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close encounters of the stupid kind (dax)
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Ozymandias Mørk
Ozymandias Mørk
GÖTEBORG Livet är en kamp, ​​du måste förbereda dig för striden
« Tu sais, le terme emmerder me paraît un peu fort. Je préfère les mots ‘’ennuyer gentiment’’. Il faut faire attention aux mots employés, parce qu’ils peuvent se retourner contre nous. L’autre jour, j’ai dit à un type dans un bar que je voulais mordre à pleine dent sa virilité. Je faisais allusion à sa bouche, parce que la bouche est le miroir de l’orgueil masculin…Tu vois ? Lui ne voyait pas, il a très mal interprété mes propos, et j’ai compris que les termes ont une importance et que je dois réfléchir un peu avant de parler. »
Ozymandias manque à nouveau de s'étrangler avec sa gorgée de tisane, incapable de retenir un éclat de rire. Il apprécierait certainement plus Märtha si elle parlait moins, mais il doit bien avouer qu'elle est drôle, parfois.
« Parce que je réfléchis, tu sais. Les gens disent dans mon dos que je pense moins que je parle, mais c’est totalement faux. J’ai eu au moins quinze réflexions, aujourd’hui. »
Il hoche la tête avec un sourire. Oui, oui, tout à fait Märtha. Cela dit, quinze, c'est probablement plus de réflexions qu'il n’en a eu lui-même depuis ce matin.
« Mais oui, il s’agit bien du bureau de Jasper. Entre nous…Je pense que je ne suis pas son genre. Oh, je le prends bien, vraiment. Je comprends que parfois…Enfin…on ne peut rien faire contre l’inéluctable, pas vrai…? C’est comme avec toi…Oh, il donne bien le change, mais… Ça ne me dérange pas, de ne pas lui plaire. Vraiment, je n’ai pas d’orgueil là-dessus. Ma mère me disait toujours : si un type aime une carotte, ne lui donne pas une pomme. Mais me dire qu’il n’a pas de temps pour moi…Ça, c’est vraiment inacceptable. Tu vas me déverrouiller sa porte? »
Il avale cul-sec la fin de sa tisane, devenue tiède et beaucoup trop amère après avoir infusé aussi longtemps. Il grimace. Il a l’impression de voir un peu flou, ce qui n’a aucun sens puisque c'était sans alcool. Mais peu importe, il se sent d'humeur étrangement joyeuse à présent, il n’a même plus envie de se dépêcher de partir pour couper court à sa conversation avec Märtha.
« Tu peux toujours tenter ta chance. Je suis sûr qu'il apprécierait que tes chats lui rendent une nouvelle visite dans son bureau, ricane l'archéomage avec un sourire mauvais. En attendant, oui, je vais t’ouvrir la porte. »
Il n'est pas censé savoir avec quel sortilège son collègue verrouillé son bureau, il l’a appris malgré lui en le voyant faire, un soir, et à tout à fait malencontreusement retenu la combinaison de runes. Et le connaissant, il n’a pas dû (encore) s'en rendre compte et en changer.
Après avoir soigneusement verrouillé son propre bureau, il accompagne sa collègue jusqu'à celui de Jasper. Il prend tout de même le temps de vérifier que ce dernier est parti, avant d'entrer (plus ou moins) par effraction. Même si ça aurait été encore plus drôle de subtiliser l’artefact juste sous son nez.
« C'est celui-là que tu veux ? » Après avoir fouillé dans les différents tiroirs et étagères, il finit par lui tendre une petite pyramide en jade dont chaque face finement ciselée est creusée de multiples encoches.


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Dax Tcherkassov
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TRØBBEL För att nå toppen av trädet måste du sikta mot himlen
« Tu peux toujours tenter ta chance. Je suis sûr qu'il apprécierait que tes chats lui rendent une nouvelle visite dans son bureau. En attendant, oui, je vais t’ouvrir la porte. » Je n'aurais pas cru, en début de soirée, parvenir à mon but sans employer le charme - visiblement inutile - de Märtha. Je me demande ce qui a influencé le plus la décision de l’archéomage : l’envie de se débarrasser de la rousse, la potion, ou quelque chose qui concerne Jasper…? Dans tous les cas, j’aurai ce que je suis venu chercher et ce plan, qui ne se déroule pas comme prévu, est bien plus amusant que ce que j’avais envisagé. J'emboîte le pas à celui qui déverrouille le bureau de son collègue - il l'espionne à ce point ? - jetant des coups d'oeil curieux à cet endroit dans lequel je n'ai jamais pénétré. C’est donc ici que Jasper passe ses journées…? Je retiens un rictus mesquin, alors que la tentation se fait forte de laisser une trace de ma présence. L’archéomage fouille dans les armoires pendant que je fait tournoyer une mèche rousse autour de mon doigt, avec l’air distrait de quelqu’un qui attend avec impatience.

