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I will water the ground where I stand so the flowers can grow back again | Fred
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Alfhild Mørk
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I will water the ground where I stand so the flowers can grow back again

  @Fredrikke Mørk 8 septembre 2023 - 20h



Debout près de la porte, Alfhild trépigne en attendant l'arrêt complet du bateau et l'ouverture du navire sur le port de Göteborg. Deux heures de trajet. Deux heures qu'elle se ronge les lèvres aux proies à une anxiété fiévreuse qu'elle ne parvient plus à canaliser. Sept jours qu'elle dort sporadiquement prise au piège entre des pensées contraires qui déchirent son âme. Elle est fatiguée Alfhild, de devoir faire face à cette nouvelle épreuve. Fatiguée de s'en vouloir d'avoir osé croire que le pire était derrière elle. Que le calme et un début de normalité se profilaient à l'horizon. Un coin de rêve soulevé par la brise fraîche des tables qui tournent. Dans le cœur des nuits passées dans la forêt, elle avait noués tellement de cordes de bois pour espérer sceller cette opportunité qu'on lui offrait. Mais les Nornes n'ont eu que faire de ses offrandes et de ses prières. Peu importe aux différents dieux et mythologies ce que la sorcière pouvait bien espérer. Regardent-ils seulement encore ce monde de leurs yeux vides ? Elle ne sait plus trop Alfhild. Elle ne sait plus si elle a encore la force de croire que tout n'est pas le fruit d'un stupide hasard qui n'obéit à rien d'autre qu'à l'amour de la fatalité et de l'ironie. Elle se déteste Alfhild, d'avoir osé y croire. Ses paupières de ferment et son cœur se serre. Le bateau s'arrête et sa fébrilité augmente quand les sons habituels de l'ouverture magique de la porte résonnent. Elle doit aller voir chez lui Alfhild. Elle doit aller vérifier que Tefnout et Shou vont bien. Qu'ils les a gardé. Qu'il n'a pas détourné sa haine vers eux. Ni revendus. Ni abandonnés. Est-ce qu'il serait capable de leur avoir fait du mal sachant à quel point elle tenait aussi à ces des petits êtres ? Ses nerfs vacillent, elle n'ose penser trop longtemps à cette éventualité parce que les réponses qu'elle trouve lui déchirent l'âme. L'air frais du port s'engouffre dans l'ouverture et ses poumons se gonflent de ce goût de sel. Elle aime les embruns, le vent, les gouttelettes qui se mêlent à ses joues et ses cheveux, d'ordinaire. Mais ce soir elle ne parvient pas à les apprécier Alfhild. Elle les remarque à peine, chasse l'humidité d'un coup de manche avant de descendre le ponton et traverser les barrières magiques. A peine ses pieds se posent sur le pavé gris, qu'elle transplane dans un craquement aussi contrit que ses mains serrées l'une contre l'autre.

Ses doigts tordent la peau, malaxent les phalanges opposées tandis qu'elle contemple la façade de l'immeuble de Fred. Non, pas Fred. De Fredrikke. Un frisson coule le long de sa colonne vertébrale, lui arrache une grimace et serre son estomac. Elle ne parvient pas à savoir comment prendre ce nouveau coup du sort la Mørk. Elle voudrait tellement oublier ce qu'il a fait, oublier que chaque mot, chaque geste qu'il faisait étaient destinés à la tirer vers le bas. Elle voudrait oublier qu'il est lui, à nouveau, et ne penser qu'au frère qu'elle a eu. Quelques mois, une année. Elle aurait été prête à se jeter dans ses bras Alfhild, après leur dernière excursion ensemble, complices. Dreymir grogne, la renarde sort ses crocs, s'ébroue, mordille la pointe des chaussures de la sorcière. La fylgia tente de distraire sa sorcière de cette tristesse si profonde que trop souvent, ces derniers jours, elle s'est noyée dedans. Elle a même oublié d'aller en cours, cette semaine, paralysée par les glaces d'angoisses qui l'a maintenaient clouée dans son lit. On a même fini par l'emmener à l'infirmerie Alfhild, pour l'abreuver de chocolat chaud et la blottir sous des couvertures chaudes. Mais son corps a refusé de se réchauffer, et ce n'est que dans la mousse de plus en plus sèche des arbres qu'elle a trouvé une certaine forme de réconfort. Contre l'écorce centenaire, elle a écouté la sève s'écouler et ressourcer ses membres tétanisés. Dans le creux des racines et des premières feuilles mortes, elle s'était convaincue que ce devait nécessairement être pour le mieux, pour lui. Qu'elle devait être reconnaissante pour son âme égarée. Au moins, c'était d'elle dit, il ne découvrira plus d'horreurs en se sentant pris au piège de sa propre identité. Au moins il sait, et elle n'aura plus à porter seule le souvenir de leur passé. Ce ne sera plus à elle de prendre ce rôle-là. Et le vent lui a murmurer que c'était une bonne chose.

Dans sa tête, les voix sont trop présentes elles aussi. Comme toujours dans le tumulte de ses angoisses, mais elle n'y prête pas attention. Pas plus qu'elle ne pense à vérifier les fenêtres éclairées sur la façade que la jeune Mørk contemple. Peut-être que si elle avait fait plus attention Alfhild, elle aurait peut-être fait demi-tour. Mais suivant les habitudes qu'elle avait prises avant les vacances d'été, elle a décidé de venir rendre visite aux animaux de Fred. Non, de Fredrikke. Pour être sûre qu'ils vont bien. Et pour leur dire qu'elle ne les a pas oublié. Elle a même pensé à prendre quelques friandises pour eux. Lorsqu'elle se remet en mouvement, son cœur se serre malgré elle. Pourtant elle connait le chemin par cœur, la porte, les marches, le trousseau de clés qu'il lui avait donné quelques mois en arrière avec les indications pour venir quand il n'était pas là. Et elle avait appris par cœur les horaires qu'il lui avait donné. Le vendredi soir, il finit tard. Elle passait toujours en rentrant de Durmstrang avant d'aller s'échouer dans la coloc.
La clé tourne dans la serrure sans même qu'elle ne songe à se poser la question d'un éventuel changement de celle-ci par Fredrikke. La renarde se change en rossignol avant même que la porte ne s'ouvre et s'engouffre par l'infime interstice, voletant d'une traite vers Tefnout comme à son habitude. D'un mouvement rapide, Alfhild entre à son tour, refermant prestement derrière elle comme si elle craignait que quelqu'un l'intercepte et lui demande des comptes sur sa présence ici. Son cœur bat si vite qu'elle le sent pulser dans sa gorge. Pourtant elle se sent heureuse d'être là, paradoxalement, et elle a hâte de plonger son visage dans le pelage de Shou. Elle s'avance un peu à sa recherche lançant avec un enthousiasme débordant de plaisir un « Shou je t'ai apporté tes bonbons préférés ! » avant de se figer, net, à la porte du salon. Ses yeux s'arrondissent sous la surprise, son teint devient livide sous la dépression sanguine qui s'opère et ses doigts lâchent le sachet de friandises pour chat qu'elle tenait prête à en faire une large distribution. Elle entend le son mat du sac froissé qui heurte le sol, elle entend les vagues des voix qui se fracassent dans un coin de son crâne, elle entend le miaulement minuscule qui s'élance vers le butin renversé sur le sol. Instinctivement son regard tombe sur l'animal qu'elle ne reconnaît pas. Immédiatement l'élan naturel reprend le dessus et Alfhild se penche en avant pour passer un doigt tremblant sur la tête du minuscule félin. « Bonsoir toi, tu es nouveau, et beaucoup trop adorable. » Le souffle n'est qu'un murmure qui effleure à peine ses lèvres. Ce n'est que lorsqu'elle perçoit un mouvement de l'autre corps qu'elle se redresse Alfhild. Et que son cerveau force la remise en route de l'inexorable. Un regard d'un bleu qui oscille entre humidité et fuite se fixe un court instant dans le bleu qui lui fait face. Un nouveau frisson court dans sa nuque. Elle reconnaît les traits, lissés, maîtrisés. Elle n'a pas besoin d'en voir plus pour savoir, en effet, que c'est bien Fredrikke. Et non Fred. « Ah. Tu es là. » Le murmure ne trouve pas de force pour être plus que ce souffle frémissant. Elle ne parvient pas à maintenir le contact visuel et, instinctivement, elle marque un mouvement de recul. Infime trace d'une Alfhild de deux ans en arrière qui reprend le dessus. Fantôme d'un passé qu'elle aurait voulu ne jamais retrouver.

Fredrikke Mørk
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Le mal de crâne qui martèle sa tête depuis qu’il est revenu du boutot, deux minutes auparavant, lui donne l’impression qu’elle éclatera bientôt.

Il se déplace dans son appartement comme un automate. Sans réfléchir, sans vouloir s’arrêter à n’avoir ne serait-ce qu’une seule pensée. Il s’autorise ce moment de pause. Cet instant d’accalmie et de vide, qui ne vient qu’avec l’action et la fatigue. Ashes ne cherche pas à lui parler. Le serpent ondule simplement à ses côtés, en évitant les fringues qu’il répand sur sa trajectoire vers la salle de bain, comme une traînée macabre. La chemise est imbibée de cris. Le pantalon est noyé de larmes. Les chaussures sont piquetés de peur.

Il s’en fout. Il refuse de penser et de laisser son cœur s’animer. Il ne veut pas de la sensibilité, de l’inquiétude. Il veut un instant de calme, avant de replonger dans un foutu tourbillon émotionnel.

Le sang coule sous le jet chaud de la douche et sillonne ses jambes nues. Ce n’est pas le sien. C’est celui du collègue qui l’accompagnait cet après-midi, lors d’une intervention qui aurait pu se terminer bien plus mal. Ou mieux. Il ne parvient toujours pas à déterminer où classer l’amputation accidentelle de l’une des personnes qu’il arrête : un moment divertissant ou quelque chose de triste ? Dans ce cas-ci, il opterait plutôt pour la première option. Et il l’a clairement dit, lorsqu’il a relaté l’incident aux membres de l’équipe médicale qui était chargée de stabiliser le coupable avant son transfert : « je crois que les dieux se sont trompés de membre. C’est sa main, qui aurait dû être sectionnée. » Les gens de l’équipe n’ont pas rigolé. Ils se sont plutôt regardés d’un air effaré, en feignant ensuite de ne pas comprendre sa question sur l’état de son collègue. Peut-être craignaient-ils qu’il l’achève. Il a dû insister, d’une façon plus ou moins aimable, pour finalement apprendre que le jeune tireur d’élite avait été transféré à l’hôpital Sindri Sjukhus cinq minutes plus tôt.Il avait résisté à la tentation d’y transplaner, pour s’assurer qu’il s’en sortirait. Les yeux terrifiés du personnel médical de leur équipe, habitués aux blessures de terrain, révélaient trop clairement l’accueil qu’il risquait de recevoir. Il s’était donc décidé à rentrer chez lui après son rapport, tout en se promettant d’écrire un hibou cette nuit, pour prendre des nouvelles de son coéquipier. Même si les gens n’apprécient pas beaucoup qu’il se soucie de leur état.

Il ferme l’eau, puis enfile des vêtements propres. Ses pensées s’échappent vers les lettres qu’il a envoyées dans les derniers jours. Celles qui lui laissent un goût acide, comme s’il avait mordu dans un citron.  Celles qui éveillent trop d’émotions. La douleur. La tristesse. La colère. Les regrets. Et une joie trouble, malsaine, qui fait paraître plus noire une palette colorée.  

