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Know the ropes you're playing with • Ozy
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Ying Yue Amundsen
Ying Yue Amundsen
GÖTEBORG Livet är en kamp, ​​du måste förbereda dig för striden
Know the ropes you're playing with

@Ozymandias Mørk • 26 mars 2024 - matin


Le regard fixé sur le sloop qui s'approche en silence, mes doigts sont encore occupés à boutonner ma veste d’officier. Les brumes de l’aube donnent aux contours écharpés de l'îlot des allures de mauvais augure. Le loup-garou a fait fuir la vie sauvage qui palpite d’ordinaire sur ce bout de terre à la végétation basse, caractéristique de la faune du Svalbard. La chasse nocturne a été fructueuse malgré la solitude de la bête moins efficace à chasser qu’en meute. Mais l’excitation de la pleine lune, particulièrement proche de la terre cette nuit, avait décuplé le plaisir pris dans l’exercice. Sans compter la joie profonde de passer sa soirée d’anniversaire à courir la nature sous ma forme de loup. J’ai toujours aimé les nuits de pleine lune quand elle tombe pile sur ce jour singulier, cadeau plein d’une vie qui se déverse dans toute sa force sauvage dans mes entrailles. Quoi rêver de mieux pour un homme tel que moi qui n’aime rien tant que les plaisirs du chaos et des explosions de vie qui vous font sentir tellement présents. J’aurais préféré profiter de cette nuit d’anniversaire avec les autres Amundsen, pourtant. Seule ombre au tableau parfait de cette nuit incroyable. Seule frustration de ma situation toujours légèrement en décalage avec les autres. Les moments de célébration de la meute lors des pleines lunes sont toujours des occasions de resserrer des liens que nos vies humaines dénouent parfois avec aigreur.

Les doigts tirent à présent sur le bord de la veste pour en lisser les plis. J’inspire profondément, léguant les pensées négatives parasites dans l’oubli. Il est inutile de s'appesantir sur des regrets contre lesquels je n’ai aucune prise. Cette nouvelle mission qui nous a fait prendre la mer à bord de notre KNMM Ståltann est bien plus intéressante que celle du mois dernier. Une vraie mission à la hauteur de nos aptitudes et de notre régiment. Un seul navire, un seul équipage, le meilleur, pour une mission à haut risque qui nécessite dextérité dans la navigation, mais aussi dans l’approche humaine et la gestion des conflits. A la limite des eaux territoriales russes, la situation géopolitique tendue rend toute coquille potentiellement explosive. Les conséquences pourraient être difficilement arrêtables si nous venions à glisser un pied de travers dans le merdier dans lequel on évolue. Le sloop est désormais à portée de voix et je distingue nettement Torstenn qui manœuvre avec précision la petite embarcation adaptée à longer les côtes de près. Mon regard se durcit aussitôt, jaugeant immédiatement les rides et les cernes qui entourent ses yeux gris. Sa simple présence à bord du navire venu me ramener à bord du Ståltann est l’aveu criant qu’il s’est passé quelque chose pendant mon absence. Sans attendre l’arrêt total du voilier, j’ai posé un pied dans l’eau froide de l’aube, avançant résolument dans l’onde écumeuse qui se fracasse contre les rocs que je quitte sans un regard en arrière.  
L’eau tourbillonne autour de mes hanches sans en éprouver la moindre contrainte, déterminé à rejoindre la coque du voilier le plus rapidement possible. La présence de Torstenn est significative deux de choses : il s’est passé quelque chose d’important cette nuit, et Jens est - d'une façon où d'une autre - impliqué dans ce quelque chose. C'est lui qui vient me chercher dans ces cas-là. Lui et personne d'autre, parce qu’il est le plus proche de moi et n’a pas besoin de prendre les pincettes officielles pour s’adresser à moi quand c’est nécessaire, même si le cadre l’exigerait. Et parce qu'il n’est pas assez gradé pour que son absence du navire puisse être un problème pour le bon déroulement des situations de crise. Mes bottes glissent sur les cailloux inégaux, le tigre nage en large brassées nerveuses à mes côtés, et je m'aide de toute ma force pour contourner celle de la marée qui voudrait me renvoyer vers la côte. J’attrape la barre de l'échelle, me hissant sur le deuxième barreau d'un bond lourd des vêtements trempés, et de fatigue résiduelle et douloureuse de ma dernière transformation. Sans prendre le temps d’être monté, l'ordre claque, froid et dur : « Votre rapport Chefsergent. Immédiatement. » Le Chefsergent en question me tend son bras que j’attrape, ferme, en dépit des nerfs sensibles qui se recrient face à cette nouvelle élongation. Les transformations sont toujours douloureuses, et si on s’habitue au fil des mois et des décennies, leur mémoire physique s’imprime encore dans mes fibres dans l’heure suivant mon retour à forme humaine. Je me hisse sur le pont, répond d'un signe de tête à son salut militaire, marquant d’un froncement de nez mon agacement face aux secondes qui s’écoulent sans réponse. « Torstenn. Réponds-moi. Où est Jens ? » L'infime contraction de son muscle maxillaire suffit à trahir ce que je redoutais. « Mort ? » Le ton est neutre, presque plat. Le ton du professionnel qui prend des nouvelles de ses hommes, sans regarder vers le tumulte de l'âme qui agite des driss qui grincent désagréablement dans le réseau nerveux. C’est le Løjtnant qui demande, pas Ying Yue. C’est le Løjtnant qui fait l’état des lieux de son régimentw pas Ying Yue qui s’inquiète de son meilleur ami. « Blessé. Sérieusement. » Je grogne d’un mécontentement qui cache le soulagement avant de tirer l’échelle hors de son encoche pour aller la ranger à sa place avant de m’emparer de la barre d’une enjambée rapide. « J’attends toujours votre rapport Chefsergent. » L'homme s'active déjà sur les bouts, gonflant les voiles magiquement qui remet immédiatement le sloop en mouvement. « Une explosion lors de l’exploration du secteur trente-six à vingt heures. On décompte dix blessés, quatre graves, les autres uniquement superficiels. La zone a été entièrement bloquée. Elle est magiquement très instable, un archéomage a été réquisitionné, il a été monté à bord dans la nuit. L’Orlogskaptajn a été touché également. Vous avez été placé en charge de l'équipe d’intervention jusqu'à nouvel ordre. Jens et Thullen sont stabilisés. » Stabilisés. Deux des meilleurs du Sjøbjørn font partie des quatre blessés graves. Mon visage reste imperturbable, tourné vers l’ombre de l’imposant Ståltann qui se devine déjà dans les brumes blanches. L’air est froid, piquant d’une tension qui ne cesse d’augmenter au fur et à mesure que l’on s'en approche. « Les deux autres ? - Un pronostic toujours engagé quand je suis parti. Le Marineoverkonstabel Pils. - Des retombées adverses ? - Le Kommandør vous attend pour vous faire le rapport détaillé. Il faudra être prudent sur place. Une seconde explosion ne serait pas aussi facile à faire passer. » La voilure est affalée, l’allure corrigée sur vingt-six degrés pour venir se plaquer en position pour s’amarrer au bâtiment principal dans doux son de clapotis.

