui pourraient rendre celle du paillasson crédible. Et franchement drôle. Je n'ai pas relu le règlement dans ses moindres détails depuis l'entrée d'Aren à Durmstrang, mais j'imagine que les articles sur les mœurs n'ont pas tellement évolués, et mes nombreuses heures de colles à en recopier la moindre virgule m'ont au moins permis de les connaître encore aujourd'hui par cœur. Ils avaient été nombreux à l'époque à tenter de me les faire appliquer, soit-disant que mes nombreuses « pavanades amoureuses frisant l'indécence » étaient indignes de cette institution. Ils n'avaient réussi qu'une chose, me donner plein de jolies phrases toutes bien tournées pour répondre à leurs remontrances et pointer leurs propres manquements occasionnels au règlement. En toute amabilité. Est-ce que cette histoire de blagues commence à me monter un peu trop à la tête ? Probablement. Si Markus avait la tête d'un gamin de dix ans avec son caleçon phacochères, mon propre sourire impatient ne doit plus être très loin de ceux que j'affichais, désinvolte, à la tête de nos chers professeurs.
Le caleçon sur les hanches, le pantalon sur le sol, je regarde les gestes doux, délicat et précis de Markus qui tente de se soigner avec une efficacité d'éruptif dans une forêt de pins. Je ricane légèrement, vu nos nombreuses blessures, on pourrait croire que nous sommes habitués et consciencieux dans les soins qu'on s'administre. Et pourtant la réponse est toujours négative. J'ai même l'impression que lui comme moi on devient de plus en plus paresseux sur la question. A croire que l'âge de la sagesse n'est pas encore pour nos quarantaines en approche. « Le loup j’sais pas, mais le paillasson, elle en serait totalement capable. On pourrait peut-être lui jouer un tour à elle aussi ? Ils s’accuseraient ensuite mutuellement, ça peut être marrant. Et je pourrais ensuite te montrer ma chambre, pour le peu d’heures qu’il restera. » Va pour le paillasson alors, c'est l'option que je préférais également, celle avec le plus de possibilités d'expression de nos génies créatifs. J'acquiesce à sa proposition de jouer le tour pendant à la vieille sorcière en même temps pour parfaire le comique d'une situation qui promet de beaux éclats de voix. Je suis presque déçu de savoir par avance que je n'aurais pas l'occasion d'être témoins de ces scènes qui promettent d'être savoureuses à regarder. Tant pis. Je me contenterai des récits du Falkenberg. Falkenberg qui se prend un nouveau clin d'œil agrémenté d'une nouvelle étincelle de désirs. D'un regard largement appuyé, je me régale de son torse encore dénudé. Je n'ai même pas besoin d'exagérer la chaleur de mes yeux tellement l'envie réelle est déjà hautement brûlante. Ces derniers mois ont été froids loin de son contact, emplis d'une frustration contrainte. Mes doigts habitués à effleurer sa mâchoire, tâter les contours de ses muscles, glisser dans le creux de son dos, et enserrer ses épaules avaient dû passer leurs frustrations dans les poings frappés contre les sacs et les corps d'autres boxeurs. Je m'étais astreint à éviter de poser trop longtemps mes yeux sur lui, pour éviter les bouffées de désirs d'envahir mes nerfs. Un foutu manque de lui, de ses contacts, de son front contre le mien, de notre proximité aussi ancienne que notre amitié. Peut-être bien même que de notre première rencontre, enfant.