En liberté, Tefnout chantonne. Évitant les vêtements toujours répandus dans le couloir, et dont le sang-pur ne prévoit s’occuper que plus tard par flemme, Shou le suit jusqu’au salon. Il lui sourit doucement, avant de jeter un coup d’œil à son bureau. Une pile de parchemins s’y trouve, avec une longue plume noire, qui semble attendre qu’il se remette à l’écriture. Il soupire, alors que ses iris glissent sur un petit pot transparent, posé à proximité d’une feuille recouverte de calculs. D’autre onguent, au dosage plus fort, préparé pour Ozymandias au cas où le premier n’aurait pas fonctionné. Un pot concocté à l’avance, et qui ne servira vraisemblablement à rien, puisqu’il ne veut rien qui vient de ses mains.

Le courrier attendra, oui. Le tireur d’élite s’assoit à même le sol, sur le tapis, tendant les bras vers la cuisine : une petite boule poilue s’en échappe et court vers lui. Un véritable sourire se peint sur ses lèvres, alors qu’il l’attrape délicatement. Il enfouit son visage dans la fourrure du chaton, à qui il murmure des absurdités attendrissantes. Fredrikke avait besoin de violence ; Fred avait besoin de douceur. Le mélange des deux n’éteint pas l’autre. Ce sont deux forces contraires, qui se battent sans cesse. Il hait ce qu’il était. Sa faiblesse, sa tendresse, sa mollesse. Il déteste toute autant la force du vent, qui veut lui faire précipiter dans l’abîme beaucoup trop de victimes. Peut-être qu’il a perdu ce qu’il avait gagné, en retrouvant sa mémoire. Peut-être que le présent relâchera son otage. Ou que le passé renforcera ses liens. Il ignore quel temps a les plus lourdes chaînes. Un an en couleurs ou vingt-huit de douleurs ?

Le son de la clé qui tourne dans la serrure lui fait froncer les sourcils. Il dépose le chaton, alerte, avant de sortir d'un geste vif sa baguette de son fourreau. Il aperçoit le rossignol, faisant aussitôt le lien avec la personne qui vient d'entrer. Le bois s'abaisse, alors que la voix retentit: « Shou je t'ai apporté tes bonbons préférés ! » Alfhild. Son cœur se fige en même temps que sa sœur à l’entrée du salon. Espoir. Détresse. Excitation. Il range sa baguette d’une main, tandis que les doigts de l’autre jouent brutalement avec la bague à son annulaire. Le sentiment qui le domine, c’est surtout la tendresse. Et elle est si étouffante, si encombrante parmi tout le reste du bordel qui se mélange dans son crâne, qu’il doit retenir le rictus de peine qui veut s'étirer sur ses lèvres lorsqu'il la voit devenir livide, puis lâcher le sachet de friandises. Le chaton y perçoit un appel clair, et s'élance vers le trésor répandu. Il observe sa sœur qui se penche pour passer un doigt sur sa tête, en profitant pour reprendre un air stoïque. « Bonsoir toi, tu es nouveau, et beaucoup trop adorable. »  Son coeur se refroidit, son regard se fait plus glacial. Il se lève pour lui faire face, se faisant encore violence pour ne pas tendre les bras vers elle. Même dans les derniers mois, il n'a jamais osé le faire. Il s'y risquerait encore moins. Il devine ce qu’elle voit. Ce à quoi il doit renvoyer. Il ne fera pas semblant d’être un autre, mais il ne feindra pas non plus d’être lui-même. « Ah. Tu es là. » Un frisson, un murmure, et la fuite du regard. Comme avant. Le nœud que plusieurs auraient voulu voir à son cou se resserre dans sa gorge. Les yeux bleus se voilent d’une lueur triste, lorsqu’elle marque un mouvement de recul. Il se sent comme si tout est à refaire…Et qu’en même temps, tout doit être défait. « Oui, je suis là. » Une voix neutre. Une voix qui ne dit rien des émotions qui le submergent, des réflexes pulsionnels qui le noient, de ses tentations et de sa résistance, de son trouble et de son désarroi. Il est là, oui. Au sens littéral et figuré. « J’ai fait changer mes horaires de travail. » Se justifie-t-il d’être chez lui ? Oui. Sa propre présence, dans son appartement, lui semble une erreur en cet instant. Comme s’il avait fauté. Il repousse cette pensée, dans un effort qui donnent un air plus dur à ses traits. Il a demandé à son retour d’Égypte d’être transféré dans une équipe de la brigade qui ne s’occupe que des situations les plus à risques. Il ne fera plus aucune répression de manifestations, sauf en cas de sous-effectifs. D’un signe de tête, il pointe le petit chaton, qui avale une nouvelle friandise : « Elle se nomme Eira. Je l’ai trouvée lors d’une intervention, elle errait dans les ruines d’un bâtiment. » Il n’a pas hésité à l’amener chez lui. Il hésitait à adopter une nouvelle créature, de toute façon, pour combler cet haïssable besoin d’affection.

Shou, qui se sent peut-être délaissé par ce début de conversation, vient se frotter contre ses chevilles. Il s’accroupit par réflexe, glissant sa main sur le pelage du félin, tout en affirmant d’un ton où perce une pointe d’acrimonie – ou de déception : « Tous les animaux sont vivants, si c’est ce que tu es venue vérifier. Et j’apprécierais que tu n’en kidnappes aucun pendant mon absence, par crainte de ce qui pourrait leur arriver. Je prends encore bien soin d’eux. » Parce qu’il vient de faire le lien entre sa présence, l’annonce qu’il lui a faite, et les animaux. Elle n’est pas venue pour lui, évidemment. Elle est venue pour eux. Ce qui est normal ; mais il espère qu’elle n’est venue que pour les nourrir et leur prodiguer de l’affection, pas pour vérifier quelque chose.  Il reprend, plus neutre : « Tu veux un thé ? Je n’ai pas de roulé à la cannelle, je ne m’attendais pas à ce que tu passes. » Alfhild…À une autre époque, il aurait profité de ce drôle d’hasard. Ce soir, la seule chose qu’il sait, c’est que le regard bref qu’elle a posé sur lui précédemment est clair sur son identité : il est redevenu un monstre.
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I will water the ground where I stand so the flowers can grow back again

  @Fredrikke Mørk 8 septembre 2023 - 20h



Dreymir, affolée, volète vers sa sorcière. Trait bleu dans le froid glacial de la pièce. La trille qui résonne n'a rien de joyeux, longue mélodie d'une tristesse déchirante qui vibre dans le cœur d'Alfhild. Trois notes traînantes, appel doux et mélancolique. Superbe mise en scène de ce qu'elle ressent au plus profond de son âme. Ce déchirement qui fait un son terrible dans ses entrailles. Parce que l'homme en face c'est bien lui, Fredrikke. Et à la fois c'est toujours un peu Fred. Beaucoup elle espère même. Mais comment savoir qui est où derrière le masque froid qui lui fait face ? Cette maîtrise stoïque qu'elle n'a jamais été capable d'imiter même au centième. Son visage a elle est aussi mouvant que les aurors boréales qui surplombent les glaciers du Svalbard. « Oui, je suis là. » Le ton lissé lui pince le cœur. Elle a encore en mémoire les accents chaleureux et soucieux de celle que Fred avait pour elle il y a encore deux mois. Avant l'été. Il y a si peu. Elle avait craint tout l'été ce silence, tanguant entre peur de découvrir qu'il avait retrouvé la mémoire, et terreur de l'avoir déçu et blessé par son comportement. Cela avait été donc la mémoire. Et depuis la sienne bloquait sur les souvenirs en boucle de leurs rires, leur complicité, ces moments de partage fraternels qui avaient comblé tous les manques des vingt dernières années. Elle s'était laissée prendre au jeu. Elle avait adoré. Elle ne regrette rien, elle recommencerait dix fois. Et dix fois elle se retrouverait là, pétrifiée sur une glace qui se craquèle sous ses pieds. Elle sait Alfhild, qu'elle devrait se défaire de cette boucle qui lui attendri l'âme pour son adelphe. Qu'elle devrait rappeler à sa mémoire les rires cruels, les lettres injustes, les insultes, les brimades. Le carnet. Et ses révélations de cette semaine. Mais comment oublier cette sensation de chaleur qui l'a submergeait quand elle l'appelait « frère ». La décharge qui secoue sa nuque arrache une nouvelle note à Dreymir qui est allé se blottir contre Tefnout, perchés en hauteur près du plafond. « J’ai fait changer mes horaires de travail. » Elle hoche la tête Alfhild, force est de constater qu'il est là que un horaire où il aurait dû être au travail selon ses dernières informations. Et elle s'en veut Alfhild de n'avoir pas songé qu'il aurait pu en effet avoir envie d'adapter ses horaires en fonction de ses capacités cognitives retrouvées. Ou qu'il pourrait être tout simplement en repos exceptionnellement ce soir-là. Ou tout simplement réfléchir à toute éventualité où il pourrait être présent et prendre plus de précautions avant de pousser la porte et entrer comme si elle était chez elle. Ce qu'elle n'est pas. Chez elle. N'y a jamais été bien que s'y sentant bien. S'y sentait bien.  Un sourire tordu glisse, rapide, sur ses lèvres tandis que sa main attrape une mèche de cheveux qu'elle commence à tortiller nerveusement.  « Elle se nomme Eira. Je l’ai trouvée lors d’une intervention, elle errait dans les ruines d’un bâtiment. » Profitant d'avoir l'occasion de poser enfin ses yeux quelque part, Alfhild observe le chaton qui se régale des friandises répandues sur le sol et un sourire tendre étire ses traits. Un élan de tendresse surgit et se reporte immédiatement sur l'animal, à défaut de pouvoir se porter trop clairement sur Fredrikke, et elle s'accroupit à nouveau pour caresser doucement le pelage de l'animal. Shou se mêle à la scène et Alfhild fini d'être rassurée de l'état de santé de tout le monde. Même si elle sort de là brisée, au moins aura-t-elle la certitude que les petites bêtes sont en sécurité. Et que Fred est toujours là en substance pour leur accorder amour et famille. Cela lui chauffe même délicatement le cœur de savoir qu'il a recueilli un chaton perdu pour lui donner un foyer. Elle pourrait presque en éprouver une forme de jalousie, si elle n'était pas trop concernée par le bien être des animaux avant le sien. Que Fredrikke se choisisse la famille qu'il veut, le foyer dans lequel il se sent bien. Qu'il puisse y puiser le réconfort dont il a besoin. Parce qu'il en a besoin, non ? Parce qu'il ne les garde pas juste pour mieux pouvoir l'atteindre, elle, plus tard ? N'est-ce pas ? L'éclat bleu de ses yeux filent vers les mains de l'homme, pique la bague du regard, avant de se détourner prestement. Elle est bien là. Ou du moins une bague est bien là, et le charme associé peut être comme ce qu'il a dit. Ou différent, comment savoir. Mais la bague est là, et sa curiosité titillée perce à travers le capharnaüm de ses émotions.

