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Tendre est la nuit - ouvert
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Gunnar Mørk
Gunnar Mørk
LÆRERTEAM Den som talar mycket säger sällan vad som är bra
Antonia était partie. Elle s’était évanouie dans la nuit, pour, jusqu’à maintenant, semblait-il, ne jamais revenir. Elle était partie sans un mot, sans un avertissement – si ce n’était toutes ces années de cris silencieux pendant lesquelles leur relation s’était effritée morceau par morceau, pendant lesquelles il s’était noyé dans son travail et elle dans l’alcool, deux naufragés noyant l’autre en tentant de survivre, quelque chose comme ça. Maintenant, le vent l’avait emportée, semblait-il. Elle l’avait quitté.
Ou elle était sortie, elle était tombée, s’était cassé la cheville dans un ravin, avait perdu sa baguette magique, était trop faible pour formuler un sort, quelque part entre l’acte manqué et la pure malchance, et elle attendait et l’espérait et le maudissait et il ne parvenait pas à être à la hauteur de ses promesses, de la protéger et de la chérir jusqu’à la fin, et là aussi, c’était à l’image de leur longue vie commune, vécue en parallèle, sans jamais, au final, avoir réussi à se croiser. Elle était morte, abandonnée, perdue.

Ou elle avait été enlevée, par quelqu’un qui lui en voulait à lui, ou à elle, ou au monde entier, et son nom était maintenant sur la liste des disparus à côté de celui d’Andor, et, si rien ne changeait, si aucun mystère n'était élucidé, son nom se transformerait bientôt en statistique, en fait divers, en légende urbaine, mais encore une fois, cela témoignerait de son échec, pas seulement en tant que mari mais aussi en tant qu’ex Kommander de la marine, impuissant face à l’inconnu, alors qu’ils étaient pourtant de si puissants sorciers. Elle avait disparu.

Alors pour un soir, Gunnar aussi décida de disparaître, de s’évanouir dans la nuit, de partir sans le dire à personne – le problème, c’est qu’il n’aurait, de toute façon, plus resté personne à avertir. Il était déjà à Goteberg, surveillant leur appartement citadin pendant que Boris gardait le fort à Svalbard, guettant la moindre trace de vie de sa femme. Incapable de calmer son esprit, il prit sa trompette et sortit. Et nous ne donnerons pas les détails de ses allées et venues, ni ne ferons la description horaire de sa soirée, de la sortie de son domicile au moment qui nous intéresse, en partie parce que lui-même ne saurait la raconter, et en partie parce que le fil logique de ces soirées est parfois difficile à suivre, et qu’il est mieux, et surtout plus facile, de le suivre et d’accepter d’être là où il nous a mené.

Cet endroit, au moment qui nous intéresse, c’est la petite scène d’un bar. Sur cette petite scène, des musiciens, qui, au début de la soirée, jouaient fort probablement fort convenablement. Mais leur jazz poli s’était peu à peu, au fil des verres et des heures et des conversations et des musiciens joignant et quittant la scène, transformé en jazz fusion, qui parfois, allait jusqu’à perdre toute référence au jazz. Et Gunnar ne semblait pas prêt de s’essouffler, peut-être était-ce dû à ce qu’il avait ingéré, peut-être était-ce l’exaltation, la libération de la musique, allez savoir.

Ce soir, Gunnar abandonnait, il acceptait d’avoir perdu le contrôle, et ne s’en cachait pas. Il l’étalait au grand jour, à moitié protégé, pensait-il, par l’anonymat de la ville, par sa désinhibition, par son statut de retraité qui faisait en sorte que son nom perdurerait plus longtemps que son visage.

Sauf qu’il avait oublié qu’il était maintenant professeur.
Alfhild Mørk
Alfhild Mørk
TRØBBEL För att nå toppen av trädet måste du sikta mot himlen

Tendre est la nuit

Fin juillet 2022 | Nuit



Tout avait commencé après une question lancée à la cantonade dans leur tout nouvel appartement. Elle avait demandé qui était partant pour l'accompagner ce soir fêter Sleipnir avec elle, et évidemment, Vence avait répondu présent. Leo n'était pas présent et Fen travaillait ou quelque chose comme cela, en tout cas il avait décliné. En somme, ils s'étaient à nouveau retrouvé tous les trois, deux Lund et une Mørk à parcourir les rues de son nouveau quartier. Certes, elle aurait aimé passer la journée et la nuit entière à fêter le cheval mythique, mais depuis le début du mois elle travaillait, si bien qu'Alfhild n'avait eu que sa soirée. Et le matin le réveil sonnait tôt. Et il se trouvait qu'Ozymandias, tout cousin qu'il était, n'appréciait pas trop que sa jeune stagiaire arrive tout juste à l'heure. Et donc, la Mørk essayait tant bien que mal d'allonger ses nuits de sommeil. Mais Hel que ce n'était pas facile.
Surtout pas ce soir. Après tout, Sleipnir était le demi-frère de Hel. Et si sa célébration était un peu passée de coutume, elle aimait bien, Alfhild, célébrer la vie personnifiée sous cette forme équine à huit pattes.

Elle était ravie Alfhild de pouvoir découvrir un peu plus son quartier. Bien qu'elle connaisse déjà beaucoup de rue de celui-ci, le parcourir en étant officiellement une résidente, ça la grisait un peu plus. Sa vie avait l'air plutôt fluide ces temps-ci. Elle avait même réussi à la perfection son sortilège de sourdine pour sa chambre et éviter les désagréments de ses nuits agitées à ses colocataires.