« C'est celui-là que tu veux ? » Il me tend le fameux artefact, que je prends aussitôt entre mes doigts extrêmement fins et manucurés. « Oui, c’est celui-là. » Pendant un court instant, j’oublie de bavarder. Mes yeux glissent sur la petite pyramide en jade, qui me vaudra demain quelques gallions, mais surtout, une information que je voulais obtenir. Tout à un prix, et voler quelque chose pour en obtenir une autre est un marché qui m’a toujours semblé juste. Je reporte finalement mon attention sur Ozymandias, m’efforçant de prendre un air faussement timide – je sens les pommettes de la rousse s’enflammer légèrement, comme sous l’effet d’une vraie gêne. « Tout à l’heure tu m’as dit que je peux toujours tenter ma chance. Est-ce que tu le penses vraiment ? Non, parce que, tu vois…Je sais que parfois, les gens disent des trucs pour être gentils. Et tu es plutôt gentil et mignon, alors tu pourrais me dire ça seulement pour me faire plaisir, parce que tu aurais deviné que je…je… » Ma voix se fait chevrotante et hésitante. Je fais tourner distraitement la pyramide entre mes doigts, alors que je poursuis : « Je pensais l’avoir bien caché, pourtant. Vraiment, je disais à Gwen l’autre soir ‘Gwen, je cache très bien mon amour pour lui, personne au musée ne s’en est rendu compte’. Mais je ne suis peut-être pas une bonne actrice, finalement. Oh j’ai du talent, par contre. Ma mère me disait ‘Märtha, tu devrais faire du théâtre, ça te permettrait d’emmerder les gens sur scène plutôt que dans la vie’. C’est le plus beau compliment qu’elle m’a fait. Enfin, ça, et quand elle m’a dit que j’étais aussi intelligente qu’une plante verte. Une plante verte, tu imagines ? Qui est plein d’oxygène, et qui dit oxygène, dit nourriture au cerveau et…Q.I élevé, forcément. Mais bon, je ne t’apprends rien, c’est évident que je suis maline. » D’un geste désinvolte, je glisse la pyramide dans la poche située dans le côté droit de la robe. Une poche qui n’est pas là de façon anodine ; j’en avais besoin, au cas où le vol se compliquait. Je rajoute aussitôt, d’une voix de nouveau embarrassée, comme si Märtha était une jeune adolescente amoureuse pour la première fois : « Donc, je disais, tu crois que j’aurais vraiment une chance avec Jasper ? Je pensais qu’il était froid et distant parce que je n’étais pas son genre mais…Peut-être qu’il est timide, au fond ? Attends, je crois que je vais lui laisser un message subtil et révélateur de ma passion pour lui. » Sans attendre la réponse de l’archéomage, je me dirige vers le bureau de cet ennemi qui n’en est pas entièrement un. Comme je l’ai fait si souvent, c’est-à-dire à chaque fois que je lui rends l’un de ses coups, je dessine rapidement un pion d’échec sur un parchemin qui traîne. Je le pose bien en vue, le pointant du menton à l’archéomage, demandant de la voix anxieuse d’une personne pleine d’espoir : « Ça signifie à toi de jouer, tu en penses quoi ? Trop explicite ? » Pour une fois, je ne mens pas. La signification est réelle, et Jasper la connaît ; il saura qui est venu gaiement le voler.
Ozymandias Mørk
Ozymandias Mørk
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« Oui, c’est celui-là. » Une réponse anormalement laconique de la part de Märtha, alors qu’elle s’empare de l’objet qu’il lui tend. Elle semble ne pas en croire ses yeux. Sans doute pensait-elle qu’il allait refuser et l’envoyer balader ; ce qu’il aurait certainement fait si toute cette machination n’impliquait pas l’un de ses petits plaisirs favoris dans la vie : compliquer celle de Jasper.
« Tout à l’heure tu m’as dit que je peux toujours tenter ma chance. Est-ce que tu le penses vraiment ? Non, parce que, tu vois…Je sais que parfois, les gens disent des trucs pour être gentils. Et tu es plutôt gentil et mignon, alors tu pourrais me dire ça seulement pour me faire plaisir, parce que tu aurais deviné que je…je… »
Il ne l’écoute que d’une oreille distraite, trop occupé à parcourir la pièce des yeux à la recherche de… Il ne sait pas trop quoi, en fait. Quelque chose de bizarre, de gênant ou qui ne serait pas à sa place ici. N’importe quoi qui pourrait incriminer son collègue d’une quelconque façon et lui fournir des informations utiles pour se foutre de lui plus tard. Mais malheureusement, il ne trouve rien de particulier. Son bureau est d’une banalité affligeante.
« Je pensais l’avoir bien caché, pourtant. Vraiment, je disais à Gwen l’autre soir ‘Gwen, je cache très bien mon amour pour lui, personne au musée ne s’en est rendu compte’. Mais je ne suis peut-être pas une bonne actrice, finalement. [...] »
Ozymandias se fige net et se retourne vers la jeune femme. Pardon ? Son amour pour lui ? L’expression ébahie qui se peint sur son visage doit lui donner un air comique. Il ne sait pas à quoi il s’attendait, mais pas à ça, et il a complètement perdu le fil de ce qu’elle lui raconte.
« Donc, je disais, tu crois que j’aurais vraiment une chance avec Jasper ? Je pensais qu’il était froid et distant parce que je n’étais pas son genre mais…Peut-être qu’il est timide, au fond ? Attends, je crois que je vais lui laisser un message subtil et révélateur de ma passion pour lui. »
Incrédule, il la regarde se diriger vers le bureau et fouiller dans les papiers qui traînent ça et là, posés en vrac.
« T’es sérieuse ? » Les bras croisés, il la regarde de haut en bas comme si elle venait de lui raconter la chose la plus embarrassante qu’il ait jamais entendue. Il aurait presque pu accompagner le tout d’une grimace de dégoût, s’il avait vraiment voulu pousser la théâtralité jusqu’au bout.
« Tu as des goûts… particuliers, disons. » Il ne comprend pas ce qu’elle lui trouve, mais alors vraiment pas. C’est probablement le type le plus insupportable qu’il ait jamais côtoyé. La seule chose qu’il veut bien lui reconnaître, c’est que Jasper est beau. D’une beauté exaspérante, parce qu’il ne peut la nier malgré leur inimitié. Mais ça, il ne l’avouerait pas à voix haute, même sous la torture. Et certainement pas devant Märtha.