Réflexe inconscient, arrêté au milieu de l'échelle, mon regard se tourne vers l’immensité sombre de l'océan. Les fils des brumes grises blanchissent légèrement à l’horizon, un premier rayon, pâle, se diffracte à travers le voile d’humidité mobile. Au gré des vents, les nappes s’étirent lentement, dévoilent des formes diverses rendues immatérielles par l’atmosphère singulière de l’aube. J’aime ce paysage, je ne parviens toujours pas à m'en lasser. Je m'apprête à reprendre mon escalade quand mes yeux sont irrémédiablement attiré par la silhouette ronde de la lune retire ses couleurs au profit de l’astre solaire. Déjà, elle décline, replonge dans l'ombre terrestre. Jusqu'au mois prochain.

Quand je marche dans le couloir menant à la cabine réservée aux civils et invités de prestige, trois heures se sont écoulées depuis ma montée à bord. Et pourtant je n’ai pas encore eu le temps de boire une seule goutte de café. Sous la visière de ma casquette d’officier, les yeux sont tirés par la fatigue et la dureté des informations diverses qui continuent de se rejouer dans mon crâne. Le briefing du Kommandør avait été long, soucieux, légèrement alarmant sur la situation. On naviguait sur des œufs en arrivant ici il y a trois jours. Aujourd'hui c’est voler qu’il va falloir. Une perspective peu engageante qui raidit mon allure et écarte les silhouettes des marinekonstabel qui me croisent dans les coursives. Il règne une ambiance lourde sur le navire militaire. Les regards sont tous rudes et marqués par la nuit courte et l’attente insupportable de la mission d’intervention qui doit se dérouler dans la journée. « Dès que possible. Briefer l’archéomage sera à votre charge. Je compte sur vos potentiels liens avec lui pour passer au-dessus de l'écueil de nos hommes à son sujet. » La phrase du Kommandør tourne en boucle sans trouver de sens logique. J’essaie de rassembler les moqueries entendues entre deux passages par les quartiers des soldats sans parvenir à trouver le point commun à toutes les railleries. Et elles sont nombreuses, tant l'équipage a besoin de se jeter dans tout autre sujet de moquerie qui peut leur faire oublier qu’un camarade est encore entre la vie et la mort dans l’infirmerie du navire. « Il est à peine sorti de sa cabine depuis son arrivée à bord, bonne chance pour lui faire quitter son placard. » Karl avait rigolé, grassement sous mon regard agacé. Je déteste quand je ne parviens pas à entrer dans leurs sous-entendus. Quand ça me donne l’impression d'avoir manqué encore autre chose. Non pas que je me sente coupable d'avoir manqué l’accident d'hier, mais je déteste devoir rattraper des événements passés que j'ai été le seul à manquer. Avoir potentiellement raté un élément drôle sur lequel ils tournent en boucles depuis me rend particulièrement peu réceptif à leurs rires moqueurs. Je fronce très légèrement le nez quand j’arrive enfin devant la porte de l’archéomage réquisitionné en urgence. Pourquoi ils avaient été dépêcher le Mørk en particulier ? Quitte à aller prendre un des deux du Musée de Göteborg, j'aurais préféré qu’ils choisissent Strandgraad. Pourquoi faut-il qu’il soit un Strandgraad par ailleurs ? Connaissant ceux habilités à prendre ce genre d’ordonnances, c’est bien le nom de famille de Jasper qui lui aura été défavorable dans le choix final.

Les trois coups portés contre l’étroit panneau de bois sont secs et suffisamment forts pour s'assurer d'être entendus. Bølga profite de la pause pour reprendre sa forme physique, tigre imposant dans un couloir trop serré. Il ne s’agit que d’une simple provocation pour avoir le plaisir de montrer ses crocs plus gros que ceux de la panthère des neiges qu’il s’attend à voir en face. D’un geste rapide je réajuste machinalement le bord de ma casquette sur mon crâne rasé avant de prendre ma posture favorite : dos droit, jambes légèrement écartées et mains jointes dans le dos. Un maintien parfait, aux antipodes de ce que je peux donner à voir aux soirées mondaines. En apparences. La porte s’ouvre sur une silhouette familière et je dois faire un effort supplémentaire pour retenir le sourire moqueur qui voudrait déjà gagner mes lèvres. « Monsieur. Løjtnant Amundsen, je serai votre responsable pour cette intervention. Ayant lieu en milieu hostile, vous serez sous mes ordres. Je vous conseille de les suivre. Si vous voulez bien vous donner la peine de sortir de votre cabine et de venir avec moi, je vais vous exposer la situation dans le bureau des officiers. » Le ton est ferme bien que respectueux. Seuls les mots jouent très doucement avec quelques premières gouttes de moquerie. J'ai comme la vague impression que le placer sous mes ordres peut être le genre de perspectives qui pourraient le faire chier. Par exemple. Et cette idée est franchement la plus plaisante que j'ai à me mettre sous la dent depuis ces trois dernières heures.



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Ozymandias Mørk
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@Ying Yue Amundsen

Ozymandias soupire. Allongé sur le lit, les mains derrière la tête, il scrute d’un regard morne le plafond de sa cabine. Couchée contre lui, sa fylgia ronronne tout bas, la tête posée sur son torse.
Évidemment, il fallait que ça tombe sur lui. Il adore son métier, ce n’est pas le problème, mais pas quand ça vient perturber son quotidien. Pas quand on ne lui laisse pas le choix. Il essaye de se consoler en se disant que c’est pour sa renommée et son talent qu’on l’a choisi lui, plutôt que Jasper. Mais malgré cette idée particulièrement alléchante, il aurait donné cher pour être resté dans son lit blotti dans les bras de Magni.
Au lieu de ça, le voilà embarqué pour une mission qu’il n’avait pas prévue, pour une durée indéterminée. Heureusement pour lui, il n’a pas le mal de mer. Manquerait plus que ça, en plus du reste. Les murmures sur son passage, les ricanements à peine dissimulés. Les remarques, tantôt moqueuses, tantôt agressives, qu'il s’efforce de ne pas écouter. Et leurs regards. Emplis de dégoût, de mépris, de haine parfois. Même enfermé dans sa cabine depuis plusieurs heures, il a l'impression de les sentir encore lui brûler la peau.
Il a le désagréable sentiment d'être retourné à l'époque de son cycle secondaire à Durmstrang. D'être à nouveau l’adolescent terrifié qui doit calculer chacun de ses mouvements, chacun de ses mots pour ne rien laisser paraître. Pour ne pas leur donner la satisfaction de voir à quel point ça l'atteint encore, toujours, malgré les années.
Il ne peut pas s’empêcher de se demander quel est le détail, dans son apparence ou sa façon d’être, qui l’a trahi. Est-ce que c’est si évident que ça, sans la présence de Heid à ses côtés pour étouffer les soupçons ? Ça ne peut pas être sa tenue, bien trop éloignée de ce qu’il porterait d’habitude, dans un contexte normal. Qu’est ce qu'on est censé porter sur un bateau ? Qui plus est un bateau de l'armée. Il n’en a aucune idée, et de toute façon on ne lui a pas laissé le temps d’y réfléchir, il s’est contenté d'attraper les premiers vêtements qu'il avait sous la main et de faire sa valise en vitesse. Un simple t-shirt gris, une chemise en flanelle empruntée à Magni, un jean qui a vu des jours meilleurs et une veste qui commence à perdre sa couleur à force d’avoir été lavée. La tenue typique de l’archéomage qui s'apprête à passer les prochains jours à se vautrer dans la terre et la poussière. Même si, en l'occurrence, il ne sait pas où ni dans quel type d'environnement se trouve l’artéfact à cause duquel on l’a missionné. Mais peut-être que la réponse est plus simple, au fond. Peut-être que c’est Ying Yue qui s’est chargé d’entretenir la rumeur auprès de son équipage, à défaut d’une source de distraction plus intéressante à se mettre sous la dent.

