I Enfant au derme trop pâle, aux perles à l'azure usé, de constitution chétive, maigrelet, gringalet...les sarcasmes auraient pu rompre si aisément ses os que la destinée dans sa miséricorde lui épargnait ces maux. Sa bistre chevelure luisante de térébenthine et sa nuque serrée par ces tissus de satin divers. Sixten portait malgré lui le blason des Hjermstad. Si ce n'était pas la solidité d'un physique guerrier qui l'avait cueilli au berceau, si ce n'était pas vers lui que le couard viendrait à se tourner par instinct, l'enfant avait pour lui...ce qui s'enquérait tant par la tradition, que par l'esprit. Une écrasante fortune lui reviendrait, elle se constituait de la matérialité d'une lignée fort aisée et d'une chance irrévérencieuse, celle d'un jour être Järl. Quant aux gaietés impalpables qui l'agitait, elles renfermaient un exotisme attrayant et stimulant. Gamin devin, héritier prodige et cervelle frétillante s'alliait aimablement pour constituer un être qui pouvait estimer avoir la liberté du choix : celui de se sublimer dans la lumière d'une existence bien employée ou celui d'y renoncer pour transcender son individualité dans l'ombre de l'exemple par la négation. Héro ou antihéros, les revers d'une même pièce...Tout lui semblait n'être qu'une disposition de l'esprit à saisir tel travers plutôt que tel autre, à s'abîmer dans le jugement de son prochain plus que dans l'acceptation de sa nature inée et profonde.

Pour solder-là les tergiversions, Sixten avait l'impertinence du chérubin brillant et il se complaisait à en jouir sans s'encombrer des quelques miasmes des contemplateurs. Prodige en tout point, pourquoi se contraindre au silence de l'humilité lorsque ses médiocres comparses avaient plié l'échine sous sa prestation ? Elevé par un Järl dont le revers d'acier était tout aussi fameux que ses mots sirupeux bavant d'un venin insidieux, Sixten devint promptement un être revêche. Châtié à ce titre, l'impero le faisait céder ...le sortilège lui laissait d'oblongs épisodes où sa conscience se dérobait à lui sans qu'il ne sache reconstituer la trame de cette odieuse facétie. S'estimant si souvent souillé par ce père intrusif et ... contrôlant, le devin s'est longtemps égaré. Craintif pour une ample partie, angoissé jusque dans des sueurs nocturnes qui l'escortait, le pourchassait à chaque assoupissement, il s'était fait comme un serment de veiller au-delà des limites de sa psyché. Ainsi, il se voyait gâté d'humeurs taciturnes, étrangement moroses, prompt à l'agressivité et à pugnacité. Dédaignant ceux qui se faillissaient à eux-mêmes, ce qui ne savaient en découdre et se débattre, il devenait trop mûr pour son âge. Les responsabilités étaient ses préceptrices, les coups ses conseillers, la ruse le meilleur moyen d'obtenir quelques grâces. Sa tendance à somatiser rythmant son existence jusqu'au trépas de cet homme trop aigre, trop sombre, tortueux qu'était son père, lui avait octroyé des saignements de nez commun, des palpitations usuelles...Les quelques volées de blouses blanches qui l'encadraient et constituaient autant de sirènes mugissantes au moindre éternuement lui diagnostiquait un souffle au coeur et un psychomage préconisait un suivi psychologique arguant un stress post-traumatique caractérisée. On ne pouvait guère le nier, il y avait ci et là quelques myriades d'intrigues qui se tapissaient dans les gestes du garçonnet. Sa magie éclectique était tant la preuve de son talent que les ressorts retors de troubles obsessionnels qu'il contenait difficilement. Si souvent les fines lames de couteau à huître étaient venu caresser les cotes de son elfe de maison, Orenhet sous l'impulsion d'une effroyable crainte soudaine. D'une pensée agonisante. Si souvent avant d'ingurgiter son jus de citrouille ses paumes creuses aux teint laiteux en tapotaient le verre trois fois. Puis, encore trois fois...et une dernière fois trois fois ... neuf fois ! Parfois, l'horlogerie était ravagée...les cadrans fendus, pourquoi ? Parce que si la trotteuse trottait alors, peut-être qu'il ne souviendrait plus de la seconde qui s'écoulerait juste après que la trotteuse trotte ?! Et s'il oubliait cette seconde ? Est-ce que cela signifiait que l'impero l'avait frappé dans son dos, sans qu'une fois encore ... il ne le sache ? Sixten préférait omettre que la trotteuse trottait.