« Tous les animaux sont vivants, si c’est ce que tu es venue vérifier. Et j’apprécierais que tu n’en kidnappes aucun pendant mon absence, par crainte de ce qui pourrait leur arriver. Je prends encore bien soin d’eux. » Occupée à ramasser les friandises pour chat, Alfhild relève les yeux vers lui. Accroupi l'un en face de l'autre, il lui est facile de trouver son regard et de plonger dedans. Océan bleu auquel elle s'accroche sans le remarquer, avec une facilité qui rappelle celle des mois précédents. Elle n'y songe pas à cet instant, lorsqu'elle laisse un infime éclat de rire s'échapper de ses poumons. Peut-être est-ce de l'observer caresser Shou qui désarme ses barrières l'espace d'une minute. Ou son esprit perturbé qui oscille entre deux réalités entremêlées. Ce n'est que lorsqu'il reprend la parole d'une voix à nouveau neutre et plate qu'elle réalise qu'elle le regarde avec une certaine forme de sympathie et ses joues rosisses sous la frange de ses cils qui se baissent. Il doit la trouver ridicule, une fois de plus. Trop fragile, comme il dit. Trop faible. C'est ça. Faible. « Tu veux un thé ? Je n’ai pas de roulé à la cannelle, je ne m’attendais pas à ce que tu passes. » La question la prend de court et lorsqu'elle lève à nouveau les yeux, des éclats brumeux les rendent trop brillants pour ne pas traduire la cascade de sentiments qui manquent de s'y déverser. Son cœur s'élance, mais ses yeux fuient cette fois la confrontation et s'attardent sur les dernières friandises restées au sol qu'elle pousse doucement vers Eira avant d'en attraper et de la tendre vers Shou avec amour. « Bien sûr que je suis venue voir si ces adorables animaux allaient bien. J'avais pris l'habitude de leur rendre visite en rentrant de Durmstrang. Tant pis. » Sa voix n'est qu'un menu filet qui a du mal à se tendre dans sa gorge. C'est ridicule, elle est ridicule. Cette conscience la fait presque grimacer d'acidité. Alors elle relève la tête la Mørk, dardant un regard immense sur Fred. « Je pouvais pas ne pas passer vérifier après ce que tu m'as dis sur ta mémoire. Après tout, avant ce n'était pas le genre de compagnie qui tu appréciais. J'ai toujours pensé que si tu devais avoir un animal un jour ce serait un serpent. Bon. J'imagine que Ashes suffisait. » Elle coule un regard amusé vers la fylgia, avant de s'asseoir par terre, le chaton prenant un peu trop de plaisir à jouer avec le pom-pom pendant de sa ceinture de tissu. Distraitement, la sorcière continue à faire sauter le jouet improvisé entre ses doigts sous le miaulement minuscule d'Eira qui s'empresse de se rouler autour des fils dès qu'elle parvient à l'arrêter entre ses griffes. « Je ne m'attendais pas à ce que tu adoptes un autre chaton. Je vais faire comme si c'était ça dont tu parlais dans ta dernière lettre concernant ta vie sentimentale active. » Elle grimace, gênée par sa propre évocation de ce qu'elle aurait voulu ne jamais savoir. Elle plonge dans ce qu'elle maîtrise le mieux, son humeur grinçant et gênant pour tenter de ne pas penser trop fortement à la situation dans laquelle elle se sent en réalité prise au piège. « Merci pour le thé. Je suis obligée d'accepter, après tout, c'est l'occasion inattendue de jeter un œil sur l'artefact que tu as au doigt sans réitérer une blague déjà faites et détourner mon attention des vêtements tachés qui traînent derrière toi en supposant que ta nouvelle façon de gérer tes pulsions c'est de faire de la peinture de façon très énergique. » Sa voix filtre, rivière trop rapide, torrent d'angoisses non prononcées qui imbibent chaque interligne. Elle est terrifiée Alfhild, elle n'ose même plus se redresser de peur de faire un mouvement de travers qui pourrait écarter un peu plus la banquise qui continue de craquer, lugubre, sous ses pieds. Même Dreymir s'est tue dans ce silence pensant d'une menace qui pèse, invisible.




Fredrikke Mørk
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Il perçoit ses yeux lorsqu’elle les lève brièvement, éclats brillants qu’il ne sait pas comment interpréter. Ils ne s’accrochent pas aux siens, comme tout à l’heure, s’échappant en direction du chat. Ça lui rappelle la première fois qu’elle est venue dans cet appartement, fuyant son regard. Il en avait été peiné à l’époque, même s’il comprenait – ou plutôt, croyait comprendre – pourquoi. Aujourd’hui, il se fait la réflexion que le seul qui devrait baisser le regard dans cette pièce, c’est lui. Il ne le fera pas, pourtant. Il a écarté la honte de ses pensées, en même temps qu’il en a chassé les faiblesses. Et lorsqu’elle revient avec trop de force, il l’étouffe. « Bien sûr que je suis venue voir si ces adorables animaux allaient bien. J'avais pris l'habitude de leur rendre visite en rentrant de Durmstrang. Tant pis. » Tant pis. Tous les mots qui ne sont pas prononcés, et qui sont contenus dans ces deux termes, résonnent plus fort sous son crâne douloureux que le son de sa voix. Tant pis, parce qu’elle ne viendra plus. Tant pis parce que des mois d’efforts, pour tisser des liens en fils de soie, ont été anéanti en une seule lettre. Tant pis pour les bons souvenirs, tant pis pour les rires, tant pis pour ce qu’ils construisaient, tant pis. Celui qu’il avait été dans la dernière année avait assez de douceur et d’optimisme pour envisager un avenir possible, où il aurait été vraiment le frère de sa sœur. Lui en doute davantage.

Elle relève la tête, dardant son regard sur lui, tandis que Shou délaisse ses caresses pour attraper la friandise qu’elle lui a tendue. « Je pouvais pas ne pas passer vérifier après ce que tu m'as dis sur ta mémoire. Après tout, avant ce n'était pas le genre de compagnie qui tu appréciais. J'ai toujours pensé que si tu devais avoir un animal un jour ce serait un serpent. Bon. J'imagine que Ashes suffisait. » La dites Ashes répond au regard amusé par une ondulation de queue. Elle n’a pas eu le temps de suffire à quoi que ce soit. Lorsqu’elle est apparue, ils se sont immédiatement entendus, mais il a eu son accident quelques semaines après. Il a passé davantage de temps avec le koala qu’avec le serpent ; il préfère maintenant cette seconde forme, qu’il haïssait tant auparavant. Elle lui semble plus naturelle, plus lui. Moins faible, surtout. Il note dans la réplique d’Alfhild ce qu’il soupçonnait : elle est bien venue pour vérifier qu’il n’avait pas fait de mal aux animaux. Un pli amer soulève ses lèvres, en une fraction de seconde, alors que le dédain vient luire faiblement dans ses iris. De lui, d’elle. De ce qu’il était, avant, après, maintenant. Et des risques qu’elle prend, pour ces êtres à quatre pattes. Si elle avait raison de se méfier, de s’inquiéter pour eux, n’aurait-elle pas dû avoir aussi la lucidité de s’inquiéter pour elle et ne pas venir, même en le sachant absent…? Et en même temps, est-ce que ce n’est pas ce qu’il veut, qu’elle vienne, sans trop se méfier de lui…? Son mal de tête s’intensifie, tandis qu’il se redresse. Il la regarde s'asseoir par terre et faire sauter distraitement l'objet qui pend de sa ceinture, dont Eira semble raffoler. Le dédain se mû en tendresse, toute aussi instinctive que ses envies les plus violentes. Foutu capharnaüm. Foutues émotions. « Je ne m'attendais pas à ce que tu adoptes un autre chaton. Je vais faire comme si c'était ça dont tu parlais dans ta dernière lettre concernant ta vie sentimentale active. » Heureusement pour lui, que ce n’est pas au chat à lequel il faisait allusion. Rattraper le temps perdu de ce côté est l’une des premières choses qu’il a faite, lorsqu’il a retrouvé partiellement la mémoire. Pour noyer ses pensées quelque part. Pour faire taire tout ce bordel de sentiments. Pour disperser, aussi, un besoin de douceur qui s’associe très mal à ses autres pulsions. Il n’aurait probablement pas dû en parler, dans sa dernière lettre. Mais il éprouve une nécessité de marquer une distinction entre lui et celui qu’il a été dans la dernière année ; il éprouve aussi paradoxalement l’envie de gommer ces mêmes différences.   « Merci pour le thé. Je suis obligée d'accepter, après tout, c'est l'occasion inattendue de jeter un œil sur l'artefact que tu as au doigt sans réitérer une blague déjà faites et détourner mon attention des vêtements tachés qui traînent derrière toi en supposant que ta nouvelle façon de gérer tes pulsions c'est de faire de la peinture de façon très énergique. » La terreur filtre dans la pièce surchauffé. Fredrikke a toujours adoré sentir la peur des autres. Il s’amusait jadis à les distinguer et à leur donner des couleurs variées. Bleu, quand la victime était figée sur place, glacée par la frayeur, condamnée par son incapacité à agir. Rouge, quand le sang coulait, quand la peur était une peur de mourir ou de souffrir davantage. Violet, quand le manque d’oxygène étouffait graduellement sa proie et que ses yeux paniqués reflétaient l’appréhension de ne plus jamais vivre. Noir, quand l’affolement se muait en violence ; c’était ce qu’il préférait. Aujourd’hui, il ne donne aucune couleur à l’angoisse qu’il perçoit dans la voix de sa sœur. Il n’en a pas besoin, elle s’impose seule, nouvelle teinte qu’il n’utilisait jamais : blanc, comme l’envie qu’il éprouve de l’apaiser, de la rassurer. Blanc comme la couverture qu’il aimerait mettre sur elle, avec les deux chats et un thé, pour lui bâtir un environnement de quiétude, plutôt qu’une ambiance qui reproduit des années d’horreur.

Il est perturbé par cette envie. Le mélange de ce qu’il a été et de ce qu’il était dernièrement forme un tourbillon obscur, dont il n’est pas encore parvenu à extraire toutes les nuances. Il jette un coup d’œil aux tissus qui traînent sur le sol, colorés, et hausse les épaules d’un air nonchalant : « Je ne tache jamais mes vêtements quand je peins. » Ce n’est pas la réponse à donner et il se demande s’il n’y a pas un peu de cruauté, dans le fait de volontairement éviter de répondre à sa question muette. Veut-il lui faire du mal, en laissant sous-entendre, brièvement, que ce sang est peut-être celui d’une victime ? Il jette un coup d’œil à la bague, qui ne le brûle pas, alors qu’il se dirige vers le comptoir de sa cuisine. Non, il ne veut pas lui faire de mal. Il est simplement aigre de tout ce qu’il a perdu, en deux mois, en retrouvant ses souvenirs. Il est redevenu le monstre, à ses yeux, et ça l’agace, même si ça ne devrait pas avoir cet effet. Il reprend d’un ton neutre : « C’est le sang d’un collègue. Le salaud qu’on a arrêté avait envie de pratiquer ses sorts de découpage. » Celui qui bossait avec lui n’était pas mauvais. Mais ne pas être mauvais, ça ne suffit pas toujours, lorsqu’on est en face de quelqu’un de meilleur. Il a pu arrêter le type, mais aucun sort ne peut empêcher l’impact de celui qui déjà été lancé et réceptionné. Il n'a pu qu’adoucir sa chute, puis l’amener vers les secours, après que le coupable ait été maîtrisé. Ses pupilles se voilent brièvement d’une lueur de sympathie, tandis qu’il poursuit : « Je l’ai porté dans mes bras. Personne m’avait prévenu que l’inquiétude, ça laisse des marques. » Un rire bref, sec, naît et meurt sur ses lèvres. Il lance un sort sur sa bouilloire pour faire chauffer l’eau, avant de ranger sa baguette. Il sort ensuite deux tasses, qu’il pose sur le comptoir, relevant ses yeux vers Alfhild: « Je faisais pas référence au chaton, quand j'ai parlé de ma vie sentimentale active. J'ai peut-être bien des vices, mais j'suis pas dingue à ce point. » Elle n’a pas besoin d’un tel détail. Il le sait. Ce qu’il ne sait pas, c’est s’il devrait détruire ou reconstruire. Ou plutôt, il le sait trop. Son choix le plus évident, le plus clair, le plus instinctif, c’est le second. C’est aussi le plus dangereux et le plus égoïste. Il prend une boîte cartonnée, dont il extirpe deux sachets de thé pré-remplis, qu’il dépose dans chacune des tasses. Ses tempes pulsent sans douceur ; il y glisse une main, distraitement, comme si la pression pouvait atténuer la douleur. Son regard s’échappe vers l’un des chats, alors qu’il rajoute d’un ton plus doux : « Tu peux encore leur rendre visite en rentrant de Durmstrang, si tu veux. Je peux te communiquer mes nouveaux horaires pour que tu n'aies pas la désagréable surprise de me croiser. La suggestion est-elle prudente ? Il l’ignore. En théorie, elle l’est. Il ne lui fera rien. Il se l’est promis et ce serment, incrusté dans son cœur, l’est aussi dans sa chair. Du menton, il désigne la bague argentée à son annulaire, reprenant : « D’ailleurs…Va falloir que tu t’approches, si tu veux l’observer. » Même lui ne saurait pas interpréter la drôle de lueur qui est venue éclairer son regard : un mélange de défi, de tristesse, d’amusement et d’écoeurement. Rien qui ne va ensemble. Il est un puzzle cassé, aux pièces disséminées un peu partout.
Alfhild Mørk
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I will water the ground where I stand so the flowers can grow back again

