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she watched the darkness stride forward | Toni (fb)
Alfhild Mørk
Alfhild Mørk
TRØBBEL För att nå toppen av trädet måste du sikta mot himlen

She wanted none of those days to end, and it was always with disappointment that she watched the darkness stride forward

@Toni Mørk  Yule - 21 décembre 2022 - Soirée



Distraite, comme bien trop souvent, Alfhild n'écoute pas la conversation. Elle doit même faire un effort pour rester un minimum attentive et être capable de répondre quand on s'adresse à elle même si ses voisins de table ont tous peu à peu cessé de le faire face à son manque de conversation du jour. La fatigue se lit, plus que d'ordinaire, sous ses yeux flous. Les vacances scolaires tout juste entamées sont venues clôturer une période plus que chargée et elle n'est plus tout à faire sûre d'être encore capable de réfléchir à quoi que ce soit d'autre que son lit douillet au sein de la colocation. Même son esprit, d'ordinaire si prompt à s'embarquer dans mille et une pensées parasites est au ralenti. Elle ne songe que de loin aux amulettes qu'elle doit encore terminer pour son stand au marché de Yule qu'elle tient avec Einar. Les angoisses liées à Fred ne sont pas plus vaillantes que le carillon d'une seule cloche qui résonne dans ses os, et même, elle parvient à regarder Gunnar Mørk président la table sans se sentir entièrement submergée de honte et de culpabilité. Dreymir lovée contre sa cheville baille largement tandis que la sorcière se demande si finalement ce n'est pas ça la solution pour supporter un tel dîner, l'épuisement physique, et probablement moral. La caresse d'une truffe humide sur sa peau lui indique que la renarde ne partage pas réellement son avis et qu'elle préférait qu'elles puissent rapidement se soustraire aux regards durs et froids des diverses convives. Peut-être bien que cela est devenu un peu trop flagrant, aujourd'hui, qu'elle n'a pas envie d'être là. Vraiment pas. Alors que d'ordinaire, une partie d'elle en a quand même envie. En a toujours eu envie. Mais ce soir c'est différent, lentement, sournoisement, ses nombreuses actions menées avec les Sans-Noms ont commencé à déchirer les voiles de déni dont elle entourait son amour pour les Mørk. Lentement, presque sans y penser tout à fait comme cela, elle s'éloigne de leurs ombres froides. Elle s'est même mise à se fâcher avec la vieille tante pendant l'apéritif. Alors qu'elle ne se fâche jamais avec les ancêtres fantomatiques qui hantent la demeure. Elle répond d'ordinaire, avec ses piques passives et ses haussements d'épaules. Mais là, elle avait réagi, un peu trop, à une énième insulte. Depuis, le mal de tête tambourine à ses oreilles, les sifflements résonnent avec une intensité malveillante, et sait que l'oncle doit désapprouver avec acidité la pagaille qu'elle a créé dans les fantômes de la maison. L'envie de fuir avec son appétit qui s'est fait la malle est de plus en plus forte, et elle lutte pour rester, encore un peu, assise au milieu des convives. C'est Yule après tout, elle se doit de faire des efforts. Même si les trois quarts des personnes autour de la table n'ont probablement que faire de ses combats qu'ils jugeraient mal. Ont-ils réellement quelque chose à faire d'elle de toute façon ? Même Toni ne lui a jeté aucun regard bienveillant depuis son arrivée. Pourquoi est-elle venue déjà ? Elle ne sait plus trop elle-même Alfhild. Pour Ozymandias peut-être ? Et encore, dans le grand manoir des Mørk elle n'est plus sa stagiaire, mais bien sa petite cousine par alliance. Tous se parent de masques qu'elle trouve trop lourds, trop encombrants. La fatigue de ses muscles a fait tomber le sien au sol. Derrière sa fourchette qui joue avec son assiette encore pleine - et froide - Alfhild ne se cache pas. Ce soir tout lui passe au-dessus. Ce soir, elle est entourée du voile opaque des brumes de Hel. Facette sombre, éteinte. Peut-être qu'elle devrait aller se chercher un thé ? Peut-être que Boris compte encore parmi ceux qui ne la regardent pas avec trop de froideur ? Elle soupire Alfhild, avant de se lever d'un raclement de chaise. Ses yeux se lèvent de son assiette pour se poser avec un flou magnifique sur la table. Elle remarque seulement que certaines chaises sont déjà vides et la perplexité vient arrondir son regard. Elle s'étonne de n'avoir même pas remarqué les mouvements des départs, annonçant la fin d'un repas déjà trop long. Elle se demande si elle était à ce point perdu dans ses pensées - et dans celles de la tante qui continue de lui hurler dessus - pour ne pas remarquer tous ces mouvements. Ou si elle a réellement finit par s'endormir au-dessus de son assiette. Les deux options sont possibles, et elle se contente de hausser les épaules et de se lever à son tour.

