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Chat-thé pas prévu, mais si on parlait de ton frère ? (Alf)
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Angelo Borghese
Angelo Borghese
GÖTEBORG Livet är en kamp, ​​du måste förbereda dig för striden
La plume gratte seule le parchemin depuis une vingtaine de minutes. Elle inscrit – en théorie – ce que je lui dicte d’une voix neutre. Mon rapport de la nuit dernière, que je n’avais pas eu le temps de faire avant, parce que je ne suis rentrée que ce matin à 6h. J’ai dormi quelques heures, mais j’ai ensuite dû me lever pour mes autres rendez-vous, qui se sont succédé toute la journée. Mes lundi ne sont pas tous aussi actifs, fort heureusement pour moi. Mais aujourd’hui…Tout s’enchaînait. Le nouveau stock pour le café à vérifier, un futur employé à passer en entretien et une rencontre en après-midi avec un nouveau patient. Mon rapport n’était donc pas ma priorité.

J’ai toujours été davantage un homme d’action que de formulaire ; devoir prendre des notes m’embête, même si ça fait partie du métier. Je m’efforce donc de ne faire que des résumés très succincts, qui deviennent parfois longs, lorsqu’Hope s’amuse à mes dépends à chuchoter d’autres phrases à ma plume. Comme actuellement. La tête contre mes genoux, le tigre semble bien décidé à embrouiller l’objet magique qui écrit de lui-même, au rythme de mes mots – et des siens. « …et il a été dirigé vers le refuge de la rue adjacente… » » «…celle dans laquelle j’aime passer, pour me prendre de plein fouet le mur du marchand de glaces – ou le marchand de glace lui-mêmes… » « …afin de pouvoir être hébergé pour la nuit… » » «…pendant que je cherche mes vêtements … » « …un suivi sera nécessaire ce soir. » » «…Si je retrouve son adresse.» Le tigre à mes côtés est mort de rire et je roule mes yeux vers le plafond, simple réflexe qui ne change rien à ce que je vois. « T’es vraiment immature Hope. Ça va encore me prendre dix minutes de plus juste pour corriger tes bêtises. Ce dont elle se fout entièrement. Elle ricane encore, alors que je renonce à réviser le rapport maintenant. Vu son humeur, elle serait capable de continuer à le modifier derrière mon dos.

Je dépose ma plume sur mon beau, son mat sur le bois. Mes doigts glissent sur les points bombés de ma montre, alors que je cherche à me repérer dans le temps. Vingt-deux heures, déjà. Une heure acceptable pour une pause thé. Je délaisse mon bureau, me dirigeant vers les escaliers sans qu’Hope ne me suive. Ma démarche est assurée ; je connais la distance qui me sépare de chacun des meubles de cette pièce. Et mon espace préféré est, sans doute aucun doute possible, cette demi-pièce à l’étage, qui s’ouvre sur mon bureau en contrebas. Un petit oasis paisible pour bosser, mais aussi pour mes patients, qui s’y sentent généralement plus à l’aise que sur un fauteuil rigide. Ce soir toutefois, cet espace est occupé. J’ai pris l’habitude d’inviter Alfhild à l’utiliser, que ce soit pour bosser ou pour s’occuper de choses qui concernent les sans-noms. Je n’ai jamais vu la décoration, mais j’y ai participé, en m’aidant des yeux des autres. Je sais donc que c’est douillet, chaleureux, plein de livres, de tablettes en bois et de couleurs apaisantes. Et il y a, dans un coin proche de la fenêtre, un alcôve paisible où les gens aiment bien s’installer. C’est d’ailleurs dans cette direction que je me dirige, pour parler à mon invitée. Au ronronnement que j’entends, je comprends que deux de mes chats y sont probablement aussi. « J’ai reçu un nouveau stock de thé, en provenance d’Andalousie. Tu aimerais y goûter ? » L’avantage d’avoir cet endroit annexé au café, c’est que les boissons y sont à volonté.
Alfhild Mørk
Alfhild Mørk
TRØBBEL För att nå toppen av trädet måste du sikta mot himlen

Chat-thé pas prévu, mais si on parlait de ton frère ?