Naturellement Sixten était bien davantage perçu comme un garçonnet insolent, que souffrant par son père. Ainsi, il fut séparer de toute emprise médicale et poursuivit son existence qui oscillait entre des visions qui s'intensifiaient tant dans leur fréquence que dans leur profondeur, et la vie commune de tout sorcier de l'époque. Son agressivité se muait progressivement en une intolérance planante. L'enfant s'était assagit sous les quelques misères que lui infligeait un père contrarié par le comportement outrancier de son héritier. Le plus souvent un sort de mutisme venait assagir les craintes de l'enfant et étouffer ses sanglots nocturnes. L'héritier troquait les ruades, pour des bons mots et des habilités de l'esprit.

L'intégration de Durmstrang par celui-ci lui avait été salutaire. Sixten s'épanouissait dans son indépendance, jouissait pleinement de son identité d'héritier Hjermstal et de fils d'Odin. A sa propre surprise il semblait incarner promptement tout ce que l'on pouvait redouter d'après ses congénères. Naturellement, l'essence tortueuse du talentueux garçon dissuadait les curieux et les faisait se ranger à ses côtés aisément. Lui-même s'était encadré d'une ribambelle "d'ami" dont les rangs étaient grossit de sang-pur de noble condition, il n'était pourtant pas un leader. Cependant, l'intelligence lorsqu'elle était perfide et l'excellence une fois noircie savait octroyer à Sixten un charisme fait d'ambivalence. Juste ce qu'il fallait pour se tenir en bras droit du leader, ce qui lui semblait bien plus acceptable. L'ombre permettait la latitude de l'action et l'agilité de la pensée.

Peu ennuyé, les jalons de sa scolarité était à la hauteur des attentes familiales qui le faisait obtenir un remarquable silence. Peu lui importait, il y a trouvait une satisfaction intimiste. Attrapeur, champion du tournoi de Durmstrang, nul ne saurait lui reprocher ce physique, jadis trop maigre, trop osseux pour inspiré qui que ce soit. Toutes ses lacunes semblaient résorber, il se présentait comme un jeune sorcier sans faille.

II Le futur Järl avait cela pour lui d'horripilant, sa simple existence renvoyait à celui qui l'épiait le reflet de sa propre petitesse et médiocrité. Sixten survolait les difficultés, il convolait vers les hauteurs taisant angoisses et autres joyeusetés dans l'aigreur de son intimité. L'institut de justice magique ne présentait nulle difficulté théorique, il poussait le vice à la majoration et au perfectionnement de son excellent parcours en ajoutant à sa connaissance en sciences politiques ... la maitrise plus pratique du cursus force de l'ordre. Ainsi s'octroyait à ses ambitions tout le Ministère se plaisait-il à penser dans sa jeunesse érudite et savante. C'est sur cette même tranche de vie qu'il dût se rapprocher sous le joug de la contrainte d'Hedvig Falkenberg. Les deux âmes, bien que ne s'étaient pas choisies, étaient remarquablement bien associées. Communs dans leur idéaux pétris de noirceurs, ces derniers se complétaient à bien des égards et si en 1985 aucune des deux ne semblaient véritablement l'appréhender ...L'évidence demeurait intacte, si leurs destinées s'étaient croisées c'est qu'elles s'épanouiraient en ne faisant plus qu'une. Un duo d'or pour les sceller, ils se sont progressivement vus mûrir en même temps que leur relation. Epoux, congrue, puis amant, amitié sincère, confidence, aimé, meilleur ami, grand amour ? Gorgés d'ambitions, ils progressaient dans les veines du Ministère, l'un était les yeux de l'autre, l'autre était les oreilles de l'un. Information, machination, projection et plan d'ascension partout où les époux Hjermstad s'encombraient de considérations un exploit en naissait. Promptement les convoitises survenaient, les quelques jeux disgracieux du pouvoir retentissaient lointains à leur ouïe. Une responsabilité les unissait, celle de porter haut les bannières de leur lignée et l'amour les aliénait dans l'abnégation. Ils se