  @Fredrikke Mørk 8 septembre 2023 - 20h



Ces vêtements tâchés sont plus lourds à regarder que le souvenir de sa dernière lettre. Celle d'hier. Celle qui avait empêché le sommeil de venir trouver ses nerfs enraillés. Ces vêtements tâchés remettent en perspectives toute la vérité qu'elle trouvait dans les mots de Fred, et ramènent le doute de chacun des mots qu'il a pu y écrire. Je ne le laisserais pas me frapper de nouveau. Est-ce que, même sans le désir de vengeance, si cela devait se produire, il couvrirait de son sang ses vêtements pour les laisser ensuite trainer nonchalamment devant elle ? « Je ne tache jamais mes vêtements quand je peins. » Elle s'en doutait Alfhild. Elle l'a toujours imaginé comme une personne qui lave ses doigts avec exaspération à chaque goutte de peinture qui viendrait couler sur l'épiderme. Mais la réponse lui glace un peu plus le sang, affolant des iris déjà mises à mal par la situation inattendue. L'envie de fuir et d'aller se réfugier dans les bras de quelqu'un éclate dans ses fibres. Mais elle n'a personne Alfhild, chez toi qui aller courir ainsi réclamer une chaleur qu'elle ne s'autorise jamais. La douleur qui lui déchire l'estomac est une telle force qu'elle n'a pas ressenti depuis longtemps. Ca lui rappelle rapidement, dans un éclair, la sensation qu'elle avait ressenti lorsqu'elle avait discuté avec Sebastian en hiver dernier à propos de ce même Fredrikke que celui qui se tient devant elle. A l'époque, elle avait posé sa main sur le bras du jeune homme. Elle ne sait pas pourquoi ce détail lui revient en mémoire précisément à cet instant, mais la similitude de l'envie improbable l'étonne. Instinctivement, ses doigts se serrent contre le fil de coton qui pendouille mollement sur le ventre d'Eira qui s'est allongée momentanément. « C’est le sang d’un collègue. Le salaud qu’on a arrêté avait envie de pratiquer ses sorts de découpage. » Elle ne songe même pas à s'inquiéter la jeune Mørk de cette réalité de terrain qui met son adelphe en danger tous les matins. Rien d'autre ne se fait entendre dans son âme que le souffle frais d'un soulagement en demi-teinte. Le doute murmure, mais elle choisi de ne pas entendre et de croire la spontanéité de ses paroles. Peut-être bien qu'il ment, pour la protéger, mais elle ne croit pas qu'il prendrait un tel soin avec elle. Il ne l'a jamais fait, ce serait déroutant qu'il commence à le faire maintenant. Elle se sent perdue sur sa banquise brisée, à la dérive entre deux rives devenues inatteignables. Peu à peu la terreur laisse place à l'immensité humide de la seule tristesse sans fond. « Je l’ai porté dans mes bras. Personne m’avait prévenu que l’inquiétude, ça laisse des marques. » Le rire sec qui craque entre les lèvres de Fredrikke lui arrache un frisson et l'éclat tordu d'un sourire qui hésite entre tendresse et sarcasme. Un éclat de rire qui lui rappelle avec la brûlure d'un glaçon entre ses côtes, leurs moments de complicité de l'année passée. Elle aime son humour incisif et aussi décalé que le sien. Elle aime cette faculté qu'il avait, qu'il semble encore avoir, de rire de lui, malgré tout. Sous le poids des souvenirs, elle courbe légèrement les épaules Alfhild, le regard plongé dans les jeux de couleurs du pelage luisant du chaton qui se tortille toujours autour d'elle. Elle sent, imperceptiblement, la décision qui est en train de se former dans sa tête, et une partie d'elle la déteste déjà. « Je faisais pas référence au chaton, quand j'ai parlé de ma vie sentimentale active. J'ai peut-être bien des vices, mais j'suis pas dingue à ce point. » Cette fois c'est elle qui rigole, d'un pouffement incontrôlé et lumineux. Bien que le sujet fasse rougir une nouvelle fois ses joues de chaleur gênée, la phrase qui semble si premier degré de son adelphe la prend au dépourvu et réchauffe la glace comme un rayon de soleil. Elle secoue la tête Alfhild, avant de tourner celle-ci de biais vers le corps de l'homme qui s'active autour de deux tasses de thé. Ses iris se posent délicatement sur lui, papillonnant avec la même légèreté que le ferait Dreymir en voletant autour d'une fleur. Elle observe les gestes, glissent sur l'ombre des sachets glissés dans les porcelaine en se demandant avec une curiosité gourmande, quel goût ils auront. Elle s'accroche farouchement à ces éléments d'un quotidien banal pour s'extirper des cristaux de glace qui la maintiennent sur place. Quitte à faire chavirer dans l'eau froide sa frêle banquise, et plonger une fois de plus, dans l'océan des tourments. « « Tu peux encore leur rendre visite en rentrant de Durmstrang, si tu veux. Je peux te communiquer mes nouveaux horaires pour que tu n'aies pas la désagréable surprise de me croiser. » La voix de Fredrikke s'est faite plus douce et la petite sœur quitte le dos de celui-ci pour trouver la petite chatte qui s'est lassée de son pom-pom de ceinture et qui se lèche désormais copieusement la patte, allongée de tout son long en plein milieu du salon. Elle hoche distraitement la tête Alfhild, avant de se lever d'un mouvement lent, toujours appesantie par une réalité qui lui a changé son habituel air d'éther en plomb.  « D’ailleurs…Va falloir que tu t’approches, si tu veux l’observer. » Son regard retrouve la silhouette de son aîné et saute sur la bague qu'il désigne d'un coup de menton, des lueurs indéchiffrables dans le regard. Le silence qui se matérialise entre eux suite à cette remarque suffit à faire comprendre, une fois de plus, les sentiments d'hésitation qui font tanguer Alfhild sur ses pieds. Un léger balancement de son corps qui peine à trouver la stabilité sur cette banquise décidément trop glissante. Elle est songeuse Alfhild, derrière ses yeux humides d'un bleu océan. Ses doigts trouvent une nouvelle fois ses cheveux, détache une mèche qu'elle sépare en trois brins, avant de les tresser dans une succession de mouvements distraits. « Je ne reviendrai pas ici toute seule. Tu détesterais l'idée que je puisse entrer chez toi sans que tu le saches je crois. Et personnellement j'aurais trop l'impression de tricher. Chez Fred j'étais la bienvenue, chez toi ce serait toujours un peu de travers. Si jamais l'envie me vient de témoigner contre toi, je pourrais avoir l'envie de venir chercher des preuves ici tu ne crois pas ? Je suis sûre que tu ne prendrais pas ce risque-là. Fredrikke. » Sa voix est étonnamment douce jusqu'à ce qu'elle marque une pose avant de prononcer son prénom. Entier. Qui racle contre sa langue. Cela fait longtemps, très longtemps, qu'elle ne l'a pas dit à haute voix dans son entièreté et cela lui fait bizarre. Le son lui paraît dissonant, et elle tresse plus serré les mailles de sa natte dans un geste devenu dur et rêche comme une corde usée. Et usée elle l'est, par tous ces combats moraux qui fragmentent son âme, une fois de plus.

Sans le conscientiser réellement, elle fait un pas Alfhild. Un pas vers la cuisine, un pas vers lui, le regard perdu dans un autre coin de la pièce. Les doigts enserrés dans la fourche de ses cheveux tressés. Elle n'a pas d'élastique pour empêcher sa natte de se défaire immédiatement, alors elle s'y accroche avec déraison.

« Peut-être que c'est toi, qui me dénoncera en premier d'ailleurs ? Tu as appris bien plus de choses sur moi que l'inverse, cette dernière année. J'imagine que tu vas me faire la morale à ce sujet à un moment, non ? » Elle ne regrette rien, encore une fois. Même si elle devrait craindre, avoir des remords de lui avoir ouvert son quotidien et ses interrogations personnelles. De l'avoir laissé entrevoir sa vie, loin du monde des Mørk. Elle ne regrette rien, parce qu'elle n'a plus peur des conséquences de ses choix de vie. Peut-être que sa récente entrée officielle dans l'équipe du Musée lui a donné une première pierre d'assurance sur laquelle hisser cette impression de tendre un peu plus vers une condition d'adulte. Peut-être bien que ses nombreuses nuits dans la forêt de Durmstrang à se construire son univers au plus près des forces magiques de la nature lui ont donné cet aplomb que seuls les arbres connaissent. Peut-être bien qu'avoir eu un frère sur qui compter, pendant un temps, a suffit à combler des failles dans lesquelles elle tombait sans cesse, par le passé. Sans doute un peu de tout ça à la fois. Et surement beaucoup plus encore. Et avant même qu'elle ne s'en soit rendue compte, elle a comblé la distance qui la séparait de son adelphe. Son regard s'accroche au sien, rapidement, avant de plonger vers la main de l'homme. Elle tend même ses propres doigts qui lâchent la tresse, une marque rouge cercle l'épiderme là sans qu'elle n'y prête la moindre attention. Mais le geste n'aboutis pas, et Alfhild dévie vers sa poche où elle trouve sa baguette sur laquelle sa paume se pose. « Est-ce que je peux vraiment l'étudier ? J'adore vraiment observer des nouveaux artefacts. Je te promets que je ne compte pas la désactiver ni chercher à briser le maléfice. » La tension remonte dans ses nerfs, elle tremble presque de se sentir si proche de Fredrikke. Elle sent sa présence, à la fois rassurante et terrifiante. Elle est perdue, ses pieds glissent sur la glace, elle chute, s'accroche à des miettes de rien, un éclat dans les iris bleus de l'adelphe, des graines de tons plus doux dans sa voix, elle s'accroche, parce qu'elle ne sait rien faire d'autre, que de chercher ces infimes poussières d'or pour illuminer sa vie. « Et c'était une métaphore toute à l'heure, quand je parlais de faire semblant de croire que la reprise de ta vie sentimentale était l'accueil du chaton. Rapport au fait que je préfère imaginer que tu donnes de la tendresse à des animaux plutôt que d'imaginer autre chose. J'espère bien que tu aimes pas de cette façon-là tes chats. Mais maintenant que tu as évoqué cette idée, je préfère encore le autre chose. » Elle secoue une nouvelle fois la tête Alfhild, partagée entre laisser un nouvel éclat de rire grinçant filtrer ses lèvres, ou retenir le frisson de gêne qui hérisse les poils de sa nuque. « Maintenant je vais essayer de prétendre que cette conversation n'a jamais eu lieu et plutôt basculer mon attention sur ta bague et tenter de faire abstraction de tout le reste, si tu veux bien. » Et par tout le reste, elle entend sa respiration devenue presque sifflante, les battements effrénés de son cœur, sa poitrine resserrée, le froid qui irradie dans ses doigts, la peur qui tente de lui crier de reculer, et l'envie la plus improbable qu'il soit parmi d'aller se blottir, furtivement, contre la poitrine de Fredrikke Mørk. De serrer ce frère une première - et dernière fois - contre elle, déverser l'océan salé qui fait luire ses iris sous les lumières de l'appartement, et le remercier à sa façon pour cette année passée à ses côtés. Comme une contraction musculaire incontrôlée d'un corps qui se regroupe avant de lâcher prise.