« Il est fiancé, je te rappelle. Après, ce que tu décides de faire, ça me regarde pas. » Il n’a pas la prétention de savoir ce qui se passe dans son couple, ni si Jasper est fidèle ou non, il ne fait que rappeler les faits. Et si Märtha décide d’aller tester ses limites, il ne veut pas y être mêlé. Bien qu’il n’ait lui-même jamais compris l’intérêt des relations exclusives, il a toujours respecté celles des autres ‒ celles dont il était au courant, en tout cas ‒ et il ne tient pas à ce qu’on vienne lui reprocher quoi que ce soit.
Rendu curieux malgré lui, il s’approche de sa collègue pour regarder par-dessus son épaule, pendant qu’elle est occupée à griffonner sur un morceau de parchemin.
« Ça signifie à toi de jouer, tu en penses quoi ? Trop explicite ? » Demande-t-elle en lui montrant le résultat. Un pion d’échecs. Lui n’aurait personnellement pas su quoi en faire, s’il avait reçu ce genre de message.
« Avec un peu de chance, il a tout juste assez de neurones pour comprendre le message. »


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Dax Tcherkassov
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Un « T’es sérieuse ? » résonne alors que je fouille dans les papiers d’un ennemi dont j’apprécie le mordant, à la recherche d’un parchemin vierge. Je tourne brièvement la tête vers l’archéomage, qui me dévisage de haut en bas, comme si je venais d’émettre une opinion particulièrement écoeurante. Un sourire m’échapperait presque, si je ne reportais pas mon attention sur ma tâche, fixant de nouveau le bureau de Jasper. Il n’est donc pas apprécié de son collègue ? Presque étonnant, vraiment. Ce fait me rend Ozymandias encore plus sympathique et mon amusement s’accroît lorsqu’il reprend :  « Tu as des goûts… particuliers, disons. » Objectivement, j’émettrais peut-être un commentaire similaire, si quelqu’un me faisait la même affirmation. Mais seulement en ce qui concerne la personnalité de ce type qui a toujours su se montrer à la hauteur de notre dédain commun. Physiquement, même s’il n’est pas mon style, je pourrais comprendre que certaines personnes s’intéressent à lui. Et que la vraie Märtha soit réellement attirée par lui ne me semble pas improbable. « Il est fiancé, je te rappelle. Après, ce que tu décides de faire, ça me regarde pas. » J’hausse les épaules avec nonchalance, tout en posant mes doigts sur un parchemin qui ne porte aucune trace d’encre. Si je me fie au discours de Märtha hier soir, aucune alliance, réelle ou fictive, ne retient ses œillades. Elle crapahute au gré des marées et de ses envies, entre ses chats et ses artefacts.

Je griffonne rapidement le pion d’échec, en sentant la présence de l’archéomage derrière mon épaule, avant de me redresser et de lui demander ce qu’il en pense. « Avec un peu de chance, il a tout juste assez de neurones pour comprendre le message. » Je retiens de nouveau mon sourire, qui se serait fait beaucoup trop amusé. Non, visiblement, ce type n’adore pas Jasper. Deux points pour lui. J’ébauche une mimique faussement courroucée, les yeux plissés : « Qu’est-ce que tu insinues ? Qu’il n’est pas intelligent ? Jasper est l’un des êtres les plus malins de mon entourage, après Kazu, ma salamandre verte, et Zwiz, celle qui est orange. Enfin…Après mes chats aussi, ils seraient jaloux s’ils m’entendaient. Gwen me dirait ‘’ Märtha, Märtha, l’amour ne doit pas te faire aduler aveuglément quelqu’un’’. Et j’essaie toujours d’être objective, tu vois. Alors objectivement, c’est vrai que mes salamandres sont très intelligentes, mais… » Je m’arrête pour feindre une hésitation, tortillant de nouveau une mèche autour de mon doigt, tout en jetant un coup d’œil vers la porte. Normalement, il me suffit de sortir de ce bureau, de remercier cet homme, puis de partir. La mission est presque réussie et elle était assez divertissante pour que j’aie presque envie de la prolonger. Sauf que le presque passe brutalement à un obligatoirement lorsque je réalise que la mèche que je tortillais au bout de mon doigt est devenue blonde, comme mes cheveux naturels, et qu’elle se raccourcie de plus en plus ; dans quelques minutes, j’aurais probablement retrouvé ma coiffure normale. Et merde. Je réussis toujours bien mes potion et je calcule toujours le bon temps ; j’ai probablement raté un peu mon mélange, ou j’ai parlé trop longtemps, pris dans mon rôle.

Je ne tente pas de fuir. L’homme aura trop largement le temps de voir ma véritable apparence, qu’importe à quelle vitesse j’essayerais de quitter le musée. Des sorts empêchent probablement les individus de transplaner à partir d’un bureau. Dans un tel contexte, courir vers la sortie serait puéril et digne d’un voleur, pas d’un professionnel. Et au fond…Cette nouvelle péripétie m’amuse. Je pose mes yeux, que je sens redevenu bleus, sur Oxymandias: « C’est fâcheux…Normalement je dose mieux le polynectar. » Ma voix est encore aigüe et d’un geste rapide, j’extirpe ma baguette de ma poche,  la pointant aussitôt vers ma propre gorge pour lever le sort qui modifiait ma tonalité. Je vise ensuite clairement le sol, reprenant d’un ton plus grave, mais clairement moqueur : « Quelqu’un de patient avec Marthä ne mérite pas de se faire effacer ses souvenirs…Sauf que j’ai besoin de cet objet. Surtout maintenant que je sais que ça me permettra d’emmerder un peu Jasper. » Je joue cette carte parce que j’ai l’impression que c’est sur celle-ci que je risque de gagner ; si l’animosité que je crois avoir palpé entre les deux indivius est réelle…Il y a peut-être quelque chose d’intéressant à faire de ce côté. Sauf si Ozymandias décide de pointer sa baguette vers moi, de m’immobiliser et de me rendre aux autorités pour usurpation d’identité et tentative de vol ; je redoute moins cette possibilité. Je ne suis peut-être pas un expert dans les sortilèges d’attaque, mais je me débrouille très bien en défense.