choisissaient une nouvelle fois en 1989 à l'ombre des regards. Leur témoin n'était autre qu'une amie du couple Hjermstad, Kaïa Amundsen. Gardienne du secret, cette femme de confiance aux sombres travers les avait scellé à jamais. Leur serment était inviolable et seul Sixten, Hedvig et Kaïa en détenaient les termes. Il foulait les pas du Ministère et paisiblement  le sang-pur se muait en un être incontournable. Son père lui avait préparé le terrain puisque l'homme à son trépas avait également été un respectueux Conseiller spécial de plusieurs premiers ministres avant d'avoir longtemps endossé une fonction politique auprès du Pouvoir institué. En 1992 l'horrible sorcier crevait sous les prunelles narquoises de son fils aîné. Un revers de fortune que Sixten estimait être d'une profonde justesse et d'une abnégation certaine. Il y avait pour le sang-pur une libération certaine dans cette action éphémère au relent d'éternité. La mort ne se répandait pas en puérile distinction, elle ne s'égarait guère dans les sinueuses pensées corporatistes, elle était égale avec tous. D'une bienveillance immuable lorsqu'elle octroyait le repos aux raclures, d'une abnégation servile car à tous sa paume nécrosée se proposait comme un guide. Sixten se souvenait de cette carcasse étendue de tout son long dans des drapés de satin émeraude, la nuque raidie et grisâtre noyée dans les oreillers de plume d'hypogriffe. Les traces d'une bruine salée se laissaient deviner le long de cette joue creuse au derme parcouru de striure. Un père si dur. Les orbites injectés d'un sang étonnamment mulâtre et lit de vin, quelques veines semblaient avoir cédées ..Il se souvient car Sixten s'était penché pour observer le globe oculaire offert à la vacuité ambiante. Le regard d'un poisson mort. Torve. Inanimée et une ris séchée. Amusant constat ! Fascinant ! Quant à cet acte. Sixten le comprenait, comment s'endurait-il lui-même ? Visiblement, il en était lui-même parfaitement inapte si son père s'était suicidé...Lui qui lui avait survécu passait à la postérité et ainsi sa toute-puissance se révélait à cet homme. Misérable sorcier qu'avait été son père. Misérable dépouille sans dignité. Le bout boisé de baguette avait titillé l'oeil droit avec une curiosité moribonde, son rictus s'était creusé. Cela était le geste le plus tendre qu'il avait un jour échangé avec ce père si aimant et au fin fond de son être il se demandait si son fils aîné Lloyd se retrouverait un jour perché au-dessus de sa propre carcasse à réitérer cet exploit. Un rire éprit de légèreté lui avait échappé sous le poids de ses affabulations ! Lloyd n'avait qu'un an en 1992.

Quelques années plus tard, le sorcier a la solide réputation intégrait le département des Mystères scandinave en tant que Langue-de-plomb. Nulle preuve à apporter, Sixten était l'allégorie de l'exemplarité et de la fermeté. Sa mine résolue à la froideur ne pouvait que complaire à ses fonctions et promptement il se vit confier quelques missions de coopération aux relents internationaux.  Cela consistait à faire une liaison par correspondance sur des sujets épineux d'haute ampleur. Le commun des sorciers seraient sévèrement ébranlé par ces savoirs ancestraux honnis du sens commun qui se liaient au Temps, aux prophéties ... De miraculeux concentré de complexités insaisissables, fuyantes, hasardeuses. Cependant, c'est en 1998 que celui qui était Järl se voyait confier une mission plus audacieuse. Mandaté par le Ministère Scandinave pour coopérer auprès du Ministère anglais au sein d'un département équivalent. De prime abord le sang-pur s'était interrogé longuement, la distance l'éloignait de façon horripilante d'Hedvig et secondairement de leurs enfants, car l'année 1997 avait vu naître Håkon. Petit nourrisson aux perles bleutées qui depuis cette vision impie était destiné à possiblement déjouer les failles d'un hasard tempétueux. Sous l'impulsion de son épouse, Sixten y avait néanmoins consenti.