Les trois coups secs contre la porte le font se redresser brusquement sur le bord du lit. Il  salue Ying Yue d’un simple signe de tête, tout en lissant machinalement les plis de sa chemise. Évidemment, il fallait aussi que ça tombe sur lui. Andromaque souffle du nez et sa longue queue fouette l’air brièvement à l’apparition de l’autre félin. Mais en dehors de cette discrète démonstration d'agacement, elle ignore royalement le tigre.
« Monsieur. Løjtnant Amundsen, je serai votre responsable pour cette intervention. Ayant lieu en milieu hostile, vous serez sous mes ordres. Je vous conseille de les suivre. Si vous voulez bien vous donner la peine de sortir de votre cabine et de venir avec moi, je vais vous exposer la situation dans le bureau des officiers. »
Ozymandias se retient de justesse de lever les yeux au ciel. Il exècre cet air de supériorité que s’octroient les Amundsen en toutes circonstances. Presque autant que leur hypocrisie.
« Est-ce que c'est vraiment nécessaire de changer d'endroit ? Lâche-t-il après une seconde d'hésitation. Je peux tout aussi bien évaluer la situation ici. » Et s’il pouvait par la même occasion s'épargner de traverser une nouvelle fois le navire au son des ricanements de l'équipage, ce serait toujours ça de pris.


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@Ozymandias Mørk • 26 mars 2024 - matin


Mes yeux tiquent sur la tenue négligée du Mørk, retenant de plus en plus difficilement le sourire qui illumine mes pensées. J'imagine l'homme, réveillé en pleine nuit par une délégation militaire venue tambouriner, sorti du lit conjugal de force, l'air probablement hagard, qui s'habille à la va-vite avec les premiers vêtements qu'il trouve, les yeux encore embués de sommeil. Même si je me demande bien ce que de tels vêtements peuvent faire dans les tenues faciles d'accès de l'archéomage. D'ordinaire, il sait plutôt se vêtir avec goût et choisir des tenues qui mettent en valeur sa silhouette et les traits fins de son visage. A croire que ce goût pour le style vestimentaire n'est qu'une façade qu'il s'empresse de quitter quand il passe le pas de sa porte. Peut-être bien qu'il' est de ceux qui relâche tous leurs efforts en présence de leurs femmes, et qui s'encroûte dans un quotidien défait de tout respect pour lui-même. J'en sais rien, en réalité, mais toutes ces hypothèses sont drôlement amusantes à formuler dans mon crâne. « Est-ce que c'est vraiment nécessaire de changer d'endroit ? Je peux tout aussi bien évaluer la situation ici. » Le bout de la queue du tigre vibre avant de taper le sol plusieurs fois de suite. La réponse l'agace, profondément. Un infime haussement de sourcils trahi ma propre perplexité face à son désir de rester dans sa cabine, ajoutant à la boule de frustration généralisée autour de cette histoire de cabine, et d'enfermement que Karl avait qualifiée d'obstinée. Je n'avais pas voulu le croire, jugeant qu'il devait exagérer, comme il sait si bien le faire, pour se moquer d'une situation ou d'une personne. Mais force est de constater que l'adelphe d'Arsinoe lui donne raison. Les mots de la Kaptajn refont surface : s'il lui arrive quoi que ce soit. Est-ce qu'elle parlait de dangers potentiels en mission, ou bien de moquerie sur le bateau ? Après tout, elle connait son frère mieux que moi, peut-être qu'elle sait qu'il est du genre à s'attirer les moqueries des autres ? Tout le problème réside dans mon ignorance de ces raisons. Agaçant. Est-ce qu'il est en train de lui arriver quelque chose sur le Ståltann qui m'échappe ? Mon regard, passé la surprise, se fait plus dur à cause de l'agacement qui continue de faire frémir la queue de ma fylgia. Sans compter, que je déteste évidemment, qu'on se permette de questionner la pertinence de mes ordres sur mon navire. « C'est nécessaire en effet, Monsieur. La vie de mes hommes est menacée, je n'autoriserais aucune marge d'erreur sur la préparation de cette mission. J'ai des cartes à vous montrer, entre autres éléments. Votre propre vie est sous ma responsabilité, je ne compte pas me priver d'un bon parti parce que vous refusez de quitter le confort de votre cabine, Monsieur. » Cette fois le ton, bien que toujours respectueux, s'est fait légèrement plus ferme. J'ajoute, en reculant légèrement d'un pas pour mieux jauger la silhouette du Mørk d'un œil perçant : « Et nous devons passer par la section des équipements, pour vous trouver une tenue à votre taille. » Les iris remontent vers son regard, dans un éclat moqueur. « Sauf si vous comptez plonger en slip, Monsieur. » Seuls les yeux accentuent leurs lueurs amusées, le visage reste imperturbable, d'une dureté officielle qui ne laisse rien paraître d'autre que l'autorité que je veux lui faire saisir. Comme si la conversation était d'ailleurs close sur la question, je m'écarte de l'ouverture de la porte, avant de l'intimer de me suivre d'un rapide signe de tête et de commencer à remonter le couloir d'un pas lent mais néanmoins décidé. « Je vous conseille de venir avec moi, j'ai besoin d'un café, et à en juger par votre allure, vous aussi. Monsieur. » Une dernière phrase lancée par-dessus mon épaule, une dernière chance pour lui de s'exécuter, avant que ma patience soit définitivement arrivée à terme.