Les yeux rivés sur lui, je ne perds rien de ses gestes, la douleur quand il pose avec la même délicatesse que précédemment, un pansement sur la plaie nettoyée. Je rate encore moins les muscles qui roulent sous la peau quand il remet son pantalon en place et l'envie de revenir m'agripper à ses hanches me gonfle la poitrine dans un souffle chaud. Un foutu manque qui devenait beaucoup trop problématique et qui ne sera pas comblé de si tôt. « Tu m’avais pas parlé de ton tatouage, mais je t’avais pas non plus questionné sur le sujet. Je l’avais pas remarqué. Je crois que j’ai jamais passé autant de mois sans te voir torse nu, en fait. » Mes iris remontent avec lenteur jusqu'à ses yeux pendant que Markus reprend la parole pour revenir d'une voix plus sérieuse sur mon tatouage et sa sublime défiguration. Je tique néanmoins sur sa réponse, et pour cacher mon trouble je me penche pour attraper mon pantalon et commencer à l'enfiler à mon tour. Je suis prodigieusement agacé d'apprendre que ma mémoire est aussi tronquée concernant cet épisode, et je déteste encore plus l'idée d'avoir pu lui donner l'impression de lui cacher quelque chose. Encore une fois. Mais Markus ne me laisse pas l'occasion de plonger plus loin dans des réflexions dangereuses, je boutonne tout juste mon pantalon quand il pose sa main sur la joue dans une caresse qui chasse ces questions-là pour le moment. « Déconstruire les digues me terrifie aussi. Je me suis pas enfermé derrière des montagnes, mais j'ai pas l'habitude d'aborder certains sujets. Et j’aurais plutôt tendance à garder mes doutes pour moi, pour les traiter seul, que de te les balancer dessus.» Ma joue se pousse légèrement contre les doigts qui y glissent, mes lèvres rendent le baiser rapide avec cette explosion de bonheur qui ne cesse de faire encore des fleurs dans mon ventre à chacune de ses retrouvailles intimes.  « Que tu sois là, avec moi, contre moi…J’ai jamais été aussi heureux dans la dernière année. Et j’ai peur de merder. » La tendresse s'enroule dans mes fibres en même temps que mes bras autour de son dos. Inlassable, je me sers contre lui, une étreinte douce, chaude, de ce besoin profond d'être contre lui. Chez moi, au creux de ses bras. « On se fait une soirée camping ce weekend ? J'ai découvert un coin qui devrait te plaire. J'ai envie de passer les trois prochains mois, au minimum, collé à toi tellement tu m'as manqué. Je crois que je suis encore trop plein de la frustration de pas avoir pu mettre ma main sur ta cuisse le mois dernier au bar. J'arrivais même pas à me concentrer sur Karen qui racontait tes exploits de mission tellement j'essayais de me contenir. » Je ricane avant de reprendre la parole : « Ça m'fais chier de pas t'avoir dit plus tôt pour le tatouage, Javier tout ça. Vraiment. J'en ai marre de te donner l'impression de pas te donner toutes les infos alors que je supporte plus ces conneries. Je veux plus merder là-dessus. » Je marmonne, encore plus agacé qu'avant par les souvenirs distordus de ce trois mars dernier. « On en reparlera plus tard, j'ai plutôt envie de profiter de ton amour des caleçons douteux et de tes idées lumineuses pour entretenir les bonnes relations entre éminents professeurs. On part sur un paillasson mordeur et moralisateur pour Nyx et quoi ? Un oeil inquisiteur qui lui bloque l'entrée de sa chambre si elle lui fait pas de jolis sourires ? A toi de trouver l'idée, je connais les articles du règlement sur le respect des bonnes mœurs par cœur je peux me charger du paillasson. » Le sourire radieux de l'enfant fier de sa connerie chasse les ombres précédentes avec une facilité que l'endorphine qui noie mes veines rend plus simple. Dans un regard pétillant d'enthousiasme, je rompt une nouvelle fois l'étreinte pour continuer le processus d'habillement à moitié entamé. Je retrouve mon haut au pied du canapé et m'empresse de l'enfiler tout en lui lançant une dernière phrase pleine d'impatience. « Plus vite t'auras remis ton t-shirt, plus vite on pourra revenir ici pour que tu me montres ta chambre, peut-être, et que tu me retires cet horrible caleçon phacochères qui n'est drôle que sur tes fesses. » Même si toute la partie comprise entre ces deux actions m'enthousiasme tout autant pour l'instant que la perspective de retrouver la chaleur nue de son corps contre le mien.