III En 1998, son existence allait se parer de travers infamant au possible. Le territoire anglais lui déplaisait largement, les rues d'un bitume fade, les buildings dénués des rigueurs hivernales ... Leurs bâtisses avaient des éclats ternes et leurs savoirs culinaires ne valaient guère davantage qu'un crâne farcie de troll à la veillée de Noël. Leur cuisine valait celle des hybrides, ces bestiaux faussement conscient qui venaient réclamer des droits civils sans n'avoir même conscience de l'absurdité de leur condition. Les demi-vampires, les demi-sirènes, les lycanthopes .. De quoi nourrir un gras brasier. Pour autant, Sixten s'échinait à reluire sous les traits du sorcier qu'il avait toujours été. Un bourreau qu'importait son domaine de prédilection et cela lui valait quelques réjouissantes opportunités dont il sût se saisir.

La première fut celle de s'épanouir dans les ruelles noircies des miasmes faméliques de l'allée des embrumes en quête d'une main de la gloire. Si la distance l'arrachait à sa lignée, la langue-de-plomb se plaisait à régulièrement les visiter tant pour assumer son rôle de järl, que celui de mari, d'amant et puis ... plus distraitement de père. Dans les dédales de ces veines trop sombres, il s'était réjouis d'emplettes plaisantes. La seconde fut de répondre à une poignée de main éprise d'amicalité à un sorcier dont l'esprit tortueux tonnait agréablement avec le sien. La rudesse de ses idéaux l'imprégnait et ainsi d'amples noms s'étaient épanché à contempler ses autours. Malefoy, Goyle, Carrow ... et un certain nombre d'autres ? L'important demeurait cette dernière et ultime apostille de gaieté qui s'était présentée à lui. Tout ces faciès n'avaient guère été attiré à lui pour la beauté de son minois et sa verve acide, mordante..Sixten entretenait d'étroite correspondance avec ces hommes d'outre-mer. Ils cultivaient des maux communs et encensaient des bévues qui l'étaient toutes autant. Sixten Hjermstad était honoré par le Seigneur des Ténèbres lui-même. Il devenait Mangemort après d'oblongues réflexions que la langue-de-plomb avait mené en amont il y avait de cela quelques années déjà. Les voiles étaient si fins que les frontières peinaient à endiguer l'ampleur de ce mage noir. Mais qu'importait, pour le scandinave voisin de ce biotope anglais le plus âpre était d'être docilement assermenté à ce sorcier dont le nom brisait les consciences en y insufflant les ruades de la peur. Si jusque-là cette sombre organisation lui était largement connue pour entretenir quelques infâmes correspondances avec certains membre depuis quelques temps déjà, cela ne lui avait jamais véritablement coûté. Il en était désormais tout autre et le poids écrasant de la marque lui mordant l'avant-bras venait le lui rappeler. Flopée de craintes venaient escorter cette délicieuse incartade, car comme son Père fut un temps ...Ce Mage avait pour lui les ressors retors de l'immixtion, de l'intrusion. Sixten se heurtait à des symptômes sans cause, ses visions se faisaient plus prenantes, il les vibrait de tout son soûl. Sa maîtrise faillissait sous la tension et ces craintes qui s'était vues soudainement passer à une postérité qu'elles n'osaient plus même convoitées. Usé. Anxieux. Rongé. En embrassant la voie des ténèbres, lui-même y cédait outre mesure. En 1998, escorté d'un comparse Mangemort et reluisant de ces voilures macabres, sombres, quelques mots lui avaient été soufflé. Dans une de ces bicoques anglaises s'agitait les poings de la résistance, des vents de mutinerie voulait s'arc-boutter au-devant des volontés sacro-saintes du fils de Salazar. Naturellement il convenait de faire cesser l'aplomb et rompre ces desseins. La descendance Peverell causait des troubles, faussait des idéaux nobles et pleins de sagesses, des idéaux qu'ils