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Woodstick (Seb)
Toni Mørk
Toni Mørk
LÆRERTEAM Den som talar mycket säger sällan vad som är bra
WOODSTICK
*** printemps 2022, peu avant la fin de l'année scolaire, après-midi, forêt de Durmstrang
« Oh, viens, viens remuer mon chaudron
Et si tu t’y prends comme il faut
Je te ferai bouillir une grande passion
Pour te garder ce soir près de moi bien au chaud. »


Toni chantonne gaiement. Le ciel est bleu, le temps est bon. L’été est à la porte, les jours rallongent laissant définitivement derrière eux un hiver vigoureux et un printemps timide. Bientôt l’année scolaire s’achèverait, bientôt tout le monde rentrerait chez soi. Et puis il y aurait le traditionnel repas des Mørk comme clôture d’une nouvelle année écoulée. Et puis deux mois d’ennui. Soixante jours à subir, mille quatre cent heures à se languir. L’impatience de retrouver son véritable chez soi, et son indépendance.
Mais pas cette année. Cette année les choses allaient changer. Cette année tout serait différent.

***

Toni était passée par les serres pour se saisir d’un grand panier, de quelques mètres de cordes et de quelques fioles de potions et autres concoctions. L’attirail nécessaire pour ce qu’elle s’apprêtait à faire. Par pur précaution elle avait aussi pris sa baguette, d’habitude trop souvent oubliée sur un coin d’établi. On n’était jamais trop prudent lorsqu’il s’agissait de s’aventurer dans la forêt de Durmstrang. Il n’était pas rare d’entendre au détour d’une conversation, que tant cette forêt était dense et infinie, quelques-uns n’en étaient jamais ressortis, là où d’autres en étaient revenus fous et détraqués. Toni ne croyait pas à toutes ces histoires. Trop grossières selon elle. « Racontars ! », pouvait-on souvent l’entendre scander. Rien que de vulgaires histoires de fantômes et de monstres pour effrayer les plus téméraires. Cette forêt elle la connaissait bien. Trop bien précisément pour s’y risquer désarmée.

« Oh, viens, viens remuer mon chaudron »

C’est à l’entrée du bois qu’elle avait donné rendez-vous à Sebastian Prince. Monsieur Prince comme elle aimait à l’appeler pour mieux le tourmenter. La raison de leur entrevue était claire, limpide, évidente. Une heure de colle. Pour quelle raison ? Elle l’ignorait. Du moins, elle ne s’en souvenait plus. Cela n’avait que peu d’importance. Toute opportunité de martyriser le pauvre Trøbbel se devait d’être saisie. Ainsi aucun souvenir de ce qui avait conduit à la sanction, mais la sanction elle-même, jamais elle n’aurait permis d’y manquer.

« Et si tu t’y prends comme il faut »

Malgré son expérience encore relativement fraîche au sein du corps professoral, Toni avait toujours été une source intarissable d’idées en tout genre pour gratifier étudiants entêtés et élève émeutiers. Elle trouvait même dans cet exercice davantage de plaisir que l’enseignement lui-même, qui, il faut l’avouer, était tout aussi ennuyeux que le public lui-même – tous ces bâillements et ces réponses idiotes donnaient, rien que d’y songer, des maux de tête à la professeure. Ainsi oubliez les lignes à recopier tranquillement sous un plaid avec un bon thé, avec Toni c’était plutôt d’une bonne paire de bottes et d’un estomac bien accroché dont il fallait se prémunir lorsqu’on venait en retenue. Sans compter une bonne dose de patience, car il fallait être un saint pour revenir sauf d’une telle épopée ; l’humour Mørk pouvant s’avérer bien plus dangereux qu’un troll grincheux ou un cerbère affamé.

« Je te ferai bouillir une grande passion »

Chantonnant à tue-tête, l’allure galopante, elle était parvenue jusqu’à l’orée de la forêt et avait bien dû se résoudre à la terrible constatation : elle était la première. Toni détestait arriver la première. Toni détestait attendre. Elle préférait se voir guetter et espérer, jusqu’à susciter irritation et agacement chez ses interlocuteurs. User les nerfs des autres, elle qui avait perdu les siens il y a bien longtemps, c’était une grande distraction. Un élève qui se faisait attendre c’était inacceptable. S’il s’avérait en plus que cet élève était Sebastian Prince, c’était impardonnable. « Il n’a pas intérêt à avoir oublié », pensa-t-elle intérieurement, la joie qu’elle se faisait de cette petite escapade n’aurait su être anéantis. Alors pour passer l’ennui et palier l’incertitude, et parce que le soleil se montrait, lui, particulièrement ponctuel et généreux, Toni décida de s’allonger dans l’herbe, face contre terre. Autour d’elle tous les sons devinrent exacerbés, et le monde du microscopique s’éveilla sous ses yeux.

« Pour te garder ce soir près de moi bien au chaud. »

Une coccinelle se pose sur son doigt. La bête à bon dieu. Quel drôle de nom. Comme s’il existait un dieu bon. Une ombre apparaît tout à coup au-dessus d’eux. Toni redresse la tête.

« Ah ! Monsieur Prince, enfin vous voilà ! Un peu plus et je m’endormais là. On ne vous a jamais appris à être à l’heure au pays des rosbifs ? »

À genoux sur le sol, elle tend sa main pour qu’il l’aide à se relever.

« J’espère que vous êtes prêt. J’ai prévu une mission toute particulière, pour l’élève tout particulier que vous êtes. N’est-ce pas Monsieur Prince ? »


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@Sebastian Prince Amundsen