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Apparently you can't hold your beer, buddy | Markus
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Magni Hammarskjöld
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Apparently you can't hold your beer, buddy
@Markus Falkenberg   | 1er janvier 2023 - Aux alentours de minuit - une heure du matin


 « Seulement s’il pointait fermement sa baguette sur moi. » Encore cette fameuse baguette qui revient. Peut-être qu'il faudra que je songe à lui demander dans quelques jours s'il a vraiment un truc personnel avec l'objet en question au vu de toutes ces allusions. Mais pour l'instant l'envie de rire est passée et il ne reste que ce goût amer d'une liqueur trop vieille. Le regard droit devant posté sur les lueurs de la maison qui se rapproche j'essaie de chercher les ombres d'Aren dans les variations de nuances, mais rien ne vient troubler l'éclat orangé qui se répand par les baies vitrées. S'il est toujours dans le salon il doit être immobile, quelque part, à compter les minutes. Ou alors il est monté se coucher, de dépit. Ce qui annoncerait un réveil plein de douceurs pour demain matin. Belles perspectives. Mon visage se tourne légèrement vers Markus quand il reprend la parole d'une voix de plus en plus pâteuse, traduisant son enfoncement sans doute de plus en plus profond vers les brumes opaques de l'alcool. « C’est parce que je tiens trop à toi que je te suis pas docilement, espèce de con. J’veux pas te déranger dans ta vie avec ton fils. C’était convenable de… » De ? Sa phrase laissée en suspens me fait plisser des yeux tandis qu'un léger soupire soulève ma poitrine non sans un infime regain d'amusement face à son parlé empâté d'alcool et ses pensées chaotiques. Un silence latent s'installe sans que je ne cherche à le combler, trop concentré à mener nos deux corps le plus stablement possible vers la porte. Ce qui n'est pas qu'une mince affaire car le poids de Markus s'est remis à peser presque entièrement sur mes épaules et que ses pieds semblent vouloir s'emmêler dans la neige à chaque pas. « J’allais dire quoi déjà ? Un truc concernant ta paternité et le passé…Attends…Je galère à me rappeler, c’est trop flou là-dedans. J’ai toujours pas réussi à mettre de l’ordre dans mon esprit sur le sujet. Ça fait trop mal, je le terre avec le reste. » Le rictus qui commençait à revenir sur mes lèvres se fige, frisson glacé qui mord l'âme dans un saisissement imprévu. Encore une fois. J'aurais dû me douter qu'il n'aurait pas envie de parler que de baguettes et que son esprit débridé par sa consommation excessive oserait évoquer des choses moins légères. Pourtant je ne pensais pas qu'il évoquerait aussi simplement cette histoire. J'aurais dû. Sa phrase aurait percé mon durement, ce qui aurait évité le déversement d'une culpabilité poisseuse par la blessure ouverte. J'aurais dû m'y attendre en parlant d'Aren. Prévenir que son cerveau pourrait faire ce type de connexion et lancer quelques constats. J'aurais dû. Mais je ne l'ai pas fait. Mes doigts se sont resserrés autour de son poignet sans que je m'en rende compte et les dents pressées accusent encore le coup lorsqu'il reprend sur le même ton badin d'une conversation anodine « Ah, j’ai trouvé. J’allais dire que c’était convenable que mon meilleur ami célibataire vienne me ramasser à trois heures du mat. Mais ce ne l'est plus, maintenant que t’es père. Laisse les autres s’en charger, t’as le droit de me laisser tomber. Notre amitié est secondaire. Quoique…elle doit l’être déjà depuis vingt ans, en fait. C’est presque marrant. » Les nuages se font moins noirs, mais pas moins sombres. Nuit de pluie froide, interminable, sans réconfort. Le menton se lève légèrement pour repousser d'un coup de tête les regrets qui voudraient venir se loger un peu trop près des cils et les pupilles luisent, intenses, dans la clarté plus nette du porche qui s'approche. Ça fait mal de l'entendre supposer que je considère notre amitié secondaire depuis vingt ans. Ça me fait foutrement mal même. Ça me fait chier. Peut-être bien même que ça me fou la rage, derrière la blessure brûlante que ses mots laissent derrière eux. Et ça n'a rien de marrant. « Bonne nuit Magni, je vais trouver le chemin. » D'un geste il se dégage à nouveau de mon appui sans que je ne cherche à le retenir. Les mâchoires toujours serrées je suis ses premiers pas tout en le regardant tituber sur les escaliers de la terrasse avant de continuer