auraient dût embrasser à la simple mention de ce nom ancestral qu'ils revêtaient. Ombre masquée, ses prunelles céruléennes tirant sur un gris vitreux n'avaient pas sût s'encombrer de l'indécision, qui plus est que la surprise avait très certainement oeuvré pour sa réussite. Qui s'attendait à ce que deux silhouettes parées de l'habit noire et honorées par ces carcans froids masquant leur faciès...surgissent dans une ruelle ascendante pour cueillir votre âme ? Trop peu de gens manifestement. L'ordre du Phénix lui apparaissait alors comme un contestataire fade. Après quelques jets de cordialités pour certains parés, pour d'autres promettant des secondes trop macabres... Le regard d'acier s'était ensuite malencontreusement perché sur une silhouette qui lui apparaissait minuscule.  Le réflexe du Mangemort qui l'accompagnait, Icarus Nott, jaillissait en vif silencio. La petite-fille devait affleurer les è ..peut-être 8 ans ? Derrière les pans de bronze de son masque le Scandinave laissait lui échapper un sourire attendrit. Lloyd avait un âge voisin. Lui et son comparse l'avaient omise, ils l'avaient laissé dans un recoin, après lui avoir octroyé le pain bénit du silence d'un sortilège habile pensant pouvoir mener les hostilités plus sereinement. Infortuné qu'il était cette sorcière était revêche ou habile ? Un soupçon de ces deux tares ? Elle parvenait à immobiliser son collègue et ami Icarus. Il était l'un des sorciers qui l'avait escorté dans ce cheminement vers la voie de l'honneur. Des correspondances de longue date unissait les deux hommes. L'enfant tempétueuse semblait tout autant gâté par cette sottise qui semblait propre aux Peverell. Plusieurs fois de sa petitesse elle avait tenté quelques bons gestes. Inutiles et stériles. D'aucuns nommerait cela du courage...Mais ce n'était que le gisement d'une conscience essoufflée. Everte Statum.Son bras fouette la vacuité. La belliqueuse se voyait projeté dans le coin de la pièce avec une brutalité qui entonnait une note d'un octave grave et saisissant. En un sursaut de poussière, jouer avec les poutres ...les enfants étaient si joueurs ! avait-il songé attendris, la poupée de chiffon chutait. Du coin de l'oeil, il lui semblait dresser le constat d'une chute maladroite laissant le corps inerte. Un léger ris venait bercer ses lèvres fines. Sixten s'impatientait. Il se souvient encore comment sa paume rageuse s'était agrippé à son compère pour l'écarter dans son immobilisme, et comment lui-même avait esquisser un rictus mauvais derrière ses traits de bronze froid. Derrière cet anonymat qu'il revêtait toute sa sensibilité avait rompue son faciès, mais la Peverell ne pouvait qu'apercevoir la profonde haine démente qui brûlait les prunelles du Hjermstad. Avada Kedavra. Son timbre rauque avait éructé l'incantation effroyable. Impardonnable sortilège qui dans un éclat émeraude ricochait sur l'épaule de la membre de l'Ordre. Femme qui s'effondrait sous le poids d'un homme conquit par ses angoisses, ravageait par ses terreurs, satisfait d'y mettre fin en ayant égaré une vie. Sa quiétude valait bien cela car à l'instant où pulsait en lui l'effervescence de sa satisfaction, d'hors-et-déjà Sixten se sentait allégé d'un fardeau qui n'était plus sien. En quelques pas le vautour s'approchait de la chevelure brune dont il semblait perler une onction rougeâtre. Cette vue idyllique lui causait un large sourire ému. Lloyd et Håkon étaient perdu au fin fond d'une froide Scandinavie et leur père passait des moments privilégiés avec d'autres. Il posait son pieds sur l'épaule de l'enfant puis y impulsait quelques à-coups. Cette petite créature ne savait guère se tenir, voilà longtemps qu'elle aurait au moins grelotté d'effrois. Il se retournait, brisait les effets du sortilège sur son compagnon d'arme. "Exaucé.."

