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Let's talk about dead (Alf)
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Dax Tcherkassov
Dax Tcherkassov
TRØBBEL För att nå toppen av trädet måste du sikta mot himlen
Elle s’appelait Clara, je crois.

Je l’ai rencontrée un mardi matin, après le premier café, celui qui ne compte pas. J’ai feuilleté son dossier avec nonchalance, sans me préparer à ce qui m’attendait. Un cas comme une autre, une condamnée à laquelle je ne pouvais pas m’attacher, mais que je comptais accompagner correctement jusqu’au bout. Pas un simple numéro, mais pas entièrement une vivante ; une personne entre les deux.

Elle avait quatre ans. « Alors, ce sera toi, mon docteur? » Elle avait une façon charmante de rouler les r, elle mettait des sourires dans chacune de ses phrases, des rires dans toutes ses larmes. « On fera ce qu’on peut pour te soigner, je te le promets. » Une énième promesse que je savais ne pas pouvoir tenir. Elle avait hoché la tête, avec cet optimisme de l’enfant qui croit au Valhalla, et elle avait placé sa main dans la mienne. Tout doucement, tout naïvement, tout simplement.

Elle est parvenue à m’atteindre, sans que je ne sache bien pourquoi. Elle avait des yeux lumineux, des yeux qui capturent le monde, des yeux qui sont voués à tout voir, tout regarder, tout aimer. Elle avait des yeux rêveurs, des yeux quémandeurs, des yeux qui ne voulaient que vivre. Je la savais vouée à souffrir et aucune de mes belles paroles, aucun de mes soins attentifs, ne pouvait rien y changer.

Je la savais vouée à mourir.

J’aurais aimé être présent au moment approprié, pour la rassurer, pour l’aider à traverser en douceur, pour lui murmurer des absurdités et pour l’apaiser. J’aurais aimé être présent pour me faire croire que jusqu’au bout, j’aurai tout tenté. Sauf que je n’étais pas là, lorsque ses paupières parsemées de minces lignes bleutées se sont définitivement refermées. J’étais ailleurs, mentalement et physiquement, loin de mes mensonges et de mes serments. Lorsqu’on m’a annoncé la nouvelle, cet après-midi, il était déjà trop tard. J’ai terminé ma journée d’une façon automatique, distrait, bien décidé à ne pas accorder la moindre importance à cette mort qui ne pouvait pas m’atteindre, qui ne devait pas me déranger. Je suis allé directement au cimetière après avoir enfilé mon autre uniforme, plus par désir de me changer les idées que par nécessité de me taper un huit heures de boulot supplémentaire. Les pierres tombales m’ont toujours apaisé.

Et je suis là, sans but fixe, errant entre les plaques de marbre. Le seul trou à remplir de la soirée est déjà saturée d’une terre humide. J’ai la tête ailleurs, bien malgré moi. « Tu ne pouvais rien faire de plus Dax. » Je glisse maladroitement ma main sur le pelage de ma fylgia, à qui je n’ai toujours pas trouvé de nom. Je suis habituée aux morts ; pourquoi cette gamine est-elle parvenue à tant me perturber? Pourquoi ce soir, pourquoi maintenant? Je revois trop clairement sa peau blême, sous laquelle s’écoule lentement ces potions qui ne la soignent pas. Je revois mes mensonges, et cette énième promesse que je n’ai pas tenue, que je savais intenable, et qui me pèse plus que toutes mes autres foutaises, désormais. Je revois presque sa silhouette à travers les tombes et sa chevelure blonde…

Mes sourcils se froncent. Ce que je vois n’est ni un spectre ni un mirage, mais une sorcière dotée de deux jambes et, normalement, d’une conscience. Alfhild. Je la connais vaguement, de réputation et de nom, sans jamais avoir eu l’intention d’approfondir mes préjugés très certainement injustifiés. Pas assez de temps à perdre pour confronter tous les sangs purs sur les idées reçues auxquelles ils sont étiquetés. Il y a toutefois une information sur la Mørk qui me semble soudainement intéressante, une information qui prend davantage de sens et qui s’ancre dans plusieurs possibilités. J’hésite très brièvement à l’approcher : on pourrait errer chacun de notre côté, sans se croiser, sans bavarder. C’est l’option que je devrais choisir.

Mais j’ai le dernier souffle de cette fillette qui fredonne à mon oreille une chanson dont je ne connais pas les paroles. J’ai ces émotions qui m’effleurent sans douceur, menaçant de me hanter pour les prochaines heures. Qu’ai-je à perdre…? Il y a des âmes qui nous atteignent plus que d’autres, sans qu’on ne sache bien pourquoi. Il y a des caractères qui imprègnent le cœur, des visages qui brûlent les rêves, des scènes qui s’incrustent avec une insistance mortelle. C’est ainsi, tout simplement, et dans la mesure où je ne peux lutter contre cette obsession, il ne me reste qu’à y céder.

« Alfhild...? » Je me suis approché d’elle lentement, lui laissant la possibilité de me voir venir et de fuir, si elle en éprouvait le désir. Je ne veux pas lui imposer ma présence, tout comme je ne crois pas qu’elle soit venue volontairement empiéter sur mon territoire de macchabées. Je rajoute, moqueur : « Tu tombes plutôt dans un bon moment. » On peut probablement faire mieux, comme salutation cordiale, mais si je suis habitué à bien des situations, je ne suis pas accoutumé à faire la demande que je vais formuler un peu plus tard. C’est nouveau, déstabilisant, et j’ai déjà envie de reculer. Je précise, une lueur espiègle brillant faiblement dans mes prunelles claires : « Ok, le jeu de mot était nul. »  J’espère tout de même qu’il me méritera au minimum une moitié de sourire. Ou un quart. Je ne suis pas difficile à contenter dans ce domaine. « T’as quelques minutes…? » Je n’insisterai pas, si elle décide de plutôt m’ignorer.
Alfhild Mørk
Alfhild Mørk
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Let's talk about dead

 @Dax Tcherkassov   Juin 2022



Il y a toujours quelque chose de doux à marcher entre les tombes. Ces dernières demeurent silencieuses des corps abandonnés. Cela lui fait du bien. Cela est une bouffée d'air. Souvent, elle a remarqué cela il y a longtemps, souvent les morts n'aiment pas quand elle vient visiter leurs tombes. Alors dans sa tête ils se fond chuintants. Murmures lointains. Un océan d'huile. Et il n'y a rien de plus reposant pour elle que cet espace mental presque vide. Ses paupières sont mi-closes alors qu'elle marche sans but réel dans les allées du cimentière. Elle respire plus librement après les étaux de la ville. Pourtant cela faisait longtemps qu'elle n'était pas venue déambuler ici. Enfin longtemps, quelques semaines peut-être. A une époque elle pouvait y venir tous les soirs. Du moins pendant les vacances scolaires. Comment faisait-elle ? Est-ce qu'il lui arrivait de demander des permissions exceptionnelles à Toni ? Peut-être. Elle ne sait plus trop. Dans ses souvenirs elle est venue si souvent que la réalité se disloque un peu et augmente peut-être un peu sa réelle fréquentation. Qu'importe. Cette nuit elle avait à nouveau senti ce besoin de se reposer l'esprit. Entendre simplement ses propres pensées heurter son cerveau. "On devrait quand même essayer de dormir tôt ce soir, demain on a rendez-vous pour notre stage au Musée" lance d'un coup Dreymir tout en s'étirant de tout son long avant de bailler largement. "Oui oui. Mais j'ai besoin de mettre mes idées au clair justement. Pas envie d'une autre nuit à hurler pour me réveiller avec un mal de gorge demain matin et une extinction de voix." Elle bougonne Alfhild. Elle aimerait que sa tête arrête de la replonger dans ses cauchemars d'enfance. Tout ça c'est de sa faute à lui. Qu'elle idée il a eu. "Oh regarde ! Quelqu'un." La rapidité avec laquelle la renarde a lancé cette remarque traduit bien trop sa volonté de changer les idées de sa sorcière. Fixer l'attention sur autre chose que cette allusion savonneuse. "hum". Elle a continué sa route, se dirigeant machinalement vers un endroit du cimetière qu'elle apprécie particulièrement pour sa végétation. Un arbre haut. De larges branches. Apaisant.

Le chemin forme une petite boucle, si bien que l'homme qu'elles avaient aperçu toute à l'heure se retrouve à nouveau dans leur champ de vision. Et cette fois celui-ci ne se détourne pas. Ce n'est pas la première fois qu'elle le croise Alfhild. Elle sait qui il est et pourquoi il vient si souvent dans cet endroit. Au début elle a songé à un comparse. Maudit de ce don pesant. Mais elle a appris sur le tard qu'il était employé ici. Cela a fait soudain bien plus de sens. Il a sa petite réputation aussi. Dax qu'il se nomme. Elle ne sait plus trop comment elle a su qu'il avait un parent russe. Un jour elle avait songé à venir lui parler dans cette langue parce que ça lui manquait. Mais finalement elle ne l'avait pas fait. "Alfhild ?" La sorcière sursaute presque quand la voix de l'homme perce la nuit jusqu'à elle. Son corps s'arrête net sur le chemin. Elle ne s'attendait vraiment pas à cela. Un instant elle hésite à le saluer en russe. Mais avant qu'elle n'ait le temps de répondre il enchaîne en commentant son heureuse présence. Non sans appuyer sur son jeu de mot fort à propos qui lui arrache un souffle de nez et un sourire amusé. "J'aime bien les jeux de mot en préambule. Ca a le mérite de briser la glace." La Mørk regarde le jeune homme, sincèrement intriguée par son attitude étrangement chaleureuse pour une conversation entre deux inconnus. "J'allais marcher jusqu'au vieux chêne au coin là-bas. C'est un peu cliché mais c'est un endroit très reposant. Si tu as besoin tu peux m'accompagner." Elle hausse légèrement les épaules alors que la Fylgia commence déjà a reprendre sa route vers le-dit arbre. "Je suis pas contre un peu de conversation." Ajoute-t-elle avant de se remettre en route à son tour.  