en ligne droite sans songer à s'arrêter avant d'aller frapper de plein fouet la baie vitrée. Putain Markus. Encore un truc que j'aurais dû prévoir. Secouant une nouvelle fois la tête d'exaspération je le rejoins de quelques pas rapides avant de le tirer par le bras vers le côté de la maison et la porte d'entrée non sans jeter un regard anxieux vers le salon, la table où repose notre partie de cartes magiques non terminées et de croiser en arrière plan l'éclair noir de son regard plissé. l n'est donc pas couché en attendait dans la cuisine. Je ne sais pas encore quelle option était la moins pire, finalement. « Visiblement pour le côté discrétion c'est foutu. » Le ton est las, blasé, découragé par cette soirée qui bifurque vers tous les pires scénarios possibles et ne fait que m'enfoncer dans cet étrange énervement amer qui me donne juste envie d'en finir au plus vite. « Aller viens par-là avant de finir par te casser un truc. » D'un geste brusque je le tire en avant, ouvre la fameuse porte d'entrée d'un coup sec et le pousse à l'intérieur en espérant sincèrement qu'Aren aura au moins la présence d'esprit de ne pas chercher à en savoir plus immédiatement. Le battant est fermé d'un pied sensiblement énervé et je constate avec un soulagement notoire que l'entrée est vide, plongée dans une demie-pénombre. Ma main glisse du bras vers la sienne, affermie sa prise et l'entraîne avec un peu plus de douceur vers la porte menant au couloir des chambres et ce n'est qu'une fois celle-ci refermée derrière nous que je remarque ma respiration en suspens. « C'est pas parce que j'ai un enfant que ça change qui je suis Markus. Si tu crois vraiment que ça me donne le droit ou l'envie de te laisser tomber quand tu te mets la tête à l'envers tu te trompes. Et t'es franchement con de penser ça. » Je sens ma voix qui racle un peu trop contre la gorge quand je reprends la parole. A la frontière entre énervement et ces foutues émotions amères qui empoisonnent toujours mes veines. Ces foutues mots qui gouttent leur culpabilité dans mes fibres et rendent tout soudain plus difficile à assumer.

Main toujours accrochée à la sienne je nous fais entrer dans la chambre d'amis. Celle-là même que j'avais préparé pour lui il y a deux jours de cela. Cette fameuse chambre délaissée au profit d'un autre lit. D'autres chaleurs enivrantes. D'autres torpeurs. Le cœur cherche un nouveau rythme régulier après un manquement que la succession de pensées à fait sauter. La couverture a séchée depuis, et dans la fraîcheur de son silence rien ne reste des regards brûlants échangés à sa porte. Les mâchoires se contractent, les doigts se serrent contre la peau chaude qu'ils retiennent toujours dans une pression réflexe non contrôlée. « Comme tu n'as bu que deux verres d'eau, tu devrais pas avoir trop de mal à te déshabiller tout seul. » Le ton narquois revient trop froid, trop vite, pour chasser les ombres des autres pensées. « Je vais te chercher une bouteille d'eau pour que tu puisses compléter tes comptes je reviens. » D'un pas décidé, je parcours le couloir en sens inverse et attire une bouteille en verre depuis la cuisine d'un accio légèrement lâche, évitant ainsi de croiser tout de suite le visage probablement orageux de mon fils. Revenu dans la chambre, je la dépose sur la table de chevet avant de me retourner vers Markus. « Comme tu as bu ma dernière potion contre le mal de crâne avant-hier j'ai rien d'autre pour toi. Mais si tu as besoin de quelque chose, une brosse à dent par exemple, on peut s'arranger. » Ce serait sans doute une bonne chose, qu'il se brosse les dents, mais dans ces moments-là c'est rarement ce à quoi on pense en premier. « Par contre si c'est pour me sortir d'autres conneries sur notre amitié, laisse tomber. Même plein comme un tonneau je pensais pas que tu pouvais avoir le cerveau assez retourné pour la considérer secondaire. Et surtout mettre ça sur le dos de mon départ. Si ça avait été le cas, je t'aurais pas embrassé juste avant de partir. » Un éclair perce, malgré moi, dans le ciel décidément trop mouvant de mon regard. La blessure ouverte transparaît dans l'ombre du front plissé, avant de s'estomper dans la fermeture complète du visage, ramené à lui par une raison qui bloque la suite de la conversation. Il a bu Magni, arrête les frais. D'un geste, je me détourne, prêt à sortir et fermer la porte une bonne fois pour toute sur cette silhouette qui agite trop de sentiments contraires dans mon âme.