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« C'est nécessaire en effet, Monsieur. La vie de mes hommes est menacée, je n'autorisait aucune marge d'erreur sur la préparation de cette mission. J'ai des cartes à vous montrer, entre autres éléments. Votre propre vie est sous ma responsabilité, je ne compte pas me priver d'un bon parti parce que vous refusez de quitter le confort de votre cabine, Monsieur. »
Quel confort ? Même la moquette de son bureau serait plus confortable que leur cabine prétendument pour invités de marque. Et puis ça n’a rien avoir avec la raison pour laquelle il n’a pas envie de sortir de ce cagibi. Ying Yue n'a-t-il vraiment aucune idée de ce qui se trame dans son équipage ? Ou bien choisit-il de l’ignorer délibérément, parce que ça l’arrange. Ou parce qu'il approuve leur comportement. Probablement un peu des deux.
« Et nous devons passer par la section des équipements, pour vous trouver une tenue à votre taille, continue Ying Yue en plantant ses yeux dans les siens. Sauf si vous comptez plonger en slip, Monsieur. »
Plonger… comment ça plonger ? On ne lui a rien dit là-dessus en venant le chercher. Certes, il nage plutôt bien, mais en pleine mer ? Dans une zone dangereuse ? Il a l’impression de sentir son cœur tomber en chute libre dans sa poitrine.
Le Løjtnant le fixe, le visage impassible. Seul son regard un peu trop brillant trahit son amusement. Ozymandias soutient son regard. Un éclair rose pâle, à peine perceptible, illumine brièvement le bleu de ses iris. L’ombre d’un sourire glisse au coin de ses lèvres ‒ le premier de la journée.
« Ça vous ferait trop plaisir, hein. » Murmure-t-il, moqueur. Il ne sait pas si Ying Yue l’a entendu, et au fond ça serait sans doute mieux que ça ne soit pas le cas.
« Je vous conseille de venir avec moi, j'ai besoin d'un café, et à en juger par votre allure, vous aussi. Monsieur. »
Le militaire s'écarte pour lui laisser le passage et lui indique la porte d’un signe de tête. Il ne lui laisse aucune échappatoire, il n’y coupera pas. Le chemin jusqu'au bureau des officiers promet d'être long.
« Mon allure ? Est-ce qu’il fait référence à sa tenue, ou bien à ses cernes, qui témoignent de son peu d’heures de sommeil ? Vous n’êtes sûrement pas assez stupide pour croire qu’un archéomage part en mission en costume trois pièces, n’est-ce pas ? Et au vu de l’heure qu’il est, j’estime que j’ai le droit d’avoir l’air fatigué. Mais si mon allure ne vous convient pas, je peux tout aussi bien rentrer chez moi et vous n’aurez qu’à trouver quelqu’un d’autre, ça m’est égal. » Crache Ozymandias, le ton glacial. La queue d’Andromaque bat la mesure avec force, témoin de l’agacement croissant de son sorcier.
« Cela étant dit, je dis pas non à un café. Ou deux. » Une moue boudeuse aux lèvres, il se décide finalement à suivre le militaire hors de la cabine, quittant à regret ce bref moment de répit dans une journée qui s’annonce atrocement longue.


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@Ozymandias Mørk • 26 mars 2024 - matin


J'ai entendu le murmure, sans le comprendre totalement. Sans chercher à l'analyser. Ça pourrait me faire plaisir en effet, de le voir plonger en slip et se transformer en glaçon en quelques secondes dans les températures arctiques de l'océan d'ici. A moins qu'il ait des compétences aquatiques dont je n'ai pas connu, je ne vois pas, en quoi, cela me ferait plaisir. Comme tout ce que je ne comprends pas depuis mon retour sur le navire, je mets le murmure de côté. Préférant jouer la carte de celui qui n'a rien entendu, plutôt que celui qui pose des questions dont il n'a potentiellement pas envie de connaître les réponses.
Pourtant la phrase revient tinter comme une lugubre cloche dans le lointain : quelque chose m'échappe, et mon manque de lucidité ne parvient pas totalement à occulter les gros points rouges qui clignotent les uns après les autres quand toutes les allusions entendues sont mises bout à bout. J'espère encore me tromper. Je veux me tromper. Je n'ai aucune envie de devoir subir ce genre d'humour aujourd'hui. Je ne suis pas d'humeur, et la magie qui grésille autour de moi en pointe régulière titille mes instincts de loup. « Mon allure ? Vous n’êtes sûrement pas assez stupide pour croire qu’un archéomage part en mission en costume trois pièces, n’est-ce pas ? Et au vu de l’heure qu’il est, j’estime que j’ai le droit d’avoir l’air fatigué. Mais si mon allure ne vous convient pas, je peux tout aussi bien rentrer chez moi et vous n’aurez qu’à trouver quelqu’un d’autre, ça m’est égal. » Son ton froid claque, visiblement ma dernière pique l'a fait bien plus réagir que l'allusion à sa sœur comme un simple et trivial bon parti. Intéressant. Je pourrais m'amuser de sa réaction, et une partie de moi le fait. Mais le Løjtnant Amundsen est loin de profiter du caractère drôle de la situation tant l'ego entre en collision avec la défiance et le contre-pouvoir exprimé par le civil à mes côtés. Ce manque de discernement des gens du peuple face à l'autorité militaire est sans doute l'une des raisons principales qui me fait tant détester leurs présences dans nos bâtiments, et nos affaires. Surtout quand leur réaction me font perdre mon temps, mon énergie, et met en danger els hommes. Ce dernier point est une lame acide qui zappe mes envies de lui rire au nez. Les yeux perdent leurs éclats amusés pour regagner une dureté de fer quand il se décide - enfin - à me suivre dans le couloir. « Cela étant dit, je dis pas non à un café. Ou deux. » Il peut bien vider la cafetière du quartier des officiers si cela le fait avancer plus vite et volontairement vers celui-ci. J'enchaîne sur un pas plus rapide obligeant Bølga à reprendre sa forme immatérielle pour éviter tout risque de collision avec les soldats que l'on risque de retrouver très prochainement dans les coursives. « Croyez bien que si j'avais été là pendant l'incident j'aurais appuyé pour que ce soit Jasper qui soit réquisitionné et non vous. J'ai eu espoir que son ascendance lui soit favorable, pour une fois. Malheureusement pour vous nous n'avons pas le temps de faire une demande de changement. Et nous sommes placés en quarantaine. Vous n'irez nulle part tant que vous n'aurez pas fait votre rapport sur les origines magiques de l'artefact. Libre à vous de refuser de faire votre travail, et de vous exposer aux conséquences qui iront avec. Quatre de mes hommes nécessitent une extraction médicale d'urgence. Par ici. » D'un geste de main je lui indique un escalier qui descend vers les quartiers des soldats et le service d'équipements, avant de reprendre d'une voix sèche : « Vous supportez bien la culpabilité de condamner des hommes à la mort par caprice, Monsieur ? » Mes accusations sont injustes, si on considère que j'ai moi-même provoqué son agacement volontairement. Mais n'importe qui, ici, sait à quoi il s'expose en répondant à mes provocations frontalement. Qu'il soit novice sur la praticité du Løjtnant Amundsen, sur les nerfs, un lendemain de pleine lune ne me concerne pas le moins du monde. « Inutile de répondre, je suis certain que non. » Alors ferme ta grande gueule et tiens toi à carreaux. La hargne de mes pensées heurtent le regard d'un premier marineoverkonstabel moqueur qui s'écarte néanmoins pour se coller contre la paroi de l'étroit escalier pour nous laisser passer dans un salut militaire impeccable. Les dernières marches descendues, je guide l'homme vers une salle étroite et chargée d'une multitude d'équipements diverses et variés avant de me retourner vers lui et d'ajouter : « Comme je n'ai nullement plaisir à vous voir mourir de froid en slip, je vous conseille de donner votre taille, poids et celui de l'équipement que vous comptez prendre avec vous, le cas échéant. En sachant que nous allons sous trente mètres de profondeur. » Infime regard narquois glissé avant de me tourner vers la silhouette qui s'est glissée vers nous : « Korporal, une tenue de plongée complète, modèle NPC-67. Débrouillez-vous pour qu'elle soit prête dans une heure. - Bien Løjtnant. Des nouvelles de... - Stables. » Son regard est trop grave, mêlé d'une inquiétude qui griffe ma rétine. Je vois le pincement nerveux de ses lèvres quand elle examine mon visage trop lisse, et probablement trop pâle. Sa voix se fait plus tenue quand elle reprend la parole pour me murmurer : « Torstenn m'a dit que vous n'étiez pas allé...- Assez Korporal. - Bien Løjtnant. Je m'occupe de lui. » Fridha se détourne pour reporter son attention sur l'archéomage et récupérer les données nécessaires à la préparation de son équipement tandis que mes propres pensées dérivent très brièvement vers Jens. Non, je n'ai pas eu le temps d'aller le voir. Ni Thullen. Ce n'est pas que je n'ai pas voulu. Ce n'est qu'un manque de temps. Le même manque de temps qui m'avait tenu éloigné de sa chambre quand elle avait mal réagi à la morsure. Le genre de manque de temps qui préfère l'indifférence à la confrontation d'une réalité qui risquerait de briser le masque mental.