 @Angelo Borghese   - lundi 3 avril 2023 - fin de soirée




Confortablement installée contre la fraîcheur de la fenêtre de l’alcôve, Alfhild rature une large partie de l'article qu'elle vient d'écrire avant de reposer sa tête en arrière et de fermer les paupières. Elle apprécie le calme de l'endroit, l'ambiance agréablement confortable et douce qui se dégage de chaque objet choisi avec une pertinence presque exagérée si on considère que le propriétaire du lieu n'a jamais posé les yeux sur l'un d'eux. Elle sourit doucement Alfhild, à cette pensée. La sorcière apprécie beaucoup Angelo, ses rires un peu trop forts, son allure qui lui donne cette assurance des personnes en qui on peut avoir immédiatement confiance. Bien que cette dernière considération soit sensiblement décalée dans les mécanismes de la Mørk qui a tendance à accorder sa confiance un peu trop facilement. Une tasse de thé offerte, une conversation sympathique dans un cimetière, une phrase enthousiaste quant à ses créations et elle ouvre ses bras en grand pour accueillir les gens dans son cercle de personnes de confiance. Du moins elle ouvre ses bras mentalement, parce que physiquement c'est tout autre chose. Tout juste si elle serait capable de leur tapoter l'épaule amicalement sans avoir l'envie irrésistible de grimacer dans un frisson glacé. Une autre de ses nombreuses particularités qu'elle ne s'explique pas et qu'il faudrait, peut-être, qu'un jour, elle accepte de se pencher. Un jour oui. C'est la bonne temporalité pour tout ça. Un jour, bientôt, lointain, prochain. L'espoir d'un futur reporté sans cesse au lendemain. Travailler chaque chose en son temps, et une seule à la fois. Mais alors que travaille-t-elle en ce moment ? Sa lente et profonde rage qui a commencé à s'embraser sous la paille de ses pensées encombrées. Une étincelle éveillée lors d'une soirée alcoolisée au Triskel, l'une parmi tant d'autres, au gré d'une conversation avec Vence et des claques de conscience qui avaient secoué ses entrailles plus efficacement qu'aucun autre discours n'avait réussi à le faire jusqu'à présent. Les bons mots, au bon moment, et la voilà, plus d'un an plus tard, à écrire des articles enflammés sur la réalité de la répression du mouvement des Sans-Noms et l'invisibilisation de leurs revendications dans la vie quotidienne de la société magique. Son sourire s'étire et Alfhild détend ses jambes et ses bras dans un étirement digne de ceux de Dreymir, sentant ses membres ankylosés par sa position repliée, elle se lève d'un bond agile pour faire quelques pas, pieds nus, sur le tapis de la petite pièce. Elle espère que cela l'aidera à retrouver le bon ton pour finir son article afin qu'elle puisse l'envoyer à Vence dans la foulée pour qu'il puisse le rajouter dès demain dans la prochaine édition du journal.

Distraitement, sans totalement y penser, Alfhild se penche pour attraper un des chats qui se frotte contre ses chevilles, frottant sa joue contre son doux pelage. Tout en faisant quelques pas, elle songe à cette semaine exceptionnellement passée loin des murs glacés de Durmstrang. Une parenthèse délicieuse qui la remplit d'une excitation palpable et chasse tous les autres soucis annexes. Elle ne songe à plus rien d'autre que l'expédition promise par Ozymandias et Jasper qui doit commencer dès le lendemain matin. Elle avait passé la journée à préparer cette dernière, faisant et défaisant mainte et mainte fois son sac pour être certaine de n'avoir rien oublié. Retraçant avec les deux briseurs de sortilèges la carte de la zone où ils avaient prévu de l'emmener explorer quelques ruines à la recherche d'artéfacts. L'aboutissement d'une année presque complète de stage qui tirait malheureusement, déjà sur sa fin. Un futur auquel elle évite de trop penser la sorcière, parce qu'elle se plait au musée, dans l'équipe de son cousin, dans ses recherches avec Jasper, et cela la terrifie de voir ce quotidien là disparaitre à la rentrée prochaine. Elle a fait une demande auprès de la direction pour trouver une petite place, quelque part, de temps en temps. Elle serait prête à se contenter de vendre les tickets à l'entrée les weekends juste pour continuer à sentir les odeurs de poussières et des études des objets les plus anciens. Juste pour avoir l'impression d'appartenir, encore un peu, à cette vie professionnelle qui lui tient tant à cœur. Même si cette année scolaire a été éprouvante et la laisse plus marquée de fatigue que jamais. Elle est heureuse Alfhild, du chemin parcouru. Elle ne reviendrait en arrière pour rien au monde. Pas même pour quelques angoisses en moins. Elle était même prête, Alfhild, à arrêter ses études et plonger immédiatement dans la vie active. Mais Jasper et Ozymandias l'en avaient dissuadés. Mieux valait pour elle sortir de l'institut avec ses diplômes en poche. Une perspective qui lui parait soudain bien lointaine. Deux années entière à tourner en rond dans les immenses couloirs de Durmstrang. Deux années entière sans Jove qui plus est. Lui, il allait avoir cette chance inaccessible pour elle, de pouvoir dire adieu à l'univers austère de l'Institut et pouvoir vivre quotidiennement dans leur colocation. Dans un soupire Alfhild enfoui plus profondément sa tête dans le pelage du chat qui ronronne plus fortement, vibrant dans sa gorge ses sons apaisants. « Alfhild, oublie pas que demain on doit se lever tôt. » La voix calme de la renarde la tire de sa rêverie et l'oblige à relever sa tête du pelage de l'animal dans un soupire. Evidemment, la fylgia a raison. Evidemment qu'elle doit en priorité finir son article avant de pouvoir aller retrouver cette même colocation dont elle expérimente pour la première fois le calme hors de la présence de Jove et Leo. C'est drôle, et elle s'est même étonnée à constater qu'elle trouvait cela pas si agréable que cela. La Mørk a pris l'habitude d'entendre les éclats de voix, de bruits, de vie de toutes les autres en même temps, et la solitude lui avait paru plus lourde sans eux.