Although I felt like giving up It's not the road I chose
Markus Falkenberg
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Se prendre la baie vitrée à la tronche devrait techniquement lui faire mal, mais il a dépassé le stade des techniques ; son expertise l’assure qu’il s’en tirera seulement avec un orgueil un peu piétiné, demain. Pour le moment, il se contente de ricaner bêtement, alors que son meilleur ami le tire par le bras vers le côté de la maison et la porte d’entrée. Oh. Elle était là. Son rire fuse de nouveau, léger. « Visiblement pour le côté discrétion c'est foutu. » Il lui jette un regard en coin – ou en carré, ce n’est plus trop net  – l’air de clairement dire : La faute à qui ? Parce que s’il l’avait laissé dans le bar ou s’il l’avait amené chez lui, comme il le voulait, il n’y aurait eu aucun problème de discrétion. « Aller viens par-là avant de finir par te casser un truc. » Quelle idée absurde. Il ne se serait rien cassé, du moins rien qui ne peut pas être réparé. Et puis, les possibilités de se blesser ici sont quand même limitées, sauf s’il avait envisagé de grimper sur le toit. Ce qui ne lui vient pas en tête : ou presque pas. Il se fait la réflexion, tout de même, que ça pourrait être marrant et que la vue doit être franchement belle. Sauf qu’un simple est-ce que je peux grimper sur ton pignon ? n’amuserait probablement pas Magni, actuellement. Il se laisse tirer d'un geste brusque vers l'avant, poussé à l'intérieur par celui qui a ouvert la porte d'entrée. La main de l'auror glisse de son bras jusqu'à ses doigts et il se laisse entraîner vers le couloir des chambres, docile. Il remarque à peine la porte refermée derrière eux, tout comme il ne note pas la voix de son meilleur pote, trop peu attentif à ce qu’il peut ressentir :  « C'est pas parce que j'ai un enfant que ça change qui je suis Markus. Si tu crois vraiment que ça me donne le droit ou l'envie de te laisser tomber quand tu te mets la tête à l'envers tu te trompes. Et t'es franchement con de penser ça. » Il est assurément con dans l’immédiat, mais peut-être pas sur cette pensée. Enfin, pas celle-là. Parce qu’il ne pense pas vraiment que le statut de père de Magni change qui il est ou lui donne plus envie de le laisser tomber. La preuve, il est venu. Sauf que lui ne se sent plus le droit de vouloir prendre une place aussi grande dans la vie de son meilleur ami. Pas le droit de le voler à son fils, aussi tard en soirée, parce qu’il a abusé en jouant aux fléchettes. Magni ne lui doit rien et c’est plutôt clair pour lui, du moins aussi clair que ça peut l’être vu à quel point ses réflexions vont dans tous les sens. Pour un truc sensé, deux trucs plus flous se glissent à travers et il ne cherche pas à s’extirper de ses routes trop multiples que ses neurones lui font parcourir : ça le distraie.