Les couloirs frais de la demeure parvienne légèrement à réveiller son cerveau engourdi. L'air est plus respirable aussi, et si dans sa tête des cris résonnent toujours, il lui devient plus facile de ne pas mettre trop d'énergie à ne pas les écouter. Tout comme elle s'applique à ne pas regarder en direction de la silhouette de la vieille tante aigrie au millième degré. Quelle idée saugrenue elle avait celle-ci à venir livrer son dernier souffle dans la maison. Elle s'est toujours, Alfhild, qu'il fallait tout de même avoir un sacré culot malveillant de vouloir s'imposer aussi définitivement à tous les hemskökt de sa descendance en cherchant, à tout prix, à mourir entre les murs de leur résidence principale. Un sens de la famille tout de même biaisé, selon ses maigres critères de comparaison. Elle avait toujours plutôt supposé que, de bon sens, les Mørk auraient conscience que limiter les morts encombrants dans un tel endroit serait le moindre des cadeaux à faire aux générations futures...Mais elle connait trop les siens, pour savoir que se faire des cadeaux, est un concept qui rime rarement avec amour et douceur. Un nouveau bâillement lui décroche la mâchoire et sans vraiment y prêter attention, Alfhild suit la renarde blanche qui se faufile dans les couloirs de la bâtisse. Laisser le libre choix à sa fylgia lui convient bien, tout plutôt que rester encore en présence des autres. Faire une pause afin de recharger un peu son énergie mentale, et sociale, avant d'affronter la fin de la soirée. Le café de fin de repas, les digestifs, les célébrations pleines de fausses amicalités, pleines de fausses considérations. Quoi que, elle avait fabriqué elle même quelques cadeaux personnalisés pour Ozymandias, un bracelet d'onyx gravé de runes de protection pour ses explorations, et pour Juni, un pendentif tressés de fils multicolores parsemé d'étoiles en bois rouge, et elle souhaitait leur offrir en main propre. Si c'est vrai un lit que Dreymir l'emmène, il faudra qu'elle songe à se mettre un réveil la jeune Mørk. Mais en pensant cela, la sorcière réalise qu'elle n'a pas pris sa montre. Dans un haussement d'épaule, elle contourne un angle de mur avant de s'infiltrer dans une des alcôve de la bibliothèque où elle avait l'habitude d'aller se lover quand elle habitait ici. Il y a moins d'un an. Une éternité. Alfhild a évidemment pensé à tous les membres de sa famille pour fabriquer à chacun des petites choses, à Toni notamment, mais les griefs devenus silences froids ne lui donnent pas envie d'affronter ses regards ce soir. Elle sait qu'elle n'en n'aura pas la force. Son cœur est déjà si proche de déborder, percer de toute part, que la jeune femme ne se sent pas capable d'affronter les reproches et les déceptions de sa chère tante. Une blessure ouverte depuis juin. Depuis des mots et la détresse d'Alfhild passée en second plan par tout le monde. Comme toujours. Non, elle ne parvient même pas à repenser à cette soirée d'éclats sans sentir l'humidité perler au coin de ses yeux. Qu'avait-elle dit déjà pour que Toni lui tourne le dos ? Elle-même ne sait plus réellement, tellement elle avait été emportée par le tourbillon d'émotions provoqué par Gunnar et ses clés, quand elle venait annoncer son propre départ. Pour habiter avec Fen. Triste coïncidence. Triste hasard. Elle secoue la tête avant de remonter ses jambes sous son menton, la renarde lovée contre ses côtes, les yeux déjà fermés. La Mørk renverse sa tête en arrière, paupières mi-closes, et se laisse envahir par les souvenirs de cette soirée de juin qui insiste pour revenir se loger dans son crâne. Et plus elle y pense, plus elle a du mal à se rappeler exactement, d'où est venu le craquement qui à déclenché l'incendie. Elle se souvient vaguement de Toni qui utilise l'ancien prénom de Fen comme si de rien n'était. Comme si toute la famille ne l'avait pas enterré sans lever le moindre sourcil. Alfhild sent qu'elle met le doigt sur ce qui l'avait fait réagir aussi brutalement.

Soudain, un bruit la fait redresser la tête et ouvrir des yeux effrayés sur le visage de Toni, à quelques pas d'elle, qui la regarde, visiblement aussi surprise qu'elle de la trouver dans son vis-à-vis. La panique s'enflamme immédiatement dans le cœur d'Alfhild, qui ne sait pas comment gérer ses pensées autour d'un événement qui l'empli de tristesse et d'amertume, et ce visage tant aimé et aujourd'hui distant, qui la fixe avec une expression indéchiffrable. Une seconde de flottement s'étire, pendant laquelle toute la fatigue mentale de la sorcière transpire, avant qu'elle ne parvienne à se reprendre. Ses traits se ferment, se lissent dans un flou vaporeux, son regard glisse vers le fantôme toujours aussi énervé qui lui hurle dessus un flot incessant d'insultes. Alors Alfhild recule un peu plus dans l'alcôve, arrondi le dos, serre ses bras autours de ses genoux et pose une tête résignée sur le tout. Dreymir a entre-ouvert les yeux, faussement endormie sous sa queue touffue. « T'es venue jusqu'ici pour me faire la morale aussi ? C'est vrai qu'on a jamais assez de deux vieilles tantes pour vous faire la liste de toutes vos adorables qualités. » Sa voix n'est qu'un mince filet exaspéré. « Enfin, je sais pas si vieilles tantes soit le plus approprié parce que tu n'es pas si vieille et elle c'est pas vraiment ma tante. Mais bon. » D'un signe de tête elle désigne le vide où la fantôme s'énerve un peu plus, déversant un flux magique désagréable dans la tête de la jeune Mørk qui grimace en fermant les paupières sous la douleur provoquée par les cris de la charmante entité. « Par contre elle a déjà utilisé tout le registre diffamatoire de la déception familiale que je suis, il va falloir innover pour me faire tes propres reproches Toni. » Ses yeux se baissent et sa voix se brise. Elle ne supporte pas de regarder ceux de sa tante par alliance. Elle voudrait disparaître Alfhild, devenir pierre dans la pierre. Trouver une interstice de paix dans ce quotidien qui ne lui en laisse aucune.