Tout en portant le chat avec elle, la sorcière retourne se poser dans l'alcôve, les genoux remonter pour lui servir de table contre laquelle appuyer sa tablette de bois et reprendre l'écriture de son article. Mais elle souhaite avant tout relire quelques éléments que lui a transmis Angelo lors d'une conversation qu'il lui rapporté. Alors elle ouvre sa pochette de cuir où tous ses parchemins sont soigneusement rangés. Elle tire les papiers, et tombe par hasard sur les dernières missives de Fred. Celles qui datent de plusieurs jours déjà. Celles pleines de phrases qui avaient fait naître une tornade d'angoisses dans son âme et qui, ce soir, trouvent les mêmes chemins vers le trou béant de ses craintes les plus tenaces. Incapable de se retenir, elle relit les phrases où son frère parle de ses réflexions noires, de ses pertes de sens dans son quotidien, sa volonté, peut-être, d'aller se rendre aux autorités. La culpabilité qui le ronge, et qui la ronge elle par extension. Elle se rend compte Alfhild, qu'il n'a jamais répondu à son dernier hibou. Cette réalité la frappe comme un coup de poing en plein ventre. Est-ce qu'elle a été trop agressive dans sa dernière lettre ? Est-ce qu'elle a manqué de tact ? Est-ce que finalement il l'a trouvée idiote et complètement à côté de la plaque ? Peut-être même qu'il a trouvé son égoïsme déplacé, et qu'il est allé s'enfermer lui-même dans une des cellules du ministère. A moins qu'il soit frustré de n'avoir pas obtenu d'elle la réponse qu'il attendait ? Si toi aussi tu me disais qu’il vaut mieux que j’aille me faire emprisonner…Je crois que je le ferais dès ce soir. Une demande de plus de prendre la décision à sa place. Elle n'a jamais songé à trouver cette charge trop lourde, à lui en vouloir de lui demander des choses aussi impossible, pourtant la réalité est là, dans la crise qui commence à le secouer, glaçant ses os. Sans s'en rendre compte, elle a serré ses genoux entre ses bras faisant fuir le chat qui s'y trouvait. Sa tête s'est enfouie dans ses jambes et des tremblements successifs accélèrent sa respiration qui ne parvient plus à trouver l'apaisement nécessaire à donner à ses pensées une suite logique. Il faudra qu'elle se renseigne, dès demain, peut-être passer chez lui avant de partir en expédition, aux aurores ? Ou bien aller directement au ministère poser des questions ? Et s'il lui été arrivé quelque chose parce qu'elle n'avait pas su trouver les bons mots pour le rassurer quand il en avait eu besoin ?

