Monsieur Mørk,

Je suis ravi de savoir que je vous inspire des sentiments positifs. Cependant, je me vois dans l'obligation de décliner votre généreuse invitation, mon emploi du temps actuel ne me permettant pas de me libérer. Vous êtes libre de contacter mon secrétaire pour fixer une date ultérieure.
Cela étant dit, si vous le voulez je peux vous conseiller un excellent spécialiste pour vos problèmes de baguette.

Frère,

Oui tu m'as aussi envoyé une lettre, et crois-moi elle fait moins peur que ce que tu sembles avoir envoyé à d'autres.
Je me note de parler de ce brunch avec le patriarche la prochaine fois que je le croise. Je suis à la fois perplexe que tu sois encore entier avec un accès libre à du parchemin, et qu'il ait accepté de faire un brunch avec toi en lendemain de cuite. Comme quoi, le départ de Toni l'a plus chamboulé qu'il n'y paraît. C'est peut-être pas une mauvaise chose. Tu me raconteras à l'occasion ?

Pour Aysun non, rien d'indécent. Mais le fait que tu t'en inquiètes m'inquiètes moi encore plus. Genre glaçon de piment dans la gorge. Pour te donner une image. L'idée que vous puissiez vous connaitre et sympathiser de façon, hum, indécente. Ca m'angoisse énormément. Hâte de vivre des situations gênantes la prochaine fois qu'elle vient à la coloc.

Vraiment ce journal semble être une perle de réussite macabre. J'espère qu'il est pas maudit au moins et qu'il ne va pas finir par voler ton âme. Est-ce que c'était...Grave, terrifiant, sordide l'allusion de Seb Prince dans le journal ?

A dire vrai, je ne sais pas trop. De mon souvenir, pas de grosses vagues de votre part. De l'étonnement de la part de Sela. Elle a pas trop compris au début pourquoi je venais plus aux journées chez les cousines. Mais Oda avait fait circuler que ma santé était trop fragile. Peut-être que j'étais contagieuses du type dragoncelle. Va savoir. Vous aviez sans doute une bonne raison de ne pas vous inquiéter et de ne rien deviner tout à fait. Et sans même vous en rendre compte, c'était devenu la norme, finalement. Papa a lutté un peu. Je me souviens d'explosion terrible de colère entre eux. Je sais que j'ai été la cause de cette cassure dans leur couple. Peut-être pas la seule raison, mais la pierre angulaire oui. Je ne vous en ai voulu plus tard, véritablement. Quand je suis entrée à Durmstrang, et que j'ai vu tout ce dont j'avais été privée et puis là j'ai découvert le Fred qu'il était devenu.

Je te joins une photo, c'est l'une dernière que j'ai de lui. C'était l'été avant son départ. On était allé faire du camping dans la forêt tous les deux. Je me suis toujours demandée s'il savait déjà à ce moment-là qu'il allait bientôt nous quitter. Peut-être que lui aussi, il reviendra plein sourire un de ces jours. Qui sait. Après ton miracle, j'ai le droit de tout croire non ? (Je crois que je deviens légèrement cynique en vieillissant. Ou alors j'y crois vraiment ? Sans doute un peu des deux).
Oui, physiquement. Ce Côté grand bruns aux yeux si bleus. Il avait cette allure des romantiques de la Russie blanche comme dépeinte dans la littérature. Et il riait souvent. Mais je n'ai connu que le père, et non l'homme. Je ne saurais te dire qui il était réellement.

Oh ! J'adore les plantes. Bien plus que les pâtisseries ! Je ramène toujours de partout. J'ai sans doute passé trop de temps dans la serre de Toni. Mais qu'importe. J'en prendrais bien soin promis. Je la traiterais avec amour et prévention, sachant qu'elle vient de toi. Je vais la baptiser Mercure. En référence à Freddy Mercury, un chanteur moldu. Oui. Mes plantes ont des prénoms. C'est plus facile d'en parler comme ça que de devoir sortir leurs noms latins à rallonge n'est-ce pas ?

Du courage ? J'avais plutôt en tête du désespoir, de la rage et de l'incompréhension. Sérieusement. A notre époque comment peut-on être encore si fermé d'esprit et aveugle tant de merveilles que le monde nous offre. N'est-ce pas foncièrement beau de se dire que la magie surgit partout, tout le temps, de tout être vivant ? Il serait temps d'ouvrir les yeux et de se rendre compte que ceux qui cherchent à préserver leur joyau de pureté, à force de le frotter de tous les côtés, finissent par l'élimer jusqu'à n'en faire plus qu'un grain de sable.
Et voilà, je m'égare encore.

Pour la violence tu as essayé le sport ? Peut-être devenir cogneur dans un club de Quidd ? Au moins tu pourrais exorciser ce besoin de "faire mal" en lançant ton cognard de toutes tes forces, le tout dans un cadre légal. Et tu pourrais même finir en star mondiale et avoir tellement de fan que tu ne songerais plus aux filles de mon âge (oui je parle d'Aysun). (C'est une boutade). (Mais un peu vraie toujours).