Ils avaient déjà fait un bar, Jove, Vence et elle, lorsqu'elle exprima son envie de musique. "Et si on allait écouter du jazz pour une fois ?" Ca commençait à la peser un peu Alfhild de voir toujours les mêmes têtes. Entre les Sans-noms et les soirées, elle avait l'horrible impression de pouvoir identifier tout Götebord. Dreymir le rossignol chantait déjà ses trilles à tue-tête près de l'oreille du paresseux, lui murmurant de temps en temps des phrases visiblement excitées. Sans doute essayait-il de convaincre la Fylgia du bien fondé de cette requête singulière. Car Jove pas besoin de le convaincre, il avait l'air convaincu par tout dès qu'on lui proposait la perspective de danser. Vence par contre, il avait eu l'air moins certain. Alors Dreymir s'était mêlée aux négociations. Et c'est ainsi qu'ils passèrent tout trois la porte d'un bar aux allures accueillantes. Une douce mélopée languissante de trompette s'étirant dans la rue à chaque ouverture de porte. "C'est vrai que c'est quelque chose à laquelle je pense pas assez souvent finalement, aller écouter du jazz en live. Parce que c'est plutôt tout un mood que j'apprécie bien, avec une bonne tasse de thé noir." Vence semble vaguement acquiescer avant de s'engouffrer derrière Jove et Alfhild.

Ils trouvent une table un peu en retrait, elle ne donne pas directement sur la scène et c'est très bien. "Je paye cette tournée ! Après tout c'est moi qui vous traîne ici contre gré d'au moins un d'entre vous. Allez V, je te prends un whisky ? Un verre de vin rouge ? Un cocktail à la fraise ?" Elle rigole Alfhild, cela l'amuse grandement. Comme la pression de la journée qui s'évacue.
Ils sont là, à rire un peu trop forts, à siroter leurs boissons, sans trop soucier des autres, et à écouter les airs s'enchainer les uns après les autres dans un rythme fort plaisant, lorsque la sorcière décide de s'intéresser un peu plus à la scène et aux musiciens qui jouent vraiment bien ce soir, pour un bar de quartier. Ses yeux bondissent avec ravisement d'une personne à l'autre, détaillent pendant quelques secondes les doigts et les gestes des musiciens, appréciant leurs habilités respectives. Lorsque ses pupilles s'accrochent sur un visage trop connu. Elle tousse Alfhild. Prise de stupéfaction elle a avalé de travers la gorgée de son verre de vin. Elle tousse tout en gardant le regard rivé sur la scène. "Mais non. Les gars. Vous ne devinerez jamais qui est sur scène." Murmure-t-elle d'une voix encore irritée par la gorgée partie dans le mauvais sens. Les sorciers s'étonnent de son trouble, elle pointe du menton le trompettiste avant d'aligner les faits "C'est mon oncle. Gunnar MørK. Le patriarche comme on l'appel dans ce genre de famille." "Mais non". "Mais si." "Mais arrête" "Je te jure" "Trop drôle. Il a un bon rythme pour un vieux" "Mais qu'est-ce qu'il fait là" "Ah ça".
Ah ça s'était une véritable énigme pour Alfhild. Certes, elle avait déjà entendu Gunnar jouer de la trompette, rarement, presque jamais, mais une fois ou deux, au cours de toutes ces années à vivre dans son manoir. Mais jamais elle n'aurait soupçonné qu'il était du genre à venir, en catimini, exercer son talent sur la scène modeste d'un bar de quartier populaire. C'était si loin de tout. De lui. Alfhild se repoussa dans son fauteuil. Soudain pensive. Cela l'étonnait et quelque part, l'effrayait. Voir une personne agir à l'opposé de ce qu'elle a toujours fait. C'est terrifiant.
Après Fred, lui aussi ?
Trop impressionnée pour faire quoi que ce soit, elle continua à siroter son verre, l'innocence du moment en moins. Soudain la musique lui était devenue plus pesante. Et alors qu'elle songeait à partir, la musique commença à ralentir, après une session particulièrement effrénée. Et peut-être que, emportée par l'élan de vie de Sleipnir, elle se leva d'un coup au moment où la musique reprenait son souffle, traversa les quelques pas qui la séparait de la scène, et lança un superbe "Woah, cher oncle, je ne savais pas que vous maniez si bien votre instrument comme ça, en improvisation complète". Et il est vrai qu'elle était impressionnée par cette découverte incongrue et qui relevait pour elle du monde secret de Gunnar Mørk. Seule Dreymir, toujours sous sa forme de rossignol, s'était blottie tremblante, dans le cou de sa sorcière.


Gunnar Mørk
Gunnar Mørk
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Plus Gunnar jouait, mieux il se sentait. Chaque souffle était un cri, chaque note portait ces mots qui s’entrechoquaient dans sa tête et chaque séquence musicale, des plus calmes et mélancoliques aux plus agités et énergétiques emportait avec elle un peu des trop nombreuses émotions qui tourbillonnaient en lui. Rien n’existait et tout existait en même temps. Rien n’importait de sa vie et tout dans ce lieu était devenu excessivement important. Ainsi, Alfhild devint, ce soir-là, excessivement importante, une lumière, une révélation, existant soudainement hors de la sphère familiale, hors du manoir, hors des murs de Durmstrang. CE soir, Gunnar n’était plus Gunnar Mork, Jarl, et ex-Kommander de la marine, Gunnar le père, le patriarche, l’oncle, le professeur. Ce soir, Gunnar s’était délesté de toutes ces marques d’autorité qui le gardaient droit et fier, et, conséquemment, il se demanda qui était Alfhild, ce soir, et il avait hâte de le découvrir. C’était une nouvelle émotion, ou plutôt, une émotion qu’il n’avait pas ressentie depuis longtemps; l’excitation de la nouveauté, de la découverte.

Mais si Gunnar improvisait, il ne le faisait pas n’importe comment. Ce n’était pas parce qu’il n’y avait pas de partition à suivre qu’il pouvait tout simplement laisser tomber son instrument, se lever et quitter la scène quand bon lui semblait. Aussi continua t’il à jouer malgré l’apparition impromptue de sa nièce, devant lui, gueulant son admiration devant sa maitrise musicale en guise de bonjour.