Ma fylgia, qui a repris une forme physique de panda roux en me voyant me transformer malgré moi, laisse échapper un gloussement lorsque mes épaules s’élargissent. Je vire les talons, les envoyant valser d’un coup de pied sous le bureau de Jasper, alors que les coutures de la robe craque. Elle ne semble tolérer ni mon bassin, ni mon torse, ni mes bras et le tableau doit être plutôt…Surprenant. J’ébauche un léger sourire, reprenant nonchalamment : « Cette tenue risque d’être inconfortable pour des négociations. T’as une chemise ? » Le panda, subtil et délicat, rit encore plus fort lorsqu’un bruit de déchirure plus sonore indique que le tissu vient de céder à quelque part. Reste à savoir où.
Ozymandias Mørk
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« Qu’est-ce que tu insinues ? Qu’il n’est pas intelligent ? Jasper est l’un des êtres les plus malins de mon entourage [...] »
Ozymandias lève immédiatement les yeux au ciel et n'écoute même pas la suite. Il en a par-dessus la tête de ses salamandres et de son chat Gwen, et encore plus d’entendre des choses pareilles concernant Jasper. Il se sent fatigué et cotonneux, et puis pourquoi est-ce qu’il est encore là à l’écouter déblatérer des âneries alors qu’il a juste envie d’aller retrouver son lit ?
Il pose à nouveau les yeux sur sa collègue, dont les cheveux lui semblent tout à coup beaucoup plus clairs. Quelque chose qui serait tout à fait normal sur lui, mais qui l’est beaucoup moins sur Märtha. Et puis c’est au tour de son visage de se transformer, et Ozymandias se fige. Son coeur se met à cogner contre ses côtes lorsqu’il réalise avec horreur que ce n’est définitivement pas avec elle qu’il parle depuis tout à l’heure.
« C’est fâcheux… Normalement je dose mieux le polynectar, déclare l’inconnu, comme s’il s’agissait d’une broutille. Quelqu’un de patient avec Marthä ne mérite pas de se faire effacer ses souvenirs… Sauf que j’ai besoin de cet objet. Surtout maintenant que je sais que ça me permettra d’emmerder un peu Jasper. »
Ozymandias a un mouvement de recul immédiat, et Andromaque se rapproche aussitôt de son sorcier pour se placer entre lui et celui-qui-n’est-pas-Märtha. Celui dont la robe, devenue beaucoup trop étroite, commence à perdre forme et se déchire en plusieurs endroits.
« Cette tenue risque d’être inconfortable pour des négociations. T’as une chemise ? » Un nouveau craquement sonore vient ponctuer sa phrase.
« Je me disais bien que même Märtha ne pouvait pas réellement s'intéresser à Jasper de cette façon. » Lache-t-il, les dents serrées en un rictus nerveux.
Confier un artéfact à l’une de ses collègues, une personne interne au musée, à qui il fait relativement confiance, c’est une chose. Mais le donner à un parfait inconnu prêt à usurper l’identité de ladite collègue, c’est trop pour lui. Trop risqué pour sa carrière jusqu’à présent immaculée.
« Je trouve ça beaucoup plus intéressant de te regarder négocier dans cette tenue. »
Un sourire mauvais se dessine au coin de ses lèvres. Il ne peut pas s'empêcher de laisser traîner son regard un peu plus longtemps que le voudrait la décence sur les larges épaules qui émergent de sous le tissu abîmé.
« Qu'est ce que je gagne à te laisser repartir ? » Continue-t-il en croisant les bras. Il n'est pas vraiment en position de force, il est même certain que si ce type décidait de s’en prendre à lui, il n’aurait même pas besoin de l’oublietter pour en venir à bout. Mais ça ne l’empêche pas de feindre l’assurance, ne serait-ce que par fierté.
« Et pourquoi t’en as autant besoin, de ce truc ? » Malgré tout, la curiosité finit par l'emporter sur la crainte. Il a toujours soupçonné Jasper de tremper dans des histoires louches, sans jamais en avoir la preuve. En voilà finalement une, particulièrement tangible. Depuis combien de temps est-ce que son collègue commerce avec cet inconnu, et que font-ils exactement ? Trop de questions auxquelles il aura certainement du mal à obtenir les réponses. À moins que le faux-Märtha soit prêt à marchander pour avoir des vêtements à sa taille.