Quand je suis partie en Egypte après Walpurgis, je suis partie du jour au lendemain. Je n'avais pas réussi à prévenir quelqu'un, car j'avais peur qu'on m'en dissuade. J'avais peur d'avoir peur et de renoncer. Beaucoup de mes proches l'ont très mal vécu, et je le comprends tout à fait. Nombreux de mes hiboux sont restés sans réponse au cours de cette année à l'étranger. Au retour ce n'était pas mieux. Nous étions presque tous devenus des personnes différentes. J'étais différente. Certaines personnes ont fait l'effort cependant de m'accepter à nouveau. De reprendre contacte. Je crois que c'est important de toujours répondre. Parce que l'isolement et l'absence de réponse blesse toujours. C'est comme un abandon. Je ne voulais pas t'abandonner. Aussi peu fréquentable que tu étais. Walpurgis m'a transformée. J'avais la curiosité de savoir les transformations de ton propre accident.

Je réalise que je parle encore de l'Egypte et que visiblement tu ne sais pas. Mais d'ailleurs l'ancien Fred ne devait pas savoir non plus. Je suis donc partie peu de temps après Walpurgis, faire une année de césure au Caire dans une équipe de briseurs de sortilèges, dans les pyramides. J'étais logée chez l'un d'entre eux. C'est devenue une seconde famille. Ils m'ont aidé à me reconstruire. C'était fantastique, le désert de sable, les histoires des pyramides, les Pharaons et leurs délires mortels, les fouilles. Tout. Je suis rentée juste avant septembre de cette année et depuis je fais des stages un peu partout dès que je peux sur des chantiers de fouille ou au Musée, comme cet été !
Ah oui ? Je ne sais pas trop quoi penser de lui. C'est perturbant. Il semble perturbé. Je crois que je suis pas si surprise que ça que Fred et lui avaient un truc ensemble. Je pourrais essayer de creuser un peu la question avec lui à l'occasion. Il est plutôt chouette dans l'ensemble, malgré son côté perturbé.

Peut-être que ce roman finira en recueil épistolaire à la mémoire des illustres Mørk du Svalbard, un de ces jours.
Pas sûre que ça se vende bien cela-dit.

Alfhi

Frère,

Ne t'excuse pas pour les petites lettres de cet été. A dire vrai elles étaient parfaites. Je n'aurais pas été capable d'accueillir la suite de nos échanges avant.

La force mentale que tu sembles mettre en place au quotidien m'impressionne autant qu'elle me terrifie, car elle me laisse percevoir la ténacité dont tu as toujours été capable. Et si aujourd'hui cette force semble être employée pour une bonne cause, elle me fait frisonner en songeant aux années précédentes. Je n'ose imaginer comment ce Fred l'utilisait dans son quotidien, sous couvert de son insigne.

J'ai profité de mes angoisses de cet été pour me concentrer sur la recherche, et j'ai réaliser une petite amulette pour toi. Je voulais te l'offrir Yule, mais je ne suis pas sûre d'avoir la patience d'attendre encore un mois. C'est de la spectrolite que j'ai gravé personnellement. C'est minuscule, mais il y les deux runes ᚱ et ᚺ. J'ai essayé un charme protecteur dessus, qu'elle soit ta porte de protection mentale. A la fois Fallanda foradb et Helgrind. Seuil de prévention et hautes barrières infranchissables. Libre à toi de la laisser dans un coin de ton bureau, évidemment, surtout que c'est un premier test, ça se trouve ça va te filer des cauchemars, j'espère pas, si c'est le cas tu peux ma la renvoyer. Mais au moins le bijou est joli. Je crois ? Je sais pas tellement si tu es plutôt bague, bracelet, broche ? C'est un petit pendentif mais fais-en ce que tu veux.
J'ai eu l'idée en travaillant au Musée avec Ozymandias. D'ailleurs je vais continuer à pouvoir travailler là-bas cette année. Je suis si heureuse. Je ne sais plus si je te l'avais déjà dit ou non.

Cette double facette. Toujours, n'est-ce pas notre malédiction, griffée à notre nom, comme un héritage empoisonné par ce qu'on nous a toujours raconté être ? Par l'impunité qu'on nous a soufflé depuis l'enfance ? Comme une normalité à accepter ? Que toujours, les Mørk, soufflent entre lumière et obscurité. Une fausse idée pour justifier que nous sommes tout aussi humains que n'importe qui. Avec nos dualités et nos écueils.

Oh ! Des animaux. Comment ils s'appellent ? Dis-moi qu'ils ont des noms ? Je suis sûre que cela te fera le plus grand bien. Les relations humaines intimes c'est trop complexe de toute façon. Trop de stress et de de désillusions.