Il semble important de mentionner qu’Hafgufa avait choisi d’apparaître sous sa forme de cygne ce soir-là, peut-être pour l’anonymat, peut-être pour se séparer de son rôle de chef de meute, peut-être par simple bonne humeur. Soyons clair : il était assez rare de l’apercevoir sous cette forme, d’autant plus que les cygnes ne sont absolument pas gracieux en dehors de l’eau et que dans ce bar, il n’y avait ni paisible rivière sur laquelle flotter, ni cieux vers lesquels s’élancer. Mais elle s’approcha d’Alfhild, peut-être à la recherche de Dreymir, de l’alter ego à plumes de la nièce de son sorcier en attendant que Gunnar puisse poser sa trompette. C’est un délais qui fut probablement étrange, et qui amena, sans aucun doute, son petit lot de malaise.

Finalement, le groupe fit une pause, peut-être d’un commun accord passé silencieusement, peut-être à cause de la symbiose de leur regroupement spontané, tous ayant senti dans la musique de l’autre quelque chose comme un peu de fatigue, un besoin de s’arrêter, de boire, de se lever, de se délier les jambes.

- Alfhild! Oh! Il y a bien des choses que tu ignores, mais heureusement, moins que la moyenne des gens, alors ça va encore.

Il se leva, il était joyeux, elle semblait l’être moins, considérant leur âge et leur parcours de vie, c’était à la fois compréhensible et inacceptable.

- Remarque, j’ignorais aussi que tu avais envie de fréquenter ce genre de lieux, mais soyons honnêtes, il y a bien des choses que je dois ignorer à ton sujet également. Mais j'imagine que c'est de famille. Laisse-moi au moins rencontrer tes amis et offrir la tournée. Je ne sais pas pour toi, mais j'ai incroyablement soif.

Oui, Gunnar était un peu ivre. Pas à outrance, juste assez pour rendre son pas plus léger, sa langue plus déliée, juste assez pour continuer à considérer cette assemblée comme composée de gens de confiance, pour une fois, plutôt que d'y voir des rapports de force à établir.



Alfhild Mørk
Alfhild Mørk
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Tendre est la nuit

Fin juillet 2022 | Nuit



La musique reprend de plus belle et Alfhild se retrouve debout près de la scène incapable de bouger dans l'autre sens, beaucoup trop fascinée par le spectacle qui se déroule devant ses yeux. Cette aisance, ces notes qui sautent et s'enroulent autour d'elle. Elle est stupéfaite de le trouver lui, là, ici, à cet instant. La surprise ne parvient pas à passer au-dessus du reste et elle reste presque interdite face à son oncle dont le visage semble si joyeux qu'elle n'est même pas certaine Alfhild, de l'avoir déjà vu animé ainsi. Il ressemble à un homme, et non au patriarche toujours trop droit et trop sérieux qu'elle connait. Elle songe à mille choses la jeune nièce, de le voir ainsi. A ce qu'il cache derrière son attitude froide et distante. Elle songe à l'homme qu'il a dû être, avant, de devenir le Järl Gunnar Mørk. Une fraction de seconde, elle reconnait même, une certaine expression dans les traits de son oncle qui occasionne chez elle un profond frisson glacé de malaise. Un fantôme d'expression qu'elle connait trop bien sur le visage d'une autre personne auquel elle essaye de ne jamais penser. Oda Mørk. Ce léger plis au coin des yeux, la façon qu'à le front de se plisser sous l'effet d'un sentiment sincère de plaisir. Elle oublie parfois que les deux adultes sont liés par des liens très anciens. Des adelphes qui ont grandi sous le même toit. Est-ce qu'elle aussi, il lui arrive d'avoir le fantôme d'expressions de Fred sur le visage ? Cette idée la révulse et Dreymir se frotte un peu plus à la peau du cou. C'est alors que la sorcière remarque la démarche chaloupée d'un volatile qui s'avance vers elles. Un cygne immense, au pelage magnifique, mais à l'allure dandinante sur le sol du bar. Elle entre-ouvre la bouche Alfhild, confuse, face à cette forme d'Hafgufa qu'elle ne connait pas vraiment. Il lui semble qu'elle l'a aperçu une seule fois auparavant. Ou alors que quelqu'un lui a parlé de cette forme-là, mais qu'elle n'est pas certaine de l'avoir déjà réellement vu ? Elle ne sait plus trop Alfhild, mais cela lui importe peu. Tout ce qui compte c'est que son regard est désormais fixé sur la silhouette de l'animal qui se débrouille tant bien que mal pour les rejoindre, et que son attitude lui donne envie de rire. Mais elle n'ose pas, et ses lèvre se pincent. Très fortement. Tandis que Dreymir, intriguée, ose enfin venir sautiller sur l'épaule de sa sorcière, quittant la chaleur du cou pour affronter la réalité. Le rossignol s'envole, volète jusqu'au cygne, avant de revenir précipitamment vers Alfhild, comme si elle avait soudain peur de s'adresser à la Fylgia de l'oncle sous cette forme. Comme si elle avait peur que ce lui soit reproché ensuite. Comme si elle n'était pas sensée la voir. Le temps s'étire au même rythme que la musique qui n'en fini plus de faire rouler ses mélodies dans le bar, laissant Alfhild toujours debout face à la scène, seule, sans oser s'adresser au cygne autrement que part des regards de biais intrigués.