Ils pénètrent dans la pièce et les doigts de Magni se resserrent. Son cœur bat plus vite, momentanément, mais ne peut tenir une cadence qui renvoie à des souvenirs trop proches et trop lointains. « Comme tu n'as bu que deux verres d'eau, tu devrais pas avoir trop de mal à te déshabiller tout seul. » Pourquoi se déshabiller ? Il fronce les sourcils, un instant perplexe, tout en jetant un coup d’œil au lit dans lequel il était supposé dormir la dernière fois. Se déshabiller dans quel but…? Dormir, espèce de con. La pensée émerge, option la plus logique. Il hoche la tête, alors que son meilleur ami affirme qu’il va aller lui chercher une bouteille d’eau pour qu’il puisse compléter ses comptes. Il le regarde quelques secondes pendant qu’il s’éloigne, avant d’hausser les épaules, sans raison précise. Il s’assoit sur le lit et retire ses chaussures, qu’il envoie bouler dans un coin, avant de retirer son haut, qu’il jette aussi plus loin de façon totalement aléatoire. Par petits bonds vers l’arrière, il s’amène à la hauteur de l’oreiller et s’y laisse tomber, avec l’air débile de quelqu’un qui ne veut plus faire aucun effort pour demeurer dans le pays de la lucidité. Sur son ventre dénudé, l’ecchymose de l’avant-veille a pris des teintes jaunâtres, agrémenté d’un nouveau, moins large, au niveau des côtes. Il aime bien la couleur et il est presque tenté de teinter ses iris de la même façon ; il demeure néanmoins sage, un peu trop souriant lorsque l’auror revient dans la chambre et dépose une bouteille en verre sur la table de chevet. Attentionné. C’est un trait qu’il a toujours apprécié dans leur amitié, de savoir qu’il serait là, qu’importe le moment, qu’importe pour quoi. Et vice-versa. Il écarte pourtant cette pensée lucide, comme s’il craignait de se rapprocher de ce monde où les vérités alcoolisées côtoient trop les vivants. Il préfère s’abandonner à la facilité des brumes enivrantes, dans lesquels il est déjà bien avancé. Demain arrivera bien assez tôt, avec tout ce qu’il cherche lâchement à fuir. « Comme tu as bu ma dernière potion contre le mal de crâne avant-hier j'ai rien d'autre pour toi. Mais si tu as besoin de quelque chose, une brosse à dent par exemple, on peut s'arranger. » Il n’a clairement pas assez de volonté pour aller se brosser les dents. Il se fait la réflexion qu’il devrait peut-être laisser un peu plus de trucs chez Magni, plutôt que de tout lui piquer, du caleçon jusqu’à une éventuelle brosse à dents. Quoique…c’est plus marrant de lui prendre ses fringues. « Par contre si c'est pour me sortir d'autres conneries sur notre amitié, laisse tomber. Même plein comme un tonneau je pensais pas que tu pouvais avoir le cerveau assez retourné pour la considérer secondaire. Et surtout mettre ça sur le dos de mon départ. Si ça avait été le cas, je t'aurais pas embrassé juste avant de partir. » Il ne voit pas l’éclair qui perce le ciel agité. Il souffle, faussement exaspéré, alors que son ami se détourne. Il ne sait plus précisément ce qu’il voulait dire par secondaire, mais il est plutôt certain qu’un baiser oublié n’est pas une véritable preuve. Surtout quand il songe que le dit meilleur ami s’est barré, après ce moment enterré par leur esprit.