Avec plaisir pour la photo, tu peux la garder si tu veux. Oui, j'aimerais le revoir. Je, je crois que quelque part j'ai toujours gardé l'espoir qu'il revienne un jour frappé à ma porte. Et que quelque part, c'est pour ça que je ne suis jamais partie trop loin des Mørk. Comme si là-bas, au moins, il saurait où me trouver. Et en même temps la perspective de le revoir me terrifie complètement. J'ai peur de découvrir l'homme derrière le père, comme tu dis si bien. J'ai peur de la vérité qu'il amènerait avec lui. Mais j'ai si besoin de comprendre pourquoi il est parti. Sans un mot.
Je comprends aussi, évidemment. Ce besoin, de partir et de tout laisser derrière. Mais après tant d'année, j'aurais aimé un signe qu'il n'a pas oublié qu'il est mon père, aussi.

J'adorerais pouvoir y retourner. Peut-être pour les fêtes de fin d'année en effet. Ou alors au printemps. Je ne sais pas encore, mais je t'emmènerai avec plaisir, je crois. Au moins, là-bas, je suis sûre que personne ne te reconnaîtra et n'aura envie de te jeter au fond d'un tombeau sans issue. Mais tu as raison, ce voyage m'a fait beaucoup de bien. Et les gens que j'y ai rencontré, son devenus comme une seconde famille. Ils m'ont reconstruites. Et même fait découvrir le Quidditch, qui s'est révélé être un sport finalement passionnant.

On pourrait en discuter autour d'un verre, à l'occasion.

Alfhi

Joint un petit colis emballé dans un papier vert sapin (un petit pendentif de spectrolite attaché à une lanière de cuir)

Fred,

J'ai pris le temps de réfléchir à ta lettre. J'accepte.

Je n'imposerais qu'une seule condition, que tu me dises ce qu'il a fait à certaines personnes. Je ne supporte plus de découvrir, par hasard, son nom dans une conversation avec une personne que j'apprécie. Et ce n'est jamais pour évoquer de doux souvenirs. Je me sens coupable envers eux. Et je crois que je comprends un peu mieux, certains comportements que d'autres ont pu avoir à mon égard. Qui voudrait se lier d'amitié avec un membre de la même famille que cet être qui s'en prend à tout ce qui bouge ?
Tout ça pour dire que j'aimerais savoir, si par exemple, il avait envoyé un de mes colocs à l'hôpital.

Pardonne mon silence. Mais ces dernières semaines, j'ai l'impression de nager en eaux troubles. Je pensais avoir réussi à être sortie de son ombre. A avoir fait ma vie loin de son influence. Force m'est de constater, que je me suis lourdement trompée.

Je peux venir ce week-end si tu es d'accord. J'ai peur de cette confrontation, mais elle devient nécessaire.

Pour le reste de ta lettre, je crois avoir compris que tu n'avais finalement, pas tant que ça de problème à chercher l'affection des autres. Tu ne t'adresses sans doute pas à la bonne personne concernant des, appels de désirs humains ? Mon premier crush était un fantôme tu sais, alors bon, niveau attirance des contacts physiques, ça me dépasse. Tant mieux pour toi d'avoir réussi à résoudre ce problème. J'imagine ? Par contre ne compte pas sur moi pour avoir la force mentale de lire tes réussites sexuelles. Encore moins si ça concerne des personnes que je connais.

Quant à папа, j'ai essayé, mais sans contact, je n'ai pas trouvé grand chose. Mais tu sais, on m'oublie bien plus vite que tu ne sembles te le rappeler. C'est même devenu une habitude. Je ne suis pas aussi exceptionnelle que ta phrase le laissait supposer. Ce serait même plutôt l'inverse. Encore de ce monde, mais déjà du leur aussi. ᚺ

J'ai conscience que ma lettre à l'air de dire que je suis plutôt déprimée. C'est vrai.
Les cours me demandent beaucoup d'énergie, plus mon travail au Musée, c'est intense et ta demande n'a pas aidé. Et puis c'est bientôt "l'anniversaire" du départ de Papa. Mais ça ira mieux demain. J'aurais pu attendre demain pour écrire ma lettre d'ailleurs. Désolée.

A. Mørk

Non, ne sort pas de ma vie.

Je suis désolée, j'ai été trop dramatique ?
Ne repart pas Fred.

Ok pour samedi. Mais seize heures ça te conviens ? Je travaille au Musée avant.

Je crois que tu connais déjà la sœur de l'un d'entre eux : Jove Lund. D'ailleurs c'est à Aysun que je faisais référence. Je l'ai croisée. Vous avez l'air d'avoir fait connaissance récemment.
Pour Fen, notre cousin, sans doute que Fred a ajouté sa pierre à l'édifice de son calvaire ?
Le dernier c'est Leo Einarsson.

Je l'aime beaucoup d'ailleurs, cette coloc. On a trouvé une chouette maison.
J'aimerais qu'un jour tu puisses passer.

Alfhild