Le temps semble être long, mais elle ne fait pas attention Alfhild, petit à petit elle a fini par se laisser bercer par la musique, et en réalité, elle profite réellement du moment présent. Petit à petit elle oublie la présence du cygne qui la regarde. Et même Dreymir semble oublier l'étrangeté malaisante de la situation et se laisse aller à voleter autour du majestueux oiseau blanc en lançant quelques trilles douces et avenantes. Elle oublie même Jove et Vence à leur table et son verre qu l'y attend. Ce n'est que lorsque la musique s'arrête d'elle-même dans une incroyable harmonie générale, qu'elle parvient à sortir de sa torpeur, le regard plus brillant encore que précédemment. La voix de Gunnar claque à ses oreilles et la frappe par son ton si jovial. Si enjoué. Elle se demande même si elle n'est tout simplement pas en train de rêver Alfhild. Si elle ne s'est pas encore perdu dans une réalité différente. Peut-être même qu'elle est en réalité en pleine crise à rouler sous une table, quelque part. « Alfhild! Oh! Il y a bien des choses que tu ignores, mais heureusement, moins que la moyenne des gens, alors ça va encore. ». Un vague sourire amusé vient faire éclater la bulle de la Mørk qui retrouve immédiatement les sensations de la réalité sur sa peau. Les bruits clairs des conversations du bar que le silence musical laisse enfler autour d'eux, les odeurs d'alcool, de chaleur humaine et de bois humide, le chaud de ses propres joues et la vue de son oncle décidément trop joyeux qui lui adresse un regard enthousiaste. « Remarque, j’ignorais aussi que tu avais envie de fréquenter ce genre de lieux, mais soyons honnêtes, il y a bien des choses que je dois ignorer à ton sujet également. Mais j'imagine que c'est de famille. Laisse-moi au moins rencontrer tes amis et offrir la tournée. Je ne sais pas pour toi, mais j'ai incroyablement soif. » Immédiatement le malaise revient avec le galop de Sleipnir lui-même et d'un geste lent son visage se tourne vers la table de ses deux amis. Elle croise le regard de Jove et elle grimace Alfhild, ne sachant sur quel pied danser. Elle est partagée entre l'envie de rencontrer son oncle autrement, et de découvrir cette facette de lui qu'elle ne connait pas encore, et la désagréable sensation que tout cela n'est pas normal et qu'elle risque de le regretter. Une part d'elle-même si dit que ce n'est pas une bonne idée de lui faire rencontrer les Lund. Parce qu'ils sont de deux mondes si éloignés. Elle hésite une fraction de seconde Alfhild, avant de retrouver un large sourire et de hausser les épaules, elle a l'habitude de prendre les choses comme elles lui viennent, pourquoi changer ce soir ? Surtout un soir de célébration ! « Avec plaisir pour la tournée. Venez je vais vous présenter. » En quelques pas, elle a rejoint la table et elle ne peut s'empêcher de jeter un rapide coup d’œil chargé d'angoisses aux deux frères présents, comme pour chercher leur validation sur l'invité surprise qu'elle leur impose. « Je vous présente mon oncle Gunnar. Gunnar, voici Vence et Jove, un de mes colocataires. Vous en connaissez deux comme ça désormais, après Fen. » Son sourire se glace, elle se souvient trop bien la dernière soirée où elle est venue avec ce dernier au manoir des Mørk, et soudain il lui devient limpide comme de l'eau, qu'elle n'aurait sans doute pas dû évoquer tout ça si soudainement face à lui. Elle se maudit intérieurement Alfhild, comme toujours, comme à chaque fois. Elle cligne des yeux plusieurs fois de suite comme pour chercher la suite de la conversation, et choisit rapidement de continuer, comme si de rien n'était. Parce que persister c'est plus simple que d'essayer de se reprendre. Dans ces cas-là, elle ne parvient à rien d'autre qu'à s'enfoncer et se ridiculiser de toute façon. « On est venu ici célébrer Sleipnir, ou du moins prendre ce prétexte pour passer une bonne soirée. La coloc n'est pas très loin d'ici. » Un doux sourire vient étirer son visage tandis que Dreymir a de nouveau trouvé refuge dans son cou, témoin trop peu discret des envies de sa sorcière de disparaître sous une table à l'instant présent. « Pour la tournée, on est partant pour une bière blonde chacun ! » Faire comme si de rien n'était, plonger dans le déni, son credo à Alfhild. Tout plutôt que de songer, réellement, à tout ce que cette conversation remue en elle. L'épisode de la clé, son annonce de son départ du manoir, le rôle de Gunnar. Celui qu'elle avait toujours cherché de sa part. Celui qu'elle avait sciemment repoussé, à contre-cœur. Ne pas songer aux pulsations soudain douloureuses contre sa poitrine. Jouer la carte de l'ignorance et détourner la conversation, tout en agrippant distraitement un peu trop fermement le dossier de la chaise sur laquelle elle ne s'est pas encore assise.




Gunnar Mørk
Gunnar Mørk
LÆRERTEAM Den som talar mycket säger sällan vad som är bra
Gunnar et sa fylgia suivent la jeune Mork, au rythme de la musique ensorcelée, jusqu’à la table désignée. Malgré leur léger état d’ébriété, aucun des deux n’ignorent le malaise palpable qui habite Alfhild. Ses réponses sont saccadées, légèrement décalées, trop enjouées, même pour elle, son pas est raide et sa fylgia semble vouloir disparaître derrière tous les objets qui se présentent à elle, quoique l’a-t-il rarement vu exister en toute confiance. Remarquez, ce n’était pas la première fois qu’il mettait quelqu’un dans un état similaire, souvent pour d’autres raisons, certes, mais, ce soir particulièrement, Gunnar avait plutôt envie de se laisser porter par les évènements. Il s’assit donc en face de deux jeunes hommes pendant que sa nièce les présente.

« Je vous présente mon oncle Gunnar. Gunnar, voici Vence et Jove, un de mes colocataires. Vous en connaissez deux comme ça désormais, après Fen. »

Hafgufa a repris sa forme de louve et, sans gêne aucune, vient renifler les deux amis d’Alhilfd, surtout le dénommé Jove, puisqu’apparemment, il fait partie de cette fameuse « colocation ». Leurs odeurs ne lui sont pas familières; impossible de savoir s’ils se sont déjà croisés à Durmstrang ou non, et si oui, sans grand impact.

-Connaitre est un grand mot, je ne sais rien de ces deux gaillards. Pour l’instant. Enchanté.

