CRACK

Le bruit du transplanage résonne dans la rue, précédent de peu l'apparition du Sang-Pur. Celui-ci se matérialise, une grimace aux lèvres, et il fait discrètement bouger ses muscles histoire d'être sûr de n'avoir rien perdu en route, un hibou noir décollant de son épaule pour voler paisiblement au dessus de lui. Il haït le transplanage.
D'un pas rapide il traverse la Place des Douze, jetant à peine un coup d’œil vers la plaque commémorative, l'esprit uniquement dirigé sur le repos proche qu'il est censé prendre dans quelques instants. Enfin. Il était censé être en cours à la base cette semaine, les examens de fin d'année commençant bientôt. Mais les événements récents – des disparitions, et quelque ...Colonne lumineuse bizarre... ? - ont provoqué un certain remue-ménage chez les Aurors, et Sebastian a vu son temps de stage être rallongé. Non pas pour faire quelque chose de passionnant ; surtout pour de l'administratif, en fait. Des rapports à taper, des lois à étudier, et tout ça. Mais le jeune homme entendait bien en profiter pour se glisser sur quelques tâches un peu plus importantes, l'air de rien.
En attendant, il n'avait pas prévenu sa famille et n'avait pas la moindre envie de retourner chez eux pour le moment, et c'est presque désespéré qu'il avait envoyé une note volante à travers le Ministère en direction de sa meilleure amie pour quémander l'autorisation de squatter son canapé le temps de sa présence. Oui, il avait outrageusement utilisé les moyens de discussion interne pour ça, et donc ? Évidemment, elle avait accepté et le jeune sorcier l'avait mentalement bénit mille fois. Tout sauf son beau père and co, merci. Surtout que la Pleine Lune approchait. Bref.
Rapidement, il arrive à destination et s'engouffre dans l'immeuble bien connu, se rendant directement à l'appartement qui l'intéresse. Dans son dos, le bruissement de plumes se change en bruit de pattes discret, le félin nouvellement arrivé se frottant à ses jambes alors qu'il entre la clef dans la serrure, la faisant tourner sans prendre le temps de frapper. Satine était censée être au ministère, après tout. Il ouvre la porte en soufflant profondément, tombant le masque de la journée pour quelque chose de beaucoup plus las et beaucoup moins rigide alors qu'il fait un pas à l'intérieur. Le hoquet de stupeur de Hooligan le fait se figer et relever les yeux avec surprise. La vision le gèle littéralement sur place, son regard s'écarquillant. « Est-ce que c'est une nouvelle règle de Satine... ? Tout le monde à poil sitôt rentré dans l'appartement ? Ça va être intéressant et ça n'est pas toi que cela risque de déranger, mh... » L'intervention du Caracal – la voix hautement amusée – réveille le sang pur qui se secoue, ses yeux se baissant avant de remonter tout aussi vite pour se fixer sur le visage de la personne face à lui. D'un mouvement réflexe, il renvoie le battant de la porte à sa place, le clac résonnant entre eux sèchement, « Alors... Bonjour ? » Il commence lentement, « Satine a dit que je pouvais squatter ici...Mais elle a visiblement oublié quelques détails... » Il est vraiment, vraiment gêné, surtout que les corps féminins c'est vraiment pas son truc mais que là, en plus, il ne s'attendait pas du tout à en avoir un sous le nez. Et qu'il ne sait plus ou regarder. Vraiment. Cillant, il finit par lever la main qui tient un paquet de boulangerie. « … Un goûter ? » C'était à la base son remerciement pour Satine, un passage à sa boulangerie favorite, mais hey, ça peut aussi passer dans cette situation. Peut être. Au point où ils en étaient.

Le détail qui rassure plus ou moins le jeune homme, c'est que la personne en face de lui semble au minimum aussi gênée que sa propre personne. On se rassure comme on peut, après tout. Ça n'est normalement pas quelque chose qui fait partie de son vocabulaire, lui étant plus habitué à afficher une assurance – réelle dans 90 % des cas, plus ou moins – mais inattendue de la situation a eu raison de ses masques et habitudes, pour le coup.
Mentalement, il s'ajoute une note pour étriper sa meilleure amie qui a osé ne pas le tenir au courant.
A ses pieds, Hooligan est excessivement amusée par la situation et se permet même de se rapprocher très proche de ce qui semble être la Fylgja de l'actuelle occupant.e de l'appartement, ses moustaches frémissant d'une curiosité taquine. Celui qu'il identifie comme un carlin -il lui semble ? Les chiens n'ont jamais été trop son truc mais il a vaguement quelques bases sur le sujet, tout de même – ricane soudain, se prenant un léger coup dans les côtés en guise de punition. La réaction le fait légèrement sourire, et lui permet au moins de se détendre un tout petit peu. Il est toujours ravi de voir qu'il n'est pas le seul à se prendre des réflexions ou des réactions plus ou moins moqueuses de sa Fylgja, honnêtement.

La proposition de goûter du sorcier semble soudainement détendre son vis à vis qui affiche un grand sourire en réponse,  « Avec plaisir ! Mais d'abord, permet que je me rhabille. » La proposition est accueillie d'un hochement de tête presque trop vigoureux, Sebastian étant particulièrement soulagé à l'idée d'enfin pouvoir lae regarder sans cet air gêné inscrit sur ses traits. Alors que l'inconnu.e ouvre vivement un tiroir où se trouve certainement quelques vêtements, le sang-pur se permet de rentrer dans l'appartement, détournant les yeux pour lui laisser le temps de s'habiller -puisqu'apparemment cette personne va faire ça juste ici...  Une poignet de seconde plus tard, une flèche blonde passe à côté de lui, se précipitant vers le salon, et il étouffe un ricanement en voyant que sa notion « d'habillage » égale plus ou moins la sienne quand il est tranquillement dans sa chambre, ou dans son dortoir. Merveilleux.
Dans un bruit sourd, elle fait de le place sur la table basse, Sebastian tiquant vaguement en voyant les objets ayant occupé précédemment la surface plane se retrouver en vrac sur le sol.  « Tu veux que je prépare du thé ? J'ai aussi du jus de fruits, un fond de rhum pensiné et de l'eau pétillante. Hm. Et moi, c'est Vanja ! » Vanja. Sans nom de famille. Ça lui va. Pendant le temps d'une brève seconde il est presque prêt à se sentir raisonnable et à choisir une tasse de thé comme le digne Anglais qu'il est censé être, mais la pensée de la journée qu'il vient de passer le fait directement changer d'avis, « En fait, le rhum ça serait parfait si ça ne te dérange pas, » Il lâche finalement, se laissant tomber sans la moindre grâce sur le canapé après avoir déposé le sachet sur la table précédemment libérée, « Et moi c'est Sebastian. Mh... Désolé pour ma réaction en arrivant, Satine ne m'avait pas prévenue quand je lui ai demandé tout à l'heure si je pouvais rester ici... Tu squatte ici aussi ? »   Vanja, Vanja, Vanja... Il essaie de se souvenir d'une Vanja à Durmstrang, mais il a toujours été excessivement mauvais pour se souvenir de ce genre de chose et il ne lui semble pas l'avoir déjà croisé en soirée Sang-Pur.  Et du coup, forcément, sa curiosité redouble.