Fredrikke Mørk
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La bouilloire siffle, hurle, puis se tait. Il observe sa sœur qui sépare une mèche en trois brins, puis les tresse. Geste anodin ou geste nerveux. Il ne la connaît pas assez pour le savoir. Ça ne devrait pas l’ennuyer, et pourtant, ça l’ennuie. Il l’a analysée suffisamment dans le passé pour connaître ses points faibles, pour savoir sur quoi taper et quand.  Toujours dans un but destructeur, jamais pour construire. Il ne saurait pas dire ce qu’elle fait exactement, lorsqu’elle est stressée ; il sait seulement comment possiblement provoquer un tel état. En somme, il ne connaît rien de sa sœur, si ce n’est qu’elle a un mauvais frère. Peut-être qu’il la connaît un peu plus maintenant, depuis l’amnésie. Mais plusieurs mois à s’informer de sa vie avec une réelle sollicitude n’efface pas des années d’indifférence. « Je ne reviendrai pas ici toute seule. Tu détesterais l'idée que je puisse entrer chez toi sans que tu le saches je crois. Et personnellement j'aurais trop l'impression de tricher. Chez Fred j'étais la bienvenue, chez toi ce serait toujours un peu de travers. Si jamais l'envie me vient de témoigner contre toi, je pourrais avoir l'envie de venir chercher des preuves ici tu ne crois pas ? Je suis sûre que tu ne prendrais pas ce risque-là. Fredrikke. » Un pli amer vient déformer ses traits. Ses sourcils se froncent légèrement et un rictus s’étire sur ses lèvres, sans joie, de ce genre de sourire qu’il faisait quand il savait que bientôt, très bientôt, il entendrait crier son interlocuteur.  Ça lui fait bizarre, de l’entendre parler de Fred comme s’il ne s’agissait pas de lui, à la troisième personne, comme lui-même l’a fait si souvent avec Fredrikke. Un nom qu’elle lui attribue, maintenant, délimitant bien la zone dans laquelle elle le classe. Sauf que cette zone est perméable, cette fois. Il est peut-être écoeuré par sa faiblesse des mois précédents et sa culpabilité, mais il ne renie pas cette part de lui. Il est Fredrikke, mais il est encore Fred. Et c’est probablement ce qui lui cause de si violentes migraines ; ce qu’il était lutte ferme contre ce qu’il est devenu.
 
Aurait-elle vraiment envie de témoigner contre lui…? Comment réagirait-il ? La question glisse dans le regard interrogateur qu’il pose sur elle, sans prendre la parole. Il ne se laisserait pas faire. Il a déjà pris des tonnes de précaution, pour reformer des filets de sécurité qu’il a détruits par inadvertance et inconscience dans la dernière année. Il ne se laisserait pas faire, non, mais il n’agirait pas contre elle. Elle est libre de le dénoncer ou de le faire tuer, comme il lui a demandé. Qu’il se défende ou non ne l’implique pas ; il lui accorde tous les choix, avec la promesse de ne pas se venger. Elle fait un pas vers la cuisine, dans sa direction, les doigts accrochés à sa natte. Il fixe un instant sa main, avant de remonter jusqu'à son visage. « Peut-être que c'est toi, qui me dénoncera en premier d'ailleurs ? Tu as appris bien plus de choses sur moi que l'inverse, cette dernière année. J'imagine que tu vas me faire la morale à ce sujet à un moment, non ? » Lui parler de ce sujet est dans ses plans, mais pas ce soir. Cette rencontre était déjà imprévue ; il ne peut pas gérer émotionnellement trop de niveaux. Il se perd déjà sur celui-ci, où ses sentiments se heurtent les uns aux autres. Et puis…Le croirait-elle vraiment, s’il lui disait qu’il approuve ce qu’elle fait ? Qu’il comprend les risques qu’elle prend…? Qu’il est prêt à l’aider encore, dans la mesure du possible, peut-être en nuisant aux arrestations arbitraires ou en contribuant à libérer des gens ? Se croirait-il lui-même ? Il se tait. Il réfléchira encore à ce sujet, même s’il a déjà pris sa décision, dans les dernières semaines. Il sait où il se positionne, même si cette position l’écœure tout autant qu’elle le satisfait. Ces contradictions l’ennuient ; tout l’ennui, de toute façon. Le regard de sa soeur, brièvement, s'accroche au sien avant de s'échapper. Il aurait aimé le retenir. Il aurait voulu plonger dans le regard d'Alfhild comme on plonge dans la mer, dans l'espoir d'y trouver un apaisement mental qu'il préférerait ne pas chercher. Sur la paume où reposait la tresse retenue prisonnière, une marque rouge attire son attention. Il ne dit rien, ne fait rien, n'affiche rien. Il se dit simplement que c'est peut-être ainsi que se manifeste sa nervosité, finalement. Ça l’agace, de la rendre potentiellement nerveuse. Il se rappelle encore trop bien de sa présence, dans cette année troublée, et de leur relation qui s’améliorait. La tour qu’il construisait lentement, à leur manière, en posant peut-être quelques fenêtres à l’envers, semble désormais bancale. Ça aussi, ça l’énerve. Beaucoup. « Est-ce que je peux vraiment l'étudier ? J'adore vraiment observer des nouveaux artefacts. Je te promets que je ne compte pas la désactiver ni chercher à briser le maléfice. » Il hoche la tête dans un signe positif. L’artefact à son annulaire est un ouvrage intéressant, bien fait, qui aurait été parfait sur une personne choisie au hasard. Il aurait pu glisser la bague au doigt de quelqu’un d’autre, en commandant un autre enchantement et en changeant le raisonnement déclencheur. Les résultats auraient pu être destructeurs, inhumains…et captivants. La bile remonte dans sa gorge alors qu’il chasse cette pensée, se concentrant sur les paroles de sa sœur : « Et c'était une métaphore toute à l'heure, quand je parlais de faire semblant de croire que la reprise de ta vie sentimentale était l'accueil du chaton. Rapport au fait que je préfère imaginer que tu donnes de la tendresse à des animaux plutôt que d'imaginer autre chose. J'espère bien que tu aimes pas de cette façon-là tes chats. Mais maintenant que tu as évoqué cette idée, je préfère encore le autre chose. » Elle secoue la tête, alors qu’un maigre sourire étire les lèvres de Fredrikke. Autre chose. Cet autre chose, ce n’est quasi rien. Que la satisfaction des sens, temporaire. Ces sens qui étaient bien éveillés pendant son amnésie, mais qu’il essayait de faire taire avec le reste. Par peur ou respect. Lui n’éprouve ni l’un ni l’autre ; il invite et si la personne refuse, il n’insiste pas. Il ne fuit plus et se donne le droit de vivre, même si ce droit, il ne devrait pas l’avoir. Ça aussi, il le sait encore trop nettement. « Maintenant je vais essayer de prétendre que cette conversation n'a jamais eu lieu et plutôt basculer mon attention sur ta bague et tenter de faire abstraction de tout le reste, si tu veux bien. » La douleur sous son crâne s’est intensifié. Il ne tend pas immédiatement sa main dans sa direction. Il se concentre plutôt sur le silence qui s'installe, dans lequel il perçoit la respiration presque sifflante de sa soeur. L'envie de la prendre dans ses bras est immédiate ; il la réfrène. À la place, il prend la bouilloire. Il verse l’eau dans les tasses, avant de la reposer et de lever ses yeux vers celle qui partage son sang : « Alfhild…Tu peux encore m’appeler Fred, si tu veux. » Sa voix, le temps de quelques secondes, s’est réchauffée. Son regard est tendre, presqu’affectueux. Perles bleues qui ne lui veulent que du bien, et qui espèrent que ça restera toujours ainsi. « Et tu es encore la bienvenue. L’homme avec qui tu as rigolé…Il est encore là. C’est peut-être le bordel dans ma tête,  mais la tendresse que j’éprouvais à ton égard n’est pas disparue. » C’est l’une des choses qu’il sait le plus clairement.

Ses yeux s’abaissent, ses doigts se tendent. Il glisse l’une des deux tasses dans sa direction, sans prendre la sienne. Quand son regard se pose de nouveau sur elle, son ton est redevenu neutre : « Si un jour l’envie te vient de témoigner contre moi…Je te conseille de fouiller ailleurs que dans mon appartement. Il n’y a rien ici. Quand j’ai déménagé, je me suis débarrassé de tout ce qui risquait d’éveiller des souvenirs. Malheureusement. » Maintenant que trop de fragments sont revenus, il aurait aimé pouvoir s’appuyer sur ces objets pour se garder dans une ligne directrice plus acceptable. Pour avoir sous les yeux, en permanence, les noms, les conséquences. Une part de lui, chaotique, aime encore les souvenirs qu’ils évoquaient. Il est plutôt persuadé que cette part serait terrassée par ce sentiment exécrable qui s’empare de lui, à chaque fois qu’il songe à ces histoires du passé.  Il reprend : « Je te dénoncerai jamais, à moins que ta sécurité ne soit trop compromise. Quant à te faire la morale…Pas aujourd’hui. T’as déjà cette rencontre imprévue à gérer. » Ashes, d’un mouvement souple, a glissé sur le plancher dans sa direction. Elle s’enroule autour de sa jambe, comme pour le soutenir, alors qu’il n’a lui-même pas conscience d’avoir besoin de ce dit soutient. Il tend sa main en direction de sa sœur, poursuivant avec neutralité : « Tu peux vraiment l’étudier. Mais c’est plus intéressant avec le maléfice à l’œuvre…Attends. » Il a parlé sans réfléchir, de la même façon qu’il l’aurait fait dans le passé, quand il énonçait des cruautés sans sourciller. Ça lui paraît momentanément naturel, de lui montrer son fonctionnement en action. C’est le meilleur moyen pour observer l’artefact, même s’il implique de songer à lui faire du mal. Réflexe contradictoire. Ça aurait été facile, avant, de penser à blesser Alfhild. Naturel, même. Sans efforts, sans réflexions, même. Ce soir, l’évocation de son prénom dans sa tête n’éveille que des sentiments fleuris ; le désir de protection, l’agacement de perdre ce qu’ils avaient commencé à construire, la rancœur envers lui-même, la tendresse. La bague à son doigt reste extrêmement stable et il hausse les épaules sans énoncer la teneur de ses pensées, affirmant : « J’y parviens pas. Faudra que tu l’observes dans son état stable. » L’état dans laquelle, idéalement, l’artefact restera toujours.
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I will water the ground where I stand so the flowers can grow back again