Laissons le doute planer à savoir s’il voulait parler de Vence et Jove, ou de Jove et de Fen, parce que les deux options étaient tout à fait possibles. Fenrir était un inconnu pour
Gunnar, un intru au manoir, un invité, sans plus, qui avait renoncé à son appartenance à la famille lorsqu’il avait tué son identité précédente. Mais passons. Il faudra passer outre beaucoup de choses, ce soir, si on veut avancer un tant soit peu, d’autant plus que la musique, le son et le rythme de celle-ci encouragent un certain rythme et un certain volume, au risque de souligner les silences plus violemment. Ils n’en sont pas au stade où les silences sont de doux refuges.

- ou du moins prendre ce prétexte pour passer une bonne soirée. La coloc n'est pas très loin d'ici.

Et Gunnar ne perd pas une seconde et réplique:

- Heureusement que je n’y ai jamais mis les pieds,

(oui, c’est une pique)

- sans quoi je ne serais probablement pas venu ici, et quel heureux hasard de s’être croisés aussi inopinément, n’est-ce pas. Bon. Les bières, si c’est ce que vous désirez. Dites-moi, vous êtes bien installés? D’ailleurs, vous êtes combien, là-dedans?


Il sait qu’elle dira oui, mais que la réponse sera non. Du moins selon les standard de Gunnar. Il n’avait rien contre la simplicité, la colocation, le vivre ensemble, mais avouons qu’il aurait été surpris d’apprendre qu’ils possédaient un tapis d’entrée. Quà cela ne tienne.

Donc, après quelques malaises, un peu de jugement de la part de tous pour diverses raisons et trop de questions ( avec lesquelles Gunnar apprend les domaines d’études et aspirations des deux inconnus), les bières arrivent. Plus précisément, quatre bières, un bocal à moitié rempli d’eau? et quatre flacons louches. Puis, finalement, d’une poche, il sort un petit sac vert émeraude duquel il tire une version miniature d’un fardadet.

- Je vous propose un jeu, comme ca on n’aura pas trop à discuter.

De toute façon, les réponses étaient trop artificielles à son goût, pour l’instant. Et puis, il les trouvait trop sages, trop sobres pour son propre état. Il était trop tard pour seulement commencer la soirée, il était trop vieux pour la laisser filer. Il n’avait plus envie de jouer de la trompette, il ne savait pas où il avait mis sa trompette, il n’était même plus certain de savoir comment jouer de la trompette. Il avait l’impression qu’une semaine avait passé, ou mieux, qu’il s’était trouvé dans un autre espace-temps où Gunnar Mork se donnait en spectacle et se laissait aller en public, alors que lui, Gunnar Mork, ne ferait jamais cela.

- Les règles sont simples. Il faut lancer le farfadet dans le bocal. Le lancer est réussi si le farfadet touche à l’eau. Un lancé réussit fait boire les autres. Un lancé raté fait boire celui qui a lancé. Les autres joueurs peuvent relancer le joueur qui vient de lancer et lui offrir un deuxième lancé, quitte ou double; s’il réussit, les autres doivent finir leur verre. S’il perd, il doit boire le contenu d’un de ces flacons. Personne ne connait le contenu des flacons d’avance, sauf le maitre du jeu, notre ami le serveur. Je vous montre

Il s'empare du farfadet, vise et...se fait mordre. Le farfadet retombe sur la table et lui fait une grimace.

- Voyez vous , c'est plus difficile que ça en a l'air.

Spoiler:
DOOMSDAY
DOOMSDAY
UKJENT Alla vill ha välstånd, men få vet hur de kan njuta av det
Le membre 'Gunnar Mørk' a effectué l'action suivante : Lancer de dés


'Dé double-face' :
Tendre est la nuit - ouvert Bbs3
Alfhild Mørk
Alfhild Mørk
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Tendre est la nuit

@Gunnar Mørk Fin juillet 2022 | Nuit



Gunnar Mørk ne laisse rien paraître si malaise il y a de son côté. Gunnar Mørk est presque affable, du moins bien plus qu'il ne sait l'être en temps normal, et Alfhild voudrait croire que toute cette mascarade est des plus banales. Avec difficulté, elle parvient à mettre de côté le poids de leur histoire commune, des conversations passées et des déceptions, pour se concentrer sur l'instant présent. Une fracture mentale que son esprit opère bien souvent, mais qui nécessite toujours la même décharge d'énergie. Elle espère juste que l'oncle, lui aussi, a envie de mettre tout de côté, et non de l'assommer à la dérobée au détour d'un croisement de conversation. Sa voix est posée, bien que plus légère que d'ordinaire. Il a ce très léger laisser-allé qu'elle a rarement vu, parfois en fin de soirée, après un long repas et quelques verres. Elle se dit que la réponse à ses questions doit se trouver là, dans les interlignes qui s'agitent en vapeur d'alcool. Elle espère que cela ne le rendra pas trop acide. Elle espère beaucoup chose, tout en redoutant tout autant. « Heureusement que je n’y ai jamais mis les pieds. » La réplique qui suit la remarque géographie qu'Alfhild sur l'emplacement de leur colocation la fait grimacer une nouvelle fois, toujours debout derrière sa chaise. « Sans quoi je ne serais probablement pas venu ici, et quel heureux hasard de s’être croisés aussi inopinément, n’est-ce pas. Bon. Les bières, si c’est ce que vous désirez. Dites-moi, vous êtes bien installés? D’ailleurs, vous êtes combien, là-dedans? » La pique est délicatement salée et ses yeux cherchent un endroit où se poser ailleurs que sur lui. Le bord de la table retient sont attention, il est légèrement irrégulier. Probablement abîmé par le temps et les passages des clients venus frotter contre lui en s'installant puis en partant. « On est très bien installés, c'est grand, et doux, et vivant. On est quatre en tout à y habiter officiellement. C'est un chouette endroit. Je m'y sens bien. » Son mince filet de voix se meurt dans un aveu qui semble souligner que ce n'était plus le cas ailleurs. Elle ne sait pas vraiment, peut-être que ce sous-texte est un peu vrai. En substance. Elle avait aimé le manoir de son oncle, et elle l'aime toujours. Avec ses lignes épurées et son aura de savoir ancestral. Mais sa lutte constante envers les autres avait fini par l'épuiser. Se sentir toujours étrangère, a profiter de l'hospitalité chez d'autre, quand elle n'avait aucun foyer auquel s'identifier. Parfois, elle avait eu la désagréable sensation d'usurper celui de ses cousines. Souvent, la Mørk avait eu la sensation de ne pas mérité ses longues déambulations sans but dans les couloirs de la bâtisse. Les murmures de certains ancêtres avaient, eux-aussi, fini par saper sa légitimité à vivre entre ces pierres. C'était un tout, et un rien. Peut-être qu'elle avait commencé à changer Alfhild aussi. A sentir ce besoin cruel de trouver la force de s'arracher à cet univers hostile pour trouver son propre propos.