Dax Tcherkassov
Dax Tcherkassov
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J’ai jeté un œil à sa fylgia, par curiosité. Depuis qu’ils sont apparus, j’y vois la possibilité d’en savoir plus sur mes interlocuteurs, de façon détournée. Ce n’est toutefois pas un outil si fiable d’analyse ; il suffit de voir mon panda. Au cours des derniers mois, j’en suis venu à comprendre pourquoi elle avait pris cette forme, qui est loin d’être menaçante. Ne suis-je pas moi-même inoffensif, en apparence? J’ai toujours su me faufiler aisément dans toutes les situations grâce à mon air passe-partout, même si ma réputation m’a rattrapé auprès de certaines personnes. Je ne sais ce qu’Alfhild pense de moi et si elle me rejettera d’emblée, en bonne sang-pur. Tout est possible et lorsqu’elle sourit, je suis surpris :   «  J'aime bien les jeux de mot en préambule. Ca a le mérite de briser la glace. » Sa réponse, sympathique, m’étonne. Je voudrais affirmer que je ne suis pas de ceux qui jugent directement à partir du nom des sorcier, mais ce serait faux. J’ai des préjugés et des idées reçues, qui ne demandent probablement qu’à être déconstruits, mais qui sont tout de même présents lors d’une première conversation. Il vaut mieux être trop méfiant, en présence n’un nouveau interlocuteur, que trop confiant.

« J'allais marcher jusqu'au vieux chêne au coin là-bas. C'est un peu cliché mais c'est un endroit très reposant. Si tu as besoin tu peux m'accompagner. » J’observe l’arbre aux larges branches qu’elle a indiqué, acceptant l’invitation dans un signe de tête approbateur. Ce n’est pas si cliché. Les gens qui aiment la proximité des tombes ne sont pas légion, sans que je ne sache bien pourquoi. Je n’ai jamais compris qu’on puisse fuir la proximité des morts, qui somme toute, sont morts. Les pierres glacées, la terre fraîchement retournées, les fleurs abandonnées et les vieilles croix abîmées m’ont toujours calmé. Mon esprit, trop souvent en ébullition et en réflexion, ne trouve sa paix que dans le silence des caveaux.  « Je suis pas contre un peu de conversation. » Je lui emboîte le pas, agréablement étonné par ses réponses. Il y a la possibilité qu’elle ne sache pas que je suis un né-moldu, mais il y a aussi la possibilité qu’elle s’en foute totalement. Je préfère supposer que la seconde option est la bonne. Ce soir, j’ai déjà l’âme maussade, et je supporterais mal de devoir faire face à de l’intolérance. Ma voix est douce : « Je ne te garantis pas que la conversation soit joyeuse et agréable, je suis plutôt de mauvaise compagnie, aujourd'hui. » Et je serais probablement resté seul, si je n’avais pas eu cette idée, très certainement inadéquate, qui m’a conduit à l’aborder. Je gère normalement bien les décès à l’hôpital, j’y suis habitué et s’ils ne me laissent pas tous indifférent, ils ont rarement un impact sur moi. J’ai toujours considéré la mort de ces petits êtres comme quelque chose qui faisait partie d’un processus normal ; qu’est-ce qui a changé avec cette petite? La relation établie, peut-être, ou la promesse faite que je n’ai pu tenir. J’ignore les raisons, mais je ne suis pas en paix. Je reprends, maladroit, sans savoir comment aborder le sujet qui m’intéresse : « C’est rare, de voir des gens qui viennent se balader calmement dans les cimetières. » C’est rare de voir des gens qui viennent s’y promener tout court. Il y a bien ceux qui visitent des proches décédés, mais ils ne s’attardent pas, comme si leurs ancêtres pouvaient soudainement s’agripper à eux et revenir les hanter. Je rajoute, pensif : « Il me semble pourtant que c’est le lieu apaisant par excellence. » Mieux qu’une bibliothèque, mieux qu’une porte close, mieux qu’une forêt. À choisir entre dormir à Durmstrang dans le dortoir ou dans le cimetière, je choissirais très certainement la seconde option. Je suis bien, ici, et mon esprit ne me semble à son plein potentiel que lorsqu’il atteint ce niveau de calme et de quiétude.

Mes prunelles d’un bleu glacé se déposent sur Alfhild, avec une curiosité qui n’est pas feinte. Mon visage reflète mon hésitation et si je contrôle normalement mes expressions faciales, je ne tente pas de maîtriser celle-là : « Je ne sais pas comment formuler subtilement ma question, alors je vais être direct… » Suis-je capable d’autre chose que d’être direct, de toute façon, lorsque je veux savoir quelque chose? Je marque une courte pause, demandant d’une voix toujours chaleureuse : « Est-ce vrai que tu vois les morts? » Il ne me servira à rien de lui exposer ma vraie demande si elle répond par la négative.
Alfhild Mørk
Alfhild Mørk
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Let's talk about dead

 @Dax Tcherkassov   Juin 2022



Il a l'air surpris de ses réponses le jeune Dax. Elle remarque que qu'il réagit comme quelqu'un qui s'attendait à autre chose. Car elle connait ces réactions Alfhild. Il faut dire qu'elle sait y faire pour susciter la surprise la fille de Hel. Tantôt face tantôt pile. Selon les uns et les autres. Trop décalée et dérangeante pour certains, trop gentille et aimable pour d'autres. Les sensibilités et les conventions sociales favorisent souvent cette répartition. Elle pourrait faire des efforts Alfhild, mais cela ne l'intéresse pas vraiment. Elle a déjà tellement de choses à contenir en elle pour chercher à façonner un comportement qui serait plus adapté. Quoi qu'il en soit, Dax à l'air positivement surpris. Il lui emboîte le pas, c'est donc qu'il entre plutôt dans la deuxième catégorie pour l'instant. Devant eux, la renarde trottine toujours avec empressement. Dreymir a hâte de retrouver son petit coin de mousse dans lequel elle rêve de se lover afin de pouvoir sommeiller, la truffe tout contre la touffe de sa queue. L'animal n'écoute pas la conversation, cela ne l'intéresse pas. La renarde pense qu'elles seraient mieux au fond de leur lit à dormir.

« Je ne te garantis pas que la conversation soit joyeuse et agréable, je suis plutôt de mauvaise compagnie, aujourd'hui. » Alfhild hausse les épaules à cette remarque du fossoyeur. Etre de bonne ou de mauvaise compagnie dépend toujours de la personne qui est en face. Enfin c'est ce qu'elle pense. Pour l'instant elle ne pourrait pas vraiment pencher pour l'un ou l'autre. Il n'est pas en train de lui hurler dessus, ça lui semble plutôt agréable.  « C’est rare, de voir des gens qui viennent se balader calmement dans les cimetières. » Il reprend sur le ton de la conversation, légèrement mal à l'aise peut-être ? Alfhild est intriguée et son regard s'est détourné du chemin pour se porter sur son compagnon de promenade. A bien y réfléchir elle en connait quelques uns Alfhild. Elle déjà. Vence aussi. Peut-être que Leo fait aussi ce genre de sortie ? Il faudrait qu'elle lui demande à l'occasion. Ca fera un bon sujet de conversation à la colocation quand ils seront bien installés. Est-ce que Leo aimerait réellement ce genre de conversation ? Peut-être qu'elle devrait inviter Vence avant de lancer cette conversation avec lui. Et Jove surtout. Oh ! Elle pourrait cuisiner des petits gâteaux à la cannelle et préparer du thé à la cardamone. Ce serait bien ! « Il me semble pourtant que c’est le lieu apaisant par excellence. » Alfhild a hoché la tête, à la fois pour l'ajout de Dax sur lequel elle est tout à fait d'accord, et à la fois pour la perspective de faire le premier goûter officiel de la colocation pour parler de la fréquentation des cimetières avec Leo. Après tout, ça pourrait être un bon moyen de briser un peu la glace entre eux ?  