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« Croyez bien que si j'avais été là pendant l'incident j'aurais appuyé pour que ce soit Jasper qui soit réquisitionné et non vous. J'ai eu espoir que son ascendance lui soit favorable, pour une fois. Malheureusement pour vous nous n'avons pas le temps de faire une demande de changement. Et nous sommes placés en quarantaine. Vous n'irez nulle part tant que vous n'aurez pas fait votre rapport sur les origines magiques de l'artefact. Libre à vous de refuser de faire votre travail, et de vous exposer aux conséquences qui iront avec. Quatre de mes hommes nécessitent une extraction médicale d'urgence. Par ici. »
Ozymandias tique malgré lui au mot quarantaine. L'idée d'être coincé au beau milieu de l'océan pour une durée indéterminée avec des gens qui ont beaucoup trop de muscles et pas assez de neurones n’est pas pour le réjouir. Pour une fois, le fait que quelqu'un préfère Jasper à lui l’aurait arrangé. Mais pourquoi est-il ici à la place de son collègue, alors ? Ce n’est pas comme si ce dernier était en vacances ou malade, pourtant. Pourquoi l’a-t-on spécifiquement réquisitionné, lui ?
Et puis il a promis à Arsinoe de la recontacter dès que possible, mais il n’a aucune idée de quand ce possible sera, et il la connaît trop bien pour ne pas craindre de la voir débarquer sur le navire comme une furie.
« Vous supportez bien la culpabilité de condamner des hommes à la mort par caprice, Monsieur ? Il ouvre la bouche pour répondre, mais Ying Yue le coupe aussitôt. Inutile de répondre, je suis certain que non. » Il pince les lèvres en un sourire mauvais. Dommage, il allait répondre que ça lui est complètement égal, que si le Løjtnant avait fait plus attention à ses hommes ils n’en seraient pas là. Il pourrait presque réellement le penser. Presque. C'est probablement mieux qu'il ne lui ait pas laissé l’occasion de le dire à voix haute.
Le sourire narquois du soldat qu’ils croisent dans l’escalier ne lui échappe pas. Cependant, il fait de son mieux pour donner l’air de l’ignorer totalement et passe devant lui la tête haute. Sa fylgia, elle, ne prend pas la peine de passer sous forme brumeuse pour gagner de la place et bouscule au passage celle de l’autre homme.
« Comme je n'ai nullement plaisir à vous voir mourir de froid en slip, je vous conseille de donner votre taille, poids et celui de l'équipement que vous comptez prendre avec vous, le cas échéant. En sachant que nous allons sous trente mètres de profondeur. »
Un frisson désagréable court le long de sa colonne vertébrale. Il n’a jamais plongé aussi profondément. Pas pour ses loisirs, encore moins dans le cadre professionnel. Est-il seulement qualifié pour cette mission ? Probablement toujours plus que Jasper, mais…
Comme si elle pouvait sentir les doutes de son sorcier, Andromaque vient mettre un coup de tête affectueux contre sa hanche. Elle le fixe de ses grands yeux bleus, sans un mot, l’air de dire je suis là, je veille sur toi.
Ozymandias se tourne vers la Korporal pour lui donner ses mensurations, sans cesser de surveiller Ying Yue du coin de l'œil. Pourquoi est-ce qu’il n’est même pas allé voir les blessés, s’ils sont si importants que ça ? Il se retient de poser la question, bien qu’un sourire narquois étire le coin de ses lèvres. Mal placé pour donner des leçons et pourtant il ne se gêne pas pour le faire. Typique d’un Amundsen.
« Je vais avoir besoin de plus d’informations que ça. Si vous êtes seulement capable de me les fournir. »


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Ying Yue Amundsen
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@Ozymandias Mørk • 26 mars 2024 - matin


« Je vais avoir besoin de plus d’informations que ça. Si vous êtes seulement capable de me les fournir. » Sa phrase agrémentée d’un sourire narquois plante mes ongles finement coupés droit dans mes paumes. Les poings serrés dans mon dos sont la seule expression physique tout à fait visible de la colère que sa remarque vient de faire flamber dans mes nerfs. Ca, et le haussement de sourcils de Fridha qui semble avoir du mal à contenir sa surprise face à l’audace du civil qui se trouve devant elle. Le regard noisette de la Korporal glisse sur moi, croise mes yeux devenus plus tranchant d’une pointe de diamant, avant de se détourner dans une expression d’amusement terrifié. Elle s’éloigne rapidement pour aller consulter son registre avec les mensurations récoltées auprès de l’archéomage, tout en continuant de jeter de temps en temps un coup d'œil vers nous par-dessus son épaule. La tension vibratoire que sa question à déclenché grésille dans le silence volontairement fermé que je lui impose pour toute réponse. Le tigre qui a repris forme à mes côtés laisse sa queue battre méthodiquement la mesure d’une mélodie digne d’une marche impériale lente et menaçante, tandis que la petite sterne arctique de Fridha lustre ses plumes blanches avec l’air de celle qui n’écoute pas. Il est pourtant évident qu’elle ne compte rien perdre des échanges qui suivront, ça m’agace tout autant que ça m’amuse, avec une prédominance de l’agacement, tout de même. Le manque de sommeil manque de me faire grincer des dents, une désagréable sensation de fourmillement magique instable qui marque des pics de temps en temps me hérisse le poil dans le mauvais sens, et le manque de caféine devient cruellement inadéquat à la poursuite de toute conversation polie avec le Mørk et son aptitude à manquer de respect à tout ce qui bouge. Pour la deuxième fois depuis que j’ai frappé à la porte de sa cabine, je pose un regard mauvais et inquisiteur sur lui, détaillant et jaugeant sa silhouette dans un infime reniflement de dédain : « Korporal, mettez-lui six branchiflore de secours. En plus du masque à oxygène. Je crois que notre archéomage n’est pas habitué aux grandes profondeurs, et personne n’est disponible pour vous faire une formation express. Monsieur. » Les deux dernières phrases lui sont adressées d’une voix calme, posée, ténue. Presque un murmure qui s’étire pourtant d’une netteté acérée. « Ajoutez également trois kits d’oxygène d’urgence, si ils nous en restent assez en stock. - Il ne nous en reste seulement deux. - Dommage, on devra s’en contenter. J’espère pour vous que vous n’êtes pas claustrophobe. » Parce que trente mètres de profondeurs peuvent être une sensation désagréable pour quelqu’un qui n’a pas l’habitude. Quand bien même la magie nous préserve de pas mal des désagréments de la pression rencontrée par des plongeurs moldus, par exemple, la sensation peut rester étouffante pour ceux qui n’aiment pas l’idée d’être enfermés. Un éclair de pensée impose un visage connu qui serait parfaitement inadapté pour ce genre de mission, avant de le repousser au loin au son de bottes rapides qui descendent vers nous. « Løjtnant Amundsen. » La voix traverse la pièce avant même que l’homme ne soit entièrement descendu, appelant d’un ton trop impérieux pour être une bonne nouvelle. « Vous, restez-là. Et touchez à rien. » En quelques enjambées rapides je rejoins le militaire, remonte quelques marches de l’escalier pour nous garantir un minimum de discrétion, écoutant attentivement ce qu’il me murmure précipitamment à l’oreille : « Marineoverkonstabel Maans fait une nouvelle hémorragie, il a été mis sous transfu, on n’a pas assez de poches pour tenir plus de dix heures. - Il est stabilisé ? - Négatif Løjtnant. - Entendu, tenez-moi au courant. Autre chose ? Le relevé de dix heures ? - Identique aux précédents. Pics réguliers à cinq, dix, quinze, vingt, vingt-cinq et augmentation de cinquante pour cent à trente. Si on continue comme ça, celles de treize heures risquent de déclencher une nouvelle secousse sous-marine. Voici le rapport, avec les nouveaux ajustements médicaux à demander en urgence. - Merci Sergent. » J’attrape le dossier en question avant de retourner au pied de l’escalier pour apostropher le Mørk de loin : « Vous, venez, on a assez traîné. Fridha, je t’envoie les informations complémentaires plus tard. J’ai besoin de ton rapport sur la tenue de Maans, ce qu’il avait en partant et ton analyse d’examen de ce qui est revenu. » Le tutoiement file sans même que je m’en rende compte, infime perte de contrôle qui laisse percer le trouble nerveux qui agite mes entrailles face aux nouvelles qui viennent de m’être données. Mon regard croise à nouveau celui de la Korporal qui me fixe sans rien dire. Un signe de tête, un coup d’œil qui saute sur l’archéomage avant de revenir sur moi avec une lueur sombre auquel je réponds d'un léger plissement de paupières qu’elle interprète immédiatement comme le signe de silence que je lui recommande grandement.