La conversation se poursuit, mais elle n'écoute que d'une oreille distraite, perdue dans les méandres de ces pensées qui la font visiter le manoir de Gunnar à travers ses souvenirs. Tel un fantôme, flottant de pièce en pièce, traversant les couloirs avec la rapidité d'un cillement. Oui, elle aime toujours l'endroit, mais y revenir était devenu de plus en plus difficile. Heureusement les boissons finissent par arriver à leur table, lui donnant l'immense prétexte de réceptionner sa bière et d'en avaler rapidement une gorgée pour noyer toute possibilité d'avoir à s'engouffrer dans la conversation des trois hommes. « Je vous propose un jeu, comme ça on n’aura pas trop à discuter. » Cette fois elle relève la tête, posant un regard amusé sur celui de son oncle. Elle aime son franc-parlé qui ne se souci pas des conséquences. Peut-être parce qu'il a toujours, d'une certaine façon, fait écho au sien. Même si elle, Alfhild, n'a pas la prestance de son aîné, ni sa position sociale, encore moins son aplomb. La proposition retient son intérêt, ses yeux glissent vers le verre d'eau et le petit être vert qu'on leur a amené. Un farfadet ? Elle plisse des yeux, cherchant à comprendre de quoi il peut bien en retourner.« Les règles sont simples. Il faut lancer le farfadet dans le bocal. Le lancer est réussi si le farfadet touche à l’eau. Un lancé réussit fait boire les autres. Un lancé raté fait boire celui qui a lancé. Les autres joueurs peuvent relancer le joueur qui vient de lancer et lui offrir un deuxième lancé, quitte ou double; s’il réussit, les autres doivent finir leur verre. S’il perd, il doit boire le contenu d’un de ces flacons. Personne ne connait le contenu des flacons d’avance, sauf le maitre du jeu, notre ami le serveur. Je vous montre. » Au fur et à mesure des explications, le malaise se met à luire dans ses grimaces. Elle n'est pas sûre d'aimer l'idée de devoir lancer un farfadet contre sa volonté dans un verre d'eau. Mais entre ça ou continuer à tenter de meubler une conversation aussi vide que la chambre qu'elle n'occupe plus dans le manoir de Gunnar, elle vite assez rapidement son choix la Mørk. Alors elle tente de se convaincre que le jeu est drôle et elle se force même à pouffer doucement quand le petit être mord la main du Järl qui s'exclame aussitôt que le jeu n'est pas aussi simple qu'il en a l'air. Dreymir, toujours terrifiée par l'ensemble de la situation, et loin d'avoir la même capacité de déni que sa sorcière, tremble toujours dans son cou, accroché sous sa forme de rossignol aux torsades d'une de ses tresses. Il est peu probable qu'elle ose sortir de sa forêt blonde avant le départ de l'oncle, peut-être même avant demain matin. Avant que de longues heures aient effacées la gêne de cette scène hors du temps, et du commun. « On doit choisir alors si tu relances c'est ça ? » Alfhild regarde sa propre bière à peine entamée, puis ses deux acolytes de soirée avant de hocher la tête, perdue pour perdue, elle préfère prendre le risque de finir complètement alcoolisée plutôt que de poursuivre cette situation qui lui donne envie d'aller jouer à son tour sur la scène et de se ridiculiser devant tout le monde plutôt que de rester sur place. « Je qu'on tente quand même de faire un premier tour ? Ou du moins qu'on essaie tous ? » Même si elle n'a aucune envie d'attraper entre ses doigts le farfadet, ni de le lancer, et qu'elle serait prête à boire d'un coup sa bière pour zapper son tour. Mais les autres approuvent son choix, par désintérêt peut-être, ou par envie égale d'avoir l'occasion de boire de longues gorgées à leurs tours et tenter ainsi de rendre l'ambiance plus chaleureuse. « Bon, comme c'est à moi qu'on doit cet agréable moment de gêne, je me propose de prendre la suite des lancers ! » Une mince grimace désolée adressée aux Lund plus tard, Alfhild se saisit du petit être avant de le lancer dans un : « Désolée...» qui lui est directement adressé. Ce dernier, visiblement peu enclin à se faire mouiller les fesses, profite de la mollesse du geste de la sorcière pour s'extraire de ses doigts avant qu'elle ne parvienne à exécuter le lancé. Un nouvel échec donc, qui la fait rire doucement. « Bon, faire un tour me semble une bien belle utopie. Je relance ? Ou quelqu'un d'autre tente sa chance ? » Sa voix se fait plus ferme, plus sincèrement amusée. En vérité elle est soulagée de n'avoir pas contrarié le petit farfadet plus qu'il ne l'est déjà. Elle préfère largement laissé le plaisir de la première baignade à quelqu'un d'autre. Et elle esquisse même un regard en coin à Gunnar, un regard espiègle, ou brille un semblant de soulagement complice qui sonne comme un remerciement qu'elle n'ose pas prononcer. « Je me demande quand même quand tu as l'occasion de jouer à ce genre de jeu Gunnar. J'ai du mal à vous imaginer Toni et toi pratiquer ce type de divertissement. » Soudain, elle s'imagine les longues soirées d'hiver polaire au manoir, avec Toni et lui dans un fauteuil près du feu, à lancer des farfadets dans l'eau, une bouteille de bon alcool entre eux. Et cela lui donne encore plus envie de rire, si bien qu'elle se mordille les lèvres tout en rougissant légèrement sous l'effet des diverses chaleurs qui montent dans son être. Entre effet des alcools précédents, et de son malaise qui ne cesse de faire monter et chuter sa température corporelle à la moindre variation de la conversation.