Il ricane : « Parce que quand c’est pas secondaire, t’embrasse les gens avant de partir ? C’est bon à savoir. » Sa voix, à moitié-amusée, lui semble plus lointaine. La conversation pourrait être sérieuse – sauf qu’il y a lui, sur le point de sombrer, et il y a l’auror, sur le point de partir. Il y a des moments plus propices à aborder certains sujets. Son cerveau, toutefois, se fout éperdument des moments adéquats. Il ferme les paupières, trop bien installé dans cette position allongée, laissant les ombres s’agiter derrière le rideau fermé, tandis qu’il tente d’ordonner ses pensées de façon à former une phrase à peu près cohérente : « Tu connais la valeur que j’ai toujours accordée à notre amitié. Y’a rien de plus important que ça, surtout maintenant que…Maintenant que…Et je veux pas la faire foirer. Mais j’en ai peut-être plus besoin que l’inverse ? Y’a eu la Colombie, ton boulot là-bas…T’as laissé un foutu vide ici, qui a été difficile à combler. Et quand t’es revenu, c’était avec des mensonges que je dois encore digérer. Une amitié secondaire, pour toi, oui. J’apporte pas grand-chose à ta vie, Magni. La preuve : t’as pu m’en tenir écarter pendant neuf ans. » Il est un peu paumé dans ses chiffres et il se fait la réflexion momentané qu’Aren n’apprécierait peut-être pas ce rajeunissement soudain. À moins qu’il ne l’ait vieillit…? Il abandonne l’idée de calculer, se tournant sur le côté. Il se sent entraîné de plus en plus vers la quiétude, malgré les images embrouillées qui continuent de tournoyer sous ses paupières closes. La voix plus endormie, plus lente, il bredouille comme s’il pratiquait un discours dans son sommeil, plutôt que de parler à  quelqu’un :  « Et je te le reproche pas. Je veux juste que tu comprennes pourquoi ça m’emmerde, que tu viennes encore à mon secours. Je crois pas que ta paternité te donne l’envie de me laisser tomber, justement. Mais ça devrait. Parce que t’as tous les droits, et aucun devoir envers moi. Et moi, ça me donne envie de ne pas t’imposer ça. » Et de ne pas être ici. Sauf qu’il manque d’énergie et de volonté, pour partir. Il ramène ses bras vers lui, repliant les jambes, en position fœtale. Son esprit semble avoir décidé qu’il a donné tout ce qu’il pouvait au niveau de la lucidité : il sombre totalement, laissant échapper un ronflement sonore.
Magni Hammarskjöld
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Apparently you can't hold your beer, buddy
@Markus Falkenberg   | 1er janvier 2023 - Aux alentours de minuit - une heure du matin


Allongé sur le lit, déjà à moitié dissoud dans sa conscience, il ricane à mes mots et son rire m'arrête sur le pas de la porte. « Parce que quand c’est pas secondaire, t’embrasse les gens avant de partir ? C’est bon à savoir. » Un coup d'œil en arrière, sur sa silhouette sombre dans la chambre à peine éclairée par la lueur d'une lampe du couloir. Non, je n'embrasse pas les gens avant de partir. Lui, seulement. Pour tout un tas de raisons auxquelles je n'ai pas envie de songer dans l'immédiat. Trop énervé pour me laisser gagner par la profondeur d'une prise de conscience tardive sur les raisons qui m'avaient poussées à ce geste, il y a vingt ans de cela. « Tu connais la valeur que j’ai toujours accordée à notre amitié. Y’a rien de plus important que ça, surtout maintenant que…Maintenant que…Et je veux pas la faire foirer. Mais j’en ai peut-être plus besoin que l’inverse ? Y’a eu la Colombie, ton boulot là-bas…T’as laissé un foutu vide ici, qui a été difficile à combler. Et quand t’es revenu, c’était avec des mensonges que je dois encore digérer. Une amitié secondaire, pour toi, oui. J’apporte pas grand-chose à ta vie, Magni. La preuve : t’as pu m’en tenir écarter pendant neuf ans. » Cette vision biaisée des choses fait froncer un peu plus mes sourcils. Même à moitié endormi il continue de penser que mes erreurs et mes mensonges sont dus à une considération secondaire de notre amitié. Ramassis de conneries. Est-ce que j'avais réussi à combler le vide de son absence moi ? Non, j'avais même pas essayé. Est-ce que je m'étais enfermé dans le travail pour oublier le manque ? Évidemment. Mes torts sont réels dans l'histoire, je ne les connais que trop bien. Mais ça fait toujours aussi mal de se prendre ses reproches en pleine tête.  « Et je te le reproche pas. Je veux juste que tu comprennes pourquoi ça m’emmerde, que tu viennes encore à mon secours. Je crois pas que ta paternité te donne l’envie de me laisser tomber, justement. Mais ça devrait. Parce que t’as tous les droits, et aucun devoir envers moi. Et moi, ça me donne envie de ne pas t’imposer ça. » C'est comme si Markus avait entendu mes pensées. Pourtant sa précision ne change pas mon ressenti. Le compte et la répétition est là pour distiller ces regrets brûlants dans mes veines. Il a le droit, surtout, de m'en vouloir. Il a le droit de trouver mes mensonges humiliants pour notre amitié. Et c'est autrement plus difficile à accepter pour moi car il n'y a rien que je puisse faire pour changer le passé. Le ronflement net du Falkenberg suffit à me faire comprendre que la conversation est belle est bien terminée, m'évitant un silence éloquent. Car je n'avais rien à lui répondre. Rien d'autre que ce regard qui laisse passer des vagues tristes dans l'obscurité. Mes yeux glissent sur lui, son visage où traine encore quelques restes du sourire bienheureux de l'homme qui se laisse aller à la joie du sommeil vaporeux. Puis son torse dénudé qui laisse apparaître une nouvelle marque bleutée au-dessus de l'ancienne, désormais jaunâtre. Les interrogations flottent dans mon crâne sans que je ne m'y attarde et d'un geste je sors de la chambre, ferme la porte et pars affronter l'autre bataille qui m'attend dans la cuisine.