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Dax Tcherkassov
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Le mouvement de recul et le rictus nerveux ne m’échappent pas. Mes iris glissent sur la panthère qui s’est mise entre nous deux, comme par instinct protecteur. Un bon réflexe, même si je ne compte rien faire. Il me faut un contexte et des raisons, pour attaquer. Je n’ai ni contexte ni motif ; tout ce que je vois devant moi, c’est un type qui a été patient pour supporter les bavardages de la rouquine et semble plutôt sympathique. Le seul problème, c’est qu’il a un sale type devant lui et que ce type, c’est moi. Sous une apparence qui est de plus en plus la mienne. « Je me disais bien que même Märtha ne pouvait pas réellement s'intéresser à Jasper de cette façon. » Je n’en suis pas si sûr, moi. De ce que j’ai vu de Märtha, elle serait probablement prête à s’intéresser à quiconque prendrait le temps de l’écouter plus de trente minutes. Mais Jasper aurait-il vraiment cette capacité…? J’en doute. Il serait capable de s’écouter lui-même, par contre. « « Je trouve ça beaucoup plus intéressant de te regarder négocier dans cette tenue. » Tenue qui n'est décidément pas faite pour un corps comme le mien. Je ne suis pas le plus massif des combattants, mais je n'ai assurément pas la sveltesse de Märtha. Une lueur de compréhension s’allume néanmoins dans mon regard, alors que les yeux de l’homme s’abiment un peu trop longtemps sur mes épaules. Bien plus longtemps, du moins, qu’ils ne se sont attardés sur la rouquine. Mes soupçons semblent se valider ; je n’ai pas pris la bonne apparence, en venant sous les traits de la collègue bavarde. Pas que ça ait beaucoup d’importance, mais ça explique mon succès limité. « « Qu'est ce que je gagne à te laisser repartir ? » Il a croisé les bras et je le toise quelques secondes en silence, sans broncher. Un léger rictus amusé s’étire sur mes lèvres, devant cette attitude bravache. Ce genre de comportement m’a toujours davantage plu que l’inverse. Je ne sais pas quoi faire de la peur ou de l’anxiété des gens ; je gère mieux les situations d’égal à égal, où les intelligences se confrontent. « Et pourquoi t’en as autant besoin, de ce truc ? » Sa question m’éclaire partiellement sur ses intentions. Si je n’avais aucune chance de repartir d’ici sans devoir l’oublietter, il aurait probablement déjà agi. Il envisage peut-être donc de me laisser quitter les lieux, sans dérapages. Je préfèrerais sincèrement cette option. Lui lancer un sort me déplairait.

Je réponds sans hésitation : « Pour le faire chier. » Un demi mensonge. Avant de pénétrer dans le musée, j’ignorais que Jasper était celui qui avait l’artefact en sa possession, mais j’adore ce genre de découverte. Deux pierres d’un coup. Réussir mon contrat et emmerder le sang-pur. Je palpe la pyramide dans la poche de la robe, en me faisant la réflexion qu’il ne faudra pas que je l’oublie, avant de reprendre : « Jasper et moi…on s’apprécie pas trop. T’auras qu’à dire que quelqu’un a pris l’apparence de Märtha. Avec le dessin que je lui ai fait, il saura que c’est moi de toute façon. Ça n’aura aucun impact sur toi. » Mais un dessin n’est pas une preuve et Jasper ne pourrait porter aucune accusation sur moi avec une telle relique. Sauf si l’archéomage parle…Une possibilité qui est sans danger, si j’ai le bon alibi. La robe se fait définitivement trop serrée ; d’autres coutures qui craquent me signalent que j’ai totalement retrouvé mon apparence. J’écarte une mèche blonde qui tombe devant mes yeux, la replaçant distraitement derrière mon oreille, avant d’entreprendre de retirer la tenue embêtante. Je fais descendre le tissu de mes épaules, avec très peu de pudeur. De fait, j’apprécie très peu d’être dénudé. Mais me balader en me dandinant dans un costume trop petit pour moi n’est pas non plus dans mes préférences. Un rictus moqueur éclaire mes traits alors que je reprends : « J’en déduis que le problème, c’était pas la tenue, mais plutôt qui la portait ? » Et qui ne la portera bientôt plus. Je ne suis pas libre de mes mouvements, dans cette chose. Et je dois être prêt à réagir à toutes éventualités : comme la présence – ou non -de gardiens de sécurité qui décideraient de venir dans le coin. Pour courir, ressembler à un saucisson dans un filet percé n’est pas l’idéal. J’abaisse donc le tissu complètement, jusqu’à mes hanches. Forcément, il ne veut pas descendre davantage. Je pousse un soupir, blasé, avant de prendre ma baguette pour lancer un sortilège de découpe : les restes de la robe tombent sur le sol, dévoilant ma peau aux cicatrices trop abondantes et mon caleçon mature avec des ratons-laveurs. Heureusement que j’ai décidé d’en mettre. Je me baisse nonchalamment pour attraper l’amas de tissu, qui contient toujours l’objet de mon larcin, avant de me redresser pour m’adresser à l’archéomage d’un air détendu : « On retourne dans ton bureau pour discuter de ce que tu pourrais gagner…? Ça te laisse au moins une minute pour réfléchir, si jamais t’as une demande en particulier. Et j’veux vérifier que tu as bien une chemise à m’offrir avant de te proposer quoi que ce soit. » S’il n’en a pas, la suite risque d’être très…divertissante. Et Styx risque de se payer ma gueule pendant des semaines.
Ozymandias Mørk
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« Pour le faire chier. Jasper et moi… on s’apprécie pas trop. T’auras qu’à dire que quelqu’un a pris l’apparence de Märtha. Avec le dessin que je lui ai fait, il saura que c’est moi de toute façon. Ça n’aura aucun impact sur toi. »
Le plan semble parfaitement rôdé, dit comme ça. Le problème, c’est que rien n’est jamais simple, dès que Jasper entre dans l’équation. Et même s’il aime particulièrement lui pourrir la vie, il n’a aucune envie d’être mêlé aux problèmes qui vont certainement résulter de la disparition de cet artéfact.
« J’en déduis que le problème, c’était pas la tenue, mais plutôt qui la portait ? » Les coutures de la robe continuent de sauter, les unes après les autres. Mais celui qui la porte semble plus amusé que réellement incommodé par la situation.