  @Fredrikke Mørk 8 septembre 2023 - 20h



Alfhild tente de focaliser son attention sur les doigts de Fredrikke. Elle observe la main baguée avec intérêt, et une intensité forcée, même quand celle-ci ne fait rien d'autre qu'attraper en bouilloire pour verser de l'eau brûlante dans les tasses prévues à cet effet. Est-elle réellement en train d'accepter de boire un thé avec lui ? Alors qu'il pourrait très bien se servir de son amour pour ce breuvage pour y glisser un poison de sa confection personnelle pour lui faire passer le moindre reste de miettes d'amour fraternel qu'elle lui porte ? L'idée lui traverse la tête, une fraction de seconde emportant son cœur dans une série de battements plus précipités encore que les précédents. Il tambourine si fort, ce coeur, qu'elle l'entend dans tout son corps, se répercuter contre ses os. C'est magnifique et terrifiant à la fois. Il parvient presque à couvrir les murmures agressifs de son crâne. « Alfhild…Tu peux encore m’appeler Fred, si tu veux. » L'information la prend au dépourvu alors que ses pensées imaginaient déjà les pires scénarios - à savoir elle roulant au sol dans un cri de douleur - et que Dreymir, sensiblement paniquée, hésite à changer de forme pour quelque chose de plus imposant. Son regard agrandit par l'effet produit saute jusqu'à celui de son aîné. Elle est surprise d'y trouver de la chaleur Alfhild. Un océan de tendresse qui lui rappelle Fred. Des eaux douces et agréables, réchauffée par un soleil doré d'été. Le genre d'onde dans laquelle on se laisse glisser avec sérénité. Ce n'est que lorsqu'il reprend la parole que la jeune sorcière réalise qu'elle a la bouche légèrement ouverte et qu'elle doit avoir l'air parfaitement ridicule. Une fois de plus. « Et tu es encore la bienvenue. L’homme avec qui tu as rigolé…Il est encore là. C’est peut-être le bordel dans ma tête,  mais la tendresse que j’éprouvais à ton égard n’est pas disparue. » Elle tangue Alfhild, sous la glace qui se stabilise sous ses pieds. Elle ne devrait pas croire à ses paroles, elle devrait être plus vigilante et suspicieuse. Mais ce sont des choses qu'elle ne sait pas faire. La sorcière a déjà bien trop de choses en tête pour être capable de prendre cette charge mentale trop lourde pour sa conscience. Alors elle laisse la fine couche de glace se durcir sous ses pieds tandis que les tambours se font un peu moins encombrant dans son corps et que sa respiration retrouve un silence normal. Il est possible que Fred cherche à l'amadouer pour mieux la briser ensuite. Comme il a fait avec Ozymandias. Mais elle prend le risque. Elle prendra toujours le risque, parce qu'au fond d'elle Alfhild sait déjà qu'elle préfère croire et se rouler dans les étincelles de l'espoir et des joies, que de sombrer dans l'éternelle noirceur du pessimisme qui empoisonnent les plantes jusqu'aux racines. Parce que c'est ce qu'elle a toujours fait, toujours cherché en lui, même avant quand elle est certaine de ses intentions envers elle. Elle prenait l'intention, je pense à toi petite-sœur sans songer aux conséquences. C'était déjà exister un peu dans ses pensées. C'était beaucoup. Hier, l'année dernière, elle a existé si fort que ça lui fait mal dans le cœur aujourd'hui de devoir renoncer. C'est au-dessus de ses capacités. Le bruit de porcelaine qui glisse sur le comptoir chapitre son attention et elle tend par réflexe ses doigts vers l'anse qu'on lui propose. C'est trop chaud, son épiderme picote doucement pourtant elle ne les retire pas. « Si un jour l’envie te vient de témoigner contre moi…Je te conseille de fouiller ailleurs que dans mon appartement. Il n’y a rien ici. Quand j’ai déménagé, je me suis débarrassé de tout ce qui risquait d’éveiller des souvenirs. Malheureusement. » Elle hoche délicatement la tête, rêveuse. Oui, il lui semble bien que Fred lui avait déjà dit quelque chose du genre. Et puis elle serait bête de penser que le tireur d'élite soit assez stupide pour garder des preuves à l'intérieur de son appartement. Probablement le premier lieu que n'importe qui songerait à venir fouiller. La preuve, elle-même qui n'est pas particulièrement habile dans ce genre de réflexions précautionneuses y à songé en premier. C'est que cela doit être bien commun en effet. Est-ce qu'elle devrait veiller, elle aussi, à laisser sa propre chambre de la colocation propre de tout élément compromettant ? Sans doute. Mais est-ce qu'il y a des éléments compromettants dans sa chambre ? Compromettant de quoi d'ailleurs ? Est-ce qu'écrire des articles avec de vrais chiffres concernant les manifestations et les inégalités sociales entre les familles de douze, les autres sorciers, et les né-moldus, est quelque chose d'illégal ? Sur le papier, et c'est drôle d'utiliser ce mot-là parce que justement c'est un papier qu'elle édite avec Vence dans son arrière-boutique - sur le papier, donc, non. Mais en réalité, oui, iels se cachent, le font en cachette. Elle profite des lieux acquis au mouvement pour écrire au calme, comme le café d'Angelo ou les salles du Triskèle. Peut-être bien qu'il faudrait, en effet, qu'elle arrête de ramener ses brouillons dans sa chambre de la colocation. Mais est-elle réellement en danger ? Risque-t-elle une perquisition ? La seule personne qui pouvait la renseigner sur ces questions elle l'a en face d'elle. Et la chaleur disparue du regard qui la fixe la met à nouveau mal à l'aise. Peut-elle vraiment encore lui demander ce genre de chose ? Est-ce que ne serait pas encore plus compromettant que de garder quelques torchons de brouillon sous une pile de livres sur les runes et leur utilisation ? Est-ce que ça aussi, ce pourrait être compromettant ? Après tout, elle utilise certaines pour coller de façon plus durable les collages qu'elle et ses amis mettent un peu partout sur les murs de Göteborg. Sauf que ce sont aussi ses outils de travail. Autrement dit. Elle est perdue, et réfléchir à tout cela commence à lui donner mal à la tête, parce qu'au fond, elle sait qu'elle est incapable de camoufler tout cela convenablement. N'a-t-elle pas fait entrer Fred dans un coin du secret dernièrement ? Le bas même armé des forces de l'ordre. Nerveusement, sa main quitte la porcelaine pour retrouver la mèche de cheveux qu'elle tortille autour d'un doigt. « Je te dénoncerai jamais, à moins que ta sécurité ne soit trop compromise. Quant à te faire la morale…Pas aujourd’hui. T’as déjà cette rencontre imprévue à gérer. » A nouveau, comme s'il avait soudain acquis le pouvoir de legilimancie en plus d'avoir récupéré ses souvenirs, le Mørk vient souffler ses craintes d'une simple phrase. Du moins, en partie. De son point de vue, sa sécurité est compromise depuis que ses pouvoirs magiques se sont déclarés et que Hel l'a choisie pour porter le poids de son don si particulier. Mais sans doute que ce n'est pas de cela qu'il parle. Elle imagine bien de quel sécurité il voudrait parler, même si Alfhild doute que la dénoncer puisse lui venir en aide d'une quelconque façon. Son premier, et dernier - pour le moment - passage en prison ne lui a laissé entrevoir qu'une plongée plus rapide vers la folie qui la guette toujours dans les recoins sombres de son cerveau. « Tu peux vraiment l’étudier. Mais c’est plus intéressant avec le maléfice à l’œuvre…Attends. » Il reprend la parole, change de sujet, et les filaments de pensées complexes se déchirent pour faire ressurgir sa curiosité primaire dans un éclat d'argent. Ses yeux qui étaient posés partout et nulle part retrouve avec fascination le doigt bagué et s'arriment à la facture du bijou dans un regain d'intérêt. Elle ne prend conscience qu'à retardement, Alfhild, de ce que voir le maléfice à l’œuvre implique pour lui et elle s'apprête à dire quelque chose quand Fredrikke reprend la parole d'une voix neutre après un haussement d'épaule : « J’y parviens pas. Faudra que tu l’observes dans son état stable. » Est-il déçu de n'avoir pas réussi à faire fonctionner le maléfice comme il l'aurait souhaité ? Ou bien est-il déçu de n'avoir pas réussi à songer à lui faire du mal avec suffisamment de conviction pour le faire fonctionner ? Ou bien était-ce une vaste machination, un mensonge depuis le début, et cette bague n'aurait aucune action quand bien même il serait en train de la torturer sur le sol ? La nouvelle salve de questions sans réponse efface ses traits dans un nuage de rêverie. Elle se questionne Alfhild sur le sens de cette conversation, de ce nouveau lui qui se présente à elle. Elle peut l'appeler Fred, il est toujours là, c'est eux, lui, ensemble, à composer une nouvelle personnalité dans le secret de ses pensées cachées. Insondables et neutres. Elle ne sait pas pourquoi, mais le ton qu'il employé, le fait, simple, le constat qu'il n'y parvient pas, débloque un verrou dans son âme. Comme un bouchon qui pop au loin sous la pression relâchée trop vite. De la même façon, après quelques secondes de flottement, elle s'élance en avant. Ou alors elle trébuche. Elle-même n'est pas certaine Alfhild, de la double action qui s'opèrent dans son corps. Un élan couplé d'un contre-ordre, qui la fait presque tomber contre le torse de Fred. Elle se jette, heurte l'homme, et dans cette double action, se retient de tomber plus bas, en serrant ses bras dans son dos. Une étreinte rapide et aussi peu calculée que la perspective de le trouver ici ce soir. Comme si ce je n'y parviens pas, ce simple aveu, valait toutes les autres paroles non dites. Mais le frisson qui la secoue parle pour l'autre facette, celle qui doute de tout et tremble en proximité de son adelphe. La mémoire physique qui ne parvient pas à se défaire des souvenirs des années précédentes. Alors elle se recule, aussi soudainement qu'elle s'était élancée, avant de lisser distraitement son haut. « J'ai trébuché. Je. hum. Sans maléfice c'est suffisant. » Ses joues se sont empourprées trop nettement, ses yeux rivés sur la bague ne sont pas certains de pouvoir oser affronter son regard pour les huit prochaines années, tandis que sa baguette se redresse vers le bijou et qu'elle commence immédiatement à dessiner les premiers glyphes pour lire l'artefact. « Qu'est-ce que je gagnerais à ce que tu me dénonces, pour ma sécurité ? J'ai du mal à comprendre en quoi je serai plus en sécurité en prison, ou sous surveillance, que dans la rue ? » Tout en parlant, d'une voix que la concentration rend neutre, ses doigts font bouger délicatement les signes magiques qui irradient une délicate couleur émeraude. Son nez plissé par les réflexions, elle laisse la magie s'écouler, tinter délicatement contre les sortilèges qu'elle rencontre sur l'objet d'en face tandis que la sorcière qui guide la danse réajuste ses ordres et ses chemins en déplaçant les combinaisons des glyphes ou en ajoutant de nouvelles runes plus complexes dans la ronde de celles déjà créées. « C'est un sortilège complexe dans un objet plutôt banal dans sa conception. La personne qui l'a réalisé à fait un travail très pointu. Ca me rappelle des artefacts que j'étudie avec Jasper. » Elle murmure presque pour elle-même avant d'aspirer d'un coup les trois quart des signes d'un coup tandis qu'elle n'en garde que trois qu'elle tient fermement du bout de sa baguette et entre ses doigts. Ils vibrent, semblent presque se cambrer avant qu'elle ne parvienne à les stabiliser dans un froncement de nez de plus en plus marqué. Les vibrations s'estompent et l'apprentie archéomage parvient à les aligner à sa convenance dans un cliquetis presque mécanique. Parfois, elle a l'impression d'être une orfèvre qui ouvre une horloge pour révéler un ensemble de rouages et de mécanismes emboités les uns dans les autres. Une succession de filaments d'argent s'accrochent aux glyphes émeraudes et comme si elle lisait les pages d'un livre, elle parvient petit à petit à déceler la nature du sortilège qui palpite en son cœur. Pieuvre au cœur en sommeil, profondément attaché au système nerveux du porteur. Là-dessus, il n'a pas menti, Fredrikke Mørk. Son nez se défroisse et sa magie se relâche petit à petit. Elle n'ira pas plus loin, parce qu'elle prendrait le risque de toucher au sortilège, de l'abîmer ou même simplement de l'effleurer et elle s'y refuse. Elle a promis de ne pas y toucher.