Ses mains tremblent si fort qu'elle fait tomber tous les parchemins au sol, Dreymir a glapit pour tenter de calmer la crise de sa sorcière, mais Alfhild ne l'entend pas. Pas plus qu'elle n'entend les pas qui entrent dans la pièce, ni les ronronnements des chats qui ce sont réinstallés près d'elle. Elle n'entend que les vagues qui se heurtent contre ses os, et les murmures des morts qui en profitent - parce qu'ils en profitent toujours, de la moindre parcelle de faiblesse mentale - pour venir murmure plus fort dans son crâne. Inutilement, ses mains se plaquent sur ses oreilles, comme pour endiguer les bruits qui n'existent que dans sa tête. C'est en relevant la tête qu'elle aperçoit Angelo. Angelo et son air doux et rassurant. Angelo qui s'adresse à elle sans la voir. Une perspective qui la rassure et à laquelle elle se raccroche pour essayer, vainement, de calmer les pensées affolées qui courent dans tous les sens. « J’ai reçu un nouveau stock de thé, en provenance d’Andalousie. Tu aimerais y goûter ? » Elle entend la question, cette fois, et serre les dents pour ne pas les faire entendre trop clairement sa respiration saccadée. Elle n'est pas de celles qui s'indignent de faire des crises face à des gens, en temps normal cela l'indiffère, parce que les gens qui l'entourent ne sont pas des gens importants. Mais lui c'est différent, elle est chez lui, en quelque sorte, il lui fait confiance en lui prêtant un lieu qui lui appartient, et elle n'est capable de rien d'autre que de tomber dans ses vieux travers. Elle n'a pas envie de devenir une charge, une inquiétude, encore moins une déception. Elle voudrait n'être qu'Alfhild qui écrit des articles pour le journal des Sans-Noms. Elle voudrait ne pouvoir qu'être là pour rire et goûter à tous les thés possible qu'il reçoit. Elle s'accroche très fort à cette idée, pour parvenir, enfin, après une trop longue minute de silence, à laisser filer une réponse. « Oui ? » Une simple réponse qui sonne malgré elle comme une supplication. Un souffle lâché entre deux inspirations trop courtes. Ses dents mordent la joue alors qu'elle sent ses yeux s'humidifier trop clairement. Elle est fatiguée, Alfhild, de ces angoisses qui ne cessent jamais d'aller et venir, sans lui laisser le répit qu'elle cherche si désespéramment. Son regard fuit celui qui ne peut la voir, par honte de cette fissure qui la plonge dans un état douloureux. Sa poitrine la brûle, ses yeux la piquent, sa tête lui tourne, ses oreilles sifflent, et les morts ricanent.