« Brillante déduction. » Ironise Ozymandias, qui ne cherche même pas à démentir. Chose qu’il cherche de moins en moins à faire, d’ailleurs, quand bien même ça pourrait avoir des répercussions si jamais ça finissait par arriver aux oreilles de ses parents. Il est même surpris que ces derniers ne soient toujours pas au courant, à moins qu’ils ne s’appliquent juste à ignorer l’évidence du mieux qu’ils peuvent. De manière générale, il s’étonne toujours du nombre de personnes qui s’acharnent encore à le penser hétéro simplement parce qu’il est marié à une femme, malgré… littéralement tout le reste.
Il ne rate pas une miette de la tentative acharnée du Faux-Märtha de descendre la robe en lambeaux jusqu’à ses hanches, avant de finalement se résoudre à user d’un sortilège de découpe. Il finit par venir à bout du vêtement récalcitrant, dévoilant… un caleçon raton-laveur ? Pas exactement ce qu’Ozymandias espérait.
« On retourne dans ton bureau pour discuter de ce que tu pourrais gagner…? Ça te laisse au moins une minute pour réfléchir, si jamais t’as une demande en particulier. Et j’veux vérifier que tu as bien une chemise à m’offrir avant de te proposer quoi que ce soit. »
L’archéomage jauge une dernière fois son interlocuteur, comme s’il basait sa décision sur son appréciation du corps dénudé en face de lui ‒ et c’est probablement le cas.
« Suis-moi. » Dit-il finalement, ignorant sa fylgia qui lève les yeux au ciel derrière-lui. Il referme le bureau de Jasper après lui et se précipite vers le sien en tirant l’intrus à sa suite, comme s’il y avait le moindre risque qu’ils croisent qui que ce soit à cette heure-ci.
Pendant qu’Andromaque surveille le voleur d’un œil sévère, Ozymandias disparaît derrière le battant de la penderie qui trône dans le coin opposé à son bureau. Il fouille un moment dans ses tenues de chantier et son matériel de fouilles,et finit par en extirper ce qu’il cherchait.
« J’ai que ça sous la main. Il soupire, agacé, et lance négligemment un simple t-shirt blanc dans sa direction. Et t’as intérêt à me le ramener. » Pas qu’il y tienne particulièrement, mais il est hors de question qu’il perde un artéfact ET un vêtement dans la même soirée. Même si, techniquement, il n’y est pour rien et Jasper va perdre un artéfact. Peut-être. Certainement. Il a de sérieux doutes sur sa capacité à négocier.
« C’est quoi ton lien avec Jasper ? Qu’est-ce que vous trafiquez ensemble ? » Il n’en démord pas, il veut comprendre ce qu’il y a entre ces deux-là et ce qui les relie au musée. Est-ce que c’est un événement isolé, une simple vengeance, ou bien… est-ce que d’autres artéfacts ont mystérieusement disparu de la réserve, ces dernières années ?


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Dax Tcherkassov
TRØBBEL För att nå toppen av trädet måste du sikta mot himlen
L’homme me jauge, comme si sa décision dépendait d’une appréciation plus physique que morale. Je souris, amusé, tout en me disant que je peux être perdant, dans une telle évaluation. Tout dépend d’à quel point les cicatrices le rebutent ou non. En ce qui concerne ma musculature, elle ne me fait pas honte.  Mes muscles ne sont pas des plus massifs, mais ils sont secs, ciselés par les bagarres, les corps à corps et l’entraînement. Que ferais-je, s’il essayait plutôt d’alerter les autorités ? J’ai peu envisagé cette option, parce qu’elle ne m’apparaît pas comme la plus probable. « Suis-moi. » Pas dégoûté par les cicatrices, donc. Je retire mes talons aiguilles, que je laisse nonchalamment sur le sol du bureau de Jasper. Pieds nus sur le parquet, j’emboîte le pas à celui qui referme la porte derrière nous. Il me tire à sa suite, sans que j’oppose la moindre résistance, accélérant légèrement la cadence. Je ne suis pourtant pas particulièrement gêné de la situation ; croiser quelqu’un au musée en caleçon me laisserait nettement indifférent. Je serais peut-être simplement amusé de voir comment Ozymandias justifierait la scène : comment explique-t-on qu’on traîne un homme à moitié nu dans son bureau ? Même l’évocation du vol d’artefact paraîtrait très peu probable.