Soudain Dax tourne ses propres yeux bleus vers elle et la jeune Mørk ne peut retenir une légère expression de surprise à son tour. Car le jeune homme semble soudain hésitant. Et en effet, ses mots prennent rapidement la suite de l'expression pour souffler une brise de maladresse. « Je ne sais pas comment formuler subtilement ma question, alors je vais être direct… ». Il marque une courte pause pendant laquelle Alfhild sent sa curiosité piquée au vif s'amuser de cette brusque conversation. Ainsi donc, il avait quelque chose à lui demander le Dax. Son irruption n'était pas que fortuite. Comme pour l'encourager, un fin sourire s'est dessiné sur ses lèvres. Ses yeux à présents grands ouverts et attentifs attendent la question avec enthousiasme. Et elle tombe, chaleureuse, comme un espoir peut-être. « Est-ce vrai que tu vois les morts? » Presque décevant pour Alfhild. Ses épaules retombent et son visage se détourne pour revenir vers l'arbre au bout du chemin, qui n'est plus très loin désormais. Dreymir est déjà presque arrivée à son trou de mousse favori. Heureusement qu'elle n'est pas là. Elle aurait pu lancer un regard un peu sombre en direction du Fylgia de Dax. Sans réellement s'en rendre compte elle a soupiré aussi. Peut-être bien qu'elle aurait dû se rappeler un peu plus les rumeurs au sujet de l'homme et s'attendre à ce genre de question. Avec les habituels commentaires qui vont arriver avec. Les remarques, les moqueries peut-être même. Elle qui voulait juste profiter de son arbre et de son silence. Elle grimace même en y pensant. « Oui c'est vrai. Enfin je les entends surtout. J'en vois certains. Tu dois te dire que sachant cela je dois être bien pétée de la tête pour venir dans les cimetières me balader et flâner comme si de rien n'était. Et si c'est pour me dire des trucs relous à ce sujet, passe ton chemin. Tu serais alors de bien mauvaise compagnie en effet. » Dit-elle tout en continuant de marcher et de regarder droit devant elle. Avant d'ajouter quoi que ce soit, elle s'est presque précipitée sur les derniers mètres pour retrouver la présence de la renarde qui, sentant la tension soudaine de sa sorcière s'est assise sur son trou de mousse, incapable de s'allonger. « Qu'est-ce qu'il se passe » a murmuré la Fylgia à peine Alfhild arrivée. Mais cette dernière n'a rien répondu et s'est contentée d'ouvrir son sac en cuir et d'en sortir deux tasses. « En revanche si c'est pour me poser de vraies questions respectueuses ou parler d'un truc en particulier lié à ton travail ici, c'est top et je t'invite à prendre une tasse de thé avec moi. Ce sera un thé blanc citronnelle et hibiscus si tu aimes ça. » D'un coup de baguette magique elle a rempli les tasses d'eau fumante avant de s'assoir près de Dreymir et de mettre les sachets de thé à infuser.


Dax Tcherkassov
Dax Tcherkassov
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Je n’ai jamais vu l’intérêt de tergiverser éternellement pour demander quelque chose, outre lorsqu’on veut manipuler notre interlocuteur. Les belles introductions et les palabres interminables ne sont utiles que si on veut duper quelqu’un ou le ménager inutilement. Je n’ai aucune intention malveillante à l’égard d’Alhild et je n’ai pas l’hypocrisie de feindre que je veux simplement discuter, alors que j’ai clairement une idée en tête. Malgré tout, je me demande si je n’ai pas été trop direct, lorsque je vois ses épaules qui retombent et son visage qui se détourne. J’aurais peut-être pu attendre un minimum de deux minutes avant de poser ma question, mais je n’en voyais pas l’intérêt, ni pour elle, ni pour moi. Aurions-nous vraiment quelque chose à nous dire si elle rétorque par la négative? Je ne suis pas bavard au point de souhaiter une discussion inutile, basée sur du vide, et je ne connais pas suffisamment cette fille pour savoir si elle peut être intéressante ou si elle correspond trop bien au moule des parfaits sangs-purs.

Ai-je entendu un soupir…? Je fronce les sourcils alors qu’elle répond : « Oui c'est vrai. Enfin je les entends surtout. J'en vois certains. Tu dois te dire que sachant cela je dois être bien pétée de la tête pour venir dans les cimetières me balader et flâner comme si de rien n'était. Et si c'est pour me dire des trucs relous à ce sujet, passe ton chemin. Tu serais alors de bien mauvaise compagnie en effet. » Elle semble presque se précipiter jusqu’à l’arbre et j’accélère le pas pour suivre son rythme. Je suis con et égoïste, mais jusqu’à une certaine limite. Ce que je retiens en premier, ce n’est pas la réponse positive à ma question, mais plutôt tout le reste. Cette mention de ce que je dois me dire et cet avertissement sur ce que je pourrais affirmer… Une lueur intriguée valse dans mes prunelles claires, alors que je la fixe silencieusement. A-t-elle reçu si souvent des commentaires concernant sa particularité, pour être à ce point réactive? Je ne vois aucun problème quant au fait de se balader dans les cimetières, même si cela vient avec quelques morts. C’est une autre façon de vivre, tout simplement.

Je la regarde sortir deux tasses de son sac, signe qu’elle ne va peut-être pas me congédier immédiatement. Je préfère cette réaction à un piaillement incessant : la méfiance est plus belle à observer qu’une confiance idiote et inappropriée.  « En revanche si c'est pour me poser de vraies questions respectueuses ou parler d'un truc en particulier lié à ton travail ici, c'est top et je t'invite à prendre une tasse de thé avec moi. Ce sera un thé blanc citronnelle et hibiscus si tu aimes ça. »  Elle s’assoit proche de sa fylgia, alors que son affirmation m’arrache un sourire.  J’apprécie cette association entre le recul et l’ouverture et j’aime bien que le problème soit ma potentielle attitude, pas mon sang. Je peux gérer le premier élément. « J’adore le thé, ce sera avec plaisir. » Ma voix est douce et mon sourire n’est pas le plus phénoménal, mais il est présent. Je m’installe face à elle, en tailleur, tandis que le panda vient se positionner non loin de moi. Mes pupilles se posent sur celle que je connais peu et sur qui je n’ai que les informations de base, véhiculées dans les couloirs. Je précise : « Et je ne te crois pas, comment tu dis déjà…pétée de la tête. Chacun gère ses particularités comme il veut. Les morts ne sont pas présents que dans un cimetière, et j’imagine que ce n’est pas parce que tu t’y balades que tous viennent te parler en même temps. » Ce serait extrêmement chiant, niveau tranquillité. Mon sourire s’élargit alors que je rajoute : « Du moins, je l’espère, sinon ce serait plutôt…chaotique. »   Mais peut-être que c’est le cas? Peut-être qu’ils sont plus nombreux à venir lui parler ici, où ils sont supposés reposer éternellement? Je n’irais pas jusqu’à dire qu’ils reposent en paix. Certains sont morts en ordure, et je préfère croire qu’ils n’ont pas droit à une quiétude qu’ils ont ôté aux autres. Moi-même, je ne mériterai pas cette paix.

Je frôle la terre de mes doigts, distrait. Y a-t-il quelque chose de plus beau, de plus fascinant que la mort? La vie ne m’apporte pas la même tranquillité. Je reprends : « Ma question n’est pas liée à mon travail ici, mais à celui que j’exerce à l’hôpital. » Je suis peut-être fossoyeur, mais je préfère ne pas avoir trop d’informations sur les gens que j’enterre. Je n’ai pas besoin de connaître leurs voix, leur existence, leurs défauts, leurs qualités et leurs vices ; j’ai simplement besoin d’un prénom, d’un corps, d’une tombe et d’un trou assez profond. Mes yeux cherchent les siens, alors que je rajoute avec un léger sourire : « Mais cette question peut attendre. » Elle ne presse pas. J’ai mentionné d’entrée de jeu ce qui m’intéressait ; mais les individus aussi m’intéressent dans leurs réactions, quand ils ne sont pas trop chiants. Il n’y a aucune froideur dans ma voix lorsque je demande : « Tu te prends des commentaires relous si souvent…? » Si souvent au point de croire, dès ma première question, que je pourrais aller dans cette même direction? Les gens ont déjà été cons à ce point? Je comprends que les gens puissent être aussi débiles, mais j’en suis toujours étonné.
Alfhild Mørk
Alfhild Mørk
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Let's talk about dead