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Markus Falkenberg
LÆRERTEAM Den som talar mycket säger sällan vad som är bra
Ses bras s'enroulent autour de mon dos, dans une étreinte qui comble à peine l'immense besoin de le sentir près de moi. Ce manque incroyablement difficile à combler me confirme ce que je soupçonnais déjà, dans les derniers mois : il aurait suffit d’un contact un peu trop prolongé pour que je cède à mon envie de retrouver la proximité de mon meilleur ami. « On se fait une soirée camping ce weekend ? J'ai découvert un coin qui devrait te plaire. J'ai envie de passer les trois prochains mois, au minimum, collé à toi tellement tu m'as manqué. Je crois que je suis encore trop plein de la frustration de pas avoir pu mettre ma main sur ta cuisse le mois dernier au bar. J'arrivais même pas à me concentrer sur Karen qui racontait tes exploits de mission tellement j'essayais de me contenir. »J’ai encore cet épisode au travers de la gorge. Comment oublier la douleur de le sentir à la fois si proche et si loin ? Comment oublier tous les non-dits dans des phrases en apparence banale ? Chaque mot accentuait cette nette impression que notre amitié filait de son côté, sans nous emporter dans sa traversée. Et cette jambe, serrée contre la mienne…Ce moment d’intimité volé dans l’ouragan, dont je profitais coupablement, sans pouvoir m’en détacher. Ce souvenir est douloureux et ressemble à tant d’autres ; l’ensemble de nos moments forcés, où on feignait que rien n’avait changé. « Ça m'fais chier de pas t'avoir dit plus tôt pour le tatouage, Javier tout ça. Vraiment. J'en ai marre de te donner l'impression de pas te donner toutes les infos alors que je supporte plus ces conneries. Je veux plus merder là-dessus. » La pression de mes doigts s’accentue, comme pour lui signaler que c’est sans importance. Et je suis presque sincère. Cette nuit, rien d’autre n’a importance que nous deux, ici et maintenant. Je ne veux pas songer à cette histoire d’infos, à tout ce qui a bouleversé nos habitudes amicales depuis décembre. Et en même temps…Même sans vouloir y penser, je suis soulagé, de savoir que ce n’est pas parce qu’il ne voulait pas m’en parler. « On en reparlera plus tard, j'ai plutôt envie de profiter de ton amour des caleçons douteux et de tes idées lumineuses pour entretenir les bonnes relations entre éminents professeurs. On part sur un paillasson mordeur et moralisateur pour Nyx et quoi ? Un oeil inquisiteur qui lui bloque l'entrée de sa chambre si elle lui fait pas de jolis sourires ? A toi de trouver l'idée, je connais les articles du règlement sur le respect des bonnes mœurs par cœur je peux me charger du paillasson. » Je souris, rapidement rattrapé par ce sujet plus joyeux, prompt à saisir au vol tous les soleils qui passent. Éternellement un gamin, aussi. Devant la perspective d’un coup à jouer, bien des nuages ont quitté mon regard dans le passé.

Mon enthousiasme semble partagé : mon sourire s'accentue devant celui de mon meilleur ami, qui se détache une nouvelle fois de moi. Il enfile malheureusement son t-shirt, tandis que des sons dans l'escalier m'indiquent qu'un ours, ou deux, ou un troupeau d'éléphants, descendent l'escalier. « Plus vite t'auras remis ton t-shirt, plus vite on pourra revenir ici pour que tu me montres ta chambre, peut-être, et que tu me retires cet horrible caleçon phacochères qui n'est drôle que sur tes fesses. » Je lui jette un coup d’œil moqueur, comme si je pouvais voir à travers son pantalon ce que j’ai aperçu beaucoup trop rapidement tout à l’heure : « Je t’assure que c’est tout aussi drôle sur les tiennes. » Ceci dit, ce le serait probablement sur n’importe qui. J’ai toujours apprécié les trucs un peu kitsch, que je planquais dans mes tiroirs à l’époque où je vivais chez mes parents, pour ne pas décourager ma mère.