Lorsqu’il disparaît derrière un battant de sa penderie, je jette un coup d’œil à sa fylgia, qui me surveille d’un œil sévère. Une bonne prudence élémentaire. Dans les faits, l’archéomage prend un risque. Mes intentions sont pacifiques, mais elles auraient pu ne pas l’être. « J’ai que ça sous la main. » J’attrape de ma main libre le t-shirt qu’il me lance, un léger sourire en coin s’ébauchant sur mes lèvres. « Et t’as intérêt à me le ramener. » Rien pour le bas, donc…? Soit. Je me débrouillerai. Je dépose sur une chaise le tas de vêtement qui contient l’artefact, ainsi que ma baguette. Aussi un risque, selon certains bretteurs. Mais je n’ai jamais privilégié la magie. « C’est quoi ton lien avec Jasper ? Qu’est-ce que vous trafiquez ensemble ? » Une grimace de dégoût prend place sur mes traits, alors que je pose mes yeux bleutés sur mon interlocuteur. Moi, trafiquer quelque chose avec Jasper ? Aucun risque. Ce con ferait tout foirer, et je risquerais de le balancer en bas d’une falaise par impatience, en moins de cinq minutes. Je réponds :  « Jasper est un ennemi. Je ne le tolère pas, il ne me tolère pas, on s’entend plutôt bien là-dessus. » Et je suis sûr que la disparition de l’artefact, associé à moi, l’enragera. Cette idée est agréable et je retrouve un léger sourire, alors que je pointe le t-shirt du menton : « Merci. J’en déduis que tu me préfères sans pantalon ? » Mon ton est moqueur, presque amical. Je suis définitivement trop joyeux ce soir, probablement à cause du rôle de Märtha. J’enfile le t-shirt : il n’est pas tout à fait à ma taille, mais ça ira. Je jette un coup d’œil au tas de tissu, qui formait une robe quelques minutes auparavant. Je peux sans problème sortir du musée en caleçon, mais pour camoufler un artefact triangulaire, ce n’est assurément pas l’emplacement idéal. Je n’ai naturellement aucun triangle, à cet endroit. Je reprends ma baguette, et je tourne le tissu, de façon à bien voir la poche dans laquelle se trouve l’artefact. D’un sort de découpe, je sectionne cette partie, avant de découper une fine bande de tissu, assez longue pour faire le tour de ma taille. Simultanément, je reprends : « Je ne peux pas t’aider à obtenir un nouvel assistant, comme je te l’avais promis sous Märtha. Même une intervention indirecte en prenant l’apparence de quelqu’un d’autre pourrait être découverte et nuire à ta carrière. » Demander à quelqu’un de faire quelque chose de répréhensible pour obtenir un avantage n’a pas le même impact, si découvert, que d’aider accidentellement un type venu entrer illégalement dans un bureau. Je lance un dernier sort, pour coudre rapidement la poche à la bande de tissu : une aiguille magique, que je suis habitué de manier, remue en vitesse pour associer les deux. En moins de huit secondes, ma fabrication de fortune est prête. Je m’en empare, tout en relevant mes yeux vers l’archéomage : « Mais si tu as des ennemis ou des gens à qui tu aimerais bien faire…disons un coup, je peux te servir à quelque chose. » Est-ce un aveu de mon métier ? Non. Mais je me souviens de son mouvement de recul, tout à l’heure, même si celui-ci peut être simplement associé à la découverte de mon identité. Je relève la base du t-shirt pour y attacher la bande de tissu et la poche qui contient l’artefact, qui forme une légère bosse sur ma hanche lorsque je laisse retombe le morceau de vêtement. Mes yeux s’éclairent d’une lueur malicieuse, alors que je rajoute : « Ou je peux t’inviter à prendre un verre. J’ai terminé ma mission et tu sembles plutôt marrant. » Certains diraient qu’il faut un culot monstre, en tant que voleur, pour inviter quelqu’un à poursuivre la soirée ailleurs, plutôt que de simplement se barrer. Je n’ai pas de culot. Je ne me considère simplement pas comme un voleur : plutôt comme un stratège, qui a dû adapter son plan. Ceux qui prennent la fuite sont des mauvais calculateurs. Et maintenant que ma mission est quasi achevée et que je me sens plutôt joyeux, je ne vois pas pourquoi je me priverais de passer un bon moment.
Ozymandias Mørk
Ozymandias Mørk
GÖTEBORG Livet är en kamp, ​​du måste förbereda dig för striden
« Jasper est un ennemi. Je ne le tolère pas, il ne me tolère pas, on s’entend plutôt bien là-dessus. »
Ozymandias esquisse un sourire mauvais. Tiens donc. Il comprend mieux ses motivations, mais malgré tout il aurait préféré qu'aucun artefact du musée ne soit mêlé à cette histoire.
« Merci. J’en déduis que tu me préfères sans pantalon ? »
Il aurait pu se mettre à rire, s'il n'était pas encore inquiet à l'idée que l’inconnu ne l’attaque dès qu'il baissera sa garde. Il ne se fait pas d'illusions sur ses chances de victoire en combat singulier, que ce soir à la baguette ou à mains nues : absolument aucune.
« Évidemment, ironise l’archéomage, et surtout, je suis pas sûr d’en avoir un de rechange ici. »
Il ne choisit pas exactement ses plus beaux habits pour partir en expédition, et il oublie bien souvent de les ramener au musée après les avoir lavés. Ils pourraient toujours retourner fouiller dans le bureau de Jasper, au cas où ce dernier aurait par miracle laissé des affaires, mais… Ça fait peut-être beaucoup d’un coup. Même s’il a particulièrement hâte de voir l’air horrifié de son collègue demain matin, il n’a cependant pas envie que ce dernier se doute de son implication dans toute cette histoire.
« Je ne peux pas t’aider à obtenir un nouvel assistant, comme je te l’avais promis sous Märtha. Même une intervention indirecte en prenant l’apparence de quelqu’un d’autre pourrait être découverte et nuire à ta carrière, continue le voleur, mais si tu as des ennemis ou des gens à qui tu aimerais bien faire…disons un coup, je peux te servir à quelque chose. »
Tout en parlant, il s’affaire à se coudre un sac à partir des restes de la robe pour y transporter l’artéfact, et Ozymandias l’observe avec fascination. Il n’en est pas à son premier essai, c’est évident, et l’archéomage ne sait pas trop s’il doit être impressionné par son talent indéniable et son audace, ou inquiet pour l’avenir des collections du musée.
« Ou je peux t’inviter à prendre un verre. J’ai terminé ma mission et tu sembles plutôt marrant. »
Ozymandias hausse les sourcils, pris au dépourvu par ce soudain revirement. Il s’attendait plutôt à ce que son visiteur importun s’éclipse le plus rapidement possible, maintenant qu’il a obtenu ce qu’il était venu chercher. Et ce n’est probablement pas l’absence de pantalon qui le retient ici.