 @Dax Tcherkassov   Juin 2022



Elle entend les bruits de pas qui accélèrent derrière elle. Est-ce que c'est rassurant ? Elle n'en sait rien. Est-ce qu'elle devrait s'en sentir menacée ? Peut-être. Mais Alfhild n'a pas conscience qu'elle pourrait l'être. Même si elle a fait l'expérience de la peur de la mort à Walpurgis, elle a encore bien du mal à percevoir les situations qui devraient attirer sa méfiance. A croire que son instinct de survie n'est pas spécialement développé. Ou alors peut-être que le fait d'avoir un adelphe toxique qui est la seule réelle menace de sa vie suffit à biaiser sa notion de danger. Quoi qu'il en soit elle s'est assise et a proposé un thé à son interlocuteur malgré l'empressement qu'il a eu pour la suivre. « J’adore le thé, ce sera avec plaisir. » Sa voix est douce, rassurante, son sourire léger mais existant. Elle penche la tête sur le côté, comme une invitation supplémentaire à venir prendre place face à une des tasses de thé. Le sorcier s'asseoir à son tour et elle se dit que c'est déjà un gage de sympathie. A moins que ce ne soit qu'une illusion. Tant pis, elle prend le risque. C'est ce qu'elle se dit toujours. Qu'il vaut mieux prendre un risque et d'agir que de rester inactif et laisser faire. Dreymir adresse un petit jappement de bienvenue au panda, sur lequel Alfhild pose son regard une seconde. Remarquant le potentiel adorablement mignon de l'animal. Elle sent le souffle de la renarde dans son dos qui doit probablement rouler les yeux au ciel face à un tel constat. Puis l'isatis se roule en boule jugeant sans aucun doute la situation dénuée de tout danger. Un vague sourire vient effleurer les lèvres de la Mørk qui ne parvient à reporter son attention sur Dax que lorsqu'il reprend la parole. Une personne avec un Fylgia aussi adorable ne peut pas être tout à fait mauvais non ? « Et je ne te crois pas, comment tu dis déjà…pétée de la tête. Chacun gère ses particularités comme il veut. Les morts ne sont pas présents que dans un cimetière, et j’imagine que ce n’est pas parce que tu t’y balades que tous viennent te parler en même temps. » Elle se retient de rire en pinçant des lèvres alors que ses sourcils s'arquent sous l'effet de surprise de la dernière remarque. Elle a pris l'habitude d'être avec des personnes qui respectent et connaissent sa particularité, parfois aussi bien qu'elle-même, et elle oublie souvent que ce n'est pas le cas de tout le monde. Et qu'en réalité même, beaucoup de fausses idées circulent sur la question. Cela m'amuse beaucoup, dans la façon qu'à eu Dax d'en parler, de constater qu'il est loin de la réalité. Peut-être qu'il pressent son hilarité car il enchaîne aussitôt.  « Du moins, je l’espère, sinon ce serait plutôt…chaotique. »   Cette fois elle rigole doucement, un petit rire rapide qui lui fait relâcher la tension de ses épaules. Dans un geste plus souple que précédemment elle pause ses mains en arrière à même la terre, sentant la douce caresse de l'herbe contre sa paume. Ainsi plus stable la sorcière se permet d'observer un peu plus attentivement le visage du jeune homme qui lui fait face. Il a l'air soudain pensif et elle se demande à quoi il pense. Malgré tout ce qu'elle lui a dit, ses avertissements et ses remarques peu agréables, il a piqué sa curiosité.  « Ma question n’est pas liée à mon travail ici, mais à celui que j’exerce à l’hôpital. » Ses yeux s'agrandissent à cette mention d'un autre travail. Elle ne savait pas. Comment le pourrait-elle après tout, ils ne se connaissent pas. Si ce n'est de réputation mutuelle. Alfhild voudrait lui poser des questions, elles sont nombreuses à surgir les unes après les autres, mais elle parvient à les retenir au prix d'un gros effort. Ce n'est pas le moment de l'interrompre et de lui sauter à la gorge avec une avalanche de questions enthousiastes. Alors elle pince les lèvres encore plus fort tout en espérant qu'il ne prenne pas ce signe comme une marque de moquerie de sa part. « Mais cette question peut attendre. » Cette fois l'incompréhension perce dans son regard et modifie ses traits. Elle est de plus en plus intriguée par cette question qui semblait si importante et qui finalement ne l'est plus ? A-t-il réellement une question finalement ou bien n'était-ce qu'un prétexte pour l'aborder. Mais qui se donnerait tant de mal pour venir s'entretenir sous un arbre avec elle ? Sa tête se penche une nouvelle fois sur le côté, légèrement en arrière cette fois dûe à sa position assise. « Tu te prends des commentaires relous si souvent…? » Pourquoi est-ce que cela l'intéresse ? Ses yeux deviennent perçants alors qu'elle les posent dans les siens. Et puis elle se dit que ce ne doit pas être une curiosité morbide. Et au pire tant pis, ça alimentera un peu plus tout ce que les gens ont à dire sur elle. « Ça va mieux depuis quelques années, mais oui ça arrive souvent. Faut dire je cumule plusieurs problématiques : j'entends les morts, j'en vois certains et je réagis un peu trop quand leurs énergies sont trop présentes, je suis une Mørk avec une famille qui porte trop bien son nom, je suis aussi douée pour les interactions sociales qu'une abeille pour la baignade et j'aime trop en jouer pour éloigner les gens désagréables pour ne pas être tout à fait exempt de toute culpabilité.  » Elle lui sourit doucement, amusée par cette vérité. C'est plus facile de jouer le jeu avec cette particularité qui angoisse tellement de monde. Faire parler les morts pour raconter toutes sortes de choses horribles a toujours été un moyen sûr de mettre en déroute ceux qui se moquent. « Après faut pas trop m'en vouloir de trouver toujours plein de choses horribles à dire, car en réalité j'exagère pas tant que ça. Il y a vraiment un jeune élève mort dans les salles de potions qui marmonnent d'une façon déplaisante. » D'une poussée d'épaules Alfhild se redresse pour attraper une des tasses et en humer les vapeurs avant de la reposer. Pas encore assez infusé. « Si j'aime tant venir dans les cimetières c'est que c'est l'un des endroits les plus calmes figures-toi. Les morts restent autour de leurs lieux de décès. Plus ou moins en paix. Ils ont tendance à fuir les restes en décomposition de leurs corps. J'imagine que c'est pas le truc qu'ils aiment le plus. Enfin bon, souvent ils aiment pas grand chose de toute façon. » Elle esquisse une grimace qui s'accentue quand elle prend soudain conscience qu'elle parle trop, encore une fois. « Mais tout ça n'est pas la raison pour laquelle tu es venu me parler. Dis-moi quelle est ta question. Je ne savais pas que tu travaillais aussi à l'hôpital ? Dans quel service ? Tu es déjà soignant ? Pourtant il me semblait qu'on avait pas tant d'écart d'âge. Mais tu as de la chance. J'aimerais bien aussi travailler en parallèle de Durmstrang. J'ai vraiment adoré l'Egypte pour ça. C'était si exaltant de pouvoir mettre en pratique dans un réel but concret tout ce que j'ai emmagasiné de connaissances depuis dix ans. » Ses yeux brillent avec ferveur à l'évocation de ce souvenir. Une deuxième fois, elle prend une tasse et hume ses valeurs. Cette fois elle hoche la tête positivement et la tend à Dax. « Le thé commence à être suffisamment infusé. Je te laisse gérer ton propre degrés d'amertume selon ce que tu aimes. ». Puis son regard se porte sur les environs, savourant le calme qui règne dans ses pensées. Un doux soupire soulève sa poitrine. « Ce presque silence est si doux. » Ce n'est qu'un murmure pour elle-même et son sourire se fait plus vaporeux alors qu''elle se permet de fermer les yeux une dizaine de secondes, savourant pleinement la sérénité du lieu. Dire que demain elle commence une nouvelle expérience professionnelle. Elle espère sincèrement que tout se passera bien la Mørk. Et qu'elle pourra même peut-être y rester après la durée du stage. Et qu'à la rentrée elle aura la chance de faire partie de ces élèves qui travaillent en dehors. Retrouver une indépendance financière aussi. Et arrêter de devoir prendre dans ses réserves laissées par son père à son départ. La seule chose qu'il lui ait laissé d'ailleurs, avant de disparaitre. A jamais semble-t-il.



Dax Tcherkassov
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« Ça va mieux depuis quelques années, mais oui ça arrive souvent. Faut dire je cumule plusieurs problématiques : j'entends les morts, j'en vois certains et je réagis un peu trop quand leurs énergies sont trop présentes, je suis une Mørk avec une famille qui porte trop bien son nom, je suis aussi douée pour les interactions sociales qu'une abeille pour la baignade et j'aime trop en jouer pour éloigner les gens désagréables pour ne pas être tout à fait exempt de toute culpabilité.  » Un sourire m’échappe, totalement sincère. J’aime cette présentation, cette précision sur ses capacités en matière d’interactions sociales et du jeu possible pour éloigner ceux qui sont chiants. Ça me rassure, probablement. Parce que le nom Mørk évoque bien pour moi quelque chose de principalement négatif ; surtout en ce qui concerne un type en particulier. Alfhild, à première vue, semble plus équilibrée que son frère. Entendre les morts, réagir à leurs énergies et ne pas avoir le charisme d’un joueur de Quidditch ne sont pas pour moi des éléments rebutants, c’est même plutôt l’inverse. « Après faut pas trop m'en vouloir de trouver toujours plein de choses horribles à dire, car en réalité j'exagère pas tant que ça. Il y a vraiment un jeune élève mort dans les salles de potions qui marmonnent d'une façon déplaisante. » Un rire m’échappe, léger et bref. J’adore ce type de commentaires et je me demande s’ils sont fréquents, lorsqu’on discute avec cette fille. L’avoir dans son entourage doit être plutôt divertissant. Savoir qu’il y a un élève mort dans les salles de potions ne m’embête pas, mais provoque une question d’ordre logique : les morts hantent-ils le lieu de leur décès et si oui, à quel point celui-ci était-il incompétent ? J’observe la Mørk attraper l’une des tasses, la porter à son nez, puis la reposer. Une experte du thé, visiblement.  Je suis plutôt de ceux qui oublient éternellement leur sachet dans l’eau chaude. « Si j'aime tant venir dans les cimetières c'est que c'est l'un des endroits les plus calmes figures-toi. Les morts restent autour de leurs lieux de décès. Plus ou moins en paix. Ils ont tendance à fuir les restes en décomposition de leurs corps. J'imagine que c'est pas le truc qu'ils aiment le plus. Enfin bon, souvent ils aiment pas grand chose de toute façon. » J’ébauche une légère grimace, tandis que le panda se rapproche de ma cuisse. Si ma gamine n’hante que l’hôpital, je n’obtiendrai pas ce que je veux de cette conversation. Mais est-ce que je sais vraiment ce que j’espère…? Je sais qu’elle n’a pas été encore enterrée et que son corps ne se trouve pas encore ici. J’y serais déjà allé sinon avec des fleurs, inutiles mais belles.