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Gunnar Mørk
Gunnar Mørk
LÆRERTEAM Den som talar mycket säger sällan vad som är bra
Il essaie. Il essaie de ne pas voir, de ne pas remarquer, sauf que c’est ce qu’il a fait toute sa vie. Être à l’affut. Déceler les changements dans les timbres de voix, les tremblements imperceptibles d’une main qui lève un verre, le jeu des regards, ceux qui s’esquivent, ceux qui soutiennent, ceux qui se perdent. Toute sa vie n’avait été (et n’était encore) que codes, que silences, que secrets, que sous-entendus, lui-même ne s’exprimait que presque exclusivement de cette façon. Qui, de son travail ou de son environnement familial l’avait façonné ainsi, il ne saurait le dire. Ou alors il avait toujours eu cette nature et il avait façonné son environnement à son image. À force de parler en charades, tout le monde y avait pris goût, au point où il était fort possible qu’ils aient prêtés, à un moment ou à un autre, des intentions qu’une personne n’avait jamais eues. Le manque de confiance grugeait peu à peu son jugement comme les voix des fantômes grugeaient peu à peu sa lucidité, mais il était encore jeune, il était encore fort, il pouvait encore repousser du revers de la main toutes ses voix qui avaient tant à dire et à redire.

Bref, il essayait d’être dans le moment présent, de n’avoir pas plus d’intérêt pour Alfhild qu’il n’en avait pour ses deux compagnons de la soirée. Il essayait de ne voir en elle qu’une jeune femme timide, maladroite, incertaine

Mais il ne voyait que l’absence de sa fylgia, probablement blottie au creux de son cou pour se protéger d'aller savoir quoi, il ne voyait que ses regards fuyaient, ne comprenaient que ses réponses polies, posées, évasives, n'entendait que ses rires forcés et ne comprenait pas tout à fait ce qui la rendait mal à l’aise. Le jeu à boire? Peut-être préférait-elle boire du thé… non, elle avait elle-même demander une blonde. Ou alors peut-être aurait-elle préférée la siroter doucement. Ou alors était-ce le jeu à boire avec son oncle? Il est vrai que leur famille avait quelques antécédents d’excès avec l’alcool. Ou c’était lui, mais à ce stade, elle n’aurait pas dû venir le saluer si elle n’avait aucune envie de le voir dans cet élément. Ou alors était-ce la nature du jeu à boire qui la rendait distante, anxieuse? S’inquiétait-elle pour la réplique du farfadet? Ignorait-elle qu’avec cette taille, il s’agissait avant tout d’un objet ensorcelé plutôt que d’une créature miniaturisée? Elle se plie au jeu, mais n’en a visiblement aucune envie. Elle répugne à toucher le farfadet et pendant un moment, Gunnar se demande si c’est parce qu’il l’a touché en premier. Il n’entend que le « Bon, comme c'est à moi qu'on doit cet agréable moment de gêne, je me propose de prendre la suite des lancers ! » , n’est même pas témoin des regards qu’ils doivent s’échanger, des lèvres qu’ils doivent se pincer pour retenir de rire ou de soupirer, ils sont comme ses étudiants, ils feignent la politesse parce qu’ils ont été bien élevés mais tout leur être hurle leur dégoût viscéral pour ce qui est d’une autre époque et Gunnar en a le vertige, l’alcool en lui l’empoisonne doucement, transforme l’euphorie, la légèreté et le sentiment de liberté en lourdeur, en amertume, en quelque chose de sombre et de vicieux qui s’installe au fond de vos viscères, y creuse son nid et susurre à votre âme vos pires pensées. Que fait-il ici? Que fait-elle ici?

Soudainement, Hafgufa le mord doucement, mais fermement. Elle a repris sa forme de louve et veille à son équilibre mental. Gunnar reprend contact avec la réalité, au moment où Alfhild reporte son attention sur lui, après avoir raté son lancé et passé le farfadet à ses colocataires. Il reprend contact avec la réalité juste à temps pour recevoir un coup dans le ventre. Métaphoriquement.

« Je me demande quand même quand tu as l'occasion de jouer à ce genre de jeu Gunnar. J'ai du mal à vous imaginer Toni et toi pratiquer ce type de divertissement. »

Antonia.
Pile ou face?
Pile. Les souvenirs. Le bonheur.
Face. L’état présent de la question. Leurs tensions. Sa disparition.
Pile.

Alfhild semble presque amusée. Gunnar ne comprend pas tout à fait le changement d’état.

- Oh, c’était plus un jeu entre marins, tu sais. Un jeu tranquille, anodin, facile à transporter, recelant juste assez d’imprévus pour sentir un peu monter l’adrénaline. Antonia a toujours été plus…fougueuse. Créative. Ce n’est certainement pas le contenu d’un flacon mystère qui allait la stresser.

Son visage s’adoucit. Il ressent cette même flamme le réchauffer. Pas une flamme de passion dévorante. Une douce flamme qui lui serre le cœur, d’amour et d’angoisse.

« Et puis à l’époque, on n’avait pas besoin de jeux minables pour meubler le silence entre nous. Le silence de l’époque était rare et, lorsqu’Il était, il était grandiose, une symphonie à savourer blottis l’un contre l’autre. Comme si on voulait tout avaler, comme si on savait que le temps nous était compté. »

Mais ça, évidemment, il le garde pour lui. Hafgufa, toujours à l’affût, jappe. Les colocataires d’Alfhild lui font signe de boire. Il ignore s’ils ont maitrisé le lancé du farfadet ou s’ils essaient de l’achever pendant qu’il ne regarde pas.

- Cela dit, je n’imaginais pas mon jeu si dépassé. C’était, à une époque, un grand classique. À quoi donc s’adonne la jeunesse?