Angelo Borghese
Angelo Borghese
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Je m’attendais à une réponse rapide, enjouée, peut-être fatiguée, mais seul le silence se montre bruyant. Mes sourcils se froncent, alors que j’hésite à répéter ma question : elle n’a peut-être pas entendu ? Alfhild est peut-être partie sans me saluer, pour ne pas me déranger ? Je maudis plus fortement qu’à l’accoutumée la cécité qui m’empêche de comprendre en un coup d’œil quelque chose qui a peut-être une explication banale. Tout à l’heure, j’étais trop occupé à me disputer avec Hope qui ruinait mon rapport. Peut-être ai-je manqué un bruit important ? Je me concentre sur les sons ambiants, regrettant de ne pas l’avoir fait avant. La respiration saccadée de la jeune fille me parvient, comme étouffée. Elle est donc bien présente. Ma machoîre se contracte, alors que j’essaie de nouer des points entre eux, sans obtenir rien de concluant. Le silence s’installe définitivement, sans que je tente de le casser ; il est parfois la meilleure technique d’intervention. J’attends, attentif aux moindres bruits, me retenant presque pour ne pas chasser les chats qui, dans leur ronronnement bruyant, perturbe mes sens.   « Oui ? » Mon cœur tressaille sous le timbre de sa voix, qui sonne comme une supplication. Elle ne va pas bien, c’est évident. Depuis quand ? Qu’est-ce qui s’est passé ? Je ne le demande pas. Ces interrogations ne l’aideraient pas et ne feraient que remplir des vides, parce que l’humain veut naturellement savoir, plutôt qu’écouter. » « Alfhild ? » Mon ton est doux. Je sens l’inquiétude d’Hope à l’autre étage, qui a probablement perçu mon changement d’état. Elle ne monte pas, nous laissant entre nous, avec sa fylgia. Je suppose, selon l’endroit d’où a émané son oui, qu’elle est dans l’alcôve. Je m’approche très légèrement, m’accroupissant pour être approximativement à sa hauteur : « Tu es dans un espace sécuritaire, ici. » Mes yeux sont posés sur elle, même s’ils ne me reflètent pas ses traits. Je ne peux que les imaginer, tout en sachant qu’ils ne seront jamais proches de la réalité. Alfhild est rentrée dans ma vie après mon accident, sans que j’aie pu la voir avant. Je lui ai dessiné une silhouette inexacte, l’imaginant un peu comme Amadéa. Blonde, avec des yeux d’étoiles, et un air un peu enfantin. Ma vision est peut-être très éloignée de la vérité. Ça ne change rien. Je ne peux avoir mieux que ces portraits issus de mon imagination, et je ne demanderai pas à tous ceux que je côtoie de débuter une conversation avec moi en dressant leur portrait physique. Je reprends, d’un ton chaleureux : « Peu importe ce qui t’arrive, je suis là. » Qu’elle ait besoin d’en parler ou non. Ce n’est pas l’ancien psychomage qui parle ; c’est l’homme qui l’accueille ici fréquemment, et qui l’apprécie, comme une petite sœur. Je me redresse, me dirigeant dans la direction opposée jusqu’à l’un des fauteuils placés devant l’une des bibliothèques. Mes doigts l’effleurent, avant d’attraper l’épaisse couverture qui s’y trouve. Orange ou fuchsia, si je me fie aux goûts de la personne qui a décoré cette pièce. Je retourne à mon emplacement d’origine, la tendant en direction d’Alfhild, pour ne pas l’obliger à un contact peut-être indésirable en cet instant : « Tiens. » Quand elle sera prête, je pourrai aussi lui préparer un thé chaud.
Alfhild Mørk
Alfhild Mørk
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Chat-thé pas prévu, mais si on parlait de ton frère ?