Ma main glisse sur le pelage du panda, sans que je ne prenne immédiatement la parole. Je suis rapidement agacé par les humains que je côtoie, par les absurdités qu’ils débitent, par les conversations inintéressantes qui sont parfois abordées. Nous avons très peu discuté jusqu’à maintenant, mais les phrases d’Alfhild ne m’ont pas exaspéré et ont plutôt piqué mon intérêt : « Mais tout ça n'est pas la raison pour laquelle tu es venu me parler. Dis-moi quelle est ta question. Je ne savais pas que tu travaillais aussi à l'hôpital ? Dans quel service ? Tu es déjà soignant ? Pourtant il me semblait qu'on avait pas tant d'écart d'âge. Mais tu as de la chance. J'aimerais bien aussi travailler en parallèle de Durmstrang. J'ai vraiment adoré l'Egypte pour ça. C'était si exaltant de pouvoir mettre en pratique dans un réel but concret tout ce que j'ai emmagasiné de connaissances depuis dix ans. » J’ignore l’âge d’Alfhild, je ne m’y suis jamais intéressé suffisamment pour m’interroger à ce sujet. Je sais toutefois que j’ai pris un certain retard, par rapport aux autres étudiants : mes années sabbatiques ne m’ont pas aidé à terminer en même temps que ceux de mon âge. Un détail dont je me fous éperdument. J’ai choisi de bosser à l’hôpital parce que j’adore la profession, mais terminer dans un délai respectable a toujours été pour moi secondaire. Je note toutefois avec intérêt qu’elle est allée en Égypte et que ses yeux semblent briller davantage alors qu’elle en parle, sans savoir forcément ce qu’elle est allée y faire. Je ne connais pas son domaine d’études. Elle prend de nouveau la tasse, dans une répétition des mêmes gestes, puis me la tends : « Le thé commence à être suffisamment infusé. Je te laisse gérer ton propre degrés d'amertume selon ce que tu aimes. » Je la prends, acquiesçant dans un signe de remerciement. « Ce presque silence est si doux. » Je ne la contredirai certainement pas sur ce point. J’ai toujours adoré la quiétude qu’on ne retrouve qu’entre les pierres tombales. De jour, les cimetières ne sont animés qu’au moment des enterrements officiels. Sinon, ils sont plutôt déserts, fréquentés seulement de façon occasionnelle par des âmes qui gèrent leur deuil d’une façon plus difficile que les autres ou par des adolescents plus rebelles qui veulent faire semblant d’être un peu plus durs que leurs potes. Je réponds : « J’adore le silence dans les cimetières. C’est tellement plus paisible et agréable qu’à Durmstrang et dans les rues. C’est presqu’une chance, que les gens fuient ce genre de lieu. » J’aimerais moins y bosser, si c’était plus fréquenté. Je ne suis fossoyeur que par intérêt personnel et par loisir, pas par besoin financier. Mes contrats me suffisent, à ce niveau. Sauf que j’adore ces moments où je suis seul en soirée, entouré seulement de mes morts, qui ne me parlent pas comme Alfhild, mais dont la présence ne me dérange pas. Être debout dans un cimetière, c’est mieux que d’attendre dans mon appartement que les heures ne passent.

Je pose la tasse chaude sur ma cuisse, sans la porter immédiatement à mes lèvres. Mes pupilles demeurent fixées sur ma drôle de rencontre de la soirée alors que je poursuis : « Je connais ta famille…Ou plutôt ton nom. C’est davantage ce qui m’a tenu éloigné de toi que ta réputation. Je vois la même utilité dans les interactions sociales que ce qu’une abeille doit voir dans l’utilité de la baignade. » Un mince sourire amusé étire mes lèvres, sans éclairer énormément mes traits qui ne doivent paraître que plus blêmes sous l’obscurité et le simple rayonnement de la lune. Le nom Mørk, je le connais plus que je ne voudrais, parce qu’entre moi et Fredrikke, c’est loin d’être l’amour. Peut-être qu’inconsciemment, cette filiation a influencé l’idée que je me faisais de sa sœur. Je reprends : « Si les morts préfèrent rester dans leurs lieux de décès, je doute que tu pourrais m’aider…En même temps, je doute aussi qu’elle aurait préféré rester là-bas. Sauf pour me maudire, peut-être. » Un pli amer vient remplacer mon sourire, alors que mes yeux se détournent, se fixant sur la tasse. Je ne suis pas gêné, je ne crois pas être capable d’éprouver une telle émotion. Mais l’événement est récent et j’éprouve un drôle de sentiment, en songeant à cette gamine. Un mélange de regrets et de…tristesse ? Ce n’est pas très clair et je n’ai clairement pas envie de m’y attarder. Je relève mes pupilles vers Alfhild, rajoutant d’un ton neutre : « Je suis en dernière année de stage de médicomagie sur le département de pédiatrie à l’hôpital. J’ai un parcours plutôt…compliqué, alors j’y bosse aussi l’été. J’ai perdu une gosse aujourd’hui, une gamine de quatre ans. » Clara. Pas de chances de survie, peu de possibilités, des traitements ayant principalement comme but d'atténuer la douleur. Je lui ai menti comme à toutes les autres, parce que je ne pouvais pas faire mieux et que la vérité me semblait beaucoup trop brutale. Je voulais être là pour elle, j’espérais réellement être présent. J’aurais tenu sa main, je l’aurais aidée et accompagnée. Sauf que je n’ai pas été là et elle ne m’a pas attendu, avant de passer à la prochaine étape. J’hésite à peine quelques secondes avant de reprendre d’une voix assurée : « Je me fous de la mort, vraiment, ça m’embête pas. Mais celle-ci…Je lui avais promis qu’on ferait tout ce qu’on pourrait pour la soigner, même si je savais que y’avait plus rien à faire. Et… » Et elle est parvenue à m’atteindre, avec ses sourires, ses yeux d’ange, ses mimiques, son optimisme, sa candeur, ses oh Dax, tu viens voir ma peluche ? je lui ai donné ton prénom et toutes ces bêtises d’enfant qui prennent trop d’importance au fil du temps. Je glisse une main contre mes tempes, rajoutant : « C’est idiot. Je me demande si elle va bien. M’fin, pour une morte. » Autant y rajouter un peu d’humour, parce qu’amoureux des cimetières ou non, le sujet peut être lourd.
Alfhild Mørk
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Let's talk about dead