Dans une rapide rotation d'épaule qui fait crisser les bottes sur la marche, je reprends la direction du pont supérieur. Cette fois la marche est sèche, rapide et nerveuse. Revenu dans la coursive principale, je ne prends pas le temps de vérifier qu'il me suit, je ne prends pas le temps d'ajouter la moindre pique - qui serait de moins en moins polie - avant de passer devant le quartier du réfectoire et de croiser une équipe de six matelots aux larges rires qui claquent sur notre passage. La pression, déjà trop haute, éclate comme une bulle d’air chaud au son d’un : « Eh, vous croyez qu’il a dû faire rouler ses muscles sous son nez pour le faire sortir de son placard, ou qu'il en a après les fesses du Løjtnant ? » murmuré qui titille malgré tout la sensibilité de mes oreilles. Ils sont déjà derrière nous, de quelques pas, quand mes pieds s’arrêtent net. Un volte-face rageur qui libère toute l’intensité d’une colère froide qui luit dans le rictus du loup qui dévoile ses canines avant de fondre sur le matelot audacieux. Coude dans la jugulaire, iris plantés dans les siens, le grognement roule, menaçant contre sa poitrine. « Vous avez de la chance qu'on soit en quarantaine, Pitfurn. A défaut, j'ai le plaisir de t’annoncer que tu es volontaire pour la première ligne de toute à l’heure. Faut aller récupérer le pied de Pills. » Il blêmit quand je me recule, pointant ma baguette sur son insigne afin d’y apposer une marque rouge. Le militaire, plus blanc à présent que ma veste d’officier, coule son regard sur l’insigne d’un air affolé « Løjtnant vous pouvez pas. Je… - Un commentaire à ajouter, Marinekonstabel ? Continuez comme ça et je vous recommande personnellement au douzième. Vous aviez l'air d'y avoir des affinités la dernière fois. » La menace, bien que moqueuse, est sérieuse. Légèrement humiliante pour un membre de notre régiment, mais je ne suis pas d’humeur à être dans la juste mesure. « Non, mon Løjtnant, rien à ajouter. » Un dernier frémissement de lèvre mauvais vient rompre la ligne serrée mon visage avant que celui-ci ne retrouve sa neutralité de rigueur et que je ne reprenne ma marche vers la cabine des officiers située au dernier niveau, vers la poupe, non sans un regard vers Ozymandias où perce une légère suspicion mêlée d’incompréhension.

Il nous faut quelques trois minutes supplémentaires pour atteindre le bureau, et une seconde de plus avant d’en faire claquer la porte derrière nous. D'un souffle agacé, les dossiers claquent sur la table centrale déjà mêlée de nombreux documents et cartes officielles, avant de filer droit sur le café fumant resté intact depuis que quelqu'un avait eu la bonne idée de le faire, il y a plus de trois heures. « Je sais pas ce que tu as fait Mørk pour leur faire croire que tu…Mais c'était pas ton idée la plus lumineuse. » Toujours sans lui accorder le moindre regard, une tasse de café en main, je contourne la table centrale pour aller jusqu'à une petite flamme qui brûle doucement dans une coupelle pleine de petits messages codés diverses que je m’empresse de rassembler et de trier, m’arrêtant sur l’un d’eux dans un sourire narquois. « Je t’ai promis un café, sert-toi pendant que je réponds à ta chère petite sœur. Je la pensais pas être du genre aussi envahissante. » Léger regard narquois griffé en direction de l’archéomage avant de reprendre le dossier confié par le Sergent et de noter sur un bout de parchemin vierge l’ajustement d’équipements médical demandé par l'équipe du Ståltann.