Les faucheurs s'en étaient détourné. Deux carcasses gisantes dans leur sillon, deux âmes cueillies. Pourtant, il y avait bien des sinueux rebondissements à entretenir une amitié avec un vautour. Charognard exigeant d'être perpétuellement repu, dans toute sa grandeur l'oiseau de malheur exigeait également d'être certain de sa sérénité. Si toujours le sorcier redoutait la manipulation et haïssait que ses songes soient épié par des présences non consenties, il n'y avait rien d'autre pour le freiner. Nulle autre véritable crainte sur les terres anglaises ne saurait laver ses desseins sournois. Le lendemain de cette offrande faite à un maître trop vicieux, le lendemain de ce voeu exaucé par l'excellence main de fer qu'il se révélait encore une fois être, Sixten était venu trouver un confrère. Service voisin cependant, le bureau des aurors voyait poindre la langue-de-plomb scandinave peu après que dans les coulisses le nom des Peverell vienne déjà agité les lèvres des curieux. Kai Blumenthal. Celui-là même qui pour l'avenir ne se méfiant guère deviendra une source jaillissante de réjouissance pour Sixten. Le Hjermstad lui confiait l'horreur au matin. Quelques longues journées s'écoulaient, la batterie des spéculations reprenaient, le meurtre s'était révélé et Icarus Nott était inquiété. Le Nott prit dans un étau de fer ne soupçonnant guère son compère au bras mordu de la marque prétextait un impero. Habile joute intellectuelle évidée en ces temps de guerre et  qui ne convainquait plus la Cour avec le climat de terreur qui s'abattait en Angleterre. Azkaban à perpétuité. Dommage songeait le Hjermstad il appréciait étrangement le Nott pour un anglais il n'était pas si badaud. Nott allait d'un point A à un point B, il y avait la brutalité du simple d'esprit, mais l'efficacité du médiocre anglais exécutant.  Mais ce sacrifice n'en n'était guère un. Lorsque l'on était dévoué à une cause il convenait de s'y consacrer pleinement. Azkaban serait une terre de recueillement à la hauteur de la qualité de son ôte. Les guerres lui étaient si favorables...

IV 1999 sonne les 38 ans du sorcier qui se voit gâter de la naissance de Magda. Une fille. Nul n'avait jamais vu une héritière mener une des 12 Familles avec un authentique éclat, si Håkon trépassait lui aussi les Hjermstad seraient déchu en même temps que les noces pourpres de l'enfant. Saisit d'une inquiétude ténue et rampante, l'homme ne fut jamais troublé d'une vision infortunée quant à son second fils. Bienheureux, celui-ci poursuivait l'exercice de sa fonction paternelle. Lloyd frôlait les 9 ans, Håkon les 2 ans et déjà Sixten avait institué ce qui s'apparenterait pour les années passant à une tradition familiale : une partie d'échec version sorcier autour d'une tasse de thé le Dimanche après-midi. Les années passant Lloyd gagnait Durmstrang et la Langue-de-plomb s'abîmait dans le constat navrant que Håkon ne semblait guère agité de terreur nocturne. Pas de tressaillement spasmodique. Nul écoulement sanguin nasale... Son minuscule crâne brun semblait parfaitement serein, ses songes ressemblaient de l'extérieur à ceux de tout enfant commun. Nul spleen dans ses prunelles, point de paroles prophétiques..Le Temps lui donnait raison Håkon n'était pas devin. Il s'en était suivi de lourdes concertations du couple, que faire de lui ? Ne partait-il guère sous des auspices misérables ? Hedvig soutenait que la légilimencie était une voie bénite, s'apprenant par la dextérité .. elle représentait un atout considérable et se révélait tant comme une attaque qu'un revers de fortune aux impétueux. Réticent