« Eh bien, nous avons décidément un gros point commun. Qu'est-ce qu'il t’as fait, pour mériter une telle rancœur ? »
Non pas que Jasper ait besoin de faire grand chose de plus qu’exister pour être énervant, mais il ne peut s'empêcher d'être curieux. Il ne peut pas dire qu'il soit très surpris de découvrir qu'il n'est pas le seul à ne pas pouvoir supporter l’autre archéomage, il est probablement comme ça avec tout le monde… Intéressant. Et un peu décevant, aussi. L'idée qu'il puisse être sa némésis de choix était plaisante, pour une raison qui lui échappe.
« Je dois dire que l'idée du verre est plutôt tentante. Mais il va falloir te trouver un pantalon pour ça. »
À moins que le Faux-Märtha soit aussi versé dans le nudisme en plus de l'usurpation d'identité. Mais ça risquerait de ne pas passer inaperçu, même dans les bars où Ozymandias a l’habitude d’aller.
Il continue à fouiller dans la penderie, ouvre chacun de ses tiroirs un par un et finit par dénicher au fond un jean en relativement bon état, si ce n’est son bleu délavé qui témoigne de son état d’usure.
« T'as de la chance, il semblerait que mon moi du passé ait eu la présence d’esprit de faire sa lessive. » ajoute-t-il en lançant le vêtement dans sa direction.


all your faith, all your rage, all your pain, it ain't over now /// it's the cruel beast that you feed, it's your burning, yearning, need to bleed through the spillways of your soul.
Dax Tcherkassov
Dax Tcherkassov
TRØBBEL För att nå toppen av trädet måste du sikta mot himlen
Si je me fie à son haussement de sourcils, ma demande l’a pris au dépourvu. Elle est déconcertante, je suppose. Mais entre un verre ou une menace, la première option me semble bien plus agréable. Je ne vois actuellement pas l’intérêt de la seconde option : rien dans l’attitude de l’archéomage ne me met sur la défensive et la réussite, inusitée, de cette mission me rend d’humeur joyeuse. Ou alors, c’est d’avoir imité Märtha pendant autant de temps, un acte incroyablement divertissant. « Eh bien, nous avons décidément un gros point commun. Qu'est-ce qu'il t’as fait, pour mériter une telle rancœur ? » J’hausse les épaules, sans répondre immédiatement. Rancœur n’est pas le mot qui décrirait le mieux ma relation étrange avec Jasper. Lorsque je suis rancunier envers certaines personnes, je me venge, généralement froidement. Avec le sang-pur, les coups et les plans s’enchaînent, mais dans une optique qui n’est pas vraiment celle de la vengeance. C’est autre chose, autre chose qui n’est pas forcément plus saine. « Je dois dire que l'idée du verre est plutôt tentante. Mais il va falloir te trouver un pantalon pour ça. » J’ébauche un sourire réel, tandis que l’homme continue de fouiller dans sa penderie. Je n’envisage pas d’exiger son silence pour ce qui s’est passé ce soir : ce serait inutile. Une éventuelle dénonciation ne m’embête pas. Il y a trois options, de toute façon. S’il allait voir les aurors après notre rencontre, pour raconter ce qui s’est passé, je saurais me défendre sur le plan juridique en invoquant l’innocence et l’absence de preuves. J’ai levé mes empreintes sur les chaussures abandonnées dans le bureau. Au vu de son attitude, je ne crois pas de toute façon qu’il le fera et je suis généralement plutôt doué pour cerner les gens. L’autre option, c’est que Jasper décide de faire la dite dénonciation ; je doute aussi qu’il le ferait. On se relance mutuellement depuis des années, sans impliquer les autorités.

Ozymandias extirpe finalement un jean bleu de ses affaires, qu’il lance dans ma direction : « T'as de la chance, il semblerait que mon moi du passé ait eu la présence d’esprit de faire sa lessive. » J’attrape l’objet au vol, tout en me faisant la réflexion que la situation est tout aussi cocasse que lorsque j’ai dû kidnapper un homard, plus tôt dans le mois. Décidément, c’est un mois où mes missions sont bien moins sanguinaires qu’à l’accoutumée. Ce n’est pas un changement désagréable ; ce genre de missions sont aussi nécessaires dans mon quotidien que les autres. « Je suis reconnaissant à ton moi du passé, mais j’aime aussi bien ton moi du présent. » Je ponctue ma phrase d’un clin d’œil, tout en enfilant le pantalon. L’homme est vraisemblablement plus grand que moi, mais le tissu parvient à accomplir son rôle, et je n’en demande pas plus : il camoufle mon caleçon, qui n’aurait pas été la tenue la plus appropriée pour une sortie dans un bar. Je l’ajuste d’un sort, facile à lever lorsque je rendrai le vêtement à son propriétaire : « Ce n’est pas de la rancœur. C’est un mélange de respect et de hargne commune. Jasper est malin, je lui reconnais sans difficulté cette qualité ; mais il existe, je lui reconnais aussi ce défaut. » Ma voix est calme, mes traits sont neutres. Seul un mince sourire s’étire sur mes lèvres, face à cette phrase qui n’est pas des plus délicates. Est-ce que je le pense ? Pas entièrement. Mais c’est la façon la plus simple de résumer ma relation avec Jasper. Je poursuis : « Tu connais un lieu sympa à proximité ? Idéalement pas dans le bureau des aurors, c’est moins mon type de bar. » De ma baguette, je tapote le pendentif qui pend à une corde à mon cou. Il s’ouvre, et j’en tire une minuscule paire de basket, que j’aggrandis, avant de les glisser à mes pieds. Je me redresse, rajoutant d’un ton moqueur : « Je te proposerais bien chez moi, mais porter ton pantalon, c’est déjà pas mal intime comme première rencontre. » Ma fylgia ricane, tandis que je referme le pendentif et range ma baguette.
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