Je pars à la recherche de mon haut, avec une volonté plus ou moins élevée. Ma voix s’élève alors que je mets la main dessus, non loin du divan :  « J’suis totalement partant pour le camping. Et pour les trois prochains mois, aussi. Avec l’été j’aurai plus trop de raison de squatter à Durmstrang. » Mon ton est enthousiaste et je le suis, réellement. Mais ma peur de rêver trop fort ne s’est pas éteinte ; qu’on puisse enfin retrouver notre amitié, après tous ces mois plus difficiles, est presque douloureux. J’enfile mon t-shirt en un mouvement trop vif, qui m’arrache un léger rictus. Les brûlures ou l’épaule ? Quelle importance. Elles sont sans intérêt. Elles ne m’empêcheront pas de profiter de chacune des minutes de ses retrouvailles.  Nonchalamment, je lance :  « Vaut peut-être mieux que tu aies pas écouté ce que Karen racontait sur mes mission. J’ai été un peu…téméraire, dans les derniers mois. J’aurais engueulé mes étudiants s’ils avaient agi de la même façon. » Une légère inquiétude m’effleure alors que je songe à elle et à sa blessure de ce soir. Un soucis instable, éphémère, qui s’évapore rapidement. On s’est tous cassé la jambe un jour ou l’autre ; elle s’en remettra. Mon sourire revient, alors que je rajoute :  « Mais j’doute pas que tu aies été aussi con que moi, sur ce plan. » Deux têtes brulées. Je me demande comment font les autres personnes, lorsqu’elles vivent des émotions trop intenses, et qu’elles ne peuvent les passer dans l’adrénaline ou le combat. Elsa à l’époque me parlait de méditation, de nage et de courses dans les bois. Seule la dernière option m’intéressait.

Je boucle ma ceinture, ajustant mon étui, avant de reprendre ma baguette sur le bord de la fenêtre. Mes yeux pétillent d’une malice immature et ma voix est beaucoup trop espiègle :  « Mon amour pour les magnifiques caleçons peut peut-être me servir à entretenir les bonnes relations entre éminents professeurs. Attends. » Dans la pile de vêtements à plier, j’extirpe un autre caleçon, cette fois avec des motifs de lune. Je déplie légèrement la bordure, de façon à pouvoir y écrire quelque chose. Je me dirige ensuite vers ma table à dessin, pour attraper un stylo permanent. D’un J’identifie le vêtement : Nyx. Un sort vient atténuer la netteté de l’encre, comme si le caleçon avait été lavé à de multiples reprises. J’agite l’objet au-dessus de ma tête, geste débile qui m’arrache une nouvelle crispation de mâchoire, que je camoufle partiellement dans un sourire :  « On peut mettre ça avec maturité sur sa poignée, avec en prime l’œil inquisiteur. Un peu comme une signature. » J’ai laissé mes trente-neuf ans dans un coin de la pièce ; je suis assurément retombé à treize. Et ça me fait du bien, de me laisser simplement sombrer dans la joie, dans cette complicité si naturelle que nous avons toujours eue. Mes yeux espiègles de professeur de combat extrêmement sérieux et professionnel se posent sur l’auror, tandis que je demande :  « T’as un plan si quelqu’un te remarque ? Et on le fait ensemble ou séparé ? Ensemble, y’a le risque de tellement rire que tu te ferais choper en moins de dix secondes. Peut-être quinze. Mais séparé…J’aurais peur que tu te trompes de chemin, après tout ce temps, et que tu reviennes pas. » Les deux adolescents que nous étions jadis auraient sûrement apprécié ce plan. Je ponctue ma phrase d’un clin d’œil, avant que le dit œil ne change de couleur : il devient brun, comme mes cheveux qui s’allongent. Mes traits se transforment, de façon mineure. Mes lèvres s’épaississent, ma mâchoire se fait plus carrée et mon nez s’amincit. Je ne pousse pas la transformation jusqu’à modifier ma morphologie, même si je suis loin de me fatiguer autant que lors de cette mission ensemble au port. Pouvoir changer d’apparence m’a toujours été trop utile pour éviter des retenues, dans le passé…En théorie. Parce qu’en pratique, les professeurs étaient loin d’ignorer quel était l’acolyte de Magni, qu’importe la couleur de mes cheveux.
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