La luminosité du salon me fait plisser des yeux si bien que je remarque pas tout de suite qu'Aren est revenu se placer sur le canapé, bras croisés, regard noir et lèvres pincées. A peine me voit-il que sa voix fuse, tranchante et pleine d'amertume. « Qu'est-ce qu'il fait là ?  » Je hausse les épaules, avant de le rejoindre et de me laisser tomber à ses côtés, paupières fermées et tête rejetée en arrière dans un soupire las. « Vu l'odeur j'ai pas trop de mal à comprendre qu'elle galère c'était. » J'ouvre un œil vers son visage au nez plissé et l'ombre d'un rictus passe sur mes lèvres avant que je ne me redresse, le regard toujours agité de nuages sombres qui ne savent pas tellement quelles émotions prioriser. « Tu as le droit d'être en colère Aren. Mais si tu as toujours envie on peut encore finir notre partie de cartes. » A son tour il hausse les épaules avant de se lever d'un mouvement sec. « J'ai plus envie. Je vais aller me coucher. Je sais même pas pourquoi je suis resté. J'aurais dû me douter que tu pourrais pas t'empêcher de faire un truc du genre. » Mes mâchoires se serrent, sa déception dans ses yeux est une épreuve qui me lacère les entrailles.  « Je pensais que ce serait plus simple. En fait je crois que je préférais quand il savait pas. » C'est dur de l'entendre le dire. Trop de reproches ce soir. Est-ce qu'il le pense vraiment ou bien est-ce la colère qui le fait parler ? « Aren. » Mon ton est dur lui aussi, avertissement non formulé qui fait glisser ses yeux dans les miens, échange emprunt d'une colère qui se mue peu à peu en tristesse mouvante. Je vois ses dents mordiller ses lèvres, signe d'un regret qui se pointe dans ses émotions. D'un geste je me redresse, attrape ses poignets et l'attire vers moi dans une étreinte chargée de tensions. Il ne résiste pas, mais je sens son soupire qui soulève son âme et la mienne frémit. « Sigo enfadada papá. » Je hoche la tête, le visage perdu dans ses cheveux, sans rien répondre avant qu'il ne se dégage en me souhaitant malgré tout une bonne nuit et de s'éclipser sans rien attendre de plus. Une belle fin de soirée de merde.

Le salon débarrassé, la fin de mon verre d'alcool devant moi, je regarde distraitement l'ours polaire allongé devant la cheminée, avec, lové sur ses flancs un jeune guépard assoupi près d'un siamois qui ronfle doucement. Je secoue la tête, détournant le regard de ce trio aux antipodes des émotions de leurs sorciers et replonge dans la lecture distraire des courriers ouverts devant moi. La lettre de Javier, l'article de presse sur Gacha, la dernière convocation arrivée hier estampillée aux couleurs du gouvernement colombien. La plume recommence à gratter la feuille, terminant d'approuver une mission qui assombrit mes perspectives d'une nouvelle année moins problématique. Derrière moi la minuterie résonne, je glisse vers le chaudron, ajoute le dernier ingrédient à la potion qui prend sa douce couleur habituelle. Quitte à avoir l'esprit trop occupé pour arriver à dormir, autant en profiter pour refaire son stock de potions contre le mal de tête, non ?




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