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@Ying Yue Amundsen

« Korporal, mettez-lui six branchiflore de secours. En plus du masque à oxygène. Je crois que notre archéomage n’est pas habitué aux grandes profondeurs, et personne n’est disponible pour vous faire une formation express. Monsieur. Ying Yue le regarde de haut en bas avec mépris, avant de reprendre : Ajoutez également trois kits d’oxygène d’urgence, si ils nous en restent assez en stock. - Il ne nous en reste seulement deux. - Dommage, on devra s’en contenter. J’espère pour vous que vous n’êtes pas claustrophobe. »
Ozymandias déglutit. Il n’a jamais été particulièrement claustrophobe, mais il n'a jamais été à trente mètres de profondeur dans l’océan non plus. Il n’écoute que d’une oreille distraite le militaire qui fait irruption dans la pièce pour donner des nouvelles des blessés. Ça ne l’intéresse pas. Déjà qu’on ne lui laisse aucun choix de risquer sa vie pour ces gens…
« Vous, venez, on a assez traîné. » Ying Yue se met en marche sans même vérifier qu’il le suit. Quelque part sur la coursive, il entend résonner les rires gras d’un groupe d’hommes.
La remarque le gifle de plein fouet, lancée juste assez fort pour qu'il puisse l’entendre au passage. Le regard moqueur du militaire se heurte au sien, pupilles devenues vertes de rage.
Il serre les dents, prêt à encaisser sans un mot. Mais contre toute attente, Ying Yue pile brusquement. Il évite de justesse de lui rentrer dedans alors que ce dernier fait volte-face pour fondre sur le coupable.
Ozymandias le regarde frapper sans ménagement son subordonné avec un mélange de surprise et de satisfaction. Rien que pour ça, le Løjtnant remonte un peu dans son estime. Mais pourquoi réagit-il comme ça ? Il s'attendait à une parfaite indifférence de sa part, voire un sourire en coin narquois qui souligne son approbation. Mais pas à cette explosion de rage.
Il reprend son chemin aussi brusquement qu'il l’avait interrompu, à une allure telle qu’Ozymandias doit presque courir derrière lui pour le rattraper. Une fois la cabine des officiers enfin atteinte, il se jette immédiatement sur le café, non sans gratifier l’archéomage d’un coup d'œil méfiant.
« Je sais pas ce que tu as fait Mørk pour leur faire croire que tu… Mais c'était pas ton idée la plus lumineuse. »
Ying Yue évite son regard, concentré sur ses messages, qu'il semble trier consciencieusement.  Que je quoi ? Que j'en ai réellement après tes fesses, Ying Yue ? Non, il n’a rien fait pour ça. Il a même essayé d'éviter les autres militaires, de rester autant que possible dans son coin. Visiblement, ce n'était pas assez.
« Je t’ai promis un café, sert-toi pendant que je réponds à ta chère petite sœur. Je la pensais pas être du genre aussi envahissante. » Le sourire narquois du Løjtnant lui donne beaucoup trop envie de l'attraper par le col de son uniforme et de le secouer comme un prunier.
« Je fais rien croire du tout. » Marmonne l’archéomage entre ses dents. C'est à peine s'il a adressé la parole à qui que ce soit depuis son arrivée sur le navire. Mais visiblement, le simple fait d'exister et d'être lui-même suffit à ces gens pour le percer à jour.
Pourtant, je suis loin de porter ma tenue la plus flamboyante, pense-t-il avec amertume. Il n'a jamais vraiment compris quel est le détail qui le trahit à chaque fois. Sa démarche ? Son intonation ? Sa gestuelle ? Au fond, ça ne changerait rien de le savoir. Il ne changerait rien à sa personne. Surtout pas pour des militaires.
« Et parle pas de ma sœur comme ça, ajoute-t-il en passant machinalement au tutoiement, lui aussi. Pas étonnant qu'elle s'inquiète, quand on voit à quel point ton équipage est incapable de se comporter de manière civilisée. »
Arsinoe l'avait prévenu. Il avait voulu croire qu'elle exagérait, qu'elle était juste un peu trop protectrice envers lui. Il aurait dû la prendre au mot. Ces branleurs, comme elle dit, ont effectivement été très rapides à l’emmerder et ne donnent aucun signe de vouloir stopper.
Il tourne le dos à Ying Yue et s’empare rageusement de la cafetière pour se servir une tasse remplie à ras bord. Ce café semble à peine buvable, mais à ce stade, c'est probablement le dernier rempart entre lui et l’incident diplomatique.


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@Ozymandias Mørk • 26 mars 2024 - matin


Un rapide crépitement m'avertit qu'un nouveau message va jaillir de la petite flamme. Couleur jaune, message interne. Sans même regarder j’attrape le papier au vol pour le glisser sous mes yeux tandis qu’Ozymandias marmonne un : « Je fais rien croire du tout. » qui accentue mon sourire narquois. Maans est stabilisé. L’information rassurante est stockée avec les autres informations traitées dans une boîte ouverte sur le bureau et je reprends la rédaction de mon court mot pour la division d’intervention de soin aérienne. Qui se trouve être sous la responsabilité de la petite sœur de l’archéomage qui à l’air passablement agacé par ce que j’ai pu dire sur elle juste avant.  « Et parle pas de ma sœur comme ça. Pas étonnant qu'elle s'inquiète, quand on voit à quel point ton équipage est incapable de se comporter de manière civilisée. » Je relève un regard amusé vers lui tout en jetant une pincée de poudre dans la flamme associant le code magique nécessaire pour l’envoyer à la bonne personne et jette machinalement le parchemin dans la flamme qui l’avale aussitôt. Suivant ses mouvements vers la cafetière, je ne réponds pas immédiatement, prenant quelques instants pour étudier ses gestes et son attitude générale. Il est agacé ? Est-ce la première fois qu’il met les pieds sur un navire militaire, seul ? Est-ce qu’Arsinoe a eu la bêtise de ne pas le prévenir du genre de comportement qu’il pourrait y trouver ? Ou bien a-t-elle été trop douce dans ses propos pour ne pas choquer son adelphe ? Intriguant, mais peu important. La sensibilité de l’homme qui s’est rempli une large tasse de café ne m’intéresse pas. Mon seul souci est autour de ce qu’il pourrait avoir l’idée de rapporter à sa petite sœur. Autant dire, que ce souci-là est bien peu élevé. Au pire, ça me ferait une bonne excuse pour la provoquer en duel une deuxième fois et prendre ma revanche, au mieux ça me permettrait de pouvoir me moquer plus longuement d’Ozymandias et de son possible côté pleurnicheur. Oui, à le regarder bouder dans sa tasse et au vu du mal que j’ai eu à le tirer de sa cabine, je suis certain qu’il a un côté comme celui-ci avec ses proches. A se plaindre de la méchanceté incroyable des militaires qui ont eu l’audace de lui offrir une hospitalité presque luxueuse. « Ca me paraît plutôt normal, c’est pas tellement ce qu’on nous demande, d’avoir des manières civilisées. Mais si tu n’as rien fait, tu as dû dire quelque chose, ils ne se jettent pas sur n’importe qui sans avoir eu des miettes à grignoter quelque part. » Je connais mes hommes, et comme ça ne vient pas du monde civil, c’est forcément qu’il a dû se passer quelque chose hier soir. Je reprends, toujours sur le même ton amusé: « J’espère que tu t’attendais pas à une croisière tout confort quand même. C’est un navire militaire, pas un paquebot de luxe. Tu devrais pourtant avoir l’habitude avec ta petite sœur, les manières civilisées c’est pas tellement son truc non plus. » Je détourne mon attention de ses yeux pour chercher ma tasse du regard et m’en emparer et avaler ma première gorgée de café de la journée. Une gorgée plus que nécessaire qui me fait ciller dans une infime démonstration de satisfaction. Je laisse l’arôme amer roulé contre mon palais avant de reposer la tasse sur la table centrale et d'ôter ma casquette d’officier pour plus de confort. La suite s’annonce plutôt longue, expliquer des termes et des situations à des civils ne fait pas partie de mes activités favorites. Il va me falloir faire un gros tri entre ce que je vais pouvoir lui dire pour la sécurité de tout le monde, et ce que je dois garder sous le secret militaire. « Touchant que tu juges nécessaire de prendre sa défense. Ca me donne presque envie de vous rendre service. » Une émotion qui oscille entre la joie douce d’une idée lumineuse et celle mauvaise du plan à double tranchant vient redessiner des courbes narquoises sur mon sourire. Justement, un énième crépitement de flamme vient ponctuer l’idée qui a germé dans ma tête. Le nouveau mot, bien évidemment de la Kaptajn, me fait sourire plus franchement cette fois. Non seulement elle accepte ma proposition de participer à ma prochaine nuit de pleine lune, mais en plus elle me donne l’occasion rêvée de m’amuser encore un peu plus aux dépens de la fratrie Adelsköld. « Elle s’inquiète en effet beaucoup, vu la rapidité avec laquelle elle répond à mes messages. Vraiment touchant de la découvrir aussi sensible envers quelqu’un. Je m’en voudrais de la laisser dans un tel état de stress. Tu veux lui glisser un mot rassurant ? Je crois qu’elle me fait moyennement confiance pour reporter la véracité de ton bien être actuel. » Liant le geste à la parole, j’attrape un bout de parchemin vierge pour le tendre vers l’archéomage : « Évidemment je serai obligé de lire ce que tu y auras inscrit. Je sais me montrer généreux, pas inconscient. Et j’ai des informations officielles à y faire figurer en complément. Je profite de cette proposition pour te faire le laïus habituel. » Je racle sèchement - et exagérément - ma gorge, reprends une stature plus droite et officielle, plante un regard sérieux dans le sien et reprend immédiatement la parole d’une voix protocolaire : « Monsieur Mørk, vous êtes sur un navire militaire en mission placée sous le secret défense. Aussi, vous n’avez pas l’autorisation de parler, évoquer, transmettre un souvenir de ce que vous verrez, entendrez, ou toucherez durant toute la durée de votre réquisition. Vos rapports seront lus, consultés et modifiés si les informations écrites rapportées ne sont pas en accord avec la sécurité nationale. Vous ne pourrez échanger ni avec d’autres civils, ni d’autres militaires d’aucun grade ni faction sous peine de vous exposer à une condamnation par la cour martiale. » D’un signe de tête je marque la fin de ma déclaration, reprends ma tasse de café, et en bois une longue et prolifique gorgée. « Maintenant je vais pouvoir t’exposer la situation, dès que tu es prêt. » Attendant ses différences réponses, je repose ma tasse et entreprend de rassembler quelques documents devant moi pour avoir des données précises à lui transmettre.