et malaisé, Sixten avait laissé entendre raison à cette femme qu'il aimait tant, car loin de ses souvenirs d'enfants ... Ses paroles n'étaient pas dénuées d'un profond pragmatisme et de l'indifférence le Järl devenait un oeil lointain planant dans l'ombre d'un fils pour l'instant encore épargné de l'étreinte trop froide d'une main rustre autour de sa nuque. Lloyd n'était pas encore mort. Bientôt le garçonnet se ferait une joie lui aussi de ces Dimanches autour d'un thé. Ce ne serait plus le privilège de Lloyd. Les années s'étiolaient jusqu'à-ce qu'une contrariété ne vienne troubler les contours de son existence lisse et brillante. Au-delà du déclin du Mage Noir dont il avait épousé les idéaux, l'enfant Peverell rompait ses horizons scandinaves. Un drame tout personnel qu'il n'avait révélé pudiquement qu'à son binôme. Yeux d'ambre dans lesquels grelottaient des nervures solaires, celles de la vie qui agitait un être. Quelle horreur ! Quelle impudeur ! La minuscule créature avait survécue. Si souvent lorsqu'elle passait le seuil de son antre l'homme songeait nostalgique à cet halo sanguin qui l'avait trompé. Son zèle lui avait fait défaut et l'outrance de la voir vivoter en bonne santé l'accablait. Il eut apprécié la savoir éborgné, la savoir estropié, paralysé, gisante dans un fauteuil comme l'aliéné qu'elle lui semblait être. Ce n'était plus un regard à la dérobée qui lui octroyait, mais une de ces présences précieuses, précautionneuses, qui guettent, qui écoutent, qui se glissaient dans les angles anguleux des pièces.  

V Puis dans ce flot qu'était la vie, les clapotis de quelques spasmes, de quelques douleurs au creux de son thorax et vagues tremblements aléatoires...Symptômes qui ne pouvaient se rappeler à lui que sous les traits d'une somatisation haïssable. Le menant jusqu'à cette année 2019dont les balbutiements s'étaient fait sous le coup d'un destin qui jadis l'avait déjà averti. Sixten n'avait pas été froissé dans son émotionnel. Lloyd avait crevé sous la fulgurante de drogue. Elle l'avait manifestement planer au-delà de ses espérances, le menant en des hauteurs que ce médiocre fils n'avaient pas sût prévoir ? Et si cela était un énième suicide ? Son existence était-elle  vouée à être rythmé par des silences ? Une partition évidée de ton juste où s'enchaînait les basses tonalités et les silences imposés. La charogne encore tiède, Sixten s'était détourné de cet incident. Il y avait là l'oeuvre des Dieux, qui pouvait-il ? En revanche, il ne savait passer outre l'offense du temps dérobé. Ces années avaient été investies sur un crâne farci de sottise d'un héritier trop creux. S'évader dans des vapeurs promettantes, ingurgiter, l'introduire dans son corps d'une quelconque façon ... Brave enfant qu'avait été Lloyd. Les funérailles avaient été cependant rythmés par une divine grâce. Concomitamment, celui qui n'avait jamais sût délaisser sa carrière qu'il menait d'une poigne de faire aidé du velours de sa femme s'était hissé définitivement aux hautes sphères du pouvoir. Début 2019, avait été celui de sa nomination au Parlement Scandinave pour un mandat de 5 ans. Le père endeuillé devenait un parlementaire acteur qui feignait l'attachement à un fils qu'il savait depuis si longtemps condamné. Désormais élu, l'homme ne s'est pas évertué à feindre un deuil stérile. Lloyd avait choisi. Håkon devait maintenant endosser un titre honorifique qui lui convenait pour l'instant peu, à lui de le dresser. 2020 l'investissait d'une nouvelle vigueur. Un Järl ne soufflait que sur le perron qui le mènerait au véritable repos. L'éternel repos.