D'un dernier coup de baguette, elle fait disparaître les restes de sa magie avant de pousser un soupir et de bâiller largement sans retenue. La semaine a été longue, la traversée encore plus, et l'effort lui a demandé une dépense d'énergie qu'elle n'avait pas prévu non plus. Cela fait beaucoup d'imprévu pour une seule soirée. Une soirée assez commune finalement, dans la vie d'Alfhild Mørk. « Tu n'as pas menti alors, c'est vraiment un maléfice qui est ancré dans ton corps. Je ne suis pas sûr de comprendre pourquoi tu as fait une telle chose Fred. Mais j'espère que ça en valait la peine. Mais si jamais un jour tu changes d'avis, je pourrais essayer de te l'enlever. Ou tu pourras m'y forcer. » Sans relever la tête vers ces yeux qu'elle ne peut toujours pas affronter tant la gêne de son mauvais pas de toute à l'heure brille encore sur ses joues. Elle se contente de ranger sa baguette dans sa poche avant de reporter son attention sur sa tasse de thé. « Je n'ai pas réellement l'intention de te dénoncer Fred. Je dois déjà veiller à trouver des solutions pour t'éliminer si tu redeviens trop comme avant. Je peux pas être sur tous les fronts, non ? » Elle trouve même la force de pouffer doucement dans son coin, avant de glisser un furtif regard en coin vers celui de son frère pour tâter du doigt la température de ses réactions.



Fredrikke Mørk
Fredrikke Mørk
GÖTEBORG Livet är en kamp, ​​du måste förbereda dig för striden
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Il y a quelques secondes de flottement. Ces secondes où il s’interroge sur ce qu’elle dira ou fera. À tout moment, Alfhild peut décider de quitter cet appartement. Après tout, elle n’avait pas prévu le voir, en venant ici. Cette conversation peut être trop pour elle. Sa présence peut être trop pour elle. Il ne l’empêcherait pas de partir. Il n’étirerait pas même le bras, ne tenterait pas de la convaincre de rester. Même si c’est tentant, il ne veut plus tenter d’influer sur ses décisions, dans un sens qui l’arrangerait lui. Enfin, sauf en ce qui concerne sa sécurité.

Lorsqu’elle s’élance vers l’avant, il n’a aucun mouvement de recul. Son esprit vif, habitué aux pires calculs, se dit qu’elle a peut-être finalement décidé de l’éliminer elle-même. Ici et maintenant, par impulsion. Il ne fait aucun geste et n’a pas le temps de s’interroger sur ce que cette éventualité provoque en lui. Mépris ou soulagement. Un mélange des deux. Il sursaute presque lorsqu'elle tombe quasi contre son torse. Son pouls augmente, ses yeux s'agrandissent sous la surprise et une tendresse invasive, telle un puissant raz-de-marée, brûle aussitôt ses veines. Elle serre ses bras dans son dos dans une étreinte beaucoup trop rapide, qui fait palpiter son cœur un peu plus fort. L’émotion qui s’empare de lui, soudainement et violemment, est plus forte que toutes celles qu’il a tenté de provoquer dans les dernières années. Je ne pourrai jamais plus lui faire volontairement du mal. Avec ou sans bague. C’est évident, net, indiscutable. Alfhild est la personne la plus précieuse de son entourage. Elle était son ancre, au cours de son année d’amnésie ; il lui est redevable.

Il ne lui rend pas la courte étreinte ; il craint qu’un geste aussi simple, aussi normal s’il n’avait pas été lui, lui donne l’impression d’être retenue contre son gré. Lorsqu’elle se recule, lissant son haut, il ne cherche pas à camoufler l’affection qui brille dans ses yeux bleus. « J'ai trébuché. Je. hum. Sans maléfice c'est suffisant. » Trébuché, certainement. Il observe ses joues qui s'empourprent, tandis que ses yeux se rivent sur la bague. Un léger sourire s’étire sur les lèvres du tireur d’élite. Peut-être a-t-elle vraiment trébuché. Ça arrive. Peut-être que ses bras se sont accrochés à son dos par simple impulsion. Ça aussi, ça arrive. L'un de ses collègues l'a bien fait à quelques reprises, dans les dernières semaines. Størm. Un type maladroit, qui se retrouve toujours par inadvertance dans ses bras. La baguette d'Alfhild se redresse, dessinant des glyphes : « Qu'est-ce que je gagnerais à ce que tu me dénonces, pour ma sécurité ? J'ai du mal à comprendre en quoi je serai plus en sécurité en prison, ou sous surveillance, que dans la rue ? » Il observe ses gestes et son air concentré, sans répondre immédiatement à sa question. Est-ce qu’elle fait ce genre de trucs, à son travail ? Lui n’y a jamais compris grand-chose. Il payait les gens qui étaient doués pour ensorceler les objets à sa place et se taire. Ce type de compétences aurait peut-être été utiles à Alfhild contre lui pendant son adolescence, si elle les avait développées plus tôt. « C'est un sortilège complexe dans un objet plutôt banal dans sa conception. La personne qui l'a réalisé à fait un travail très pointu. Ca me rappelle des artefacts que j'étudie avec Jasper. »   Jasper. Il ne dit rien en entendant ce nom, mais il fronce les sourcils. L’archéomage entraîne-t-il sa sœur dans ses combines louches ?  Il savait que l’homme travaillait au musée avec elle, il aurait dû faire le lien. Mais Fred ignorait totalement qu’il y avait un lien à faire, dans la dernière année. Et lui n’y avait pas resongé, depuis qu’il avait retrouvé partiellement la mémoire ; penser à son ami ne figurait clairement pas dans ses priorités. Il se promet de lui écrire une lettre d’avertissement, sympathique et douce, aussitôt qu’Alfhild serait partie. Ses yeux suivent de nouveau la baguette de sa soeur et les mouvements des signes. Il ne comprend pas ce qu'elle fait ; elle pourrait être en train de modifier le sortilège de la bague sous son nez, avec son consentement, sans qu'il n'en ait conscience. A-t-il confiance ? Non. Alfhild aurait toutes les raisons de vouloir lui faire du mal, de profiter de cette situation pour repousser la nouvelle menace qu'il fait entrer dans sa vie. Peu importe ce qu'elle a promis ou non, sur ce sortilège. Mais il n'a pas l'impression qu'elle y ait changé quoi que ce soit ; il se contente donc de l’observer et d’attendre, avec une lueur de fierté qui brille dans ses iris clairs, à la vue de ce qu’elle est capable de faire. Elle a vieilli. Malgré tout ce qu’il a pu lui faire, tout ce qu’il avait planifié pour lui nuire, elle a vieilli et développé ses pouvoirs.

Lorsqu'elle relâche graduellement sa magie, il détache ses yeux de la bague et de ses gestes. Ses iris remontent jusqu'à ses traits, observant le soupir et le bâillement qu'elle pousse.  Une lueur d’inquiétude s’incruste dans son regard ; est-ce que cette fatigue peut provoquer une autre crise en sa présence, comme celle qu’elle avait déjà eue lors de leur première rencontre ici ? Instinctivement, il jette un coup d’œil derrière lui, pour s’assurer que les coussins ne sont pas loin. Juste au cas où il devrait ralentir une chute. « Tu n'as pas menti alors, c'est vraiment un maléfice qui est ancré dans ton corps. Je ne suis pas sûr de comprendre pourquoi tu as fait une telle chose Fred. Mais j'espère que ça en valait la peine. Mais si jamais un jour tu changes d'avis, je pourrais essayer de te l'enlever. Ou tu pourras m'y forcer. » Les derniers mots lui arrache un rictus. Moquerie ou dégoût ? Le trait n’est pas clair. Ses anciennes réactions reprennent trop rapidement leurs habitudes. Mais c’est bien de l’écoeurement, qu’il éprouve. Il ne peut pas s’imaginer la forcer à quoi que ce soit. Pas maintenant. Tout en lui se révolte à cette idée, qui fait à peine lever une étincelle d’envie.

Elle range sa baguette et reporte son attention sur sa tasse de thé, sans qu’il l’imite. Il n’a pas soif. « Je n'ai pas réellement l'intention de te dénoncer Fred. Je dois déjà veiller à trouver des solutions pour t'éliminer si tu redeviens trop comme avant. Je peux pas être sur tous les fronts, non ? » Un rire glisse entre les lèvres du tireur d’élite, qui laisse son regard croiser celui d’Alfhild. Il a toujours aimé les blagues glauques ou sombres : certaines choses ne changeront jamais.   « Tu pourrais engager quelqu’un qui maîtrise bien les sortilèges d’incendie, ça a failli marcher la dernière fois. » Il est à moitié sérieux. La simple mention d’un incendio le faisait tressaillir, l’an dernier. L’effet n’est plus le même. Lorsqu’il songe au feu, c’est la hargne et le désir de vengeance qui le brûle. Il ne lutte que partiellement contre ces deux émotions. Il n’aspire pas à retrouver celui qui l’a envoyé à l’hôpital sans ses souvenirs, mais il ne compte plus se laisser avoir d’une façon aussi débile.

Évitant de répondre immédiatement à ses affirmations sur la bague, le tireur d’élite baisse les yeux vers ses jambes. Ashes a quitté sa position, se dirigeant vers le salon, en le sentant probablement plus paisible. Il reporte son attention vers sa sœur, revenant sur ce qu’elle avait demandé précédemment, au sujet d’une éventuelle dénonciation : « Tu n’y gagnerais rien, si je te dénonçais maintenant. Et la rue a besoin de gens comme toi. Je n’interviens plus sur les manifestations, d’ailleurs.» Pourquoi l’a-t-il précisé ? Il l’ignore. Une part de lui, la moins vicieuse, ne veut pas qu’elle croit qu’il a recommencé ses vieilles habitudes et qu’il tape dans le tas, comme il a pu le faire dans le passé. L’écoeurement de Fred dans la dernière année, devant les actes de ses collègues et l’étouffement exécrable des manifestations, lui est resté. Il reprend, doux : « Mais si l’opposition se fait un jour trop violente…Si ta vie est menacée, je ne pourrai pas rester les bras croisés. C’est mon rôle, de trouver des solutions pour que personne ne te fasse du mal. » Dans ce genre de cas, oui, elle serait mieux en prison. Et il appréhende que ça arrive un jour : combien de temps des gens peuvent-ils défendre ce qui est juste, avant de devenir des cibles trop claires ? Il l’ignore. Mais d’expérience, il sait qu’une escalade est possible et qu’Alfhild peut un jour risquer pire qu’une nuit derrière des barreaux. Un mince sourire s’étire sur ses lèvres, alors qu’il rajoute : « Et je m’inclus dans le personne. Je ne changerai pas d’avis, au sujet de la bague. Et je ne te forcerai plus jamais à quoi que ce soit. » Il veut que ce soit clair, qu’elle le croit ou non. C’est peut-être le bordel dans sa propre tête, mais une chose est bien certaine ; il préfèrerait que cette foutue bague lui fasse souffrir l’enfer, plutôt que de blesser la Mørk. Et il sait pourquoi, même s’il ne l’a jamais formulé à voix haute. Ses yeux cherchent les siens, trop doucement :   « Le pourquoi est facile à comprendre, non ? Je t’aime Alfhild. Comme la petite sœur que j’avais quand j’étais gosse, comme la sœur que j’aurais dû protéger dans les dernières années. Tu n’es pas obligé de me considérer encore comme ton frère, mais je veux être digne d’en porter le nom. » En entier. Pas en tant que Fred, si faible au cours de la dernière année. Pas en tant que bourreau, comme il a pu l’être jadis. En tant que Fredrikke, cet assemblage confus des deux, qui ne sait pas où se situer, mais qui sait qu’elle sera toujours un repère dans sa vie et qui aimerait que l’inverse soit aussi possible.
Alfhild Mørk
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I will water the ground where I stand so the flowers can grow back again