 @Dax Tcherkassov   Juin 2022



Ses paupières s'ouvrent à nouveau quand Dax reprend la parole.  « J’adore le silence dans les cimetières. C’est tellement plus paisible et agréable qu’à Durmstrang et dans les rues. C’est presqu’une chance, que les gens fuient ce genre de lieu. » Elle hoche délicatement la tête, laissant distraire son regard sur les tombes qui les entourent. Indéniablement, les gens fuient ces lieux, et elle comprend pourquoi Alfhild. Il doit rien avoir de plus terrifiant que de se retrouver devant une pierre muette qui recouvre les restes d'un être aimé. Perdu à jamais. Elle, elle a toujours eu l'idée que quoi qu'il arrive, elle pourrait trouver la voix de ceux qui l'auraient quitté trop tôt. Les entendre encore, échanger quelques mots comme ça, pour garder leur souvenir à jamais dans son cœur. Une des rares facettes positives de cette particularité. Ou un autre écueil. Elle ne sait pas encore Alfhild. Elle n'a pas réussi à statuer. Parce qu'elle connait aussi d'autres Hemskökt qui ce sont laissés dépérir auprès de ces miettes de souvenirs, incapable de quitter le seuil d'Helheim. Ses yeux clairs reviennent lentement vers son interlocuteur du soir puis sur sa propre tasse de thé dont elle s'affaire à retirer le sachet, l'essorer entre ses doigts d'un geste technique plus que maîtrisé, puis elle ouvre le petit paquet, libère les feuilles sur la terre à côté d'elle, avant de rouler le tissus détrempé et de le ranger dans une petite boîte de fer qu'elle tire de son sac. Un rituel tellement répété qu'elle regarde à peine ses mains exécuter les gestes. « Je connais ta famille…Ou plutôt ton nom. C’est davantage ce qui m’a tenu éloigné de toi que ta réputation. Je vois la même utilité dans les interactions sociales que ce qu’une abeille doit voir dans l’utilité de la baignade. » Un infime frisson a parcouru sa nuque quand il a parlé de sa famille. Des Mørk, et elle ne peut s'empêcher de se demander à qui il a eu affaire avant elle. Si l'expérience à suffit à le tenir éloigner d'elle c'est probablement plutôt du côté des mauvais influenceurs que des bons. Elle est obligée de songer à l'adelphe, parce que dernièrement il revient un peu trop souvent dans les conversations. Désagréablement. Inlassablement. Comme s'il avait croisé la route de tous les sorciers du royaume. Elle grimace légèrement, espérant que ce ne soit pas lui, mais qui pourrait-elle donc lui souhaiter de mieux ? Soli ? Probablement pas non. Gunnar non plus. A dire vrai, ils ont tous leurs pratiques détestables, elle aussi. Non, clairement, aucun n'est à souhaiter plus qu'un autre et son estomac se tord légèrement. Elle comprend trop bien, mais elle ne baisse pas les yeux, au contraire. Elle sait trop bien Alfhild, les torts qu'ils ont tous et les centaines de raisons que les autres ont de les fuir. Sauf Jeudi peut-être, mais alors son expérience n'aurait pas été aussi négative sans doute. Un léger sourire amusé perce même sur ses lèvres alors qu'elle incline un peu plus la tête sur le côté. Intriguée. « Si les morts préfèrent rester dans leurs lieux de décès, je doute que tu pourrais m’aider…En même temps, je doute aussi qu’elle aurait préféré rester là-bas. Sauf pour me maudire, peut-être. » les yeux de la sorcière se plissent légèrement, c'est donc de cela qu'il s'agit. Une personne décédée. Ses mains attrapent sa tasse chaude et les portent à ses lèvres. La vapeur d'eau chaude lui chatouille les cils et son sourire s'adoucit tandis qu'une légère flamme de curiosité se met à briller dans son regard d'un bleu trop clair. Parce qu'elle ne peut s'empêcher d'éprouver ce sentiment quand un vivant vient lui poser des questions sur un mort. Parce qu'elle se sent encore trop obligée d'écouter et de proposer des choses. Parce qu'elle se sent redevable. Encore et toujours. Même si elle essaye, vraiment, de ne plus se mêler autant des histoires des autres. Elle essaye, mais c'est difficile, parce qu'elle aime ça Alfhild, faire le lien, apaiser des âmes, combler quelques regrets, trouver en finalité, une autre facette positive à cette particularité qui lui dévoré sa santé mentale par tous les bouts. « Je suis en dernière année de stage de médicomagie sur le département de pédiatrie à l’hôpital. J’ai un parcours plutôt…compliqué, alors j’y bosse aussi l’été. J’ai perdu une gosse aujourd’hui, une gamine de quatre ans. » Elle hoche la tête une nouvelle fois, avant d'avaler une première gorgée de thé. L'hôpital, la torsion de son estomac s'accentue. Les choses pourraient être bien plus difficiles qu'elle ne le pensait. Et en même temps, elle aurait pu le deviner. Ne venait-il pas de lui dire qu'il travaillait là-bas ? Elle grimace doucement la sorcière à cette idée. Si elle aime le cimetière, on peut affirmer avec certitude qu'elle déteste le lieu de soin qu'il vient d'évoquer. Trop plein de morts, anciens, récents, trop récents. Trop de tristesses, de colères, de ronchonnnements incessants. Ça l'avait presque rendue impossible de se guérir elle-même, la dernière fois. C'est d'ailleurs cette expérience et ses récentes visites à Fred qu'elle s'était imposée, malgré tout, qui avait fait germer une autre idée dans sa tête. Ça et leurs plans d'amulettes avec Einar. Elle espérait trouver dans sa prochaine expérience professionnelle au Musée les dernières inspirations pour parfaire son idée, et peut-être trouver enfin un charme runique d'une efficacité plus efficace que ses exercices d'occlumencie inefficaces. « Je me fous de la mort, vraiment, ça m’embête pas. Mais celle-ci…Je lui avais promis qu’on ferait tout ce qu’on pourrait pour la soigner, même si je savais que y’avait plus rien à faire. Et… » La peine est perceptible dans la phrase commencée et non achevée. Alfhild penche un peu plus la tête sur le côté, signe qu'elle est elle-même touchée par les mots qu'elle entend. Elle n'est pas aussi stupide que certains le pensent Alfhild, ni aussi détachée. Surtout pas face au deuil des autres. Ces sentiments souvent trop gros qui englobent un tas de sentiments contraires et intenses. Elle les comprend, mais elle ne sait jamais bien réagir. A celui qui aurait besoin de silence, elle ne fait que parler et à celui qui aurait besoin de longs souvenirs, elle ne fait que se taire. Toujours les mauvais choix, toujours la mauvaise décision, toujours cette incapacité intrinsèque à déchiffrer les autres. Alors elle laisse un temps s'écouler, avec l'espoir qu'il continue sa phrase ou qu'il en entame une nouvelle. Tout plutôt que lui laisser sa chance à elle de mettre encore une fois son tact légendaire en avant. Surtout qu'elle doute qui ait encore envie de rire avec elle comme il l'a fait juste avant, après ça. Elle est trop habituée à cet enchaînement logique de l'évolution rapide de ses discussions pour ne pas s'attendre à la même finalité avec ce Dax qu'elle ne connait pas vraiment.  « C’est idiot. Je me demande si elle va bien. M’fin, pour une morte. » Heureusement il a repris la parole, main sur les tempes. Elle pouffe légèrement du nez la tête encore au-dessus de son thé. Elle ne sait pas réellement si l'intention était de la faire rire, ni même de tenter un trait d'humour, mais elle, elle a trouvé ça drôle la Mørk. Parce que c'est typiquement le genre de phrase qu'elle est capable de sortir. Ça la rassure un peu de l'entendre dans la bouche du sorcier. Peut-être qu'il n'est pas si antipathique qu'on le raconte finalement. Les rumeurs auraient donc tord ? Incroyable. Elle n'ose y croire ? Si évidemment. Elle sourit face à ses propres pensées sarcastiques et avale une gorgée de thé avant de reposer la tasse devant elle. Une fraction de seconde son cerveau se demande si elle ne devrait pas réfléchir un peu plus avant de se lancer dans une nouvelle prise de parole. Mais trop tard, les mots s'échappent déjà. « Ceux qui viennent tout juste de passer de l'autre côté imprègnent toujours plus fortement leur lieu de mort. Probablement que si on allait là-bas ce soir je pourrais même l'apercevoir. Après, sa réaction, ce que sa réminiscence aura compris ou non de son nouvel état, je ne peux pas le prédire. Certains sont en colère, d'autres ne s'en rendent pas compte, d'autres revivent le traumatisme des conséquences du décès s'il a été douloureux ou violent. » Elle hausse les épaules Alfhild, s'arrêtant là d'elle-même avant de faire tomber son regard vers ses doigts qui jouent avec un brin d'herbe. « Mais globalement, ils sont souvent ronchons, et touchés ou du moins satisfaits, dès qu'un vivant parle d'eux. Ils veulent juste pas être oubliés. » Ses yeux bleus se relèvent vers ceux de Dax et se fixent dans son regard. Elle ne sait pas quoi dire d'autre. Le rassurer ? Lui mentir et lui dire qu'elle doit forcément être heureuse et en paix ? Car ce n'est pas le cas. En fait ils ne sont pas grand choses, pas réellement. Ils sont, ils murmurent, se lamentent, rigolent. Des éclats d'émotions qui continue d'exister au-delà d'eux. « Si elle était en paix ou heureuse au moment de son décès, il est probable que l'énergie qui reste d'elle le soit elle aussi. » Un doux sourire effleure ses lèvres alors qu'elle cherche comme une validation de ses paroles. Ou plutôt les traces habituelles de la gêne et du malaise. Elle finit par secouer la tête une nouvelle fois. « Tu peux toujours aller dans la pièce où elle est morte et lui dire que tu penses à elle. Même sans Hemskökt à côté elle entendra tu sais. Je t'aurais bien proposé de venir avec toi, mais j'évite un maximum d'aller à l'hôpital quand je peux éviter. Ce qui n'est pas toujours pratique pour se faire soigner. » Son visage grimace à Alfhild, elle espère qu'il comprend pourquoi. Puis un sourire amusé finit par revenir sur ses lèvres pâles. « Et puis il paraît selon les rumeurs que tu n'es pas hyper commode, ou taciturne ? Je sais plus trop . J'écoute pas suffisamment les rumeurs. Mais ça pourrait vouloir dire une soirée en compagnie peu sympathique et j'avais prévu l'inverse ce soir. » Elle rigole légèrement avant de reprendre d'un ton plus léger. « Mais ça reste toujours mieux que ma réputation et celle de ma famille. Je resterai éloignée d'eux aussi si j'étais quelqu'un d'autre. Je te recommande grandement de continuer à le faire par ailleurs. Ils sont franchement souvent peu sympathiques et ils ont une fâcheuse tendance à enfermer les gens dans leurs sous-sols.  » Elle rigole Alfhild en rejetant sa tête en arrière. C'est dernière phrase est plus une blague pour elle-même. Une blague de Mørk. Le genre de blague qu'elle aime bien sortir avec Fen. Ou en plein milieu d'un repas chez Gunnar. Peut-être qu'elle ne sera pas comtoise comme telle par une oreille étrangère. Tant pis. Elle ne s'en formalise pas Alfhild. Et puis elle sait trop bien à quel point il y a de la toxicité chez les Mørk. Elle l'a trop expérimenté elle-même pour en vouloir aux autres de vouloir les fuir. Même si elle, personnellement, ça la blesse toujours un peu d'en subir les conséquences dans ses relations sociales. Même si elle, paradoxalement, elle cherche toujours un peu trop à se rapprocher d'eux dans une vaine tentative de se construire une famille.




Dax Tcherkassov
Dax Tcherkassov
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Elle pouffe légèrement du nez et mon sourire répond au sien, juste avant que je ne lève ma tasse. J’avale une gorgée trop chaude et trop âcre, qui me signale que je devrais peut-être envisager d’enlever le sachet. « Ceux qui viennent tout juste de passer de l'autre côté imprègnent toujours plus fortement leur lieu de mort. Probablement que si on allait là-bas ce soir je pourrais même l'apercevoir. Après, sa réaction, ce que sa réminiscence aura compris ou non de son nouvel état, je ne peux pas le prédire. Certains sont en colère, d'autres ne s'en rendent pas compte, d'autres revivent le traumatisme des conséquences du décès s'il a été douloureux ou violent. » Ma machoîre se durcit, alors que mes lèvres esquissent une grimace amère. Mes collègues m’ont narré brièvement les circonstances de sa mort. Rien de nouveau, d’exceptionnel ou de mémorable. Une céphalée toute la nuit, une pyrexie que les potions ne contrôlent plus, et une tachycardie qui précède l’inconscience salvatrice. Une énumération de symptômes qui pourraient être bénins, mais contre laquelle les sortilèges ne pouvaient rien faire, outre retarder l’inévitable et prolonger la souffrance, parce que la maladie était trop ancrée dans le corps du patient. A-t-elle souffert ? Peut-être que oui, peut-être que non. Je n’ai pas demandé des détails sur le sujet, je me suis contenté d’exiger ceux qui étaient totalement médicaux. Ça ne pouvait rien m’apporter, de savoir à quel point sa mort a été violente, avant qu’elle ne sombre. Il me suffit de savoir que je n’ai pas respecté ma promesse ; et les souffrances que je ne peux soulager m’agacent trop fortement. « Mais globalement, ils sont souvent ronchons, et touchés ou du moins satisfaits, dès qu'un vivant parle d'eux. Ils veulent juste pas être oubliés. » Curieux. J’imaginais facilement les morts comme des individus ronchons, mais je ne me les représentais pas comme des égocentriques, heureux qu’on bavarde à leur sujet. Mes frères seront décidément bien chiants, lorsqu’ils décèderont.