 @Angelo Borghese   - lundi 3 avril 2023 - fin de soirée




« Alfhild ? » La voix d'Angelo s'est faite douce, trop douce pour qu'il n'ait pas compris que quelque chose ne va pas. La dent s'enfonce plus durement dans la chair de sa joue. Elle s'en veut de l'inquiéter Alfhild, et de ne pas être assez douée pour être capable de masquer ses émotions et mentir sur son état. Ses bras se resserrent autour de de ses jambes et son visage s'enfouie de façon plus marquée contre ses genoux. Elle ne veut pas qu'il s'inquiète, qu'il découvre à quel point elle est fragile parfois, et envahit et milles doutes qui l'a déstabilise. Lui est si stable en comparaison, et elle à peur de son jugement et des conséquences qu'il pourrait prendre suite à cette découverte déplaisante. Elle ne sait pas, elle se dit que peut-être il n'a pas envie de jouer ce rôle, celui du consolateur d'une enfant en proie à des crises de panique irrationnelles. Ses pensées chaotiques n'ont pas vraiment de sens de toute façon, submergées par les voix discordantes qui déchirent son crâne, son cerveau n'est plus en capacité de faire des hypothèses logiques. « Tu es dans un espace sécuritaire, ici. » Elle sursaute Alfhild de l'entendre si proche d'elle. La sorcière ne l'avait pas vu approcher, ni entendu et elle lève un large regard étonné avant de se repousser un peu plus loin dans l'alcôve dans un mouvement instinctif. Elle sent que l'homme essaie de la rassurer, qu'il a dû entendre les trop nombreux témoignages physiques de sa crise d’angoisse. En temps normal cela ne la dérange pas, mais ce soir elle ne parvient pas à se laisser convaincre par le ton chaleureux d’Angelo. Parce qu’une part d’elle lui assène un jugement dur et implacable contre les côtes : elle ne devrait pas se mettre dans ces états pour Fred. Elle devrait encore moins le faire en public. Quand bien même elle était seule juste avant, montrer une telle puissance d’angoisse par rapport à son frère face à un inconnu est risqué. Parce que tout en lui l’est : le souvenir de qui il était hante un grand nombre de sorciers et les réactions envers lui sont – à juste titre – souvent chargées de haine. Mais aussi le secret autour de son amnésie et de ce qu’il est aujourd’hui. Parce qu’elle se connait Alfhild, si elle commence à parler, elle fera forcément des erreurs. Elle dira des choses qu’il ne fallait pas dire, elle ira trop loin, et elle mettra tout le monde en danger. Et surtout, elle décevra la confiance que Fred lui a accordé ces derniers mois. Mais le lui accorde-t-il encore ? Son absence de réponse n’est-elle pas le juste témoin de la déception déjà enroulée autour des ramifications de cette étrange relation renouée ? Les mots se heurtent contre son crâne, les rires des morts appuient sur l’idée qui lui fait mal. Eux sont convaincus qu’elle a tout gâché, leurs cris acides deviennent trop perceptibles et elle lutte pour repousser les vagues qui voudraient noyer sa conscience. Aux prises avec sa fracture de la réalité, Alfhild ne prête pas attention aux mouvements d’Angelo si bien que lorsqu’il revient vers elle une couverture dans les mains tendues en avant, la Mørk le regarde avec étonnement. « Tiens » dit-il sans rien ajouter de plus, et ce silence de questions est plus apaisant que ne l’est la chaleur du tissu qu’elle devine. Ses bras serrés par la crise autour de ses jambes ne parviennent pas immédiatement à se défaire de leur tétanie pour s’élancer vers ce qu’on lui tend, elle le regrette immédiatement, mordant sa joue de plus belle, tant et si bien qu’un amer goût de fer commence à s’éparpiller sur sa langue. A moins que ce ne soit à cause de la goutte vermillon qui roule hors de son nez jusqu’à la commissure de ses lèvres. Dreymir, incapable de rester sous sa forme physique s’est évaporé depuis plusieurs instants, brume étincelante qui change de forme, s’allonge, grandit pour matérialiser le sombral dans un raclement de sabot. Ses ailes de cuir sombre frappe l’air autour d’elle tout en veillant à ne pas blesser les deux sorciers présents à ses côtés. Dans un renâclement rauque entre ses naseaux osseux, la fylgia fait les gestes que la sorcière voudrait faire sans y parvenir. Du bout des dents elle tire la couverture hors des mains d’Angelo pour la transférer tant bien que mal sur les épaules d’Alfhild qui parvient à en agripper un coin d’une main crispée par la tétanie et aider à son tour le sombral dans sa tentative de l’enveloppée sous les plis chaud d’une douce couleur fuchsia. « Merci. » Le murmure traverse ses lèvres avec la même difficulté que précédemment et un frisson la parcourt de part en part. Les muscles se resserrent plus durement autour des jambes, les doigts lui font presque mal tant ils sont crispés autour du tissu, et toute serrée qu’elle, Alfhild tente de ne pas sombrer trop loin derrière l’autre côté du rideau. Celui de Hel et ses nombreuses âmes défuntes. Celui du monde qui perd son sens et sa temporalité. « Alfhild, concentre-toi. On est lundi, demain tu pars en expédition avec Ozymandias et Jasper. » La voix de Dreymir est douce et rappeuse à la fois. Mais elle est surtout efficace. L’esprit de la sorcière se fixe sur les faits simples énoncés pour rester ancrée et une pensée fugace parvient à traverser les brumes des écumes. «  Dreymir. L’amulette. » Sa voix hachée lui arrache des frissons à chaque mot et le sombral renâcle plus fort en secouant sa longue crinière osseuse. « Je n’arrive pas à changer de forme quand tu es comme ça Alfhild. C’est ça ou rien. » Ses sabots tentent d’ouvrir le sac de cuir, la bouche mâchouille tant bien que mal quelques parchemins sans parvenir à tirer le moindre objet probant de l’objet trop petit pour l’immense animal. « Angelo ? Est-c. Est-ce que tu pourrais. Dans mon sac. Il doit y avoir une amulette. Ronde en bois avec une lanière tressée. Est-ce que. Tu peux ? » Sa voix se brise, les larmes coulent plus abondamment sur ses jours. Elle déteste devoir lui demander de l’aide. Encore moins dans l’objectif qu’on s’occupe d’elle. Elle se sent si peu légitime Alfhild, que cela lui donne envie de disparaître sous la couverture qu’elle sert un peu plus fort entre ses doigts. Lentement, l’idée qu’elle devrait même se faire porter pâle pour le lendemain commence à s’insinuer dans son esprit. Les risques qu’elle déçoive les deux archéomages sont trop grands pour qu’elle se sente mentalement capable de le supporter.




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