  @Fredrikke Mørk 8 septembre 2023 - 20h


Il rigole, lui aussi. Et ses épaules qu'elle n'avait pas conscience d'être particulièrement tendues, s'abaissent doucement. Il rigole, non pas de ce rire froid et sardonique dont il avait l'habitude avant, avant l'amnésie. Mais de ce rire aux éclats amusés de cette dernière année. Une fois de plus son coeur se serre tandis qu'elle prend de plus en plus conscience de basculer inéluctablement vers ce qu'elle redoutait le plus : la sympathie pour lui. Malgré tout. Malgré ses souvenirs retrouvés. Malgré le passé à nouveau ancré à son âme comme des actes justifiables et assumés. Un frisson parcourt son échine et elle détourne le regard quand le sien se pose dessus : « Tu pourrais engager quelqu’un qui maîtrise bien les sortilèges d’incendie, ça a failli marcher la dernière fois. » Elle grimace mi-amusée mi-horrifiée par cette hypothèse. Immanquablement son cerveau s'engouffre dans la brèche qu'on lui propose. Il imagine ce qu'aurait été sa vie si Fredrikke avait succombé à cette attaque en décembre au lieu d'échouer dans le coma pour deux mois. Aurait-elle été aussi terrassée par la nouvelle qu'elle le serait aujourd'hui ? Non. Ce serait mentir à tout le monde de façon éhontée que d'affirmer le contraire. Elle aurait été triste, Alfhild, cela ne fait aucun doute. Parce qu'au-delà de tout ce qu'il lui avait fait et lui faisait subir il comptait dans sa vie. Par son absence, son sadisme aux pires moments, son omniprésence en arrière-plan dans la vie de ceux qu'elle fréquentait. Elle aurait eu peur aussi, qu'il en profite pour hanter son quotidien et faire de sa vie un enfer duquel elle n'aurait plus jamais pu échapper autrement que par son propre passage dans les frontière de Helheim. Mais hormis ce léger détail, sa peine aurait été moins lourde et infranchissable qu'elle ne le serait aujourd'hui. Elle le sait Alfhild que ces quelques mois passés en sa compagnie à nouer une relation fraternelle qui voulait réellement dire quelque chose, ont été plus terribles que toutes les années de persécution à son égard. Parce qu'elle s'est accrochée Alfhild, à Fred. Elle s'est accrochée sentimentalement parlant. Elle a placé des espoirs et des futurs lumineux, des rêves et même, pire encore, des projets de vie sur un chemin qui pourrait cohabiter. Et elle sait Alfhild, oh oui elle le sait avec toute la cruauté que cela représente pour elle, qu'il lui est difficile de faire marche-arrière. Qu'elle n'attend rien d'autre que ce rire entier qui a résonné à sa blague, que la perspective qu'il lui offre de ne pas être capable de penser à lui faire du mal et ces regards vivants qu'il lui renvoie. Il peut mentir, il peut jouer, il peut feindre et user des nouveaux outils qu'il a à sa disposition pour la faire tomber dans son piège avec la douceur de la caresse d'une plume. Mais elle n'a pas la force de rester hors de son emprise, encore moins de prendre le recul nécessaire. Elle sait Alfhild, et pourtant elle ne fait rien pour lutter contre, malgré les sonnettes d'avertissements que fait tinter Dreymir dans le fond de son âme. Elle n'a pas cette force mentale-là Alfhild. Sinon cela fait longtemps qu'elle aura réussi tous les exercices que Gunnar a tenté de lui enseigner pour garder la tête claire et repousser les morts dans leurs limbes. Cachés derrières leurs murmures lointains, derrière leur voile. « Tu n’y gagnerais rien, si je te dénonçais maintenant. Et la rue a besoin de gens comme toi. Je n’interviens plus sur les manifestations, d’ailleurs. » L'information lui fait relever la tête soudainement, les iris vibrantes d'une incompréhension qui ne sait plus tellement sur quel pied se stabiliser. Le discours est si éloigné de ce qu'elle a l'habitude d'entendre de la part de Fredrikke, et se rapproche bien plus des conversations qu'elle avait eu avec Fred ces derniers temps, qu'elle ne sait plus tellement où se situer sur ses craintes, ses espoirs, et ses certitudes. Quoi que si, sur ces dernières elle sait exactement où se placer : nulle part. Parce que ces certitudes, elle n'en n'a jamais vraiment eu. « Mais si l’opposition se fait un jour trop violente…Si ta vie est menacée, je ne pourrai pas rester les bras croisés. C’est mon rôle, de trouver des solutions pour que personne ne te fasse du mal. » Elle écarquille les yeux avant de les plisser sous l'effort mental pour essayer de saisir la portée de son discours. Dans sa globalité et non pas mot par mot comme elle a souvent l'erreur de le faire dans une première réaction immédiate. Une nouvelle fois, l'adelphe remet en branle les perspectives, redistribue les cartes et modifie les sens de qui il est. Qui est-il ? Un mélange des deux, il a dit que le Fred d'hier est toujours là, avec le Fredrikke d'avant-hier. Mais elle ne sait pas où est l'un et où est l'autre. S'ils sont à ce point mêlés et s'ils peuvent l'être sans que ce soit lui, finalement, qui finisse par déchirer sa santé mentale en lambeaux flottant dans l'eau de Gjöll. « Et je m’inclus dans le personne. Je ne changerai pas d’avis, au sujet de la bague. Et je ne te forcerai plus jamais à quoi que ce soit. » Elle l'écoute, sans se rendre compte qu'elle serre sa tasse de thé chaud trop fort et que la pulpe de ses doigts lui picote les nerfs parce que la porcelaine es trop chaude pour être ainsi agrippée. Elle est comme figée sur place par toute les pensées qui fleurissent dans sa tête en même temps. Et par les réflexions et les déductions qui se succèdent les unes aux autres dans une joyeuse danse digne des plus belles scènes de ballet. Evidemment qu'elle le croit, elle a vu la bague, elle a sondé les maléfices et ils ont répondu à ses questions muettes. Il a réellement ancré un sa chair à des pensées et à des douleurs physiques. Même si elle n'a pas de moyen de savoir sur quoi porte exactement le sortilège, aussi bien il pourrait s'agir de penser à un champ de fleurs violettes du printemps de Svalbard, autant elle sait que la bague est attachée à lui. Un tel acte de sabotage envers lui-même n'est pas anodin et la pousse à croire qu'il n'irait pas aussi loin pour regagner sa confiance. Pas juste pour s'en amuser et mieux en profiter. N'est-ce pas ? Son esprit ne peut pas décemment pousser aussi loin les limites du sadisme et de la psychopathie. Elle s'y refuse. Alors la seule réponse possible et viable est la suivante : il dit la vérité. Du premier souffler jusqu'au dernier. Sans en prendre conscience, elle ne détourne pas le regard quand il reprend la parole, des iris doux posés sur les siens comme cette fameuse caresse de plume dont elle songeait précédemment. « Le pourquoi est facile à comprendre, non ? Je t’aime Alfhild. Comme la petite sœur que j’avais quand j’étais gosse, comme la sœur que j’aurais dû protéger dans les dernières années. Tu n’es pas obligé de me considérer encore comme ton frère, mais je veux être digne d’en porter le nom. » Sa bouche s'ouvre, à trois reprises, avant de se refermer dans une expression floue de surprise. Ses yeux écarquillés ne cillent plus tant l'émotion la saisit au dépourvu. C'est à peine si elle entend la fin de la sa phrase dans les premiers mots tambourinent contre ses tempes. Je t'aime Alfhild. Sa gorge asséchée de toute salive ne trouve plus le moindre souffle pour expirer quoi que ce soit. Elle ne se rend pas compte d'être passée en apnée complète, retournée en une fraction de seconde dans les profondeurs glacées de l'eau, sous la banquise. Elle a perdu pied pour de bon, elle a glissé sur la glace, a trébuché dans l'onde noire. Je t'aime Alfhild. Je veux être digne d'en porter le nom. Soudain tout lui parait trop gros, trop improbable pour être vrai. Le miroir de la réalité se déforme jusqu'à devenir grotesque. Non, Fredrikke n'a pas pu prononcer ces mots qui ont hanté tant de ses rêves depuis ce lointain temps de l'enfance heureuse. Il n'a pas pu les prononcer si simplement, en la regardant droit dans les yeux, comme si ce n'était rien de si important. Une banalité à dire au-dessus d'une tasse de café dans un appartement un vendredi soir. Son corps réagit quand son cerveau bloque. Elle fait un pas en arrière Alfhild tandis que ses doigts soudain engourdis manque de faire chuter la tasse de thé au sol. Elle vacille cette tasse, avant d'être déposée sur le comptoir d'un geste flou. Il ne fait aucun doute que si ça avait été un verre d'eau ou tout autre chose que du thé, elle aurait laissé échapper le contenant sans se que les réflexes primitifs ne prennent le dessus. « Tu...Tu quoi ? » Elle s'étrangle dans sa propre incapacité à formuler des mots qu'elle est toujours la plus prompt à dire sans se poser de questions à ses amis et à ceux qui comptent. Elle s'étrangle et fait un pas en arrière supplémentaire manquant d'écraser la patte de Dreymir qui s'écarte aussitôt dans un bond nerveux. « Est-ce que tu te moques de moi ? » L'angoisse palpite aussi fort que l'émotion que la déclaration à provoquée dans son cœur. C'est un ouragan qui fait voltiger des gerbes de fleurs dans son âme d'enfant. Elle est, l'espace d'un instant, l'enfant dont il parle. Cette petite sœur dont il était le grand-frère, dans un passé si lointaine qu'elle a souvent l'impression que ce ne sont que des rêves créés par sa mémoire pour pallier aux grises journées qui succédèrent. Ce n'est pas la peur qui la fait reculer, mais bien l'incapacité à gérer l'émotion qui la transperce. « Tu...Tu dis ça pour. Pour m'amadouer et mieux me faire souffrir ? Est-ce que c'est le même genre de tactique que tu avais mis en place pour Ozymandias ? Est-ce que. » Ses yeux tombent sur la tasse qu'elle a déposé. Elle ne voit plus très clair, des embruns ont pris possession de ses cils, troublant sa vision et diffracter la lumière en myriades de couleurs. Est-ce qu'il vient de l'empoisonner dans le plus grand calme ? Est-ce qu'il est en train de rire intérieurement de sa naïveté ? Pourquoi c'est si difficile quand il s'agit de lui ? « Excuse-moi, je ne sais plus où, qui tu es. Tout me portait à croire que tu étais sincère depuis tout à l'heure, mais ça<.i>. Ca me parait trop gros ? Impensable. Je te l'ai entendu dire si souvent dans mes rêves d'enfant qu'aujourd'hui j'ai juste l'impression que ce n'est rien d'autre que ça, une illusion glissée à mon oreille pour mieux rire de moi et de cette petite sœur que je suis. Est-ce que tu as mis quelque chose dans mon thé ? Est-ce que je risque de m'effondrer, là, à tes pieds ? Tu dis que non, mais peut-être que ce n'est pas moi la personne centrale de ce maléfice, et que tu me trompes avec la facilité déconcertante qui était tienne avant, et en même temps, ça impensable Fred. Que tu me dises tout ça. » Ses mots s'emmêlent, se troublent eux aussi, se perdent, se noient dans les larmes silencieuses qui roulent en courants continus sur ses joues pâles. « Je, je n'avais pas imaginé que ce pourrait être aussi conflictuel que tu retrouves la mémoire dans ces conditions. Je m'étais préparée à devoir trouver des solutions pour t'empêcher de faire du mal comme tu me l'avais demandé, et je me retrouve à ne plus savoir si je dois continuer à chercher ces solutions ou si je dois penser à me détester encore plus d'y réfléchir encore alors que tu sembles réellement avoir garder quelques bonnes résolutions de cette dernière années. » Comme toujours, elle n'est pas certaine de faire sens dans ce qu'elle dit tant ses mots sortent d'eux-même sans prendre le temps de consulter la raison. Tout ce qu'elle sait c'est qu'il faut qu'elle se reprenne, et qu'elle arrête de noyer ses pieds de larmes salées sous peine de rendre le sol trop acide et non fertile.
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