Cette pensée m’arrache presque un nouveau sourire, alors que je soutiens le regard bleu de l’Hemskökt. « Si elle était en paix ou heureuse au moment de son décès, il est probable que l'énergie qui reste d'elle le soit elle aussi. » Aie. Paix et heureuse ne sont probablement pas des synonymes de son état final. Quand je l’avais vue la veille, elle était pleine d’espoir, mais je doute qu’elle soit parvenue à demeurer dans cet état d’esprit jusqu’à la fin. Et je l’espère peut-être pour elle, au fond. Parce que ça me semble cruel, que les illusions soient entretenues jusqu’à la dernière seconde, sans un soupçon de doute ou de vérité. Même pour une gosse ; mais mon superviseur me dirait peut-être que c’est encore mon manque d’empathie qui parle. « Tu peux toujours aller dans la pièce où elle est morte et lui dire que tu penses à elle. Même sans Hemskökt à côté elle entendra tu sais. Je t'aurais bien proposé de venir avec toi, mais j'évite un maximum d'aller à l'hôpital quand je peux éviter. Ce qui n'est pas toujours pratique pour se faire soigner. » J’hoche la tête dans un signe de compréhension. Même sans cette précision, je ne lui aurais pas demandé de m’accompagner à l’hôpital. Déjà, parce que ça outrepasserait les limites de ma vie privée, ensuite parce que ça ne serait pas professionnel – raison qui passe en dernier plan, soyons honnêtes – et surtout parce que j’aime bien me démerder le plus possible par moi-même, sans l’aide d’un tier. Que je lui pose ces questions, ce soir, dépasse déjà mes habitudes. J’aurais bien voulu d’une telle rencontre, si ma petite patiente avait été dans le cimetière ; je ne pousserai pas plus loin, maintenant que je sais qu’elle n’y est pas. « Et puis il paraît selon les rumeurs que tu n'es pas hyper commode, ou taciturne ? Je sais plus trop . J'écoute pas suffisamment les rumeurs. Mais ça pourrait vouloir dire une soirée en compagnie peu sympathique et j'avais prévu l'inverse ce soir. » Mon rire fuse, tout aussi léger que le sien. J’apprécie cette honnêteté, qui m’amuse. « Mais ça reste toujours mieux que ma réputation et celle de ma famille. Je resterai éloignée d'eux aussi si j'étais quelqu'un d'autre. Je te recommande grandement de continuer à le faire par ailleurs. Ils sont franchement souvent peu sympathiques et ils ont une fâcheuse tendance à enfermer les gens dans leurs sous-sols. » Les sous-sols…? Perplexe, je la vois rigoler, sans être certain de bien comprendre l’ampleur de sa phrase. Je savais les Mørk particuliers, mais pas à ce point. Mais après tout, ce n’est peut-être pas si étonnants, de leur part. Et j’imagine que ça peut avoir certains avantages. J’avale une nouvelle gorgée de mon thé, décidément gâché par ma trop grande négligence, avant de répondre : « Chaque famille a ses défauts. La mienne a la fâcheuse tendance d'enfermer ses membres en prison. Est-ce vraiment mieux qu’un sous-sol ? » Un mince sourire s’étire sur mes lèvres. C’est probablement mieux, oui, en fait. La bouffe est meilleure et on y reste moins longtemps. Je n’y suis moi-même allé que pour de très courts séjours, mais certains de mes frangins y sont demeurés bien plus longtemps. Pour attaquer des cibles, il est parfois plus efficace de le faire de l’intérieur, et mon père l’a très bien compris.

Je dépose de nouveau ma tasse sur mon genou, extirpant le petit sachet. Je l’ouvre comme j’ai vu Alfhild le faire précédemment, plus maladroit dans mes gestes. Je suis plus habitué à ouvrir des humains, mais le dire clairement sonnerait probablement glauque. Ou taciturne, au choix. « J’évite la tienne parce que j’ai envie d’éclater la gueule de ton frère. Comme la moitié de Durmstrang, j’imagine. Mais ça n’a rien de personnel. » Le thé détrempé tombe sur la terre. Un léger rire glisse entre mes lèvres, alors que je relève momentanément mes yeux moqueurs vers la Mørk, rajoutant : « Enfin si, c’est totalement personnel. Mais pas contre toi. » Une vieille histoire qui ne la concerne pas, au fond, mais qui m’a tout de même poussé à ne pas trop avoir envie de la connaître. Les préjugés sont souvent trop solides, et j’ai rarement le temps de tenter de les défaire – ou la volonté de les remettre en question. « Les rumeurs ont raison, je ne suis pas très commode, face à quelqu’un qui n’en vaut pas le coup. Et tu ne sembles pas rentrer dans cette catégorie. Peu de gens accepteraient de prendre un thé dans un cimetière. » Je roule le tissu trempé, toujours en imitant ce qu’elle a fait, avec un succès plus ou moins grand. Je ne parviens finalement qu’à le plier en quatre rectangles empilé et j’hausse finalement les épaules, l’air de dire que je ne peux faire mieux, me penchant pour le déposer sur la petite boîte en fer. « Merci pour tes explications. Je tenterai d’aller dans la pièce où elle est décédée, à mon prochain quart de travail, pour lui parler. » Je ne suis pas naïf sur le résultat. Je n’obtiendrai aucune rédemption, aucun pardon pour mon mensonge, aucun réel soulagement. Mais c’est la chose à faire, j’imagine. Je n’en sais rien, je ne suis pas très doué avec les problèmes de conscience. Je fixe de nouveau mon regard sur elle, sans animosité, rajoutant : «Tu sais… Si t’évite les hôpitaux et que t’es blessée un jour…Tu peux venir me voir ici ou à Durmstrang. Je refuse jamais de soigner quelqu’un. Une pierre tombale, c’est pas vraiment la meilleure table pour une intervention, mais ça fait le boulot. » Et il semble y avoir ironiquement moins de morts dérangeants dans mon cimetière qu’à l’hôpital. Cette réflexion me fait sourire avec malice, alors que j’avale une nouvelle gorgée de mon thé trop infusé.
Alfhild Mørk
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Let's talk about dead