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Ozymandias Mørk
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« Ça me paraît plutôt normal, c’est pas tellement ce qu’on nous demande, d’avoir des manières civilisées. Mais si tu n’as rien fait, tu as dû dire quelque chose, ils ne se jettent pas sur n’importe qui sans avoir eu des miettes à grignoter quelque part. »
Le bleu de ses iris s’assombrit au fur et à mesure qu’il l’écoute. Évidemment, c’est forcément de sa faute, c’est forcément quelque chose qu’il a dit, et pas simplement le fait que son équipage est un ramassis de cons intolérants. Évidemment. Il n’ose pas l’exprimer à voix haute, mais son regard en dit probablement long. Il devrait être dans son lit, pas en train de se préparer à risquer sa vie pour des gens qui lui crachent à la figure dès qu’il les croise.
« J’espère que tu t’attendais pas à une croisière tout confort quand même. C’est un navire militaire, pas un paquebot de luxe. Tu devrais pourtant avoir l’habitude avec ta petite sœur, les manières civilisées c’est pas tellement son truc non plus. »
Il serre les dents. Manquer de confort, c’est une chose. Il en a l’habitude en expédition, le matériel fourni par le musée n’est clairement pas le plus moderne ni le plus luxueux. Mais se faire dévisager comme une bête de foire, ridiculiser et insulter, ça ne correspond pas exactement à l’idée qu’il se fait de la politesse la plus basique. Celle que même un militaire devrait être capable de comprendre.
« Touchant que tu juges nécessaire de prendre sa défense. Ça me donne presque envie de vous rendre service. » Cette fois-ci, Ozymandias fronce légèrement les sourcils. De quoi est-ce qu’il parle ? Le sourire narquois arboré par Ying Yue ne lui dit rien qui vaille.
« Elle s’inquiète en effet beaucoup, vu la rapidité avec laquelle elle répond à mes messages. Vraiment touchant de la découvrir aussi sensible envers quelqu’un. Je m’en voudrais de la laisser dans un tel état de stress. Tu veux lui glisser un mot rassurant ? Je crois qu’elle me fait moyennement confiance pour reporter la véracité de ton bien être actuel. »
Pourquoi est-ce que ça l’étonne autant, qu’Arsinoe s’inquiète pour lui ? Ying Yue n’en ferait-t-il pas autant, si son petit frère se retrouvait embarqué brusquement dans une mission dangereuse ? Il retient de justesse une remarque acerbe au sujet des liens fraternels entre Amundsen, ce serait hypocrite de sa part quand on voit l’état de sa propre famille. Il aurait presque envie de voir sa sœur débarquer sur le bâteau pour mettre une raclée à Ying Yue ‒ ce ne serait que la deuxième en quelques mois à peine. Faire disparaître une fois pour toutes son insupportable sourire.
« Non, les manières c’est pas son truc, je te l’accorde. Mais elle se permettrait jamais de se foutre de moi pour ça, gronde l’archéomage en saisissant le morceau de parchemin qu’il lui tend. Et elle se montrerait pas ingrate au point d’insulter ouvertement la personne qui va la sortir du pétrin dans lequel elle s’est mise. » Sur ce dernier point, il n’est pas absolument certain de ses dires, elle en serait capable. Mais pas comme ça. Pas avec ce genre d’insultes.
À défaut de pouvoir exprimer pleinement le fond de sa pensée, il se penche sur le bureau pour coucher rageusement quelques phrases par écrit.

Ils sont effectivement aussi cons que tu l’avais prédit, mais ça va, ne t’inquiète pas pour moi.
Prends soin de toi.
Ozy

« Évidemment je serai obligé de lire ce que tu y auras inscrit. Je sais me montrer généreux, pas inconscient. Et j’ai des informations officielles à y faire figurer en complément. Je profite de cette proposition pour te faire le laïus habituel. »
Ozymandias lui rend le parchemin, un sourire défiant au coin des lèvres. Il est certain que son petit mot ira très bien avec ces fameuses informations officielles. Il l’écoute déblatérer ses consignes d’un œil morne, plus intéressé par le contenu de sa tasse que par la perspective de se retrouver face à la cour martiale.
« Maintenant je vais pouvoir t’exposer la situation, dès que tu es prêt. » Enfin. Il va enfin pouvoir voir l’étendue des dégâts et savoir à quoi il à affaire. Si tout cela fait seulement partie des informations que le Løjtnant est autorisé à lui révéler. Il ne fait pas plus confiance à ses supérieurs qu’à lui pour lui donner tous les outils dont il aura besoin, dans cette affaire. Ils seraient bien capables de le mettre réellement en danger pour continuer à protéger leurs secrets.
« Dépêche-toi, qu’on en finisse. » Il repose sa tasse à présent vide sur le coin du bureau, lorgnant déjà à nouveau en direction de la cafetière.


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