Question vague, générique, ne portant ni sur Alfhild, ni sur Antonia, ni sur leurs vies. Quelque chose qui se veut inoffensif.


@Alfhild Mørk
Alfhild Mørk
Alfhild Mørk
TRØBBEL För att nå toppen av trädet måste du sikta mot himlen

Tendre est la nuit

@Gunnar Mørk Fin juillet 2022 | Nuit



Le signe de boire est clair et Alfhild acquiesce sans poser de question. Une gorgée de bière vaut mieux pour continuer d'entretenir ces prémices du retour de son état d'amusement qui l'avait momentanément abandonné. Sans se poser de question, elle porte son verre à ses lèvres, s'autorisant même à fermer les yeux pour savourer totalement sa longue gorgée fraîche. Les bruits du bar l'enveloppent plus clairement, la chaleur humide du lieu, les éclats des instruments de musique qui ont repris sans Gunnar, les voix des autres clients, tout ça lui réchauffe l'âme. Elle était venue pour cela après tout, profiter de la douceur d'une soirée, de la musique, et des rires des autres pour oublier le reste. N'avait-elle pas elle-même choisi d'aller voir Gunnar ? Oui. Mais elle n'avait pas mesuré les conséquences, comme toujours. Elle est parfois trop dans la réaction de l'instant dans des moments qui devraient mérité plus ample réflexion. Et inversement, quand elle devrait être plus impulsive l'anxiété prend le dessus.

Elle rouvre les yeux au son de la voix d'un Lundi qui prend la suite de la partie et Alfhild pose ses yeux sur son oncle qui semble pris dans ses pensées ? Un regard plus sombre, plus profond, définitivement moins heureux que celui qu'il avait sur scène et qui l'avait tant captivé. Elle cille Alfhild, dans une tentative inutile de chasser le vent de culpabilité qui murmure à ses oreilles. Est-ce qu'il aurait continué à jouer, heureux jusqu'au bout de la nuit si elle n'était pas venu l'interrompre ? Se sent-il obligé de lui faire la conversation ? A-t-elle égoïstement ruiné sa soirée et son moment d'allégresse loin de toute préoccupations Mørkienne ? Ses doigts glissent sur le verre froid de sa bière en même temps que ses yeux trouvent la table. « Oh, c’était plus un jeu entre marins, tu sais. Un jeu tranquille, anodin, facile à transporter, recelant juste assez d’imprévus pour sentir un peu monter l’adrénaline. Antonia a toujours été plus…fougueuse. Créative. Ce n’est certainement pas le contenu d’un flacon mystère qui allait la stresser. »  Contaminée par la joie qui a bondi d'un coup Dreymir laisse percer ses trilles à travers la chevelure blonde de sa sorcière. Un jeu de marin ? Elle aurait dû s'en douter, et son intérêt mêlé de curiosité reprend rapidement le dessus. Sublimé par une évocation de sa tante avec des adjectifs qui font naître des lueurs tendres dans le regard de la nièce. Est-ce qu'elle a déjà entendu Gunnar parler de sa femme ainsi ? Fougueuse et créative. Ça lui va bien. Elle approuve, même si ses relations avec celle-ci sont devenues à l'image de tout le reste, gâchées par sa proportion à décevoir tout le monde. Et elle avait déçu tout le monde Alfhild non ? A leur dernière soirée de juin. Elle grimace doucement tout en tournant la tête vers ses amis dont l'un des deux à réussi l'exploit de jeter le minuscule farfadet dans sa piscine. « Cela dit, je n’imaginais pas mon jeu si dépassé. C’était, à une époque, un grand classique. À quoi donc s’adonne la jeunesse? » Reportant son attention sur l'oncle au regard impénétrable, elle rigole doucement Alfhild. La tournure de la question l'amuse, la jeunesse comme une vague distanciation de leurs réalités, un rappel des générations différentes. Celles-là même qui s'affrontent idéologiquement dans les journaux, et dans la rue. Cette jeunesse qui hurle, manifeste, tente de faire changer les mentalités et se heurtent aux plus âgés avec la vivacité des vagues. Peut-être qu'elle se trompe cette jeunesse, Alfhild est convaincue du contraire, mais ce soir elle se laisse avaler par sa curiosité des anciennes traditions. « Un jeu de marin ! Passionnant. J'imagine que ça doit être plus drôle sur une table qui se balance au gré de la houle. Ou alors ça se joue à même le pont balayé par l'écume ? Est-ce qu'il y a une règle particulière si le farfadet passe par-dessus bord ? » Le flot de questions s'éparpille autour d'elle, rivée dans ce regard qu'elle connait si bien sans jamais parvenir à le décoder, elle oublié la gêne précédente. Sans doute qu'elle reviendra plus tard, cette gêne, toujours trop rapide à revenir plaquer la honte de ses débordements dans ses joues blanches, mais qu'importe. Elle profite du moment, de cette célébration du cheval au galop tout aussi rapide, se jette à corps perdu dans la brèche offerte par Gunnar pour dépasser le malaise qui lui collait à la peau. « Toni me manque, je me demande si elle me fera la tête longtemps. Je n'ai pas eu de nouvelles depuis....la dernière fois. » Elle hausse les épaules avant de continuer l'air de rien : « Qu'est-ce qu'on aime faire nous à part décevoir nos aînés ? Hum, danser pas mal, et les jeux de cartes avec des thématiques plus actuelles peut-être. A la coloc on adore le Saboteur par exemple. C'est un jeu moldu, à la base mais on a légèrement modifié les cartes pour le rendre encore plus passionnant. Ça pourrait te plaire d'ailleurs, c'est avec des nains ! Mais c'est à toi de relancer ton farfadet je crois. » Et elle s'en voudrait de monopoliser la conversation alors qu'elle a très envie de boire une autre gorgée de bière pour bien entériner son enthousiasme et éviter de replonger vers les malaises. Il n'y avait rien de malaisant dans ses dernières phrases, n'est-ce pas ?



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