 @Dax Tcherkassov   Juin 2022



Elle ne remarque rien Alfhild, ni ses grimaces ni ses yeux qui s'assombrissent. Absorbée par ses propres explications, par ses propres pensées et parce qu'elle n'est jamais sûre d'interpréter correctement les expressions faciales. Elle pourrait les prendre de travers, et croire que Dax sombre dans des réflexions moins joyeuses parce qu'il n'aime pas la façon qu'elle a de parler des morts, de ses patients, et de cette enfant en particulier. Elle se tromperait, assurément, alors elle se retient de trop regarder les changements d'humeur. Elle préfère diriger ses iris ailleurs, sur les brins d'herbe que la légère brise fait ploie doucement. Sur les fourmis qui, attirées par l'odeur des feuilles infusées répandues sur la terre, ont trouvé un chemin entre les pierres. Fine ligne noire qui se précipite vers les gouttes d'eau immenses à la recherche d'une potentielle réserve de nourriture. C'est d'ailleurs sur cette douce colonie qu'elle porte son regard après sa blague sur les sous-sols et les Mørk. En regardant les insectes progresser, elle se demande si Fen aurait rit ou s'il aurait levé les yeux au ciel face à cette énième boutade sur leur aventure familiale commune. Différente, mais similaire. « Chaque famille a ses défauts. La mienne a la fâcheuse tendance d'enfermer ses membres en prison. Est-ce vraiment mieux qu’un sous-sol ? » La question de Dax lui fait relever un regard curieux vers son interlocuteur. La prison ? Mieux qu'un sous-sol ? Elle ne sait jamais posé la question, et son esprit s'empresse de s'engouffrer dans cette idée de comparaison fortuite. Niveau calme, le sous-sol d'Oda était probablement le plus probant. Des morts en prison, malheureusement, il y en a toujours quelques uns. Alors que là-bas, sur l'Île aux Ours, à part sur la crique, elle avait été épargnée. La nourriture ? Là-dessus elle n'avait jamais manqué de rien. Oda n'était pas parfaite, mais elle n'avait considéré sa dernière comme un torchon à oublier dans un coin. Elle avait continué à suivre des cours à distance, à manger à sa faim et même à bénéficier des roulés à la cannelle qu'elle savait préparer mieux que personne. La solitude peut-être. Au moins en prison, les sorciers ont des droits de visite, non ? Des codétenus. Des gardiens qui passent plusieurs fois par joue. Indéniablement. La solitude doit exister différemment en prison. Elle ne sait pas vraiment ce qui est le mieux entre les deux. Aucun. Indéniablement. Les yeux d'Alfhild sont posés de façon tout à fait négligente sur les mains de Dax qui s'activent à tenter une libération des feuilles de thé suivant le même schéma qu'elle avait fait précédemment. Elle note à peine les efforts de lutte, prise dans la liste non exhaustive des différences entre sous-sol et prison, et ce n'est que lorsqu'il reprend la parole qu'elle remarque l'instance avec laquelle elle observait ses mouvements. Une légère grimace gênée glisse surs ses lèvres tandis qu'elle remonte, une fois de plus, ses yeux vers lui. « J’évite la tienne parce que j’ai envie d’éclater la gueule de ton frère. Comme la moitié de Durmstrang, j’imagine. Mais ça n’a rien de personnel. » La dénomination de frère fait glisser un frisson froid dans son cou. Les poils se dressent, la grimace de malaise s'accentue sur ses lèvres. Elle a toujours du mal, Alfhild, à entendre des étrangers l'attacher à lui par ce lien qui sonne trop sympathique. Adelphe, à la limite, terme qu'elle trouve plus distant, plus générique. Plus acceptable. Mais frère. Cela lui laisse toujours un léger goût de fer dans le fond de la gorge. Le goût des regrets, des espoirs à jamais brûlés, détruits, de la haine, de la rancœur, de cette tristesse qui la tire vers le bas. Même si Fred n'est pas Fredrikke. Ou si. Mais différemment. Même si elle pourrait presque tendre, aujourd'hui, à l'appeler frère. Peut-être même qu'elle s'est laissée prendre lors de ses derniers hiboux. Mais l'entendre de la bouche de quelqu'un d'autre, cela lui fait toujours le même effet. Parce que lui il parle de Fredrikke. Et que c'est à son image de sadique qu'il pense. Pas à l'amnésique qui se dégoute lui-même. « Enfin si, c’est totalement personnel. Mais pas contre toi. » Elle tente de détendre ses lèvres pour étirer un faible sourire, mais elle ne parvient qu'à rendre sa grimace un peu plus acide. Alors elle abandonne, et se contente de hausser les épaules et de replonger son regard vers le nouveau petit tas de thé humide tombé sur le sol. Distraite, évidemment, par ce qu'il vient de dire. Une affaire personnelle. Avec lui ça l'était forcément, personnel. Et probablement assez grave. Ou détestable. Ses propres doigts ont commencé à tapoter nerveusement sur le côté de sa tasse. La tête s'est penchée légèrement, comme lorsqu'elle sombre dans des pensées plus lourdes. Elle ne peut s'empêcher de se demander quel est leur passif. Est-ce que lui aussi il a subit sous le coup de sa baguette, les passions déchaînées du Mørk. Est-ce qu'il a déjà entendu ses éclats de rire ricocher contre ses côtes blessées ? Ou bien s'était-il limité à une persécution verbale ? Elle ne devrait, la petite-soeur, pousser trop loin ces questions-là. La vague sombre qui recouvre peu à peu l'océan glacé de ses yeux pourrait difficilement passer inaperçue. Mais depuis qu'elle découvre au fur et à mesure des lettres, tout ce qu'il a fait, elle ne parvient plus à penser à autre chose quand on lui parle de lui. Et les remords la saisissent. Mordent son estomac. « Les rumeurs ont raison, je ne suis pas très commode, face à quelqu’un qui n’en vaut pas le coup. Et tu ne sembles pas rentrer dans cette catégorie. Peu de gens accepteraient de prendre un thé dans un cimetière. » Cette fois le sourire se refait une vraie place, elle laisse même échapper trois petits souffles de rires. Il est vrai que son habitude n'est pas commune, mais de mémoire c'est lui qui a accepté de boire le thé qu'elle a proposé, et non l'inverse. Mais il ne sait pas lui, qu'elle boit du thé n'importe où en réalité. Un cimetière, un couloir de Durmstrang, une forêt enneigée au beau milieu du Svalbard. Le thé est son meilleur allié, ce compagnon chaud qui lui apporte la chaleur réconfortante qui lui fait souvent défaut. Pâles vapeurs chaudes contre linceul froid des morts. L'image la saisit, tourne dans sa tête, repart aussi rapidement qu'elle était venue, et laisse une douce expression amusée sur ses traits. « Merci pour tes explications. Je tenterai d’aller dans la pièce où elle est décédée, à mon prochain quart de travail, pour lui parler. » Elle hoche la tête Alfhild, elle aimerait pouvoir faire plus, le rassurer autrement, lui dire que ça lui fera du bien. Mais elle ne voit pas trop l'intérêt de mentir, même si ça pourrait lui faire du bien. Peut-être. Elle n'en n'est même pas convaincue à cet instant. La seule chose qu'elle sait, ce que ce sera toujours mieux pour lui d'agir ainsi, que de ne rien faire. Ca ne fera de mal à personne. A part au potentiel Hemskökt qui pourrait se trouver à côté par hasard et qui pourrait recevoir la rage de la morte dans la tête sans rien avoir demander. Mais Alfhild se dit qu'il n'y aura probablement aucun Hemskökt présent à l'hôpital ce jour-là. Elle a assez de remords à gérer au quotidien en ce moment pour s'en rajouter un de plus. «Tu sais… Si t’évite les hôpitaux et que t’es blessée un jour…Tu peux venir me voir ici ou à Durmstrang. Je refuse jamais de soigner quelqu’un. Une pierre tombale, c’est pas vraiment la meilleure table pour une intervention, mais ça fait le boulot. » Cette fois son regard se pose avec une nouvelle considération sur le visage de Dax. Sa proposition est singulière, non intéressée, du moins de son point de vue, et particulièrement spontanée. Son cerveau semble s'éveiller un peu plus et une vague interrogation vient flotter dans ses iris. « pour quelqu'un de pas commode tu m'a l'air plutôt attentionné au bien être corporel des autres. Entre cette enfant et moi. J'imagine que ça devrait m'indiquer que tu es du côté pas commode mais fréquentable des gens qui se font enfermer en prison. » Elle se demande bien d'ailleurs pourquoi une famille enfermerait ses membres en prison. Un parent dans le ministère de la défense un peu zélé ? « J'espère juste que c'est pas en lien avec cette histoire personnelle avec, lui. » Elle grimace, hésitant encore à savoir si elle a envie de prononcer son prénom. Elle ne parle jamais de lui aux autres Alfhild. Pratiquement jamais. Le moins possible. « Un instant j'ai eu l'espoir que tu avais plutôt rencontré d'autres membres de la famille. Mais j'aurais dû me douter que c'était lui. C'est toujours lui. J'espère juste qu'il t'a pas causé trop de dégâts. Le connaissant, il a dû te dire un tas de trucs détestables sur tes origines. J'aimerais m'excuser pour lui. Mais ça servirait à rien n'est-ce pas ? » Un léger soupire soulève sa poitrine et elle baisse les yeux vers sa tasse fumante, soudain inconfortable. L'idée a pourtant germé dans son esprit depuis quelques mois, celle de s'excuser pour les choses qu'il a faites. Parce que la culpabilité commence doucement à l'étouffer. Voile sombre qui vient obscurcir ses souvenirs et ses relations avec certains de ses amis, privant d'oxygène ses poumons tordus par l'angoisse. Le poids de ce nom dont elle commence à sentir, sournoisement, la malédiction. Cet héritage qu'elle a toujours voulu réfuter et dissocier des êtres. Elle prend conscience, Alfhild, qu'il est plus difficile qu'elle ne le songeait de s'extraire des erreurs de ses paires. Et que, peut-être, sa malédiction, est belle et bien méritée. Le rideau de cils se baisse une fraction de seconde avant de se rouvrir non sans une nouvelle grimace. C'est alors qu'elle remarque le sachet de thé grossièrement mais néanmoins plié, sur sa petite boîte de fer. Le sourire revient, éclatant. « Merci pour le sachet de thé. Il te plaît ? Le thé ? Je ne suis pas certaine qu'en boire sous un chêne dans un cimetière fasse de moi quelqu'un qui vaut le coup. A la limite, un cliché de Mørk sans doute. Il faudrait que je songe à soigner mon décor. Peut-être rajouter un peu de fumée et un cercle de runes. Bon ok, le cercle de runes ça m'arrive déjà d'en faire quand je veux être tranquille. Manque plus que me faire soigner sur une pierre tombale et j'aurais atteint le top du cliché j'imagine. »  Elle rigole doucement, pupilles brillantes, avant d'avaler une gorgée de thé chaud avec une gourmandise non dissimulée. « Merci quand même pour la proposition, j'y penserai la prochaine fois qu'un essaie de m'enterrer vivante. Enfin dis comme ça, dans un cimetière, ça ne semble pas être la meilleure association. Rapport à l'enterrement, tout ça. » La grimace revient tirer ses lèvres et elle secoue la tête Aflhild, réalisant qu'une fois de plus elle fait dit des choses stupides. « Excuse-moi, ma blague était nulle. Je passe mes traumas dans l'humour. Mais avec moi tu risques pas d'avoir trop de travail, je préfère danser sur de la musique que sous une pluie de sortilèges. » Si on met de côté les Sans-Noms et la colère qui gronde de plus en plus dans les rangs de ceux-ci. Les tentatives de plus en plus frontales de manifester leur désaccord contre une royauté au système qui ne convient plus. Mais ça, Alfhild, elle n'en parle pas. C'est pas comme si elle risquait réellement d'être blessée, n'est-ce pas ? « Je n'ai pas grand chose à t'apporter en retour, si ce n'est de pouvoir servir de messager entre toi et un fantôme, au besoin. Enfin sauf pour ta petite patiente. Désolée. Non, en fait, j'ai pas tellement de service à te rendre en échange. » Elle a conscience de n'avoir aucune utilité pour Dax à cet instant précis. Elle qui n'est même pas capable d'affronter un hôpital ni de trouver des solutions à son problème.




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